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Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernà¡ndez (Chili)

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par Julien Vanhulst
Université Libre de Bruxelles - Master en sciences et gestion de l'environnement 2009
  

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1. Réalités du problème de perte de biodiversité

Au niveau planétaire, l'épisode d'extinction actuel présente des différences à la fois quantitatives et qualitatives en comparaison aux épisodes antérieurs.38

La majeure partie de ces extinctions sont attribuables à des causes humaines et les estimations et projections du taux d'extinction pour divers groupes d'organismes donnent des valeurs supérieures à leur équivalent dans les registres fossiles (Torres-Mura, Castro et Oliva, 2008). Comme nous avons pu déjà l'entrevoir, le cas de l'archipel Juan Fernández illustre bien ce phénomène à une échelle plus locale.

L'archipel est actuellement soumis à de fortes agressions : non seulement la surexploitation a déjà causé la disparition d'une espèce d'arbre endémique (le santal de Juan Fernández, Santalum Fernándezianum), d'une espèce d'éléphants de mer (non éteinte mais dont la répartition géographique ne s'étend plus à l'archipel) et presque celle des otaries. Les captures de langoustes endémiques montrent une tendance à la diminution, les transformations dans l'habitat (via les exploitations ou la colonisation des espèces invasives) endommagent l'ensemble des écosystèmes et enfin, l'introduction d'espèces exogènes (animales et végétales) représente un grand danger qui a déjà laissé des traces profondes. Derrière ces facteurs disjoints, c'est plutôt la réalité systémique du problème qu'il est nécessaire de considérer y compris la place et le rôle de l'homme.

Evoquée dans le chapitre précédent, l'histoire de l'archipel Juan Fernández est marquée par des évènements de nature à altérer les écosystèmes. Depuis 1574, l'implantation humaine a été le point focal non seulement de l'exploitation des ressources de l'île, mais aussi d'introduction volontaire ou involontaire d'espèces exogènes. C'est à partir du village qu'ont été introduites les chèvres et disséminés certains arbres fruitiers et autres plantes potagères. C'est aussi du village que proviennent les plantes adventices qui représentent aujourd'hui les dangers les plus alarmants (Zarzamora, Maqui et Murtilla).

Peu de plantes exotiques ont été observées par Maria Graham en 1823. Lors de la première expédition botanique (complète) sur l'archipel (F. Johow en 1896), 237 espèces de plantes ont été recensées dont 95 sont des plantes introduites. Cent nonante espèces exotiques seront rapportées en 1993 (Matthei, Marticorena et Stuessy, 1993) et 3 ans plus tard, on en comptera 227 (Swenson et al., 1997) (Stuessy et al., 1998) « Aujourd'hui, il y a 716 espèces qui se trouvent sur tout l'archipel dont 503 ont été introduites. Soit en 110 ans, la flore vasculaire de l'archipel a plus que triplé et les plantes introduites ont plus que quintuplé. Naturellement dans des îles comme Juan Fernández, une nouvelle espèce végétale apparaît approximativement tous les 8000 ans. Sur cette base, la nature aurait eu besoin de 2.696.000 ans pour réaliser ce que l'homme a fait en 110 ans ! » (El Mercurio, 2005) Du côté du règne animal, tous les mammifères terrestres présents aujourd'hui ont été introduits ; comme c'est le cas de certains batraciens ou d'autres invertébrés (comme la guêpe ou la araña de los rincones, Loxosceles Laeta).

Parallèlement, des espèces indigènes et endémiques disparaissent. Des 137 espèces végétales endémiques de l'archipel Juan Fernández, 2 espèces sont éteintes (Santalum Fernándezianum et Podophorus bromoides), 1 espèce est éteinte dans son habitat naturel mais existe dans des conservatoires botaniques (Walhenbergia larraini), 3 sont probablement éteintes (Robinsonia macrocephalla, Chenopodium nesodendron et Eryngium sarcophyllum), enfin, Notanthera heterophylla s'est éteinte en 2003 et Robinsonia berteroi s'est éteinte en mai 2004 (Danton et Perrier 2004). Les éléphants de mer (Mirounga leonina) ont aussi disparu des abords de l'archipel et le picaflor rojo (sephanoides fernandensis) est en danger critique d'extinction (classé CR par L'UICN).

Si l'extinction est un processus naturel qui exprime l'incapacité d'une espèce à s'adapter, les êtres humains exercent une emprise majeure sur le destin des espèces naturelles. Le cas de l'archipel Juan Fernández illustre remarquablement bien la rupture d'échelle qui a germé dans un terreau anthropique. Les tendances actuelles du phénomène de colonisation par les espèces invasives et les épiphénomènes qui en résultent sont significatives de l'empreinte de l'homme.

38 Voir Partie 1 - Chapitre II - point 2.2. Disparitions liées au forçage anthropique

Les activités humaines constituent de loin la plus grande pression sur la faune, la flore et le biotope de l'archipel, y compris l'accélération de l'érosion. Etant donné la position stratégique de l'archipel au large des côtes chiliennes, les haltes des différents navires ont réduit drastiquement les populations d'éléphants de mer et d'otaries mais également épuisé les arbres des forêts primaires dans les zones basses (utilisés comme bois de chauffage et comme matériau de construction). Ces pratiques ont laissé de larges surfaces sans couverture végétale et ont accéléré l'érosion. << La partie Est de l'île Robinson Crusoe a été sévèrement déforestée durant le XVIIIe et le XIXe siècle et est, aujourd'hui, complètement dénudée présentant peu de terre ou de végétation mais uniquement une roche volcanique résiduelle. » (Stuessy et al., 1998) L'action de l'homme depuis plus de quatre siècles a entraîné la réduction de nombreuses formations végétales, en particulier de la forêt primaire. En dehors de l'exploitation des ressources, comme évoqué ci-avant, les mouvements continent-îles ont favorisé l'introduction d'espèces exotiques dans l'archipel, qui pour certaines sont devenues adventices.

Ainsi, au fur et à mesure de l'installation de l'homme sur l'archipel, de la modernisation et de la multiplication des échanges avec le continent, ces tendances se sont renforcées et ont convergé vers les 3 grands facteurs mis en évidence au niveau global.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams