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Construction du cadre éducatif et mise en autonomie des élèves

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par Emmanuel FOUCHEROT
IUFM de Nevers - 2ème année de Professeur des Ecoles 2010
  

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I. UN CADRE EDUCATIF AU SERVICE DE LA SOCIALISATION

I. UN CADRE EDUCATIF AU SERVICE DE LA SOCIALISATION

La construction du cadre éducatif par le maître, c'est avant tout ce qui va permettre de maintenir l'ordre nécessaire au bon déroulement de l'enseignement. Pour cela, il doit instaurer des règles de vie au sein de sa classe, adopter une attitude particulière et prendre certaines mesures qui serviront de repères et de référence aux enfants.

1. Instaurer des règles de vie

Des dispositifs incontournables...

Que ce soit en stage filé ou groupé, je n'ai pas eu l'occasion de participer à l'élaboration de ces règles de vie, les titulaires s'en étant toujours chargé en amont. Néanmoins, je reste persuadé de l'importance de fixer un tel dispositif, et ce dès le début d'année, pour plusieurs raisons.

Ce système, en fixant à la fois les droits et devoirs de l'élève et du maître, met en évidence le fait que tous deux sont soumis à un contrat. Même si le maître n'obéit pas tout à fait aux mêmes règles que les enfants, il ne peut pas faire n'importe quoi. De plus, ce dispositif de règles de vie permet de rendre les enfants « décideurs » s'ils ont participé à l'élaboration de celles-ci . Il contribue au développement de leur socialisation, et à plus long terme de leur citoyenneté, en les encourageant à assumer leurs choix collectifs. C'est un système qui responsabilise les élèves. Par ailleurs, ce système n'implique plus de sanctions arbitraires, mais renvoie les élèves au règlement qu'ils ont eux-même élaboré. Ainsi, les enfants prennent davantage conscience de l'erreur qu'ils ont commise et la sanction prend tout son sens.

Il semble donc pertinent d'expliquer aux élèves que l'on élabore ces règles de vie pour pouvoir organiser les libertés individuelles, dans un cadre de respect mutuel et de solidarité, mais également afin de se donner les outils pour vivre et travailler ensemble à l'école. Il est également important de formuler ces règles sous la forme de droits et d'engagements personnels à se soumettre à des règles plutôt que d'interdits, sauf dans le cas d'actes de violence. Par exemple, l'enseignant pourra introduire ce fonctionnement avec le postulat suivant : « Pour vivre ensemble en nous respectant, nous allons lever la main pour prendre la parole, écouter un camarade lorsqu'il parle, ne pas nous déplacer dans la classe lorsque nous n'y sommes pas autorisé ».

Il semble toutefois délicat de vouloir assigner une sanction par infraction à la règle. Ce système pourrait à court terme induire la hiérarchisation des fautes commises et faire apparaître certaines comme moins graves que d'autres aux yeux des élèves. Peut-être faudrait-il plus simplement distinguer les comportements d'incivilité et ceux qui relèvent d'actes de violence.

D'où la nécessité pour le maître d'expliquer aux élèves le pourquoi de ces règles de vie. Il doit, pour ce faire, prendre en compte les idées des enfants, les accepter ou non et donner les raisons de son choix. Ainsi, les élèves pourront mieux intérioriser la nécessité d'un tel règlement, en éprouver la justesse et donc petit à petit se l'approprier.

... à nuancer selon les âges

Lors de mon stage filé en petite section, j'ai pu constater la présence d'un tel règlement, à savoir une règle surmontée de son illustration : « quand je veux prendre la parole, je lève le doigt », « pour me déplacer dans la classe, je ne cours pas », etc. Celui-ci m'a cependant semblé inutile, ou du moins pas assez impactant. En effet, bien qu'il fût affiché au-dessus du tableau de la classe et les règles illustrées, les élèves ne s'y référaient jamais de leur propre chef. Sans l'insistance de l'enseignant sur cet affichage, le plus souvent suite à l'infraction d'une des règles, les élèves ne semblaient pas donner de sens à ce qui était écrit.

On peut donc s'interroger sur la pertinence d'un tel affichage en classe de petite section, où les élèves ne sont pas encore physiologiquement aptes à se reporter à ce type de document par euxmêmes. J'ai pu vérifier cependant que les règles étaient assimilées par le plus grand nombre, mais de manière orale. Un nouveau bémol cependant sur ce point langagier, où j'ai personnellement ressenti que les élèves de cet âge savent emmagasiner et répéter des consignes, le plus souvent pour faire plaisir au maître mais sans toujours mettre du sens derrière leur propos.

Lors de mon stage de pratique accompagnée dans une classe de moyenne et grande section, j'ai pu observer un système de réglementation similaire. Cette classe était assez remuante et l'enseignant avait mis en place un dispositif qui permettait, chaque jour, d'attribuer une évaluation de leur comportement aux élèves en fonction du respect ou non des règles de vie.

Le professeur avait commencé par élaborer avec sa classe le règlement que j'ai évoqué plus haut. Ensuite, il avait mis en place un système de « bouches » : lorsque l'élève recevait une « bouche qui rit », cela signifiait qu'il avait su respecter les règles au cours de la journée.

Lorsque le maître lui attribuait une « bouche droite » cela voulait dire qu'il avait enfreint certaines règles et qu'il avait perturbé les apprentissages. Enfin, une « bouche qui pleure » signifiait que l'élève avait transgressé des règles importantes, voire qu'il avait eu un comportement violent envers ses camarades.

L'enseignant s'appuyait sur ce système de points pour attribuer des droits aux élèves : une « bouche qui rit » offrait à son détenteur la possibilité de tenir le rôle de « facteur » dans l'école, c'est-à-dire qu'il pouvait aller et venir, une fois son travail terminé, entre sa classe et la classe voisine pour accéder aux ordinateurs. Il était également en charge d'aller s'enquérir de la composition de la collation auprès de l'ATSEM et de revenir l'annoncer à ses camarades, ou encore qu'il pouvait aller aux toilettes sans être accompagné. La « bouche droite » quant à elle n'était pas punitive mais restrictive, imposant par exemple à son malheureux possesseur l'obligation de demander à être accompagné par une « bouche droite » aux toilettes.

Ce dispositif semble pertinent dans la mesure où, dans une classe, on ne remarque souvent que les élèves perturbateurs. On ne parle que d'eux et cela contribue finalement à leur donner de l'importance. Ici, ce système permet de récompenser aussi les élèves qui respectent les règles et que l'on ne valorise peut-être pas assez. Si cette méthode semble bien pensée, il importe néanmoins d'en faire ressortir une limite, notamment concernant les élèves les plus difficiles qui, au bout d'un certain temps, ne se laissent plus du tout impressionner par une « bouche qui pleure » ni même par les remontrances de l'enseignant.

C'est pourquoi ce dispositif est complété chaque fin de semaine par une « réunion des bouches ». Les élèves sont réunis au coin regroupement et font, sous le guidage de l'adulte, un point sur les évènements de la semaine et sur les comportements qu'ils ont adopté durant ce laps de temps. C'est l'occasion, notamment pour les « bouches droites » et les « bouches qui pleurent », de se racheter une conduite. Ces derniers, au moment de leur tour de parole, sont invités à effectuer un travail introspectif et à décider s'ils sont prêts ou non à s'engager à nouveau à respecter les règles de la classe. Si l'élève concerné annonce à la classe qu'il s'estime suffisamment responsable, la décision de lui accorder une « bouche qui rit » est soumise à l'approbation ou non de ses camarades.

Ce mode de fonctionnement me semble particulièrement pertinent dans le sens où le maître a ici un
rôle de régulation et d'application de l'exécutif sur la décision finale de la bouche à accorder, mais
que les délibérations sont menées entre élèves. Cet acte démocratique, où chacun est libre de

présenter ses arguments, est porteur de sens pour ces derniers puisqu'ici il n'est plus question d'être soumis à l'autorité d'un adulte mais bel et bien au regard de ses pairs. Ce dispositif fonctionne en classe de grande section et j'en arrive à croire aujourd'hui qu'un fonctionnement équivalent, sous une forme simplifiée, pourrait également porter ses fruits en petite section à la condition pour le professeur d'être le plus tôt possible crédible auprès de ses élèves.

La crédibilité incombant aux adultes

Le maître de par son statut ne peut pas être soumis aux mêmes lois que les élèves. Contrairement à eux, il a le droit de se déplacer dans la classe et de parler quand bon lui semble. Cependant certaines règles s'appliquent à la fois aux élèves, au maître et par prolongement direct à l'équipe éducative. En effet, si l'enseignant n'obéit pas à ces lois communes, celles-ci n'auront plus aucune valeur pour les élèves qui finiront par ne plus les prendre en considération. De plus, cette attitude du maître entraînera un sentiment d'injustice chez les élèves.

Pour illustrer cette idée, je vais m'appuyer sur une remarque que m'ont faite les élèves de petite et moyenne sections au cours de mon stage groupé. Un matin au coin regroupement, à l'issue d'une activité mouvementée de graphisme, ils se sont plaints de l'ATSEM qui les avait encadrée. Cette dernière leur avait reproché de faire trop de bruit et leur avait donc imposé le silence. Ce qui dérangeait les élèves, c'est que cette ATSEM avait fait exactement ce qu'elle leur avait interdit de faire. Elle avait discuté pendant tout le temps d'endormissement de la sieste de l'après-midi avec une collègue de la classe voisine. A la fin de la journée, j'ai donc pris un moment avec ces dernières pour évoquer ce point, non dans l'intention de les brimer, mais en me remettant le premier en question quant à l'attitude que nous adoptons en présence des élèves.

Cette anecdote permet de montrer à quel point les enfants sont sensibles à la justice. Ils sont très attentifs au fait que les adultes en général, et l'enseignant en particulier, respectent eux aussi certaines règles de la classe. Dans le cas contraire, ils le discréditent très rapidement et décident de ne plus se soumettre au contrat. Il ne s'agit pas là de rejeter la responsabilité sur l'un ou l'autre acteur de l'équipe éducative, mais bien de rester vigilant quant à l'image que nous dégageons lors de notre pratique de professionnels. S'il est un élément auquel j'ai été particulièrement sensibilisé au cours de cette année de formation, c'est le caractère humain et collectif du métier de professeur des écoles particulièrement en maternelle, où s'imposent les nécessités de collaborer, diriger et travailler en équipe.

Il me paraît en effet aujourd'hui inconcevable d'espérer gagner en crédibilité et en efficacité pédagogique si un travail de fond sur le relationnel entre tous les acteurs n'est pas entretenu. J'entends par là s'intégrer à l'équipe pédagogique de l'école et cultiver des liens de cordialité avec elle, afin de ne pas succomber à la morosité d'une mauvaise journée de classe, mais de jouir de l'expérience ou du recul de collègues plus expérimentés. Je songe ensuite aux personnels de service qui gravitent autour de l'école, particulièrement aux ATSEM, que j'envisage dorénavant comme de véritables partenaires au sein de la classe, aux parents et bien entendu aux élèves.

J'espère garder à l'esprit dans les années futures que l'école n'est pas un lieu de productivisme, mais bien une des dernières retraites des valeurs de la République où chacun est considéré pour ses qualités morales et humaines. D'où la nécessité de ne pas soumettre les élèves à des sollicitations cognitives trop lourdes. Ils subiront bien assez tôt dans leur vie les impératifs de compétition mortifère liés au monde des études et du travail.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe