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Approche systémique des jeux pragmatiques communicationnels.

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par Colin FAY
Université de Rennes 2 - Master LCER 2012
  

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B.2. Comprehension, production et sens. B.2.1. Compréhension et production

Nous reviendrons dans un premier temps sur le principe général guidant la communication qui est le principe d'inférence. Le principe d'inférence est un processus de mise en relation, inhérent aux systèmes logiques, qui consiste à Ç produire de nouvelles informations à partir des informations existant en mémoire (..) et des informations issues de la situation. È (Richard,1990:15 cité dans Gauducheau&Cuisinier,2004:337) La conception de l'inférence attachée aux systèmes naturels diffère de la conception en logique traditionnelle et est plus pertinente pour l'étude du système communicationnel. En effet, en logique traditionnelle, l'inférence est conçue comme un processus de mise en relation de prémisses axiomatiques permettant la création d'une ou plusieurs conclusion(s) basée(s) sur les valeurs de vérité des prémisses. Ainsi, la conclusion tire sa vérité de la vérité des prémisses. Cependant, nous l'avons vu dans le chapitre précédent, les valeurs de vérité n'ont pas lieu d'être en communication. Les prémisses du processus inférentiel déductif d'un interlocuteur, processus qui est propre au système communicationnel, ne sont pas axiomatiques mais hypothétiques : l'information ancienne qui existe dans la mémoire des interlocuteurs n'est pas composée d'axiomes mais d'hypothèses factuelles, c'est-à-dire d'hypothèses sur le monde acceptées comme vraies par un interlocuteur. Il en va de même pour les informations nouvelles : comme le disent Sperber et Wilson (1989) ou encore Gauducheau et Cuisinier (2004:335) Ç les états mentaux, et plus généralement la vie mentale d'autrui, correspondent à des états internes qui ne sont pas directement accessibles, explicites. È Ainsi, la communication est articulée autour d'hypothèses sur les représentations mentales d'autrui, sur le raisonnement qui a amené l'Autre à une production, c'est-à-dire une Ç estimation (...) des motifs d'autrui, donc des hypothèses concernant ce qui se passe dans son esprit. È (Watzlawick,1972:40) De ce fait, la compréhension comme la production basent leurs déductions sur un ensemble d'hypothèses et non pas sur des vérités axiomatiques, ce qui a pour effet d'entrainer une valeur d'incertitude au sein du système, puisque la force d'une conclusion se base sur la force de

prémisses hypothétiques. Nous allons ici voir comment fonctionnent les processus de production et de compréhension.

Comme nous l'avons vu dans le premier chapitre de ce travail, la compréhension et la production sont deux processus simultanés. Le choix de développer la compréhension avant la production est un choix arbitraire et inévitable qu'il faut prendre comme tel.

Nous verrons d'abord le fonctionnement de la compréhension inférentielle. Celle-ci est le processus de déduction inférentielle permettant à un interlocuteur de déduire des conclusions hypothétiques à la suite de la combinaison d'informations nouvelles et d'informations anciennes en mémoire. Ce processus de compréhension inférentielle est un processus cognitif global, et non local : les prémisses de l'inférence peuvent faire partie de toutes les informations conceptuelles dont dispose la mémoire d'un interlocuteur, il est capable d'utiliser Ç librement n'importe quelle information conceptuelle. È (Sperber&Wilson,1989,103)

Le but de ce processus de compréhension inférentielle, c'est-à-dire de déduction, est de créer des hypothèses nouvelles au sein du système, ces hypothèses nouvelles, conclusions d'une inférence conjuguant information(s) nouvelle(s) et ancienne(s), sont en rapport avec Ç l'histoire È du système et permettent de confirmer ou d'infirmer des hypothèses qui étaient déjà présentes au sein de celui-ci.

L'information nouvelle traitée par le système est un stimulus effectif, c'est-àdire celui qui résulte du filtrage inconscient30 effectué par l'attention sélective, permettant de faire un choix parmi l'ensemble des stimuli manifestes, pour sélectionner le stimulus saillant, à savoir le stimulus qui sera le plus pertinent31. C'est ce stimulus maximalement pertinent qui sera traité par l'interlocuteur, et ce parce que la production sous-tend une idée de pertinence optimale. Ainsi, un interlocuteur s'attend à ce que l'Autre coopère et à ce que chacun produise un stimulus qui sera

30 Comme le disent Sperber et Wilson (1989,28) Ç dans des circonstances ordinaires, les auditeurs n'ont aucun mal à choisir un (...) sens ; ils ne se rendent même pas compte qu'ils ont eu un choix à effectuer. È

31 Sperber&Wilson (2004) Ç What makes an input worth picking out from the mass of competing stimuli is not just that it is relevant, it is that it is more relevant than any alternative input available to us at the same time. È

optimalement pertinent, et de ce fait, c'est le stimulus qui apparaitra comme optimalement pertinent qui sera choisi en tant que stimulus saillant, et qui deviendra information nouvelle d'un processus déductif.

Nous verrons dans un second temps le fonctionnement du processus de production sémiotique. La production sémiotique est un processus de signification, c'est-à-dire de mise en signe d'indices, de création de stimuli manifestes. Un interlocuteur produit une Ç modification de l'environnement destinée à être perçue È dans le but de Ç fournir des données susceptibles de confirmer ou d'infirmer certaines hypothèses. È (Sperber&Wilson,1989,51&111) Nous produisons des signes pour communiquer avec autrui, et c'est au processus de production qu'il incombe la responsabilité de la pertinence du signe : un interlocuteur se doit de produire, en restant dans la limite de ses préférences et de ses capacités, une sémiotique qui sera optimalement pertinente pour le bon déroulement du système.

Cette production ne déroge pas à l'influence qu'exerce l'inférence dans le système et cette inévitable influence impose à chaque interlocuteur une capacité méta-représentationnelle : un interlocuteur se représente des hypothèses sur les représentations mentales de l'Autre, et produit la sémiotique qui lui semble la plus pertinente pour amener l'Autre à la conclusion souhaitée, c'est-à-dire qu'un interlocuteur produit une manifestation sémiotique contenant assez d'indices pour être efficace, mais pas plus. Ainsi, l'inférence productive possède comme prémisses les hypothèses factuelles d'un interlocuteur et les représentations qu'il se fait des représentations mentales de l'Autre. C'est à travers cette méta-représentation que l'interlocuteur produisant choisit la sémiotique la plus pertinente. Ainsi, la production, dans le sens que celle-ci prend dans la communication, est une production de signes-indices en tant qu'informations sur un stimulus effectif et dans le but que ces signes deviennent eux-même stimuli manifestes.

Selon Sperber et Wilson, la communication toute entière n'existe que si elle est ostensivo-inférentielle, c'est-à-dire qu'il n'y a communication que si les stimuli actifs dans le système sont ostensifs, à savoir intentionnels et produits dans le but d'être ostensiblement des signes communicatifs. Nous contesterons ce point dans la

partie directement suivante, dans laquelle nous développerons qu'une inférence peut se baser sur des signes non-ostensifs. En d'autres termes, la production n'est pas nécessairement intentionnelle, en ce sens qu'un signe peut être manifeste, voire compris sans pour autant avoir été ostensif de la part de l'interlocuteur produisant. Ainsi, nous allons développer l'idée que la compréhension ne prend pas pour information nouvelle un signe nécessairement ostensif.

Pour résumer, au sein du système, la production produit un signe-indice qui est un stimulus manifeste et dans le but de le faire stimulus effectif. Ainsi, la production est un processus de formation d'un output, ensuite potentiellement utilisable par le processus d'input qu'est la compréhension. Nous verrons dans la partie qui suit en quoi un stimulus non-intentionnel peut être un input au même titre qu'un stimulus intentionnel.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery