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Analyse comparée de l'évolution de la fonction achat

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par Salem Ben Brahim
Université Paris I - DEA 1985
  

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CHAPITRE gUATRE : LA FONCTION ACHAT DANS LES ENTREPRISES

FRANCAISES : SITUATION ACTUELLE ET

EVOLUTION

INTRODUCTION

Pour mener notre etude comparative et rapprocher les processus d'evolution de la fonction achat dans les entreprises francaises et dans les entreprises tunisiennes, it nous a fallu collecter des informations sur la fonction achat dans les entreprises francaises. Contrairement a ce que nous avons fait pour les entreprises tuniseiennes, nous nous sommes contentes d'une analyse documentaire pour collecter les donnees sur les entrepri-

ses francaises. Les sources consultees sont nombreuses et variees. Elles sont essentiellement constituees de cas d'entreprises tires a partir des sources suivantes :

- Ouvrages publies par des francais : O.RRUEL-J.C.TARONDEAU...

- Articles de revues : revue francaise de gestion, revue de l'acheteur, revue du financier, 01 infromatique, revue internationale de l'ahcat, l'usine nouvelle, l'expension, revue francaise de marketing, Herverd l'expansion,...

- Travaux de recherche d'universitaires (memoire et theses, en l'universite de particulier les travaux de l'universite Paris IX Dauphine, de Pairs et de l'l'I.A.E. de grenoble Travaux effectues sous la direction du professeur P.Y. BARREYRE),

- Cas d'entreprises (cas IBM France et cas Peugeot-5.A. presentes a l'I.A.E. de Paris, sous la direction du Professeur M. CAPET),

- Articles de presse parusnotamment au journal "les echos" et au journal "le monde",

- Resultats d'enquetes : enquete menee par l'usine nouvel-
le en 1980 et enquete C.E.G.O.S- France menee en 1983.

Nous avons ainsi obtenu des informations plus au moins completes sur les entreprises suivantes : USINOR, E.D.F, P.U.K, F.E.R.E.D.O, Telememique, les laboratoires Yues recher, SNCF, CII - Honeywell-Bull, RATP, Peugeot, Renault, Britich Petrolium

France, Essilor, IBM France, Greusot-Loire, Rhone-Poulenc et Le Groupe Legrand.

Bien ententu les informations que nous avons pOrecueillir

sur les entreprises frangaises ne sont pas aussi completes et aussi detaillees que celles obtenues sur les entreprises tunisiennes, mais elles sont suffisantes pour nous permettre de degager des tendances generales et fiables/pouvant nous servir de base a la comparaison entre entrepriseStunisiennes et entreprises frangaises.

Les donnees sur les entreprises frangaises seront presentees et analyseessuivant le plan suivant :

I. Les caracteristiques de l'environnement des entreprises frangaises et leur evolution,

II. Les caracteristiques actuelles de la fonction achat dans les entreprises frangaises,

III. L'evolution des caracteristiques de la fonction achat dans les entreprises frangaises.

I. Les caracteristiques de l'environnement des entreprises frangaises et leur evolution

Comme la politique et la strategie generales de l'entreprise, la politique et la strategie d'achat sont tres largement concernees par les changements et les reactions necessaires a l'evolution de l'environnement de l'entreprise.

L'environnement des entreprises frangaises, et une maniere particuliere l'environnement de la fonction achat, est caracterise par de nmbreux aspects specifiques. Nous tenterons dans ce paragraphe de passer en revue les elements et les aspects les plus significatifs et qui ont une forte incidence sur la fonction achat. En effet, l'entrepHse frangaise doit tenir compte en particulier et entre-autres facteurs, de la concurrence, de l'evolution de la technologie, de l'evolution des prix, des revendications des mouvements ouvriers, des exigences des consommateurs, des normes de qualite etc.... dans leurs politiques d'achat et dans la gestion des relations avec les acteurs economiques et sociaux.. Nous analyserons dans ce qui suit la situation actuelle et l'evolution de la concurrence, de la technologie, de l'inflation, de la dimen-

sion des marches et de l'etat des relations inter-entreprise tout ri en mettant en relief les influences et les incidences qu'ils exercent sur les conditions d'exercice de la fonction achat.

1. La concurrence

Le march-6 frangais est d'une maniere generale caracterise par une forte concurrence; la concurrence se fait en general a

une echelle qui depasse les frontieres nationales. Les entreprises frangaises ont le plus souvent a faire face a la concurrence des entreprises europeennes, americaines, japonaises voire meme a la concurrence des entreprises des pays en voie de developpement.

La regie Renault par exemple, doit non seulement faire face a la concurrence nationale, c'est a dire a la concurrence de Peugeot et Citroen, mais elle doit aussi faire face a la concurrence des europeens, Volkwagen, Fiat, etc, des japonais et des americains

La concurrence est vive du fait de la faible croissance des marches et it faut accaparer des parts de march-6 sur un march-6 en stagnation. Le jeu concurrentiel se base sur la competitivite qui privilegie de plus en plus l'innovation technologique et la maitrise du rapport qualite/prix. Il est de plus en plus imperatif

de maitriser les coats, la qualite et les procedes de production internes et externes. Pour etre competitive, toute entreprise doit traiter avec des fournisseurs eux-memes competitits. Une hausse des coats des produits achetes se repercutera tot ou tard sur les prix des produits vendus et une mauvaise qualite des ingredients ne manquera pas de nuire a la qualite des produits

Les regles contemporaines du jeu concurrentiels exigent donc, non seulement une maitrise des cots de la gualite et de la technologie de production mais aussi une surveillance permanente aussi bien du marche oval que du marche amont . Notons d'autre part, que les conditions concurrentielle ont

evolue depuis quelques annees. En effet, on assiste a une intensification a un deplacement de la concurrence qui ont entraine une instabilite des parts de marche.

L'accroissement de l'intensite de la concurrence entre les entreprises s'explique par la stagnation ou la decroissance des demandes nationales et mondiales. Dans des conditions de constance ou de declin de la demande, une entreprise ne peut

en effet augmenter substentiellement son chiffre d'affaires qu'au detriment des autres entreprises concurrentes. C'est ainsi que la concurrence devient plus vive et plus agressive.

L'intensification de la concurrence s'est en general accompagnee d'une instabilite des parts de marche des entreprises concurrentes.cSeules les entreprises les plus performantes

et repondent aux exigences de l'exellence en matiere de qualite et des prix ont pu acquerir une position dominante. Le secteur du textile et de l'habillement en France par exemple, est caracterise par l'intensification et l'instabilite de la concurrence et de la competitiviteWyCet exemple illustre bien l'evolution de la guerre economique inter-entreprises qui prevaut sur le marche frangais.

(x) G. DONNADIEU, "Le devenir des industries du textile et de l'habillement", J.O. de la republique frangaise du

25-02-1982 pp. 195-2571(39).

Dans le cadre des nouvelles conditions concurrentielles, les acheteurs sont appeles a jouer un rOle plus importent dans la surveillance des conditions de la concurrence sur les marches amont. On s'est rendu compte qu'il n'est plus suffisant de surveiller le march-6 oval pour s'assurer un avantage competitif accaparer des parts de march- plus importantes. Les fournisseurs sont parfois consideres comme une source d'innovation technologique pour l'entreprise; dans d'autre cas les fournisseurs peuvent constituer une menace pour l'entreprise s'ils envisagent une integration vers l'aval et ou s'ils s'entendent avec les concurrents directs. C'est ainsi que plusieurs entreprises doivent non seulement faire face a la concurrence sur les marches des clienteles mais aussi a celle qui se joue sur les march- en amont. La concurrence est de plus en plus situde sur le march- des fournisseurs : chaque entreprise cherche a traiter avec les concurrents "latents". (a).

Ainsi l'intensification et l'elargissement de la concurrence pesent de plus en plus sur les unites chargees de la fonction achats qui voient leur responsabilite sur le prix de revient s'elargir et devenir plus grande. Les acheteurs sont appeles a faire des economies sur les achats en elargissant

la concurrence entre les fournisseurs et en s'ouvrant s'il le faut sur les marches strangers pour s'approvisionner dans les meilleures conditions et traiter avec les fournisseurs les plus competitifs. Certaines entreprises ont instaure de nouvelles relations avec leurs fournisseurs; ces nouvelles relations

sont souvent basses sur la concertation, la cooperation et la coordination des activites reciproques a court, moyen et long terme.

Y.C. Hadria "L'evolution d'une fonction industrielle, cas de l'achat" these 3eme cycle, LAE. Aix en provence, citee par J.C. TARONDEAU in "l'acte d'achat et la politique d'appovisionnement" Ed. d'organisation, 1979,(yo)
·

c'est le cas, par exemple, de BRAUD et FAUCHEVX qui travaille avec les fournisseurs dans cadre d'une cooperation a long terme: conception de nouveaux produits, fabrication de prototypes,

investissement en communs, etudes et recherches communes de ...(d).

2. La technologie

L'environnement technologique des entreprises frangaises et europeennes, est caracterise d'une part par une acceleration des rythmes de l'innovation et d'autre part par un raccourcissement de la duree de vie des produits existants. D'un outre cOte, les

produits commercialises sont de plus en plus complexes et sophistiques. Ces phenomenes s'expliquent par les nouvelles conditions d'exercice du jeu concurrentiel. Its sont dO a la volonte des dirigeants des entreprises d'être a l'avant garde des nouveautes on estime qu'il y a en France de 20.000 nouveautes par an ( ) et de maintenir la position de leurs entreprises par la creativite et l'innovation.. (on estime a 250 le nombre moyen d'innovation en FRANCE), ).

C'est ainsi que nous assistonsa la proliferation des nouveaux produits dans les nombreux salons et foires tenus dans les differentes capitales des pays europeens.

L'acceleration des rythmes del'innovation s'est accompagnee par une processus de remise en cause des anciennes techniques de production et par l'abandon des anciens produits en declin. Cette remise en cause s'est en general accompagnee par la modification du protefeuille des produits et par une modernisation

(I) L'usine Nouvelle n° 49 du 6 decembre 1979 pp.163-166

(2) P.BARANGER et G. HUGUEL, Gestion de la production:acteurs,

techniques et politiques, VUIBERT, Gestion, 1981, p.p.209-211,

(41),

de l'appareil de production. Nous assistons, en France,depuis quelques annees, a des mouvements de restructuration industrielle visant a introduire denouvelles techniques de de production et a ameliorer la competitivite des entreprises frangaises.

La necessite de renouveler les anciennes machines et de les remplacer par des machines plus performanates, est en partie due a la faiblesse de la competitivite des entreprises des entreprises frangaises face aux entreprises concurrentes d'autres nationalites. Ce mouvement de restructuration s'est

accompagne dans certains cas par un redeploiement des activites, dans d'autres cas par une specialisation accrue de certaines sines et dans d'autres cas enfin s par des faillites et ou

par des licenciements massifs. De nouveaux problemes, economiques, sociaux, culturels et autres sont ainsi poses. Les cas de TALBOT, de la siderurgie, des industries navales, etc, sont significatifs et montrent bien la complexite des problemes poses par les innovations technologiques et les mouvements

de restructuration. Ces exemples montrent aussi la necessite pour les entreprises frangaises d'être flexibles pour s'adopter aux nouvelles situations. Elles doivent en particulier maitriser la variable technologique tant sur le march-6 oval

que sur le march- amont. Un nouveau role est, dans ces nouvelles conditions, impartit aux acheteurs qui sont appeles a maitriser les technologies de production des fournisseurs.

Les responsables des achats sont en effet associes a l'elaboration des projets visant a integrer certaines activites en

amont de la production et /ou a impartir, (c'est a dire desintegrer) des activites jusque la assurees par l'entreprise (1).

sont chefs de file des projets dans lesquels sont associes les fournisseurs de l'entreprise.

-- T70 --

apparait ainsi que l'evolution technique a joue et joue encore considerablement en faveur de la mutation des achats. La necessite de s'adapter a une evolution technique rapide et parfois radicale est notee par tous les responsables. "Nous devons faire appel aux techniques les plus evoluees et les plus

neuves; c'est la seule solution pour abaisser nos prix de revient,° indiquait le responsable des achats d'Alpine Renault (1). L'electronique par exemple se substitue a l'electromecanique, ce qui constitue une revolution pour plusieurs entreprises, comme

cg a ete le cas pour SAGEM ou la revolution electronique a bouleverse les achats (d.).

3 - L'inflation

Depuis quelques annees la situation economique en Europe d'une maniere generale, et en particulier en France, est marquee par un taux de hausse des prix superieur a 10%. L'inflation coexiste avec un sous-emploi de la main-d'oeuvre. Les entreprises frangaises sont ainsi en face de plusieurs problemes:

- la hausse des coOts industriels qui sont de plus en plus Cleves du fait du rencherissement des matieres premieres importees et de la faiblesse relative du franc face aux autres devises,

- la hausse des charges sociales et fiscales engendres par le financement de l'assurance chomage;

- le blocage des prix par les pouvoirs publics dans le cadre de la politique menee pour la lutte contre l'inflation; les entreprises ne peuvent plus repercuter les hausses des coOts dans les prix de vente;

- face a la concurrence etrangere, les entreprises exportatrices doivent resoudre le dilemne suivant : repercuter les hausses des coOts sur les prix de vente et perdre ainsi des parts de marche, ou bien maintenir des prix de vente competitifs et accepter de la sorte la reduction des marges.

(1) L'usine nouvelle n° 49, 6decembre 1979, p. 164 et 166.

La politique de lutte contre l'inflation pronee par les pouvoirs publics et l'inflation elle-meme pesent fortement sur l'entreprise frangaise qui doit mettre en oeuvre les moyens adequats pour reduire les effets qu'elles engendrent sur elles. Les responsables de la fonction achats-approvisionnements sont appeles a

jouer un role actif dans la lutte contre les consequences negatives de l'inflation .

sont appeles a maitriser les prix a l'achat et reduire leur hausse en faisant jouer la concurrence entre les fournisseurs, en exergant une pression sur eux, en negociant avec eux, etc.

4. La mondialisation des marches.

La mondialisation des marches signifie une conception mondiale des produits ainsi qu'une production mondiale. C'est le

cas par exempleiel'industrie automobile, de l'electronique, de l'armement, de l'aero-spatialletc....

La conception des produits ne fait souvent par une collaboration etroite entre entreprises de nationalites differentes (construction de l'avion AIR-BUS, d'ARIANE, de CONCORDE,etc...)

Les acheteurs sont de plus en plus associes pour gerer les relations avec les fournisseurs dans le cadre de la conception mondiale des produits.

La mondialisation de la production s'est accompagnee par le developpement de strategies d'accords globaux (reciprocite, compensation, participations,...) necessitant un processus global de negociation qui fait intervener toutes les fonctions de l'entreprise, y compris la fonction achat et meme les etats.

Les entreprises n'hesitent plus a s'associer pour effectuer en commun des recherches, negocier ensemble l'achat de materiel et

de matieres, preparer une offre en commun Nous citons a titre
d'exemple l'association dela RATP et de la SNCF pour l'etude et la conception des systemes de transport urbain en France et pour

l'achat de materiels . L'association entre la firme italienne
FIAT et le groupe frangais Peugeot S.A pour la conception d'un nouveau moteur pour vehicules et l'association Peugeot - Honda

pour la conception d'un nouveau modele de velo-moteur sont d'autres exemples, pour ne citer que ceux-la.

Les acheteurs jouent un rOle important dans la concretisation et la reussite de ces associations dans la mesure c) ils ont toujours la responsabilite de l'achat des composantes et "inpOts" nouveaux et de la gestion des relations avec les fournisseurs.

La mondialisation de la conception des produits et de la production s'est accompagnee par la mondialisation des approvisionnements et par la multiplication des sources d'approvisionnements et des apportunites a l'achat. Les entreprises hesitent de moins

en moins a acheter aupres de nouveaux fournisseurs plus competitifs meme s'ils sont eloignes geographiquement. Elle recouvrent

l'achat aupres des fournisseurs strangers pour ameliorer leur competitivite et reduire les risques a l'achat(d)Le rayon de prospection et d'approvisionnement s'est ainsi etendu au dela des frontieres nationales et europeennes pour devenir mondial.

5. Les relations avec les fournisseurs

decoule de ce qui precede que les relations avec les fournisseurs sont plutft caracterisees par une cooperation

et une mise en commun des ressources et des moyens. La competitivite du client est de plus en plus conditionnee par celle de son furnisseur et reciproquement la competitivite du fournisseur est aussi conditionnee par celle de son client, les relations fournisseur-client sont de plus en plus basses sur la confiance et les interets reciproques voire meme la solidarite. Le souci majeur
des deux partenaires est le respect des engagement contractuels

et le developpement des relationsa tong terme tant sur le plan qualitatif, cooperation sans conflit, que sur le plan quantitatif, croissance du volume des transactions a long-terme. Ils travaillent en commun pour ameliorer la qualite des produits, reduire les

coats de production et developper de nouvelles methodes et techniques capables d'ameliorer leur competitivite respective. Ils s'associent pour surmonter les difficultes, s'entraident mutuellement, et reunissent leurs efforts pour faire face aux menaces et exploiter les apportunites qu'ils de+ectent.

-173--

apparait ainsi que les caracteristiques de l'environnement n'ont cesse d'evoluer et d'imposer aux entreprises de nouvelles conditions d'exercice de leurs activites. Les entreprises frangaises doivent,en effet,faire face a l'accroissement de 11intensite de la concurrence,kl'instabilite des conditions de la competitivite, aux modifications de la technologie, a la stagnation de la demande, a l'inflation et a l'instabilite des relaitons inter-entreprises... Ces nouvelles caracteristiques de l'environnement economique ont ainsi impose aux entreprises de nouvelles contraintes et de nouvelles exigences. La fonction achatsn'a pas ete epargnee puisqu'elle subit l'influence des changements °Ores dans le sous-environnement situe en amont des activites de production de l'entreprise,

et dont elle est chargee d'en assurer le contrOle.

Avant d'etudier la nature et le niveau d'evolution de la fonction achats pour faire face aux chagnements intervenus dans l'environnement, nous presenterons dans ce qui suit les caracteristiques actuelles de cette fonction dans les entreprises frangaises.

II. LES CARACTERISTIQUES ACTUELLES DE LA FONCTION ACHAT.

Dans un environnement turbulent et pour faire face aux nouveaux defis qu'il renforme, les entreprises frangaises se sont dotees de services achats bien armes et bien etoffes. Ces services disposent en general de moyens plus importants et plus sophistiques a la hauteur des objectifs qui leurssont assujettis. L'organisation de ces services est caract6risee

par l'existence de deux categories d'unites : une unite centrale et des unites decentralisees.

Les caracteristiques actuelles de la fonction achat dans les entreprises frangaises seront saisies en etudiant successivement les aspects suivants :

-- 1-74 --

1 - La place de la fonction achat dans l'entreprise :

la hierarchie de la fonction achat.

2 - les missions et taches de la fonction achat..

3 - Les objectifs des unites d'achat.

4 - Le choix des fournisseurs

5 - la structure du service achat.

6 - Les moyens mis en oeuvre par les unites chargees de la fonction achat : methodes et techniques d'achat

1. La place de la fonction achat

La fonction achat est consider-6e comme une fonction importante, une fonction a "part entiere" ayant une multitude de roles propres a jouer : maitriser les technologies utilisees par les fournisseurs, informer et conseiller les autres fonctions sur les aspects qu'elle maitrise, participer a l'elaboration et a la mise en oeuvre des decisions les plus importante, etc....

Les unites changees de la fonction achat sont en general placees sous l'autorite de la direction generale (dans 70% des cas, et pour le reste 17% soit a la direction administrative, soit a la direction financiere ou commerciale. Leur responsable a dans 90 % des cas un statut de cadre ou de cadre superieur (1).

Les unites d'achat sont regroupees au sein d'une direction,

ou d'un departement, qui correspond au niveau de regroupement le plus "Cleve dans l'entreprise .

La place et le role, donnes a la fonction achat, traduisent la volente des responsables des entreprises a faire face aux menaces et risques issus du marche am:int et d'exploiter les apportunites qu'ils y defectent.

( 1 ) D'apres l'enquete de l'usine nouvelle :flies acheteurs

parlent", usine nouvelle, n°17, 24 avril 1980 pp,106-

117103).

- 17.5 -

La fonction achat est placee au meme niveau que la fonction production et la fonction commerciale (70% des cas), et pour-suite des objectifs nombreux et divers.

2. Les missions et taches de la fonction achat

Quelles sont les taches et activites imparties a la fonction achat ? Quel est le role des acheteurs dans ces taches? Sont-ils associeS dans les taches strategiquesAdans les taches

commerciales et dans les taches techniques ? Quelle est la contribution des responsables d'achat dans les decisions strategigues des entreprises francaises ? Les elements de reponses

a ces differentes questions sont puises des resultats de l'enquete effectuee par l'usine nouvelle en collaboration avec

la C.D.A.F ( 1 ),.des resultats d'enquetes effectuees par les
chercheurs de l'I.A.E. de grenoble ( ).

ressort de ces enquetes que les acheteurs jouent divers roles dans 1161aboration et la mise en oeuvre d'une multitude de decisions se rapportant aux differentes activites de l'entreprise. C'est ainsi qu'ils jouent un role importent dans les decisions de "malRe or buy ", dans la definition

des politiques de selection des fournisseursi dans la prepara-

tion et la mise en oeuvre des projets de produits nouveaux, dans l'elaboration des decisions d'achats et de stockage etc...

B. BALLAZ ( 3 ) a trouve que dans 50% des cas, les services achats ont la responsabilite des stocks et que dans 25% des cas, ils ont la responsabilite totale de la gestion des flux de matieres (optique Materials Management). Par contre,

(=I-) E'nquete del nouvelle, op, cite.

(2 ) enquetes effectuees dans le cadre du prooramme de D.E.S.S

de manac2ement de l'approvisionnement de l'I.A.E. de grenoble, universite de grenoble II.

pres de 10 % des responsables uniquement ont des attributions limitees aux simples achats excluant ainsi les taches flees

a la soustraitance, a d'achat des biens d'equipement, austockage,... Le poids des fonctions techniques (production bureau d'etudes, etc.) ne parait pas trop peser sur les attributions des responsables d'achat qui sont rodes aux problemes techniques de partleur formation initiale en

tant qu'ingenieurs(/).

L'enquete de l'usine Nouvelle a revele que les acheteurs sont epalement responsables dans 3 Cas sur 5(60 %) de la gestion des stocks, et dans 2 cas sur 5 (40%) de la gestion des transports.

Pour les achats habituels, les responsables des achats disposent d'une tres large autonomie : ils decident seuls ou avec d'autres dans la quasi majorite des cas (90%). Pour les decisions strategiques (integration d'une activite jusque la sous-traitee, choix entre integration ou la sous-traitance d'une activite nouvelle,

conception de nouveaux produits,....) les acheteurs jouent un role moins important (autonomie plus faible) dans la mesure ou ils ne participent a l'elaboration et a la mise en oeuvre de ces decisions que dans 50% des cas. Dans les laboratoires Yves Rocher par exemple, ce sont les acheteurs

qui initient les projets nouveaux et decident de l'opportunite de leur lancement. Ce sont eux a,ussi qui instruisent

les dossiers de sous-traitance, choisissent les fournisseurs et concluent les contrats avec eux. Il en est de meme dans d'autres entreprises ou les acheteurs participent activement dans la definition des choix strategiques a effectuer par l'entreprise.Cette participation depasse souvent le role

(1) B. BALLAZ, "Lem zyzteme4 d'in6mmation pk6vizionnette dens diAigeant4

d'appkovizionnemente, Papiek de rtecheAche 80/02, Cent/Le d'Etude4

et de Rechencha Apptiquft's a ta Gation, Univvoitg. GAenobte 171(449.

--17.7--

d'informateur ou d'instructeur des dossier pour prendre la forme d'une prise de decision effective. L'acheteur est aussi associer a la definition des objectifs et sousobjectifs de la firme ainsi que des systemes de controle a mettre en place.

3- Les ojbectifs

La fonction achat, comme les autres fonctions travaille pour atteindre les objectifs qui lui sont assujettis et contribuer ainsi a la realisation des objectifs globaux de l'entreprise.

Les entreprises, sur lesquelles nous avons p0 disposer des informations suffisantes, disposent toutes des objectifs ecrits pour la fonction achat, Ces derniers constituent des sous-objectifs des objectifs globaux de l'entreprise.

3.1. - LA NATURE DES OBJECTIFS D'ACHAT

L'enquete menee par l'usine nouvelle en 1980, montre que les objectifs prioritaires des entreprises sont relatifs aux prix, aux delais, a la qualite et a la continuite des approvisionnement5 (recherche de fournisseurs de remplacement et de produits de substitution).

Les laboratoires Yves Rocher (1 ), ont-mis en oeuvre une strategie baptisee "strategie des 5 Zeros" o0 la fonction achat tient une place importante pour contribuer a la realisation de deux objectifs primordiaux a savoir "Zero defaut de production" et "Zero rupture de

stock". Les responsables ont adopte un systeme d'achat dit l'achat "JAT", qui signifie l'achat juste a temps pour realiser les objectifs de reduction des excedents en stocks et des ruptures d'approvisionnement. Ce systeme vise la

( ) P. LE LAOUANAN , "L'evolution de la fonction achats

aux laboratoires Yves Rocher, "Revue francaise de gestion industrielle N° 4- 1983 - pp. 19-38,(15)
·

--17B--

reduction des coOts globaux et se base sur la creation d'un effet de masse (groupement des achats) et sur la conclusion de contrats pluri-annuels avec les fournisseurs les plus competitifs a long terme. Cette politique qui consiste a conclure des contrats pluri-annuels pour une famille de produits avec les meilleurs fournisseurs est suivie par plusieurs entreprises, qui disposent d'un service central des achats, telles que la SNCFT, la R.A.T.P., RhOne Poulenc, British-Petroleum France, CII- Honeywell-Bull ( 1 ), USINOR, Le Groupe Legrand...

Chez le groupe Legrud, on cherche a optimiser puissance d'achat de l'entreprise en optimisant l'effet

de taille. Notons, que cette politique est adoptee a long terme pour realiser des objectifs eux memes fixes a long terme. C'est ainsi que la plupart des entreprises recourent a des contrats pluriannuels avec les fournisseurs retenus. Ces conctrats sont en general des contrats ouverts avec des engagements fermes a court terme (3 a 6 mois). Les firmes automobiles par exemple font des commandes fermes a 3 mois. Ceci s'explique par le fait que les ventes ne peuvent etre prevuesa long terme. Il en est de meme de la fabrication

qui ne peut etre programmee avec detail qu'a court terme.

Pour realiser les objectifs de la fonction achat les responsables francais comptent beaucoup sur les fournisseurs avec lesquels ils traitent. Chez le groupe le

Grand par exemple, on exige des fournisseurs un dynamisme,

une souplesse et une motivation a travailler avec le groupe(Z)).

(d) D'apres le Directeur general des achats et approvision-

nements, l'objectif pricipal est d'avoir des quantites importantes a commander et de travailler sur des familles de produitsdefacon a obtenir les meilleurs prix.

L'expansion 8/28 Octobre 1982, pp.99 101,099

-179--

"Le meilleur fournisseur n'est pas foncement celui qui a les prix les plus faibles`', declare le directeur des achats d'Essilor. Laboratoires Yves Rocher, le systeme d'achat dit "Juste a temps" se base en partie sur :"la

confiance p rfaite accordee aux fournisseurs et la reconduction repetitive des contrats avec les fournisseurS" Ainsi les contrats de fournitures aux laboratoires Yves Rocher sont exclusifs et a long terme. Dans les entreprises automobiles, les fournisseurs sont de plus en plus associes a la politique d'achat des constructeurs, et en particulier

dans les phases techniquesde conception et de mise au point des produits nouveaux. C'est ainsi qu'un fournisseur pilote, pour chaque famille de produit, participe a la definition

et a la realisation des prototypes et a leur essai. Cette association suppose la mise en commun de moyens humains

et materiels et une cooperation parfaite pour la reussite du lancement des produits en question. Elle implique un travail de longue halene et un climat de confiance reciproque permettant la realisation des interets des deux partenaires. Bien entendu, ceci suppose la convergence des interets

des deux partenaires.Bien entendu, ceci suppose la convergence des interets du fournisseurs et de son client.

Chez CII -Honeywell-Bulltla conclusion de contrats a long terme avec les fournisseurs a exige la mise en oeuvre d'un systeme de planification des achats qui a permi non seulement de reduire les risques a l'achat

mais aussi de realiser des economies. La planification des achats a permi aussi de definir les produits futurs et die-laborer une prospective des prix et du marche au moins cinq ans a l'avance. Il en est de meme a I.B.M. France, qui a developpe un reseau de sous-traitants avec qui elle entretient des relations a long terme dans lecadre de contrats a long terme. Les relations avec les fournisseurs sont ainsi

gerees dans une perspective lointaine en integrant les interets des deux partenaires. Ces relations sont impregnees par un esprit de coopetation, d'assitance et de confiance reciproque. Plusieurs reponsables parlent de responsablilite

-- 130--

sociale et morale vis a vis des fournisseurs de leurs entreprises." on ne peut pas forcer les fournisseurs a baisser leurs prix et a reduire leurs marges, on ne

peut pas non plus laisser tomber un fournisseur fidele parce que ses coats ont augmente, c'est un probleme moral et social, c'est aussi un probleme economique", declare le directeur des achats de Telemecanique. Dans

les entreprises nationalisees, publiques, on parle d'une responsabilite nationale envers les fournisseurs. C'est le cas d'EDF, SNCF et de Renault cal on se preoccupe du developpement des entreprises nationales. Dans ces entreprises, on cherche a jouer un role economique et social en traitant avec des fournisseurs nationaux et en les aidant a devenir plus competitifs. Les objectifs des acheteurs, dans les entreprises nationales, s'integrent dans les objectifs nationaux tels que definis par les plans de developpement economique de la nation. Ces entreprises achetent en priorite les produtits "made

in France" et n'utilisent donc pas les memes criteres, que les entreprises privees, pour choisir entre les fournisseurs. Mais avant d'etudier, les criteres de choix des fournisseurs, voyons quel est les mode de fixation des objectifs d'achat dans les entreprises francaises ?

3.2 - LE MODE DE FIXATION DES OBJECTIFS D'ACHAT

Les responsables de la fonction achat (directeurs) font partie du comite de direction de l'entreprise et sont des membres permanents. Ils participent a l'elaboration des decisions strategiques et a la definition de la politique generale de l'entreprise et a la fixation des objectifs a moyen et long terme. Ils participent, en particulier, a la determination des objectifs de leur fonction. Ces objectifs sont ainsi discutables, ainsi que les moyens necessaires

a leur realisation.

Au niveau inferieur, sous-directions et services, ces objectifs ne sont pas discutables. C'est au directeur des achats de coordonner les activites des differentes unites dont it est responsable et de leur fixer les sous-objectifs

realiser a court et a moyen terme. 11 est aussi chargé de la repartition des moyens globaux qu'il a obtenu entre les

differents services et de l'elaboration du systeme de controle interne le plus approprie. Ce systeme de controle fonctionne parallelement au systeme de controle globaLqui controle les resultats globaux de la fonction. A IBM Francepar exemple,

on a mis au point a la direction des achats, un systeme qui permet l'evaluation des activites internes de la direction des achats, par service par famille de produits, par groupe d'acheteurs, par fournisseur et par contrat. Le directeur

des achats, grace au tableau de bord des achats, peut &valuer a tout moment les realisations de toute unite ou sous-unites. Les criteres devaluation et d'appreciation sont nombreux et portent me-me sur les details. Voyons maintenant, quels sont les criteres de choix et d'evaluation des fournisseurs.

4. Les criteres de choix des fournisseurs

Choisir d'acheter aupres du fournisseur A, au lieu de B et C, suppose que l'achat de chez A permettra mieux de realiser les objectifs vises par la fonction. Les criteres sur lesquels se basent les acheteurs doivent donc preciser

les objectifs et permettre leur realisation a terme. Quel sont ces criteres ?

Quelle est leur importance respective ?

11 convient de signaler que les criteres sont nombreux et varient selon le type de produits achetes. Mais nous avons observe une certaine constance des criteres fondamentaux a savoir, les criteres techniques et les criteres financiers et commerciaux. Nous avons, d'autre part, observe

la preeminence des criteres techniques qui constituent un facteur discriminatoire dans presque tous les secteurs d'activite.

4.1. Les criteres technigues

Les Criteres techniques sont consideres comme fondamentaux et servent a eliminer les fournisseurs qui ne repondent pas aux conditions techniques fixees par les acheteurs. Its sont relatifs aux precedes et methodes de production, aux moyens de production (capacite de production, etat des equipement,...), aux competences et capacites techniques, aux performances passees et a la capacite d'adaptation aux demandes de l'entreprise et aux problemes qui peuvent se poser. nombreuses sont

les entreprises frangaises qui ne retiennent

Un fournisseur pour l'une des raisons suivantes

- precede de production archaTque,

- moyens de production (machines, equipements) en mauvais etat,

· insuffisance de la capacite de production,

- qualite insuffisante des produits et inadaptabilite du systeme de controle de qualite,

- insuffisance des garanties a l'utilisation,

- faiblesse du niveau de competence des cadres,

- mauvaises performances dans le passe,

- produits depasses technologiquement, etc...,

Ces differents sous-criteres, sont en general evalues globalement mais certains d'entre-eux peuvent etre eliminatoires si on leur adjoint des seuils ou des normes minimums.C'est

ainsi que la capacite de production et le precede de production peuvent etre a la base de l'elimination d'un certain nombre de fournisseurs. L'evaluation des fournisseurs sur la base de ces criteres techniques suppose que les acheteurs disposent des informations correspondantes qu'ils actualisent en permanance.

183 --

C'est le cas dans la plus part des entreprises qui disposent de systemes d'information integres R.A.T.P, SNCF, EDF, Tele-

mecanique,...) incorporant les achats-approvisionnements.

4.2.. les crin-:ces financiers et con, ner.ctaux

Apres avoir procede a la premiere elimination, les acheteurs vont appliquer aux fournisseurs retenus les

criteres de selection et juger ainsi leurs offres respectives. Its effectuent ainsi une analyse multi-criteres pour aboutir a un classement des differentes offres.

Les criteres utilises dans cette seconde etape se rapportent souvent :

- aux prix,

- aux delais de livraison,

- aux services offerts,

- a la capacite financiere du fournisseur,

- aux conditions de paiement,

- a l'assistance offerte etc...

Ces criteres sont en general combines entre eux, par un systeme de ponderation, pour permettre une evaluation globale du fournisseur et de sonoffre. Notons que l'importance de chacun des criteres utilises dans l'evaluation globale des fournisseurs varie selon le type de produit et le type d'achat.

Nous citons le cas de la Societe de garnissage (x) qui evalue ses fournisseurs, en panneaux de porter pour voiture, selon les performances passees (qualite, prix,delai), selon leurs

capacites de production et financieres, selon la technique de production et la matiere utilisee (coton, fibre de verre et de bois et plastique renforce) et selon les offres qu'ils ont fait (prix, delai, conditions commerciales et fiancieres). Elle attribue a chacun des fournisseurs une note pour chacun des criteres et sous-criteres. Les sommes des notes ponderees

* Ce cas a ete presente a l'I.A.E. De Parisl dans le cadre de l'option sous-traitance (armee Universitaire 1983-1984) dirigee par le professeur M. CAPET.

permet d'obtenir une note globale par fournisseur. Ainsi, les criteres de choix des fournisseurs sont nombreux. Its sont agreges sous la forme d'une note globale permettant de

comparer les offres entre elles et donc d'effectuer le meilleur choix possible.

5. La structure de l'unite d'achat.

s'agit ici d'etudier les mecanismes de coordination et de division du travail au rein des unites chargees de la fonction achat. Comment se fait la re-partition des taches entre les operationnels et les fonctionnels, entre les services centralises et les services decentralises ?

Selon l'enquete menee par l'USINE NOUVELLE et

la C.D.A.F., on assiste a une intervention directe des services achats centraux dans le processus d'achat. En faisant remonter la negotiation au niveau des services centraux, les entreprises cherchent souvent a augmenter leur pouvoir de negotiation, en augmentant les quantites a acheter et en effectuent des negotiations globales, et A realiser des economies de touts. Les services centraux ont tendance a passer des contrats ouverts (50%) a la place des commandes fermes (50%). Les services centralises elaborent la politique generale d'achat et concluent les marches avec les fournisseurs qu'ils ont selectionnes. Les services decentralises determinent les quantites necessaires, lancent les commandes, etablissent le planning des livraisons, effectuent la reception et le controle des livraisons. Les services decentralises jouent ainsi un role pure-

ment operationnel alors que les services centraux remplissent un double role : un role fonctionnel et un role operationnel. Ces derniers sont les seals interlocuteurs des fournisseurs, negotiation et reglement des litiges, et des autres services centraux a savoir le bureau d'etude, la direction commerciale, la direction technique et autres. Its elaborent la politique

generale de l'entreprise en matiere d'achat et assistent les services decentralises qui gerent eux memes leurs stocks lorsqu'ils s'agit d'usines des services centraux disposent en general d'une cellule d'etudes et de recherche qui analysent la structure du marche amont, l'evolution des prix, les possibilites de substitution des produits, les strategies et les politiques des fournisseurs (prix qualite, delais, Investissement situations des fournisseurs (volume de production, part

de marche, situation financiere, l'evolution des technologies... Ces etudes sont en general tres poussees et detailles. Elles

sont le plus souvent effectuees d'une maniere permanante et sont confiees a des specialistes : ingenieurs, economistes, acheteurs specialises..Nous avons d'ailleurs releve que dans plusieurs entreprises frangaises ces etudes sont confiees a des acheteurs.

-186-

La conclusion de retude menee par l'usine nouvelle en 1980, concernant la tendance a la decentralisation dans l'organisation de la fonction achat, se trouve confirmee par B.BALLAZ et P.Y. BARREYRE qui affirment que "l'une des caracteristiques les plus evidentes de revolution de l'organisation de la fonction est incontestablement une tendance a la decentralisation" (1.). Cette tendance, soulignent les auteurs, a fait emerger dans les entreprises etudiees soit une fonction coordination, qui agit en assistance, soit un service central achats fortement structure et qui s'occupe des achats communs et des contrats les plus importants. Le groupe Thomson, par exemple, applique le principe de la decentralisation de la responsabilite a la fonction achat. Les services
d'achats des unites qui sont proches des autres fonctions de l'entreprise remplissent les fonctions classiques d'achats et d'approvisionnement. Les structures achat du groupe qui se situent a deux niveaux, au niveau federal (c'est a dire au niveau des filiales) et au niveau confederal (groupe) assurent un role fonctionnel et un role operationnel. Le role fonctionnel consiste a : assurer la coherence des politiques d'achat des unites du groupe, coordonner leurs activites d'achat au niveau des produits et avec les fournisseurs, assister les unites dans les domaines de l'organisation, de la formation, des etudes et des enquetes sur les fournisseurs et les marches et dans le domaine de la recherche des economies et enfin a

diffuser les imformations generales. Quand au role operationnel des services centraux du groupe Thomson, it t e autour des
taches suivantes :

B.BALLAZ et P.Y. BARREYRE,"Les systemes d'information previsionnelle des dirigeants d'approvisionnement",

papier de recherche 1980/2, centre d'etudes et de recherches appliquees a la gestion, universite Grenoble II, p.21-22059.

- achat des produits d'origine etrangere, - realisation des operations d'importation,

- conduite des actions de commerce reciproque,

- recherche de sources nouvelles pour satisfaire les besoins du groupe,

- achats de produits ou de prestations a usage general (1).

La decentralisation dans l'organisation de la fonction achats s'est souvent accompagnee d'une plus grande participation des responsables des achats a la politique generale de l'entreprise et par l'elaboration d'un systeme de contrelle, du type tableau de bord, pour les achats. Cette decentralisa-

tion s'est accompagnee d'une acceleration et d'une systematisation de la circulation des informations sur les achats et d'une plus grande utilisation des moyens informatiques.

Plusieurs chercheurs ont constate, depuis 1976, une volonte plus marquee a developper une informatique de l'approvisionnement en tendant vers des solutions techniques plutot autonomes. Les resultats de l'enquete CEG OS confirment cette constatation, puisqu'en 1983, 73 % des services appro-

visionnements recourent a l'informatique. Notons que l'utilisation croissante de l'informatique par les acheteurs s'est traduite par un elargissement et un enrichissement des leurs taches ils sont aujourd'hui plus liberes des taches adminis-
tratives pour se consacrer a taches nobles : etude du marche fournisseurs, negotiation, visites aux salons,ouxfeires et aux usines fournisseurs, participation aux commissions et comites, preparation des decisions, developpement des activites du "marketing-achat" (I), prevision, planification, etc... Ces fifferents aspects montrent que la fonction achat est une fonction en pleine mutation ; c'est cette mutation qui sera analysee et etudiee dans ce qui suit.

(1) M.HERON,"la politique d'achat du groupe Thomson", in actes

du colloque" econmie des matieres", Tome IV, pp. 41-55, La Documentation Francaise, 19804y8).

(1,) "Les acheteurs entrent en marketing", l'usine nouvelle, n° 29 du 19 Juillet 1984,(y9).

II - L'evolution de la fonction achat.

Evoluant dans un environnement changeant, l'entreprise francaise a dile regulierement repenser son organisation. Ces mutations ont naturellement et effectivement touché la fonction achat. En effet cette derniere a subit deux types de pressions et influences : les unes internes, les autres externes.

Au niveau interne, c'est le fait que toute entreprise est appelee a croitre qui explique pourquoi les -Caches afferentes a d'achat peuvent etre successivement du ressort

de diverses fonctions, tout en s'etant etoffeesdans les temps. Ainsi, on est passé d'un responsable de production s'occupent accessoirement des achats, a un service achat, aujourd'hui responsable de tout le processus.

Au niveau externe, c'est l'histoire economique et l'histoire en general qui fournissent d'autres elements explicatifs a revolution de la fonction. C'est par exemple, la penurie apres la guerre de 1945 qui a fait prendre conscience de l'importance dela fonction. En fait, ce sont les pressions externes qui ont souvent motive revolution de la fonction achat.

Cette constatation, selon laquelle revolution de la fonction achat est induite par les difficultes recontrees pour assurer la continuite des approvisionnements dans les

meilleures conditions, a ete confirmee par plusieurs chercheurs et notamment par B.BLACKBURNE(19,C.PAVARD (1981),U.HADRIA et G.P. DE POUVOURVILLE (1978), P.TCHAO et M.WAWRA(1980) et P.JOFFRE et G.KOENIG (1983). Les moteurs du changement dans

les proceduresImethodes et politiques d'achat sont surtout du ressort du contexte de la fonction achat; c'est ce que nous analyserons dans ce qui va suivre, apres quoi nous etudierons les niveaux de revolution de la fonction.

1.- Les moteurs et facteurs devolution de la

fonction achat :

En fait, ce sont les problemes et contraintes externes qui sont venus entraver les activites de la fonction achat approvionnement etqui ont motive son evolution. Ces problemes et contraintes se sont amplifies ces dernieres annees et ont pese beaucoup plus sur la foonction et sur ses conditions d'exercice. Its sont devenus aussi plus complexes du fait de l'instabilite et de la complexification du contexte de la fonction. Les principaux facteurs, qui ont emerge apres 1973 et qui ont pousse a faire evoluer la fonction achat sont relatifs aux prix,a la disponibilite des produits et a la technologie.

1.1. - La flambee des prix des matieres

La periode de 1973, a ete suivie d'une hausse vertigineuse des prix des matieres premieres. Les entreprises dont la valeur des achats representent une part importante du chiffre d'affaires, ont pris conscience de la necessite de reduire les coats d'achat et de les maitriser.

L'anticipation de nouvelles hausses a donne aux activites des acheteurs une nouvelle dimension speculative. L'acheteur doit desormais determiner le moment propice a d'achat et prevoir les evolutions conjoncturelles des prix. Ce nouveau role a conduit les acheteurs a maitriser les tech-

niques de prevision integrant les fluctuations conjoncturelles

du marche (2). Les acheteurs de BRITICH PETROLIUM par exemple(2),

(1) M. REYNE, "Comment prevoir l'evolution des coats des matieres premierese, Revue acheteurs, n° 33, 1980,(51)
·

(2) L'Expansion, octobre 1982.

doivent faire face aux variations dans les prix d'achat. Le directeur des achats de cette entreprises a resume cette situation dans les proposos suivants :

"nous sommes soumis a des soubresauts et a des variations incessantes, reagissant les uns sur les autres et nous ne savons pas quand la situation redeviendra normale... l'essentiel est d'assurer le plein emploi de l'outil industriel, mais pas a n'importe quel prix... entre le bon achat et le mauvais achat, it n'y a que 0,5 % de difference. Un rien, qui a la fin de l'annee fait 50 Millions de francs en plus ou en moins dans les resultats...".

Pour faire face a cette nouvelle situation, les services achats ont commence a se doter de strategies d'achat inspirees par la gestion des risques et des opportunites. Les dirigeants d'entreprises ont eux aussi compris qu'il faut reorganiser les services achats et qu'il faut les doter de moyens plus adequats pour reduire les cotits d'achat, effectuer les previsions, rechercher des substituts, mieux gerer les stocks, etc... (P. TCHAO et M. WAWRA, 1980). Cette volonte,

des dirigeants des entreprises francaises, de maitriser les prix a l'achat et de les minimiser, les a amene a donner aux acheteurs une plus grande responsabilite.

1.2. - La penurie des matieres et produits achetes

La menace de penurie constitue une nouvelle donnee qui doit etre prise en compte dans les strategies d'achat des entreprises industrielles francaises. En effet, ces entreprises ont pris conscience de la limitation des ressources de la planete et repuisement ineluctable des reserves.

D'une autre cote les entreprises francaisesSont devenues conscientesc4a securite des approvisionnements est de plus en plus menacee par la penurie organisee : penurie artificielle dile a la cartelisation des fournisseurs et a la speculation des acheteurs. Les fournisseurs regroupes dans des cartels par exemple, s'entendent sur les quantites a mettre sur le marche et faussent donc le fonctionnement normal des marches. La disponibilite des produits et matieres n'est plus desormais prise comme acquise. L'evolution des marches doit etre suivie pour s'assurer un approvisionnement regulier des unites de production. Le systeme d'information achat, integre ainsi des donnees sur la disponibilite et la quail-Le des ingredients et composants necessaires a la production.(1).

Pour faire face aux menaces de rupture des approvisionnements et assurer leur continuite, les acheteurs ont nove des relations privilegiees avec plusieurs fournisseurs

et ont etabli avec eux des contrats a long terme. Ces exigences se sont traduites elles aussi par de nouvelles responsabilites et de nouveaux Hiles pour les acheteurs : prevision et anticipation des marches, negociation avec les fournisseurs, determination des menaces et detection des opportunites en observant les marches, etc (2). Certaines penuries sont dans certains cas dOesa des changements technologiques : innovation et absolescence. Pour cela les acheteurs sont appeles a maitriser les evolutions techniques qui constituent un nouveau defi a l'exercice normal de leurs fonctions (l'usine nouvelle, n° 49, 1979).

(1) G. COUTUREAsmarketing : une approche integreen, Edition : Gaiten MORIN, 1978, pp. 149-150,(53).

(2) C. PAVARD, op.cite et dossiers de la revue l'expansion, octobre 1975 et octobre 1982.

1.3. - Levolution technique.

L'evolution technique, avec l'automotisation qu'elle a entrain;, a conduit elle aussi a l'evolution de la fonction achat. La multiplication des innovations a pousse les acheteurs a etre plus disponibles a l'ecoute des utilisateurs et

a observer les marches amont. La sophistication des produits a amen; deux phenomenes : d'une part l'introduction des composants 6lectroniques et d'autre part, l'augmentation des achats externes et un plus grand recours a le sous-traitance.

Des usines a tout faire, on est passé a des usines specialisees (W.SKINNER, 1969).

Ainsi les services achats sont plus sollicites pour maitriser les technologies nouvelles, reduire la complexite des produits et procurer les services de l'entreprise en produits et procurer les services de l'entreprise en produits et services externes. D'un autre cote, avec l'evolution technique, on a assist; a une mise en avant de la dimension techniques des tdches de l'acheteur qui est plus sollicite pour assister les services internes dans la conception des produits, pour rechercher de nouvelles matieres et integrer les innovations les plus recentes dans les produits et processus de l'entreprise. (H. KRALJIVY, 1982) et (P.Y. BARREYRE, 1976).

De nouvelles structures ont ete mises en place, dans certaines entreprises, pour suivre les progres et les changements techniques sur les marches des fournisseurs (KRALJIVY, 1982). De nombreux acheteurs affirment que la revolution technique, et surtout la revolution electronique, a bouleverse les achats. Chez SALEM, par exemple, "la mutation technique" caracterisee par le passage de l'electromecanique a l'electronique°, a ete le facteur qui a le plus determine l'evolution de la fonction achat et sa reorganisation (l'usine nouvelle n°49, 1979). Pour le directeur des approvisionnements chez RENAULT,

"c'est la technique qui fait prix a long term; (l'expansion, octobre 1975).

Comme it a 6-le indique plus haut, les changements des techniques et leur plus grande complexite a rendu l'integration verticale plus difficile a appliquer et a mettre en oeuvre. Cette difficulte a favorise le croissance du recours a la sous-traitance de specialite et a l'augmentation du volume de produits provenant des unites externes a l'entreprise aussi bien nationale qu'etrangeres. Selon l'enquete de l'usine nouvelle de 1980, on fait de plus en plus appel

aux sous-traitants et les entreprises souhaitent confier plus de travaux a l'exterieur. Cette meme enquete, a revele l'elargissement des responsabilites des services achats suite a l'augmentation du recours aux marches amont. En effet, les dossiers de sous-traitance sont confies aux acheteurs qui sont responsables de la gestion des relations avec les entreprises sous-traitantes. Ainsi les echanges inter-entreprises sont intenses et les relations entre elles sont plus denses et memes plus complexes. Les entreprises francaises sont de la Sorte plus interdependantes, ce qui n'a pas manqué a poser de nouveaux problemes aux services achats.

1.4.- Les nouvelles contraintes au niveau des services achats

Les nouvelles contraintes qui se posent aux services achats se situent au niveau des variables a l'achat. Ces contraintes se sont traduites a leur tour par de nouvelles exigences avec lesquelles les acheteurs doivent operer. Parmi ces contraintes nous citons les suivantes :

a) l'instabilite des relations industrielles :

Cette instabilite s'est traduite par des difficultes pour avoir des livraisons en temps voulu ; la ponctualite et la rigueur du respect des delais contractuels sont devenus des criteres importants pour Pevaluation des fournisseurs et la stabilite des relations industrielles.

b) La croissance des exigences de l'exellence

en matiAre de la qualite des produits finis :

Ces exigences ont ete reproduites sur les matieres et produits achetes et on a assists a une elevation du niveau des standarts de qualite des produits externes. L'accroissement de la qualite des produits achetes est devenue possible grace au developpement des techniques de precision et grace

A l'utilisation de l'ordinateur dans la production (production assistee par ordinateur) et dans la conception des produits

et composants.

c) La necessite de reduire les coats :

Cette necessite est dictee par la recherche de l'amelioration ou du maintien de la competitivite des entreprises. La realisation de cet objectif s'est souvent concretisee par des marges elevees et des prix plus bas et par une compression des stocks. Ceci rendu possible par l'utilisa-
tion de nouvelles matieres, l'achat de produits de substitution et le recours a des fournisseurs strangers (l'usine

nouvelle, septembre 1983). Mais la reduction des coats a ete kondkopee!

dans certains casvpar les considerations de la politique

economique des gouvernements et par la prise en compte des responsabilites sociales et de maintien de l'emploi

(B. BLACKBURNE198!)

L'ensemble des facteurs, enumeres et analyses ci-dessus, montre que l'evolution de la fonction achat dans les entreprises francaises s'est surtout faite sous la pression des conditions externes a son exercice. Cette evolution est donc une evolution subie, voire meme imposee. Elle n'est pas une evolution voulue et effectuee sans pressions. Mais, en

quoi a consiste cette evolution ? Quels sont les niveaux de cette evolution ? Quelle est la nature de cette evolution ? Telles sont les questions, auxquelles nous tenterons de repondre dans ce qui va suivre.

2. Les niveaux d'evolution de la fonction achat

dans les entreprises francaises.

L'evolution de la fonction achat peut etre etudiee en distinguant trois niveaux :

- evolution interne,

- evolution des relations intra-entreprise,

- evolution des relations avec les fournisseurs,

Cette demarche, ou plutot ce plan, est clic-tee par l'approche systemique que nous avons adopte et qui a ete presentee au deuxieme chapitre de ce memoire (cf, paragraphe II).

2.1.- 1:evolution interne a la fonction achat.

Comme it a ete déjà indique plus haut, plusieurs facteurs, en particulier externes a l'entreprise, ont posse a l'evolution de la fonction achat dans les entreprises francaises. Cette evolution interne sera saisie en etudiant les differentes dimensions relatives a l'exercice de la fonction. C'est ainsi que seront etudiees, successivement les dimensions suivantes :

- les missions et les responsabilites des services achats,

- les objectifs des services achats,

- les techniques d'achat et les moyens utilises,

- l'organisation des services achats,

- le controle des activites d'achats,

- le profil des acheteurs,

- les politiques d'achat,

2.1.1.- Les missions et les responsabilites des services d'achats.

s'agit ici d'etudier revolution des responsabilites devolues aux services achats dans les entreprises francaises. Est-ce que ces services sont uniquement responsables d'une

partie du processus d'achat ou de l'ensemble des operations y afferentes ? Autrement dit, it s'agit d'analyser les taches dominant les activites des acheteurs ainsi que leurs dimensions. Deux enquetes seront exploitees pour analyser revolution de

ces taches : enquete de C.HADRIA et G. DE POUVOURVIELLE (1978) et enquete de l'usine nouvelle (1980).

En etudiant la repartition des taches liees a la fonction achat, C.HARIA et G.DE POUVOURVILLE (1978) ont distingue entre taches strategiques, taches commerciales et taches logistiques. L'enquete qu'ils ont effectue, a revele les conclusions suivantes :

- Les taches commerciales (prospection, negociation, choix des fournisseurs, politique d'achat suivi et coordination des relations avec les fournisseurs) sont dans tous les cas sous la responsabilite des services achats. Les services achats ont la charge de l'aspect commercial des achats,

- Pour les taches strategiques, les entreprises enquetees permettent aux acheteurs de s'exprimer et de participer activement aux decisions strategiques,

- La participation des acheteurs aux taches logistiques (definition quantitative des besoins, elaboration et envoi des commandes, suivi et relance des fournisseurs et des livraisons, contrOle de la qualite, gestion des stocks, transports) est plus faible et tres irreguliere suivant les entreprises (49 % des repondants ne participent pas). Les acheteurs ont parfois une responsabilite fonctionnelle sur ces taches, qui sont le plus souvent effectuees par les usines. I1 semble, qu'en 1978, les entreprises francaises sont loin d'adopter le modele "materiels managment" propose par Dean Ammer.

L'enquete de l'usine nouvelle-compagnie des dirigeants d'approvisionnement et acheteurs de France (CDAF) menee en 1980, re-vele une certaine evolution des missions et responsabilites des services acheteurs dans les entreprises francaises. Selon cette enquete, les responsabilites des acteurs des services achats se sont elargies : un service sur deux (57%) est responsable de la gestion des stocks et des magasins et un sur trois (35 %) assure les transports des matieres et produits achetes. Pour les achats habituels, les acheteurs disposent d'une large autonomie. Cette autonomie est plus grande pour la recherche, l'evaluation et la selection des fournisseurs, comme le montre le tableau ci-dessous :

ETENDU DES RESPONSABILITES DU SERVICE ACHAT POUR

LES ACHATS HABITUELS

DECIDE

TACHES AVEC

SEUL !D'AUTRES

i DONNE

AVIS

Recherche de fournisseurs 63

%

29 %

 

2

%

Evaluation des fournisseurs 44

%

44 %

 

3

%

Selection du fournisseur 47

% i

42 %

 

3

%

Homologuation du fournisseur 29

% i

51 %

 

7

%

Choix difinitif du fournisseur 54

%

35 %

 

3

%

Negociation des prix 78

%

16 %

 

1

%

Modulation des quantites commendees 39

%

42 %

 

8

%

Lancement de commandes 53

%

31 %

 

6

%

Fixation du delai de livraison 38

% i

44 %

 
 

%

Fixation du delai de paiement 61

%

28 %

 

5

%a

L'ordonnancement des facteurs 52

%

21 %

 

11

%

Reglement des litiges 57

% i

34 %

 

4

%

(Source : L'usine nouvelle, n°17,24

Avril

1980

p.

108).

 
 

La lecture de ce tableau nous montre que les acheteurs participent activement a l'elaboration et a la mise en oeuvre des decisions commerciales relatives aux achats. Its participent a toutes les decisions et decident parfois seuls. Le degre de leur participation et l'etendue de leurs responsabilites se sont accrus par rapport a 1980 et par rapport a 1973 si on se re-fere aux resultats de l'enquete effectuee par P. HAYMAN 1973(1). En effet selon cette enquete, menee aupres de 100 entreprises, le role joue par les services achats dans les differentes phases

du processus de decision d'achat etait tres faible comme le

montrent les donnees du tableau suivant :

Phase du processus de decision d'achat

Taux d'intervention

des acheteurs

Jere phase

:

formulation du besoin

5

%

 

2eme phase

:

controle du besoin

25

%

(*)

3eme phase

Instruction du dossier

:!


·

Recherce d'information

44

%

 
 

43

%

 
 

30

%

 

4eme phase

:

Selection (decision financiere)!

23

%

 
 

(1) Philippe HAYMAN, "Qui decide des achats industriels ?", le management, n° 36, Avril 1973, pp.57-60040.

* - Les acheteurs jouent dans 25 % des cas un role preponderant dans le controle des besoins.

(Source : P. HAYMAN, "Qui decide des achats industriels", p.59).

Le rapprochement des resultats des differentes enquetes presentees ci-dessus (P.HAYMAN (1973), C.HADRIA et P.Y. DE POUVOURVILLE (1978), et l'usine nouvelle (1980), montre un elargissement des responsabilites des acheteurs et un plus

grand controle sur les taches dont ils sont responsables.

Quant aux decisions strategiques, bien que les acheteurs participent a leur elaboration et a leur mise en oeuvre, le degre de leur participation ainsi que leur pouvoir de decision sont encore moyens, voire parfois insuffisants, comme le montre l'enquete de l'usine nouvelle. Selon cette enquete, et comme l'indique le tableau ci-dessous, les responsabilites des acheteurs sont faibles des qu'il s'agit de decisions importantes qui engagent l'entreprise a long terme.

ETUDE DES RESPONSABILITES DES DIRIGEANTS DES SERVICES ACHATS

DECISION

!PARTICIPE A LA DECISION

i DONNE SON ! N' EST PAS

AVIS ! CONSULTE

Sous-traiter une activite jusque

la integree

 

43

%

 

24

%

!
!

14

%

Integrer une activite jusque la

 
 
 
 
 
 

!

 
 

sous-traitee

 

38

%

I

26

%

!

17

%

Choisir entre l'integration ou

 
 
 
 
 
 

!

 
 

la sous-traitance d'une activite

 

39

%

 

27

%

!

16

%

Choisir un sous-tantant

 

70

%

 

5

%

 

10

%

Determination des specifications

 
 
 
 
 
 

!

 
 

des produits a acheter

 

52

%

 

23

%

!

13

%

Conception de nouveaux produits

i

29

%

i

33

%

!
!

23

%

Achats de bien d'equipement

 

43

%

 

20

%

 

26

%

 

(Source : l'usine nouvelle, n° 17, 24 Avril 1980, p.109).

Mais it a ete observe par B.BALLAZ et P.Y.BARREYRE (1980) que les responsabilites des dirigeants des services achats ont tendance a sielargir dans le temps et it semble sont plus associes aux decisions strategiques. Selon l'enquete menee par ces deux auteurs, uniquement dix pour cent, des acheteurs ont des attributions 1W-tees aux simples achats en excluant la sous-traitance, les equipements et les stocks.

Les services achats sont impliques dans un processus, plus ou moins formel, de reflexion a moyen et a long terme sur le devenir de l'entreprise. De facon generale, neuf dirigeants sur seize expriment un niveau de satisfaction plutat bon quant A leur participation a la definition des politiques futures de leurs entreprises (B. BALLAZ, 1980). Cette constatation est confirmee par les resultats de l'enquete de l'usine nouvelle (1980) qui a revele que seuls seize pour cent des dirigeants des services achats souhaitent avoir plus de responsabilites

quant A la conception de nouveaux produits et aux achats de biens d'equipement.

RECAPITULATION

Les responsabilites des services achats, dans les entreprises francaises, se sont largement renforcees depuis 1973 jusquiA nos jours :

- i 1 s decident seuls, presque toujours, pour les aspects commerciaux de leur fonction,

- ils ont des responsabilites plus etendues en ce qui concerne les Caches logistiques et on assiste a la generalisation du modele de gestion des flux de produits (10 % des entreprises en 1980) conte 0 % en 1978).

- ils sont plus nombreux a etre associes aux decisions

strategiques et aux activites de planification et de reflexion a moyen et a long terme. Cette evolution a ete resumee par Dominique BOUDET (1979) en ecrivant :"...qu'il s'agisse de mise

au point de nouveaux produits ou de modification des produits existants, les acheteurs sont de plus en plus frequemment associees aux decisions. Certains participent a la politique d'impartition : integrer ou sous-traiter(...), le responsable des services achats assiste au comite de direction" (1). Cette evolution semble etre due aux nouvelles exigences de la competitivite des entreprises. Elle s'est accompagnee en parallele par de nouveaux objectifs que les responsables des services achat doivent atteindre et par une plus grande autonomie de la fonction vis-a-vis des autres fonctions de l'entreprise.

2.1.2.- Les objectifs des services achats

L'elargissement des attributions des acheteurs et l'accroissement des responsabilites de leurs dirigeants, se sont traduits par de nouveaux objectifs assignes a leurs services. Ces nouveaux objectifs se sont ajoutes au traditionnel'triptype : qualite, prix, delai (2).

a) La notion de prix a ete etendue jusqu'a celle de structure des coOts. On cherche a minimiser le coOt global d'acquisition et le prix paye on convenu, qui doit etre un

(1) D. BOUDET, "les nouveaux acheteurs", l'usine nouvelle, 6 Decembre 1979, p. 164ArS)
·

(2) P.JOFFRE et G.KOENIG", les mutations de l'achat industriell "Analyses de la SEDEIS, n° 22 Juillet 1981, p. 290(S4).

juste prix" (*), n'est plus considers qu'une partie du prix reel. On prend de plus en plus en consideration, les coats de stockage, d'utilisation, de maintenance.., pour comparer les prix a l'achat (P. JOFFRE et G. KOENIG, 1981).

La recherche de la maitrise des prix des produits et services achetes par les entreprises francaises, s'est traduite dans plusieurs d'entre elles, par la determination de prix objectifs, qu'il convient de ne pas depasser. Ces prix

objectifs sont fixes, en priorite, pour les articles et services representant une forte valeur a l'achat, c'est a dire pour les articles A de la courbe ABC. La determination des prix objectifs se fait selon plusieurs methodes : prix de marche, estimation de l'evolution des differents parametres constitutifs du prix, prix previsionnel, anciens prix d'achat, prix evant negotiation, prix technique,...(**). Chez IBM, par exemple, le prix objectif est calcule en suivant les indices de prix de l'INSEE et en tenant comp.te de l'evolution de la structure des coats chez les fournissuers(***). Mais le prix ne peut etre apprecie sans reference a

la qualite d'ou la recherche du"meilleure equilibre prix-qualite".

(*) Le juste prix est le prix de compromis tel que les conditions d'echange soient satisfaisantes pour les deux parties, acheteur et fabricants, c'est a dire normalement remunerateur pour le fabricantlraisonnable et acceptable pour l'acheteur.

(**) Pour un approfondissement sur ce point se referer a la revue acheteurs, n° 330 (1981) et 341 (1982).

(***) M. DUBOSCQ, IBM FRANCE, etude de cas faite a l'IAE de PARIS, module sous-traitance, 1984-1985.

b) La qualite est definie par la norme AFNORX 15.109 comme "l'aptitude dune piece ou d'un produit, a satisfaire les

besoins des utilisateurs sans risque et au moindre coat global".

Pour fixer le niveau de qualite objectif, on peut utiliser

plusieurs criteres

:

 
 

- Critere

1

:

La fiabilite, la regularite et la con-

stance de la qualite a l'emploi : C'est

la caracteristique temporelle de la
qualite.

 
 

- Critere

2

:

Le niveau de qualite doit etre suffisant

sans etre ni excessif ni insuffisant.

s'agit de rechercher la qualite optimale

correspondant au besoin de l'entreprise.

 
 

- Critere

3

:

La compatibilite du niveau de qualite

avec les moyens de production usuels. Le

 
 

niveau de qualite exige doit tenir compte des possibilites du marche et des possibilites de mesure et de verification.

- Critere : Le niveau de qualite doit etre adapte
sans cesse a lievolution des techniques industrielles.

- Critere 5 : Dans le fixation d'un niveau de qualite, it convient de cooperer avec un producteur pour effectuer les tests et essais nessaires et evaluer les coats qui en decoulent. (1).

(1) Raymond DEUTSCH, "le prix ou la qualite ? un faux probleme", revue acheteurs, n° 339, 1982, pp. 4-9,(S )

La determinations du niveau de qualite ne s'impose

plus a l'acheteur a qui on demende de reflechir sur les solutions alternatives les plus appropriees (1). L'acheteur est associe a la recherche du niveau de qualite optimal et on exige de lui l'achat de produits correspondant a cette qualite. Il est souvent responsable du contrale de la qualite des produits receptionnes. La tendance actuelle est de reporter ce controle chez le fournisseur en lui imposant la methode de controle : controle a priori et controle a la sortie des usines. L'objectif qualite se traduit par la recherche du "ZERO DEFAUT" qui a pris la place du "taux d'acceptation" et du controle statistique a l'entree. Les laboratoires Yves Rocher, ont adopte depuis 1983, l'objectif

"ZERO DEFAUT" sur les produits ache-Les et ont impose a leurs fournisseurs la methode de controle de qualite dans leurs usines. La tendance actuelle, en FRANCE, est a la generalisation des cercles de la qualite et a l'adoption d'un systeme de controle total de la qualite. Cette tendance traduit" l'adoption des methodes Japonaises de gestion qui visent un accroissement continu de la qualite" (2).

c) L'objectif delai est toujours omnipresent mais la notion meme de delai est devenue plus complexe. On cherche a minimiser les delais et a les raccourcir pour reduire ou supprimer les stocks. On vise aussi a avoir des livraisons regulieres et

on tient de plus en plus a la ponctualite des livraisons et a minimiser les retards. L'irregularite est de plus en plus combattue.

(1) P.JOFFRE et G. KOCNIG, (1981) op.cite, P 29.

(2) A. BOYER et C. DESMARCHELIER, "Management de la production : Le defi des annees 80", Harvard- l'expansion, printemps 1985, pp. 89-10451).

d) La strategie en terme de delai est exprimee par l'expression "d'achat juste a temps"ou"J.AT" (1). Ce systeme repose, entre autres sur les principes suivants :

- reduction ou suppression des stocks,

- commandes et livraisons plus frequentes,

- proximite des fournisseurs,

- constance des flux de matieres,

- contrats de fournitures a long terme,

Ce systeme consiste a se procurer les produits externes destines a satisfaire les besoins de l'entreprise dans les quantites necessaires et juste a temps : "juste le besoin et juste a temps". La realisation de cet objectif ne peut donc se faire sans utiliser un systeme rigoureux et fiable de prevision des besoins et sans une meilleure definition qualitative de ces besoins.

L'achat de la quantite qu'il faut au moment qu'il faut permet une reduction des frais financiers inherents a des stocks excedentaires et non necessaires et a une reduction des risques d'obsolescence surtout que la duree de vie des produits est devenue plus courte.

e) Les responsables des services achats cherchent a realiser les trois objectifs, prix, qualite, delais,simultanement et veuillent constamment a trouver requilibre entre eux, en adoptant "la strategie des CINQ ZERDS". Its sont entrain de conjuguer leurs efforts pour se rapprocher de :

(1) P. LE LAOUENAN, "revolution de la fonction achats aux laboratoires Yves Rocher" Revue francaise de gestion industrielle, n° 4, 1982, pp. 34-381tW5).

1.

ZERO

DEFAUT (Qualite)

2.

ZERO

RUPTURE DE STOCK (DELAI)QUANTITE)

3.

ZERO

RECLAMATION CLIENTELE (QUALITE, DELAI)

4.

ZERO

RETARD (regularite)

5.

ZERO

INCIDENT et LITIGE

 

La poursuite de ces objectifs vise l'amelioration de la competitivite del'entreprise, face a la concurrence, et a maxi-miser la contribution des services achats a la realisation de ce but. C'est ainsi que les acheteurs veuillent a developper avec les fournisseurs de l'entreprise "des relations stables", dans un climat de confiance permettant "une souplesse suffisante" et les adaptations necessaires. Le fournisseur est considers comme un partenaire avec qu'il faut collaborer cooperer et developper de nouvelles relations : reciprocite, compensation (1), mise en commun de ressources, etc. "Nos fournisseurs, ce sont nos col-

laborateurs et nous sommes les collaborateurs de nos fournisseurs", declare Lucien Abraham, directeur des approvisionnements de

BRAUD et FAUCHEUX au redacteur de l'usine nouvelle (6 decembre 1979, p. 166). "Notre objectif est de rendre nos fournisseurs des collaborateurs", poursuit-il a la meme interview.

Les objectifs poursuivis par les services achats sont dans 75 % fixes pour l'ensemble du service. Its sont assez souvent fixes sur une base pluri-annuelle et on ne cherche plus

uniquement la realisation des objectifs a court terme. L'amelioration de la performance des services achats est desormais consideree comme une oeuvre de longue haleine. La majorite des services achats est associee a la determination du niveau des objectifs

(1) Pour plus de detail sur la pratique des achats de compensation en FRANCE, se referer par exemple a l'article de D.LE COEUR,

"les achats de compensation", revue acheteurs, n° 369, Mars 1985, pp. 18 - 190.V.

poursuivis. Ces objectifs sont toujours consignes par ecrit et on ne recourt presque jamais a la forme verbale.

Les priorites assignees aux acheteurs en 1980 sont : lutter contre la derive des prix (92 % des entreprises) et assurer la securite des approvisionnements (72 % des reponses), (enquete usine nouvelle de 1980).

RECAPITULATION

Les objectifs poursuivis par les services achats sont aujourd'hui plus importants et plus complexes qu'auparavent. Ces objectifs constituent des sous-objectifs des objectifs globaux de l'entreprise et visent l'amelioration de la competitivite a moyen et a long terme de l'entreprise. La recherche de la stabilite des relations de l'entreprise avec ses fournisseurs est une nouvelle donnee qui est venue s'ajouter aux objectifs

des services achats. On tient aujourd'hui a s'assurer les services des fournisseurs les plus competitifs, meme s'ils sont strangers. Mais pour realiser ces nouveaux objectifs, de nouveaux moyens doivent etre mis a la disposition des services acheteurs et de nouvelles techniques d'achat doivent etre utilisees.

