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Origine sociale et performances scolaires : analyse de l'influence des facteurs socio- économiques sur les résultats scolaires. Etude de cas du lycée Rialé et du collège Naaba Zoungrana de Tenkodogo

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par Delwendé Brice Rodrigue SORGHO
Université de Ouagadougou/ UFR- SH, Département de sociologie - Maitrise 2008
  

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1.4 Origine sociale comme determinant des performances scolaires

(( Les éducateurs ont mis longtemps a se rendre compte que toutes les formes de sélection en matiere d'enseignement, qui sont présumées s'intéresser aux seules capacités intellectuelles des candidats, sont en réalité en corrélation avec leur origine sociale» (Torten HUSEN 1975 : 138).

L 'institution scolaire a toujours été per9ue a la fois comme (( instance de sélection et mécanisme d'unification dans la mesure oft elle unifie en socialisant et divise en sélectionnant » Mohamed CHERKAOUI (1999 : 41). Si l 'école divise, il est alors légitime de s 'interroger sur les déterminants et les conséquences les plus importantes des mécanismes sélectifs qu 'est la réussite ou l 'échec. En effet, la communauté scientifique reste relativement unanime sur ce qu 'est la performance en tant que critére scolaire mais cette unanimité est trés loin d'être atteinte quant a ses déterminants. La question de savoir ce qui explique la réussite ou l 'échec scolaire a toujours suscité plus qu 'un débat. Pour certains auteurs, l 'origine sociale est le facteur essentiel qui explique la réussite ou l 'échec a l 'école mais pour d 'autres par contre, les facteurs scolaires ou encore les facteurs individuelles seraient les mieux indiqués pour rendre compte d 'un telle phénoméne. Bien qu 'il ait plusieurs théories explicatives des performances scolaires que CHERKAOUI classe en deux grands groupes, nous nous tablerons dans le cas spécifique de cette étude sur les facteurs liés a l 'origine sociale.

Selon Mohamed CHERKAOUI (1999), les théories explicatives de la réussite scolaire peuvent etre briévement classées en deux groupes. Les théories déterministes avec des tenants comme BERNSTEIN, BOURDIEU, HYMAN, KAHL, qui privilégient les facteurs relatifs au passé de l'individu et soulignent les différences qualitatives entre les sous-cultures de classe dans lesquelles les individus sont socialisés et les théories actionnistes ou individualistes développées par des économistes néo-classiques et certaines écoles sociologiques dont celle de BOUDON. Ces derniers s'appuient plutôt sur les variables liées a l'avenir, aux projets sociaux et scolaires ainsi qu'au pouvoir de décision rationnelle des individus. Mais s'il existe plus qu 'un débat controversé autour de ce qui pourrait expliquer mieux ou pas la réussite ou l'échec scolaire, l'origine sociale est cependant une conclusion a laquelle aboutissent la plupart des études empiriques sur les questions de réussite et d'échec scolaires. En effet, les résultats de nombreuses recherches établissent des relations entre les performances scolaires et les variables de l'origine sociale. Parmi ces recherches, on peut retenir entre autres les écrits de

sociologues, sociolinguistes et psychologues aussi bien aux Etats-Unis, en Europe qu'en Afrique et bien sir au Burkina Faso.

C'est ainsi qu'en Europe, Pierre BOURDIEU et Jean- Claude PASSERON (1964), soutiennent l'idée d'une liaison entre la culture des étudiants et leur origine sociale. Pour ces deux auteurs, le langage et la culture utilisés a l'école sont ceux de la classe dominante par conséquent, l'école n'est pas un facteur de mobilité sociale mais bien au contraire un des facteurs les plus efficaces de conservation et de reproduction sociales. Il faut noter que de telles idées doivent etre relativisées car des études ont également abouti a la conclusion selon laquelle malgré des conditions socio-économiques particuliérement difficiles, certains enfants issus de milieux défavorisés arrivent grace a l 'école a aboutir a une mobilité sociale ascendante (confére Mohamed CHERKAOUI : 1999).

De même, Alain GRAS rejoint BOURDIEU et affirme que chez l'enfant, " les variables de la réussite dans l'enseignement post primaire sont la profession de son pere, le niveau d'instruction de ses parents, l'habitat, la motivation de la famille vers les savoirs et l'instruction" (1974 : 142). Pour GRAS tout comme Sylvain COSTER et Ferdinand HOTHYAT, ces facteurs influencent sur les succes a venir autant que les dispositions intellectuelles et le caractére de l'enfant.

Mais bien avant, Alfred SAUVY (1970), avait prouvé que les enfants de classes favorisées réussissent plus a l'école que ceux issus de classes sociales défavorisées. Les conclusions de son étude sont proches de celles de Christian BAUDELOT et Roger

ESTABLET (1971).

Torten HUSSEN (1975), aprés une investigation sur la réussite scolaire a eu lui aussi a démontrer que l'intelligence ou l'aptitude telle que mesurée a l'école en terme de réussite scolaire est avant tout sociale. Ce qui est mesurée, soutient HUSSEN n'est pas héréditaire, ni l'intelligence ou l'aptitude d'un individu mais plutôt le langage ou le raisonnement verbal qui est le produit culturel des couches favorisées de la société. Par conséquent, on ne doit pas s'étonner de voir des différences de réussite scolaire entre les enfants des classes favorisées et ceux des couches sociales défavorisées.

Harold ENTWISTLE (1978), aborde également dans le meme sens. Il estime que la classe sociale est un déterminant incontestable de l'éducation car la distribution des étudiants

au niveau de l'enseignement secondaire et supérieur est corrélée avec le niveau de revenu et d 'occupations des parents. Et comme les améliorations des services sociaux pour libérer les écoles de la pauvreté n'ont pas permis d'atteindre un taux élevé d'enfants de classe défavorisée dans l'enseignement secondaire et supérieur en France, ENTWISLE pense que cela doit conduire les sociologues a examiner les relations culturelles, psychologiques et les indices économiques de classe sociale dans l'explication de la performance scolaire.

Il en va de même de certaines conclusions d'analyses en sociolinguistique scolaire. En effet, Basile BERNSTEIN (1975) fait partie des auteurs qui ont beaucoup écrit sur les rapports entre le langage parlé et écrit des différentes classes sociales et la réussite scolaire des jeunes. Ces travaux s'inscrivent dans le cadre de la dialectologie sociale (étude des dialectes d'une langue en rapport avec les sociétés qui les parlent). En effet, c 'est a partir du constat classique de l'échec scolaire des enfants de couches défavorisées, que BERNSTEIN a entrepris d'étudier les causes profondes d'un tel phénoméne. C'est ainsi qu'à la suite de ses recherches, il en est arrivé a la conclusion selon laquelle le langage agirait comme variable intermédiaire entre le milieu d'origine et les comportements scolaires des individus. Selon sa théorie, les relations de classes générent, distribuent, reproduisent et légitiment des formes distinctes de communication qui donnent lieu a des codes dominants et dominés. Les individus sont donc différemment positionnés socialement par ces codes dans le processus de leur acquisition scolaire. Car, le langage "formel" utilisé par les couches favorisées est plus élaboré que le langage, "public" des couches défavorisées et le fait qu'il soit privilégié par l'école, donne a ces enfants un avantage décisif sur le plan des apprentissages scolaires.

A l'instar de BERNSTEIN, les travaux de William LABOV (1976) s'inscrivent également dans le cadre des recherches de la dialectologie sociale qui ont cherché a expliquer les problémes linguistiques dans les ghettos noirs américains. Ainsi, les travaux de LABOV sur les stratifications sociales aux Etats Unis ont permis de montrer que les classes favorisées employaient un langage considéré comme supérieur et différent de celui des milieux défavorisés. Ce qui représente un facteur favorisant ces classes dans le processus de leur acquisition scolaire.

Les résultats de certaines études menées en Afrique corroborent également avec ceux d'Europe et d'Amérique car Rémy CLIGNET (1974) en est arrivé a ces mêmes conclusions en Cate d'Ivoire. Pour l 'auteur, il ne fait aucun doute qu 'il existe un lien entre la culture familiale

et la réussite puisque la proportion des éleves qui réussissent mieux augmente au fur et a mesure que le niveau de scolarité de leurs parents s'éleve.

Dans le contexte Burkinabé, au terme de son étude dont l'objet était d'identifié les causes des déperditions scolaires dans la ville de Ouagadougou afin de proposer quelques solutions, Alkassoum MAIGA (1990) a conclu de ses analyses que les enfants des couches sociales défavorisées (paysans, manoeuvres, artisans...) étaient les plus exposés au phénoméne de déperdition par rapport a leurs copains issus de milieux favorisés économiquement (commercants, fonctionnaires, militaires...). En effet, cela est rendu possible par le fait que les plus défavorisés soient les plus incapables a garantir a leurs enfants de bonnes conditions de travail faute de moyens économiques et matérielles. Il conclut ainsi que l'échec scolaire s'explique par les mauvaises conditions de travail et par conséquent l'origine sociale serait un déterminant des déperditions scolaires dans la mesure ou l'incapacité a supporter la scolarité de son enfant est fonction de la catégorie socio- professionnelle des parents.

Cette idée revient également chez Maxime COMPAORE (1996). Pour lui, de nos jours, la scolarisation d'un enfant nécessite un véritable engagement de sa famille a réunir les meilleures conditions de travail lui permettant de réussir. Outre la cotisation annuelle au niveau de l'APE, les familles doivent assurer l'achat des fournitures scolaires, l'habillement et la restauration des éléves. Autant de dépenses qui ne font qu 'alourdir le prix a payer pour la scolarisation des enfants. Cette situation est donc favorable aux enfants issus de familles aisées.

De même, Komla LOKPO (1999), aprés analyse des données de son étude qui a pris en compte le nombre total de redoublement des éléves pendant leur cursus scolaire, a conclu que les éléves ayant des tuteurs de classes populaires (agriculteurs, éleveurs, ouvriers...) sont les plus exposés aux échecs scolaires par rapport a ceux issus de tuteurs aisés. Pour LOKPO, le manque accru de moyens qui se traduit par l'incapacité des tuteurs de couches défavorisées a offrir a leurs filleuls de meilleures conditions d'étude justifie cette situation.

S'il est vrai que plusieurs études empiriques ont permis de mettre en relation l 'origine sociale et le rendement scolaire, peut- on pour autant nier la responsabilité de l 'école dans l 'échec ou la réussite scolaire ? En effet, a côté des facteurs liés a l 'origine sociale, certains facteurs d 'ordre scolaire et personnel peuvent influencer les résultats. Tout comme les études environnementalistes établissent un lien entre l 'origine sociale et les performances scolaires,

des études ont également constaté qu'en dépit d'une certaine mobilité sociale ascendante, certains enfants de milieux défavorisés parviennent, grace a l'école a se hisser dans l'échelle sociale. Les facteurs externes comme l'origine socio-économique restent prépondérants et l'appartenance sociale se répercute dans l'individu, notamment dans ces représentations. Simultanément, des enfants de milieux aisés pour lesquels l'école serait faite « sur mesure » échouent dans leurs études. Ce dernier constat est faite par Mohamed CHERKAOUI en ces termes : " l'influence de la classe sociale sur la réussite change de façon substantielle lorsque l'on prend en considération le type d'enseignement. De fait, on constate une réduction considérable des différences de réussite entre les classes sociales. Plus précisément, en termes de relation entre les classes, on note une détérioration relative de la réussite des enfants de cadres supérieurs-professions libérales et de petits propriétaires d'une part, une amélioration relative de la réussite des éleves issus de la classe ouvriere et de la catégorie des employés d'autre part." (1999 : 53)

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