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Réglementation prudentielle et performances du système bancaire au Cameroun

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par Rodrigue NANA KUINDJA
Université de Yaoundé II SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2009
  

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2- Perspectives de la réglementation prudentielle actuelle

Une banque est une activité risquée différente des entreprises industrielles car elle présente de nombreuses spécificités. Les ressources financières d'une banque sont apportées par les actionnaires qui ont un goût pour le risque et les déposants qui préfèrent une gestion plus prudente. Cette différence de comportement parfois interprétée comme complémentaire ou contraire est liée à la forme des revenus des deux types d'apporteurs de fonds. Les diverses spécificités bancaires font de la réglementation prudentielle une source constante de réflexion sur le fonctionnement normal des banques. Les approches traditionnelles de la réglementation bancaire : la théorie de la préférence des états et la théorie des choix de portefeuille ne tiennent pas compte des diverses spécificités bancaires. De plus, dans beaucoup d'autres approches, la spécificité bancaire est prise comme une donnée. Les hypothèses de base de ces diverses théories de la réglementation prudentielle sont moins réalistes. En guise d'exemple, la théorie de la préférence des états suppose l'existence d'un système complet de marchés financiers, à savoir la possibilité d'avoir n'importe quel produit bancaire aux divers états de la nature possibles. Par rapport à la réalité, cette hypothèse semble très forte et elle a posé d'énormes problèmes avant la crise bancaire de la fin des années 80 (Aglietta and Scialom, 2003).

Il existe diverses formes de spécificités bancaires. Le renouveau de la théorie de l'intermédiation bancaire doit beaucoup à l'économie de l'information car les asymétries d'information permettent de comprendre l'émergence des intermédiaires bancaires. L'étendue des relations des diverses banques nouées avec les agents repose sur une information asymétrique. L'économie de l'information a permis de faire évoluer la théorie de l'intermédiation bancaire en soulignant les spécificités bancaires en termes de collecte, de production et de stockage d'informations privées. En effet, il n'y a que quelques spécificités bancaires liées à la gestion qui ont été pris en compte avec la création de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC). De manière interne, la réglementation bancaire appliquant les mêmes normes de manière indifférenciée à toutes les banques à savoir le respect des mêmes ratios et coefficients prédéfinis pose le problème d'efficacité et d'incitation des divers acteurs (actionnaires, déposants et dirigeants) d'une institution bancaire.

La réglementation prudentielle actuelle ne tient pas en compte des spécificités liées à l'asymétrie des informations. De plus, elle ne tient pas en compte de la relation d'agence qui lie les actionnaires, les déposants aux dirigeants des banques. Les dirigeants des banques ne sont pas optimalement motivés par une meilleure gestion de leurs institutions bancaires. Il y a certes le contrôle et la surveillance de leurs actions avec la commission bancaire mais ils ne sont pas suffisamment motivés pour la prise d'initiatives et de décisions pour une gestion optimale de leurs banques. Les dirigeants des banques sont parfaitement informés sur l'usage fait des ressources financières des actionnaires et des déposants mais les informations possédées par les actionnaires et les déposants sur la qualité des prêts accordés par les dirigeants de la banque sont minimes et s'enrichissent au fur et à mesure que le temps s'écoule. Il y a non seulement le problème d'évolution de la structure d'information mais celui de l'aléa moral. Il se pose aussi le problème de la délégation d'autorité des bailleurs de fonds aux dirigeants des banques et de celui de la construction d'un instrument efficace d'allocation des droits de contrôle des actionnaires et des déposants sur les dirigeants des banques. Les diverses fonctions de contrôle et de surveillance dans la réglementation actuelle sont assurées par la Commission Bancaire qui est un organisme externe d'intervention recevant une partie des informations. L'insuffisance des informations reçues par la Commission Bancaire ne permet qu'une surveillance limitée et un contrôle partiel du fonctionnement du système bancaire. La réglementation actuelle pose beaucoup de problèmes au niveau de l'intégration des spécificités propres aux activités bancaires et ne permet pas d'atteindre tous les objectifs escomptés.

La réglementation actuelle devrait changer de base et se reposer sur la réglementation prudentielle optimale qui tient compte de quelques spécificités bancaires liées à l'asymétrie des informations. L'intégration des spécificités bancaires permet de maîtriser un peu plus le risque bancaire. La maîtrise de ce risque permet de réduire la probabilité de faillites bancaires. L'accroissement de la transparence des informations avec l'intégration des spécificités liées à l'asymétrie informationnelle permet de réduire l'effet de contagion11(*), précisément la ruée vers les guichets ou la panique bancaire. Les agents seront suffisamment informés de la situation financière et du fonctionnement de leur banque (Aglietta and Scialom, 2009).

L'attrait vers les entreprises performantes est non seulement un motif d'encouragement de leurs dirigeants au travail, mais aussi pour les entreprises un facteur de stimulation pour améliorer leur productivité et leur rentabilité.

CONCLUSION

L'objet de ce chapitre était de mettre en valeur le rôle que peut jouer la réglementation prudentielle dans le processus de résolution de la crise bancaire des années 80 et notamment la crise de rentabilité. Nous avons procédé d'une part au compte rendu de la crise bancaire des années 80 au Cameroun et d'autre part, à la recherche des perspectives de la réglementation prudentielle pour la résolution de la crise. En somme, l'application et le respect des différents ratios prudentiels a résolu de manière optimale les problèmes nés de la crise du système bancaire de la fin des années 80. Mais il se pose également le problème du type de réglementation à promouvoir. Depuis la fin des années 80, la réglementation prudentielle s'est focalisée sur le ratio de solvabilité des banques (et des assurances avec Solvency 2) avec très peu d'attention accordée à d'autres types de réglementation comme par exemple la réglementation sur la liquidité des intermédiaires financiers. Or, la crise financière de 2007-08 a amplement montré que la frontière entre illiquidité et insolvabilité était très perméable dans les systèmes financiers contemporains. La règlementation de la solvabilité des établissements peut de moins en moins être pensée indépendamment d'une réglementation de leur liquidité. Pour autant, la régulation de la liquidité bancaire est une question difficile en raison de la complexité du concept de liquidité pour une banque. La difficulté d'une bonne mesure de la liquidité d'un intermédiaire financier tient à ce que celle-ci dépend des deux cotés du bilan.

* 11 L'effet de contagion est dû aussi à l'asymétrie de l'information. Pour Goodhart, lorsqu'une institution bancaire ayant une bonne réputation et à qui la société accorde une grande importance fait faillite, d'autres institutions bancaires servant dans le même domaine sont elles aussi en danger à cause de l'asymétrie informationnelle.

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