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Du costume de la confrérie Kuingang de Bansoa à  la création picturale : proposition d'oeuvres plastiques

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par Willy Valdès KENGNE
Université de Yaoundé 1 - Maitrise 2008
  

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B. Les organes de délibération

Il s'agit principalement du Mekam Nevfeu, du Mekam Sampa et de certaines confréries.

1. Les Mekam Nevfeu ou le conseil des neuf

C'est le conseil des neuf notables. Cet organe politique qui, comme nous l'avons déjà signalé comptait initialement neuf membres17, est l'organe suprême. Il a des pouvoirs très étendus qui équilibrent ceux du roi. Dans la chefferie Bansoa comme ailleurs, il a un rôle consultatif car aucune décision importante ne doit être prise sans leur avis. Le chiffre neuf est caractéristique de la puissance, du pouvoir surnaturel, de clairvoyance avec lequel le dieu protecteur du village illumine le conseil. Il a pour rôle d'établir les lois et interdits auxquels chaque villageois se soumet.

C'est le Mekam Nevfeu qui a la lourde responsabilité, aidé du Nwoulah Tchobum, d'attraper le nouveau chef et de conduire son intronisation en garantissant la légitimité de son pouvoir. Il est le confident du chef et reçoit de lui l'identité de son héritier potentiel qu'il doit garder secrète jusqu'à la mort du chef et ne révéler qu'au Nwoulah de droit. Leur rôle est d'autant plus important que

Seuls les neuf ont le pouvoir délibératif et peuvent être appelés, en cas de contestation, à témoigner ainsi que le ou les parrains du jeune héritier. Cette éventualité de contestation n'existait que par principe, dans l'ancienne coutume. Car l'accord des neuf seul suffisait. Cet accord généralement, ne souffrait pas d'intrique... (KANGA, 1959, 66)

L'opposition du Mekam Nevfeu à une décision du chef fait véritable qualité de veto car les membres sont mieux que quiconque aptes à interpréter la coutume.

A coté de ce conseil suprême et sur la même longueur d'onde, il existe le conseil des sept ou le Mekam Sampa.

2. Le Mekam Sampa ou le conseil des sept

Il est facile pour un observateur non averti de confondre le conseil des sept à celui des neuf. La particularité de ce conseil repose sur son pouvoir mystique en ce sens qu'il est en contact permanent avec les forces de la nature et le monde invisible. Si les neuf sont

23 comparables au parlement des temps actuels, les sept sont assimilables à la plus haute juridiction du village. Pour PERROIS (1993, 60),

Quant au conseil des sept notables, le Mekam Sambueh, c'est une sorte de "Cour suprême" de sages, dont le but est de veiller au respect des institutions et des coutumes. Les sept membres du conseil sont chargés notamment de l'intronisation du nouveau fo18 ; En contact avec le monde invisible, ils doivent protéger les chefferies.

Il veille à la protection des us et coutumes du village en s'appuyant sur les esprits des ancêtres et des divinités.

Ce serait un tort pour nous de parler de ces conseils sans nous attarder sur les sociétés secrètes qui sont de véritables réceptacles de la puissance surnaturelle et des forces spirituelles mises à contribution pour le maintien de la cohésion sociale.

3. Les Mekoum Nshiè (sociétés secrètes)

Encore appelées confréries sécrètes ou associations coutumières, elles constituent les leviers religieux, politiques, économiques et culturels sur lesquels s'appuie le Chef dans l'administration de son peuple. Le mot confrérie se définit comme "une association de personnes exerçant la même profession libérale et appartenant à un même corps"19. Autrement dit, une association religieuse ou charitable.

Les confréries sécrètes à Bansoa sont régies par des règles rigoureuses et des exigences auxquelles doivent se plier tous les membres pour assurer leur survie. Ces contraintes sont relatives aux différents pactes et alliances que les membres contractent dès leur entrée dans la confrérie. Ceux-ci sont tenus par le secret absolu et, à leur sujet,

On manque d'informations précises [...] car leurs membres sont, dit-on tenus par de rigoureuses obligations de réserve et ce à travers un serment que l'on qualifie de "magique". Toute indiscrétion est censée être sévèrement punie et de façon mystérieuse. (CHENDJOU KOUATCHO NGANSO, 1986, 100-1)

Ils ont le droit d'accéder à des choses très sécrètes de la chefferie comme aller dans le caveau royal par exemple. Ils sont craints même par les hauts notables qu'ils ont le pouvoir de sanctionner en cas de violation de l'ordre coutumier.

A coté de celles-ci, il existe des organes décentralisés comme des sous-chefferies qui sont de véritables chefferies à l'état réduit qui administrent à la basse échelle les populations constituées de serviteurs, paysans et autres personnes de profession libérale.

Ces sociétés secrètes ont un rôle très important dans la chefferie du fait que leurs décisions s'appliquent et s'imposent à tous. C'est la raison pour laquelle leur prestige est resté immuable à travers le temps. Pour illustrer ces sociétés, nous avons délibérément jeté notre

dévolu sur l'une d'elles afin de pouvoir mieux comprendre le fonctionnement et assimiler de facto les autres. Il s'agit de la confrérie du Ku'ngang.

Il était question dans ce chapitre de présenter notre contexte d'étude. Nous avons jugé important d'éplucher le concept du mot Bamiléké pour nous arrêter sur le cas Bansoa retenu comme notre site d'étude, cas que nous avons présenté sur les plans historique, géographique, et socio-politique. Ce dernier aspect nous a permis de comprendre le mécanisme de la hiérarchisation de cette société et d'en présenter les différentes composantes. Cette dissection conduit une fois de plus à mettre à jour le rôle fondamental que chaque maillon joue dans le maintien de l'ordre social. Pour être plus explicite sur ce rôle, nous avons jugé opportun de prendre appui sur la confrérie sécrète Ku'ngang dont l'existence participe des éléments fondamentaux de la sauvegarde des traditions anciennes.

NOTES

1 Données recueillies dans le Magazine socio-culturel Gwo-Gwong Sa'a 2003 édité à l'occasion d'un Festival Biennal du même nom.

2 Lire «Nguemba». C'est une façon dans la région d'apostropher quelqu'un dans le sens "Dites-moi" ou "Je dis hein ?". Comme le démontre Fossi, P. A., Minimalisme et computations syntaxiques en ?g?mbà, Thèse de 3e cycle Linguistique, UYI, 2005.

3 Information fournie par Sa majesté TCHINDA II DJONTU Jean de Dieu, roi des Bansoa lors d'une interview réalisée en 2006.

4 Nkeu Nta'a Tet en Nguemba signifie ravin à trois branches. C'est un endroit du Membi d'apparence très calme qui se divise sur une pente douce en trois branches dont chacune représenterait un des chef Bameka, Bamendjou et Bansoa. Selon la tradition orale, si vous jurez faussement en levant trois doigts (Majeur, Annulaire et auriculaire), Le jour où vous traverserez le cours d'eau à cet endroit, le débit s'augmentera miraculeusement, vous engloutira et redeviendra normal

5 Depuis 2001 les fils et filles du village et de la diaspora Bansoa se sont réunis pour créer un festival portant le nom de la pierre (Gwo-gwong) qui a pour but non plus de les séparer mais de les réunir pour se ressourcer dans les valeurs culturelles qui tendent à disparaître.

6 Ngho lah Peut se traduire littéralement par départ du village des gens ou de la population. Selon la légende, c'est le lieu sacré où le Chef Banock, dégoûté de la vie terrestre a ouvert dans le sol un boulevard à l'aide de sa canne. Il y a amené tout son peuple avant de le refermer après lui. De nos jours, on peut y entendre les voix à certaines heures de la journée. Avant de s'y rendre il faut avoir la bénédiction des Notables, gardiens des lieux. Témoignage d'Emmanuel (46 ans), prince Banock.

7 Keue-me-Mbeuh signifie : "Prends de gros morceaux" ou la vallée du calcaire". En temps de Maquis, les populations s'y réfugièrent et firent courir la rumeur que la grotte était habitée par des mauvais esprits dans le but de dissuader les assaillants. Il se pourrait même que cette grotte renferme des peintures rupestres que nous souhaiterons découvrir.

8 Dans son Mémoire, L'ascension dans la société traditionnelle. Etude de la chefferie Bansoa en pays Bamiléké, Jacques Negha essaye de lever la nuance entre la chefferie et le village.

9 FO, FON, FEUH, cette appellation du chef varie selon le dialecte ou le village où l'on se trouve.

10 Lieu d'initiation du futur Feuh à ses prochaines fonctions.

11 Le Gwong est « une sorte "d'Etat-nation" ou territoire, à la population et aux coutumes bien définies.

12 Nous reviendrons sur le rôle et la fonction du ku'ngang pls loin. Voir p. 25.

13 La semaine en pays Bamiléké compte huit jours et le "ndú shù"est considéré comme jour sacré, jour de repos où on ne doit pratiquer aucune activité de travail de la terre sous peine de malédiction ou même de mort.

14 Entretien avec M. Kolla Josué, Adjudant retraité, notable Bansoa, Yaoundé, 08 Février 2005

15 Le Mandjong c'est l'association ou la caste guerrière du village. Voir Fongang, J.P., Evolution des pouvoirs..., 1993-1994. p. 97.

16 L'information sur ce rite sera complétée au chapitre suivant à la section II portant sur l'initiation et le rituel du Ku'ngang.

17 Notre informateur Ndi Mbé Ndeffeu Nkuishouo nous a révélé que le conseil comptait neuf membres dont le chef et huit descendants du chef fondateur.

18 Fo (Feuh en ?g?mbà) c'est l'appellation du chef en langue Ghomalah parlée dans le Koung khi

19 Définition tirée du Larousse trois volumes en couleur, librairie Larousse, Paris, 1970.

CHAPITRE II :
COSTUME ET CONFRERIE SECRETE DU KU'NGANG

La société traditionnelle Bansoa connaît un foisonnement d'associations vaniteuses, religieuses ou secrètes. Ces sociétés sont absolument indispensables pour la défense des intérêts des membres, le soutien des actions collectives, la régulation du pouvoir du chef et le maintien de l'équilibre social. Le Ku'ngang est l'une des rares confréries à Bansoa ne siégeant pas à la chefferie mais ayant une telle puissance qu'elle est crainte, même par le chef du village. Dans la langue jgambà, un adage dit : "Feuh luù ndók nóh pak lók çdum kuoñ"1 Ce qui signifie de manière transcrite "Le chef a gagné la chefferie et nous l'amont". Cela est d'autant plus impressionnant que pour KWAYEB, (CHENDJOU KOUATCHO NGANSO, 1986, 119) «le Ku'ngang se garde bien de montrer au chef tous les différents aspects de leurs secrets car celui-ci une fois initié pourrait bien se passer d'eux.»

Pour sa meilleure compréhension, nous regarderons tour à tour ses origines dans Bansoa, son initiation et ses rituels, sa structuration et son rôle. Cette présentation intrinsèque débouchera sur la présentation des objets qui l'accompagnent et dont les membres sont en possession pendant leurs apparitions publiques.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo