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Approche systémique des jeux pragmatiques communicationnels.

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par Colin FAY
Université de Rennes 2 - Master LCER 2012
  

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A.2.1. La fin de l'opposition langue/parole

Nous avons vu que la théorie du code, reposant sur l'opposition langue/parole, engendre un certain nombre d'exclusions. Par la prise de position en faveur de l'analyse du langage ordinaire, la théorie pragmatique vient mettre fin à cette opposition, et donc aux exclusions qui lui était inhérente. C'est la fin de ces exclusions que nous verrons ici.

La théorie pragmatique se base sur un rejet de la notion de monologue, c'està-dire une prise en compte de l'ensemble des interlocuteurs. Fondamentalement, Ç il n'y a de pragmatique possible qu'avec la prise en compte effective des interlocuteurs. È (Eluerd,1985:189) Gardiner (1989) pose rapidement cette prémisse dans son ouvrage, des le §7, intitulé Ç L'origine sociale de l'acte de langage : l'auditeur È dans lequel il soutient que Ç le développement du langage suppose nécessairement un emploi délibéré de sons articulés dans le but d'influencer la conduite d'autrui. È (25) Nous pouvons en effet douter que le langage ne serve qu'à l'expression d'une vie mentale intérieure et personnelle. En effet, pourquoi l'homme utiliserait-il un discours aussi complexe pour exprimer quelque chose que ses pensées suffisent à exprimer pour lui-même ? Pour reprendre la question posée juste avant cette partie, le langage ordinaire est celui qui a fait face aux innombrables situations humaines, celui qui a permis de passer, au cours de l'évolution, des cris primaires au langage complexe qu'on connait à l'homme d'aujourd'hui. C'est donc dans un but coopératif de développement social et collectif que l'homme utilise le discours. Ë travers l'approche pragmatique, communiquer n'est plus utiliser un code pour transmettre une information sur les pensées qui sont propres à un individu,

mais bel et bien prendre part à un discours dialogique en vue d'influencer un
interlocuteur, au travers d'un effort réciproque de coopération pour faire émerger une
inter-compréhension, une mise en commun du sens. Ainsi, le langage a pour fonction
première, non pas d'exprimer les Ç méditations intellectuelles È de l'individu, mais
d'entrer en contact avec l'Autre. Comme le souligne Gardiner (1989:24) : Ç dans bon
nombre de cas, on ne parle de rien en particulier. È Le langage est donc
fondamentalement dialogique, le dialogisme étant, selon la définition de Jacques
(1979 cité dans Douay,2000:36) Ç la distribution effective de l'énonciation sur deux
instances énonciatives, lesquelles sont en relation communicative actuelle. È Avec la
théorie pragmatique, l'essence du langage est la communication, cette
communication passant par l'entrée en interaction de deux (ou plusieurs) individus
qui ne sont plus émetteur et récepteur mais interlocuteurs, interactants ou encore co-
énonciateurs, cette même interaction étant le but premier de la communication : au-
delà de la communication sur les choses, l'homme communique également, et
parfois uniquement, afin d'entrer en contact avec l'Autre. De ce fait, le but de
certaines communications se trouve dans l'entrée en contact et dans l'établissement,
la modification et/ou l'affirmation d'une relation sociale avec autrui. Pour résumer, ce
qui pousse un individu à la parole, ce n'est pas uniquement la transmission
d'information(s) concernant l'expression de ses pensées, mais bien majoritairement
l'entrée en contact avec autrui dans une situation interactive de communication
ordinaire, le positionnement d'un acte de langage individuel vis-à-vis de celui de
l'Autre. Il devient impossible d'ignorer l'importance qu'a le contexte dans l'interaction.
Ignorer le contexte dans lequel le signe se produit revient à prêter à toute
manifestation sémiotique un lien immanent entre le signe et le sens auquel il renvoie,
inséparable et irréductible, indépendant de tout contexte, définissant le signe comme
un signe-étiquette posé sur chaque chose. C'est l'optique inverse que la théorie
pragmatique suit, qui est l'optique selon laquelle tout acte de langage Ç a lieu dans
un contexte défini par des données spatio-temporelles et socio-historique. È (Fortin,
2007:111) La prise en compte du langage ordinaire dans cette théorie suppose
d'accepter que chaque signe, dans son énonciation ordinaire, est dépendant du
contexte dans lequel il se trouve, en ce sens qu'il est influencé par le contexte, et en
même temps le modèle. Le signe n'apparait plus comme transparent, ce n'est plus
un signe-étiquette, car Ç potentiellement, tout mot qui est prononcé peut faire

référence à l'univers entier. È (Gardiner,1989:51) Cette importance du contexte se trouve dans l'analyse que Benveniste (1966) fait des pronoms personnels : si l'on ne considère pas le contexte dans lequel appara»t la communication, à quoi renvoient les pronoms je et tu ? En effet, les pronoms personnels ne peuvent être classés dans la catégorie des signes-étiquettes, puisque ce sont des signes qui renvoient à un Ç extra-linguistique È constamment renouvelé dans chaque contexte, tout comme le sont des signes tels que idi et maintenant. Ducrot, quant à lui, distingue la phrase comme Ç être linguistique abstrait È de l'énoncé Ç occurrence particulière, unique, (...) réalisation concrète de la phrase dans une énonciation È (Ducrot,1979 cité dans Eluerd,1985:97). Nous retrouvons un développement plus radical chez certains penseurs avec un refus de l'existence possible d'un sens littéral qui existerait Ç hors contexte È. Ce rejet d'un sens littéral Ç hors contexte È qui existerait au sein de la langue, abstrait indépendant de toute circonstance contextuelle, se rencontre chez Gardiner, à une période antérieure à la théorie de Ducrot, et à la suite de Ducrot chez Searle. Dans son article Le sens littéral, traduit dans Sens et expression en 1982, Searle annonce qu'il contredira Ç l'idée que, pour toute phrase, le sens de la phrase peut être interprété comme le sens qu'elle a quand elle est prise hors de tout contexte. È Searle, et Gardiner avant lui, défendent l'importance du contexte dans la création du sens, puisque ce sens est obtenu via la mise en relation des signes et des informations d'arrière plan, en d'autres termes, le signe sert de complément aux éléments d'arrière plan, et avec le signe, les interlocuteurs Ç ne disent pas tout È, mais uniquement ce qui est nécessaire pour compléter cet arrière plan, chacun mettant en place une stratégie inférentielle de compréhension. C'est cette stratégie inférentielle qui sera développée dans la partie suivante.

Pour continuer l'analogie sportive, considérer l'étude du langage au travers du prisme de la pragmatique revient à analyser l'échange des deux joueurs d'un match de tennis, en analysant leurs coups réels, empiriquement effectués sur un court de tennis particulier, en envisageant que les conditions de jeu influencent la façon dont jouent les deux adversaires/partenaires et qu'aucun coup ne peut se faire hors du terrain. Cela revient aussi à envisager que chaque joueur adapte son jeu en fonction du terrain et des conditions de jeu dans lequel il se trouve, mais aussi de la façon dont il souhaite que son coup atteigne son adversaire/partenaire.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius