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Réglementation prudentielle et performances du système bancaire au Cameroun

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par Rodrigue NANA KUINDJA
Université de Yaoundé II SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2009
  

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II - UN SECTEUR DE LA MICROFINANCE EN EXPANSION ET DES MARCHES FINANCIERS ET MONETAIRES EN FONCTIONNEMENT

Le secteur de la microfinance prend une extension remarquable ainsi que la création bien que lente des marchés financiers au Cameroun.

1- Un secteur de la microfinance en expansion

Face au dysfonctionnement du système financier officiel, on note un rôle important de la finance informelle : institutions communautaires reposant sur des communautés d'appartenance (clans, lignages, religions, etc.) ; organisations tontinières ou associations de crédit rotatif reposant sur des communautés d'adhésion, prêteurs et banques privées non officielles (Hugon, 1996). Ces circuits sont caractérisés par plusieurs traits : prédominance des transactions en espèces, faiblesse ou absence des enregistrements et des réglementations, échelle restreinte des opérations, échanges d'actifs hors des cadres juridiques, rôle des relations personnelles et des solidarités communautaires d'appartenance ou d'adhésion (Lelart, 2005). L' « argent chaud » créateur de liens l'emporte sur l' « argent froid » non créateur d'obligations (Bédart, 1986). Ces circuits informels permettent de différer la consommation et de réaliser une épargne forcée. Les taux de recouvrement sont élevés ; la proximité sociale et culturelle favorise la confiance ; la grande simplicité et la flexibilité des procédures et les innovations permettent d'adapter les produits financiers aux besoins. Il importe également d'en voir les limites : la personnalisation des relations réduit l'étendue de ces circuits, l'essentiel des financements concerne les dépenses sociales et une consommation différée et non les investissements à risque, les taux d'intérêt pratiqués sont très élevés (souvent plus de 100% par an).

A côté de la finance informelle, la microfinance joue un rôle économique et social croissant bien que moins important. Elle résulte le plus souvent d'appuis extérieurs (bailleurs de fonds, etc.) tout en s'appuyant sur les dynamiques endogènes. Il s'agit principalement des coopératives d'épargne et de crédit, de crédit solidaire sur le modèle de la Grameen Bank de caisse villageoises et des mutuelles, des sociétés de financement ou encore des banques populaires avec système de cautionnement mutuel. La microfinance est caractérisée par un taux élevé de recouvrement des crédits en zones rurales et périurbaines. Ce taux baisse considérablement dans les zones urbaines, en particulier dans les agglomérations de Douala et Yaoundé. Il est en général pratiqué un taux d'intérêt minimum de 5% annuel pour assurer la viabilité financière des organisations de microfinance. En revanche, les dépôts et les crédits de la microfinance représentent seulement 5% de la valeur des activités bancaires (Enquête CEREG 2009). L'essentiel de la dynamique est spontané. Le secteur de la microfinance tend à s'intégrer davantage au secteur bancaire grâce au placement réciproque des liquidités. Il finance très peu le petit investissement à risque et touche les moins pauvres parmi les pauvres. Plusieurs banques commerciales s'appuient ainsi sur le réseau d'EMF dans lequel elles ont pris une participation. A contrario, les systèmes encore informels notamment tontiniers continuent de jouer un rôle stratégique, mais les taux débiteurs sont très élevés (généralement plus de 60% par an). Ils financent principalement de la consommation différée et des actions sociales (Hugon, 2006).

La croissance fulgurante des établissements est allée de pair avec le nombre de clients ou de personnes bénéficiant des services de la microfinance. Le tableau 13 illustre cette évolution.

Tableau 13 : Evolution du nombre d'EMF, de l'activité des EMF et des clients au

Cameroun entre 2000 et 2006

Années

2000 2003 2004 2006

-Nombre d'établissements de microfinance

-Nombre de clients en fin 2006

-Dépôts (en millions)

-Crédits (en millions)

490 601 652 655

200000 230000 290000 849030

35786 - - 162427

25256 - - 104173

(Source : Rapport annuel sur la zone franc 2007 et rapports annuels COBAC)

Au 31 décembre 2006, le nombre d'établissements de microfinance (EMF) ayant obtenu l'agrément de la COBAC au Cameroun s'élevait à 655 en plus des établissements ayant leurs dossiers d'agrément en cours d'examen. Le nombre de clients est passé de 200000 à 849030 membres. Cette augmentation exponentielle est allée elle-même de pair avec celle du nombre de guichets qui, en fin 2006 s'est élevé à 1052, contre 956 en 2000. Le Cameroun a ainsi connu une augmentation du taux global de bancarisation. L'expansion des établissements s'est accompagnée à son tour de celle de l'activité. Les dépôts dans les EMF sont passés de 35 milliards à 162 milliards de francs CFA environ entre 2000 et 2007, les crédits de 25 à 104 milliards. Les EMF ont développé également d'autres services financiers. Les EMF au Cameroun par exemple (COFINEST, EXPRESS UNION, FIRST TRUST, etc.) ont développé le service de transfert d'argent. Pour cela, ils utilisent des procédés purement locaux soit des procédés qui existent à l'échelon international (Western Union, Money Gram, etc.), à travers des relations de partenariat nouées avec les banques classiques locales. Ce service est devenu une activité importante. Le volume global moyen de fonds transférés mensuellement se situant en majorité dans les villes de Douala et Yaoundé.

Cette expansion s'explique par plusieurs facteurs. D'une part, l'entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire et la volonté manifestée par les pouvoirs publics d'assainir le secteur ont introduit des missions d'enquête et d'évaluation, ainsi qu'une procédure d'octroi d'agréments. D'autre part, le caractère favorable de l'environnement macroéconomique du Cameroun a permis au secteur de bénéficier du contexte de surliquidité du système bancaire. Les EMF ont en effet exploité l'attentisme des banques pour accroître les volumes de dépôts collectés et de crédits aux particuliers. Leur part de dépôts et de crédits est toutefois restée faible, comparée à celles des banques classiques (Haldane et Piergiorgio, 2009).

Un développement durable de la microfinance au Cameroun implique un appui important en termes financiers et d'assistance technique, notamment de la part des bailleurs de fonds. Il existe déjà certains mécanismes d'appui de la part des bailleurs de fonds. Au Cameroun, l'Agence française de développement a ainsi accordé un concours de 1,5 million d'euros à l'agence pour le crédit à l'entreprise privée, pour le financement des petites entreprises en milieu urbain. Le poids important des transferts financiers est visible et théoriquement libre. Ils font en plus l'objet d'une taxe de 15% (7,5% pour les entreprises françaises) assise en principe sur les bénéfices mais calculée en réalité sur le chiffre d'affaires, ce qui incite fortement à développer des circuits parallèles de transferts (Financial Service Authority, 2009).

En dehors de ce qui précède, la réglementation a permis également de créer des marchés financier et monétaire, qui sont actuellement en fonctionnement.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault