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Etude socio économique de l´allocation de la main-d´oeuvre salariée et utilisation des pesticides chimiques de synthèse

( Télécharger le fichier original )
par Wilfried AFFODEGON
Université d´Abomey Calavi/Faculté des Sciences Agronomiques - Ingénieur Agronome 2005
  

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Département d' Economie, de Socio-Anthropologie
et de Communication pour le Développement Rural
(DESAC)
......................

ETUDE SOCIO-ECONOMIQUE DE L'ALLOCATION DE LA
MAIN-D'OEUVRE SALARIEE ET UTILISATION DES
PESTICIDES CHIMIQUES DE SYNTHESES (PCS) EN ZONE

DE PRODUCTION COTONNIERE : CAS DU VILLAGE
DE DRIJDI (COMMUNE DE DJIDJA)

THESE

Pour l'Obtention du Diplôme d'Ingénieur Agronome

Option : Economie, Socio-Anthropologie et Communication

Présenté et soutenu par:
Wilfried S. AFFODEGON

Composition du jury

Président : Dr. Ir. Anselme ADEGBIDI

Rapporteur : Dr. Joseph A. FANOU

1er Examinateur : Ir. Séraphin DASSOU

2 ème Examinateur : Dr. Ir. Rigobert TOSSOU

Le 17 Décembre 2007

Département d' Economie, de Socio-Anthropologie
et de Communication pour le Développement Rural
(DESAC)
......................

SOCIO-ECONOMIC STUDY OF THE ALLOCATION
OF WAGE LABOUR AND THE USE OF CHEMICAL
PESTICIDES AND COTTON PRODUCTION AREA:
CASE OF THE VILLAGE OF DRIDJI (COMMUNE OF
DJIDJA)

By
Wilfried S. AFFODEGON

THESIS
Submitted in partial fulfillment of the requirement of the degree of
« Ingenieur Agronome »

Option: Economie, Socio-Anthropologie et Communication

Composition of the jury:

Chairman : Dr. Ir. Anselme ADEGBIDI Reporter : Dr. Joseph A. FANOU

1st Examinator : Ir. Séraphin DASSOU

2nd Examinator : Dr. Ir. Rigobert TOSSOU

17th December, 2007

CERTIFICATION

Je soussigné Dr. Joseph A. FANOU, certifie que la présente étude intitulée « Etude socio-économique de l'allocation de la main-d'oeuvre salariée et utilisation des pesticides chimiques de synthèse (PCS) en zone de production cotonnière : Cas du village de Dridji (commune de DJIDJA) » a été entièrement réalisée par Wilfried S. AFFODEGON sous ma supervision à la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l'Université d'Abomey-Calavi (UAC) option Economie, Socio-Anthropologie et Communication pour le Développement Rural (DESAC) .

Le superviseur Dr. Joseph A. FANOU

Docteur en Sociologie du Développement Rural
Professeur-Assistant

Chef section SAC/DESAC/FSA/UAC Président du CISI-FSA

DEDICACES

La présente oeuvre est dédiée

1' A mon père Augustin Nouthaï AFODEGON, pour m'avoir donné le sens de la

persévérance. Les mots me manquent pour te dire combien je suis touché par ton affection, ton sens de responsabilité et ton combat pour la réussite de tes enfants. Trouve en ce travail le témoignage de ma reconnaissance pour tes efforts consentis.

1' A ma mère Lucie AKEREKORO DOSSA, pour avoir affronté maintes épreuves pour

que je sois un homme. Ton courage face aux péripéties de la vie sont pour moi une référence. Que Dieu fasse que ce travail t'augure d'un lendemain meilleur.

1' A mon jeune frère Romuald, pour lui dire que le chemin de la gloire est semé

d'embûches et qu'il va falloir qu'il travaille dur pour faire grandir le nom qu'il porte. A travers ta personne, je remercie mes frères et soeurs qui ont longtemps partagé sous le même toit que moi les souffrances de la vie.

1' A ma fiancée Hermine SAVI, pour tes nombreux conseils. A chaque fois que j'étais

dans l'impasse, tu étais là pour me réconforter. Que ce travail soit pour nous le début d'une longue et éternelle cohabitation pour affronter les épreuves de la vie.

REMERCIEMENT

Mes premières pensées iront à l'endroit de la Vierge Marie. Vous qui tout au long de mon cursus scolaire et universitaire aviez été là pour me préserver de tout mal. De tout temps vous aviez été mon inspiratrice. Daignez bénir cette oeuvre. Tout à toi Marie !

Seul DIEU sait combien elles sont nombreuses les personnes qui tout au long de ma vie, m'ont apporté leur aide. C'est le lieu ici de dire à leur endroit toute ma reconnaissance et ma profonde gratitude. Le présent travail est le résultat de la collaboration et de contribution d'un certain nombre de personnes qui n'ont ménagé aucun effort pour m'apporter leur soutien.

Qu'il me soit permis de remercier en premier lieu tous les enseignants de la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) pour le long travail qu'ils ont abattu en 5 ans et 3 mois pour faire de moi ce que je suis. Puisse DIEU vous le rende au centuple.

v' Mes remerciements les plus sincères au Dr. Ir. Simplice D. VODOUHE,

coordonnateur du projet « Ecosanté » qui a bien voulu accepté financer ma thèse. Bien que rien ne vous y obligeait vous l'avez pourtant fait. Que DIEU exhausse vos prières et vous comble de toutes ses grâces.

v' Les mots me manquent pour dire ma profonde reconnaissance à mon superviseur Dr.

Joseph A. FANOU. Noble était votre mission. Malgré toutes vos multiples occupations, vous aviez accepté superviser le présent travail. Votre sens de responsabilité restera à jamais gravé dans ma mémoire. Longue vie à vous afin que vous puissiez bénéficier des fruits de ce travail.

v' Aux assistants de recherche du projet « Ecosanté » à savoir Ir. Laurent GLIN et Ir.

Gervais ASSOGBA, je voudrais dire sincèrement merci. Merci pour avoir lu et corrigé aussi bien le protocole de recherche que la thèse. Votre rôle d'aînés a été très déterminant dans la réussite de ce travail.

1' Toute ma profonde gratitude à l'Ir. Augustin KOUEVI qui a accepté malgré ses

multiples occupations de lire et corriger le protocole et la thèse. Vos contributions étaient pertinentes et dénotent votre attachement à la réussite de vos jeunes frères. Puisse notre collaboration continuer.

1' Je voudrais témoigner également toute ma reconnaissance à mes cousins Guy et Yves

HOUTONDJI. Vos soutiens aussi bien matériel, financier que moral m'ont certainement donné l'envie d'aller plus loin. Merci pour avoir accompli votre devoir d'aînés sans être priés de le faire.

1' A mes beaux frères Evariste GOMEZ et Lazare HOUNSA, tous mes remerciements

pour vos soutiens. A chaque instant vous étiez là pour m'encourager et me rehausser le moral.

1' Mes sincères remerciements à tous les étudiants de FSA et plus particulièrement ceux

de la 29e promotion pour toutes leur affection durant mes études universitaires.

1' C'est le lieu de dire à messieurs Clément SAGBOHAN et Euriel D. VIDESSIKOU

combien je suis sensible à votre soutien logistique. Spontanément, vous aviez accepté m'aider. Trouver dans ce travail l'expression de ma profonde gratitude.

RESUME

Les paysans africains sont de tout temps confrontés au problème d'allocation de ressources (Tonou, 1987) à cause notamment, du faible paquet technologique dont ils disposent. Celui de l'allocation de la main-d'oeuvre apparaît plus crucial car de plus en plus, les bras valides se tournent vers d'autres secteurs (tertiaire par exemple) de l'économie au détriment du secteur primaire (agriculture). En réalité, on observe souvent une pénurie de main-d'oeuvre au niveau des exploitations paysannes d'Afrique durant les périodes de pointe de la production agricole. Les paysans pour lever ces contraintes de main-d'oeuvre préfèrent pour une opération culturale donnée, l'utilisation d'un type précis de main-d'oeuvre.

Partir du constat que, les paysans de Dridji laissent la manipulation des Pesticides Chimiques de Synthèse (PCS) à la charge des ouvriers salariés agricoles, nous avons entrepris cette recherche pour comprendre les fondements de tels comportements. Pour mener à bien cette recherche, les objectifs à atteindre se résument comme suit :

- faire une typologie des ménages selon les différents types de main-d'oeuvre agricole utilisés. - identifier pour chaque opération culturale, le type de main-d'oeuvre utilisé ;

- examiner les différentes stratégies de mobilisation de la main-d'oeuvre agricole ;

- déterminer les facteurs qui influencent l'allocation de la main-d'oeuvre salariée ; et

- analyser les fondements du recours à la main-d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires.

Au terme de notre recherche, il ressort que :

- Les paysans de Dridji préfèrent à chaque opération culturale, un type de main d'oeuvre donné ; c'est ainsi que la main-d'oeuvre salariée est fortement associée à la main-d'oeuvre familiale lors des travaux lourds tels que le défrichement et le labour. La main-d'oeuvre familiale est plus utilisée lors des opérations de semis, d'épandage et de traitements phytosanitaires tandis que l'entraide est beaucoup plus associée à la main-d'oeuvre familiale et salariée lors de la récolte et du sarclage.

- Les stratégies de mobilisation sont aussi bien de type "marchand" que de type "non
marchand". Elles vont de l'avance sur rémunération des ouvriers avant le démarrage de la

saison, à l'appartenance à un groupe d'entraide en passant par la polygamie et des emprunts financiers pour recruter les ouvriers salariés.

- Les paysans privilégient les liens de familiarité dans le recrutement des ouvriers salariés, ceci dans le but de contrôler efficacement cette main-d'oeuvre. On observe donc que la majorité des ouvriers qui viennent travailler dans le village provienne des villages d'origine des habitants de Dridji.

- La culture de coton n'influence guère la quantité de main-d'oeuvre salariée recrutée par les paysans. De plus en plus, les paysans laissent la culture du coton au profit du soja qui apparaît selon les paysans rentables du fait de son prix élevé.

- Les facteurs qui déterminent l'allocation de la main-d'oeuvre salariée sont le sexe, l'âge, le niveau d'instruction du chef de ménage, le revenu du ménage, la superficie emblavée par le ménage et les liens de familiarité qui lient l'ouvrier à l'exploitant.

- Les femmes et les gros producteurs préfèrent laisser la manipulation des PCS à la charge des ouvriers salariés, afin d'éviter tout risque de maladies liées à l'utilisation de ces produits.

ABSTRACT

The African peasants are from time immemorial confronted with the problem of resource allocation (Tonou, 1987) because in particular of the small technological package they have. That of the allocation of labour appears more important, the valid arms turn to other sectors (tertiary sector for example) of the economy leave the primary sector (agriculture). Actually, one often observes a shortage of labour on the level of the farm of Africa during the peak periods of the agricultural production. The peasants to raise these constraints of labour prefer with a given farming operation a type of labour.

The peasants of Dridji leave the handling of the Chemical pesticides to the load of the agricultural paid workmen; we began this research to include/understand the bases of such behaviours. To conclude this research, the objectives to be reached are summarised as follows:

- to make a typology of the households according to various types of agricultural labour used. - to identify for each farming operation, the type of labour used;

- to examine the various strategies of mobilisation of agricultural labour;

- to identify the factors which influence the allocation of paid labour; and

- to analyse the bases of the recourse to the labour paid for the plant health treatments.

At the end of our research, it arises that:

- The peasants of Dridji prefer with each farming operation a type of labour given thus paid labour is strongly associated with family labour during heavy work such as the clearing and the ploughing. Family labour is used at the time of the operations of sowing, spreading and plant health treatment while the mutual aid is associated much the labour family and paid during harvest and of weeding.

- The strategies of mobilisation are as well of «commercial» type as standard «not commercial». They go from the recruitment of the workmen before the starting of the season to the membership of mutual aid while passing by polygamy and of the financial loans to recruit the paid workmen.

- The peasants privilege the bonds of familiarity in the recruitment of the paid workmen this with an aim of controlling this labour effectively. It is thus observed that the majority of the workmen who come to work in the village come from the villages of origin of the inhabitants of Dridji.

- The cotton culture hardly influences the quantity of paid labour recruited by the peasants. More and more the peasants leave the culture of cotton to the profit of the Glycine max which appears according to profitable peasants because of its high cost.

- The factors which determine the allocation of paid labour are the sex, the age, the educational level of the head of household, the income of households, the land cultivating by the household and the bonds of familiarity which bind the workman to the owner.

- The women and the large producers prefer to leave the handling of the PCS to the load them working paid in order to avoid any risk of diseases related to the use of these products.

LISTE DES TABLEAUX

 
 
 

PAGE

Tableau n°1

:

Elément de conceptualisation des catégories de producteurs

11

Tableau n°2

:

Conceptualisation des catégories de producteurs.

12

Tableau n°3

:

Caractéristiques de l'échantillon d'enquête

16

Tableau n°4

:

Pluviométrie annuelle enregistrée à la station de Djidja (1995-2004)

21

Tableau n°5

:

Caractéristiques démographiques des habitants de Dridji

30

Tableau n°6

:

Valeurs questionnables de quelques caractéristiques structurelles des ménages à Dridji

33

Tableau n°7

:

Calendrier agricole

38

Tableau n°8

:

Prix de vente des produits agricoles suivant les saisons

41

Tableau n°9

:

Prix de vente des produits d'élevage

42

Tableau n° 10

:

Variation des prix du charbon par sac de 100 Kg

44

Tableau n°11

:

Répartition de la population enquêtée selon les catégories de ménage

44

Tableau n°12

:

Typologie des ménages enquêtés suivant l'âge des chefs de ménages

47

Tableau n°13

:

Equivalent-homme

49

Tableau n°14

:

Répartition des populations utilisant l'entraide en fonction du cycle de vie des ménages

53

Tableau n°15:

:

Coût des différentes opérations culturales par ha

55

Tableau n°16:

:

Opérations culturales et types de main d'oeuvre utilisée

60

Tableau n°17

:

Degré de sollicitation des ouvriers pour les activités culturales

61

Tableau n°18

:

Type de main-d'oeuvre utilisée par les chefs de ménage pour le défrichement

62

Tableau n°19

:

Type de main d'oeuvre utilisée par les chefs de ménage pour le labour

63

Tableau n°20

:

Superficie en ha emblavée par un garçon dont l'âge est compris entre

67

 
 

7 et 15 ans en une journée de travail

 

Tableau n°21

:

Superficie en ha emblavée par une fille dont l'âge est compris entre 7 et 15 ans en une journée de travail

67

Tableau n°22

:

Superficie en ha emblavée par une adulte homme dont l'âge est compris entre 15 - 64 ans en une journée de travail

68

Tableau n°23

:

Superficie en ha emblavée par une femme adulte dont l'âge est

 
 
 

compris entre 15 - 64 ans en une journée de travail

68

Tableau n°24

:

Coût des différentes opérations culturales par ha dans la sous préfecture de Glazoué

75

Tableau n°25

:

Equivalent-homme des temps de travaux

78

Tableau n°26

:

Résultats du test t de Student

78

Tableau n°27

:

Résultats du test ANOVA

79

Tableau n°28

:

Résultats de la régression multiple

83

Tableau n°29

:

Répartition des populations utilisant la main-d'oeuvre salariée en fonction du cycle de vie des ménages

84

Tableau n°30

:

Répartition des catégories de producteurs suivant les hameaux.

85

Tableau n°31

:

Perception des paysans des effets induits par les PCS sur la santé humaine.

87

Tableau n°32

:

Cas d'intoxication dus aux PCS les cinq dernières années

88

LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET FIGURE

 
 
 

PAGE

Carte n°1

:

Terroir de Dridji

22

Carte n°2

:

Transect du village de Dridji

23

Carte n°3

:

Commune de Djidja

24

Carte n°4

:

Flux de la main-d'oeuvre salariée

58

Graphique n°1

:

Répartition de la hauteur de pluie et du nombre de jours de pluie selon les années

25

Graphique n°2

:

Les différents modes d'accès à la terre à Dridji

34

Graphique n°3

:

Répartition des terres des allochtones suivant le mode d'accès à la terre

35

Graphique n°4

:

Répartition des terres des autochtones suivant le mode d'accès à la terre

36

Graphique n°5

:

Différentes catégories de ménage à Dridji suivant l'origine des chefs ménages

46

Graphique n°6

:

Répartition de la population enquêtée suivant la religion

47

Graphique n°7

:

Répartition des populations de Tèzounkpa, d'Asségon et de

48

 
 

Kindogon suivant la religion.

 

Graphique n°8

:

Les types de main-d'oeuvre utilisés

54

Graphique n°9

:

Provenance de la main d'oeuvre salariée externe

59

Figure n°1

:

Processus de la recherche

20

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ANOVA : Analyse Of Variance

CeCPA : Centre Communal de Promotion Agricole

CeRPA : Centre Régional de Promotion Agricole

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FSA : Faculté des Sciences Agronomiques

IGN : Institut Géographique National

GP : Gros producteur

GV : Groupement Villageois

INSAE : Institut National de Statistiques et d'Analyse Economique

MOF : Main-d'oeuvre Familiale

MOS : Main-d'oeuvre Salariée

MOF+MOS : Combinaison Main-d'oeuvre Familiale et Salariée

MOF+E : Combinaison Main-d'oeuvre Familiale et Entraide

MOF+MOS+E : Combinaison Main-d'oeuvre Familiale, Main-d'oeuvre Salariée et Entraide

MP Moyen producteur

NPK : Azote, Phosphore et Potassium

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

OBEPAB : Organisation Béninoise pour la Promotion de l'Agriculture Biologique

OIT : Organisation Internationale du Travail

PAGER : Projets des Activités Génératrices de Revenus

PCS : Pesticides Chimiques de Synthèse

PDRT Projets de Développement des Racines et Tubercules

PP Petit producteur

UCP : Union Communale des Producteurs (ex USPP : Union Sous Préfectorale
des Producteurs

UNICEF : Organisation des Nations Unies pour l'enfance

UP : Unité de Production

UVS : Unité Villageoise de Santé

TABLE DES MATIERES

PAGE

CERTIFICATION i

DEDICACES ii

REMERCIEMENTS iii

RESUME v

ABSTRACT vii

LISTE DES TABLEAUX ix

LISTE DES CARTES, ET GRAPHIQUES xi

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS xii

1.

INTRODUCTION GENERALE

1

1.1.

Problématique

2

1.2.

Justification et pertinence de l'étude

4

1.3.

Objectifs et hypothèses de la recherche

5

2.

CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

6

2.1.

Définition des concepts

6

2.2.

Cadre théorique : économie paysanne et la question de la main-d'oeuvre agricole

13

3.

METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

15

3.1.

Choix de la zone d'étude et échantillonnage

15

3.2.

Phases de la recherche

16

3.3.

Outils de collecte des données

18

3.4.

Outils d'analyse des données

19

3.5.

Limites de la recherche

19

4.

PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE

21

4.1.

Cadre physique

21

4.1.1.

Situation géographique

21

4.1.2.

Climat, Relief, sol, hydrographie

21

4.1.3.

Végétation et faune

26

4.2.

Cadre humain

27

4.2.1.

Historique

27

4.2.2.

Démographie et habitat

29

5.

ORGANISATION SOCIALE DE LA PRODUCTION

32

 
 

15

5.1.

Facteurs de production

32

5.1.1.

Capital

32

5.1.2.

Terre

33

5.13.

Travail

 

5.2.

Modes de production

38

5.2.1.

Calendrier agricole

38

5.2.2.

Outils de production et pratiques agricoles

39

5.3.

Production

40

5.4.

Caractéristiques socio-économiques des ménages

37

5.4.1.

Composition des ménages

44

5.4.2.

Ethnie, origine des ménages

45

5.4.3.

Ages et genre

46

5.4.4.

Religions des enquêtés

47

5.4.5.

Taille des ménages et nombre d'actifs agricoles

48

5.4.6.

Niveau d'instruction des chefs de ménages

50

6.

GESTION DE LA MAIN D'OEUVRE DANS L'EXECUTION DES

51

 

OPERATIONS AGRICOLES

 

6.1.

Différentes formes de main d'oeuvres utilisées

51

6.1.1.

Main d'oeuvre familiale

51

6.1.2.

Entraide

52

6.1.3.

Main d'oeuvre salariée

54

6.2.

Opération culturales et main d'oeuvre agricole

59

6.2.1.

Défrichement

61

6.2.2.

Labour

62

6.2.3.

Semis

63

6.2.4.

Epandage

64

6.2.5.

Sarclage

64

6.2.6.

Traitement phytosanitaire

65

6.2.7.

Récolte

65

6.3.

Exécution des opérations par âge et par sexe

66

7.

STRATEGIES DE MOBILISATION DE LA MAIN D'OEUVRE AGRICOLE

 
 

ET DETERMINANTS SOCIO-ECONOMIQUES DE L'ALLOCATION DE

69

 

LA MAIN D'OEUVRE SALARIEE

 
 
 

16

7.1.

Stratégies de mobilisation de la main d'oeuvre agricole

69

7.1.1.

Stratégies de type « marchand »

69

7.1.2.

Stratégies de type « non marchand »

71

7.2.

Stratégies de recrutement de la main-d'oeuvre salariée

73

7.3.

Déterminants socio-économiques de l'allocation de la main-d'oeuvre salariée

75

7.3.1.

Acteurs impliqués dans le processus d'allocation de la main-d'oeuvre salariée

75

7.3.2.

Facteurs influençant l'allocation de la main d'oeuvre

77

7.3.3.

Analyse des facteurs qui influencent l'allocation de la main d'oeuvre salariée

83

8.

MAIN-D'OEUVRE SALARIEE ET UTILISATION DES PESTICIDES

86

 

CHIMIQUES DE SYNTHESE (PCS)

 

8.1.

Effets des PCS sur la santé de l'utilisateur

86

8.2.

Connaissance de ces effets par les producteurs

87

8.3.

Connaissance de ces effets par les ouvriers salariés

88

8.4.

Analyse des fondements du choix des ouvriers pour les traitements phytosanitaires

89

9.

CONCLUSION ET IMPLICATIONS POUR LE DEVELOPPEMENT

91

 

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

93

 

ANNEXES

 

1. INTRODUCTION GENERALE

«L'Afrique est en crise» a souligné la session extraordinaire de l'Assemblée Générale des Nations Unies en Mai 1986. Des problèmes de tous ordres assaillent de nombreux pays africains : démographie galopante, déclin de la production alimentaire et agricole par habitant, effondrement des prix des produits de base, dégradation accélérée de l'environnement, dette extérieure importante ( (FAO, 1986).

Pratiquement vingt ans après ces déclarations, l'Afrique connaît toujours des difficultés. L'une de ces difficultés est la non valorisation de façon efficiente des ressources productives. Les africains ont longtemps pensé que l'amélioration de la productivité agricole est le résultat d'une augmentation des superficies emblavées ce qui n'est forcément par le cas. Au Bénin par exemple, le coton qui est le premier produit d'exportation occupe de nos jours 300.000 ha soit seulement 4,28% des superficies cultivables (Riboux, 2002). Et pourtant, malgré ce faible taux de culture, la production du coton sur le plan national est passée de 272.371 tonnes en 1993 (OBEPAB, 2002) à 428.000 tonnes en l'an 2004 (Le Matin, 2005), soit une augmentation de 43,35% pour une période de douze (12) ans. Il s'agit là surtout du résultat de l'organisation de la filière. Biaou (1998) pense que l'essor de la filière coton permet l'amélioration de stratégies de sécurisation alimentaire.

Cependant, la non valorisation des ressources crée des contraintes à l'agriculture tropicale. C'est ainsi que la terre et la main-d'oeuvre qui sont les principaux facteurs de production dans l'agriculture deviennent de plus en plus rares. Le manque de terre peut obliger la population rurale à se déplacer pour coloniser d'autres contrées ou à servir de maind'oeuvre ailleurs. De la même manière, la rareté de la main-d'oeuvre peut conduire à la diminution des superficies emblavées. La main-d'oeuvre apparaît comme facteur limitant dans l'agriculture en Afrique tropicale (Ofulue, 1983 cité par Houndékon, 1986). Kpenavoun (2000) estime que les problèmes de disponibilité de main-d'oeuvre, même salariée, limitent considérablement les opérations culturales dans les grandes exploitations agricoles et perturbent ainsi le respect rigoureux des techniques culturales. De ce qui précède, il ressort que les paysans ont des problèmes quand à l'allocation des ressources en générale, et plus particulièrement l'allocation de la main-d'oeuvre agricole.

Plusieurs stratégies sont développées par les paysans pour pallier les insuffisances de la main-d'oeuvre. La plus probante est qu'ils préfèrent à chaque type d'opération culturale une forme de main-d'oeuvre. C'est ainsi que certains producteurs ont recours à la main-d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires. En acceptant ce travail, les ouvriers salariés s'exposent aux effets néfastes des produits chimiques. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que le nombre de travailleurs du monde entier, qui sont chaque année intoxiqués par les pesticides est de 2 à 5 millions parmi lesquels 40 000 décèdent (OIT, 1997). A Dridji, 3 cas de décès/suicide ont été recensés, 17 cas d'avortement, 53 cas d'intoxication alimentaire et 76 cas de malaises passagers (Dassou, 2004).

Dans la présente thèse, il sera présenté successivement après l'introduction générale (chapitre 1), les cadres théorique et conceptuel (chapitre 2). Viendront ensuite, la méthodologie de recherche (chapitre 3), les caractéristiques générales du milieu d'étude (chapitre 4). Enfin les résultats de la recherche seront présentés comme suit : l'organisation sociale de la production (chapitre 5), les différents types de main-d'oeuvre utilisés en relation avec les opérations culturales (chapitre 6), les stratégies de mobilisation de la main-d'oeuvre agricole et les déterminants de l'allocation de la main-d'oeuvre salariée (chapitre 7) et l'utilisation des pesticides chimiques de synthèse (PCS) (chapitre 8). Les conclusions et leurs implications pour le développement seront également présentées (chapitre 9).

1.1. Problématique

A Dridji, les ménages sont pour la plupart monogames. Selon Yessoufou (2004), cette option de la monogamie conduit à des ménages de petits effectifs. Elle a des inconvénients sur l'organisation des activités agricoles, car la main-d'oeuvre familiale qui constitue la première forme de main-d'oeuvre à laquelle les ménages ont constamment recours pour les travaux agricoles, reste insuffisante pour accomplir l'entièreté du travail. C'est pourquoi les chefs de ménage ou leurs femmes font appel à la main-d'oeuvre salariée (OBEPAB, 2005).

Cependant, force est de constater que seulement 40% de cette main-d'oeuvre salariée est locale (Fanou et al., 2005). Dans ce contexte, les paysans sont contraints de recruter des ouvriers d'origine "Fon"1 issus des villages Fonkpamè, Tindji, Ounbègamé, Dan... des communes limitrophes de Djidja (Yessoufou, 2004). Une telle situation rend le coût du travail salarié cher et l'utilisation exclusive de la main-d'oeuvre salariée diminue fortement les marges de production (Ahouissoussi, 1996). Les difficultés de mobilisation des ouvriers agricoles amènent certains producteurs à les rechercher à temps, et même à les pré-financer avant le démarrage des campagnes agricoles (Fanou et al., 2005). Si la main-d'oeuvre de l'exploitation est déterminée par la disponibilité des membres de la famille en état de travailler (FAO, 1984), il importe de se demander si le recours aux actifs agricoles des villages environnants, est le seul fait de l'insuffisance de la main-d'oeuvre familiale, voire salariée dans le village de Dridji ? Et comment la main-d'oeuvre salariée est elle allouée ?

Alokpai (2002) pense que dans la perspective d'une bonne gestion de la maind'oeuvre, les paysans privilégient certaines formes de main-d'oeuvre pour la réalisation des différentes opérations culturales. C'est ainsi qu'à Dridji, le constat fait est que, certains producteurs préfèrent laisser la manipulation des PCS aux ouvriers salariés. Ne serait-ce pas là une stratégie de transfert de risques (effets dus à l'utilisation des PCS) de la part des producteurs, plutôt que d'une simple stratégie de gestion efficiente de la main-d'oeuvre, ou encore la recherche d'ouvriers qualifiés, dans la mesure où « toute utilisation de pesticides est source de risques pour la santé de l'utilisateur » (Jäger-Mischke, 1993). En effet, dans une production cotonnière dont les pertes estimées à 62-71%, sont occasionnées par les ravageurs en l'absence de protection phytosanitaire (RCF, 1994), la lutte chimique ou l'emploi des pesticides chimiques est la plus prônée et la plus utilisée (Vodouhè et Idrissou, 2003). La production du coton conventionnel crée des richesses aussi bien à l'Etat qu'aux autres acteurs de la filière. Mais, elle a des effets secondaires très dramatiques en l'occurrence les problèmes d'intoxications parfois mortelles dus aux pesticides, la baisse notable de la fertilité des sols, le déséquilibre des écosystèmes etc. qui, d'une manière ou d'une autre, constituent une entrave à la production (OBEPAB, 2002). Au regard des problèmes d'intoxication, on observe au

1"Fon" langue/ethnie locale du plateau d'Abomey

Bénin, dans le département du Borgou, que des pesticides chimiques ont été à l'origine de près de 80 décès par suite d'empoisonnement (Vodouhè, 1999). Il apparaît que les personnes les plus exposées sont celles qui sont en contact avec les pesticides chimiques. A Dridji, bien que conscients des dangers liés à la manipulation des pesticides, les paysans y ont toujours recours, car selon eux, ces produits contrôlent efficacement la population des ravageurs. Toutefois, les mesures prises pour parer à un éventuel dommage que ces produits pourraient causer sur la santé humaine sont insuffisantes (Fanou et al., 2005). Il urge alors de déterminer le degré d'implication des ouvriers salariés dans l'utilisation des PCS afin de parer au pire. C'est pourquoi nous nous proposons d'étudier le thème: «Etude socio-économique de l'allocation de la main-d'oeuvre salariée et utilisation des Pesticides Chimiques de Synthèse (PCS) en zone de production cotonnière : cas du village de Dridji (Commune de Djidja)».

1.2. Justification et pertinence du thème

Dans une zone de forte utilisation de PCS, tous les acteurs impliqués dans l'agriculture sont susceptibles d'être victimes des effets néfastes des PCS. C'est dans ce cadre que l'OBEPAB a entrepris des recherches dont certains objectifs spécifiques sont :

- identifier les facteurs socioculturels, organisationnels, politiques et économiques qui influencent l'utilisation des PCS et les processus de contamination des membres de la communauté en prenant en compte la dualité entre les groupes sociaux stratégiques ;

- identifier les axes d'intervention et d'actions susceptibles de réduire ou d'éliminer les nuisances causées par les PCS.

Partir du constat que les paysans pour lever les contraintes de main-d'oeuvre, exposent les ouvriers salariés aux risques d'intoxication liés à l'emploi des PCS, nous avions entrepris cette recherche afin d'atteindre un tant soit peu ces objectifs spécifiques de l'OBEPAB dans le cadre du projet Ecosanté.

1.3. Objectifs et hypothèses de la recherche

L'objectif principal de la recherche est de déterminer les fondements du recours des paysans à la main-d'oeuvre salariée pour les opérations culturales, notamment pour les traitements phytosanitaires.

Les objectifs spécifiques qui en découlent sont:

O1 : Faire une typologie des ménages selon les différents types de main-d'oeuvre agricole utilisés.

O2 : Identifier pour chaque opération culturale, le type de main-d'oeuvre utilisé.

O3 : Examiner les différentes stratégies de mobilisation de la main-d'oeuvre agricole.

O4 : Déterminer les facteurs qui influencent l'allocation de la main-d'oeuvre salariée.

O5 : Analyser les fondements du recours à la main-d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires.

Pour atteindre ces objectifs, les hypothèses suivantes seront testées:

H1 O2 : Le type de main-d'oeuvre utilisé dépend de l'opération culturale.

H2 O3 : Plus les ménages sont jeunes, plus ils développent facilement des stratégies de type « marchand » de mobilisation de la main-d'oeuvre agricole

H3 O4 : Les ménages qui s'adonnent à la culture du coton, utilisent plus de main-d'oeuvre salariée que les ménages qui ne font pas cette spéculation.

H4 O4 : La quantité de main-d'oeuvre salariée investie sur une parcelle est positivement influencée par le statut socio-économique de l'exploitant.

H5 O5 : Le recours à la main-d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires est une stratégie de transfert de risques liés aux PCS.

2. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

2.1. Définition des concepts

+ Exploitation agricole

Chombart et al. (1963) définissent l'exploitation agricole comme une unité économique dans laquelle l'agriculteur pratique un système de production en vue d'augmenter son profit. Dufumier (1996) abonde dans le même sens en définissant « l'exploitation agricole comme une unité de production au sein de laquelle l'exploitant mobilise des ressources de natures diverses (terres, main-d'oeuvre, cheptel, plantes, intrants, matériel, bâtiments...) et les combine dans des proportions variables, pour obtenir certaines productions végétales et / ou animales, et satisfaire ainsi des besoins et des intérêts ». De ce fait, l'exploitation agricole est gérée sous l'autorité d'un centre de décision unique (individuel ou collégial) pour ce qui se réfère à l'emploi des ressources disponibles et au devenir des productions et revenus obtenus. Dans un sens beaucoup plus large, Osti (1978) la définit comme un système finalisé par les objectifs de l'agriculteur et de sa famille. Pour cet auteur, étudier l'exploitation agricole comme un système revient à considérer d'abord l'ensemble de l'exploitation avant l'étude à fond de ses différentes composantes. Il s'agit de prendre en compte, même qualitativement, les relations internes essentielles et notamment leur articulation dans le temps. Pour ce faire, le diagnostic des exploitations agricoles est nécessaire.

En effet, le but du diagnostic est d'analyser les décisions des agriculteurs, de s'interroger sur l'évolution de leurs exploitations, en particulier leur devenir et les conditions de leur "reproduction", de mettre en évidence les problèmes et les difficultés que rencontrent les agriculteurs dans la conduite de leurs exploitations (Jouve et al., 1994). Ainsi, on pourrait réellement identifier les exploitations agricoles si on se réfère aux définitions données précédemment, même en Afrique où l'unité de résidence, l'unité de consommation, l'unité de production et l'unité d'accumulation sont dissociées (Gastellu, 1980).

On retiendra de tout ce qui précède que dans le cadre d'un diagnostic axé sur les modes d'exploitations agricoles, il faut privilégier "l'unité de production" comme unité

d'analyse, tout en gardant à l'esprit, les relations qu'elle a avec les autres unités mentionnées précédemment.


·:
· Unité de production

Pour pouvoir cerner les unités de production dans le cadre de notre recherche, nous allons nous référer aux 3 critères recommandés par Gastellu (1996) cité par Dounias (1998) que sont : (i) l'unité de production (UP) correspond à un groupe de personnes qui dépendent d'un même responsable, le chef de ménage, qui effectue les choix principaux pour l'organisation des activités quotidiennes, même si chaque individu pourrait jouir d'une autonomie dans l'accomplissement de ses tâches; (ii) l'UP est un groupe de personnes qui constituent une équipe de travail permanente, même si cette dernière est affectée de nombreuses variations. Ce groupe se distingue de celui occasionnel qui se forme à l'occasion d'une entraide; (iii) l'UP est un groupe de personnes qui disposent en propre de leurs outils de travail dont certains en commun.

En nous référant au développement conceptuel ci-dessus, nous identifierons l'unité de production dans le cadre de notre étude aux ménages agricoles. De ce fait, le ménage agricole sera «le petit groupe de personnes apparentées ou non qui reconnaissent l'autorité d'une seule et même personne (le chef de ménage), vivent dans un même logement, prennent souvent leurs repas en commun et subviennent en commun aux dépenses courantes » (Sala-diakanda, 1988). Cette définition n'est pas applicable dans tous les contextes car les critères « même logement » et « prise de repas en commun » sont discutables. A Dridji par exemple, des chefs de ménages disposent hormis les enfants qui sont avec eux dans le village, d'autres qui résident dans le village d'origine et qui sont sous leur autorité. Dans ce cas tous les membres du ménage ne vivent pas dans le même logement, ni ne prennent en commun leur repas. Le ménage est défini comme étant l'ensemble constitué d'un père, ou d'une mère (chef de ménage), des personnes à charge (femmes, époux, enfants et collatéraux), au sein de ce groupe de personnes il existe un réseau de droits et devoirs acquis par le biais des us et coutumes (normes) de la société dont ils font partie intégrante.


·:
· Main-d'oeuvre agricole

La main-d'oeuvre agricole est une ressource précieuse dont dispose le ménage rural pour la production agricole. C'est grâce à cette main-d'oeuvre et aux connaissances dont elle dispose, que le ménage est en mesure d'utiliser les ressources naturelles telles que le sol, l'eau, la végétation et le climat, de même que les intrants achetés tels que l'engrais, les produits phytosanitaires et les outils (Dvorak, 1995). L'Encyclopédie des sciences sociales, précise que, le terme de main-d'oeuvre dans la terminologie anglo-saxonne, se réfère généralement aux termes "work force", ou "Manpower" ou "labour force". Sur le plan macro, ce concept est défini comme la portion de la population qui est économiquement active (Jaffe et al., 1972), c'est-à-dire la portion de la population qui entre dans l'organisation du travail caractéristique de la culture de chaque société. Ainsi, dans les sociétés primitives par exemple, la force de travail qui représente la main-d'oeuvre se distingue difficilement de la population totale, car on remarque la participation de la population entière aux tâches communes de production des biens et services nécessaires à la subsistance. Ceci est dû au faible niveau de développement des technologies.

De nos jours, la main-d'oeuvre se distingue-t-elle clairement de la population totale. On peut dire que la main-d'oeuvre est fonction de la structure socio-économique de la société et du niveau de progrès. Les récentes études de Aho et Kossou (1997) ont permis d'opérationnaliser le concept de la main-d'oeuvre agricole en Afrique tropicale. Pour eux, c'est l'ensemble des personnes utilisées par l'exploitant agricole contre une rémunération en espèce ou en nature, et liées à celui-ci par un contrat de travail écrit ou verbal, précisant les droits et obligations de chaque partie sauf les membres de la famille qui ne sont généralement pas couverts par des contrats de travail. Cette définition fait ressortir les différentes catégories de main-d'oeuvre: la main-d'oeuvre salariée, la main-d'oeuvre familiale, l'entraide et l'invite à l'aide, et fait aussi allusion à la nature des contrats qui lient le paysan et le travailleur.

Cette définition reste pourtant insuffisante en ce sens qu'elle ne donne aucune précision sur les facteurs qui caractérisent l'utilisation de la main-d'oeuvre. Ainsi, en nous référant à la théorie de Long (1984), la main-d'oeuvre doit être définie en tenant compte de l'environnement socio-économique et culturel de l'exploitation.

+ Allocation et productivité des ressources

L'étude de l'allocation des ressources permet de se rendre compte du niveau et de l'efficacité d'utilisation des ressources, et leurs affectations à des activités alternatives (Biaou, 1991).

Biaou (1995) dans son étude sur l'analyse de l'organisation et du fonctionnement du système d'exploitation agricole sur le plateau Adja (Bénin) constatait que contrairement à ce à quoi on devrait s'attendre, l'efficacité de l'utilisation des ressources productives ne s'explique pas, par le niveau de dotation en celles-ci. Elle n'est pas non plus fonction des types de ménage (cycle de vie des ménages). Ogunfowora et al. (1978) cités par Affomassè (1982) pensent que pour mesurer cette efficacité de l'utilisation des ressources, il faut déterminer le ratio individuel extrant-intrant. Par exemple la productivité de la main-d'oeuvre peut être mesurée en termes de ratio de la production totale à la quantité de main-d'oeuvre investie. C'est ainsi qu'ils ont montré qu'à partir d'une estimation de l'utilisation des ressources, peuvent être déduites, le calcul de la productivité marginale de n'importe quelle ressource ou de toutes les ressources prises ensemble. Ils ont par suite d'autres analyses, conclu que l'agriculture de l'Etat de Kwara au Nigeria est improductive, car le ratio de la production totale à la quantité de main-d'oeuvre investie est très faible et est un exemple d'une utilisation excessive et inefficace de la main-d'oeuvre en agriculture traditionnelle. Cette définition paraît incomplète dans la mesure où elle ne tient par compte des facteurs d'allocation de la maind'oeuvre, et de la marge brute obtenue après utilisation de cette main-d'oeuvre.

+ Revenu du ménage

Le revenu agricole est la différence entre la production et les charges liées à cette production. On distingue deux types de revenu : le revenu net et le revenu brut.

Selon Adégbidi (1994), le Revenu Agricole Net (RAN) = Valeur Ajoutée (VA) - Rente Foncière (RF) - Taxes et Impôt (T) - Intérêts sur emprunts (I) - salaires des travailleurs extérieurs (W). Dans ce cas, Valeur Ajoutée (VA)= Produit Brut (PB) - Consommations Intermédiaires (CI) - Amortissements (Am). Ce revenu prend en compte l'autoconsommation, l'accumulation en nature et le revenu monétaire.

Le Revenu Agricole Brut (RAB) par contre est la différence entre la production brute et les charges réelles payées pour cette production. Les charges comprennent les coûts des intrants variables à savoir les semences, les différents engrais, les insecticides et le coût de la main-d'oeuvre (défrichement, labour, semis, sarclages, fumures, pulvérisation, récolte). Il est calculé pour une seule campagne agricole. C'est en réalité, cette forme de revenu qui sera utilisée dans la présente étude. A ce revenu sera ajouté, le revenu des autres activités (RA) génératrices de revenu au sein du ménage. Avec RA = ÓRAi ; Rai étant la recette issue d'une activité donnée de laquelle sont déduites les dépenses effectuées pour réaliser l'activité.

Le revenu annuel du ménage sera alors RAB + RA.

+ Autres concepts

Des études de OBEPAB (2005) ont permis d'opérationnaliser certains concepts. Dans son étude sur la problématique du genre dans la gestion des produits chimiques de synthèse, l'OBEPAB a recensé trois catégories de producteurs : riche ou aisé (gros producteur), moyennement riche (moyen producteur), pauvre (petit producteur).

Tableau n°1 : Eléments de conceptualisation des catégories de producteurs.

Catégories

Caractéristiques

Gros producteur

- Possède grosse moto (sanili, corbillard, etc. voire voiture comme moyen de déplacement).

- Possède de titre de propriété dans les grandes villes ou est propriétaire de beaucoup de terres.

- Construction en matériaux définitifs.

- Prend 3 repas par jour avec assez de poissons et de viande dans la sauce. - Possession de plantations (anacardiers, palmeraies, orangeraies, etc.).

- Peut recruter des ouvriers agricoles et commercialiser les vivres sans difficultés. - Possède de moulin à maïs.

- Peut supporter les frais de santé de ses enfants.

Moyen producteur

- Possède comme moyen de déplacement BBCT, AV 85, Mate, etc.

- Prend au moins 2 repas par jour, peut se nourrir de viande et trouve à manger toute l'année.

- Construction en matériaux définitifs ou toit en tôle.

- Peut contracter de prêt pour recruter des ouvriers.

- Possède de jeunes plantations avec possibilité de transformer le vin de palme en sodabi.

- Greniers non vides à aucune période de l'année.

- Possède des ressources financières pour satisfaire les problèmes d'urgence.

Petit producteur

- Construction en matériaux locaux.

- Possession de vélo comme moyen de déplacement.

- Prend 1 repas par jour.

- Pas de garantie pour contracter des prêts dans les institutions de micro-crédit

- Pas de ressources financières pour faire face aux besoins quotidiens du ménage. - Contracte des prêts auprès des usuriers pour payer la main-d'oeuvre salariée,

- puis ne parvient pas à rembourser ces crédits.

- Exploite de petites superficies.

- Vend les produits juste après la récolte.

- Achète les vivres en période de soudure ou pendant la saison sèche à crédit.

Source : OBEPAB, (2005)

Cette catégorisation présente à notre avis des limites, car elle met plus l'accent sur le bien matériel. En effet, certains producteurs sont riches mais n'investissent pas dans le bien matériel. Il n'est pas rare de voir des producteurs âgés qui sont la plupart du temps riches, ne pas disposer de grosses motos ou d'un moulin à maïs. D'autres, par contre ne construisent pas en matériaux définitifs. Ces derniers accordent peu d'attachement à ces biens. C'est pourquoi nous avons retenu les critères contenus dans le tableau n°2 pour la catégorisation des producteurs.

Tableau n°2 : Conceptualisation des catégories de producteurs.

Types de producteurs

Caractéristiques

Gros producteur « do koun non lè »

- superficie emblavée par saison > 5 ha.

- propriétaire d'assez de terres.

- peut recruter des ouvriers agricoles et commercialiser les vivres

sans difficulté.

Moyen producteur
« mè glo a do lè»

- superficie emblavée par saison 2-5ha.

- possession de peu de terres par rapport au gros producteur.

- peut contracter des prêts pour recruter des ouvriers.

Petit producteur
« wa man mon non lè »

- superficie emblavée par saison < 2ha.

- dispose de moins de terres que le précédent.

- contracte des prêts auprès des usuriers pour payer la main- d'oeuvre

salariée mais ne parvient pas à rembourser les crédits.

Source : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

2.2- Cadre théorique: économie paysanne et la question de la main-d'oeuvre agricole

Les études de transformation des sociétés agraires conçoivent l'impact du capitalisme sur les forces économiques de ces sociétés par deux théories fondamentales. Selon la première, malgré les variations de structures observées d'une société à l'autre, la pénétration du capitalisme dans les sociétés agraires des pays industrialisés a engendré des différenciations socio-économiques, créant des riches paysans et à l'opposé des prolétaires. La seconde approche tente d'expliquer certaines formes de production paysanne comme une forme d'organisation dans laquelle le paysan produit des biens et services tout aussi pour la consommation que pour la vente (Long, 1984). Les deux approches tentent d'expliquer les principales transformations dans le monde agraire. La première permet d'appréhender les processus de formation des catégories de paysans, et permet d'isoler les forces historiques dans le processus de différenciation socio-économique. La seconde permet de cerner le dynamisme des petits exploitants, et d'analyser les ménages en tant qu'unités de production et de consommation (Tonou, 1987). C'est justement cette deuxième approche qu'a développée Tchayanov (1925).

En effet, les débats sur le fonctionnement des économies paysannes sont influencés de nos jours par les postulats théoriques de Tchayanov sur l'allocation des ressources au niveau de l'économie paysanne russe. En 1925, Tchayanov a introduit un élément déterminant dans la conception classique de l'économie paysanne en montrant que "l'allocation des ressources au niveau du paysan, se réalise non pas suivant la logique capitaliste ou socialiste mais plutôt suivant la rationalité paysanne" (Harrison, 1975). L'auteur postule que c'est la taille du ménage, c'est-à-dire le nombre d'actifs qui détermine la taille de l'exploitation (superficie emblavée par le ménage). Il stipule que lorsque le ratio C/W (consommateur par actif) augmente, la superficie cultivée par actif agricole (S/W) augmente aussi. Par ailleurs, Tchayanov indique qu'en situation de contrainte de terre, les ménages ayant le ratio C/W élevé auront tendance à intensifier le travail sur leurs champs. Harrison (1975) soutient qu'une telle intensification suppose un changement du système de culture extensif, à un système de culture intensif. Il montre par la suite que le passage à un système intensif nécessite des moyens que le petit paysan n'a pas toujours.

Etudiant la main-d'oeuvre familiale au sein des ménages, Long (op.cit) cite Mackintosh (1979) qui suggère que "la main-d'oeuvre familiale doit être analysée en relation avec les normes et les valeurs culturelles existantes dans la société", car ces valeurs culturelles justifient les comportements et les rôles de chacun des acteurs de la vie familiale. Enfin, Long (op.cit) pense que pour identifier la relation entre les formes de main-d'oeuvre salariée et non salariée au sein des ménages, il faut prendre en compte les définitions culturelles du "travail" dans l'estimation sociale de la main-d'oeuvre. C'est fort de cela que le paysan développe des stratégies variables de répartition du travail en fonction de la main-d'oeuvre disponible, pour s'adapter aux conditions de l'environnement physique, et maximiser son contrôle sur l'environnement économique et social (relation d'échange de ressources et de produits). Le paysan se comporte de manière à subjuguer les contraintes de main-d'oeuvre, et à éviter les risques pour atteindre les objectifs divers.

3- METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

3.1. Choix du milieu d'étude et échantillonnage

3.1.1. Choix du milieu d'étude

Le village de Dridji a été retenu comme milieu d'étude parce que l'OBEPAB à travers le projet Ecosanté a entamé des recherches dans le village, pour mettre en évidence les différents mécanismes par lesquels les populations sont affectées par les Pesticides Chimiques de Synthèses (PCS), et les relations directes et indirectes qui s'établissent entre ces phénomènes et la santé humaine. D'autres raisons justifient également le choix de ce village : v' c'est la zone la plus productrice de coton conventionnel dans la commune de Djidja, qui

elle-même est la zone la plus productrice de coton conventionnel de tout le département

du Zou (Yessoufou, 2004). De ce point de vue, c'est une zone de forte utilisation des PCS; v' le problème de main-d'oeuvre se pose avec acuité dans le milieu, ce qui oblige les

producteurs à faire appel aux actifs agricoles d'autres villages de la région;

v' la présence de plusieurs groupes originels à savoir les autochtones et les allochtones dans le village. En effet, la cohabitation de ces différents groupes pourrait être une source d'influences inter-culturelles sur la mobilisation et la gestion de la main-d'oeuvre.

3.1.2. Echantillonnage

Pour mener à bien notre recherche, trois (03) hameaux sur les neuf (09) que compte le village de Dridji ont été retenus. Après la pré-enquête, il a été procédé à un choix raisonné de trois hameaux, basé sur les critères suivants: niveau de production de coton; niveau de connaissance des effets liés aux PCS; relation des hameaux avec les villages les plus pourvoyeurs de main-d'oeuvre salariée extérieure au village.

En effet, suivant les statistiques de 2004 fournies par le GV sur la production cotonnière dans le village, Tèzounkpa a une forte production de coton, Asségon a une production moyenne et Kindogon une faible production. Les habitants de ces hameaux ont une bonne connaissance des effets liés à l'emploi des PCS. Lors de la phase exploratoire, il a été constaté que les ouvriers salariés extérieurs viennent surtout des villages d'origine des habitants de ces hameaux.

L'unité de recherche est le ménage. Au total, 90 ménages ont été sélectionnés. A travers un échantillonnage raisonné, la population a été divisée en deux groupes suivant le critère de production ou non de coton. Le groupe des producteurs de coton et celui des non producteurs de coton ont été constitués sur la base du recensement actualisé de la population lors de la phase exploratoire. Ensuite, par un échantillonnage aléatoire simple 45 ménages ont été retenus par groupe précédemment constitué.

Dans le but de vérifier les informations que donneraient les ménages, nous avions prévu un échantillonnage de 45 ouvriers agricoles salariés. Cependant, compte tenu des difficultés à les retrouver, nous nous sommes limité à un échantillonnage aléatoire simple de 30 ouvriers agricoles.

Tableau n°3 : Caractéristiques de l'échantillon d'enquête

Tèzounkpa Asségon Kindogon Total

PP MP GP PP MP GP PP MP GP

Effectifs

Allochtones 2

4

3

8

1

1

3

1

0

23

Autochtones 7

9

5

13

15

4

10

3

1

67

Total 9

13

8

21

16

5

13

4

1

90

Source : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

3.2. Phases de la recherche

Quatre phases successives ont permis d'atteindre les objectifs qu'on s'est assigné dans le cadre de cette étude. Il s'agit d'une phase préparatoire, d'une phase exploratoire, d'une phase de collecte de données et enfin d'une phase de rédaction proprement dite de la présente thèse.

> Phase préparatoire

Elle a consisté à l'analyse documentaire et a permis de mieux cerner les objectifs de la recherche. Elle s'est déroulée principalement dans les centres de documentation de la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA), de l'Organisation Béninoise pour la Promotion de l'Agriculture Biologique (OBEPAB), du Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche (MAEP), du Centre Régional de Promotion Agricole (CeRPA ) du Zou, de l'Institut National de Statistique et d'Analyse Economique (INSAE), de l'Institut Géographique National (IGN). Non seulement, elle nous a permis d'élaborer une proposition de recherche, mais également de fonder notre recherche sur une base théorique, nous permettant de comparer les résultats empiriques aux résultats obtenus sur le terrain en vue d'analyses pertinentes.

> Phase exploratoire

Elle a été réalisée à l'aide d'un guide d'entretien et a consisté en un entretien semistructuré avec 60 producteurs du village. C'était la première descente dans le milieu d'étude qui s'est déroulé du 15 juin au 26 juin 2005.

Dans un premier temps, il y a eu contact avec les autorités locales à divers niveaux. Il s'agit entre autres de l'assistant de recherche du projet Ecosanté, du Responsable de CeCPA, du chef village de Dridji et des chefs des différents hameaux du village. Ensuite, ce fut l'occasion d'actualiser le recensement des ménages déjà effectué par une équipe de l'OBEPAB en 2003, afin d'avoir une liste exhaustive des ménages du village. Cette actualisation a été faite en collaboration avec les leaders d'opinion des différents hameaux. Au cours de cette phase, d'autres informations ont été recueillies sur les caractéristiques générales du village, les types de main-d'oeuvre utilisés par les producteurs, les migrations des ouvriers et la disponibilité en main-d'oeuvre, les différents modes d'accès à la terre, les spéculations, l'utilisation des PCS en relation avec la main-d'oeuvre agricole. Enfin, cette phase nous a également permis de cibler quelques ouvriers agricoles et de nous entretenir avec eux en vue de l'élaboration du questionnaire de l'enquête fine.

Tous les paysans enquêtés au cours de cette phase n'ont pas été retenus lors de l'enquête fine, car le choix des paysans étaient plutôt aléatoire. Seulement dix enquêtés au cours de cette phase ont pu être retenus lors de l'enquête fine.

A la fin de cette phase, nous avions retenu les critères de choix des ménages pour l'enquête fine.

> Phase de collecte des données et rédaction de la thèse

Elle a été réalisée essentiellement par questionnaire. Ces questionnaires ont été administrés aussi bien à tous les ménages de notre échantillon, qu'aux ouvriers agricoles salariés. Des entretiens semi-structurés et non structurés ont également eu lieu. Des données quantitatives et qualitatives ont été obtenues. Ces données se résument à la composition des ménages, l'organisation sociale de la production au sein des ménages, aux réseaux de mobilisation de la main-d'oeuvre agricole, aux caractéristiques de la main-d'oeuvre salariée et son implication dans l'utilisation des PCS, à la connaissance par le ménage des effets dus à l'utilisation des PCS et enfin, au degré de sollicitation de la main-d'oeuvre salariée par les ménages.

A l'issue de cette phase, nous avons procédé au dépouillement des données et à la rédaction de la thèse.

3.3. Outils de collecte des données

Les donnés collectées sont aussi bien quantitatives que qualitatives. Les outils utilisés pour la collecte de ces données sont :

- la carte du village: elle nous a permis de structurer les connaissances que les villageois ont de leur terroir ;

- le transect a été réalisé afin d'avoir une prospection physique du terroir ;

- l'interview semi-structurée a été utilisée pour comprendre les activités des différentes catégories de producteurs et l'utilisation des ressources. Elle nous a permis d'avoir des histoires de vie et des témoignages en relation avec la gestion de la main-d'oeuvre dans le milieu ;

- l'interview structurée (questionnaires) a été employée surtout pour la collecte des données quantitatives ;

- la triangulation nous a permis de vérifier certaines informations collectées auprès des différents groupes enquêtés.

3.4. Outils d'analyse des données

Dans le but d'atteindre les objectifs fixés pour la présente étude, plusieurs méthodes d'analyse des données sont utilisées. Ces méthodes sont à dominance quantitative. Il s'agit des éléments de la statistique descriptive tels que les fréquences, les paramètres de dispersion et de position. Ces méthodes ont été utilisées pour la plupart de nos analyses. Le logiciel SPSS version 11.0 a été utilisé dans le cadre de ces analyses et a permis d'établir également une régression simple et de faire le test t de Student. Les tests de comparaison à savoir l'analyse de variance et le test de khi-deux ont été également réalisés.

Une régression multiple a été établie avec le logiciel STATA version 9.0. Les données ont été saisies au moyen du logiciel Excel 2003 et présentées sous forme d'histogrammes, de diagrammes et de camemberts.

Le traitement de texte quant à lui a été réalisé avec WORD 2003.

3.5. Limites de la recherche

La majeure partie des données primaires provient des enquêtes effectuées sur le terrain par l'enquêteur, recruté à cet effet et l'étudiant chercheur. Les données quantitatives ont été collectées par passage unique où il est fait appel à la mémoire des chefs de ménages et des ouvriers salariés enquêtés. Ainsi, malgré la rigueur observée dans la collecte des données, elles comportent certainement des insuffisances.

Dans le cadre d'une étude socio-économique sur les facteurs de l'allocation de la main-d'oeuvre, il serait judicieux d'avoir des entretiens avec tous les membres du ménage participant aux activités agricoles. Ceci n'a été fait qu'au sein de cinq ménages à Tèzounkpa et dix ménages à Asségon, compte tenu du manque de disponibilité des paysans à se prêter à nos questions.

Choix de la zone
d'étude

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Elaboration du protocole

Analyse des données
(Rédaction de la thèse)

Séance de présentation
tenue le 29 Juin 2005

Elaboration des
Instruments de mesure

Formulation du thème

Formulation du sujet

Phase exploratoire

Documentation et
discussion

Etude approfondie

Réadaptation du
protocole

Documentation

Choix de la
population théorique

Collecte de données

Choix échantillon

Il aurait été intéressant de faire un choix raisonné des ouvriers agricoles à enquêter, en tenant compte des catégories de producteurs qui les recrutent. La difficulté de retrouver les ouvriers nous a contraint à opter pour un choix aléatoire.

La figure suivante présente les différentes étapes de la recherche.

Figure N°1: Processus de la recherche

Etude diagnostique

(Projet Ecosanté)

4. PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE

4.1. Cadre physique

4.1.1. Situation géographique

Le village de Dridji est situé dans l'arrondissement de Dan, Commune de Djidja, département du Zou (voir carte n°3). Appartenant à la zone agro-écologique située entre le 7ème et le 9ème degré de latitude Nord, Dridji est à environ 10km du village de Dan, 25km de Bohicon et 25km de Djidja centre. Avec une superficie de 85km2, ce village est limité au Nord par le village Kassèhlo, au Sud par le village Agbohoutogon, à l'Est par le village de Lalo et à l'Ouest par Lakpo. Agbohoutogon et Lalo sont situés dans le même arrondissement que Dridji tandis Kassèhlo est situé dans l'arrondissement de Sèto (commune de Djidja) et Lakpo dans l'arrondissement de Gobè (commune de Djidja). Le village est composé de "goho"2. On en dénombre neuf (09) que sont: Dridji centre, Ahoyèmè, Tèzounkpa, Asségon, Kindogon, Daanon kpota, Kitigoudo, Atchèssingon, Lègbaholi (voir carte n°1).

4.1.2. Climat, relief, sol et hydrographie

A Dridji, règne un climat de transition entre le climat subéquatorial et le climat tropical humide du type soudano-guinéen du Nord Bénin. Il est caractérisé par deux saisons de pluies et deux saisons sèches.

Ces dix dernières années, la moyenne pluviométrique est de 1041,22 mm par an avec de meilleures pluviométries observées en 1996, 1999 et 2004 (cf. tableau n°4 et graphe n°1). Les températures moyennes annuelles varient entre 26°C et 31°C.

Tableau n°4 Pluviométrie annuelle enregistrée à la station de Djidja (1995-2004)

Année

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

Hauteur

865,2

1404,5

911,4

1091,3

1222,4

989,6

750,4

1064,8

912,0

1200,6

De pluie (mm)

Nbre de jrs 57 58 45 50 69 55 52 62 56 61

Source: CeRPA Zou-Collines/Secteur Djidja 2005

2 Terme identifié à hameau dans le milieu d'étude

Carte n°3 : Commune de Djidja

Hauteur de pltde/Nombre de
jours

1600

1400

1200

1000

400

200

800

600

0

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Année

Hauteur de pluie(mm) Nombre de jours

Pluviométrie

Graphique n°1: Répartition de la hauteur de pluie et du nombre de jours de pluie selon les années

Il ressort de l'analyse de ce tableau que la hauteur de pluie diffère d'une année à une autre. Ceci se justifie par l'irrégularité et le retard d'installation des pluies de la grande saison. La variation du nombre de jours de pluies témoigne de ce fait. Ainsi, la démarcation entre les deux saisons pluvieuses n'est plus nette. Il y a donc un chevauchement entre ces deux saisons laissant apparaître une courte période de transition allant de 15 à 25 jours. C'est alors que la grande saison des pluies s'étalera de mi-mars à fin juillet et la petite saison des pluies va de mi-août à fin Octobre.

Dridji est caractérisé par un relief plus ou moins accidenté constitué de dépressions et de plateaux avec quelques affleurements granitiques. Il présente le faciès, caractéristique d'un village sur socle cristallin (INSAE, 2002).

On trouve des terres de barres de type ferralitique argilo-sableux fortement dégradées mais très bien drainées à faible capacité de rétention. Profond et facile à travailler, ce type de sol représente 85% des terres cultivables et convient à presque toutes les cultures. Hormis ce type de sol, on trouve également les vertisols représentant 10% des terres cultivables. Le travail sur ce sol est très difficile. Enfin, le troisième type de sol rencontré est hydromorphe.

Le réseau hydrographique est dominé par deux cours d'eau que sont "Kiti" et "Azoua" affluents du fleuve Zou. En saison sèche le "Azoua" s'assèche complètement tandis que le Kiti voit son niveau baisser tout simplement. Ces cours d'eau servent d'abreuvoir pour les animaux d'élevage notamment, les boeufs en transhumance. La pêche est pratiquée par certains habitants du village. Des espèces aquatiques telles que: Siprodontis sp, Tilapia sp, Clarias sp, Gymnarchus niloticus sont retrouvées dans ces cours d'eau.

4.1.3. Végétation et faune

La végétation originelle qui caractérise Dridji est une savane arborée, exubérante par endroit et clairsemée. Les essences prédominantes sont Parkia biglobosa (axwatin), Prosopsis africana (kakètin), Bligia sapinda (lissètin), Daniella oliveri (zatin), Vitellaria paradoxa (wougo), Vitex doniania (fontin), Pterocarpus erinaceus (kozo), Afzelia africana (kpakpatin) et Ficus capensis (votin). Cependant, des espèces sont en voie de disparition en raison de leurs surexploitations à des fins économiques, bois d'oeuvre et surtout la carbonisation et/ou la collecte de bois de chauffe pour la vente. Seules certaines essences (plantes médicinales) à utilité limitée ou d'intérêt pour les villageois subsistent à ce désastre. Il s'agit par exemple de Adansonia digitata (zouzountin) et de Maytenius sénégalensis (djado). Hormis cette végétation naturelle, on y retrouve des plantations d'Anacardium occidentalis (cajoutin), de Eleais guinensis (détin), de Azadiracta indica (kininitin), de Tectona grandis (tèkitin).

Cette végétation présente encore plus d'intérêt pour les populations dans la mesure où elles y pratiquent la chasse. La faune sauvage est constituée de rongeurs tels que Tryonomys swinderianus (ho), Tarcrillus gracilis (adouin), Avicanthis niloticus (gbédja), Cricetomys gambianus (atchou), Xerus erythropus (agbé). On y trouve également le Lepus crawshayi (azui), le singe (zin), quelques reptiles tels que la vipère (djakpata), le varan (vè) et le python (dangbé); et notamment des oiseaux représentés par le francolin (asso), le hibou (woutoutou), la tourterelle (wélé).

La présence d'entomofaune et de pédofaune y est très remarquée. Notons également qu'en dehors de la faune sauvage, on retrouve la faune domestique à travers l'élevage traditionnel de bovins, de caprins, d'ovins, de porcins et de volailles.

4.2. Cadre humain

4.2.1. Historique

L'histoire du village se réfère à celle de la création du hameau Dridji centre. Toutefois, chaque hameau a son histoire qui lui est propre. Nous présenterons ici l'historique des trois hameaux étudiés car elle nous permettra d'identifier les villages d'origine des habitants. Ces villages d'origine jouent un rôle très important dans le recrutement des ouvriers salariés.

+ Asségon

Sous le règne du roi Glèlè vers 1870 vivait un homme reconnu voleur par la communauté. Tellement réputé, sa tête fut mise à prix et il décida de quitter Zoungbo dans l'actuelle commune de Bohicon pour se réfugier dans une zone loin des regards inquisiteurs. Cette décision fut considérée par ses compagnons de vol comme une trahison. Ils étaient alors prêts pour le livrer où qu'il soit. Faisant fi de leurs propos, il quitta un matin accompagné de sa mère. Il s'installa à un endroit désert et prit le nom de Assé qui veut dire chat.

Une fois à cet endroit Assé fait la remarque que les terres sont fertiles. Il fait venir après la première récolte deux de ses meilleurs amis, l'un de Avogbanan et l'autre de Gnidjazoun (commune de Bohicon). Assé, Baloulo et Houéha avaient chacun sa cour. Cependant, c'était sans compter avec la détermination des anciens compagnons de Assé. Ne pouvant pas le livrer, ils pillaient plutôt ses champs. Les trois amis consultèrent alors le fâ3 sur la conduite à tenir. L'oracle révéla qu'au lieu de vivre séparément chacun dans sa cour, ils doivent plutôt rester dans la même concession. Baloulo et Houéha regagnèrent la cour de Assé. Cet endroit prit le nom de Asségon qui veut dire chez Assé.

Assé mourut 5 ans plus tard. N'ayant pas de descendants, aujourd'hui seuls les descendants de Baloulo et de Houéha résident à Asségon. Le chef hameau actuel est le petit fils de Baloulo.

+ Kindogon

Au moment des guerres tribales vers 1890, le roi Béhanzin allait faire ses rites d'avant les assauts à un emplacement situé dans l'actuel hameau de Kindogon. A cet endroit se trouve un serpent fétiche. Le serpent était gardé par un membre de la suite du roi, le nommé Kadjakoudjo originaire de Fonkpamè (commune de Djidja). Chaque fois que le roi devrait aller sur un champ de bataille, il se rendait chez le serpent et prononçait comme dernières formules incantatoires la phrase ci-après: ?n'gni don houn ka kpodo go kpo bi ni sè hlo? qui veut dire « si je vais là bas que tout ce qui bouge et tout ce qui ne bouge pas me suivent sans riposter ». De cette phrase est issu le premier nom Kassèhlo donné à cette vaste étendue de terres.

Vers les années 60, une partie de Kassèhlo devint Kindogon. En effet, un des descendants de Kadjakoudjo du nom de Kindo était un redoutable soldat de l'armée coloniale. Sa bravoure l'emmena en Europe pour participer à la guerre d'Algérie en 1955 au côté des Français. A son retour il devient le seul qui savait lire et écrire dans le village. Seul lettré du milieu les gens devraient se rendre chez Kindo (Kindogon) pour la confection de certains documents sous l'administration coloniale. Le hameau lui doit alors son nom. Le chef hameau actuel est le frère de Kindo.

+ Tèzounkpa

Il y a 200 ans, le hameau de Tèzounkpa a été crée par un chasseur du nom de Dègan venu de Tindji4 (commune de Za-kpota). En effet, lors de ses chasses aux gibiers il a découvert un endroit qui apparaît comme une niche de biche. Toutes les fois qu'il se rendait à la chasse à ce lieu, il ne ramenait que de la biche. C'est ainsi que pour désigner l'endroit il parlait de « Tèzoun » qui veut dire la brousse de la biche. Aussi, fait-il la remarque que les grains qu'il amenait pour se nourrir germaient une fois tombés. Il décida quelques années plus

3 Oracle que les anciens consultent pour prédire le sort.

4 En réalité le nom tindji a disparu de l'administration depuis 1978, et est devenu Adawémè. Cependant nous l'avons gardé pour être en conformité avec les populations.

tard de s'installer proche (Tèzounkpa) de cette zone pour cultiver la terre. Le chef hameau actuel est le petit fils du père fondateur.

4.2.2- Démographie et habitat

D'après le recensement général de la population et de l'habitat en 2002, le village de Dridji compte 322 ménages pour une population de 1973 habitants. On note au sein de cette communauté 210 (65,22%) ménages agricoles. L'agriculture occupe 1451 personnes soit un pourcentage de 73,54.

Le tableau n°5 montre que le sexe masculin représente 50,28% de la population totale alors que le sexe féminin n'en représente que 49,72%. Ce faible taux des femmes se justifie par le fait que très tôt, les filles sont envoyées dans les grands centres urbains pour servir de domestiques. Aussi, des cas de mariage précoce sont légion et sont à l'origine de plusieurs départs de jeunes filles.

Selon les grands groupes d'âge, on observe que les enfants de 0 à 14 ans constituent 53,98% et les adultes de 15 à 59 ans représentent 41,51%. Ces indicateurs montrent qu'il s'agit d'une population essentiellement jeune. Quant aux groupes ethniques, la population fon et apparentée (Mahi et Tchabè) représente environ 97% de la population totale. Viennent ensuite des ethnies minoritaires telles que les Adja (0,9%), les Baribas (0,6%), et les Peuhls (1,5%) (INSAE, 2002).

Tableau n°5 : Caractéristiques démographiques des habitants de Dridji

Tous ménages

Nombre de
ménages

Masculin

Féminin

Taille du
ménage

Total

Effectifs

322

992

981

6,1

1973

Ménages
agricoles

Nombre de ménages agricoles

Population

210

1451

Tranche
d'âge

Structure de la population

0-14ans

15-59ans

60 et plus

Effectifs

1065 (53,98%)

819 (41,51%)

89 (4,51%)

Source : INSAE/RGPH3, 2002

Dridji dispose des infrastructures socio-communautaires. On observe deux types d'habitats. Ceux construits en terre battue et recouverts de pailles qui sont majoritaires et ceux construits en matériaux définitifs qui sont minoritaires. La première forme de construction trouve son existence dans le fait que les habitants dans leur grande majorité considèrent les différents hameaux comme étant des fermes d'où le nom de "goho" donné à ceux-ci. Pour eux, ils sont susceptibles de se déplacer à tout moment. C'est justement pour cela qu'aucun mort n'est enterré dans les hameaux et toutes les cérémonies coutumières se déroulent dans les villages d'origine des habitants. La deuxième forme de construction se justifie par l'aisance de certaines catégories de paysans. Ce sont les producteurs dits «dokounon»5 qui disposent de ces types de construction.

5 Terme utilisé pour désigner les riches personnes dans le milieu

En plus de ces habitations, on retrouve:

- trois (03) écoles primaires dont une à Dridji centre construite en matériaux définitifs, une à Asségon et une dernière à Daanon kpota toutes deux construites en terres de barre. A Dridji centre il s'agit de six classes tandis que les deux autres disposent respectivement de trois et deux classes ;

- une (01) UVS situé à Dridji centre;

- une (01) association de services financiers financée et construite à Asségon par le PAGER; - un (01) magasin de stockage de l'UCP sis à Dridji centre;

- un (01) à deux (02) forages installés dans chaque hameau par l'UNICEF;

- une route bitumée inter-Etat permettant l'écoulement des produits agricoles vers les grands centres commerciaux.

5. ORGANISATION SOCIALE DE LA PRODUCTION

Toute production repose pour une part, sur un ensemble d'investissements du passé dont la compréhension des raisons d'être est fondamentale pour la recherche et le succès de toute innovation susceptible de les modifier (Reboul, 1989). On ne peut donc en agriculture faire table rase du passé technique qui, s'inscrit concrètement dans les moyens de production utilisés comme dans la qualification des agriculteurs ; c'est pourquoi ce chapitre sera consacré aux différentes formes d'organisations du travail dans le milieu.

5.1. Facteurs de production

L'économie paysanne repose sur trois grands facteurs de production. La terre, la maind'oeuvre et le capital. Toutefois, le management est considéré comme étant le quatrième facteur. Ces différents facteurs déterminent, chacun en ce qui le concerne, le niveau de la production en agriculture. La production serait plus grande dans les zones où il n'existe pas de contraintes en ressources productives. A Dridji, la main-d'oeuvre et le capital limitent considérablement la production agricole.

5.1.1. Capital

De nos jours, les paysans ne produisent plus pour nourrir seulement les membres de leur ménage. De plus en plus les paysans tentent de passer de l'agriculture de subsistance à l'agriculture de marché. Le besoin d'épargne de capitaux amène les paysans à produire plus. Aussi la croissance démographique galopante oblige les paysans à produire plus pour satisfaire la demande.

Selon Quenum (1986), il existe deux formes de capital utilisées dans les activités: le capital fixe et le capital circulant. Le capital fixe est constitué des outils de travail du paysan (houe, machette, panier, bassine et autres) et son moyen de déplacement (bicyclette, mobylette, moto ou autre). Le moulin et les bâtiments du paysan constituent également des capitaux fixes (Biaou, 1995). Le petit bétail et les plantations d'anacardier, de palmier à huile font également partie des capitaux fixes. Le capital circulant quant à lui concerne les intrants (semences, pesticides, etc....), les frais en numéraire payés à la main-d'oeuvre salariée.

5.1.2. Terre

La terre n'est pas un facteur de production créé par l'homme, du moins pas dans son intégralité. La terre est une donnée naturelle, qui peut constituer un bien durable, voire un bien dont la durée d'existence est illimitée. L'homme trouve un sol à sa disposition dont la fertilité, variable selon les cas lui permet de produire les vivres dont il a besoin. Une population ou une communauté a donc par suite de circonstances historiques, un territoire sur lequel, elle peut s'adonner à l'agriculture et à l'élevage (Badouin, 1975). La terre est un bien précieux pour les habitants de ce village. Elle était un bien collectif. Cependant, l'individualisme a commencé par gagner les esprits des paysans, du fait de l'effritement de la cohésion sociale. De plus en plus, on assiste au détachement précoce de certains jeunes mariés, ce qui fait qu'ils ont besoin de terres pour assumer leur indépendance.

Sur les 517,5 ha de terres cultivables disponibles pour la population enquêtée, seulement 257,99 ha sont exploitées en grande saison et 205,66 ha en petite saison des pluies pour une moyenne de terres cultivables de 5 ha/an et par ménage, toutes tendances confondues. En deuxième saison, un paysan choisit en fonction de son objectif de production les terres à exploiter. C'est ainsi qu'il peut décider de faire ses cultures sur les terres déjà cultivées en première saison ou de changer. Les ménages non producteurs de coton cultivent en moyenne 3,37 ha/an, et les ménages producteurs de coton 6,93 ha/an soit plus du double des premiers (confère tableau n°6). Cela se justifie par le fait que le coton occupe a lui seul 46,10% des terres cultivables en deuxième saison des pluies.

Tableau n°6: Valeurs questionnables de quelques caractéristiques structurelles des

ménages à Dridji

 
 
 
 
 

Ménage Age moy. Taille moy Nbre moy Nbre moy. superficie moy.

CM ménage d'actif consommateur emblavée

C/W

S/W

Producteur 44,22

Coton

Non produc- 42,49 teur coton

8,13
6,24

4,05
3,15

6,51

4,85

6,93
3,37

1,6

1,54

1,97

1,14

Source : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

A Dridji on remarque que le ratio S/W augmente des ménages producteurs de coton aux ménages non producteurs de coton. En effet, selon la théorie de Tchayanov (1990), plus le ratio C/W est grand, plus le ratio S/W est aussi grand. Ceci est bien conforme à nos résultats.

Cependant le mode d'accès à la terre varie suivant que l'on soit autochtone ou allochtone. Il va de l'héritage (55,90%) à l'achat (2,27%), en passant par le don (32,02%) et le prêt (9,81%). Le graphique n°2 présente la répartition des terres suivant le mode d'accès à la terre.

2,27%

9,81%

55,90%

Héritage Don Prêt Achat

32,02%

Graphique n°2: Les différents modes d'accès à la terre à Dridji


·:
· Héritage

L'héritage foncier est un transfert de génération en génération des terres et de leurs ressources (Biaou, 1995). L'héritage des terres suit un régime patrilinéaire et seuls les éléments de sexe masculin peuvent en bénéficier. Cependant, lorsqu'un mari s'absente pour une durée relativement longue, sa femme a le droit de travailler sur ses terres. Aussi, la femme peut elle travailler, sur les terres de ses frères dans le cas d'un héritage collectif.

Seuls les autochtones ont le droit d'hériter selon les habitudes. Cependant on a observé une famille à Asségon et une famille à Tèzounkpa qui sont allochtones, mais dont les descendants ont hérité. Un des héritiers de la famille Djetto à Asségon nous confiait ceci : Encart n°1

Mon père était resté ici et a travaillé la terre. A son décès, nous avions hérité tout simplement parce que notre grand-père avait bénéficié de la terre des mains du père fondateur. C'était un don et comme la chose donnée ne se reprend pas mon père a hérité.

Au fil des ans, ce mode d'accès à la terre ne dépendra plus de l'origine de l'occupant. L'analyse du graphique n°3 le prouve bien, car 21,74% des terres des allochtones sont acquis par héritage pour seulement 3 à 4 générations d'occupants. Au total, il ressort que 55,9% des terres cultivables sont acquis par héritage à Dridji. Seulement 5,56% des terres héritées appartiennent aux allochtones.

+ Don

Suivant que l'on soit allochtone ou autochtone le don peut prendre plusieurs aspects. Dans un premier temps, le don de terre est du ressort du Gohonon. Il est chargé d'allouer la terre aux étrangers désireux de s'installer dans le hameau. Cependant, l'octroie de terres n'est pas systématique.

43,48%

Héritage

13,04%

Don Prêt

Achat

21,74%

21,74%

Graphique n°3 : Répartition des terres des allochtones suivant le mode d'accès à la terre

Lorsqu'un nouveau venu (surtout du village d'origine des habitants du village) arrive dans le hameau, il travaille d'abord au côté d'un autochtone qui assure sa subsistance pendant un certain nombre d'années, avant de bénéficier de la terre du Gohonon. C'est là une mesure pour s'assurer de l'effectivité de l'installation de l'étranger, mais également d'apprécier son comportement social. 43,48% des terres des allochtones sont acquis par ce mode d'accès à la terre (cf. graphique n°3). Dans un second temps, la terre est octroyée à un fils par son père ou

à une femme par son mari. Dans le premier cas, il s'agit du "Gbadaglé"7 ou bien la terre est donnée par un père à son fils adulte qui s'est marié, et qui a fondé son propre ménage. Dans le second cas, lorsque c'est la femme qui bénéficie du don, c'est dans le but de faire le champ pour assurer certains de ses besoins tels que se vêtir, et prendre soins de ses enfants et ainsi contribuer à accroître le revenu du ménage.

5,97%

26,86%

Héritage Don Prêt

67,17%

Graphique n°4 : Répartition des terres des autochtones suivant le mode d'accès à la terre


·:
· Prêt

Tous les habitants de Dridji peuvent bénéficier du prêt de terre. Il est généralement gratuit car est sans contrepartie. Cependant, interdiction est faite à l'emprunteur de jouir des cultures pérennes qui sont sur la parcelle. Elle correspond à ce que Biaou (1995) appelle "rente invisible" car au lieu de permettre à l'emprunteur d'utiliser ces cultures, il les entretient plutôt pour le propriétaire terrien. Aussi, interdiction est faite à l'emprunteur de planter sur la parcelle, car pour les paysans, la mise en place des essences pérennes, confère à celui qui le fait le droit de propriété. C'est justement pour cela, que certains propriétaires terriens délimitent leur parcelle à l'aide de plants de tecks et d'anacardiers ou de palmiers à huile voire de neem.

7 Le champ destiné à certains actifs agricoles et femmes du ménage pour des travaux après ceux organisés sur la parcelle du chef de ménage

+ Achat

Autrefois la terre était un bien inaliénable, elle ne se vendait pas. Mais, de nos jours certains Gohonons qui sont garants de la tradition ont commencé à vendre d'importantes superficies à des allochtones ou pour des étrangers. C'est ainsi que 13,04% des terres des allochtones sont achetés. Il est à noter que ce mode d'accès à la terre est un fait de la pauvreté qui caractérise le village , car c'est pour des besoins financiers face à une situation difficile, que les Gohonons décident de vendre la terre.

A travers le graphique n°4, on remarque qu'aucun autochtone n'a acquis des terres par ce mode d'accès à la terre. Aujourd'hui seulement 41 ha de terres sont achetés. Un hectare coûte environ cent cinquante milles (150.000) francs CFA. Le prix de la parcelle varie suivant la proximité ou non de la route inter Etat et va de 100.000 à 200.000 FCFA (Adjahossou et al., 2004). Ainsi, plus chères sont les terres de Kindogon par rapport à celles d'Asségon, qui à leur tour sont plus chères que celles de Tèzounkpa.

5.1.3. Travail

L'histoire de la main-d'oeuvre agricole est en relation avec la création des hameaux. A l'arrivée des pères fondateurs respectifs des différents hameaux, la culture céréalière était pratiquée. Comme il est présenté dans le sous titre précédent 5.1.2, la superficie disponible était largement au-dessus des capacités des habitants. Chacun à son niveau cultivait selon ses capacités physiques. « Le nombre de bouches à nourrir était tellement faible que seule la main-d'oeuvre familiale suffisait », nous confiait le Gohonon.

Avec la colonisation, les habitants étaient contraints, d'envoyer le 1/3 de leur récolte au chef canton installé à Abomey. De ce fait, il fallait accroître la production pour satisfaire aux exigences des colons, mais également aux besoins de la famille. C'est ainsi que les paysans développaient une stratégie d'entraide appelée « so », pour pouvoir emblaver une grande superficie. C'était là une forme de solidarité et de communion. De plus en plus, les récoltes devenaient assez importantes. Alors, l'utilisation trop forte de la main-d'oeuvre familiale amenait les chefs ménages à emblaver une grande superficie. Cependant, à la récolte des difficultés subsistent. Vint alors l'idée de retourner aux villages d'origine pour chercher

des ouvriers. Exceptionnellement, c'étaient les femmes qui servaient d'ouvriers agricoles « joko ». De toute évidence, cela engendrait des problèmes conjugaux. Alors, il était interdit aux hommes de courtiser la femme d'autrui venue pour la récolte.

Il y a 40 ans, l'introduction de la culture du coton et avec la croissance sans cesse du nombre de bouches à nourrir, et le désir ardent des paysans d'emblaver assez de superficies, le recrutement des bras valides pour les travaux lourds était devenu inéluctable. Le nombre d'ouvriers augmentait donc de jour en jour jusqu'à la chute de la culture du coton, il y a 15 ans. Toutefois dans tous les ménages étudiés, le travail agricole mobilise l'ensemble du ménage, aussi ont-ils recours à la force de travail externe (entraide et salariat) pour faire face aux exigences des différentes cultures, mais également pour respecter le calendrier cultural.

5.2. Modes de production

5.2.1. Calendrier agricole

Il est le reflet des caractéristiques culturales du milieu. Il indique les différentes opérations culturales en fonction des périodes de l'année, et suivant chaque spéculation. (cf. tableau n°7).

De l'analyse de ce tableau, il ressort que le défrichement commence le mois de février et prend fin en mars, lors de la première saison des pluies. Rares sont les paysans qui font le défrichement en deuxième saison.

Le labour commence avec les premières pluies, aussi bien en grande qu'en petite saison pour toutes les cultures. Pour le coton, le labour se déroule vers début juin et peut durer un (01) mois, selon les exigences de la spéculation. La question du semis à bonne date oblige. A cette opération est généralement associé, le semis surtout lorsque les paysans sont confrontés à la contrainte temps. Le semis bénéficie du plus grand soin car de la levée des plants, dépend le rendement de la production.

Les différentes cultures bénéficient d'un seul sarclage sauf le maïs et le coton, car ces deux spéculations sont très sensibles à la compétition des adventices. Ces deux cultures bénéficient également d'engrais chimiques. Le NPK pour le maïs, et le NPK et l'urée pour le coton. Toutefois, certaines cultures maraîchères bénéficient également d'engrais chimiques.

Lorsqu'on parle de démariage, dans bien des cas, il s'agit d'une activité destinée au coton et qui se déroule seulement 3 jours après la levée. Le buttage est effectué pour les cultures à cycle long, telles que le coton et le manioc.

Pour lutter contre les parasites, le traitement phytosanitaire est appliqué au coton et au niébé. La pulvérisation a lieu 5 fois pour le niébé. La première s'effectue 1mois après le semis. Les autres traitements se font ensuite toutes les semaines (4 fois). Les PCS sont appliqués sur le coton 6 fois durant son cycle de vie. Le premier traitement a lieu dans ce cas 1 mois 15 après semis, et les autres applications tous les 15 jours suivants (5 fois).

La récolte a lieu trois (03) mois après semis du maïs et de l'arachide pour ce qui est des variétés cultivées dans le milieu. Elle se fait deux (02) mois après semis du niébé et parfois un (01) mois et demi (1/2) en petite saison des pluies pour la variété "Kplobè". Celle du coton commence 4 mois après semis tandis que le manioc est récolté 12 mois après. Le soja est semé en petite saison des pluies et dure 4 mois.

A la lecture du tableau, on se rend compte qu'il n'y a pas une démarcation entre la grande saison des pluies et la petite saison pluvieuse. Il y a chevauchement de plusieurs activités dans un même mois. Ce sont les mois de pointe. On peut citer parmi ceux-ci, les mois de juin et de juillet dans la mesure où s'y déroulent les récoltes de la première saison, et les travaux de préparation de sol pour la 2e saison pluvieuse avec un cachet particulier pour la culture du coton.

5.2.2. Outils de production et pratiques culturales

Les outils de production sont essentiellement de type traditionnel. Ce sont en grande partie les houes (en moyenne 4,3 houes/ménage). On retrouve également les coupe-coupe (1,69 coupe-coupe/ménage), les faux (1,27faux/ménage) et les haches (0,33 haches/ménage) ainsi que des pulvérisateurs (0,31 pulvérisateurs/ménage). Les pulvérisateurs sont traditionnels et parfois modernes.

Les paysans préfèrent les successions culturales pour bénéficier des arrières effets de certaines cultures. C'est ainsi qu'après le niébé, ils font sur la même parcelle soit le coton, le

maïs ou soit le soja. Après le coton, ils font le maïs et après l'arachide le maïs est cultivé. Le soja est cultivé après le maïs. Le soja, le niébé et l'arachide sont considérés par les paysans comme étant des fertilisants.

L'association culturale est pratiquée dans le but de minimiser les besoins en main- d'oeuvre. C'est ainsi que le manioc est associé au maïs, ou à l'arachide ; l'arachide au maïs; et une variété de niébé (Kplobè) au maïs compte tenu de la courte durée du cycle (45 jours) de cette variété de niébé.

5.3. Production

5.3.1. Agriculture

Elle est la principale activité des habitants de Dridji, et occupe 87,78% de la population enquêtée et constitue une activité secondaire pour 12,22%. Cela dénote de l'importance de cette activité dans le milieu rural.

Le maïs (zea mays) est la principale spéculation produite par les ménages. Elle est cultivée dans tous les ménages enquêtés. Le maïs constitue l'aliment de base des populations. Elle est cultivée aussi bien en première saison des pluies qu'en deuxième saison des pluies. L'année dernière, cette spéculation a occupé 37,27% des terres cultivables en grande saison des pluies et seulement 5,43%en petite saison des pluies. Ce faible taux de culture en petite saison s'explique par l'engouement des producteurs pour la culture du coton et du niébé. Aussi, le retard dans l'installation des pluies en deuxième saison en est la cause car le maïs est une culture exigeante en eau.

La deuxième spéculation après le maïs est le coton (Gossypium hirsutum). C'est la principale culture de rente. Elle est pratiquée par 50% des ménages et a occupé une superficie de 94,8 ha la campagne dernière et représente 18,32% des terres cultivables. Cette culture bénéficie de l'appui technique du CeRPA. Cependant, les problèmes que connaît la filière sur le plan national amènent les producteurs à laisser cette culture au profit du soja. Selon les paysans la caution solidaire est pour beaucoup dans cette chute du coton.

Le niébé (Vigna unguiculata) est la troisième spéculation cultivée dans ce milieu. Elle a occupé 16,21% des terres cultivables et est cultivée dans 74,44% des ménages. Compte tenu

des difficultés de conservation, le niébé est vite vendu. Toutefois, certains paysans grâce aux PCS du coton arrivent à le conserver pour la vente en période de soudure.

La deuxième culture de rente pratiquée est l'arachide (Arachis hypogea). En 2004- 2005 elle a été pratiquée par 52,22% des ménages enquêtés. Sa culture représente 12,84% des terres cultivables.

Le soja (Glycine max) prend de plus en plus d'ampleur compte tenu du faible taux d'attaques des ravageurs selon les paysans. Elle est une nouvelle culture introduite dans le milieu par le CeRPA. Elle a occupé 2,15% des terres cultivables et est cultivée dans 16,66% des ménages. La durée du cycle courte (4 mois) par rapport au coton est également un atout surtout qu'il peut générer des ressources allant jusqu'à 310 FCFA le Kg en période de soudure.

D'autres cultures, à savoir le manioc et les cultures maraîchères sont également pratiquées dans le milieu. La vente des produits agricoles est la principale source de revenu des ménages. Cette vente se déroule, aussi bien au champ, qu'à la maison et aux marchés environnants (Dan, Bohicon, Abomey...).

Le prix de vente des produits varie suivant la saison mais également, suivant que les produits soient envoyés dans les marchés ou qu'ils soient vendus à la maison. C'est ainsi que certains produits comme les racines de manioc sont vendus la plupart du temps au champ. Le manioc est vendu au marché sous la forme transformée (gari). Aussi, certaines cultures céréalières (maïs) sont-elles vendues au champ, dans des cas de besoins urgents de liquidité. Tableau n° 8: Prix de vente des produits agricoles suivant les saisons

Spéculations

Grande saison

Petite saison

Période de soudure

 

Pluvieuse (FCFA/Kg)

pluvieuse (FCFA/Kg)

(FCFA/Kg)

Maïs

120

100

250

Niébé

180

160

200

Arachide

200

180

250

Coton

-

185

 

Soja

175

225

310

Source : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

5.3.2. Elevage

La vente des produits de l'élevage constitue également une forme très importante de mobilisation du capital. Cette activité se pratique secondairement et mobilise 35,55% de la population enquêtée. Il s'agit de l'élevage traditionnel très extensif.

L'élevage des volailles occupe une place de choix parmi les animaux destinés à cette activité. En effet, la volaille constitue l'animal type pour les sacrifices, les fêtes, les cérémonies et l'accueil d'étrangers importants. Le cheptel aviaire constitue également une épargne sur pied qui permet à la famille de faire face à des besoins immédiats d'argent. Cette activité contribue pour au moins 15% du revenu des ménages qui la pratiquent. Les variations de prix observées tiennent du fait que les produits d'élevage sont vendus suivant le sexe, le poids, parfois la couleur du pelage et les périodes de vente. (cf. tableau N°9).

Il y a également l'élevage des ovins, des caprins et des porcins. Ces produits sont surtout vendus au marché mais également, aux acheteurs venus directement de Bohicon, Abomey, Cotonou, etc.

Tableau n°9: Prix de vente des produits d'élevage

Type d'animaux

Mâle (FCFA)

Femelle (FCFA)

Poulets

1.100 - 2.500

600 - 1.000

Pintades

1.500 - 2.000

1.200 - 1.500

Canards

2.000 - 2.500

1.000 - 1.500

Ovins

12.000 - 20.000

12.000 - 15.000

Caprins

3.500 - 12.000

3.500 - 5.000

Porcins

7.000 - 30.000

7.000 - 20.000

Sources: Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

5.3.3. Petit commerce

Il est l'activité principale de deux (02) ménages de l'échantillon enquêté, et contribue pour 84% du revenu de ces ménages. Le commerce permet à ceux qui le pratiquent d'accroître directement leurs revenus annuels, afin de permettre une mobilisation plus facile de la maind'oeuvre salariée. Il est accessoirement pratiqué par d'autres ménages. Il s'agit de la vente des

produits de transformation agro-alimentaire, et des produits manufacturés ainsi que le pétrole lampant. Les produits de transformation sont généralement l'apanage des femmes. Les produits concernés par l'activité de transformation sont notamment le niébé, l'arachide, le manioc, le maïs et le soja. Le niébé par exemple est transformé en kowé, le maïs en akassa et aboté, le manioc en gari et tapioca, l'arachide en huile d'arachide et en kluiklui, le soja en fromage et moutarde.

Néanmoins on retrouve les hommes au niveau de certaines activités spécifiques de transformation telle que la préparation de l'alcool à partir du vin de palme.

5.3.4. Chasse

La pratique de cette activité dépend surtout de l'âge et du sexe des habitants. Elle est destinée exclusivement aux hommes et surtout aux jeunes. Elle permet de générer des réserves de capitaux (8,22%) dans la mesure où la chasse n'est pas faite pour pallier les besoins pressants d'argent. Lorsqu'il arrive qu'un paysan revienne de la chasse avec du gibier, il préfère le vendre que de le consommer. On peut citer comme gibiers, le lièvre, l'aulacode, la biche, le francolin, etc.

5.3.5. Carbonisation

Elle est à l'origine de la destruction de la végétation naturelle. Elle implique aussi bien les hommes que les femmes. Cette activité connaît un essor du fait de la facilité de fabrication du charbon et de la chute du coton. A Kassèhlo un village proche de Dridji, Floquet (1996) pense que la tendance va de l'agriculture vers la carbonisation, dans la mesure où elle contribue pour 23 à 24% du revenu des ménages. A Dridji, ce n'est pas encore le cas, car seulement 5,55% de notre échantillon s'adonnent à cette activité qui contribue pour 10% du revenu de ces ménages. Mais des voies et moyens doivent être trouvés, pour freiner le développement de cette activité ; quand on sait ses conséquences néfastes sur la biodiversité.

Comme activité pratiquée dans le village, on peut également citer : la mécanique, la menuiserie, la maçonnerie, le manoeuvrage et la conduite de taxi moto "Zémidjan"

Tableau n°10: Variation des prix du charbon par sac de 100 Kg

Lieu de vente Saison sèche (FCFA) Saison pluvieuse (FCFA)

Lieu de fabrication 600 - 800 1.000

Au bord de la route 1.000 - 1.200 1.500 - 1.800

Source: Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

5.4. Caractéristiques socio-économiques des ménages

5.4.1. Composition des ménages

En se fondant sur le critère de présence ou non des chefs de ménage, d'enfants, d'épouses ou de collatéraux, on distingue à Dridji trois (03) catégories de ménages comme l'indique le tableau suivant.

Tableau n°11 : Répartition de la population enquêtée selon les catégories de ménage.

Catégories de ménage

Effectif

%

Chef de ménage + épouse(s) + enfant(s) (Cm1)

56

62,22%

Chef de ménage + épouse(s) + enfant(s)+ collatéraux (Cm2)

21

23,33%

Chef de ménage + enfant(s) + collatéraux (Cm3)

13

14,45%

Total

90

100%

Source: Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

 
 

Il ressort de l'analyse de ce tableau que la première catégorie est majoritaire. Cette catégorie (Cm1) se compose du chef de ménage, son (ses) épouse (s), et son (ses) enfant (s). Elle est comparable à la famille nucléaire observée dans les pays développés. La deuxième catégorie (Cm2) se distingue de la première par la présence de collatéraux. Dans ce cas, les collatéraux sont surtout les ascendants. Ce fait est le reflet de la cohésion sociale, caractéristique du plateau d'Abomey. C'est ainsi qu'à un certain âge, les personnes âgées sont récupérées par leurs progénitures qui assurent leurs besoins quotidiens. Néanmoins une inquiétude subsiste. La présence de collatéraux au sein d'un ménage est-elle vraiment le signe d'une cohésion sociale? Répondre par l'affirmatif est trop osé si l'on sait que certains chefs

ménages, attirent vers eux des jeunes désoeuvrés, capables d'être utilisés comme maind'oeuvre dans leurs champs. « Pour pallier les besoins de la main-d'oeuvre, on peut faire appel à ses parents demeurés au village dans l'oisiveté» nous rétorquait un paysan. La troisième catégorie (Cm3) représente 14,45% des ménages de l'échantillon, et est composée du chef de ménage qui peut être soit un homme, soit une femme, des enfants et des collatéraux. Lorsque le chef de ménage est un homme, il est soit divorcé ou veuf. Lorsqu'il est une femme alors, elle est soit veuve ou soit son mari est absent du foyer. La présence de collatéraux dans ces types de ménage se trouve être un moyen de combler un vide créé par le départ du ou (la) conjoint(e). Le chef de ménage dans ce cas fait appel à ses frères ou soeurs ou autres parents proches, dans le but d'avoir plusieurs actifs dans le ménage.

5.4.2. Ethnie, origine des ménages

Tous les ménages enquêtés de notre échantillon sont d'origine fon. Le chef de ménage est soit autochtone ou allochtone suivant qu'il ait des relations de parentés directes avec le Gohonon6. On retrouvera donc 23 allochtones contre 67 autochtones. En se référant au graphique n°2 on remarque que, les allochtones ont tendance à avoir moins de collatéraux dans la mesure où ils disposent de peu de terres cultivables. C'est seulement des descendants d'allochtones qui ont hérité de terres (cf. 5.1.2), qui ont de collatéraux dans leur ménage. Aussi, note-t-on une forte proportion de la première catégorie chez les autochtones car à un âge avancé, plusieurs personnes préfèrent retourner dans leur village d'origine pour y passer

les vieux jours. Un paysan âgé nous faisait comprendre qu'«il est mieux de mourir chez soiqu'ailleurs».

6 Terme utilisé pour désigner le chef hameau

Effectif

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

Cm1 Cm2 Cm3

Type de ménage

Allochtone Autochtone

Graphique n° 5: Différentes catégories de ménage à Dridji suivant l'origine des chefs ménages

5.4.3. Ages et genre

Afin de mieux cerner les réalités sociologiques du milieu, le critère âge du chef de ménage a été introduit dans cette catégorisation des ménages. L'âge moyen des chefs de ménage est de 44 ans. Il y a 55,56% des chefs ménage dont l'âge est compris entre 20 et 44 ans. 34,44% des chefs de ménages ont un âge compris entre 45 et 64 ans. Enfin 10% des chefs ménage ont un âge supérieur à 64 ans. Cette dernière catégorie est faible, et traduit le comportement de migrants qui ont encore "un pied" dans leur village d'origine. Le faible taux des âgés prouve qu'il s'agit d'une société jeune.

On distingue de ce fait, trois types de ménages suivant le cycle de vie des ménages à savoir les ménages jeunes en début de cycle (20-44 ans), les ménages au milieu du cycle (45- 64 ans) et les ménages âgés en fin de cycle (> 64 ans). Cette catégorisation des ménages a été discutée à une assemblée générale avec les producteurs.

En combinant le critère âge avec les différentes catégories de ménage, le tableau n°12 montre que les ménages âgés en fin de cycle ne comportent pas la catégorie Cm3. La catégorie Cm2 se retrouve beaucoup plus dans le rang des ménages jeunes. La catégorie Cm1 se retrouve chez les ménages jeunes en début du cycle et les ménages au milieu du cycle.

Tableau n°12: Typologie des ménages enquêtés suivant l'âge des chefs de ménages

Catégories d'âge

Catégories
de ménage

Age

Total

20 - 44 ans

45 - 64 ans

> 64 ans

Effectif

%

Effectif

%

Effectif

%

Cm1

24

26,67

25

27,78

7

7,78

56

Cm2

16

17,78

3

3,33

2

2,22

21

Cm3

10

11,11

3

3,33

0

0

13

Total

50

55,56

31

34,44

9

10

90

Source : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

A Dridji, les femmes peuvent être également des chefs de ménage. Dans notre échantillon, 6,67% des ménages sont dirigés par des veuves et des femmes dont les maris sont absents du foyer. Ces femmes jouent un rôle très important dans l'utilisation de la maind'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires.

5.4.4. Religions des enquêtés

Le village de Dridji est à dominance chrétienne. En effet, 53,33% des paysans enquêtés sont chrétiens ; les animistes représentent 40% et les autres confessions religieuses 6,67% (voir Graphique n°6).

53.33
%

6.67%

Animiste Chrétien Autre

40%

Graphique n°6 : Répartition de la population enquêtée suivant la religion.

Cependant, l'appartenance a une religion varie d'un hameau à un autre. A Tèzounkpa par exemple 83,3%, de la population enquêtée sont animistes. C'est surtout à Asségon qu'il y a une forte christianisation des habitants (83,3% des ménages enquêtés). La présence d'une église catholique à Asségon en témoigne. A Kindogon cette christianisation (55,6% des enquêtés) est moindre par rapport à Asségon car les populations sont obligées de se déplacer vers Daanon kpota un hameau voisin pour se rendre à l'église. Le mouvement de christianisation a démarré vers les années 1960 et est devenu massif aujourd'hui. Une conséquence directe de cette situation est la monogamie. 66,33% des ménages sont monogames, contre 33,67% qui sont polygames. Cette monogamie tient une place de choix dans les problèmes de mobilisation de la main-d'oeuvre. La monogamie entraîne parfois des ménages d'effectifs réduits et par conséquent, un faible nombre d'actifs agricoles.

40.00%

30.00%

20.00%

90.00%

80.00%

70.00%

60.00%

50.00%

10.00%

0.00%

Animiste Chrétien Autres

Religion

Têzounkpa Asségon Kindogon

Graphique n°7 : Répartition des populations de Tèzounkpa, d'Asségon et de Kindogon suivant la religion.

5.4.5. Taille des ménages et nombre d'actifs agricoles

Dans le milieu d'étude, la taille moyenne des ménages est de 7 avec 4 actifs agricoles. Le nombre d'actifs agricoles a été déterminé grâce au tableau de conversion de Norman (voir tableau n°13).

Tableau n°13 : Equivalent-homme

 
 
 

Classe

Age

Equivalent

homme-jour

Petit enfant

Moins de 7 ans

 

0

Grand enfant

7 - 14 ans

 

0,5

Femme adulte

15 -64 ans

 

0,75

Homme adulte

15 - 64 ans

 

1

Femme adulte

65 ans et plus

0,5

 

Homme adulte

65 ans et plus

0,5

 

Source: Olagoke (1982) cité par Affomassè (1990)

Dans le cadre de notre étude, nous entendons par actif agricole l'équivalent d'un homme adulte dont l'âge est compris entre 15 et 64 ans, et qui travaille durant 6 heures de temps par jour. Le nombre d'heure de travail est déterminé en tenant compte de la variation du temps de travail dans ce milieu. Certains paysans font 4 heures de travail le matin et 3 heures le soir ; soit, au total 7 heures de temps par jour. D'autres par contre font 3 heures le matin et 2 heures le soir ; soit, 5 heures par jour. Il est alors retenu une moyenne de 6 heures de travail par jour.

Ce faible nombre d'actifs agricoles dans bien des cas agit négativement sur la production agricole. De ce fait, la relation établie entre la superficie emblavée et le nombre d'actifs agricoles par la méthode de régression simple de type Y = a + bX où Y désigne la superficie emblavée par ménage et X le nombre d'actif par ménage avec a = 0, indique bien que la superficie emblavée dépend du nombre d'actifs agricoles. Cette corrélation positive correspond à l'un des postulants de Tchayanov (Harrison, 1975). L'auteur postule que c'est la taille du ménage, c'est-à-dire le nombre d'actifs qui détermine la taille de l'exploitation (superficie emblavée par le ménage).

5.4.6. Niveau d'instruction des chefs de ménages

Le niveau d'instruction des chefs ménages est également à l'origine des problèmes de gestion de la main-d'oeuvre. Il y a un faible taux de scolarisation dans le village. 70% des ménages enquêtés sont analphabètes. Seulement 30% sont instruits en langue française avec 21,11% d'un niveau primaire et 8,89% d'un niveau secondaire. Les hameaux enquêtés n'ont pas encore accès à l'alphabétisation en langue locale initiée par le PDRT dans le village, car ces cours sont centralisés dans Dridji-centre.

6. GESTION DE LA MAIN-D'OEUVRE DANS L'EXECUTION DES OPERATIONS AGRICOLES

6.1. Différentes formes de main-d'oeuvre utilisées et types de producteurs

La main-d'oeuvre est un facteur qui engendre souvent des contraintes pour l'agriculture au niveau des paysans en milieu tropical. Cette situation s'explique par le fait qu'en Afrique subsaharienne, l'économie est de type cueillette, car rythmée par le climat. En effet, le porte feuille des activités se calque sur les opportunités qu'offrent chaque saison. On assiste de ce fait, à une concentration des opérations étant entendu que la saison ne dure pas indéfiniment. A cela, s'ajoute la faible productivité du travail parce que non spécialisé et manuel. Tout ceci, exacerbe la demande de main-d'oeuvre qui connaît des pics, mais aussi des bas.

A Dridji, pour résoudre les problèmes liés à ces contraintes, les paysans combinent plusieurs types de main-d'oeuvre : familiale, salariale et l'entraide.

6.1.1. La main d'oeuvre familiale

L'utilisation de la main-d'oeuvre familiale (MOF) dépend du type de producteur, elle est la première forme de main-d'oeuvre utilisée. A Dridji, un actif emblave en moyenne 1,56 ha/an, et ceci pendant 6 heures de travail par jour durant les activités champêtres.

Ce type de main-d'oeuvre est utilisé par tous les ménages. Cela montre l'attachement des paysans à l'activité champêtre. Ceci prouve également l'importance de l'agriculture pour la survie des populations rurales.

Aujourd'hui même ceux qui ont accumulé de la richesse et ceux qui emblavent de grandes superficies ont toujours recours à cette force de travail. Elle paraît plus efficace. Son efficacité selon les paysans tient au fait que les techniques culturales sont transmises de génération en génération. Le coût de formation de l'apprenant est nul et ce dernier contribue à l'accroissement des revenus du ménage. Il s'agit du « learning by doing ». Elle est plus disponible sauf dans les ménages où il y a beaucoup d'enfants qui vont à l'école. Cependant, ces derniers se rendent disponibles les week-end et les périodes de vacances ou de congés. Cette main-d'oeuvre n'est pas rémunérée. Aho et Kossou (1997) pensent que l'esprit de

l'entreprise agricole traditionnelle n'admet pas le gestionnaire et les membres de son ménage, comme étant des acteurs de production dont l'intervention a un prix. Le responsable du domaine familial peut ainsi payer des charges de main-d'oeuvre agricole à des personnes sollicitées sur le domaine, mais il ne peut se payer lui-même, ni rétribuer les membres de son ménage pour les services rendus à l'exploitation. C'est une manière pour les paysans d'effacer l'intérêt particulier de l'individu devant l'intérêt de la collectivité. Le seul contrat qui lie les membres du ménage au chef ménage est qu'il doit assurer leur subsistance. Ce fait est souvent à l'origine de l'exode rural et du détachement précoce des jeunes qui deviennent indépendants. Ceci entraîne donc une pénurie de main-d'oeuvre au sein des ménages.

48,89% de la population enquêtée estiment que la main-d'oeuvre familiale est dominante sur leurs exploitations, et elle constitue exclusivement la forme de main-d'oeuvre utilisée par 7,77% de la population enquêtée. 47,73% de ceux qui pensent que la maind'oeuvre familiale est dominante sur leurs exploitations, proviennent des petits producteurs, 45,45% proviennent des moyens producteurs tandis que 6,82% proviennent des gros producteurs. Ceci s'explique par le fait que les petits et les moyens producteurs disposent de peu de terres à emblaver. La quantité de main-d'oeuvre familiale disponible suffit dans une certaine mesure, pour assurer l'entièreté du travail agricole. L'utilisation de la main-d'oeuvre familiale diminue des petits producteurs aux gros producteurs.

6.1.2. L'entraide

L'utilisation de l'entraide dépend de l'âge du producteur. Elle est utilisée par 32,23% de la population enquêtée. L'entraide (E) exprime les relations de cohésion sociale qui existent entre les différents maillons d'une couche sociale. Lors de l'entraide, les paysans de façon rotatoire s'échangent la main-d'oeuvre familiale. Elle est « un échange de travail qui ne modifie pas le nombre des actifs participant à la production sur l'exploitation, même si elle peut avoir des conséquences importantes sur le fonctionnement des exploitations » (Memento, 2002). Au delà de cet échange de travail, c'est également un témoignage de solidarité vis-à-vis de son partenaire. Ce type de main-d'oeuvre présente un seul type de contrat, le respect de la parole donnée.

Quand un producteur bénéficie de la prestation de service d'un groupe donné il doit en retour travailler ultérieurement pour les autres. Cette forme de main-d'oeuvre se déroule au sein d'une catégorie d'âges de producteurs et non d'une catégorie d'âge à une autre. Et la reconnaissance de son appartenance à la communauté, à la classe de cette communauté en l'occurrence.

Tableau n°14 : Répartition des populations utilisant l'entraide en fonction du cycle de vie des ménages

Type de main 20-44ans 45-64ans > 64ans

d'oeuvre Effectif % Effectif % Effectif % Total

Entraide 20 (69,0%) 09 (31,0%) 0 (0,0%) 29

Source : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

L'analyse de ce tableau montre que les ménages âgés n'utilisent pas l'entraide. Ils l'ont certainement utilisée quand ils étaient plus jeunes. Aujourd'hui, ils ne le font plus parce qu'ils ne disposent plus assez de force pour les travaux champêtres. Cette forme d'échange de main-d'oeuvre est réservée surtout aux plus jeunes (69%), et certains ménages au milieu du cycle de vie (31%). Les personnes âgées pensent que cette forme de main-d'oeuvre est en voie de disparition, car elle source de querelles au sein des jeunes. Un échange de main-d'oeuvre d'un ménage au milieu du cycle avec un ménage jeune au début du cycle engendre, parfois des conflits. L'aîné peut donc refuser de rembourser le travail reçu au plus jeune et vis-versa. L'utilisation de l'entraide augmente des ménages âgés aux ménages plus jeunes

Lorsqu'elle est utilisée, elle n'est pas exclusive et est donc combinée soit à la main d'oeuvre familiale (5,55% de ceux qui l'utilisent), soit à la main d'oeuvre familiale et la main d'oeuvre salariée (26,68% de ceux qui l'ont adoptée) (cf. graphe n°8)

Répartition de la population suivant le
type de main d'oeuvre

26,68% 7,77%

5,55%

MOF MOF+MOS MOF+E MOF+MOS+E

60%

Graphique n°8 : Les types de main-d'oeuvre utilisée.

6.1.3. Main-d'oeuvre salariée

Elle intervient lorsque la main-d'oeuvre familiale est insuffisante (Biaou, 1995). La main-d'oeuvre salariée (MOS) constitue un casse-tête pour les populations de Dridji dans la mesure où sa mobilisation présente d'énormes contraintes liées à sa disponibilité. Elle donne lieu à un véritable réseau de négociation. Seulement 30% de cette main-d'oeuvre est locale. Elle est utilisée par 86,68% des ménages enquêtés, et représente la forme dominante de maind'oeuvre dans 51,11% des ménages. 100% des gros producteurs utilisent ce type de maind'oeuvre, 90,9% des producteurs moyens l'utilisent contre 79, 07% des petits producteurs. Ceci s'explique par le fait que les gros producteurs disposent de grandes superficies à emblaver. Aussi ont-ils déjà accumulé une certaine richesse qui leur permet d'engager facilement la main-d'oeuvre salariée. L'utilisation de la main-d'oeuvre salariée diminue des gros producteurs aux petits producteurs. Lorsqu'elle est utilisée, elle est soit combinée à la main-d'oeuvre familiale (60% de ceux qui l'utilisent), soit combinée à la main-d'oeuvre salariée et à l'entraide (26,68%) comme l'indique le graphe n°8. Son coût varie suivant les opérations culturales. Le tableau n°15 indique le coût des différentes opérations culturales par ha de terre emblavée.

Tableau n°15 : Coût des différentes opérations culturales par ha

Activités

Toutes les cultures

Coton

Toutes les cultures

Coton

Défriche-
ment

Labour

Semis

Démari
age

Sarclag
e

Epandage

Pulvé
risation

Rebu-
tage

Récolte
1 seul
passage

Récolte
double

Prix en FCFA/ha

 

16500

13500

3750

3000

8250

3750

3000

9750

12000

5000

Source : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

+ Les types d'ouvriers

La catégorisation des ouvriers est fonction du contrat qui lie l'ouvrier au producteur. On distingue deux types d'ouvriers : les occasionnels et les permanents.

1' Les occasionnels

Ils sont constitués majoritairement des ouvriers salariés locaux (30%) et d'une faible proportion (11,9%) des ouvriers salariés externes. Pour les premiers, cela se justifie par le fait qu'ils vivent dans le village. Pour les seconds, il s'agit principalement d'élèves, qui profitent des vacances pour se rendre dans d'autres contrées, pour aller chercher de quoi préparer la rentrée. Aussi trouve-t-on parmi les occasionnels, des chefs ménages des villages environnants de Dridji qui ont un besoin pressant d'argent (cas de maladie d'un proche parent, tontine à payer, dette à rembourser, etc.). Les occasionnels externes exercent ce métier pour juguler une crise financière passagère. L'agriculture n'est pas forcément la première activité de ceux-ci. On trouve parmi eux des maçons, des menuisiers, des mécaniciens qui en absence de travail se convertissent en ouvriers occasionnels. Au dire des paysans, les ouvriers salariés locaux dans le cas d'espèce, sont plus efficaces car ils ont tout le temps pour finir le travail. Par contre, les externes dans le but de gagner beaucoup d'argent en peu de temps bâclent le travail.

Les occasionnels sont rémunérés à la tâche. Le type de rémunération dans ce cas peut être en espèce (25,72% des cas rencontrés), en espèce plus nourriture (54,28% des cas), et en nature plus nourriture (20% des cas). La dernière forme de rémunération intervient pour les activités de récolte de cultures vivrières. La tradition veut que l'ouvrier qui vient travailler soit nourrit par l'employeur. C'est un signe d'hospitalité, mais également un stimulant pour l'ouvrier. La nourriture n'est pas comptabilisée dans la rémunération.

Cependant, face à la paupérisation grandissante, il y a des paysans et surtout les petits producteurs qui payent uniquement en espèce leurs ouvriers. Ce fait a des inconvénients sur la mobilisation de la main-d'oeuvre, car des ouvriers ont fait savoir que le métier ne serait plus rentable s'ils doivent sortir de l'argent de leur poche pour se nourrir au moment du travail.

1' Les permanents

Les ouvriers salariés locaux ne se retrouvent pas dans cette catégorie de main d'oeuvre. Elle est constituée uniquement d'ouvriers externes (78,10% des ouvriers externes). Le titre de permanent est fonction de la durée du séjour de l'ouvrier dans le village. Lorsque le temps est relativement court, on parlera de semi-saisonnier et lorsqu'il est long (toute la saison) on parlera de saisonnier. Les semi-saisonniers sont en très forte proposition (80%) par rapport aux saisonniers (20%). Cette faible proportion de saisonnier se justifie pour deux raisons. On n'a pas de très grandes exploitations à Dridji. Aussi, les paysans ne disposent pas de moyens pour supporter les charges (nourritures, soins sanitaires en cas de maladie...) des saisonniers qui arrivent parfois avec leur petite famille. Les permanents sont de véritables cultivateurs. Le salariat est leur principale activité (source de revenus). Ce sont surtout des agriculteurs sans terre qui se déplacent vers d'autres régions pour y travailler. Des saisonniers peuvent passer plusieurs mois dans un même village. Ce qui peut faire d'eux des allochtones quelques années plus tard. Car, ils peuvent bénéficier des terres de la part du Gohonon et y faire leur propre champ.

Les permanents sont engagés la plupart du temps par les gros producteurs. Ils sont rémunérés lorsqu'ils sont semi-saisonniers à la tâche ; rémunérés à la saison lorsqu'ils sont saisonniers. Pour les premiers, le type de rémunération est la nourriture plus logement plus espèce pendant toute la durée de leur séjour ; tandis que pour les seconds, le type de rémunération diffère du premier par la prise en charge des soins sanitaires de l'ouvrier lorsqu'il est malade. Ce comportement trouve sa justification dans les propos d'un producteur « si tu engages un ouvrier, il vit sous ton toit. Supposons un instant qu'il tombe malade et tu ne le soignes pas. S'il meurt tu seras responsable et tu iras répondre au commissariat. Tu peux t'attirer des ennuis. S'il tombe malade et tu ne le soignes pas, c'est le travail dans ton champ qui va s'arrêter, la pluie ne t'attendra certainement pas ». Ces propos témoignent non seulement, de la valeur qu'attachent les paysans à la vie humaine ; mais sur d'une politique rationnelle pour atteindre les objectifs de la campagne. C'est certainement là, une stratégie de bonne gestion de la ressource dont le paysan s'approprie les services.

Toutefois, en acceptant de loger, de nourrir, de soigner un ouvrier permanent en plus du cash qu'il reçoit, le producteur ne perçoit pas qu'il dépense plus que lorsqu'il s'agit d'un ouvrier occasionnel. C'est une preuve que les producteurs ne valorisent pas correctement les ressources productives.

+ La provenance des ouvriers

La carte n°4 présente le flux de la main-d'oeuvre extérieure. 97,65% des ouvriers salariés externes sont d'origine fon, contre 2,35% qui sont Adja. Ce taux élevé des fons se justifie pour plusieurs raisons. La majorité des ouvriers proviennent des villages d'origine des habitants de Dridji. 37,65% des ouvriers externes proviennent de Tindji (Commune de Zakpota) village d'origine des habitants de Tèzounkpa, 10,58% proviennent de Avogbanan (Commune de Bohicon), village d'origine des habitants de Asségon, 3,53% viennent de Fonkpamè (Commune de Djidja), village d'origine des habitants de Kindogon. Au total 51,76% des ouvriers enquêtés proviennent des villages d'origine des populations de Dridji. Pour les paysans, la confiance est un facteur déterminant dans le choix des ouvriers. Selon un paysan rencontré « quelqu'un que tu dois héberger pour les travaux champêtres doit être

proche de toi, si non il risque de te dévaliser la nuit et partir. Tu iras le chercher où ? ». Ce n'est pas la seule raison qui motive les paysans pour recourir aux proches parents pour les travaux agricoles. Les difficultés de recrutement de la main-d'oeuvre les y obligent également.

Autant les paysans sont à la recherche d'ouvriers salariés, autant les ouvriers sont à leur tour à la recherche des travaux agricoles. Cependant les raisons diffèrent. Si produire plus est la principale raison des chefs ménages, elle est toute autre chez les ouvriers. Le déplacement de la ville (Abomey et Bohicon par exemple) vers la campagne à cause de la pression démographique, amène les paysans à aller vers les profondeurs du pays pour servir de main-d'oeuvre. Le nombre de bouches à nourrir élevé amène d'autres à opter pour le salariat. L'insécurité foncière galopante dont sont victimes certains paysans, les oblige également à se déplacer pour servir de main-d'oeuvre ailleurs. Un ouvrier agricole nous a confié ce qui suit :

Encart n°2

Je suis arrivé de Tindji, c'est le village de ma femme. Au fait moi même je suis originaire de Mougnon (Commune de Djidja). Dans ce village, j'ai hérité des terres de mon père avec mes frères. En réalité, je suis seul enfant à ma mère, j'ai été donc lésé dans le partage des terres alors que j'ai plus de charges qu'eux tous. Ma première femme vient de Mougnon comme moi et elle m'a fait sept (07) enfants, la seconde vient de Tindji et elle en a fait six (06). Je n'arrivais plus à couvrir les besoins de mon ménage. Alors, le père de ma petite femme qui est un propriétaire terrien à Tindji m'a demandé de le rejoindre. Il m'a donné de terres que je labourais avec ma petite femme et ses enfants. J'ai dû abandonner les autres enfants avec leur mère au village. Tout allait bien jusqu'au décès de mon beau-père. Mes beaux-frères ont alors décidé de m'arracher les terres. J'ai résisté mais ils

s'organisaient pour détruire tout ce que je semais et également pour me dévaliser. Alors j'ai cédé, je me suis mis dans le salariat. Il m'est déjà arrivé d'aller jusqu'à Banikoara dans les champs de coton pour servir de main-d'oeuvre.

Ces propos prouvent bien, jusqu'à quel point les difficultés de survie, sont les raisons fondamentales du travail d'ouvrier agricole adopté par certains paysans.

Lorsque qu'il arrive que les ouvriers quittent spontanément leur village à la recherche de travaux agricoles, ils se rendent directement vers les habitants supposés être du même village d'origine qu'eux. Une fois chez les paysans, les ouvriers pourront se déplacer vers d'autres producteurs lorsque leurs parents proches n'ont pas besoin d'ouvriers pour les travaux agricoles. En agissant ainsi, l'ouvrier montre son attachement à ses frères qui ont migré. Il pourra de ce fait, négocier par exemple ces honoraires ou des emprunts qu'il remboursera plus tard.

On retiendra que la Commune de Za-kpota est la zone la plus productrice de maind'oeuvre salariée au village de Dridji (57,65%), viennent ensuite successivement Bohicon (21,58%) ; Djidja (9,71%), Abomey (5,85%) ; Klouékanmè (2,35%), Agbangnizoun (2,85%) (voir graphique n°9).

21,58%

9,71%

5,85%2,35%2,85%

Za-kpota Bohicon Djidja Abomey Klouékanmè Agbangnizoun

57,65%

Graphique n°9 : Provenance de la main d'oeuvre salariée externe

6-2 Opérations culturales et main-d'oeuvre agricole

Selon Aho et Kossou (op. cit) « les opérations les plus importantes dans la mise en culture des terres sont le défrichement, le labour, le pseudo-labour, l'ameublissement superficiel et le hersage ». A Dridji, la préparation du sol consiste à faire le défrichement et le labour. Le choix du type de main-d'oeuvre à utiliser pour une opération donnée tient compte de son expertise.

Alokpai (2002) pense que les paysans préfèrent certaines formes de main-d'oeuvre pour les opérations. Ce constat est fait également à l'analyse du tableau n°16.

Tableau n°16 : Opérations culturales et types de main-d'oeuvre utilisée

Opérations culturales

MOF

MOS

MOF+MOS

MOF+E

MOF+MOS+E

Défrichement

25,8%

6,7%

53,9%

6,7%

6,7%

Labour

12,4%

3,4%

55,1%

10,1%

19,1%

Semis

80,9%

0,0%

15,7%

1,1%

2,2%

Sarclage

41,6%

4,5%

37,1%

12,4%

4,5%

Epandage

86,2%

0,0%

3,8%

10,0%

0,0%

Pulvérisation

86,66%

13,34%

0,0%

0,0%

0,0%

Récolte

76,4%

0,0%

18,0%

4,5%

1,1%

Transport

78,0%

0,0%

17,2%

3,8%

1,0%

Source : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005.

De l'analyse du tableau, il ressort que la combinaison de la main-d'oeuvre salariée à la main-d'oeuvre familiale est plus utilisée sauf pour les opérations de semis, d'épandage, de traitement phytosanitaire, de récolte et de transport. En d'autres termes, cette combinaison est plus utilisée pour les travaux lourds.

Le ranking réalisé avec les ouvriers enquêtés pour déterminer le degré de sollicitation pour chaque opération, a montré que 24 ouvriers sur 30 placent le labour comme l'activité pour laquelle, ils sont le plus sollicités. Viennent ensuite le défrichement et le sarclage au 3è rang. Pour les producteurs, ces activités sont difficiles à réaliser et nécessitent une importante quantité de main-d'oeuvre. Quand aux ouvriers, ce sont les activités les plus rémunératrices ; c'est pourquoi ils préfèrent faire ces opérations culturales. La 4è activité pour laquelle les ouvriers sont le plus sollicités est la récolte. Les ouvriers sont moins sollicités pour le traitement phytosanitaire car pour les producteurs, de l'application correcte des produits dépend le rendement de leurs cultures ; alors qu'il se fait que les ouvriers bâclent le travail. Aussi la plupart des paysans (86,66% de notre échantillon), estiment qu'il s'agit d'une opération qui ne nécessite pas beaucoup d'efforts physiques. De ce point de vue, ils préfèrent eux-même se charger de la pulvérisation de leurs cultures. Les ouvriers sont également moins sollicités pour le démariage, le semis et l'épandage. Il s'agit des opérations légères, laissées souvent à la charge des enfants au sein des ménages. Ces résultats sont consignés dans le tableau n°17, qui présente le degré de sollicitation des 30 ouvriers enquêtés.

Tableau n°17 : Degré de sollicitation des ouvriers pour les activités culturales

Opérations
culturales
rang

Défriche
Ment

Labour

Semis

Sarclage

Déma
riage

Epan
dage

Pulvéri
sation

récolte

1er

2

24

1

2

0

0

0

1

14

2

3

5

0

0

0

6

5

0

0

16

1

1

0

6

6

0

3

5

0

1

0

11

0

0

5

2

3

2

0

6

0

3

18

0

10

13

3

0

3

1

0

0

8

6

12

0

0

0

0

0

8

7

15

0

Total

30

30

30

30

30

30

30

30

Sources : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005.

6.2.1. Défrichement

Cette opération concerne toutes les spéculations. Le choix du type de main-d'oeuvre à utiliser ne dépend pas de la culture. Selon Adégbidi (2003), le défrichement est certainement, la première activité agricole réalisée après le choix du (des) lieu (x) où devront être installées les futures cultures. Il consiste à débarrasser le champ / la parcelle (potentiel / le) de la brousse qui l'occupe, afin de le / la rendre propice à l'installation des cultures. Cette activité est réalisée avec le faux et dans certains cas avec la houe. La durée du défrichement dépend de la densité de la brousse à détruire et surtout, des essences dont elle est composée. Ainsi, plus il y a d'essences arbustives et ligneuses, plus le défrichement est difficile car il est manuel. De ce point de vue, les paysans préfèrent combiner la main-d'oeuvre salariée à la main-d'oeuvre familiale. C'est d'ailleurs la deuxième activité après le labour qui nécessite plus d'ouvriers salariés. Cependant le choix du type de main-d'oeuvre pour réaliser cette activité dépend de l'âge du producteur (cf. tableau n°18).

Tableau n°18 : Type de main-d'oeuvre utilisée par les chefs de ménage pour le défrichement

Types de main- d'oeuvre

20 - 44 ans

45 - 64 ans

> 64 ans

MOF

69,60%

30,04%

0,00%

MOS

66,70%

16,70%

16,70%

MOF+MOS

41,70%

41,70%

16,70%

MOF+E

50,00%

50,00%

0,00%

MOF+MOS+E

83,30%

16,70%

0,00%

Sources : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005.

La lecture du tableau18 montre que les ménages âgés n'utilisent pas exclusivement la main-d'oeuvre familiale pour cette opération. Lorsqu'elle est utilisée, elle est associée à la main-d'oeuvre salariée. Cela se justifie par le fait que le chef de ménage n'a plus la force nécessaire pour faire ce travail. Les ménages âgés ne disposent plus assez d'adultes dans leur ménage. Ils ont également accumulé beaucoup de richesse leur permettant d'allouer la maind'oeuvre salariée à cette opération. C'est pourquoi, l'utilisation exclusive de la main-d'oeuvre familiale est pratiquée dans les ménages jeunes.

6.2.2. Labour

Comme le défrichement, le labour est réalisé pour toutes les cultures et le type de

main-d'oeuvre utilisé pour le faire ne dépend pas de la spéculation. C'est une opération quiconsiste à l'ameublissement de la couche superficielle du sol. Elle est manuelle, et se déroule

à l'aide de la houe. Alors qu'il est conseillé par la vulgarisation, il a été prouvé depuis 1984, par des études des chercheurs de l'IITA, que le labour sur les sols tropicaux (du fait de l'émiettement de la terre qu'il provoque), favorise davantage l'érosion et contribue, de ce fait à compromettre la production. Pour réaliser cette opération, la main-d'oeuvre salariée est combinée à la main-d'oeuvre familiale comme pour le défrichement. La même remarque que la précédente est observée à savoir que les ménages âgés n'ont pas recours uniquement à la

main-d'oeuvre familiale pour exécuter cette opération. Elle est toujours associée à la maind'oeuvre salariée (cf. tableau n°19)

Tableau n°19 : Type de main d'oeuvre utilisée par les chefs de ménage pour le labour

Types de main d'oeuvre

20-44ans

45-64ans

>64ans

MOF

45,50%

54,50%

0,00%

MOS

2,10%

3,10%

11,10%

MOF+MOS

49,00%

34,70%

16,30%

MOF+E

66,70%

33,30%

0,00%

MOF+MOS+E

70,60%

29,40%

0,00%

Sources : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005.

L'entraide est également fortement sollicitée pour cette activité. Dans les ménages jeunes au début du cycle, l'entraide est combinée à la main-d'oeuvre familiale dans 66,7% des cas et combinée à la main-d'oeuvre familiale et salariée dans 70,6% des cas.

Les problèmes de recrutement de la main-d'oeuvre salariée, amènent plutôt les jeunes à s'organiser pour emblaver le maximum de superficies possibles.

6.2.3 Semis

C'est une opération délicate. Pour éviter les resemis et donc le retard dans le calendrier cultural, la décision de semer est laissée à l'appréciation du chef de ménage, quand bien même cette opération est surtout réalisée par les enfants et les femmes. Selon le type de sol (structure, texture et topographie) et la perception que le chef de ménage a de la quantité d'eau tombée, il décide de la parcelle qui sera la première à être installée. Il est courant d'observer pour un même ménage, plusieurs dates de semis pour une même culture à cause de la fluctuation de la pluviométrie. Cependant, l'opération de resemis advient en cas de défaillance au moment des semis. Le resemis est surtout pratiqué pour le maïs et le coton.

Cette opération est destinée aux actifs du ménage. La main-d'oeuvre familiale est systématiquement destinée à cette opération qui ne dépend pas des cultures. La main-d'oeuvre salariée est rarement associée à la main-d'oeuvre familiale, et n'est jamais utilisée seule dans le cadre de cette activité. Les raisons évoquées sont le soin, et la patience que nécessite l'opération. Les paysans pensent que les ouvriers dans l'optique de semer sur plusieurs billons par jour, précipitent le travail et le bâclent de fait. Il vaut mieux les associer en cas de contrainte de temps lorsqu'ils font le labour. En ce moment, ils sont surveillés et le travail est plus acceptable.

6.2.4 Epandage

La fumure minérale est systématique pour le coton et très fortement sollicitée pour le maïs. Afin d'utiliser les engrais pour le maïs, les producteurs de coton font des surplus sur les prévisions destinées au coton. L'épandage permet d'augmenter le rendement des cultures. Cependant, il n'est pas pratiqué par tous les ménages et même lorsqu'elle est faite, c'est à des degrés différents et rend compte beaucoup plus de la disponibilité financière du ménage. En matière de main-d'oeuvre agricole utilisée lors de cette activité, celle familiale est plus utilisée (100% des ménages enquêtés). Selon les paysans, elle ne nécessite pas d'assez d'effort, et lorsqu'il y a beaucoup d'enfants dans un ménage, le travail est facile. Toutefois, il n'est pas rare de voir des gros producteurs (14,42%) recrutés des élèves pour cette activité.

6.2.5. Sarclage

L'imperata est une plante qui concurrence fortement les cultures à Dridji. Les paysans sont obligés de sarcler les champs une à deux fois, selon les cultures, pour éviter des pertes de produits agricoles. Le rendement dépend fortement du sarclage ; c'est pourquoi quel que soit le type de ménage ou la catégorie de producteur, la main-d'oeuvre salariée est fortement utilisée lors de cette opération (60% des ménages enquêtés). L'entraide aussi est fortement associée à la main-d'oeuvre familiale (30,66% des ménages). Selon Adégbidi (2003), le sarclage est très important, il est comme un intrant protecteur en ce sens qu'il diminue la probabilité de rendements faibles sans accroître le rendement potentiel. En effet, Adegbidi

(1987) a observé, sur un échantillon de 30 exploitations productrices de maïs (soit environ une soixantaine de parcelles) dans le département du Mono, que le rendement n'était nullement lié au nombre de sarclages effectués sur les parcelles. Il en conclut que les paysans allouent à chaque parcelle, le nombre de sarclages nécessaires pour en tirer le maximum possible d'où la pertinence de son effet dual, qui est d'accroître le rendement brut espéré.

6.2.6. Traitement phytosanitaire

D'après Nouhohéflin (2001), pour maintenir la productivité dans les exploitations agricoles, les paysans pratiquent diverses méthodes afin d'augmenter leurs rendements. L'utilisation des pesticides chimiques de synthèse paraît être le moyen de lutte le plus efficace. Elle est vraisemblablement l'opération la plus délicate et concerne deux spéculations, le coton et le niébé. Son efficacité dépend de son application. C'est pourquoi plusieurs ménages préfèrent laisser cette opération à la charge de la main-d'oeuvre familiale. Un paysan nous a dit : « lorsque la pulvérisation est bien faite, je fais de très bonnes récoltes. Quand j'engage un ouvrier, il bâcle le travail car pour lui il n'est pas bien rémunéré. Au risque de voir mon rendement chuté, je préfère faire moi-même la pulvérisation ».

Cependant, des ménages (13,34%) ont recours à la main-d'oeuvre salariée pour cette opération. Si l'on sait les risques d'intoxication auxquels cette dernière est exposée, l'on se demande les raisons qui motivent les ménages à faire appel à la main d'oeuvre salariée (cf. chapitre 8).

Parmi ceux qui ont recours à la main d'oeuvre salariée pour la pulvérisation, se trouvent toutes les femmes de notre échantillon (6,67%) et des gros producteurs (6,67%) tandis que les autres producteurs ont recours uniquement à la main-d'oeuvre familiale. Le choix du type de main-d'oeuvre utilisé pour cette activité dépend alors du sexe et de la classe sociale du producteur.

6.2.7. La récolte

C'est l'opération qui se déroule avec le moins de contraintes. Lorsque les parcelles sont porteuses d'une bonne récolte, elle se déroule avec plus de convivialité. Les esprits sont plutôt détendus, et tout le monde dans le ménage y participe du plus petit au plus grand, et

même les parents et alliés. Lorsqu'il s'agit d'une grande exploitation, la main-d'oeuvre salariée est associée ainsi que l'entraide, surtout pour la récolte du coton. C'est ainsi que 92,86% des gros producteurs associent la main-d'oeuvre salariée à la main-d'oeuvre familiale. Tandis que les petits producteurs (46,51%) associent plus la main-d'oeuvre salariée et l'entraide à la main-d'oeuvre familiale. Lorsqu'il s'agit de la récolte des cultures vivrières, le système de partage est surtout appliqué. Le 1/7 de la production est réservé à la main-d'oeuvre extérieure (salariat).

La main-d'oeuvre familiale est fortement utilisée lors de cette opération quel que soit l'âge du chef ménage. L'opération de récolte n'est pas forcément précipitée, car on note une faible attaque des rongeurs et des oiseaux. Le vol de produit de récolte est pratiquement inexistant, et n'oblige aucunement les paysans à précipiter la récolte. Le type de maind'oeuvre utilisé dans le cas de cette activité dépend de la catégorie de producteur.

6.3. Exécution des opérations par âge et par sexe

Lorsqu'un paysan pose un acte, il y a toujours une rationalité qui soutend ce comportement. Unanimement, les producteurs de Dridji estiment que pour aller au champ et travailler, il faut avoir au moins 7 ans. Cependant, à cet âge, un enfant n'est pas encore capable de travailler comme cela se doit. Le champ à cet âge est donc facultatif. L'âge requis pour être apte aux travaux agricoles est de 15 ans selon les producteurs. De ce point de vue, dans les ménages les travaux sont répartis suivant l'âge et le sexe. Ces deux facteurs sont en rapport avec la force de travail (morphologie) de l'individu. Les tableaux n°20, n°21, n°22 et n°23 représentent, les superficies emblavées par chaque catégorie d'âge et suivant le sexe en une journée de travail. Pour calculer ces différentes superficies, des entretiens ont eu lieu avec les catégories d'acteurs concernés. Dans un premier temps, la mesure retenue était le billon puis nous avons ramené les données en ha, sachant que dans le milieu 600 billons donnent un hectare (ha).

De l'analyse de ces tableaux il ressort que les travaux lourds tels que le défrichement, le labour et le rebutage sont destinés aux adultes hommes. Néanmoins, toutes les autres catégories peuvent apporter leurs soutiens lors de l'exécution de ces tâches, pour faire avancer les travaux surtout qu'elles se déroulent de façon manuelle. On observe que le sarclage qui à

première vue est une activité masculine, est loin de l'être, car les femmes sont également sollicitées pour le faire. Elles font beaucoup plus la récolte tandis que les enfants sont plus spécialisés dans le démariage. Ils servent aussi bien lors du semis que de l'épandage.

Tableau n°20 : Superficie en ha emblavée par un garçon dont l'âge est compris entre 7 et 15 ans en une journée de travail

Opérations
culturales
Cultures

Défrich
ement

Labour

Semis

Démari-
age

Sarclage

Rebu-
tage

Epandage

Pulvéri-
sation

récolte

Maïs

0,07

0,05

0,20

-

0,5

-

0,14

-

0,08

Niébé

0,07

0,05

0,10

-

0,05

-

-

-

0,02

Coton

0,07

0,05

0,12

0,14

0,05

0,07

0,14

-

0,008

Arachide

0,07

0,05

0,08

-

0,04

-

-

-

0,04

Soja

0,07

0,05

0,10

-

0,05

-

-

-

0,02

Manioc

0,07

0,05

0,07

-

0,05

0,07

-

-

0,007

Sources : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005.

Tableau n°21: Superficie en ha emblavée par une fille dont l'âge est compris entre 7 et 15 ans en une journée de travail

Opérations
culturales
Cultures

Défrihe
ment

Labour

Semis

Démari-
age

Sarclage

Rebu-
tage

Epandage

Pulvéri-
sati on

récolte

Maïs

0,04

0,03

0,20

-

0,04

-

0,12

-

0,12

Niébé

0,04

0,03

0,13

-

0,04

-

-

-

0,03

Coton

0,04

0,03

0,12

0,14

0,04

0,04

0,12

-

0,008

Arachide

0,04

0,03

0,08

-

0,03

-

-

-

0,04

Soja

0,04

0,03

0,13

-

0,04

-

-

-

0,03

Manioc

0,04

0,03

0,04

-

0,04

0,04

-

-

0,003

Sources : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005.

Tableau n°22 : Superficie en ha emblavée par une adulte homme dont l'âge est compris entre 15-64 ans en une journée de travail

Opérations
culturales
Cultures

Défrich
ement

Labour

Semis

Démar-
rage

Sarclage

Rebu-
tage

Epandage

Pulvéri
-sation

récolte

Maïs

0,14

0,10

0,40

-

0,08

-

0,3

-

0,14

Niébé

0,14

0,10

0,23

-

0,08

-

-

2,00

0,04

Coton

0,14

0,10

0,20

0,20

0,8

0,14

0,3

2,00

0,02

Arachide

0,14

0,10

0,23

-

0,07

-

-

-

0,07

Soja

0,14

0,10

0,23

-

0,08

-

-

-

0,04

Manioc

0,14

0,10

0,20

-

0,08

0,14

-

-

0,02

Sources : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005.

Tableau n°23: Superficie en ha emblavée par une femme adulte dont l'âge est compris entre 15-64 ans en une journée de travail

Opérations
culturales
Cultures

Défrich
ement

Labour

Semis

Démari
-age

Sarclage

Rebu-
tage

Epandage

Pulvéri-
sation

récolte

Maïs

0,08

0,07

0,40

-

0,08

-

0,3

-

0,20

Niébé

0,08

0,07

0,23

-

0,08

-

-

-

0,05

Coton

0,08

0,07

0,20

0,20

0,08

0,07

0,3

-

0,02

Arachide

0,08

0,07

0,23

-

0,07

-

-

-

0,07

Soja

0,08

0,07

0,23

-

0,08

-

-

-

0,05

Manioc

0,08

0,07

0,13

-

0,08

0,07

-

-

0,008

Sources : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005.

7. STRATEGIES DE MOBILISATION DE LA MAIN-D'OEUVRE AGRICOLE ET DETERMINANTS SOCIO-ECONOMIQUES DE L'ALLOCATION DE LA MAIND'OEUVRE SALARIEE

7.1. Stratégies de mobilisation de la main-d'oeuvre agricole

7.1.1. Stratégies de type « marchand »

+ Avance sur rémunération des ouvriers agricoles avant le processus de démarrage de la saison.

Cette stratégie est surtout utilisée par les ménages âgés. Elle est développée par 11,11% de notre échantillon. Les ménages âgés représentent 80% tandis que les ménages jeunes représentent 20%. Elle se présente sous deux formes. La première est comparable à ce que Ouden (1997) assimile à l'attraction des ouvriers endettés, et la seconde consiste à l'établissement de réseaux de mobilisation des ouvriers agricoles.

Compte tenu du poids financier des ménages âgés, les ouvriers qui lors de la saison sèche ont des problèmes financiers (enfants malades, tontines non payées, décès d'un proche parent..), préfèrent se rendre vers ceux-ci pour faire des emprunts. Ainsi s'établit un accord, l'octroi de prêt par le producteur contre la force de travail de l'ouvrier au démarrage de la saison. Cette stratégie entraîne des conflits, car l'ouvrier n'honore pas toujours son engagement. Par exemple, l'ouvrier disparaît et ne vient pas à la saison pluvieuse pour faire le travail comme convenu ; ou encore l'ouvrier une fois sur les lieux de travail n'est pas motivé. Il arrive avec des membres de son ménage pour créer des dépenses supplémentaires à l'employeur, puisqu'il doit les nourrir. Ceci se justifie par le fait que l'ouvrier estime qu'il sera sur utilisé. D'abord, lors du contrat, c'est le producteur qui fixe les clauses. Pour le labour par exemple qui coûte 13.500F/ha, le producteur peut décider de donner 8.000F/ha, profitant ainsi de la situation difficile de l'ouvrier. Alors ce sentiment d'être mal payé amène certainement des conflits. La gestion des conflits est difficile, dans la mesure où la plupart du temps, ce sont les parents proches des producteurs qui contractent ces dettes. Les liens de familiarité obligent les producteurs à laisser tomber l'argent prêté. Il s'agit là, d'une stratégie qui n'avantage guère les producteurs et qui ne peut perdurer.

Selon Edja (1999), l'établissement et l'entretien des réseaux de mobilisation d'ouvriers agricoles, est une stratégie très importante ; car elle permet de rendre plus fidèles et plus disponibles les ouvriers. A l'approche d'une saison, le producteur se rend dans son village d'origine pour le recrutement des ouvriers. Des « courtiers d'ouvriers » sont connus de tous dans ces milieux, il revient donc aux courtiers, d'assurer le recrutement des ouvriers, au producteur à la saison pluvieuse.

Au total, cette stratégie est plus utilisée par les ménages âgés, car ces derniers ont plus de relation avec les parents restés au village, contrairement aux jeunes qui n'en disposent pas.

+ Contracter des prêts

Cette stratégie est développée par 46,67% des producteurs du village de Dridji. On retrouve dans cette catégorie de producteurs 36, 67% de ménages jeunes en début du cycle, et 10% de ménages au milieu du cycle. En début de cycle les ménages n'ont pas suffisamment de moyens financiers pour recruter la main-d'oeuvre salariée. Ils sont alors obligés de faire des prêts. L'objectif ici est de pouvoir recruter assez de main-d'oeuvre salariée, pour parer aussi bien à l'insuffisance de la main-d'oeuvre familiale culturale, mais également pour tenir dans le calendrier cultural.

Dans le village de Dridji existent des tontines informelles et formelles. Dans leur désir de pérenniser la solidarité qui existait entre leurs ancêtres, les paysans ont initié des tontines pour venir en aide à ceux qui parmi eux, se trouvent en difficulté. Loin de faire les tontines pour pallier aux besoins immédiats d'argent face à une situation, les paysans préfèrent investir dans le salariat, dans l'espoir d'en tirer un maximum de profit lors de la vente de produits qui en résulterait.

Aujourd'hui certains d'entre eux, s'en détournent face à l'incertitude climatique qui devient de plus en plus un frein à l'agriculture tropicale. Il n'est pas rare d'entendre les paysans dire « j'ai fait des emprunts pour le défrichement, le labour et depuis j'attends la pluie pour semer. Si la récolte n'est pas bonne, comment ferai-je pour rembourser les dettes ? ». Autant d'incertitudes qui amènent ces paysans à préférer uniquement la main-

d'oeuvre familiale (7,77%). De ce fait, ils préfèrent réduire la superficie à emblaver pour pallier à l'insuffisance de la main-d'oeuvre.

7.1.2. Stratégies de type « non marchand »

+ Polygamie

En agriculture traditionnelle, lorsqu'on parle du facteur de production travail, la main- d'oeuvre familiale est le plus important.

Le plateau d'Abomey, du point de vue historique s'est illustré, par la royauté qui le caractérise. Avoir beaucoup de femmes était signe de prestige et de puissance. On conçoit beaucoup d'enfants dans le but d'agrandir sa collectivité, mais également pour assurer la production agricole dans la mesure où, cette production devrait servir à nourrir non seulement la famille, mais aussi le roi et sa suite.

33,67% des ménages enquêtés sont polygames. Seulement 20 % des ménages enquêtés pensent qu'il s'agit d'une stratégie de mobilisation de la main-d'oeuvre. On retrouve au sein de cette catégorie les ménages âgés qui représentent 30%, les ménages au milieu du cycle qui constituent 45% et les ménages jeunes qui représentent 25%. Pour les ménages âgés et ceux du milieu du cycle, il s'agit là de l'attachement aux valeurs ancestrales. Un paysan nous a déclaré :

Encart n°3

Ma mère était la 7ème femme de mon père, et je suis le 4ème enfant de ma mère. De tous les enfants de mon père, j'ai été le seul à lui rester fidèle, c'est cela qui justifie d'ailleurs le fait que j'ai hérité plus de terre que mes frères aînés après sa mort. Aussi, très tôt je me suis occupé de mes jeunes frères et soeur, aussi bien ceux issus de ma mère que ceux issus des autres femmes de mon père. Aujourd'hui grâce à moi, ils ne sont pas des délinquants ; et si mon père n'était pas polygame ?

Voilà qui justifie bien le comportement des paysans. Dans le cas des chefs de ménage jeunes qui s'adonnent à cette stratégie, plusieurs raisons justifient ce comportement. On note

deux aspects de la question. Le premier aspect est celui développé plus haut, les jeunes veulent être à l'image de leur père. Le deuxièmement aspect est que certains jeunes sont contraints d'épouser leurs marâtres après le décès de leur père. C'est ainsi que très jeunes, des producteurs sont contraints d'avoir plusieurs femmes. Un cas très illustratif est celui d'un jeune de 33 ans à Tèzounkpa qui a 6 femmes dont 4 sont ces marâtres.

Cependant, la question de la survie de cette stratégie reste posée. Dans cette forme d'accumulation, les jeunes actifs agricoles du ménage sont assujettis. Ils sont contraints de travailler uniquement dans le champ de leur père. Un jeune rencontré lors de nos enquêtes nous a confié « mon père, il m'utilise exagérément, je n'ai droit qu'au manger alors que mes copains s'achètent des chaussures, des pantalons. Alors de temps en temps, je laisse tomber le champ de mon père à son insu pour aller faire le salariat ». Ce fait aura des inconvénients sur la production du chef de ménage.

Dans un autre registre, face à la christianisation très poussée de la région, plusieurs jeunes optent pour la monogamie en conformité avec les perceptions de leur croyance religieuse. Pour ces deniers, un enfant ne doit pas être maltraité et la vie coûte chère pour qu'on se permette d'en avoir beaucoup. La scolarisation des enfants est également un facteur qui décourage les partisans de cette stratégie.

+ Appartenir à un groupe d'entraide

Les groupes d'entraide constituent une stratégie pour le paysan de disposer d'une main-d'oeuvre importante pour l'exécution des travaux agricoles dans un délai réduit. Cette stratégie est développée par 22,22% de la population enquêtée. Elle est une forme de motivation des paysans au moment de la réalisation des travaux champêtres. Les paysans estiment que seul au champ, on est ennuyé et vite gagné par la paresse alors qu'entre copains on se dit des blagues et on ne voit pas le temps passé. Ce qui est intéressant dans cette stratégie est qu'elle oblige tous les participants à exercer la même intensité de travail.

Les résultats du sous titre 6.1.2 montrent que l'utilisation de l'entraide comme stratégie de mobilisation de main-d'oeuvre diminue des ménages jeunes aux ménages âgés. Biaou (1995) a abouti à la même conclusion dans ces études sur le plateau Adja

7.2. Stratégies de recrutement de la main-d'oeuvre salariée

Lorsqu'on parle du recrutement de la main-d'oeuvre salariée, elle intéresse aussi bien les 30% de la main-d'oeuvre salariée locale et les 70% de la main-d'oeuvre salariée extérieure. Suivant qu'il s'agisse de la main-d'oeuvre salariée locale ou qu'il s'agisse de la main-d'oeuvre salariée extérieure, le recrutement diffère.

La main-d'oeuvre salariée locale est constituée des jeunes âgés de 15 à 44 ans qui peuvent être des hommes ou des femmes. On retrouve parmi ceux-ci, les élèves, les jeunes désoeuvrés, les paysans qui ne disposent pas d'assez de terres, principalement les allochtones et essentiellement les femmes dont le niveau de vie est très faible. Le recrutement de cette main-d'oeuvre locale est parfois influencé par sa disponibilité. les élèves sont plus disponibles pendant les périodes de repos académiques. Bon nombre parmi eux, trouvent alors dans cette activité, un moyen de préparer la rentrée scolaire, mais également de s'assurer certains besoins tels que se chausser, s'habiller etc.... Quant aux jeunes désoeuvrés, ils proposent directement leur service à ceux qui en ont besoin. Cependant, cette catégorie de main-d'oeuvre locale reste très faible et est très loin de satisfaire la demande.

Dans le rang des femmes (60% de la main-d'oeuvre salariée locale), on note principalement celles dont les maris sont de petits producteurs et n'ont pas assez de terres à cultiver, mais beaucoup de bouches à nourrir. La femme doit alors contribuer à l'amélioration du revenu du ménage. Le salariat est le chemin le plus court, car il permet d'avoir de l'argent frais et parfois des vivres lorsqu'il s'agit de la récolte des cultures vivrières. Les femmes s'organisent en groupes pour proposer leurs services aux paysans qui sont capables d'honorer leurs engagements. Il y a plus de cohésion dans cette couche sociale que les autres. Ensemble elles sont plus fortes. L'exécution des travaux en groupes est une manière pour les femmes de se raconter des histoires, de partager les difficultés des uns et des autres dans leur foyer

respectif. Toutefois, le travail peut se faire individuellement lorsque le travail à abattre ne nécessite pas beaucoup de personnes.

Le recrutement de la main-d'oeuvre salariée extérieure est plus complexe et est fonction du dynamisme de chaque exploitant. Quatre moyens sont utilisés pour le recrutement des ouvriers externes.

Premièrement, les liens de familiarité sont mis à contribution. A l'approche de la saison pluvieuse, les paysans se rendent dans leur village d'origine. Ils contactent leurs parents restés sur place qui se chargent dès les premières pluies, de leur convoyer des ouvriers connus pour leur sérieux et leur ardeur au travail .Les ménages en fin de cycle sont beaucoup plus spécialisés dans cette forme de recrutement, car ils ont plus de relation avec les parents restés au village.

Le deuxième moyen c'est l'attraction des ouvriers endettés. Ces ouvriers demeurés au village sont des paysans presque sans terre. Dans une étude similaire réalisée sur le plateau Adja, den Ouden (1997) pense que ces paysans ne sont plus capables d'organiser le travail agricole de groupe, ni de former des associations que ce soit entre frères ou sur une autre base. Finalement, ils sont désoeuvrés et s'endettent auprès des gros producteurs. A la saison des pluies, ils doivent rembourser leurs dettes par le salariat.

Le troisième moyen de recrutement de cette catégorie d'ouvrier, est le rapport de fidélité et de confiance qui s'établit entre ouvriers et exploitants. Les années antérieures, les ouvriers employés par un paysan, lorsqu'ils sont bien traités arrivent spontanément proposer leur service à leur employeur des années passées. Cette forme de recrutement, présente des risques aussi bien pour le recruteur que pour les recrutés. Lorsque l'employé n'arrive pas dès les premières pluies, l'employeur prend d'autres personnes et s'il vient après il perd sa place. Le recruteur quant à lui peut se dire, que le rapport de confiance qui s'est établi entre lui et son ouvrier obligerait ce dernier à revenir la saison suivante, alors qu'il peut arriver que celuici ait des problèmes ou trouve mieux ailleurs, et ne se présente plus. Dans le cas d'espèce, le paysan est en retard sur le calendrier cultural.

Une quatrième forme de recrutement de main-d'oeuvre salariée externe non moins importante, est celle qui se déroule surtout pendant les périodes de pointe. Plusieurs ouvriers venus du Sud du plateau d'Abomey préfèrent continuer leur chemin vers les collines, car selon eux, il y a de grandes exploitations dans ces zones. Alokpaï (2002) pense qu'il s'agit d'une zone de fortes contraintes de main-d'oeuvre. Le travail y est difficile, mais payant (cf. tableau n°24). Les ouvriers préfèrent faire la route et aller travailler dans ces exploitations, que de rester dans les petits villages où les gros producteurs se comptent du bout des doigts. En période de pointe, les paysans qui sont dans le besoin viennent rester au bord de la route inter Etat pour supplier les ouvriers passant, de venir travailler dans leurs champs. Cette forme de recrutement rend le travail salarié cher, car la plupart du temps, c'est les ouvriers qui fixent les termes du contrat.

Tableau n°24 : Coût des différentes opérations culturales par ha dans la sous préfecture de

Glazoué

Activités

Toutes les cultures

Coton

Toutes les cultures

Coton

Défriche
-
ment

Labour

Semi
s

Démar
iage

Sarcla
ge

Epanda
ge

Pulvé
risation

Rebu-
tage

Récolte
1seul
coup

Récolt
e
double

Prix en

FCFA/ha

18000

18000

6000

3000

10800

6000

1500

15000

30000

6000

Source : Alokpaï (2002)

7.3. Déterminants socio-économiques de l'allocation de la main-d'oeuvre salariée.

7.3.1. Acteurs impliqués dans le processus d'allocation de la main-d'oeuvre salariée

Le processus d'allocation de la main-d'oeuvre est un processus très complexe, qui implique les différents niveaux de production au sein du ménage. Il va du chef de ménage, aux parents en passant par l'épouse ou les épouses du chef de ménage, et les actifs agricoles.

