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Approche systémique des jeux pragmatiques communicationnels.

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par Colin FAY
Université de Rennes 2 - Master LCER 2012
  

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A.3.1. La communication comme système

Comme nous venons de le voir, dans le modèle pragmatique ainsi que dans le modèle inférentiel et la théorie de la pertinence, les interlocuteurs communiquent par interaction, c'est-à-dire que leurs décisions de communication sont influencées par la présence et la nature de l'Autre, mais également par le contexte spatio-temporel dans lequel se déroule la communication. Ces particularités correspondent aux caractéristiques d'un système selon la définition de Von Bertalanffy (1973:32&17), qui le définit comme un Ç ensemble d'éléments en interaction les uns avec les autres (...) formé de parties en (...) interaction" fortes" ou "non linéaires".È La communication est plus particulièrement un système ouvert, c'est-à-dire un système qui entretient une relation continuelle entre ses éléments et les éléments de son environnement (ou contexte).

Avant d'aborder ce qui fait les caractéristiques de ce système, nous ferons dans un premier temps un point sur les interlocuteurs engagés dans celui-ci. Comme nous l'avons vu dans ce chapitre, le modèle pragmatique et ensuite son affinement par la théorie de la pertinence fait disparaitre la vision d'une communication basée sur le modèle d'un code utilisé de façon mécanique par des Ç hommes-robots È utilisateurs de signes-étiquettes dans un va-et-vient entre émetteur et récepteur. Le modèle de la pertinence, qui vient contredire la vision de la théorie du code, ne sera pourtant pas totalement adéquat pour notre propos. Même dans la théorie de la pertinence, nous retrouvons l'idée d'un échange alterné entre Ç communicateur et auditeur È, qui, bien qu'affirmant que la production et la compréhension sont des processus simultanés, laisse toujours la place à un échange théoriquement alterné entre deux (ou plusieurs) locuteurs. Ce n'est pas cette vision que nous suivrons. De fait, il est essentiel de concevoir que la compréhension et la production, les deux processus intrinsèques à la communication, sont des processus simultanés, non pas que l'un comprend alors que l'Autre produit, mais bien que les deux processus ont

lieu chez chaque interlocuteur de facon simultanée. En effet, nous avons vu dans l'Introduction22 qu'il était impossible de ne pas communiquer. Ainsi, nous sommes en continuelle position intérieure dans la communication, c'est-à-dire que nous somme toujours en train de communiquer : ce n'est pas parce que nous ne sommes pas en train de Ç parler È que nous ne sommes pas en train de communiquer : un interlocuteur se doit de produire un signe pour signifier à son interlocuteur qu'il est (ou non) dans un processus actif de compréhension de ce que l'Autre produit, un interlocuteur n'est donc jamais dans une position neutre de non-communication en tant que simple Ç auditeur È. En même temps, si celui Ç qui parle È n'est pas en même temps Ç auditeur È, il ne pourrait pas être activement attentif à ce que produit son interlocuteur, de simples notions comme Ç se faire couper la parole È n'existeraient pas, puisque à quoi bon couper la parole à un producteur si celui-ci ne le remarquera pas, n'étant pas en position Ç d'auditeur È ? Ainsi, il existe un rTMle de Ç communicateur È et d' Ç auditeur È si l'on s'en tient au seul caractère phonique de la communication, c'est-à-dire un qui produit un signe locutionnel et l'Autre qui écoute ce signe, mais dans une étude de la communication il n'y a pas de place pour une telle distinction, puisque comme nous l'avons vu, la communication passe par des canaux qui peuvent être autres que locutionnel. C'est pourquoi, pour la suite de cette étude nous préférerons le terme interlocuteur pour désigner un sujet se trouvant engagé dans le système communicationnel, et ainsi nous éviterons les confusions que laisseraient apparaitre l'utilisation des termes cités précédemment.

De plus, ne pas penser les sujets engagés dans le système comme étant simultanément en production et compréhension active contredirait deux des principes fondateurs du système de la communication : le principe de totalité ainsi que le principe de rétroaction ou d'adaptation, le second découlant fondamentalement du premier. La totalité dans un système suppose Ç qu'une modification d'un des éléments entra»nera une modification de tous les autres, et du système entier. È (Watzlawick,1972:123) Ainsi, changer n'importe quel élément à n'importe quel moment modifie le système, que cet élément soit un interlocuteur ou une production sémiotique. Cette totalité entraine les interlocuteurs à devoir

22 Introduction I.1. L'impossibilité de ne pas communiquer

s'adapter aux modifications du système, et ce par le principe de rétroaction23. En effet, si un interlocuteur ne comprenait pas en même temps qu'il produit, comment pourrait-il en adapter sa pertinence ? Nous trouvons empiriquement nombre d'interlocuteurs qui énoncent Ç Tu m'écoutes ? È ou encore Ç Tu as l'air ailleurs È. Sans un processus d'adaptation possible à travers une compréhension simultanée à la production, l'interlocuteur ne saurait pas s'adapter à l'Autre. L'idée d'un système en tant que totalité nous rappelle également qu'au sein d'une interaction, l'influence n'est pas unilatérale : un élément A influence un élément B tout autant que l'élément B influence l'élément A. En communication, tout interlocuteur produit en fonction de l'Autre, à savoir qu'un interlocuteur A influence l'interlocuteur B tout autant que l'interlocuteur B influence l'interlocuteur A. Le principe de rétroaction, que nous venons d'effleurer, est facteur d'une recherche de l'équilibre du système par les interlocuteurs, c'est-à-dire qu'ils cherchent à ce que la mise en commun par la communication se déroule via une pertinence optimale. Cette recherche de l'équilibre est effectuée par recherche d'une pertinence optimale. Nous verrons par la suite à quoi correspond la pertinence et quel est l'équilibre recherché. Le fonctionnement de la rétroaction au sein de ce système autorégulateur (ou autopo
·étique) sera abordé en détail dans le second chapitre.

Un autre principe inhérent au système de la communication est le principe d'équifinalité, c'est-à-dire que dans ce système Ç le même état final peut être atteint à partir de conditions initiales différentes ou par des chemins différents. È (VonBertalanffy,1973:38) Il existe donc plusieurs moyens pour un interlocuteur d'arriver à ses fins, ce qui l'entraine à devoir effectuer des choix, des décisions au sein de l'ensemble des moyens à sa disposition. Ces choix sont motivés par la tendance à la recherche d'un équilibre au sein du système. Avant de développer dans le second chapitre de ce travail plus en détail les processus de production et de compréhension, nécessaire à la rétroaction du système qu'est la communication, ainsi que l'influence de son identité en tant que système ouvert (dans le sens d'une ouverture influençant et influencée par ses environnements), nous reviendrons dans les deux parties terminant ce premier chapitre sur l'incertitude liée à l'équifinalité, ensuite sur les processus cognitifs de pertinence mis en place afin de faire face à cette incertitude.

23 Ce principe sera développé plus en détail dans le Chapitre II.

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