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Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernà¡ndez (Chili)

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par Julien Vanhulst
Université Libre de Bruxelles - Master en sciences et gestion de l'environnement 2009
  

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2.3.2. La pêche : socle identitaire

En dehors de l'insularité, l'identité de la population s'est construite autour de son activité principale : la pêche. Elle rythme le quotidien de la majorité de la population mais aussi les relations entre individus. Nous avons vu que les pratiques et instruments de pêche faisaient partie de l'héritage transmis de père en fils. C'est une des caractéristiques originales de l'archipel puisqu'il s'agit du « seul endroit au Chili où les repères ("marcas")58 sont une propriété traditionnelle exclusive de chaque pêcheur. Cette propriété peut être transmise selon les relations de parenté, comme cela se fait généralement, ou par un acte de vente (quand un pêcheur vend un bateau, généralement, il vend ses repères). [...] Cette pratique crée un véritable système permettant un fonctionnement ordonné et systématique de l'activité, ce qui ailleurs est généralement un problème. Grâce à ce système, les pêcheurs ne se concurrencent pas les uns les autres, ce qui rend l'activité plus soutenable. Si un pêcheur a une zone de pêche réservée, il ne doit ni se dépêcher, ni optimiser sa productivité parce qu'il sait que personne d'autre que lui n'utilisera sa zone d'extraction. » (Brinck, 2005)

La pêche, la mer et les légendes de pirates et de trésors sont omniprésentes dans le folklore et la mémoire collective. D'autre part, l'histoire de l'installation humaine sur l'île est liée à la pêche et à ce qui tourne autour (monoproduction progressive, lutte des pêcheurs pour l'indépendance, dépendance avec le continent, etc.).

2.4. Ambivalence du statut de protection de l'archipel

L'administration du parc par la CONAF a été marquée par de profonds désaccords et des relations problématiques entre les intérêts des habitants et ceux de l'institution (conséquences des interdictions d'utiliser les ressources de cet espace que la population de l'île considère comme lui appartenant après un siècle d'occupation « libre »).

Parmi les oppositions et face à l'élimination progressive du bétail surnuméraire, une petite partie de la population s'est organisée et a constitué le Grupo Ganadero (Groupe d'éleveurs). Ce groupe s'est formé en totale opposition aux objectifs de la CONAF et continue obstinément jusqu'à aujourd'hui à conserver du bétail en surnombre et dans une situation sanitaire précaire.

Malgré ces minorités récalcitrantes, une grande partie de la population a intégré les objectifs de conservation incarnés par la CONAF et le statut de l'archipel. Fondamentalement, les pratiques de la CONAF n'étaient pas acceptées surtout parce qu'elles étaient imposées à la population parfois subrepticement. Le dialogue avec la population n'a pas réellement trouvé sa place dans ce contexte. Il existe en conséquence des incompréhensions sur les objectifs de chaque acteur et des conflits d'intérêt.

« Après que ce soit installé le SAG et la CONAF, les choses se sont ordonnées. Au début, il y a eu un choc parce qu'il n'y avait pas de contrôle et que, d'un coup, il y a eu une autorité qui obligeait à ne pas faire ce que l'on voulait et en plus, elle surveillait. Cela était très incommodant. [...] Il a fallu beaucoup d'années pour se comprendre. A la longue, la mentalité a changé à propos des objectifs poursuivis par la CONAF (qui n'étaient pas d'ennuyer les gens, sinon de protéger l'île pour l'intérêt de tous et des générations futures aussi. [...] Des ateliers participatifs et des activités par l'intermédiaire de l'école ont eu un impact très positif. Par ces différentes informations, les enfants et les adultes commencent à avoir une autre vision de leur terre et de comment ils doivent la protéger. » (O. Chamorro dans Brinck, 2005)

58 Voir annexe 05

Ainsi, petit à petit, la CONAF, parmi d'autres, amène de nouveaux intérêts dans les consciences des habitants. Cette conscience est figurée dans la relation entre la population et le santal endémique disparu depuis le début du XXe siècle. Cet arbre est devenu presque mythique. La croyance populaire veut croire qu'il en reste au moins un vivant quelque part dans le parc et trouver un morceau de ce bois est un événement heureux (en atteste la chanson `Sandalo que vive'). Ceux qui possèdent un fragment de Santal le gardent précieusement comme un trésor. Cela ne veut pas dire que désormais, la population vit dans un formidable équilibre écologique. Si la conscience environnementale s'est construite avec l'arrivée de la CONAF et suite aux divers projets menés sur l'île59, le travail avec la population reste central dans les difficultés écologiques auxquelles l'archipel fait face.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci