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Approche systémique des jeux pragmatiques communicationnels.

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par Colin FAY
Université de Rennes 2 - Master LCER 2012
  

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B.2.3. Effets contextuels et sens

Avant de passer à l'approfondissement de la définition de la communication en tant que système, nous aborderons la définition nécessaire d'un concept qui ne fait pas consensus au sein des écoles linguistiques, et qui est la définition du terme Ç sens È.

Selon notre conception, un signe Ç a du sens È pour un interlocuteur lorsqu'il crée un effet contextuel, c'est-à-dire lorsque ce signe est une information nouvelle contextualisée dans des informations anciennes, i.e. lorsque ce signe est l'information nouvelle d'un processus inférentiel. Le signe étant par définition toujours nouveau, il est de ce fait indéniable que l'idée du sens se trouve liée à l'existence d'information(s) ancienne(s) : un interlocuteur ne pourra pas trouver du sens dans une communication s'il se contente uniquement de nouvelles expériences de signes. Avec Eluerd (1985:29), nous considérons que Ç le sens renvoie non au contenu ou à l'objet mais à l'usage, à l'habitude È, ou à la redondance, comme l'appellent Watzlawick (1972:27-34) et Bateson (1980:155-182), amenant avec elle l'idée d'une récurrence à travers la continuité. Ainsi, nous concevons le sens comme une composition empirique, un ensemble appris de modèles, de patterns cognitifs relatifs aux configurations des expériences communicationnelles passées. Pour un interlocuteur, un signe a du sens si il peut être utilisé dans une inférence prenant pour prémisse un pattern de son environnement cognitif indirect. Cependant, nous devons être prudents et ne pas prendre la tournure générativiste : ces patterns de sens ne sont pas des structures fixes intériorisées comme on retrouve dans les grammaires génératives, elles sont variables, individuelles, et peuvent changer et être changées. En d'autres termes, ces prémisses ne sont pas des règles intériorisées immuables, mais au contraire apprises, acquises, et potentiellement confirmables, infirmables et modifiables. Encore moins notre vision du sens ne rejoint la vision de la théorie du code qui défend l'idée d'une relation immanente entre le sens et le signe-étiquette qui lui serait imposé. En définitive, le sens, dans la vision qui est la nôtre, sous-tend l'idée d'un pattern (ou modèle) appris d'habitudes, d'événements redondants d'apprentissage.

L'idée d'un sens à travers une redondance de modèles de communication, que nous appellerons patterns, appelle l'idée d'un apprentissage par les interlocuteurs. Nous allons ainsi voir comment procède cet apprentissage et pourquoi il est nécessaire. Si l'on s'en tient aux théories classiques comme celles de Pavlov, l'apprentissage implique une répétition d'un certain pattern jusqu'à l'obtention de l'identification d'un signe à un sens. Malgré quelques cas particuliers oü il en va autrement pour la communication humaine gr%oce à une capacité d'apprentissage de second niveau37, la majeure partie de l'apprentissage suit cette idée de répétition et d'habitude.

Ë travers le temps, la communication est un phénomène fondamentalement récurrent sur l'ensemble de la vie d'un homme. Comme nous l'avons développé plus tTMt, ces expériences de communication se trouvent guidées par la recherche d'une pertinence optimale. Sur l'ensemble infini des signes productibles par un interlocuteur à tout moment, il existe une chance quasi nulle de produire le signe pertinent si celui-ci est produit à tout hasard. Il lui est donc nécessaire de pouvoir déterminer le sens qui sera le plus pertinent dans le contexte particulier d'une communication, et c'est gr%oce à l'apprentissage que cette pertinence est atteinte. En effet, à travers le temps, les interlocuteurs font l'expérience de patterns optimalement pertinents, ainsi, afin de faire face aux expériences futures, les interlocuteurs gardent en mémoire ces patterns optimalement pertinents, c'est-à-dire qu'ils ont la Ç possibilité de stocker des adaptations antérieures pour s'en servir éventuellement plus tard. È (Watzlawick,1972:29)

Cependant, chaque nouvelle expérience de communication, étant un confrontation des sens de chacun, peut potentiellement modifier un ou des pattern(s) et le(s) remplacer par un ou d'autres plus pertinent(s) chez l'un ou chez les deux interlocuteur(s), et ce par la capacité humaine d'apprentissage de second niveau. Ainsi, un sens peut être bouleversé en une seule expérience qui balaie l'ensemble des expériences passées de ce sens pour le remplacer par un usage plus pertinent. Par exemple, la plupart d'entre nous a déjà fait l'expérience d'un mot dont nous faisions mauvais usage, avant d'un jour nous faire corriger par un interlocuteur qui nous semblait digne de confiance. Ainsi, dans ce genre de situation, la nouvelle

37 Cas dans lesquels l'homme peut acquérir un sens sans pour autant qu'il soit nécessaire que celui-ci lui soit répété car il possède une capacité d'apprentissage de second niveau, c'est-à-dire que tout homme a appris à apprendre.

norme sera retenue car nous l'acceptons comme plus pertinente pour son usage futur dans des communications avec l'ensemble des interlocuteurs respectant cette norme.

Nous pouvons faire une analogie entre la communication et une partie d'échecs. Dans une partie d'échecs, chaque coup a un sens particulier qui n'est pas inhérent à la nature de la pièce, mais bien à l'apprentissage d'un modèle d'utilisation de cette pièce. Ainsi, imaginons qu'un joueur ai toujours été confronté à un modèle de jeu oü le fou se déplace comme le cavalier et inversement. Dans cette situation, un joueur autre connaissant les règles canoniques des échecs considérera que déplacer le cavalier en diagonale Ç n'a aucun sens È, car il ne correspond pas à son expérience du déplacement de cette pièce. Il pourra également le signaler au premier, qui malgré son expérience récurrente de ce type de déplacement, pourra adapter son système de jeu au changement pointé par le premier.

Ainsi, de prime abord, rien n'empêcherait un interlocuteur de produire des signes aléatoires jusqu'à ce qu'il trouve le signe adéquat, si ce n'est que cette démarche mettrait indéniablement en péril la recherche d'efficacité et d'économie du système. Fonctionner de cette manière engendrerait un besoin en temps et en effort considérable pour communiquer sur n'importe quelle chose. C'est cette faiblesse que l'apprentissage à travers le temps vient corriger. Comme nous le dit Bateson (1980:45) Ç l'erreur est toujours psychologiquement coUteuse È, de ce fait l'apprentissage permet d'éviter d'avoir à faire face à un processus d'essais et d'erreurs qui pourrait être très long et très couteux en effort cognitif. De plus, l'apprentissage permet aux interlocuteurs d'accepter certaines hypothèses et certains sens comme vrais, ce qui leur permet d'éviter d'avoir à réexaminer continuellement toutes les prémisses. Mais le système ne peut obtenir de changement adaptatif à travers l'apprentissage qu'à condition que l'interlocuteur puisse percevoir et juger en retour sa production, en d'autres termes, afin d'apprendre, il lui est indispensable qu'il existe un processus de rétroaction au sein du système. C'est ce que nous allons voir dans la dernière partie de ce chapitre.

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