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Approche systémique des jeux pragmatiques communicationnels.

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par Colin FAY
Université de Rennes 2 - Master LCER 2012
  

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B.3.2. Rétroaction et autorégulation

Ainsi, comme le disait Poty (2006:182), Ç la communication est un jeu qui trouve en lui même son équilibre. È Cet équilibre se maintient par un contrôle en retour de la production du système. Ce contrôle est appelé rétroaction ou feedback dans la première cybernétique, et s'est précisé pour devenir autorégulation dans la seconde cybernétique. Nous verrons ici ce qu'est le feedback et la précision qu'apporte le concept d'autorégulation.

Le processus de feedback, selon la définition première qu'en donne VonBertalanffy (1973:164-176) est le Ç processus circulaire dans lequel une partie de l'extrant (output) est reconduit dans l'intrant (input) en tant qu'information sur le résultat préliminaire de la réponse : le système est ainsi auto-régulé ; ceci au sens du maintien de certaines variables ou du guidage vers un but choisi. È Ce processus permet à l'agent producteur de recevoir de l'information sur les effets de sa production. En d'autres termes, un contrôle est effectué sur le système par transformation d'une partie de l'output en informations devenant nouvel input :

Output

Input
informatif

Schéma traditionnel de la rétroaction Tout output créé une nouvelle information sur lui-même devenant input.

Il existe deux types de rétroactions, la rétroaction négative et la rétroaction positive41. Nous verrons d'abord la rétroaction négative. Celle-ci Ç réduit l'écart de ce qui sort par rapport à la norme fixée È (Winkin,2000:26) i.e. réduit la déviation, le jeu qui pourrait exister lors de la communication, par une série de corrections successives

41 Les termes anglais, peut-être plus parlants, étant respectivement Ç deviation counteracting feedback È et Ç deviation amplifying feedback È

afin d'arriver à la stabilité du système. On peut parler de convergence, oü la rétroaction permet de faire converger l'output effectif et l'output défini par la norme du système. La rétroaction positive a l'effet inverse, puisqu'elle augmente l'écart entre l'output effectif et l'output défini par la norme, provoquant une situation d'asymétrie, oü Ç la même information agit comme une mesure de l'amplification de la déviation de ce qui sort. È (ibid)

La transposition de ce phénomène au système communicationnel se doit d'apporter des modifications dans la définition de la rétroaction. Comme nous l'avons vu, les interlocuteurs communiquent sur des stimuli appartenant à leur environnement cognitif, c'est-à-dire qu'en tant que système autonome, la communication ne se fait pas par l'environnement mais sur l'environnement. La communication est un échange par production d'informations sur les stimuli et non pas un échange par les stimuli. Étant donné que fondamentalement, un modèle de rétroaction permet à l'agent qui produit de recevoir un retour d'information sur sa production, toute rétroaction dans le système communicationnel, étant retour d'informations, est un nouveau stimulus manifeste. La communication est donc foncièrement cybernétique, à savoir qu'un output est nouvel input sans changement de statut42. En d'autres termes, il n'y a pas de transformation d'un partie de l'output en nouvel input, l'output est un nouvel input, ce qui permet une autorégulation plutôt qu'une rétroaction.

Nous avons vu que la rétroaction permet un contrôle du système par régulation de la déviance par rapport à la norme. Mais étudier le système communicationnel rend le schéma basique de la cybernétique inadapté. En effet, on constate que le schéma basique n'est que le schéma de la théorie de la transmission auquel une boucle de retour est ajoutée. Or, nous avons vu dans le premier chapitre de ce travail que nous ne pouvons pas utiliser ce schéma dans une étude de la communication. C'est pourquoi nous préférerons l'utilisation du concept d' Ç autorégulation È plutôt que rétroaction, pour renoncer à l'idée d'une action en

42 A l'inverse d'un système cybernétique comme le thermostat, dans lequel l'output est une production de chaleur et l'input une information sur cette chaleur, l'output et l'input n'ayant donc pas un même statut, la communication est un système oü le statut de l'output et celui de l'input reste inchangé.

retour par boucle sous-tendu par la rétroaction et adopter un concept sous-tendant l'idée d'une régulation autonome par production continue d'informations.

Nous ne remettons pas en cause la nécessité d'un contrôle du système, permettant à un interlocuteur d'évaluer la pertinence de sa production. Un interlocuteur souhaite, par la communication, une mise en commun avec l'Autre. Cette mise en commun, pour être optimale, doit passer par une pertinence maximale. Un interlocuteur doit ainsi pouvoir juger de la pertinence de sa production, et ajuster au fil du temps sa production en fonction de la déviation par rapport à la norme et sur lequel il est informé. Comme nous l'avons vu, les interlocuteurs ne partagent pas de savoir mutuel sur le monde, mais chacun possède un ensemble d'hypothèses sur le monde et sur l'Autre. Ainsi, afin d'optimiser au maximum la communication, le système doit leur permettre d'infirmer ou de confirmer leurs hypothèses, par régulation temporelle, puisque Ç l'ensemble des agents fait des erreurs dans la perception de l'environnement et ne corrige les erreurs qu'avec le passage du temps. È (Viviani,1994:111) Cependant, l'autorégulation du système communicationnel permet un contrôle à travers le temps qui n'existe pas dans le schéma traditionnel de la rétroaction. En effet, le système est un système autonome et donc contrôlé par des règles qui lui sont propres, et à la différence de la rétroaction, l'autorégulation sous-tend l'idée que la norme n'est pas dictée par un agent extérieur au système, mais bien par le système lui-même, et pour lui-même, ce que nous retrouvons dans le système communicationnel : la norme, et donc la déviance, est dictée par des règles générées par et pour le système.

Tout output étant un nouvel input sans modification de son statut à l'intérieur du système autonome, l'autorégulation permet donc l'existence de métacommunication par information sur l'information, processus fondamentalement autorégulateur, afin de faire face à l'imprédictibilité inhérente au système, que nous allons voir dans la partie suivante.

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