2.1.3. Les techniques d'achat et les moyens mis en oeuvre :

L'elargissement du domaine d'activite des acheteurs d'une part et la poursuite d'objectifs nouveaux et plus complexes d'autre part, ont necessite l'utilisation de nouvelles techniques, de moyens plus importants et de methodes de travail plus appropriees.

a) Les techniques d'achat

Etant responsables de tout les processus d'achat, de

A jusqu'a Z, les dirigeants des services achats sont appeles a manipuler les techniques modernes capables de leur permettre d'effectuer un achat rationnel. Ces techniques doivent etre normalement utilisees pour reffectuer de maniere credible et efficace les taches d'achat et realiser les objectify vises.

Selon l'enquete de l'usine nouvelle de 1980, une grande majorite des acheteurs francais utilise les techniques suivantes : analyse de la valeur, analyse des coats des fournisseurs,

analyse des effets de serie, les techniques des marches ouverts et des marches a prix variables, l'analyse financiere, les visites aux fournisseurs, les voyages de prospection, les visites de foires et salons, les techniques d'analyse de conjoncture,

les techniques de previsions, l'analyse statistique. Soixante dix pour cent des acheteurs ont acquis une formation par des stages pour maitriser les nouvelles techniques d'achat diffusees par

les etablissements de formation continue en FRANCE. Le developpement de l'utilisation de ces techniques dans les services achats a entraind la necessite d'utiliser des moyens plus importants et nouveaux.

b) Les moyens utilises par les services achats

Le recours a de nouveaux moyens est clic-le par le fait que certains moyens sont plus adaptes que d'autres a l'utilisation de techniques particulieres ; prevision, analyse de marche, prospection, planification, marketing achat, etc. Le fait que tous les

moyens n'ont pas la meme efficacite, a lui aussi milite en faveur de certains moyens au detriment d'autres.

D'une maniere generale, les etudes que nous avons consul-tees revelent un renforcement des moyens mis a la disposition des services achats : moyens humains, moyens informatiques, informations, moyens financiers et moyens organisationnels

tce point sera developpe en 2.2.).

- Les moyens humains

Les effectifs des services achats se sont accrus au cours des dernieres annees. L'usine nouvelle a revele qu'au cours des trois annees precedant l'enquete qu'elle a merle en 1980, "un service achat sur deux a procede a un recrutement". Les services achats qui estiment avoir des moyens suffisants en personnel sont nombreux : Cinquante et un pour cent en 1980. Il n'ya donc pas

de decallage entre d'une part la charge de travail et son accroissement et d'autre part l'evolution des effectifs des acheteurs. Les nouveaux acheteurs apportent leur savoir et leur savoir faire pour esoudre les nouveaux problemes poses par la poursuite d'objectifs plus complexes et l'accomplissement de -Caches plus riches.

- Les moyens informatiques

Les dirigeants des entreprises francaises ont depuis longtemps compris que l'amelioration de l'efficacite de leurs services passe par des investissements en hommes et en machines. Le service achats n'a pas echappe a cet eveil puisqu'on y utilise de plus en plus l'informatique. En 1980, selon l'usine nouvelle, seulement 31 % des services achats avaient la possibilite d'utiliser l'informatique . En 1984, et selon l'enquete CEGOS, 73 %
des services achats sont informatises. Non seulement, les services qui recourent a l'infomatique sont plus nombreux, mais aussi le niveau d'informatisation est croissant. On entend par niveau d'informatisation le nombre d'applications developpe

parmi la liste des applications possibles. En 1980 et selon l'enquete L'usine nouvelle les applications concernaient surtout

la tenue des statistiques (46 %), le mandatement des factures fournisseurs (43 %) et la surveillance des livraisons (22 %). En 1984, selon l'enquete CEGOS, les applications informatiques dans les achats concernent surtout la tenue des fichiers fournisseurs (69 % des entreprises), la gestion des besoins et des reapprovisionnements (50 %), l'emission des commandes fournisseurs (37 %), l'etablissement des budgets annuels (32 %) le suivi de la derive des prix (29 %), le contrOle des facteurs fournisseurs et les relances (28 %). Le niveau d'information ou

indice de mecanisation, rapport entre les applications possibles et les applications faites, est de 48 %, soit 6 applications en moyenne. Mais les grandes entreprises ont tendance a developper plus d'applications que les petites et moyennes entreprises. Il convient de noter que l'informatique a permis de realiser des gains de productivite surtout lorsqu'on depasse le seuil de huit applications. Notons aussi que ces applications concernent surtout les taches comptables, administratives et la gestion de l'information (1)

- Les moyens financiers :

Les budgets des achats ont connu eux aussi une hausse importante depuis 1973. Chez RENAULT, par exemple le ratio achats achats/ventes H.T. est passé de 39,3 % en 1972, a 66,7 % en 1974 et 67,6 % en 1976.

D'un autre cote le budget de fonctionnement des achats atteint en 1984 la moyenne de 0,6 % du chiffres d'affaires. Mais ce budget est le plus faible, parmi les seize fonctions de frais

(1) Dossier-serie : sur "les systemes d'information pour la gestion des achats et approvisionnements", INFORMATIQUE et GESTION, n° 93-94-95-96-97 et 98 de l'annee 19781(60).

generaux etudies par la CEGOS. Cette etude a revele que les services qui disposent de petits budgets de fonctionnement ont une bonne productivite contrairement aux services qui disposent de moyens plus substantiels.

La croissance des moyens financiers va de par avec le renforcement des effectifs des services achats et de leur equipement en machines automatiques. Mais l'accroissement des moyens mis a la disposition des services acheteurs et l'utilisation de nouvelles methodes et techniques ont necessite une adaptation de L'organisation de ces services pour en assurer une meilleure utilisation.

2.1.4. L'organisation des services achats

La revalorisation du role des acheteurs et l'elargissement de leurs responsabilites ont favorise une plus grande autonomie des services achats. Its sont surtout sortis de la tutelle des services techniques et administratifs et sont surtout rattaches aux directions generales (80 % des cas). Les dirigeants des services achats assistent plus nombreux au comite de direction des entreprises.

La statut du chef du departement achats s'est lui meme Cleve : 59 % des chefs ont le statut de cadre et 31 % ont le statut de cadre superieur. Ce statut est correle avec les nouvelles responsabilites et le nouveau role que les dirigeants des achats doivent remplir. I1 s'explique aussi par la taille de l'entreprise ou ils exercent (pour 41 % des cas etudies, it

s'agit de grandes entreprises de 1000 Salaries) et par la prise de conscience de la part des directions d'entreprise (meme de taille moyenne) de l'importance de la fonction achats. Notons
que 35 % des chefs de groupes, dans les services achats, ont un statut de cadre. Nous avons la, un autre indice montrant la revalorisation de la fonction achat.

Le taux d'encadrement moyen des acheteurs est de 18,7 % en 1983 (CEGOS). Ce taux est superieur a celui de l'administration des ventes (16 %). La meme enquete, (CEGOS, 1983), a revele que lorsque le taux d'encadrement augmente, le coOt d'une commande baisse et la productivite du service achats augmente. Plusieurs dirigeants d'entreprises francaises, ont compris que

la politique de fort encadrement de la fonction achat est payante.

Une autre caracteristique dans l'organisation des entreprises francaises concerne le renforcement du role des acheteurs fonctionnels qui "campent" dans les services achats centraux. Les acheteurs fonctionnels sont consultes par les directions generales, conseillent les acheteurs operationnels, effectuent toutes les etudes generales, menent les negociations avec les fournisseurs, etablissent les contrats a long terme, elaborent et mettent en oeuvre les politiques et les strategies d'achat a long terme. Les services centraux, ou ils siegent,

sont de plus en plus etoffes et assurent le controle des services operationnels. C'est par exemple le cas de P.U.K, FEREDO, SNCF, EDF, et de biens d'autres entreprises qui disposent de services centraux importants (1).

Dans plusieurs entreprises, la decentralisation des responsabilites a l'interieur des services achats, services centraux et services operationnels, demeure limitee. Cette constatation doit etre nuancee puisque dans les entreprises multi-cellulaires (principalement des multinationales), on a observe une decentralisation totale des services achats avec le

(1) OUETTARA BEN, "Centralisation-decentralisation de la fonction
achat", memoire, Paris IX Dauphine, 1980 et Dossier-serie

de la revue Informatique et gestion, op.cite,(464).

ressort de ces offres, qu'on exige des acheteurs d'etre des dipleimes de l'enseignement superieur, d'avoir une formation technique et une formation commerciale et de pratiquer couramment des langues etrangeres et en particulier l'anglais. Parallelement, on a assiste a une professionnalisation de la fonction achat et a la creation d'une formation A l'achat en liaison avec les institutions d'enseignements.

La professionnalisation de l'acheteur s'est effectuee selon les etapes suivantes :

- Creation de l'association professionnelle des dirigeants d'approvisionnement et acheteurs de France (C.D.A.F.) en 1944,

- Elaboration d'un code deontologique (code d'honneur

et d'ethique) en 1951 par la C.D.A.F. (une extrait de ce code est joint en Annexe)

- Creation d'une ecole de formation continue par la C.D.AF en 1950 : l'Ecole superieure d'approvisionnement,

- Etablissement de liens avec l'universite par la creation A l'I.A.E. de grenoble d'un diplome d'etudes superieures specialisees (DESS) de management de l'approvisionnement en 1975: programme CYGMA dirige par le Professeur P.Y. BARREYRE,

- Creation A l'ecole superieur de commerce et d'administration des entreprises de bordeaux (ESCAE) d'un dipl8me de troisieme cycle suAlarketing d'achat,

- L'enseignement de la gestion des achats et des approvisionnements est d'autre part assure dans les IUT, dans les IAE, dans les ESC et dans certaines universites dans le cadre du service d'education permanente.

- Nous signalons enfin, la creation en 1980 de l'Institut National de l'achat quia pou: mission de former et perfectionner des specialistes ayant une responsabilite dans l'achat (C.PAVARD, 1981).

Le mouvement observe dans la formation a l'achat a contribue A la consolidation et au developpement du métier d'acheteur et a ameliorer "l'image de marque" de la fonction qu'il remplit. La profession d'acheteur s'est ainsi consolidee en France et une veritable technologie d'achat a ete elaboree par les institutions frangaises de formation. Cette evolution a permis aux acheteurs d'elaborer et de mettre en oeuvre des nouvelles politiques A l'achat et de remplir leurs missions de fagon plus efficace ce qui n'a pas manqué A contribuer au renforcement du processus de revalorisation de la fonction achat en France.

2.1.7. Les politiques d'achats

Les nouvelles responsabilites et les nouveaux objectifs assignes aux acheteurs, ont impose a ces derniers la necessite d'adapter les politiques d'achat auxquelles ils recourent .Les acheteurs frangais d'aujourd'hui n'hesitent plus a acheter etranger pour beneficier des meilleures conditions possibles, etre au fait de la technologie, diversifier les sources d'approvisionnement et trouver des sources sores (1).

Les acheteurs frangais utilisent plusieurs armes pour ameliorer la competitivite de leurs entreprises : changement de fournisseurs, integration,impa4tition, etc. Mais ils se sont efforces de maintenir la concurrence entre les fournisseurs et de lutter contre les ententes et la formation de monopoles. C'est ainsi qu'ils ont favorise le developpement de certains fournisseurs,

qu'ils n'ont pas laisse tomber un ancien fournisseur et qu'ils n'ont pas force un fournisseur de taille moyenne a baisser des prix pour eviter de le voir deposer son bilan quelques mois aupres (2).

(1) La revue l'expansion, n° du 8-28 octobre 1982 , a presente les politiques d'achats de la telemecanique, ESSILOR, AlsthonAtlantique, Le groupe le grand et la SIMU.

(2) Les ecarts de prix ne justifient plus, A eux seuls, l'appel A de nouveaux fournisseurs, surtout sins sont etrangers; d'autres considerations, telles que le souci de preserver la concurrence, la recherche de la creation de nouvelles sources, la recherche d'une meilleure qualite, entrent en ligne de compte pour evaluer les consequences du recours A tel ou tel fournisseur. Le changement de fournisseur repose sur plusieurs criteres, autre que

Its ont tendance a tenir compte dans les politiques qu'ils developpent, des problemes qu'ils risquent de poser aux fournisseurs habituels, des consequences sociales de leurs choix, du r6le qu'ils sont appeles a jouer dans le cadre de la politique economique du pays. Chez E.D.F.par exemple, les acheteurs tentent d'apporter la meilleure contribution a l'economie nationale en achetant frangais et en veillant a menager les deniers publics (l'expansion- octobre 1975 et(1)

Les recours croissant aux fornisseurs strangers, a eu pour consequence d'ameliorer la competitivite des offres des fournisseurs frangais, note P.VIROLLEAUD, dans son analyse des resultats de l'enquete menee en 1983, par l'usine nouvelle (2). Selon cette enquete, les achats effectues a l'etranger sont passes de 26% en 1980 a 29% en 1982 (3). Notons que certains

achats a l'etranger entrent dans le cadre soit de mesures de reciprocity commerciales, soit d'operations d'achats de compensation (4). Ces operations ont tendance a se generaliser et A devenir plus frequentes dans les relations commerciales internationales (P.JOFFRE et G.KOENIG, 1981).

(1) J.P.NIOCHE, "un cadre conceptuel pour l'analyse de la politique industrielle de l'entreprise publique", in

(2) P.VIROLLEAUD,"ils achetent strangers", l'usine nouvelle, n°35 du 1-09-1984, pp.46-53,(64).

(3) enqufte effectuee par l'usine nouvelle conjointement avec l'IAE de grenoble, "les pratiques de l'achat international des grandes entreprises industrielles frangaises", papier de recherche 84/10, IAE de grenoble, university de grenoble II ,(65).

(4) D.LECOEUR, "les achats de compensation", les acheteurs, n° 369 Mars 1985, pp.18-19,(59).

La tendance a l'accroissement des achats en provenance de l'etranger semble etre favorisee par l'esprit international des entreprises frangaises et les competences elevees des acheteurs frangais: ouverture au monde, flexibilite, maitrise de 1 ngues etrangeres, goat de la nouveaute, acceptation du risque, maitrise des procedures specifiques aux transactions internationales, etc... Le recours aux fournisseurs etrangers a eu des effets benefiques et des repercussions favorables sur le developpement des entreprises frangaises : amelioration de la rentabilite et de la position commerciale face aux conccurents; Le developpement de l'achat international a en outre mis en relief la contribution de la fonction achat dans la strategie de l'entreprise et a permis de preserver la concurrence sur les marches amonts (1).

Pour choisir un fournisseur, national ou etranger, les acheteurs ne prennent plus en consideration un seur facteur, bien au contraire ils tiennent compte de plusieurs facteurs; prix, qualite, delais, aptitude a repondre aux variations de la demande, reputation, distance,... On est ainsi passé d'un critere unique a des criteres mutiples et multidimentionnels (2).

D'un autre cote, de nouvelles pratiques ont ete mises en oeuvre par les acheteurs frangais. C'est ainsi, par exemple, pour faire connaitre leurs besoins aupres des fournisseurs, qu'ils ont organise des "stands d'achat" dans des salons et foires. Cette pratique est venue s'ajouter aux foires et salons

(1) M.TAVERNIER, "l'achat international dans les entreprises industrielles : aspects pratiques et strategies", these de 3eme cycle, universite de granoble II, Janvier 1984,66).

(2) F.RICHARD, op.cite, et DE LA BELLIERE :qualite et fiabilite: criteres de qualifications des fournisseurs", revue acheteurs, 1984,(67).

specialisees organisees par les fournisseurs. Les acheteurs ont utilise ces stands pour completer les visites de prospection qu'ils effectuent pour etablir des contacts directs avec les fournisseurs et les produits qu'ils proposent. Le recours A ces moyens une attitude plut6t agressive et volontariste des acheteurs frangais pour faire face aux contraintes du marche national et repondre aux difficultes du commerce international (1).

Quant aux relations avec les fournisseurs, elles n'ont cesse d'evoluer. En effet, la relation acheteur-vendeur n'est plus saisie comme une relation ponctuelle limitee a une seule operation au travers des contrats de vente classiques. A la strategie d'affrontement, s'est substitue progressivement des strategies de symbiose: strategies de cooperation et strategies d'alliances inter-firmes (P.JOFFRE et G.KOENIG, 1984).

2.2. L'evolution des relations intra-entreprise

ressort de ce qui precede que les acheteurs participent de plus en plus a l'elaboration et a la mise en oeuvre des decisions strategiques auxquelles ils sont associes. De ce fait, la fonction achat n'est plus cloisonneeet celleentretient des relations etroites avec les autres fonctions de l'entreprise. En effet, on a assiste ces dernieres annees au decloisonnement de cette fonction c'est a dire a son ouverture sur les autres fonctions et sur l'environnement. Ceci s'est passé grace a une meilleure coordination et a une collaboration etroite avec toutes les fonctions de l'entreprise et en particulier avec les etudes et recherches, la production, la gestion et le marketing-vente.

2.2.1. Avec les etudes et recherches

Le bureau des etudes et recherche associe le service achats dans la conception des produits et cherche a tenir comptes

des opportunites et des menaces que renferme l'environnement. Le service achat propose des solutions par l'effort de connaissances sur les marches externes : it informe le bureau des etudes et recherches des technologies comme des produits existants susceptibles d'atre utilises par l'entreprise. Dans cette collaboration fructueuse l'acheteur et le chargé d'etudes preparent et organisent ensemble l'avenir de l'entreprise. L'Are des con-flits et de la dependance est ainsi revolue (1).

2.2.2. Avec la production

Les acheteurs sont en contacts directs avec les services de production pour etudier en commun les solutions a apporter aux problemes de production. Lors du remplacement de machines par exemple, les acheteurs n'hesitent plus a proposer des materiels differents et nouveaux incorparant de nouvelles technologies. Les rapports de forces acheteurs-hommes de production ne sont plus en faveur des derniers: ils sont plus equilibres. Les acheteurs passent une bonne partie de leur temps dans les services de production pour connaitre reellement les preoccupations et les soucis des techniciens afin de pouvoir y repondre d'un commun accord (1). Mais certains acheteurs, et ils sont aujourd'hui moans nombreux, stigmatisent la rigidite des techniciens de la production qui sont reticents vis-A-vis des nouveautOs.

2.2.3. Avec la gestion

L'acheteur en relation avec le service financier et le service controle de gestion est dote d'un indice general des prix qui lui permet d'estimer les coats d'achats et d'etablir le budget de la fonction (cas des constructeurs automobiles, d'IBM, des Cables de Lyon, des Laboratoires Yves Roches, etc.). L'acheteur elabore avec les gestionnaires le programme des achats, planifie les engagements financiers, etablit les politiques de stocks et passe les contrats a long terme.

(1) P.TCHAO et M.WAWRA, memoire, op.cite.

Pour ce faire l'acheteur a plus de contact avec ces services, les reunions de travail sont plus frequentes et la cooperation est la regle. L'acheteur apporte son savoir, son savoir faire et l'information qu'il a collecte sur les marches externes. L'acheteur fait appel aux services specialises qui l'assistent pour certains aspects delicats: juristes, specialistes en douanes,..

2.2.4. Avec le marketing-vente.

Le service achat est une veritable antenne sur l'exterieur au meme titre que le service marketing. De part ses relations avec les fournisseurs et son observation du marche amont, l'acheteur recueille de nombreuses informations qui sont d'une grande

utilite pour les hommes de marketing. C'est ainsi que des relations etroites se sont nouees entre le service achats

et le service marketing-vente,; afin d'exploiterakt maximum
les renseignements recueillis . Cette collaboration commence

souvent des la conception des produits. D'un stare cote les nouvelles pratiques commerciales, reciprocite et compensation, ont milite en faveur de cette collaboration et on assiste A un debut d'integration de la politique d'achat des entreprises francaises dans leur politique marketing-vente (1). C'est ainsi que les deux services, achat et vente, elaborent en commun des strategies d'achats et de ventes coherentes et adaptees les unes aux autres et aux exigences des marches et des partenaires economiques.

ressort de tout ce qui precede que les relations que noue le sevice achats avec les autres services de l'entreprise francaise sont, aujourd'hui :

- plus nombreuses,

- plus equilibrees,

- plus intenses et etroites,

- empreintes par une collaboration plus poussee,

- basees sur le dialogue et la cooperation,

(1) ALAIN BARBANEL, "les acheteurs entrent en marketing", l'usine nouvelle, n°29, 19-07-1984 ,(69).

- caracterisees par la recherche du meilleureivoire mfte de l'optimum d'efficacite,

- tourneesvers l'avenir de l'entreprise et l'interet

general,

- concretisees par des reunions plus nombreuses of les echanges de vues se font sur la base d'arguments objectifs,

- basees sur l'echange mutuel d'informations de meilleure qualite.

Ainsi la fonction achats est sortie de sa reserve et elle n'est plus aujourd'hui renfermee sur elle meme. Elle est ouverte a tous les services de l'entreprise. Elle dispose d'un pouvoir de force et d'une autonomie qui la placent sur le m@me pied d'egalite avec les autres services de l'entreprise. Elle est tres integree dans l'entreprise, dans sa strategie et dans sa structure. Elle n'est plus mise a l'ecart des decisions les plus importantes et n'est plus, non plus, "court-circuitee" par les autres services de l'entreprise. Elle constitue aujourd'hui le seul vis-A-vis des partenaires externes a l'entreprise, c est a dire les fournisseurs. Mais les relations avec ces derniers ont eu aussi subit des changements. C'est ce que nous essayerons d'analyser dans le paragraphe suivant

2.3. L'evolution des relations avec les fournisseurs:

LA encore, et comme it a ete indique plus haut, on affirme de plus en plus une nouvelle conception des rapports. De l'opposition d'interets, on est passé progressivement A la collaboration-cooperation. Les acheteurs et les fournisseurs "mettent aujourd'hui en commun leurs projets d'avenir" et ils sont de plus en plus "solidaires" les uns avec les autres (D.BOUDET,1979). "le plus souvent, les rapports fournisseurs-acheteurs sont places sous le signe du "partership", ecrit J.POINTOUT A l'expansion du mois d'octobre 1982. C'est ainsi que les acheteurs frangais sont devenus parfaitement conscients de leurs responsabilites envers les fournisseurs : responsabilite morale, responsabilite economique et responsabilite sociale. le developpement de relations etroites avec les fournisseurs a genere

lesquels

une nouvelle conception des marches industriels dansVles acheteurs

gerent de plus en plus des portefeuilles de relations (P.JOFFRE et G.KOENIG, 1981). Chez KODAK par exemple, on evalue lea fournisseurs et on integre cette evaluationdans la strategie de l'entreprise. Les fournisseurs de KODAK font eux aussi de meme en integrant les possibilites et les limiter de leurs clients dans leur strategie. A ce titre, KODAK n'a pas hesite A investir chez ses fournisseurs pour optimiser la production et rentabiliser au mieux leur outil de travail (A.BARBANEL,1984).

P.LE LAOUE NAN, a résumé l'evolution des relations clients -fournisseurs en ecrivant : "... I1 faut noter qu'elles (les relations acheteurs- fournisseurs) ont toutefois evolue depuis quelques annees et que nous avons, (...), substitue aux relations antagonistes, quelquefois teintees de mefiance, des relations de veritables partenaires, voire meme d'associes, entre clients et fournisseurs" (1). Ainsi, les acheteurs frangais ont tourne la page a une époque ou l'acheteur etait roi et disposait A volonte du fournisseur en lui imposant ses conditions: prix, cadences, qualites, etc..

Les criteres de choix des fournisseurs sont ainsi devenus nombreux et on ne se refere plus a un ou deux criteres uniquement. La distance geographique ne constitue plus un handicap aux acheteurs qui n'hesitent plus a prospecter au dela des frontieres et a acheter etranger. C'est ainsi par exemple,qu_ vALSTHOMATLANTIQUE a fait venir en 1982 du japon, un produit qu'elle achetait en,1978 en allemagne, (d'apres l'expansion du mois d'octobre 1982).

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon