1ère partie - Zones Economiques Speciales: une
politique
qui divise
1.1 - Un modèle venu d'ailleurs
C'est à la suite d'une visite officielle dans l'Empire
du milieu que le ministre indien du commerce prit la décision, en l'an
2000, de se lancer dans la course aux investissements en adaptant la politique
des zones économiques spéciales à son propre pays. L'Inde
n'est pas la seule a avoir embo»té le pas du géant chinois,
et à l'heure actuelle près de 3000 projets sont en cours dans
plus d'une centaine de pays, parmi lesquels le Brésil, l'Iran, le
Pakistan, la Corée, les Emirats Arabes Unis, et plusieurs pay s issus de
l'ex URSS. Le modèle est transposé, tant bien que mal, et les
bénéfices sont aléatoires. Aussi peut-on se poser la
question de l'adaptabilité d'un modèle issu d'un régime
aux méthodes et aux moyens plutôt radicaux.
Lancée par Deng Xioping au tournant des années
80, la politique des ZES conna»t très vite un succès
remarquable. Shenzhen, aujourd'hui la plus puissante ZES du monde, a
transformé un petit village de pécheurs en une mégapole de
10 millions d'habitants en seulement une vingtaine d'années.
1.1.1 - Naissance d'un succès
Pour commencer, le gouvernement central lance en 1980 cinq vastes
zones économiques
1
spéciales, que sont Shenzhen , Zhuhai, Shantou, Xiamen
et Hainan. Si la Chine fait le choix d'expérimenter ses ZES dans ces
régions, c'est avant tout du fait de leurs avantages
géographiques. Shenzhen est accollée à Hong Kong, Zhuhai
à Macao, et Xiamen fait face à l'»le de Taiwan2.
Il s'agit donc là de lieux privilégiés d'investissement
pour les chinois d'outre-mer. Les raisons sont également politiques,
puisque Deng Xioping entend se livrer à une expérience pilote en
ouvrant une fenétre sur son pays, dans le but de frayer la voie à
une réforme plus profonde et à une ouverture plus large.
1 La ZES de Shenzhen représente 396 km2 à sa
création
2 Cf. Annexes / figure 1
Les ZES chinoises se veulent être des zones
synthétiques, combinant les secteurs de l'industrie, du commerce, de
l'agriculture, de l'élevage, de l'immobilier et du tourisme (c'est le
cas de l'»le de Hainan). Elles ont été créées
de façon à absorber des capitaux étrangers gr%oce à
l'application d'une polit ique de souplesse, visant à faciliter et
à accélérer les installations.
L'objectif principal de la création des ZES vise aussi
à importer des techniques et des méthodes de gestion d'avant
garde, à créer de l'emploi, et à obtenir d'avantage de
devises pour le compte de l'Etat.
Les ZES sont la vitrine de l'ouverture de la Chine sur
l'extérieur. Elles se présentent comme un terrain d'essai pour
greffer l'économie de marché sur le socialisme. Le but est
ensuite de répandre l'expérience, si toutefois elle fonctionne,
d'abord sur la côte, puis vers l'intérieur du pays. Elles sont le
point de départ d'un passage de l'économie planifiée
à l'économie de marché. Des 1984, 14 villes
côtières dont Shanghai, Canton et Tianjin sont ouvertes aux
investissements étrangers, sans pour autant acquérir le statut de
ZES. En 1988, les 5 ZES chinoises sont agrandies et l'»le et province de
Hainan est convertie dans sa totalité en ZES. Depuis, nombre de
capitales de provinces ont été ouvertes sur
l'extérieur.
Le fonctionnement des ZES chinoises repose sur plusieurs
ÇpilliersÈ :
- Des incitations fiscales spéciales pour les
investissements étrangers: Tant que l'entreprise ne fait pas de profit
elle ne paye pas de taxes, puis bénéficie d'allegements fiscaux
pendant une durée de cinq ans une fois la machine lancée.
- Une plus grande autonomie pour les activités
internationales
- La production doit être orientée en
priorité vers l'exportation
- Les activités économiques sont
déterminées par le marché
- Leur fonctionnement n'est pas régi par le gouvernement
central mais par les gouvernements provinciaux qui peuvent
légiférer par eux-même.
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