+ Niveau chef de ménage

C'est le centre de toutes les décisions prises dans le ménage. 82,22% des chefs de ménage enquêtés affirment qu'il leur revient de prendre les décisions concernant l'allocation des ressources. La décision de recruter des ouvriers agricoles est laissée à la charge du chef de

ménage. Le champ du chef de ménage est le champ collectif où tous les autres membres du ménage doivent travailler. Certains paysans pensent qu'ils sont les plus expérimentés, et donc toutes les décisions concernant l'organisation du travail au champ doivent émaner de leur responsabilité. Il décide de ceux qui doivent aller au champ et de quels travaux doivent être effectués.

+ Niveau des épouses

Selon Fanou et al. (2005), les femmes sont plus impliquées dans le choix des cultures et des superficies à emblaver. Dans notre échantillon, seulement 14,44% des chefs de ménage affirment qu'ils consultent leurs femmes pour ce qui est du choix des ouvriers. Elles interviennent moins dans l'allocation des ressources. Ceci se justifie surtout par le fait qu'elles ne disposent pas de pouvoir financier. Lorsque la femme n'est pas consultée lors du choix de l'ouvrier, elle est tout de même informée de son arrivée, car elle est par excellence le centre d'accueil des étrangers. Elle est chargée en ce qui la concerne de prendre les dispositions nécessaires pour que l'ouvrier qui arrive se trouve dans les meilleures conditions de travail, afin qu'il puisse fournir le maximum d'efforts au champ. La production en dépend. Dans le cas d'ouvriers permanents, elle doit s'assurer du logement. Quel que soit le type d'ouvrier, elle doit garantir sa nourriture et donc forcément, la quantité de nourriture à préparer par repas augmente. C'est le centre de prise en charge des ouvriers. Elle se fait aider par ses filles. Elle va donc au champ après avoir fini les travaux domestiques, et remplace le chef de ménage à son absence.

+ Niveau actif agricole

Les actifs agricoles ne sont pas impliqués dans la prise de décision de l'allocation de la main-d'oeuvre. De plus en plus, les enfants se scolarisent surtout à Asségon et Kindogon. A Asségon et Kindogon, il y a en moyenne deux enfants scolarisés par ménage. Leur place se trouve plus à l'école qu'à la maison. Toutefois, ils interviennent indirectement dans le processus. Pour ceux qui doivent aller au champ, ils y vont avec les ouvriers recrutés, bien qu'étant travailleurs eux aussi, ils jouent également le rôle de surveillants des ouvriers. Ils

doivent rendre compte de l'évolution du travail à leur père parfois occupé à d'autres tâches. Cependant, la décision de révoquer tel ou tel ouvrier n'est pas à leur charge, cela relève des compétences du chef de ménage.

+ Niveau collatéraux ou parents indirectement rattachés au ménage

3,34% associent leurs parents proches dans le processus du choix des ouvriers. Ils interviennent surtout dans les ménages (Cm2). Le recours à un plus expérimenté notamment le père du chef de ménage n'est pas interdit. C'est une manière de témoigner son attachement au respect de la tradition. Ce dernier intervient pour indiquer à son fils, les villages les plus appropriés au recrutement d'ouvriers. Pour Fanou et al. (2005), cette intervention de la vieille génération est justifiée par l'inexpérience de certains chefs de ménage. Le recours aux parents tient compte des rapports que ces derniers avaient lorsqu'ils étaient en activité avec les habitants de ces villages.

Ils se référèrent également aux "courtiers" d'ouvriers. Leur rôle est d'identifier et de proposer des ouvriers aux chefs de ménage. Les frais de transport sont remboursés à ceux-ci, plus quelques verres de "sodabi"9. Ils n'influencent pas vraisemblablement, l'effectif des ouvriers à recruter, ni le type de contrat qui doit lier l'ouvrier et le chef de ménage.

7.3.2. Facteurs influençant l'allocation de la main-d'oeuvre salariée

+ Spéculation

Dans l'optique de voir si l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée est conditionnée par la culture cotonnière, l'hypothèse selon laquelle les producteurs de coton utilisent plus de main-d'oeuvre salariée que les non producteurs de coton a été testée. Pour tester cette hypothèse, le calcul de la quantité de main-d'oeuvre (Homme-jour) engagée par chaque groupe de producteurs était nécessaire. Ce calcul a été fait à l'aide du tableau de conversion de Norman en équivalent-homme des temps de travaux (voir tableau n°25).

Tableau n°25 : Equivalent-homme des temps de travaux

Opérations culturales

Hommes

Femmes

Enfants Hommes et Femmes

 

(15 - 64 ans)

(15 - 64 ans)

(7 - 15 ans)

65 ans

Préparation de la terre

1

0,75

0,5

0,5

Semis

1

1

1

0,5

Sarclage

1

0,75

0,5

0,5

Récolte

1

1

0,5

0,5

Source : Coefficient de Norman à nos observations de terrain juillet - septembre 2005

Le calcul des superficies emblavées pour les différents groupes montre qu'il y a une grande différence entre les superficies emblavées par les producteurs de coton (312,18ha) et les non producteurs de coton (151,47ha). Ceci nous a conduit à ramener la quantité de maind'oeuvre salariée utilisée par chaque producteur à la superficie qu'il a emblavée. Pour ce faire nous avons retenu la formule suivante :

qi

sc + sac

qi = la quantité de main-d'oeuvre salariée exprimée en homme-jour.

sc = la superficie (ha) emblavée pour la culture de coton.

sac = la superficie (ha) emblavée pour les autres cultures.

Le test t de Student réalisé pour comparer les moyennes au niveau des deux groupes présentent les résultats du tableau ci-après.

Tableau n°26 : Résultats du test t de Student

Moyenne différence ddl t (Student)

(homme-jour) moyenne

Producteurs de coton 26,77 (#177; 30,92)

5,52 44 1,197 (ns)

Non producteurs de coton 21,25 (#177;26,44)

Source : Données de l'enquête de terrain juillet - septembre 2005 ( ) = écart type ns = n'est pas significatif

9 Boisson obtenue à partir de la distillation du vin de palme

De l'analyse de ces résultats, il ressort qu'il n'y a pas une différence significative entre la quantité de main-d'oeuvre salariée utilisée par les producteurs de coton et les non producteurs de coton.

Ce constat est le fait de plusieurs raisons. Les ménages producteurs de coton disposent plus d'actifs agricoles dans leur ménage (cf. tableau n°13). Ceci est confirmé par l'analyse de variance réalisée (ANOVA) pour comparer le nombre d'actifs entre les catégories de producteurs.

Tableau n°27 : Résultats du test ANOVA

Nombre moyen ddl F (Fisher)

d'actif

Cotonculteurs 4,08 (#177; 3,15)

1 3,945**

Non cotonculteurs 3,15 (#177; 1,49)

Source : Données de l'enquête de terrain juillet - septembre 2005 ( ) = écart type

** = significatif au seuil de 5%

Aussi, le ratio S/W des producteurs de coton est-il supérieur (cf. tableau n°13) à celui des non producteurs de coton. Cela voudrait dire que les actifs des ménages producteurs de coton travaillent plus que ceux des ménages qui ne cultivent pas le coton.

De plus en plus, les paysans non producteurs de coton se retournent vers la culture du soja. Le prix parfois élevé (cf. tableau n°10) du produit et sa courte durée de cycle production (3,5mois) par rapport au coton (4 mois) encouragent certains producteurs à adopter cette culture. Les paysans considèrent le soja comme étant un fertilisant, il faut alors bénéficier de ses arrières effets pour un bon rendement des autres cultures surtout vivrières. Ils pensent aussi que ses feuilles constituent un bon fourrage pour les animaux. Or, il est établi par Bonnefond et al. (1984), puis Napporn (1991) cités par Aho et Kossou (1997) que le soja nécessite la même quantité de main-d'oeuvre que le coton de la préparation du sol jusqu'à la

récolte. Ceci justifie également le fait que la différence de moyenne entre les quantités de main-d'oeuvre salariée utilisées par les deux groupes ne soit pas significative.

Le choix de l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée, pour les travaux dépend d'un certain nombre de facteurs qui ne sont pas liés à la culture du coton. Une estimation de la fonction de production pourrait bien lever l'équivoque.

+ Statut socio-économique du ménage

Comprendre les facteurs qui interviennent dans l'allocation de la main-d'oeuvre salariée pour lever ses contraintes est nécessaire. Connaître ces facteurs permettra aux chercheurs de comprendre les relations entre ouvriers et producteurs.

En effet, Houngbo (1996) pense que la quantité de main-d'oeuvre investie sur une parcelle par un ménage dépend entre autre facteur : la taille du ménage, le nombre de personnes travaillant réellement, le temps de travail de chaque membre sur la parcelle, la capacité physique (état de santé) de chaque membre, l'existence et la disponibilité des activités agricoles. Pour Biaou (1995), l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée est liée à deux facteurs : la disponibilité financière et l'existence d'une contrainte de main-d'oeuvre due surtout à l'allocation de la main-d'oeuvre pour d'autres activités peut-être plus rémunératrices (activités extra-agricoles et para-agricoles).

Pour mettre en exergue ces facteurs, l'hypothèse testée est la suivante: la quantité de main-d'oeuvre salariée investie sur une parcelle est positivement influencée par le statut socioéconomique du ménage. Le statut socio-économique du ménage est identifié par rapport à un certain nombre de facteurs propres au producteur, liés à la parcelle et liés à la main-d'oeuvre salariée. L'analyse de régression est utilisée pour tester l'hypothèse.

1' Modèle théorique

Dans la formulation du modèle d'analyse, les variables retenues pour chaque groupe de facteurs sont les suivantes :

- les facteurs propres au producteur : sexe, âge, niveau d'instruction, taille du ménage, principale activité du chef de ménage, revenu du ménage, l'origine et le hameau ;

- les facteurs liés à la parcelle : superficie totale emblavée ;

- les facteurs liés à la main-d'oeuvre salariée : disponibilité ou non de la main-d'oeuvre salariée.

Le modèle théorique est le suivant :

Y =F (SEX, AGE, ORIG, NINTRU, TAILM, PRIACTIV, REV, SEBLA, DISMOS, HAM)

Y : est la quantité de main-d'oeuvre salariée investie sur un champ par un paysan. C'est une variable continue exprimée en homme-jour.

SEX : elle est mesurée au niveau binaire et se rapporte au sexe du chef de ménage. Elle prend la valeur 0 si c'est une femme et 1 si c'est un homme.

AGE : elle est ordinale et se rapporte à l'âge du chef de ménage. Elle prend la valeur 0 si l'âge est compris entre 20 et 44 ans, 1 si 45 à 64 ans et 2 si supérieur à 64 ans.

HAM : c'est une variable ordinale qui désigne le hameau. Elle prend la valeur 0 si c'est Tèzounkpa, 1 si c'est Asségon et 2 si c'est Kindogon.

ORIG : elle indique les relations de parenté qui lient le chef de ménage et le gohonon. L'autochtone sera dans ce cas celui qui a le même ancêtre (père fondateur du hameau) que le gohonon. Tous les autres seront considérés comme des allochtones. Elle est une variable binaire et prend la valeur 0 si c'est un allochtone et 1 si c'est un autochtone.

NINTRU : c'est le niveau d'instruction du chef de ménage. C'est une variable mesurée au niveau ordinal. Elle prend la valeur 0 si le chef de ménage est analphabète, 1 s'il est instruit jusqu'à un niveau primaire et 2 s'il est instruit jusqu'à un niveau secondaire.

TAILM : c'est la taille du ménage. Elle est continue.

REV : cette variable continue qui indique le revenu annuel du ménage. Il est exprimé en francs CFA.

SEBLA : c'est la superficie totale emblavée par un ménage. C'est une variable continue exprimée en ha.

DISMOS : c'est la disponibilité de la main-d'oeuvre salariée. C'est une variable ordinale qui prend la valeur 0 si non disponible, 1 si moins disponible et 2 si plus disponible.

PRIACTIV : elle désigne la principale activité du ménage. C'est une variable binaire. Elle prend la valeur 0 si c'est l'agriculture et 1 si c'est une autre activité.

Deux formes fonctionnelles ont été estimées. Celle dite semi-log et celle dite double log de Cobb-Douglas.

- Forme semi-log :

Y = áo + á1 SEX + á2AGE + á3ORIG + á4NINTRU + á5 lnTAILM + á6PRIACTIV + á7 lnREV + á8 lnSEBLA + á9 DISMOS + á10 HAM + e1

- Forme double log

lnY = âo + â1 SEX + â2AGE + â3ORIG + â4NINTRU + â5 lnTAILM + â6PRIACTIV + â7 lnREV + â8 lnSEBLA + â9 DISMOS + â10 HAM + e2

Dans ces deux modèles e1 et e2 désignent les termes d'erreurs, áo et âo sont les termes constants et ái et âi sont les paramètres de régression à estimer.

Selon Cobb-Douglas, les âi peuvent être interprétés comme les élasticités du produit par rapport aux facteurs correspondants. L'estimation des paramètres ái et âi est faite par la méthode de « stepwise ». Seules les variables significatives à au moins 5% qui sont retenues dans le modèle.

v' Résultats empiriques

Le test de signification des deux modèles prouve que ceux-ci sont globalement significatifs et ceci au seuil de 1 %. Toutefois les résultats économétriques montrent que le coefficient de détermination ajusté (R2 ajusté) est de 45,95% pour le modèle semi-log et 62,21% pour le modèle double log. Dans le premier modèle, les 45, 95% de la variation de la main-d'oeuvre salariée sont expliqués par les variables explicatives incluses dans le modèle tandis que 62,21% des variables de la quantité de main-d'oeuvre salariée sont imputables aux variables explicatives dans le modèle de Double log. Pour ce faire, nous préférons utiliser la forme log-log pour faire nos analyses. Le modèle obtenu est présenté dans le tableau n°28.

Tableau n°28 : Résultats de la régression multiple

Variable dépen- Variables explicatives

dante SEX AGE NINTRU HAM lnREV lnTAILM lnSEBLA C R2 F

Y -0,939 0,998 0,342 0,360 0,314 0,283 0,849 4,25 62,21% 11,38*

(-2,20)** (2,79)* (1,99)* (2,22)* (1,99)** (-1,20)ns (3,71) ** (2,21)**

Source : Données de l'enquête de terrain juillet - septembre 2005

( ) = statistique de t

(ns) = n'est pas significatif

* = significatif au seuil de 1%

** = significatif au seuil de 5%

Au total, l'origine, la principale activité du ménage, la taille du ménage, la disponibilité de la main-d'oeuvre salariée n'influencent guère l'allocation de la main-d'oeuvre salariée.

Le sexe, l'âge, le niveau d'instruction du chef de ménage ainsi que le revenu, la superficie emblavée et le hameau du ménage sont les facteurs qui déterminent à des degrés donnés l'allocation de la main-d'oeuvre salariée.

7.3.3. Analyse des facteurs qui influencent l'allocation de la main-d'oeuvre salariée

En réalité les ménages jeunes en début du cycle ont plus besoin de main-d'oeuvre salariée que les ménages au milieu du cycle, qui à leur tour en ont plus besoin que les ménages en fin de cycle. On l'attribue au fait qu'en début du cycle, les ménages disposent de peu d'actifs pour emblaver une grande superficie en absence de contrainte de terres. En effet, Tchayanov (1990) stipule qu'au début de leur cycle de vie, les ménages s'alourdissent de plus en plus de membres incapables de travailler (inactifs), entraînant une croissance rapide de la proportion des consommateurs par rapport au nombre d'actifs.

Cependant le tableau n°29 montre que tous les ménages âgés utilisent la main-d'oeuvre salariée tandis que 86% des ménages jeunes l'utilisent contre 83,87% des ménages au milieu du cycle. Cela se justifie par le fait que les ménages âgés en fin de cycle ont un grand nombre de bouches à nourrir. 77,77% des ménages âgés sont des gros producteurs. L'accumulation de

richesse couplée avec ce désir de nourrir plusieurs bouches, les obligent à recruter plus de main-d'oeuvre que les ménages jeunes.

Tableau n°29 : Répartition des populations utilisant la main-d'oeuvre salariée en fonction du cycle de vie des ménages

Type de main 20 - 44 ans 45 - 64 ans > 64 ans

d'oeuvre Effectif % Effectif % Effectif % Total

Salariée 43 86% 26 83,87% 9 100% 78

Source : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

Le sexe du chef de ménage influence négativement le recours à la main-d'oeuvre salariée. Les hommes utilisent plus de main-d'oeuvre salariée que les femmes. Ces résultats sont contraires à ceux à quoi on s'attend. Mais ils se justifient par le fait que les femmes sont de petits producteurs car ne disposant pas d'assez de terres à emblaver. La main-d'oeuvre familiale disponible suffit largement pour assurer les travaux champêtres. Toutefois, elles ont recours aux ouvriers salariés pour des opérations spécifiques telles que le traitement phytosanitaire.

En milieu rural, le niveau d'instruction des producteurs est également à prendre en compte dans la levée des contraintes liées à la main-d'oeuvre. Plus le paysan est lettré, plus il rationalise l'utilisation de la main-d'oeuvre. Des paysans nous ont fait savoir que tant qu'ils ont l'argent, ils recruteront autant d'ouvriers pour les travaux.

Selon Biaou (1990) et Houngbo (1996), l'un des facteurs qui déterminent l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée est la disponibilité financière. A Dridji le pouvoir financier (revenu annuel) du ménage exprime le degré d'utilisation de la main-d'oeuvre salariée. C'est ainsi que les gros producteurs seront les plus disposés à recruter les ouvriers (cf. 6.1.3.).

A ces facteurs socio-économiques, s'ajoutent la superficie à emblaver et le lieu de résidence du ménage. Plus la superficie à emblaver est grande, plus la quantité de maind'oeuvre salariée utilisée est élevée. Ceci est le fait du niveau très faible d'actifs agricoles dans les ménages en général. Les populations de Tèzounkpa utilisent plus d'ouvriers que ceux d'Asségon qui en utilisent plus que ceux de Kindogon. Le tableau n° 30 montre qu'il y a plus de gros producteurs à Tèzounkpa qu'il y en a à Asségon et Kindogon. Aussi, Les relations qui

lient les ouvriers aux paysans influencent positivement leur utilisation. Nous avions vu que plus de la moitié des ouvriers salariés arrivent de la commune d'origine des habitants de Tèzounkpa. Viennent ensuite celle des habitants de Asségon et enfin de Kindogon. Les paysans privilégient donc les relations de fraternité dans la mobilisation de la main-d'oeuvre familiale.

Tableau n°30 : Répartition des catégories de producteurs suivant les hameaux.

Catégories de producteur

Petit producteur Effectif %

Moyen producteur Effectif %

Gros producteur Effectif %

Total

Tèzounkpa

9

10%

13

14,44%

8

8,90%

30

Asségon

21

23,33%

16

17,78%

5

5,56%

42

Kindogon

13

14,44%

4

4,44%

1

1,11%

18

Total

43

47,77%

33

36,66%

14

15,57%

90

Source : Nos enquêtes de terrain juillet - septembre 2005

8-MAIN-D'OEUVRE SALARIEE ET UTILISATION DES PESTICIDES CHIMIQUES DE SYNTHESE (PCS)

8.1. Effets des PCS sur la santé de l'utilisateur

Les produits chimiques se sont imposés aujourd'hui dans toutes les exploitations agricoles comme des auxiliaires sans lesquels certaines spéculations telles que le cotonnier ne seraient point exploitées (Aho et Kossou, 1997). Cette situation conduit parfois à l'utilisation incontrôlée des PCS. L'étude de filières des intrants agricoles au Bénin (MDR/GTZ, 2000) a montré que les risques sont élevés parce que les pesticides ne sont pas utilisés et stockés de manière sûre. L'emploi des pesticides est subordonné à une série de précautions au niveau du choix des substances actives, du stockage des produits, du mode d'application et des dispositions à prendre au cours de la pulvérisation (voir annexe). A Dridji, lors des traitements, aucune disposition n'est prise par les paysans pour suivre ces recommandations. Ils portent seulement un pantalon et une chemise manche longue. En plus de cela, d'autres se couvrent le nez. L'argument avancé est qu'ils ne disposent pas assez de moyens pour se procurer les vêtements appropriés. L'inhalation du produit, le changement de direction du vent et d'autres comportements entraînent des effets néfastes sur la santé de l'utilisateur. Lesquels comportements sont la prise de douche immédiatement après la pulvérisation et le passage de pommade sur le corps, l'absorption de l'huile rouge et accessoirement du lait. L'utilisation des emballages des produits comme ustensiles de cuisine, l'utilisation des PCS comme désinfectant des chambres et des poulaillers. Ces produits sont également utilisés pour tuer les poux des cheveux. Autant de comportements qui créent des dommages à la santé de l'utilisateur. Les effets qui sont ressentis par les producteurs suite à une pulvérisation sont immédiats ou à long terme. Ces effets sont contenus dans le tableau ci-après.

Tableau n°31 : Perception des paysans des effets induits par les PCS sur la santé humaine.

Effets immédiats Effets à long terme

Maux de tête et picotements des yeux Difficulté d'audition

Réduction de la visibilité Difficultés de respiration

Toux, rhume, difficultés respiratoires Réduction de la visibilité

Assèchement de la gorge Difficulté d'érection pendant 2 jours

Sensation de brûlure corporelle pendant 3 jours Avortement des femmes

Démangeaisons, somnolence, courbatures Impuissance sexuelle

Maux de ventre, diarrhée, vertige, vomissement

Perte momentanée de connaissance

Source : Fanou et al. (2005)

Ce sont là, autant d'effets néfastes auxquels sont exposés les utilisateurs des PCS. A Dridji, 21% des cas de manifestation des PCS sont des cas d'avortement, 34% sont des cas d'intoxications alimentaires et 45% sont des cas de malaises passagers (Dassou et al., 2004).

8.2. Connaissance de ces effets par les producteurs

Le recours à la main-d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires est influencé par la connaissance des producteurs des effets liés à l'utilisation des PCS. En général, les paysans sont conscients des dommages causés à l'homme par ces PCS. En effet, 94,4% des ménages de Kindogon ont une bonne connaissance de ces effets, 78,6% des ménages enquêtés à Asségon puis enfin 66,7% des ménages de Tèzounkpa. Ces taux sont élevés et prouvent que les paysans en général sont conscients des dangers auxquels ils s'exposent en utilisant ces produits. Bien que conscients de ces dangers ils continuent à utiliser les PCS. Cela est dû aux faibles degrés de connaissances par ces derniers des méthodes alternatives. Plusieurs autres alternatives de lutte contre les ravageurs sont introduites dans le village par le CeRPA. Il s'agit entre autres, de l'utilisation des extraits aqueux des feuilles ou graines de neem, des feuilles de papayer et des feuilles d'hyptis. Cependant, seulement 48% des ménages déclarent connaître ces alternatives. Fanou et al. (2005) pensent que pour des raisons de rentabilité, ces moyens ne sont plus utilisés. Les paysans comparent souvent l'efficacité des nouveaux moyens de lutte qui s'offrent à eux, avec

les PCS destinés au coton avant de décider de l'utilisation ou non de l'alternative. Pour eux, les PCS contrôlent mieux la population des ravageurs.

Autant cette connaissance des effets des PCS varie d'un hameau à un autre, autant elle varie avec le sexe. Des paysans qui ont une bonne connaissance de ces effets, on retrouve toutes les femmes chefs de ménage. En effet, il est admis par tous dans le milieu, que les femmes ne doivent pas utiliser les PCS car selon les paysans elles sont « morphologiquement fragiles ». Des cas d'avortement ou d'intoxication de la mère à l'enfant obligent les femmes à ne pas s'impliquer dans l'utilisation des PCS. Dassou et al. (2004) pensent que 56% des personnes victimes ont moins de 15 ans (Cf. tableau n°32).

Tableau n°32 : Cas d'intoxication dus aux PCS les cinq dernières années

 

Ahoyèmè

Asségon Atchèssingon DaanonKpota Dridjicentre

Effectifs

Kindogon

Kitigoudo Lègbaholi

Tèzounkpa

Suicide/Décès

3

0

0

0

0

0

0

0

0

Avortement

6

1

0

4

2

0

4

0

0

Intoxication alimentaire

8

3

7

12

8

5

9

0

1

Malaises passagers

12

8

4

10

12

4

10

8

8

Total

29

12

11

26

22

9

23

8

9

Source : Dassou et al. (2004)

8.3. Connaissance de ces effets par les ouvriers salariés

Plusieurs ouvriers ont une très bonne connaissance des effets liés à l'utilisation des PCS. 86,66% des ouvriers enquêtés déclarent que la manipulation des PCS est dangereuse car elle engendre les différentes maladies ci-dessus citées. Des cas d'accident sont également légion dans leur rang aussi bien sur leurs propres exploitations que lors de l'exercice de leur métier de salariés agricoles. C'est ainsi que 83,33% des ouvriers enquêtés ont affirmé avoir vu des cas d'intoxication et 50% estiment qu'ils ont été victimes eux-mêmes de ces intoxications. Malgré ces vécus de la part des ouvriers, ils continuent pour certains de faire les traitements lorsqu'ils sont sollicités. Un ouvrier occasionnel nous a confié « Un jour mon nouveau né est tombé malade. Je l'ai emmené à l'hôpital et la sage femme m'a réclamé 2000 FCFA. Je

n'avais absolument rien dans ma poche. Alors, je suis allé expliqué le cas à un voisin qui a accepté m'avancer la somme. En contre partie le lendemain, je devrais aller travailler sur son champ. A mon grand étonnement le lendemain il m'a demandé de lui faire les traitements phytosanitaires dans son champ de coton. Dans ce cas je n'ai pas le choix puisse qu'il s'agit d'une dette que je dois rembourser ». De ces propos, il ressort que le besoin pressant d'argent oblige certains ouvriers à faire n'importe quelle activité, surtout que le salariat contribue à 100% des revenus des saisonniers. Les termes de contrat non clairement élucidés en sont également une cause. Aussi, les producteurs profitent de la situation difficile des ouvriers, pour leur confier des tâches qu'ils jugent eux aussi dangereuses.

8.4. Analyse des fondements du choix des ouvriers pour les traitements phytosanitaires.

50% de ceux qui ont recours à la main-d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires sont des femmes. Ces dernières ont une bonne connaissance des effets liés à l'utilisation des PCS, et c'est pour cela qu'elles font appel aux ouvriers pour ces opérations. Plusieurs femmes nous ont déclaré ce qui suit :

Encart n°5

1- « Lorsque mon mari était vivant, il m'avait interdit de m'approcher des PCS sous prétexte que cela rend malade. Maintenant qu'il est décédé, je suis obligé de faire appel aux ouvriers pour la pulvérisation, car je n'ai pas de fils âgé pouvant la faire. »

2- « Ma soeur, il y a 5 ans, avait eu un avortement. Le médecin de Goho (Abomey) nous avait confié que c'était les PCS. Alors, j'ai pris la décision d'arrêter de faire moi-même la pulvérisation, et depuis je confie cette activité aux ouvriers salariés. »

3- « Je vendais avec la complicité de mon mari des boîtes de PCS. Mais un jour mon mari est revenu du champ avec des maux de ventre. Il venait de pulvériser le champ de coton. Il a été hospitalisé durant une semaine à l'hôpital. Nous avons dépensé énormément. Depuis ce jour, plus personne ne touche aux PCS dans notre chambre jusqu'à son départ pour la Côted'Ivoire. Je suis obligée aujourd'hui de faire appel aux ouvriers pour faire la pulvérisation»

Toutes ces déclarations montrent que les femmes sont conscientes des préjudices qu'elles créent à la santé des ouvriers. Mais une question subsiste : peuvent elles faire autrement ? A une femme de nous répondre « J'ai mon argent et si j'invite un ouvrier il lui revient d'accepter ou de refuser ». Voilà qui interpelle la responsabilité des ouvriers. Mais, ils n'ont pas le choix. C'est justement pour cela que les gros producteurs usant de leur pouvoir financier ont recours à la main-d'oeuvre salariée pour les opérations qu'ils jugent à risque. En effet les gros producteurs représentent 50% de ceux qui ont recours à la main-d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires. C'est surtout eux qui recrutent les ouvriers saisonniers, de ce fait les ouvriers font toutes les opérations qui s'offrent à eux.

Il est constaté également dans des ménages (27,77%), que ce sont les jeunes actifs agricoles qui s'occupent de la manipulation des PCS. Ce sont les ménages au milieu du cycle et en fin de cycle. La raison évoquée pour justifier de tels comportements est toute simple « Nous sommes déjà vieux et notre organisme ne supporte plus l'odeur suffocante de ces produits. Nous avions fait notre temps, c'est également l'occasion pour les jeunes de faire leur preuve ». Ceci qui nous amène à dire que les risques se transmettent de père en fils. La situation sera critique d'ici quelques années si rien n'est fait pour mettre fin à l'utilisation des produits agrochimiques, quand on sait que lors de nos enquêtes, nous avions rencontré deux chefs de ménage qui ont déjà perdu la vue suite à l'utilisation au fil des ans, des PCS selon leur propos. La catégorie des jeunes actifs agricoles doit être préservée, puisqu'elle constitue la 1ère force de travail des ménages agricoles du village de Dridji, surtout que l'OIT pense que plus de 20% de la production mondiale de produits agrochimiques est consommé dans les pays en voie de développement, lesquels produits sont à l'origine de 70% (1,1 million de la population active) des cas d'intoxication aiguë parmi la population active (OIT, 1997).

9- CONCLUSIONS ET IMPLICATIONS POUR LE DEVELOPPEMENT

Dans notre milieu d'étude, on retrouve trois catégories de producteurs : les petits producteurs, les moyens producteurs, et les gros producteurs.

Ces différentiations observées au sein des ménages jouent un rôle très important dans l'utilisation de la main-d'oeuvre. C'est ainsi que la main-d'oeuvre familiale domine sur l'exploitation des petits producteurs. L'utilisation de l'entraide diminue des ménages jeunes aux ménages âgés tandis que l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée est dominante sur les exploitations des gros producteurs.

Bien que l'utilisation de la main-d'oeuvre soit liée aux catégories de producteurs, le choix du type de main-d'oeuvre à utiliser varie suivant les opérations culturales. L'association de la main-d'oeuvre salariée à la main-d'oeuvre familiale est surtout utilisée dans le cadre des travaux lourds tels que le défrichement, le labour. Le semis, l'épandage et les traitements phytosanitaires sont des opérations assurées par la main-d'oeuvre familiale. Dans le cadre du sarclage et de la récolte, l'entraide est associée à l'utilisation de la main-d'oeuvre familiale et salariée. Ces résultats nous permettent de confirmer notre deuxième hypothèse.

Les difficultés de mobilisation de la main-d'oeuvre amènent les paysans à développer des stratégies de type "marchand" et "non marchand". Notre hypothèse selon laquelle : plus les ménages sont jeunes, plus ils développent facilement des stratégies de type "marchand" de mobilisation de la main-d'oeuvre salariée est infirmée. En effet l'accumulation de richesse des ménages âgés et les relations qui lient ces chefs de ménage à la communauté demeurée au village d'origine font d'eux, les personnes les plus aptes à recruter la main-d'oeuvre salariée.

L'hypothèse selon laquelle les producteurs de coton utilisent plus de main-d'oeuvre salariée que les non producteurs de coton n'est pas vérifiée. Cependant, l'utilisation de ce type de main-d'oeuvre dépend d'un certain nombre de facteurs relatifs au statut socioéconomique de l'exploitant. Entre autres facteurs, on peut citer : le sexe, le niveau d'instruction du chef de ménage, le revenu du ménage, la superficie emblavée par ménage et l'appartenance du ménage à un hameau donné.

Les paysans dans leur grande majorité, ont une bonne connaissance des effets dus à l'utilisation des pesticides. Afin de préserver leur organisme de ces nuisances, les femmes et

les gros producteurs ont recours aux ouvriers pour les traitements phytosanitaires. L'hypothèse selon laquelle l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée est une stratégie de transfert des risques liés aux PCS n'est pas vérifiée lorsqu'on se rapporte à l'ensemble de la population de notre échantillon.

De ce qui précède, il ressort que :

- les différentes technologies qui doivent être élaborées dans le sens de l'amélioration des techniques culturales doivent tenir compte des facteurs d'allocation de la main-d'oeuvre salariée précédemment cités ;

- l'amélioration du niveau de vie des populations rurales contribuera à lever les contraintes liées à l'emploi des facteurs de production en général, et celui de la main-d'oeuvre en particulier ;

- des actions doivent être menées pour limiter les dangers du travail agricole notamment ceux engendrés par l'utilisation des pesticides chimiques de synthèse ;

- des sensibilisations doivent être menées en direction des chefs de ménage, dans le but de préserver les actifs agricoles, car ils constituent la première forme de main-d'oeuvre utilisée sur les exploitations.

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ANNEXE 1: Questionnaire à l'endroit des ménages.

Fiche n° :

Enquêteur . Date

Commune : Djidja Village : Dridji

Hameau (HAM) :

1= Tèzounkpa, 2= Asségon ; 3= Kindogon

I- Caractéristiques du ménage

Caractéristiques

Modalités/Codes

Réponses

Nom de l'enquêté (NOM)

 
 

Sexe (SEX)

0= Féminin ; 1= Masculin

 

Age (AGE)

 
 

Ethnie (ETH)

1= Fon ; 2= Mahi ; 3= Tchabè ; 4=Peulh ; 5=Bariba ;

6= Autre (à préciser)

 

Origine (ORIGI)

0= Allochtone; 1= Autochtone

 

Religion (RELIG)

1= Animiste; 2= Chrétien 3= Musulman; 4= Autre

 

Situation matrimoniale (SMAM)

1= Marié(e) ; 2= Divorcé(e)
3= Veuf (ve) ; 4=Célibataire

 

Nombre d'épouse (NOFEM)

-

 

Nombres de personnes à charge (NOPERCH)

-

 

Niveau d'instruction (NIVINTRU)

0= Aucun ; 1= Primaire

2= Secondaire ; 3= Supérieur 4=Alphabétisé ; 5= Autre

 

Activité principale selon son importance dans le revenu (ACTIPRIN)

1= Agriculture ; 2= Elevage 3= Transformation ; 4= pêche 5= Chasse ; 6= Autre

 

Culture principale selon son importance dans le revenu (CULPRINC)

1= Maïs ; 2= Niébé ; 3= Coton 4= Arachide ; 5= Manioc

6= Autre (à préciser)

 

Connaissance des effets dus à l'utilisation des PCS (CEFPCS)

0= Aucun ; 1= Bonne ; 2= plus ou moins bonne ; 3= Mauvaise

 

Types de main d'oeuvre dominant (MODD)

1= Main d'oeuvre familiale ; 2= Main d'oeuvre salariée ; 3= Entraide ;

4= Aide ; 5= Autre (à préciser)

 

II- Composition du ménage et organisation du travail Membres du ménage et leurs activités

Catégories d'âge

Effectifs

Lien avec le Chef Ménage (LIENCM) a)

Niveau

d'instruction (NIVINTRU b)

Travaux exécutés (TRAVEX)

c)

<7 ans

 
 
 
 

7 - 14ans Garçons

 
 
 
 

7 - 14ans Filles

 
 
 
 

14 - 64 ans Homme

 
 
 
 

14 - 64 ans Femme

 
 
 
 

> 65 ans

 
 
 
 

a) 1= CM, 2= Epouse CM ; 3= Enfant CM ; 4= Frère ou soeur ; 5= Autre parent ; 6= Autres

b) 0= Aucun ; 1= Primaire ; 2= Secondaire ; 3= Supérieur ; 4=Alphabétisé ; 5= Autre

c) 0= Aucun ; 1= Défrichement ; 2= Labour;3= Semis ; 4= Sarclage ; 5= Démariage ; 6= Epandage ; 7= Traitement phytosanitaire ; 8= récolte ; 9= Transport ; 10= Tout ; 11= Autre(àpréciser)

Pourquoi une telle répartition des tâches dans le ménage ?

B Calendrier journalier (intensité de travail) (CAJOUR)

Catégories d'âge

Matin

Soir

<7 ans

 
 

7 - 14ans Garçons

 
 

7 - 14ans Filles

 
 

14 - 64 ans Homme

 
 

14 - 64 ans Femme

 
 

> 65 ans

 
 

1= Elevé ; 2= Moyen ; 3= Faible

C- Centre de décision (CENTDEC)

Qui prend les décisions au sein du ménage pour ce qui est de l'organisation du travail ?

1= Chef Ménage (CM) ; 2= Epouse CM ; 3= Enfant CM ; 4= Parent CM ; 5= CM et Epouse CM ; 6= Autre

Pourquoi ?

III- Ressources productives

A- Terre

1-Caractéristiques de la terre

(Saison 2004-2005)

Champs

Mode de faire valoir

(MODFV)

Superficie disponible (ha) (SDISPO)

Superficie emblavée (ha) (SEMBLA)

 

GS

PS

1er champ

 
 
 
 

2ème champ

 
 
 
 

3ème champ

 
 
 
 

4ème champ

 
 
 
 

5ème champ

 
 
 
 

GS= Grande Saison ; PS= Petite Saison

1= Héritage ; 2= Prêt ; 3= Don ; 4= Achat ; 5= Location ; 6= Autre( à préciser)

2-Superficie emblavée en ha par culture et par saison (2004-2005) (SECSAI)

Cultures

GS

PS

Maïs (SECSAM)

 
 

Niébé (SECSAN)

 
 

Coton (SECSAC)

 
 

Arachide (SECSAA)

 
 

Manioc (SECSAMA)

 
 

Autre (SECSAT)

Calendrier saisonnier du ménage présentant les périodes de pointe de travail (CALSAIS)

Activités

Janvier

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

Défrichement

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Labour

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Semis

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Démariage

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Sarclage

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Epandage

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Traitement phytosanitaire

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

* Cocher les activités suivant les périodes

B- La main d'oeuvre

Non

Appartenez-vous à un groupe d'entraide ? (GRENT) oui Si oui, Combien ? Pourquoi ?

1-Utilisation de la main d'oeuvre (UTILMOD)

Activités

Types de main d'oeuvre utilisés a)

Type de main d'oeuvre dominant b)

Proportion des types de main d'oeuvre

Agriculture (UTILMODA)

 
 
 

Elevage (UTILMODE)

 
 
 

Transformation (UTILMODT)

 
 
 

Pêche (UTILMODP)

 
 
 

Chasse (UTILMODC)

 
 
 

Autres (UTILMODAT)

 
 
 

1= Main d'oeuvre familiale ; 2= Main d'oeuvre salariée ; 3= Entraide ; 4= Aide ; 5= Tout ; 6= Autre (à préciser)

1= Main d'oeuvre familiale domine ; 2= Main d'oeuvre salariée domine ; 3= Entraide domine ; 4= Aide domine ; 5= Autre

2-Répartition de la main d'oeuvre par culture et par saison (RMOCSA)

Cultures

GS

PS

MOF

MOS

Entraide

Aide

MOF

MOS

Entraide

Aide

Maïs (RMOCSA)

 
 
 
 
 
 
 
 

Niébé (RMOCSA)

 
 
 
 
 
 
 
 

Coton (RMOCSA)

 
 
 
 
 
 
 
 

Arachide (RMOCSA)

 
 
 
 
 
 
 
 

Manioc (RMOCSA)

 
 
 
 
 
 
 
 

Autres (RMOCSA)

 
 
 
 
 
 
 
 

0= Inexistant ; 1= Abondant ; 2= Moyen ; 3= Faible

3-Disponibilité de la main d'oeuvre suivant les opérations culturales (DIMODOC)

Activités

MOF

MOS

Entraide

Aide

Défrichement

 
 
 
 

Labour

 
 
 
 

Semis

 
 
 
 

Démariage

 
 
 
 

Sarclage

 
 
 
 

Epandage

 
 
 
 

Traitement phytosanitaire

 
 
 
 

Récolte coton

 
 
 
 

Autre récolte

 
 
 
 

Transport

 
 
 
 

1= Grande ; 2= Moyen ; 3= Faible

4- Main d'oeuvre salariée utilisée la saison 200-2005 (MODSA)

Activités

MOS

Sexe

Classe d'âge

Défrichement

 
 
 

Labour

 
 
 

Semis

 
 
 

Démariage

 
 
 

Sarclage

 
 
 

Epandage

 
 
 

Traitement phytosanitaire

 
 
 

Récolte coton

 
 
 

Autre récolte

 
 
 

Transport

 
 
 

5- Disponibilité de la main d'oeuvre suivant les saisons (DIMODSAI

Types de main d'oeuvre

Saisons

MOF

MOS

Entraide

Aide

1ère Saison des pluies

 
 
 
 

2ème Saison des pluies

 
 
 
 

Saison sèche

 
 
 
 

0= Pas disponible ; 1= Moins disponible ; 2= Plus disponible ; 3= Rare Quelles sont les raisons qui justifient votre classement ?

6- Caractéristiques de la main d'oeuvre salariée utilisée (CAMOSA)

Provenance

a)

Classe d'âge

b)

Sexe

Type de contrat

c)

Type de rémunération

d)

Travaux
exécutés

e)

Motivations

f)

Ethnie

g)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

a) 1= Zakpota ; 2= Bohicon ; 3= Tindji ; 4= Agbangninzoun ; 5= Lissazounmè ; 6= Abomey ; 7= Ounbègamè ; 8= Dan 9= Fonkpamè ; 10= Autre (à préciser)

b) 1= <7 ans ; 2= 7-14 ans ; 3= 15-64 ans ; 4= >65 ans

1= Occasionnel rémunéré à la tâche ; 2= permanent rémunéré à la saison (saisonnier) ; 3= Permanent rémunéré à la tâche ; 4= Autre

1= En espèce + nourriture ; 2= En nature + nourriture ; 3= Nourriture + logement + espèce ; 4= Nourriture + logement + espèce + soins sanitaire ; 5= Autre ( à préciser)

e) 0= Aucun ; 1= Défrichement ; 2= Labour; 3= Semis ; 4= Sarclage ; 5= Démariage ; 6= Epandage ; 7= Traitement phytosanitaire ; 8= récolte ; 9= Transport ; 10= Tout ; 11= Autre (à préciser)

f) 1= Bonne ; 2= Plus ou moins bonne ; 3= Mauvaise

1= Fon ; 2= Mahi ; 3= Tchabè ; 4=Peulh ; 5=Bariba ; 6= Autre (à préciser)

Qu'est-ce qui vous motive dans le choix de vos manoeuvres ?

Qualité des traitements phytosanitaires réalisés par les différents types de main d'oeuvre (QATRAMO)

MOF

MOS

Entraide

Aide

Traitement phytosanitaire

1= Parfait ; 2= Bonne ; 3= Plus ou moins bonne ; 4 Bâclée

Depuis combien de temps faites-vous recours à la main d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires ?

Pourquoi faites-vous recours à la main d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires ? .

1= Eviter les risques d'intoxication ; 2= Ignore comment on fait les traitements phytosanitaires ; 3= Bonne prestation des manoeuvres ; 4= Coûte moins chère ; 5= Indisponibilité de la main d'oeuvre familiale ; 6= Autres (à préciser)

Etes-vous satisfait de leur prestation ?

0= NON ; 1= Oui

Pourquoi ?

7- Rémunération de la main d'oeuvre salariée (REMUMSA)

Activités

Superficie (1 ha)

Toutes les cultures

Coton

Toutes les cultures

Coton

Défriche- ment

Labour

Semis

Déma- riage

Sarcla- ge

Epan- dage

Pulvé- risation

Rebu- tage

Récolte Un seul coup

Récolte double

Culture à plat

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Billon

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C- Capital

Estimation du revenu de la production végétale (REVP)

 

Maïs

Niébé

Coton

Arachide

Manioc

Autre

GS

PS

GS

PS

GS

PS

GS

PS

GS

PS

GS

PS

Superficies(ha)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Quantités obtenues(kg)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Part sur 10 vendue

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Part sur 10 consommée

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Part sur 10 donnée et autre

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Prix de vente

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Part sur 10 de votre revenu annuel provenant de la production végétale Estimation du revenu des autres activités (REVAT)

Rang

1er

2ème

3ème

4ème

Nom de l'activité

 
 
 
 

Part sur 10 du revenu provenant de l'activité

 
 
 
 

1= Elevage ; 2= Pêche ; 3= Chasse ; 4= Autre Dépenses effectuées au cours de l'année 2004 (DEP)

Activités

Dépenses

Agriculture
Elevage

Transformation

Pêche

Chasse

Autre

Total

Quels sont vos équipements agricoles ?

Quelles sont les influences du déficit de la main d'oeuvre sur la production agricole ? (INFMOD)

1= Non respect du calendrier cultural ; 2= Mauvais rendement ; 3= Mauvaise production 4= Pertes de produits agricoles ; 5= Autres

Quelles sont les stratégies de mobilisation de la main d'oeuvre ? (SMOMOD)

0= Aucun ; 1= Augmenter la taille du ménage ; 2= Faire des prêts ; 3= Sur utilisation de la main d'oeuvre familiale ; 4=Recruter assez de main d'oeuvre salariée ; 5= Appartenir à plusieurs groupes d `entraide ; 6= Engager le processus de recrutement de la main d'oeuvre avant le démarrage de la saison ; 7= Association culturale ; 8= Autre( à préciser)

ANNEXE 2 : Questionnaire à l'endroit des manoeuvres.

Fiche n° :

Enquêteur . Date

Commune : Djidja Village : Dridji

Hameau (HAM) :

1= Tèzounkpa, 2= Asségon ; 3= Kindogon

I- Identité de l'enquêté

Nom de l'enquêté (NOM)

 
 

Sexe (SEX)

0= Féminin ; 1= Masculin

 

Age (AGE)

 
 

Ethnie (ETH)

1= Fon ; 2= Mahi ; 3= Tchabè ; 4=Peulh ; 5=Bariba ; 6= Autre (à préciser)

 

Provenance (PROVE)

1= Zakpota ; 2= Bohicon ; 3= Tindji ;

4= Agbangninzoun ; 5= Lissazounmè ; 6= Abomey ; 7= Ombègamè ; 8= Dan ;

9= Fonkpamè ; 10= Autre (à préciser)

 

Religion (RELIG)

1= Animiste; 2= Chrétien 3= Musulman; 4= Autre

 

Situation matrimoniale (SMAM)

1= Marié(e) ; 2= Divorcé(e)
3= Veuf (ve) ; 4=Célibataire

 

Nombre de femmes (NOMFEM)

-

 

Nombres de personnes à charges (NOMPERCH)

-

 

Niveau d'instruction (NIVINTRU)

0= Aucun ; 1= Primaire

2= Secondaire ; 3= Supérieur 4=Alphabétisé ; 5= Autre

 

Sources de revenu par ordre d'importance

 
 

Depuis combien d'années exercez-vous le travail de manoeuvre ?

Pourquoi faites-vous ce travail ?

...............................................................................................................

...............................................................................................................

...............................................................................................................

...............................................................................................................
,

Quelles sont les opérations culturales pour lesquelles vous servez d'ouvrier agricole ?

1= Défrichement ; 2= Labour; 3= Semis ; 4= Sarclage ; 5= Démariage ;

6= Epandage ; 7= Traitement phytosanitaire ; 8= récolte ; 9= Tout ; 10= Autre (à préciser)

Faites-vous les traitements phytosanitaires en tant que manoeuvre? 0= Non ; 1= Oui

Si Oui, pour quelles cultures ? Pourquoi ?

............................................................................................................... ............................................................................................................... ............................................................................................................... ............................................................................................................... ............................................................................................................... ..........................................................................................

Si Non,pourquoi ? .

...............................................................................................................
...............................................................................................................

............................................................................................................... ....................................

Que connaissez-vous des risques liés au traitement phytosanitaire ?

............................................................................................................... ............................................................................................................... ............................................................................................................... ............................................................................................................... ............................................................................................................... ............................................................................................................... ..........................................................................................

La manipulation des PCS est-elle dangereuse selon vous ? .

0= Non ; 1= OuiJustifiez-

vous

...............................................................................................................

...............................................................................................................

...............................................................................................................

............................................................................................................... ...............................................

Avez-vous reçu des cas de manifestation d'attaques (intoxication) liées aux PCS ?

0= Non ; 1= OuiSi oui, parlez-nous

en ?

...............................................................................................................

............................................................................................................... ............................................................................................................... ............................................................................................................... ............................................................................................................... ....................................................................

Rémunération de la main d'oeuvre salariée par opération et par culture (REMUMSA)

Activités

Superficie (1 ha)

Toutes les cultures

Coton

Toutes les cultures

Coton

Défriche- ment

Labou r

Semis

Déma- riage

Sarcla- ge

Epan- dage

Pulvé- risatio n

Rebu- tage

Récolte Un seul coup

Récolte double

Culture à plat

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Billon

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Classement (Ranking) selon le niveau de sollicitation pour chaque opération
culturale

 

Défrich e

Ment

1

Labou r

2

Semis

3

Sarclage

4

Déma -

Riage

5

Epan- Dage

6

Traitemen t Phyto- sanitaire

7

récolte

8

Score

Défrichement

1

 
 
 

Labour

2

 
 

Semis

3

 
 
 
 

Sarclage

4

 
 
 
 
 

Démariage

5

 
 
 
 
 
 

Epandage

6

 
 
 
 
 
 
 

Traitement phytosanitaire

7

 
 
 
 
 
 
 
 

Récolte

8

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Score

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Rang

 
 
 
 
 
 
 
 
 

ANNEXE 3 : Résultats des tests statistiques
Résultats du test t de Student

Statistiques

HJ/SUPER1 HJ/SUPER2

N Valide 45 45

Moyenne

26.7679545

21.25777778

Erreur std. de la moyenne

4.67544735

3.942877864

Médiane

 

20.145

10

Ecart-type

 

30.9234091

26.44962879

Variance

 

961.831547

699.5828631

Minimum

 

0

0

Maximum

 

161.14

102.86

Centiles

25

11.4375

4

 

50

20.145

10

 

75

31.9375

34.86

Moyenne comparées :

 

27.38795455 21.25777778

 
 

Test de student

 
 

t

ddl

 

1.19713754

44

Différence moyenne Intervalle de confiance 95% de la différence

Inférieure Supérieure

5.520154545 -3.298783645 15.55909274

Sig. 0.19677005901

(bilatérale)"S" 1176

S>0,05 donc les deux moyennes ne sont pas différentes.

Résultat de la régression simple entre le nombre d'actifs agricoles et la superficie emblavée

Corrélations

SEBLATOTO NACTIF

SEBLATOTO Corrélation de Pearson 1 0.545897547

Signification , 2.62637E-08

N 90 90

NACTIF Corrélation de Pearson 0.54589755 1

Sig. (bilatérale) 2.6264E-08 ,

N 90 90

** La corrélation est significative au niveau 0.01

C=0,546 donc relation moyenne

Signification = 0 donc existence de relation linéaire car < 0,01

Statistiques descriptives

 
 
 

Moyenne

Ecart-type

N

SEBLATOTO

5.15166667

3.9988204

90

NACTIF

3.66666667

2.50841281

90

Test d'ANOVA réalisé entre le nombre d'actifs des producteurs de coton et celui des non producteurs de coton

NACTIF

PROCOTON

Mean

N

Std. Deviation

Minimum

Maximum

.00

3.1500

45

1.49943

.75

6.75

1.00

4.1833

45

3.15166

1.00

18.50

Total

3.6667

90

2.50841

.75

18.50

ANOVA Table

 
 

Sum of
Squares

df

Mean
Square

F

Sig.

NACTIF * Between

 
 
 
 
 

PROCOTO Groups)

24.025

1

24.025

3.945

.050

N

 
 
 
 
 

Within Groups

535.975

89

6.091

 
 

Total

560.000

90

 
 
 

ANNEXE 4 : Cartes des différentes communes pourvoyeurs de main-d'oeuvre salariée externe






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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams