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Analyses des impacts de la microfinance sur le secteur informel en Haà¯ti pendant la période 1995- 2010

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par Yveson DUKENSON
Universite d'état d'Haiti - Licence en sciences économiques 2011
  

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      UNIVERSITE D'ETAT D'HAITI

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      « Analyse de l'impact de la micro finance sur le secteur informel, période

      1995-2010 »

      Prepare par

      Yveson DUKENSON

      En vue de l'obtention de grade du licencié en sciences Économiques
      Sous la direction du professeur

      Eddy LOBOSSIER

      Promotion 2007-2011

      Décembre 2011

      Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN, 2007-2011.

      AVANT- PROPOS

      L'étude de la micro finance en Haïti se révèle de plus en plus une nécessité, parce qu'il est urgent dirait-on, que la problématique du crédit, surtout celle du microcrédit soit posée dans une vision holistique, en ces temps où l'on parle de reconstruction. Au fait, souvent on parle du problème de crédit en Haïti, mais on pense qu'au crédit bancaire, alors que celui-ci n'est qu'une composante du crédit dans son ensemble, le microcrédit est de son coté peu exploité et étudié. Ce travail se propose d'y mettre l'accent, afin d'orienter les regards vers ce vaste champ d'étude et de potentialités que représente le microcrédit pour l'état-nation toute entière, mais que les décideurs semblent ignorer encore.

      En effet, si la micro finance est peu abordée en Haïti, en dépit de sa toute importance dans l'économie d'aujourd'hui, c'est sans doute en raison d'une manque de connaissance de ce secteur, alors ce travail se veut, dans une certaine mesure, un moyen de connaissance pour conduire à une meilleure compréhension et une meilleure analyste des impacts de la micro finance dans le pays, surtout dans le secteur informel.

      Le choix du sujet trouve, par ailleurs, sa justification dans le fait que l'une des voix de salut de notre système économique est sans nul doute, la promotion et l'expansion de l'entreprise privée, même toute petite qu'elle soit. Et cette expansion dépend du volume et de la qualité de crédit dont bénéficie cette économie.

      Quant à la période, elle est choisie parce qu'elle nous permet de voir comment était la pratique du crédit avant l'arrivée sur le terrain de nos trois échantillons d'IMF, et comment elle s'est évoluée depuis leur apparition vers les années 2000. SOGESOL, MCN ET ACME quant à elles sont retenues, parce qu'elles constituent, compte tenu de leur portefeuille de crédit et de leur nombre de clients, les trois plus importantes institutions de micro finance en Haïti a l'heure actuelle. Puisse ce travail constitue ma pierre, quoique minime, dans la reconstruction de notre chère Haïti.

      Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN, 2007-2011.

      Remerciement

      Il est ici d'un acte de loin plus grand qu'une simple formalité académique ou d'une simple coutume, c'est plutôt un devoir de coeur, un acte de gratitude et de respect.

      S'il est en effet indispensable de citer à la fin de tous travaux de recherches scientifiques les sources dans lesquelles on a puisé pour produire cette recherche, il est injuste de laisser dans l'oubli total des gens qui ont travaillé non seulement dans la réalisation du travail mais qui vous a accompagné tout au long du processus qui doit vous conduire aux capacités matérielles et/ou intellectuelles indispensables à la réalisation de tels travaux.

      C'est conformément à cette conviction que je présente ici tous mes remerciements :

      · À l'architecte de l'univers, le grand Dieu qui nous a fait don de toute sa grâce et qui nous a donné l'opportunité d'arriver jusqu'au dernier mot de ce travail, et là je ne peux que dire EBEN-EZER!!!

      · À ma marraine, ma mère adoptive, Rose Marie DUVERGER pour son support, son encadrement, son interminable mise garde quant à la manière dont je dois aborder les choses de la vie. Merci encore « DADA » Merci.

      · A madame Reginald Linda GUITEAU, pour ses infatigables aides et support surtout dans la réalisation de ce travail.

      · À tous les éminents professeurs de la Faculté de Droit et des Sciences Economiques, pour leurs participations actives et continuent dans ma formation depuis plus de quatre ans. Et Làj e ne saurais ne pas citer :

      · mon directeur de recherche, le professeur Eddy LOBOSSIERE pour la supervision et les corrections combien importantes qu'il a apporté à ce travail.

      · Le professeur José YVES pour ces multiples consultations et corrections,

      · Le professeur Frantz PIARD pour ces conseils méthodologiques.

      · À mes soeurs et frères Angelet, Chrislie et Chrisnalie, pour leur support financier et moral.

      Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN, 2007-2011.


      · À mes collègues de la promotion : CASIMIR Maxon, JEAN Jean Daniel, SIMON

      Adenau, WILGUENS Narcisse pour leurs remarques critiques et leurs suggestions.

      Merci chers camarades, vos remarques me sont grandement utiles. Un grand merci également à tous ceux et celles qui m'ont aidés directement ou indirectement dans la réalisation de ce travail et dont le nom n'est pas figuré sur cette liste non exhaustive. Merci encore à vous tous et sachez que vos actions et vos noms sont gravés dans mon coeur.

      Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN, 2007-2011.

      Table des matières

      · Avant-propos

      · :. Remerciements

      · :. Table des matières

      · :
      · Sigles et abréviations

      · Liste des tableaux et graphiques

      · :. Résumé

      · :. Introduction générale

      Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN, 2007-2011.

      Chapitre 1.-Vers la compréhension de la Micro

      finance 11

      Section 1.- cadre conceptuel et théorique 11

      1.1 Cadre conceptuel 12

      1.2.- Revue de la littérature 17

      1.3 Fondements théoriques 20

      Section 2.- Cadrage macroéconomique 21

      1.4 Situation socio-économique d'Haïti . 21

      1.5 Coup-d `oeil sur le syst~me financier d'Haïti 23

      CHAPITRE 2.- Role de la micro finance en Haiti 26

      Section 1.- Histoire de la micro finance 26

      2.1.- Coup-d'oeil historique sur la micro finance à travers le monde 27

      2.2.- Histoire de la micro finance en Haiti

      Section 2.-Micro finance et activités économiques

      2.3.- Quelques déterminants du microcrédit en Haïti 30

      2.3.1.- Les dérminants juridiques du microcrédit 30

      2.3.2.- Les déterminants sociaux-économiques 31

      2.3.3.- Les déterminants politiques 32

      2.4.- Les formes du microcrédit 32

      2.4.1.- le microcrédit à la consommation 32

      2.4.2.- le microcrédit au secteur agricole et industriel 32

      2.4.3.- Le micro crédit au petit commerce informel 34

      2.5.- Les caractéristiques du microcrédit 34

      2.6.- Les avantages du microcrédit par rapport au crédit bancaire 37

      2.7.- Les limites du microcrédit 38

      2. 8.- La micro finance actuelle au regard du développement économique en Haïti 39

      Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN, 2007-2011.

      CHAPITRE 3.-Les impacts de la PEC à Port-au-

      Prince

      Section 1. De l'analyse du petit commerce en Haïti 42

      3.1.- La PEC formelle 42

      3.1.1.- l'aspect juridique de la PEC formel 42

      3.1.2.- Les caractéristiques de la PEC formel 43

      3.1.3.- L'apport de la PEC formel à l'économie 44

      3.2.- Le petit commerce informel 46

      3.2.1.- Les manifestation du petit commerce informel urbain 48

      3.2.2.- Les caractéristiques de la PEC informel 48

      3.2.3.- L'apport de la PEC informel à l'économie 49

      Section 2.- Les impacts du commerce informel sur l'économie haitienne

      3.3.- La détermination des bénéfices dans la PEC informel 50

      3.4.- Les impacts de la PEC à Port-au-Prince 52

      3.4.1.- Sur la vie des gens 52

      3.4.2.-Sur les recettes de l'Etat et sur l'activité économique 53

      CHAPITRE 4.- Etude de cas et analyses empiriques

      Section1.- Présentation des IMF sous étude 57

      4.1.- ACME 57

      4.1.1.- Présentation générale 57

      4.1.2.-Caracteristiques 57

      4.1.3.- Structures 58

      4.1.3.- Mécanismes, opérations et performances 60

      4.2.-SOGESÒl 62

      4.2.1.-Presentation 63

      4.2.2.-Structures 63

      Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN, 2007-2011.

      4.2.3.- Mécanismes, opérations et performances 64

      4.3.- MCN 65

      4.3.1 Présentationgénérale 65

      4.3.2. Caractéristiques 65

      4.3.3. Structures 66

      4.3.4.- Mécanisme opérations et performances 66

      4.4.- Impacts socio-économique des IMF sur etude 67

      Section 2.- Résultats de l'enquête 68

      4.5-Méthodologie 68

      4.5.1.- Echantillonnage et questionnaire 68

      4.5.2.- t'XniS1,T%SaSi%SiqXe 69

      4.5.3.-Defintions des variables 69

      4.6.-Presentation des résultats 70

      4.7.- Vers une verification de notre troisieme hypothèse 78

      · Bibliographie

      · Annexe

      · Indices bibliographiques

      Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN, 2007-2011.

      Sigles et abréviations

      ACME : Action pour la coopération avec la micro entreprise

      ANIHM : Association nationales des institutions de micro finance d'Haïti

      BRH : Banque de la République d'Haïti

      IDE : Investissement directs étrangers

      IFM : Institution de Micro finance

      MCI : Micro finance intermédiaire

      MCN : Microcrédit national

      ONG : Organisation non gouvernement

      PEC : Petite entreprise commerciale

      PED : Pays en développement

      SOGESÒL : Société générale de solidarité

      Liste des tableaux et graphiques

      i.

      ii.

      iii.

      iv.

      v.

      vi.

      vii.

      viii.

      ix.

      x.

      xi.

      xii.

      Tableau 1.1 structure par des unités informelles

       

      46

      Tableau 1.2 caractéristique de la PEC informel à Port-au-Prince

      47

      Tableau 1.3. Distribution des emplois selon la tranche d'activités

      53

      Tableau 1.4. Évolution du portefeuille de crédit de la ACME

      58

      Graphique 1.1 Évolution du portefeuille de la ACME

      59

      Tableau 2.1.- Évolution de dix prêt de la SOGESOL

      70

      Graphique 1.2 Évolution de dix prêts de la SOGESÒL

      71

      Tableau 2.2 relations entre et SOGESOL et la PEC

      71

      Tableau 2.3.- Évolution de dix prêts de la ACME

      72

      Graphique 1.3.Évolution des prêts de la ACME.

      73

      Tableau 2.4. Relations PEC et la MCN

      75

      Graphique 1.4 evolution des prets de la MCN

      76

      Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN, 2007-2011.

      xiii. Tableau 2.6.- Représentation de la relation PEC et la MCN 76

      Résumé

      Puissant instrument de lutte contre la pauvreté, l'intégration de la micro finance dans les plans de développement est de plus en plus urgente surtout dans les pays dits sous-développés qui cherchent des moyens de développements alternatifs a ceux déjà expérimentés. Mais, les impacts réels de la micro finance sur le développement, notamment sur le secteur informel en Haïti est à l'heure actuelle l'objet de nombre de controverse, car certains voient la micro finance comme une « arme à double tranchant ». Toutefois, la micro finance a contribué entre 1995-2010 à résoudre, ceteris paribus, le problème du financement des micros entreprises, particulièrement informelles (portefeuille de crédit 1.1 milliards de gourdes, 108,778 prêts) en Haïti où en 2007 encore seulement 400.000 des demandeurs de crédit ont été approuvés par le système bancaire et seulement 133 d'entre eux détenaient les 2/3 du total des prêts. Mais, il reste encore beaucoup à faire pour faire du secteur un pôle de développement durable.

      Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN, 2007-2011.

      Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN, 2007-2011.

      INTRODUCTION

      « Stimuler la reprise de l'activité économique nationale tout en favorisant les relations entre les banques et les clients, telles sont les ambitions officiellement exprimées par la Banque Gentrale en annonçant (en 1995) la révision du taux d'intérêt sur les dépôts et sur les préts ainsi que l'accroissement du pourcentage de l'encaisse à maintenir comme réserve de liquidité des dépôts »1.

      Gependant, un simple coup d'oeil sur le système bancaire haïtien actuel permet d'affirmer que la réalité est toute autre. En dépit de cette décision, le problème du crédit n'est toujours pas résolu dans le pays, les petites bourses2 n'ont toujours pas accès au crédit bancaire. Face à cette situation, les petites et moyennes entreprises se retrouvent coincées et dans l'incapacité de pallier les insuffisances économiques et financières du secteur réel. Get état de fait entrave par voie de conséquence le développement économique, faute de financement, dans un pays où l'investissement privé est encore une priorité si l'on croit les déclarations des dirigeants actuels. Dès lors, comme stratégies d'ensemble ils font appel principalement aux Investissements Directs des Etrangers (IDE) pour augmenter principalement le nombre d'emplois formels dans l'économie qui est assuré à l'heure actuelle par l'administration publique en majeur partie ; ce qui est économiquement une anomalie.

      La micro finance telle que connue aujourd'hui dans le pays, avec ses quelques 59 3673 emplois en 2000 et ses 250.000 emplois directs en 2010 (ANIHM, Rapport 2010) essaie de pallier à ce problème, mais elle appartient encore en grande partie au secteur informel.

      Gependant, il faut dire que les microstructures financières populaires ont toujours existé dans le
      monde entier. Elles ont évolué à travers le temps et ont existé dans les différentes étapes de

      1 Fred DOURA, Haïti Dépendance et crise tome1 Page 214

      2 Voir cadre théorique

      3 Fred DOURA, Haïti Dépendance et crise tome1 Page 253

      développement de tous les pays du monde comme le relate Pigeau (2005). Dans les pays en développement (P.E.D) en général, ces microstructures de financement ont été qualifiées d'informelles pendant une bonne partie des décennies 1970-1990. Ces dernières années, la conception de ces méthodes de financement a énormément évolué vers le concept de la micro finance (Lelart, 2005 ; Sodokin, 2007). Les orientations de politiques économiques ne sont plus les mêmes dès lors qu'il s'agit d'une micro finance susceptible de financer les petites activités génératrices de revenus et non d'une "finance informelle" qui procure du financement à des activités hors la loi ou supposées illégales4.

      La micro finance laisse donc peu à peu le secteur informel pour devenir un instrument de développement, de lutte contre la pauvreté et un sujet d'actualité. Elle a fait en ce sens l'objet de débats de politiques économiques nationales et internationales. Ainsi, l'année 2005 qui a été désignée par l'ONU l'Année internationale du microcrédit a grandement contribué à sensibiliser la communauté internationale sur le rôle clé des services financiers plus accessibles dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En ce sens, l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi ANANN dans l'avant-propos de l'ouvrage « Construire des secteurs Financiers accessibles à tous » publié par l'organisation qu'il dirigeait a écrit « Rendre les secteurs financiers accessibles à tous a le pouvoir d'améliorer les conditions de vie des populations, en particulier des pauvres. Un petit prêt, un compte d'épargne ou une assurance peuvent faire une grande différence pour une famille à bas revenus. Ils permettent à ces gens d'investir dans une meilleure alimentation, dans leur logement, leur santé et l'éducation de leurs enfants. Ils permettent de mieux réagir lors des périodes difficiles dues à de mauvaises récoltes, à la maladie ou à un décès. Ils aident à planifier l'avenir ».

      Cette déclaration de l'ex Secrétaire Général reflète en grande partie l'objectif principal de la micro finance qui, dans un pays comme Haïti, se veut un instrument d'amélioration des conditions de vie des couches les plus vulnérables, en leur donnant accès aux services financiers de base. D'où l'objectif principal de toute institution de micro finance.

      4 Affirmation de Sodokin, op. Cite

      Une analyse de l'impact de la micro finance sur le secteur informel à Port-au-Prince pendant la période 1995-2010 s'inscrit donc dans une perspective de recherche de l'applicabilité de cette philosophie dans le cas haïtien.

      Mais d'abord essayons de poser la problématique de la micro finance en Haïti. A partir de laquelle découlera le fil conducteur, c'est-à-dire la question centrale de notre recherche.

      PROBLEMATIQUE

      Dans tous les pays où règne un retard considérable de développement, la majeure partie de la population n'a pas accès aux services financiers traditionnels, plus particulièrement au crédit bancaire. Cette situation est vraisemblablement dü au fait qu'une grande partie de ces populations vivent dans des situations d'extrêmes précarités et de pauvreté et que les institutions financières traditionnelles imposent des conditions « draconiennes » pour accéder au crédit dans le but de couvrir le haut niveau de risque liés à l'investissement dans ces pays.

      En Haïti, ces conditions sont très rigides, compte tenu surtout des troubles sociopolitiques, des catastrophes naturelles et de la mentalité anti-changement dont fait montre certains de nos concitoyens. Ces contraintes font du pays l'un des endroits des Caraïbes où le niveau de risque est le plus élevé en matière d'investissement privé et, par conséquent, un endroit où le crédit est très restrictif où la forte régulation du système bancaire ne facilite point le financement de projet risqué. A titre d'exemple, en 2005 seulement 27.5 milliards de gourdes étaient accordées au secteur privé sous forme de crédit par le secteur bancaire traditionnel, selon les données de la BRH. En 1997, seulement 400.000 des demandeurs de crédit ont été satisfaits (PNUD, BIT 1997). Selon la PNUD seulement 133 clients sur les 400.000 détenaient les 2/3 de la totalité du crédit bancaire de cette même année. De même, selon la BRH, le volume moyen de crédit bancaire annuel était de 28.5 milliards de gourdes entre 1995 et 2000 (BRH, Rapport annuel 2007). Ces données montrent que Le crédit s'avère être un casse-tête en Haïti ; ainsi, des projets prometteurs souffrent dans les tiroirs, faute de financement.

      Pour certains donc, le crédit est un luxe, il est discriminatoire, sélectif. « Le haut niveau de risque en est la cause, » affirment habituellement les banquiers et autres responsables d'institutions financières. Il faut ajouter à tout cela l'incapacité d'un grand nombre de demandeurs de crédit de répondre aux exigences des banques commerciales, même tout niveau de risque pris en compte.

      Il faut donc, à cela trouver une alternative, si l'on veut toucher certains des problèmes économiques auxquels font face le pays. Considérant qu'avec le principe du « multiplicateur des crédits »5, ce dernier est le moteur du développement de l'entreprise privée, qui peut aider grandement le pays à se lancer sur la voie du développement économique et social. Il devient donc urgent que la problématique du crédit soit posée, tout en considérant ses multiples aspects. Certains pays du tiers-monde ont bien compris ce fait et ont trouvé des alternatives à des problèmes similaires dans la micro finance, qu'ils ont appelé finances pour les pauvres, par opposition aux services financiers qu'offrent les institutions financières traditionnelles qui sont pratiquement destinés à ceux qui possèdent déjà un certain capital.

      Haïti quant à elle, ne fait l'expérience de cette alternative qu'en 1939, date où les premières lois sur les coopératives ont été publiées6. Au fait, depuis cette date et face à un grand besoin de financement de l'économie, la micro finance, à travers principalement les coopératives, s'est vite propagée dans le pays. En 2002, parmi les bénéficiaires du crédit, 100,000 l'étaient des institutions de micro finance qui étaient alors au nombre de 79, avec un portefeuille de 1.235 milliards de gourdes nous dit la ANIHM. En 2007, la micro finance sert 108,778 micros entreprises avec une nette augmentation du portefeuille, avec des taux de croissance respectifs de 18 et de 23% par rapport à 2002. La micro finance, joue donc un rôle non négligeable dans l'activité économique, mais la détermination de ces impacts réels est aujourd'hui encore l'objet de controverses.

      5 Une banque détenant un excédent de liquidité sous forme de monnaie central cherche à le rentabiliser l'utilisant pour accorder du crédites prêts. Mais comme les bénéficiaires des crédits accordés ne conservent eux même qu'une fraction de leur avoir sous forme de monnaie centrale, les banques peuvent distribuer des crédits pour un montant supérieur à celui de leur liquidité excédentaire

      La micro finance a de toute évidence des limites, cependant elle a contribué entre 1995-2010 à faire augmenter considérablement le niveau de crédit dans l'économie haïtienne, elle lui a donné une bouffée d'oxygène, mais le gros du travail semble reste à faire. Cette augmentation du crédit coïncide, selon les données de l'association nationale des institutions haïtiennes de micro finance(ANIHM), à une augmentation considérable des micros entreprises, surtout commerciales à Port-au-Prince. Alors, il semblerait qu'il y existe une relation, mais il n'Ya aucune évidence. De là vient la question centrale de la problématique : Quel est l'impact global de la micro finance sur le secteur informel à travers l'amélioration des conditions de vie des marchands bénéficiaires ?

      De cette question principale découlent des préoccupations secondaires telles :

      · La micro finance est-elle capable, dans sa philosophie actuelle, de promouvoir réellement la croissance économique ?

      · A quel niveau a-t-elle contribuée à réduire le problème du crédit en Haïti ?

      · Dans quelle mesure peut-on faire de la micro finance un pilier de l'économie haïtienne ?

      De là, toute une série de questions que nous proposons de répondre, afin de pouvoir, à la fin du travail, confirmer ou infirmer nos hypothèses qui présupposent une relation positive entre microcrédit, accroissement de micro-entreprises commerciales et amélioration des conditions de vie à Port-au- Prince pendant la période sous étude.

      Voici, les affirmations provisoires que nous supposons.

      Les H

      H1

      La micro finance à un impact positif sur l'économie haïtienne, en particulier dans la réduction du chômage pendant la période 1995-2010.

      H2

      La micro finance en finançant le petit commerce a contribué à un niveau micro, à résoudre le problème de financement dans le secteur informel en Haïti entre 1995- 2010.

      H3

      La micro finance peut constituer un fer de lance dans la lutte contre la pauvreté en Haïti.

      Afin de pouvoir vérifier ces hypothèses, nous nous proposons de poursuivre tout au long de ce travail les objectifs suivants :

      Objectif général du travail : Faire ressortir la relation qui existe entre le microcrédit et l'amélioration des conditions de vie des dans le secteur informel entre 1995-2010.

      Toutefois, cet objectif sera soutenu simultanément par les objectifs spécifiques suivants :

      Objectif spécifiques :

      > a) Etudier le poids du microcrédit dans le petit commerce formel et informel.

      > b) Faire ressortir l'impact du microcrédit dans la création du pouvoir d'achat des petits marchands à Port-au-Prince.

      > c) montrer que la micro finance peut être un vecteur de développement socio-économique pour le Pays.

      A cette fin, ce travail de recherche s'articule autour de deux (2) parties et de quatre (4) chapitres.

      Une première partie théorique qui comprend les trois premiers chapitres : Vers une meilleur compréhension de Micro finance, rôle de la Micro finance Micro finance en Haïti et Impacts de la PEG à Port-au-Prince.

      Et une deuxième partie empirique, qui comprendra le quatrième chapitre qui sera l'objet d'une étude de cas et de la présentation des résultats de notre enquête qui nous permettra de confronter théories économiques et réalités haïtiennes.

      Une annexe des tableaux, graphes et outils d'entretiens apparaitra à la fin du document afin de faciliter une meilleure compréhension du travail.

      Eléments de méthodologies

      Comme l'exige le processus ou la démarche scientifique, ce travail comprendra d'abord une partie théorique qui, constituera, après élaboration des objectifs et des hypothèses, à faire une revue critique de la littérature existante avec une analyse documentaire des publications des institutions compétentes. Ce qui nous aura permis d'élaborer une problématique avec une question centrale qui sert de fil conducteur au déroulement du travail. Cette partie englobera toute la partie théorique du travail. Elle est suivie de la partie empirique qui comprendra un travail de terrain qui aura pour mission, via des entretiens, de collecter des informations sur un échantillon aléatoire de petits marchands bénéficiaires du microcrédit à Port-au-Prince, ce qui nous a permis d'étudier la véracité de notre première hypothèse. Nous avons présenté, par ailleurs à l'aide des variables qualitatives et quantitatives nos trois institutions de Micro finance, ainsi que les résultats de notre enquête menée dans la zone métropolitaine de Port-au prince.

      L'approche dans ce travail sera donc à la fois une approche qualitative et quantitative même si l'analyse qualitative dominera compte tenu de la nature qualitative de nos principales variables, un accent sera également mis sur l'analyse comparative, généralement utilisée en sciences humaines et sociales7.

      Limite du travail

      Ce travail s'inscrit dans un cadre spatio-temporel bien défini. Il porte sur les institutions de micro finance non coopérative à Port-au-Prince pendant la période 1995- 2010. Nous voulons par-là guider notre étude sur les institutions de micro finance non coopératives sans oublier la composante coopérative de la micro finance qui est toute aussi importante mais qui peut être l'objet d'une autre étude, comme c'est déjà le cas dans pas mal de travail antérieur au notre.

      7 Madeleine G. op.cit.

      D'autre part, trois IMF nous servent d'échantillons pour notre étude de cas, en raison bien sür, de leur importances dans le secteur, cet échantillon pouvait être bien sûr exhaustif, mais exigerait beaucoup plus de temps et de moyens matériels que nous ne disposons pas dans le cadre de ce travail.

      Trente (30) petits marchands bénéficiaires nous servent d'échantillon pour nos entretiens, là encore on pouvait augmenter la taille, mais étant donné que ceux-ci sont choisis de manière aléatoire et reflètent en qualité nos trois institutions, nous jugeons acceptable cet échantillon.

      Ainsi, cette étude doit être toujours circonscrite dans l'espace sur lequel elle est réalisée. Elle doit être toujours analysée à l'intérieur de cet espace-temps car tout débordement temporel risque de conduire à des jugements erronés à l'égard du travail.

      Nous n'avons, pour tous dire, nullement la prétention de tout dire sur ce thème, d'autant plus que la dynamique scientifique veut que rien n'est totalement acquis et que spécifiquement, le débat sur le rôle de la micro finance dans les pays du Sud est un débat actuel. Tandis que nous mettons sous presse, il peut y avoir de nouvelles avancées et de nouveaux paradigmes qui sont peut-être en train d'être mis sur pied dans ce vaste champ d'étude qu'est la micro finance.

      Tout compte fait, nous pouvons rentrer d'emblée dans le vif du sujet, c'est vers une meilleure compréhension de la micro finance que nous dirigeons.

      1. Vers une

      Compréhension

      De la Micro finance

      CHAPITRE PREMIER

      Section 1. cadre conceptuel et théorique

       

      1.1 Cadre conceptuel

      1.2 Littérature

      1.3 Fondements théoriques

      Section 2. Cadrage macroéconomique

      1.4 Situation socio-économique d'Haïti

      1.5 Coup-d `oeil sur le système financier d'Haïti

      1.1 CADRE CONCEPTUEL

      Afin d'éviter toute confusion dans ce travail, nous présenterons ici les possibles définitions des principaux concepts utilisés et les raisons pour lesquelles ces définitions ont été retenues. Nous commençons par ceux dont nous pensons qui sont indispensable à la compréhension du travail.

      Microcrédit

      Le microcrédit désigne l'attribution des prêts de faible montant à des artisans, producteurs ou entrepreneurs qui ne peuvent pas accéder au prêt bancaire classique. Il se développe surtout dans les pays du Sud où il permet de concrétiser des microprojets.

      RAPPEL HISTORIQUE

      Le microcrédit a été inventé par un professionnel d'économie du Bengladesh Mohamed Yunus, ce qui lui a valu le prix Nobel en 2006. Il fonda en 1977 le Grameen Bank afin de généraliser son expérience de microcrédit du Bengladesh. Depuis, le microcrédit a connu un grand développement dans, principalement, les pays du sud mais aussi dans le pays du Nord, en France y compris. Il existe aujourd'hui plusieurs milliers de banques qui font du microcrédit au bénéfice de plus de 50 millions de personnes dans le monde.

      ROLE DANS LE DEVELOPPEMENT

      Le microcrédit permet de développer de petites activités, mais il aide aussi à lutter contre la pauvreté. Il est efficace et comporte d'effets d'entrainement que les grands projets de développement, qui bénéficient rarement aux démunis, ne comportent pas. Il repose sur l'initiative et la responsabilité individuelles, ce qui facilite la réussite des projets. De plus, le microcrédit constitue le levier pour valoriser le statut de la femme dans les PVD. Enfin il contribue à retisser les liens sociaux après les conflits, comme c'était le cas au Rwanda, en Cambodge, en Bosnie etc.

      Néanmoins, le microcrédit ne peut pas être le remède miracle pour éradiquer la pauvreté. Il
      s'adresse d'abord aux couches défavorisées qui sont exclues du système bancaire et non aux

      plus pauvres, ceux qui n'ont même pas de quoi se payer un (Chen janbe) 8dirait-on dans le cas haïtien. Il comporte aussi un risque de surendettement car les taux pratiqués sont des fois très élevés (Jusqu'à 100% dans certains cas). Même le Bengladesh où plus de 66% de la population est concernée par le microcrédit, demeure l'un des pays les plus pauvres de la planète. Enfin, certains dénoncent le risque d'éviction au détriment d'actions menées par les pouvoirs publics en faveur de la santé, de l'éducation ou de l'eau.

      C'est pourquoi, certains économistes parlent de préférence de micro finance qui renferment non seulement le crédit mais de l'aide à la petite épargne, de la micro-assurance, de l'aide aux transferts des migrants etc. C'est ce dernier aspect que nous retenons dans le cadre de ce travail.

      Déjà, cette approche joint une partie de nos préoccupations et nous met sur la bonne voie dans la recherche de vérification à l'une de nos hypothèses mais des entretiens seront réalisés avec quelques petits marchands portant notamment sur les variables :

      · Revenus du ménage.

      · Statut des femmes.

      · Créations d'emplois.

      · Développement ou changement de la micro-entreprise.

      · Meubles.

      · Fréquentation scolaire des enfants.

      · Recettes du ménage.

      · Capacité de faire face aux crises et imprévus (épargne, fonds de sécurité).

      · Qualité de l'alimentation pour le ménage.

      · Nombres de personnes dans le ménage.

      COOPERATIVES

      Groupement de personnes poursuivant des objectifs économiques sociaux éthiques ou éducatif, l'institution qui s'y rattache est généralement gérée par les membres.

      PHILOSOPHIE

      Les coopératives s'inspirent au départ des idées socialistes de Fourier qui, cherchait à unir les salaires afin de se défaire du joug de l'employeur. Aujourd'hui, elle s'éloigne de cet objectif idéaliste. On distingue de nos jours, plusieurs types de coopératives celles qui cherchent l'approvisionnement de ces membres à des tarifs préférentiels, ce sont les coopératives de consommation, celles qui sont à capital variable constitué par les sociétaires mettant en commun

      8 Les gens qui sont en situation d'extrêmes pauvretés en Haïti.

      leur apport afin d'effectuer des achats, des investissements, des crédits ou des opérations de transformation et de production.

      Cette approche met en relief le lien de solidarité qui existe entre les membres d'une coopérative et cet esprit d'entraine qui règne aussi chez des petits marchands via le « sòl » et le « sabotay » qui règne dans le secteur informel haïtien. Voilà pourquoi il a été retenu dans le cadre de travail.

      DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

      C'est un processus de changement social économique et également politique.

      C'est un phénomène qualitatif irréversible qui entraine des changements de structures des changements mentaux et sociaux, des changements politiques éventuels et enfin qui crée les conditions d'une croissance durable et cumulative.

      Ce concept émerge dans les années 50 au moment de la décolonisation et de l'émergence des pays tiers sur le plan géographique. On peut également analyser le développement économique comme un objet à travers le développement humain et de développement durable diffusé par la PNUD. Ainsi, le développement économique renvoi à la satisfaction des besoins fondamentaux et la réduction des inégalités entre et à l'intérieur des pays. Le développement économique implique donc, le développement durable (issu du rapport de Brundtland en 1987 et est considéré officiellement comme un objectif depuis le sommet de la terre à Rio en 1992). Il a pour objectif de concilier l'environnement, le social avec le développement à travers une logique de double solidarité horizontal (en répondant au besoin présent pour les exclure du développement) et verticale (en prenant en compte les générations futures par un comportement écologique prudent).

      Cette analyse qui touche les différentes facettes du développement économique et qui fait de ce dernier un processus de profonds changements dans les structures : économiques, politiques, sociales et culturelles d'une nation rejoint notre préoccupation, c'est ce qui lui a valu sa place ici.

      SECTEUR INFOEMEL

      Le secteur informel regroupe toutes les activités économiques qui échappent au contrôle système fiscal en vigueur dans un pays, il comprend des activités de productions et de consommations et autres. Il est toutefois nécessaire de distinguer secteur informel que l'on appelle aussi économie informelle et économie illégale qui regroupe les activités illicites appelées souvent économies souterraine.

      L'économie informelle est caractérisée donc par :

      L'illégalité des activités.

      L'absence de livre comptable.

      L'absence d'une licence de fonctionnement (Patente).

      La précarité des activités.

      Le faible montant disponible pour mener les activités.

      VIE (Niveau de)

      Le niveau de vie est la quantité de biens et de services que le revenu permet d'acheter. Il correspond au niveau de consommation d'un ménage, d'une catégorie sociale ou d'un pays et dépend aussi de l'accès aux services publics. Pour un pays, il se mesure à l'aide du revenu national par habitant (PIB Per capita). Cet indicateur n'est en fait qu'une moyenne qui ne tient pas compte des inégalités à l'intérieur du pays (la moyenne étant influencée par les valeurs extremes), mais il nous permet de mesurer le niveau de vie d'un individu. Car, c'est un indicateur quantitatif, (c'est pourquoi d'ailleurs nous la préférons dans cette étude), contrairement aux notions de mode et de conditions de vies qui sont des notions qualitatives.

      Cet indicateur toutefois, se distingue du pouvoir d'achat qui correspond au revenu réel et qui tient compte de l'évolution des prix. Il est donc possible d'améliorer le niveau de vie, soit en augmentant la disponibilité de crédit soit en réduisant la part du revenu réel consacré à l'épargne, si ce revenu reste inchangé.

      On entend donc, par amélioration du niveau de vie d'un commerçant un processus de croissance du revenu de ce dernier résultant d'un prêt contracté dans un IMF et qui le permet d'avoir un mieux-être.

      COMMERCE (Petit)

      La catégorie des petits et moyens commerces comprend principalement les commerçants isolés, travaillant dans de petites structures, souvent familiales, qui effectuent directement leurs achats chez le grossiste. Parallèlement, il existe des indépendants associés, groupés en associations qui leur fournissent un certain nombre de services communs. Enfin, les petites supérettes appartenant à une chaîne peuvent également être rangées dans cette catégorie.

      Dans le cadre de ce travail, nous entendons par petit commerce, toute activité commerciale formelle ou informelle dont le chiffre d'affaire ne dépasse pas 500. 000 gourdes, qui emploie au plus dix (10) personnes et qui trouve leurs financements principalement dans les IMF.

      Quand les activités de cette entreprise s'inscrivent dans un cadre légal, c'est-à-dire sont reconnues par la loi. Et que l'entreprise possède : une patente (licence de fonctionnement), un livre comptable enregistreuse des opérations et est reconnue par le fisc : on parle de commerce formel. Dans le cas contraire, on dit qu'il s'agit du commerce informel

      COMMERCANTS (Petits)

      Selon le code de commerce haïtien, « sont commençant ceux qui exercent des actes de commerces et en font leurs professions habituelles. » Deux conditions résultent de ce texte : d'une part, il faut faire des actes de commerces ; d'autre part, il faut les faire à titre de profession habituelle. Une troisième condition est requise mais qui n'est pas prévue expressément : le commerçant doit agir en son nom et pour son compte. C'est ce qui donne au commerce tout son aspect juridique. Un petit commençant se trouve bien sûr dans la catégorie précédemment citée.

      INSTITUTION DE MICROFINANCE (IMF)

      On entend par institution de micro finance toute institution financière qui s'adonne principalement à l'activité du micro financement, de la micro-assurance, de l'aide aux transferts des migrants comme les coopératives, les mutuelles, les organismes de prêts des ONG, etc.

      La littérature économique abonde de définitions de micro finance, mais la définition la plus admise de nos jours, est celle qui tient compte du rôle de la micro finance, et la définit donc comme : un outil de lutte contre la pauvreté et un facteur de croissance économique. On le

      désigne des fois sous le vocable de « finance de proximité », parce qu'elle s'inscrit dans une logique d'adaptation des produits et services aux besoins des plus pauvres.

      BOURSES(Petites)

      Cette expression fait référence aux gens qui ont peu de moyens financiers et autres et qui sont à
      la recherche d'alternative adaptées à leur situation pour subvenir à leurs besoins. Les petites

      bourses, dans le cadre de ce travail regroupent tous ceux ou celles qui entreprennent une activitécommerciale mais qui n'ont pas accès aux services financiers traditionnels.

      IMPACT

      Est généralement considéré, comme l'effet produit par un phénomène sur un autre, c'est l'influence qui en résulte. Dans le cadre de ce travail il est retenu comme toutes les retombées positives immédiates et futures dans la vie des marchands suite à un prêt bénéficié d'une institution de micro finance.

      S'il existe des controverses dans la manière dont on doit définir la micro finance, il existe également, dans la littérature économique, plein de divergences quant à la manière dont on doit aborder et comprendre le rôle de la micro finance dans une économie, c'est ce que le point suivant cherchera à mettre en exergue en procédant à ce que l'on appelle généralement une revue critique de la littérature.

      1.2 Revue critique de la littérature

      L'émergence des institutions de micro finance (IMF) dans la littérature économique est la résultante d'une part, des imperfections des marchés financiers formels, marquées par l'exclusion des pauvres, et de l'insuffisance des ressources financières à laquelle s'ajoute le manque de structures du système financier purement informel (tontines, prêts usuriers et autres) à satisfaire les besoins spécifiques des petites bourses. D'autres part, elle est le résultat de l'échec des programmes d'ajustement structurel imposés aux pays du Sud et des politiques sectaires de ces gouvernements ainsi que des problèmes structurels auxquels font face ces pays.

      Ainsi, les événements tragiques du 12 Janvier 2010, l'apparition du choléra le 19 Octobre de cette même année semblent ouvrir un cadre favorable à une plus grande émergence de nouvelles initiatives économiques pour combler le vide que laissent ces deux catastrophes. Et là, les promesses ne sont pas des moindres puisque le Premier Ministre haïtien actuellement en poste, Dr. Gary Connille, lors de l'énoncé de sa politique générale au parlement (Octobre 2010) a promis un million (1.000.000) d'emplois directs et un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 9% par an, mais il n'est que d'attendre.

      Dans le secteur de la micro finance, on assiste à une plus grande vulgarisation des institutions de micro finance avec notamment la UNIBANK qui lance à travers la MCN son microcrédit agricole et la Capital Banque qui vulgarise son « Kredi kapital » sans oublier la « Sogesòl » du groupe SOGEBANK et le « kredi popilè » de la BUH qui proposent une plus grande variété de produits et services à la clientèle.

      L'allure ascendante des IMF nous amène à nous interroger sur l'impact réel de ses institutions dans l'amélioration des conditions de vie dans le pays.

      Ainsi, la recherche de réponse à cette question nous a amené dans les livres qui, bien sûr traitent de la question, ou d'un thème voisin. Il faut dire que la plupart des ouvrages relatifs au sujet porte essentiellement sur le crédit bancaire. Parmi eux on retiendra ceux dans lesquels l'analyse du crédit se fait sur un plan juridico-économique mais qui tient compte aussi du crédit des IMF. Et à ce niveau, il faut dire qu'il n'y en a pas beaucoup.

      Mais, L. Marchal l'un des rares auteurs qui fait une analyse des composantes du crédit distingue sur le plan économique, dans son ouvrage Monnaie et Crédit, le crédit à la production et le crédit à la consommation. Le crédit à la production est selon l'auteur lié à la croissance et au démarrage d'une économie. Alors que le crédit à la consommation sert à assurer la subsistance d'un individu ou d'un groupe, sans avoir un impact direct sur la croissance économique. Il écrit « le crédit à la consommation a pour but de faciliter la vente à des particuliers de biens de consommation en n'exigeant de ce particulier un règlement immédiat ». Ces crédits peuvent- être accordés soit par des banques, soit par des institutions revétant la forme d'établissement, financier poursuit l'auteur.

      Mais cette analyse est très limitée dans la mesure où, tenant compte notamment des démonstrations de J. Menard KEYNES, la consommation elle-même est un élément de croissance économique, en occasionnant un essor de la production par une augmentation de la demande.

      Chainneau pour sa part, distingue sur le plan juridique le crédit personnel (qui est lié à la qualité de la personne qui s'engage à prêter) du «crédit institutionnel " qui est accordé à une personne morale .Ce crédit est plus apte à générer des effets multiplicateurs. Mais, l'auteur ne tient ne tient pas compte ici des éventuelles retombées du crédit individuel qui est généralement destiné à la consommation.

      De son côté Jacoud GILLES, dans « la monnaie dans l'économie » ne fait aucune mention de la micro finance dans ses multiples analyses du crédit, toutefois sa lecture revêt d'une grande importance car il nous fournira une base théorique pour la connaissance et la compréhension du mécanisme de crédit, c'est la même situation dans « l'introduction à la pensée de Keynes " qui recherche à faciliter une meilleur compréhension de la pensée de Keynes aux apprentis économistes.

      DUMAS Benjamin quant à lui explique le mécanisme par lequel une économie passe d'une économie monétaire a une économie de crédit, c'est-à- dire a une économie d'endettement. « L'économie monétaire devait conduire à l'économie de crédit où un délai séparant la livraison de la marchandise, où aussi la monnaie est l'intermédiaire de son paiement et de son remboursement ", écrit- il. L'analyse de DUMAS est peu différente de celle de MARCHAL ; toutefois, elle est moins englobante par rapport à la première, car son point de vue sur le crédit, n'inclut que le crédit bancaire.

      Fred DOURA pour sa part, dans « Economie d'Haïti dépendance, crise et développement » consacre un chapitre aux IMF où il fait une analyse historique du secteur et met en relief son rôle dans un possible développement économique d'Haïti.

      Comme on peut le voir, il ya très peu d'ouvrages qui traitent spécifiquement du sujet, cependant
      il faut préciser que l'état actuel des connaissances sur les impacts et le rôle de la micro finance

      dans le développement économique est très avancé. Le vide que laisse les ouvrages sur le secteur est grandement compensé par le web où des dizaines de milliers de documents sont disponibles tant sur les sites spécialisés comme « Portail Micro finance » que sur les sites de masse9 sur le sujet. Ce qui a été pour nous une importante source de documentation.

      Dans cette littérature multiple sont inscrits des points de vue théoriques qu'il convient dans un souci de clarté de citer spécifiquement, ils constitueront les bases théoriques de la micro finance dans ce travail.

      1.3 Fondements théoriques de la micro finance

      L'expansion du secteur de la micro finance est un constat très perceptible tant dans les méthodologies de crédit employées que dans la diversification des produits et services disponibles. Sa mutation continue porte certains auteurs à avancer la thèse de l' « industrie de la micro finance ». En général, les programmes de micro finance ont pour objet d'offrir aux entrepreneurs à faibles revenus, l'accès à des produits financiers conçus selon leurs besoins et leur capacités. Aujourd'hui, il existe en Haïti très peu d'études qui ont été réalisées sur l'impact réel de la micro finance dans le pays. Certains critiques soutiennent l'idée que la micro finance ne favorise pas l'accumulation du capital et l'expansion vers le développement. La micro finance, à leur avis, ne favorise pas le développement, elle ne fait que renforcer la pauvreté et favoriser du même coup la multiplication des activités informelles (MARNIESSE 2000). Cependant, pour d'autres, la finalité des programmes de micro finance n'est nullement la maximisation du profit des entrepreneurs, elle consiste plutôt à permettre aux micros entrepreneurs de rendre soutenables leurs activités économiques, mais en maximisant leur bien être personnel et celui de leurs familles.

      La micro finance cherche donc à travers cet objectif à résoudre le problème de besoin de financement des petites bourses en s'appuyant sur des principes que l'on appelle généralement les principes clés des IMF. Ils sont au nombre de onze (11)10 et expriment chacun une préoccupation à la fois pour la clientèle et pour les institutions.

      9 Sites internet généralement utilisés mais sont très limités dans le cadre d'une recherche spécifique, inclus des concepts nouveaux et spécialisés.

      10 www.cgap.org

      1. Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de prêts

      2. La micro finance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreté.

      3. La micro finance est le moyen de mettre des systèmes financiers au service des pauvres.

      4. Il est nécessaire d'assurer la viabilité financière des opérations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres.

      5. La micro finance implique la mise en place d'institutions financières locales permanentes.

      6. Le microcrédit n'est pas toujours la solution (aux problèmes des pauvres).

      7. Le plafonnement des taux d'intérêt peut nuire à l'accès des pauvres aux services financiers des IMF.

      8. Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers, mais non les fournir directement.

      9. Les financements bonifiés des bailleurs de fonds doivent compléter les capitaux du secteur privé, ils ne doivent pas les remplacer.

      10. Le manque de capacités institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle des IMF.

      11. L'importance de la transparence des activités financières et des services d'information doit être toujours mise en évidence.

      Ainsi, ces principes constituent ce que l'on peut appeler la feuille de route des IMF et les guident dans l'application de leurs politiques. On doit toujours les garder en tête si l'on veut comprendre la philosophie de ces institutions qui cherchent à mettre en oeuvre des services financiers accessibles à tous, pour reprendre Kofi ANANN.

      Il reste toutefois, évident que les programmes de micro finance requièrent des besoins urgents en termes : de renforcement des capacités des IMF, de l'accroissement de l'efficacité et de la soutenabilité des programmes actuels, de leur extensions géographique à des endroits reculés en milieu rural ainsi que la fourniture des services à des coûts moindres.

      Ces besoins des IMF sont d'autant plus importants et urgents que la situation socio-économique du pays en question est très précaire.

      1.4 Situation socio- économique d'11- aï~i11

      Haïti s'étend sur une superficie de 27 750 Km2 pour une population estimée en 2009 à plus de 10 millions habitants. La densité de la population est plutôt élevée (360 hab. /km2) et tend à augmenter avec un taux de croissance de 2.26% [1]. En matière de développement humain (IDH), Haïti occupait le 153e rang selon le rapport publié en 2005 par le PNUD [2] alors qu'en 2003 il était classé au 145e rang, en 2007 il occupait la 149 e place. Ce qui traduit clairement une dégradation des conditions de vie dans le pays entre 2003 et 2007. Le taux de croissance pour l'exercice 2005-2006 est de 2,5% et le taux d'inflation se chiffre à 7.90% en juillet 2007[3]. La proportion de la population vivant sous le seuil de la pauvreté extrême (moins de USD 1 par jour) est estimée à 56% et celle vivant sous le seuil de pauvreté (moins de USD 2 par jour) se chiffre à 76% [4] (ANIHM, Rapport 2008). Le phénomène de pauvreté prend de l'ampleur en aggravant les conditions de vie déjà précaires des couches défavorisées de la population. Les indicateurs sociaux témoignent de graves insuffisances : l'espérance de vie moyenne se limite à 51.6 ans, le taux d'analphabétisme évolue encore autour de 48.1%, on doit attendre pour voir ce que le programme d'éducation pour tous du nouveau gouvernement en place va donner, le taux de scolarisation est de l'ordre de 24%, les événements tragiques du 12/01/2010 ne font qu'empirer ce sombre tableau de notre situation de peuple. Les vingt dernières années ont été particulièrement difficiles pour la population haïtienne. En effet, en plus de cette crise économique que traverse le pays, l'instabilité politique et les nombreux bouleversements d'ordres politiques et naturels ont été les caractéristiques de ces deux décennies.

      En 2008, à l'heure de la crise financière mondiale, l'économie haïtienne est demeurée extrémement vulnérable aux chocs extérieurs. Ainsi, l'augmentation du prix du pétrole sur le marché mondial a profondément affecté le pouvoir d'achat de la population haïtienne qui demeure très dépendante de l'or noir, l'augmentation du prix des céréales sur le marché mondial a créé de graves crises dans le pays, comme nous l'avons constaté en Avril 2008 avec l'émeute de la faim. Comme note positive, notons une certaine stabilité du marché des changes avec un dollar américain qui se vend en moyenne à 40 gourdes depuis tantôt sept ans12.

      11 La plupart des informations inclues ici sont tirées d'une publication en Février 2007 par la ANIHM

      12 Source BRH, Rapport 2008

      Il convient de rappeler que les nombreux changements qui se sont opérés dans la structure d'Haïti dans le temps considérée comme un pays essentiellement agricole, ont fortement affecté la majorité de la population. La libéralisation du commerce extérieur en 1995 conduite en dehors d'un processus de revitalisation du tissu industriel et de remembrement de la production nationale a eu un impact négatif sur l'économie nationale qui accuse chaque année un déficit de sa balance commerciale de plus en plus croissant. Les couches défavorisées ont développé donc des stratégies de survie en intégrant le secteur informel qui regroupe plus de 90% des emplois à travers des activités précaires ou de survie à faible valeur ajoutée utilisant des équipements désuets à productivité réduite, ce qui donnera encore plus d'importance aux activités des institutions de micro finance, compte tenu du lien étroit qui existe entre micro finance et secteur informel en Haïti. Les difficultés d'accès aux ressources productives en vue de réduire les disparités entre les groupes sociaux constituent l'une des principales contraintes au développement d'initiatives innovantes en matière de lutte contre la pauvreté. L'économie haïtienne se révèle donc incapable de générer une croissance forte et durable, condition essentielle à la création d'emplois. Cette tranche de la population n'avait pas accès à des services financiers jusqu'à l'arrivée des opérateurs de micro finance vers la fin des années 99 qui, sur la base de petits prêts aux micro et petits entrepreneurs, ont permis à de nombreux ménages pauvres haïtiens de développer des activités génératrices de revenus et d'améliorer leurs conditions de vie.

      A l'intérieur de ce système macroéconomique, se trouve un système financier qui à ces caractéristiques et sa structure, jetons en un coup d'oeil afin de mieux situer la micro finance

      1.5 Coup-d If il sur le système financier haïtien

      Si l'on admet qu'un système est un ensemble d'éléments interdépendants qui concourent à une méme fonction, et si l'on admet que financier se renvoie à tous ce qui a traits à la finance : on admettra qu'un système financier est, comme nous le dit Fred DOURA, l'instrument qui facilite l'adaptation de l'économie à l'incertitude par l'intermédiaire des institutions financières, bancaires et non bancaires.

      Dans toute économie en effet, on retrouve des agents économiques, soit des consommateurs, des entreprises, ou le secteur public qui peuvent tantôt faire face à des surplus de revenus et désirent ainsi épargner et/ou prêter moyennant un frais, le taux d'intérêt ; à ceux qui ont des besoins de capitaux. D'où la fonction d'un système financier qui est de : répondre à ces différents types de

      besoins. Ce système comprend une superstructure un organisme public ou à responsabilité politiques, c'est la banque centrale. Dans plusieurs pays les institutions financières sont divisées en ce que l'on appelle13 :

      · Les marchés financiers qui comprennent le marché des obligations et le marché boursier

      · Les intermédiaires financiers, qui regroupent les banques commerciales et d'affaires, les mutuels qui, vendent des parts au public et utilisent ces fonds pour acheter des actions et des obligations. Mais de nos jours un pays comme la France, intègre dans son système financier les institutions de micro finance (IMF)

      En ce qui a trait au système financier haïtien, on peut se demander s'il existe réellement un système financier haïtien? Il faut dire, que tout dépend de la définition adoptée, ainsi si l'on considère la définition fonctionnelle de Doura on aurait tendance à répondre par la négation, mais si l'on considère une définition opérationnelle qui définirait le système par rapport au rôle fonctionnel de chaque élément dans le système (approche fonctionnaliste) la réponse sera toute autre. C'est cette deuxième considération que nous retenons.

      En effet, une analyse du système financier haïtien, permet de dire que le système est fortement contrôlé par la banque centrale d'Haïti (BRH14), par des normes prudentielles et de surveillance bancaire. C'est un cadre strictement régit qui ne laisse aucune place pour la spéculation et pour le financement de projet à haut risque. L'absence d'une bourse haïtienne met le secteur financier à l'abri d'un ensemble de risque qui est l'apanage de tout système financier. La BRH par exemple fait injonction aux banques commerciales de présenter régulièrement leurs états financiers qui lui permettra de juger de leur santé économique. Ainsi, La BRH oblige les établissements bancaires à faire vérifier leurs états financiers annuels par une firme de vérification indépendante. Le travail mené par cette firme consiste en un examen étendu effectué dans le but d'exprimer une opinion sur la fidélité avec laquelle les états financiers de l'établissement présentent sa situation financière, les résultats de son exploitation et l'évolution de sa situation financière selon des principes comptables appropriés, appliqués de la même manière qu'au cours des exercices précédents. Ainsi, sans garantir l'exactitude des états financiers, l'opinion énoncée par le

      13 Doura Fred, op. Cite

      14 Institution créée par la constitution de 1987 en son article 225, dans lequel ses fonctions et attributions sont définies

      vérificateur indépendant à leur égard en augmente la crédibilité. Compte tenu de cette opinion et de la nature des travaux effectués par le vérificateur indépendant, la BRH entend s'appuyer sur ceux-ci afin d'éviter le dédoublement des travaux de méme nature. Tout ceci dans l'objectif pour la BRH de s'assurer que le système est à l'abri de tout risque.

      Le système financier haïtien est donc dans sa nature et dans ses caractéristiques un système surprotégé avec neuf (9), (2010) banques commerciales15 comme: la SOGEBANK, la UNIBANK, CAPITAL BANK, la SCOTIABANK... qui se livrent aux activités aux moindres risques comme le marché parallèle, les prêts à la consommation, la souscription aux bons BRH; des banques des logement et de logement (BEL)16 tels : SOGEBEL, UNIBEL, SOKABEL, des institutions de micro finances17MICROCREDIT NATIONAL, FONDS D'ESPOIR, ACME~et des quelques institution d'assurance, AIC, NASA, ONA~mais sans aucune banques d'affaires qui seraient les promoteurs des projets d'investissements de longue durée et à haut risque. Et l'absence d'une bourse qui aurait pour mission d'assurer la liaison du système d'avec le marché financier mondial.

      Il est à remarquer qu'aucun cadre légale ne définit le fonctionnement des IMF non coopérative dans le système et jusqu'à date. La BRH, organe étatique régulateur du système financier ne dispose presqu'aucune informations sur ce secteur, nous a confié un haut cadre de la banque sous couvert de l'anonymat. C'est pourquoi d'ailleurs, que nous avons dit dans l'introduction du travail que la majeure partie des activités de institutions de micro finance appartient encore au secteur informel. C'est dans ce contexte financier plutôt difficile qu'évolue les IMF que nous

      souhaitons présentées et expliqué leur rôle et impacts dans le secteur informel en Haïti, le chapitre qui va suivre concourra à cet objectif.

      15 C'est un établissement dont les activités principales consistent à recevoir du public des dépôts à vue ou à terme et à effectuer des opérations de crédit à court, moyen ou long terme selon les prescriptions de la BRH (décret du 14/11/1980)

      16 Ce sont des établissements dont les activités principales consistent à mobiliser de l'épargne privé et public, national ou étrangàe, en vue de l'octroi de prêt hypothécaires à moyen et à long terme devant servir à l'acquisition, à la construction ou à la restauration d'immeuble à usage résidentiel, commercial, industriel ou à caractère social ( loi du 28/08/1984)

      17 Pour définition, voir cadre conceptuel

      2.-Rôle de la micro finance en Haïti

      CHAPITRE DEUXIÈME

      2.-1 Coup-d `f il historique global sur la micro finance

      2.-2 Histoire de la micro finance en Haïti

      2.-3 Quelques déterminants du microcrédit en Haïti

      2.3.1 Les déterminants juridiques

      2.3.2 Les déterminants socio-économiques 2.3.3 Les déterminants politique

      2.4 Les formes du microcrédit

      2.4.1 le microcrédit à court-terme

      2.4.2 Le microcrédit à moyen et à long terme

      2. 5 La typologie du microcrédit

      2.5.1 Le crédit à la consommation 2.5.2 Le crédit agricole et industriel 2.5.3 Le crédit au petit commerce

      2.6 Les caractéristiques du microcrédit

      2.7 Avantages du microcrédit au regard du crédit bancaire

      2.8 Limite du microcrédit

      2.9 La micro finance actuelle au regard du développement économique en Haïti

       

      Dans la littérature contemporaine, il n'y pas de consensus parmi les professionnels pour définir ce qu'est le microcrédit et de manière plus général la micro finance. En effet, les uns sont influencés par les dirigeants du sommet mondial de Washington estimant que tout crédit de plus de 100 dollars n'est plus du microcrédit. Dans cette catégorie se trouvent l'expérience de crédit de la Grameen Bank et les organismes prêtant aux femmes pour le petit commerce ou des microprojets. L'autre catégorie beaucoup plus nombreuse, prêtent des sommes allant de 100 à 5000 voire 10 000 dollars et considèrent leur prêt comme du microcrédit. Cependant, même si chaque acteur tente de définir à sa façon le microcrédit, on peut admettre qu'il s'agit d'un petit crédit, d'un montant peu élevé, sensiblement inférieur au crédit qu'une entreprise ou un ménage peut solliciter auprès d'une banque classique dans un pays donné. Il peut être demandé pour toutes sortes de besoins, mais il l'est principalement pour développer une activité génératrice de revenus. Le microcrédit est orienté souvent vers le financement d'activités existantes que la création de nouvelles activités. Ce crédit est sollicité par des personnes dont le revenu est relativement bas, c'est pourquoi le microcrédit est considéré comme un crédit pour les pauvres et qu'on le présente comme un moyen de lutte contre la pauvreté. Bien que la distinction dans la littérature n'est pas évidente entre microcrédit et micro finance, la micro finance peut se définir comme étant la mise en pratique de services financiers ou non financiers, tels que l'épargne, le crédit et autres services financiers de base, à petite échelle, destinés à des personnes à faible revenus et aux plus pauvres notamment pour les PED (Hermann-Didier TEBILLI, 2008). Voyons maintenant comment la micro finance a pris naissance et comment elle s'est évoluée à travers le temps et l'espace.

      2.1 Coup-d jf il historique sur la micro finance

      L'histoire des hommes sur la terre est liée à tout un ensemble de luttes et de recherches permanentes de nouveaux moyens pour assurer des meilleures conditions d'existence et d'être. Ces luttes sont permanentes et touchent tous les aspects de la vie d l'homme depuis l'antiquité jusqu'aux sociétés modernes d'aujourd'hui.

      Dans cette logique, est née en Europe en 1849, la première société coopérative d'épargne et de
      crédit, une institution qui offrait des services d'épargne aux populations ouvrières pauvres et
      exclues des banques classiques. Ces organismes etaient appelés alors des mutuels. Ce

      mutualisme, connaît à partir de 1941 un développement assez exceptionnel aux Pays basque espagnols autour des coopératives de Mondragón18. Mis à part le cas de Mondragón, des organismes et institutions se développent sur cette base en Europe et en Amérique du Nord, puis après la Seconde Guerre mondiale dans les pays du Sud, ils se focalisent sur l'épargne et offrent peu de services de crédit.

      Dans les années 1970, avec la Grameen Bank, Muhammad Yunus développe le microcrédit au Bangladesh, ouvrant ainsi la voie à de nombreuses autres expériences menées dans le monde entier. Des institutions sont créées pour fournir aux pauvres des moyens de créer leurs gagnepain et les outils pour gérer les risques associés, c'est-à-dire les services financiers normaux qui sont proposés aux catégories plus riches. Le succès de la Grameen Bank qui compte maintenant plus de 7 millions de Bangladeshies pauvres a connu un écho dans le monde entier ; mais dans la pratique, il s'est avéré difficile de recopier cette expérience. Dans les pays où les densités de population sont plus faibles, il est beaucoup plus problématique de réunir les conditions de rentabilité pour créer des services et commerces de proximité. Il n'empêche que la Grameen a démontré que non seulement les pauvres remboursent leurs crédits, mais qu'ils peuvent payer des intérêts élevés et que l'institution peut donc couvrir ses propres coûts. Une réalité dont nos banquiers devraient sans doute tenir compte dans leurs analyses du crédit.

      A la fin des années 1980, les initiatives se multiplient. En Amérique latine, des institutions accordant des crédits en milieu urbain commencent à couvrir leur frais sans subvention. L'ONG bolivienne PRODEM créée en 1986 décide de « filialiser » ses activités de micro finances sous forme de banque en créant la Banco Solario SA, plus connue sous le nom de BancoSol. C'est l'émergence de ce que l'on peut appeler une « industrie de la Micro finance ».

      Aujourd'hui, à un moment où les besoins de financement restent encore une priorité surtout dans les pays du Sud, on peut dire que la micro finance reste encore du chemin à parcourir ; même si, il faut le reconnaitre, de celle qu'elle était en Europe au milieu du XIX siècle en passant par les BancoSol en Amérique du Sud, la micro finance a beau faire faire du chemin.

      18 Economiste Bangladeshie, fondateur du Graman Banque prix Nobel en Economie

      Jusque-là en effet, nous avons vu le cheminement de la micro finance en à travers le monde, mais qu'en est-il d'Haïti qui nous concerne plus particulièrement dans cette étude ? La réponse à cette question sera l'objet de la section suivante.

      2. 2.- Histoire de la Micro finance en HaïtiFaire une historique de la micro finance en Haïti nous met dans une situation difficile, car on

      risque de tomber dans des redites en raison du fait que tous les travaux effectués dans ce domaine ont réservé chacun une section à ce titre. On peut cependant ajouter dans ce cas spécifique, pour dire que l'offre de services dans la Micro finance en Haïti est principalement assuré par deux grandes catégories d'institutions. Les IMF de type coopératif et celles de types non coopératif. Sur ces deux catégories s'imbriquent d'autres circuits, informels et peu étudiés, qui sont les tontines, les prêts personnels à taux nul ou sol, (le Sabotay) qui, malheureusement ne sont pas l'objet de notre étude, et que donc on ne peut pas développer.

      Historiquement, on peut remonter la micro finance en Haïti à l'année 1937, date ou les premières lois sur les coopératives ont vu le jour.

      En 1951, La micro finance touche le secteur agricole avec la création au niveau du ministère de l'agriculture de l'IHCAI (Institut Haïtien de Crédit Agricole et Industriel) par la loi du 12 décembre 1951. Suite à des difficultés, cette structure sera remplacée en 1961 par IDAI (Institut de Développement Agricole et Industriel). La première institution de micro finance non coopérative quant à elle a vu le jour en 1979 avec la création de la Fondation Haïtienne de Développement (FED), puis en 1983 la fondation haïtienne d'aide à la femme (FHDF) emboite le pas en accordant du crédit principalement aux femmes, avec le soutien du Woman World banking. En 1984, la composante coopérative de la micro finance fait face une nouvelle fois à de grande difficultés, l'IDAI est remplacé par la BNDAI sans que de véritables réformes ne soient apportées dans le secteur. Les années 1990 ont été marquées par la continuité dans ce que l'on peut appeler la marche dynamique du secteur, avec la création de nouvelles institutions qui, essayaient une fois de plus d'aider à la subsistance des couches les plus vénérables. Cette période était surtout marquée, selon la ANIHM, par l'entrée dans le secteur des banques commerciales traditionnelles comme la Sogebank, la Unibank etc.

      La libéralisation du taux d'intérêt en 1995 par la BRH marque un tournant décisif dans l'histoire du secteur en Haïti. En effet, suite à cette décision et suite à l'appel du président de la république de l'époque, les années 2000 et 2001 ont été marquées par l'apparition d'une vague d'institutions de Micro finance, surtout coopérative qui évoluait en dehors de toutes normes, octroyant des taux d'intérêts faramineux (jusqu'à 15% le mois). Cette situation avait comme conséquences la banqueroute de la quasi-totalité de ces institutions, la ruine d'une grande partie de la classe moyenne, qui voyait dans le mouvement une alternative aux politiques de poids de mesure des banques commerciales, et finalement un discrédit qui aujourd'hui encore fait tache d'huile sur le secteur.

      Aujourd'hui, alors que nous parlons de reconstruction et développement durable, la ANIHM recense environs 200 IFM évoluant dans le pays, regroupant les institutions de prêts aux plus vulnérables: des ONG, des institutions de microcrédit des banques commerciales, les institutions coopératives et non coopératives et des institutions caritatives. Mais l'offre de crédit dans le secteur, reste encore très minime par rapport à la demande, nous dit Fred DOURA19. Cette situation d'offre restrictive par rapport à la demande est dü à des facteurs qu'il convient de déceler si l'on souhaite comprendre le rôle effectivement des IMF dans le développement sur dans le secteur informel en Haïti. C'est ce que nous allons essayer de voir avec une présentation des principaux déterminants du microcrédit dans le pays.

      2.3 Quelques déterminants du microcrédit en Haïti

      Dans toute économie, le volume de crédit qui y est octroyé est soumis à un ensemble de

      contraintes, le microcrédit n'échappe pas à cette règle. Ainsi, cette section aura pour objectifs de présenter quelques-uns de ces déterminants du micro crédit dans le cas d'Haïti. Commençons par les déterminants juridiques.

      2.3.1 Les déterminants juridiques du microcrédit

      Juridiquement, c'est la théorie des obligations et du risque d'insolvabilité qui déterminent les
      opérations de crédit. Ces dernières ont épousé au fil du temps les contours évolutifs de théories

      19 Economie d'Haïti « dépendances, crises, et développement » tome 2

      divers depuis le droit romain et tendent grandement à être modifier de nos jours dans le droit haïtien. Aujourd'hui, c'est de préférence l'intervention du législateur qui devient de plus en plus une nécessité afin d'assurer l'équilibre social qui serait constamment menacé. En ce sens, certains hommes de droit pensent qu'on doit favoriser les débiteurs, car les créanciers sont des exploiteurs, d'autres pensent le contraire. Un troisième groupe propose l'intervention d'un juge avant toutes opérations de crédit. Cette conception est naturellement plus réaliste en raison de son caractère impartial.

      Dans le secteur de la micro finance cependant, il faut dire que ce problème ne se pose pas, en raison de la proximité et de la confiance qui règne entre préteurs et emprunteurs. Le crédit y est donc, déterminé sur le plan juridique par la crédibilité morale du demandeur et a cette fin un conseil de crédit est en place dans chaque IMF afin d'examiner le statut juridique du demandeur. Toutefois, ces conditions doivent être respectées:

      · Etre âgé de 21 ans au minimum

      · Avoir résidé pendant un an à cette même adresse

      · Ne figurer sur un état de mauvais payeur communique par « FINNNET20 »

      Outre, l'analyse du statut juridique du demandeur, ce conseil se statuera également sur le profil socio-économique de la personne21 puisque le microcrédit s'adresse à un public particulier. Voyons ce qu'il priorise.

      2.3.2 Les déterminants socio-économiques du microcrédit.

      Comme le crédit du système bancaire, le microcrédit est déterminé par un ensemble de facteurs socio- économiques, qui sont en quelque sorte, propre au public ciblé par le secteur. Comme nous l'avons déjà dit, le microcrédit s'adresse aux petites bourses, il vise à rendre les services financiers accessibles à tous. A cet effet, le microcrédit est déterminé d'un point de vue socio- économique par des facteurs comme :

      20 Réseau indépendant de fournisseurs de crédit géré par DAI

      21 Personne physique ou morale

      L'identité et la situation socio-économique de la personne.

      En effet, il ya tout un mécanisme qui est mise en place dans les IMF pour s'assurer que les prêts vont principalement aux personnes qui sont dans le plus grand besoin. Cela n'implique pas toutefois que des « grossistes »22 ne se tournent pas vers la micro finance dans la recherche du financement de leurs activités.

      La manière de gagner sa vie.

      Généralement les prêts des IMF s'adressent au petit commerce (près de 90%). C'est un choix qui s'explique par divers facteurs dont le respect de l'échéancier, la capacité de supporter le taux d'intérêt relativement élevé (entre 15 à 90 % l'an), le besoin de survivre qui est en grande partie assurer par le petit commerce dans le secteur informel.

      Le niveau d'attractivité du produit : En général, le volume de crédit accordé par les IMF est grandement déterminé par le flux de transaction que le préteur peut effectuer pendant une période donnée. En effet, plus un client effectue de transactions dans une période, plus il est apte à recevoir du crédit du secteur. Cette situation met en évidence le sérieux du demandeur et sa capacité à faire fructifier dans un court terme l'actif financier à sa disposition.

      Posséder une entreprise stable avec une bonne capacité de remboursement

      Ce critère, découle du précédent et exige que l'entreprise en question ait un besoin de fonds se situant entre 100 à 10.000 USD. Mais, ce critère n'est pas toujours respecté, à titre d'exemple nous avons dans le cadre de nos entretiens rencontré une commerçante au centre-ville qui vient tout juste de décrocher un prêt d'un montant de 500.000 gourdes dans une IMF, montant logiquement supérieur à 10.000 USD au taux du jour.

      Ainsi, le microcrédit est déterminé par un ensemble de facteurs socio-économiques qui obligent les IMF à proposer une variété de produits financiers appropriés aux petites bourses. Ces gens vivent en général dans une situation de précarité sociale qui découle d'un climat politique instable, alors les responsables de crédit des IMF se voient obliger de tenir compte de ce

      22 Ceux qui ont accès au système financier traditionnel.

      paramètre dans leur politique de crédit, ce qui nous oblige à voir les déterminants politiques du microcrédit.

      2.3.3 Les déterminants politiques du microcrédit

      Il est d'aucun doute que les activités politiques d'un pays influent grandement sur toutes les autres activités. Puisque le secteur public devrait donner le ton aux autres secteurs. Il doit définir le cadre macroéconomique dans lequel évolue notamment micro finance que nous nous proposons d'étudier. Ainsi, un climat politique instable, ralentit considérablement le volume de crédit des IMF, d'autant plus que ces dernières s'adressent généralement au petit commerce informel sur qui, le climat politique influe énormément.

      Les déterminants du microcrédit étant identifiés, voyons maintenant ce qu'il en est des formes que revêt généralement ce crédit.

      2.4 Les formes du microcrédit

      Comme nous l'avons maintes fois répété dans ce travail, le crédit des IMF s'adresse à un public particulier, ce qui fait du microcrédit quelque chose d'un peu particulier. Si les théories économiques établissent en effet, un lien étroit entre crédit et croissance économique, elles font références dans la plupart du temps au crédit destiné à l'investissement. Cependant, dans un pays comme Haïti où même les banques commerciales qui disposent d'intéressants capitaux ne financent en général que les activités de consommations. On comprendra rapidement pourquoi, dans le domaine du crédit surtout, que la théorie épouse fort difficilement la réalité. Ainsi, la micro finance cherchant à assurer premièrement la survie du bénéficiaire, l'amélioration de ces conditions de vie ; par conséquent, consacre un fort pourcentage de son portefeuille aux besoins de financement pressant tels : le prêt à la consommation, le prêt au petit commerce formel et informel (investissement) et rarement des prêts aux activités de production (artisanat, petites industrie et autres).

      2.4.1 Le prêt à la consommation.

      Le crédit à la consommation sert en général à assurer la subsistance d'un individu ou d'un
      groupe, sans avoir un impact direct sur la croissance économique. Même si, J. Menard
      KEYNES a démontré dans les années 30, lors de la grande dépression que « Le crédit à la

      consommation a pour but de faciliter la vente à des particuliers de biens de consommation en n'exigeant de ce particulier un règlement immédiat». Ces crédits peuvent être accordés soit par des banques soit, par des institutions revêtant la forme d'établissement financier (les IMF par exemple)23. Cette considération nous fait voir toute la logique expliquant qu'une bonne partie du portefeuille de crédit des IMF est consacrée au crédit à la consommation. Les statistiques ont fait état d'une certaine variété dans le pourcentage du portefeuille des IMF qui est consacré au prêt à la consommation.

      La consommation est en effet l'activité économique à la laquelle, on peut dire sans risque de se tromper, que l'être humain ne peut pas s'en passer. Il devient alors une nécessité que l'acte de consommation soit accomplie. C'est ce qu'ont compris les IMF et c'est en vertu des principes qui régissent leurs fonctionnements actuels qu'une partie non négligeable de leurs préts va au prêt à la consommation. A la question, peuvent-elles, dans ce cas participer réellement au développement, on ajournera la réponse à une prochaine section. Si le crédit à la production occupe une place marginale dans les portefeuilles de crédit des IMF, le secteur agricole et artisanal en est les premières bénéficiaires de ce type de crédit des IMF.

      2.4.2 Le crédit agricole et industriel

      En tant que pays sous-développé, Haïti est essentiellement agricole, c'est -à- dire le secteur agricole est la branche la plus importante de l'économie. Aujourd'hui encore en dépit de son déclin, ce secteur fournit environs 30% du PIB national. Ainsi, tout vrai projet de développement doit intégrer ce secteur qui peut servir à la fois en aval en assurant la sécurité alimentaire de la nation et en amont en constituant une source de matières premières pour les industries de transformations et donc une source de devises via les exportations. Les IMF semblent, très longtemps ignorer ce fait, puisqu'elles se sont rarement intéressées au crédit dans ce secteur, c'est peut-être à cause du niveau élevé de risque qui accompagne les activités dans le secteur. C'est en quelque sorte s'écarter de ses objectifs, on peut dire. Même si dans ces premiers balbutiement dans le pays, la micro finance, surtout coopérative, a touché une grande partie le secteur agricole avec des institutions comme : IDAI, BNDAI, etc. Aujourd'hui on assiste à un

      23 L. Marchal, op. cite

      retour timide des IMF dans l'agriculture avec des institutions comme : MCN avec son microcrédit agricole, WM/FEMA, ODVA, la Sogesòl, qui ont vu dans le secteur un partenaire solide, selon les dires des responsables de quelques IMF. Elles ont, en ce sens consacré en moyenne 8 à 9% de leurs portefeuilles aux deux secteurs réunis. C'est encore peu significatif, affirment certains critiques.

      Si l'on admet le fait qu'environs 5 à 7% du portefeuille des IMF est consacré au crédit à la consommation et que 8% environs est investi dans le crédit agricole et industriel, il ya donc près de 85% du portefeuille qui ira logiquement vers une troisième composante qui n'est autre que le petit et moyen commerce.

      2.4.3 Le crédit au petit et moyen commerce.

      Il n'est pas superflu de rappeler ici que la majeure partie du portefeuille des IMF s'adresse au petit et moyen commerce formel et informel.

      En effet, le microcrédit s'inscrit dans une logique de financement des petites bourses. Les IMF octroient une très grande partie de leurs portefeuilles au secteur informel qui emploie en Haïti près de 80% de la population active avec plus de 75% dans le petit commerce. La micro finance veut donc, rester fidèle à ces objectifs en choisissant de financer prioritairement ce secteur. Le commerce servira donc de foyer pour notre étude d'impact de la micro finance sur le secteur informel.

      Ce choix, il faut le dire, a fait l'objet et fait l'objet encore de critiques chez beaucoup d'auteurs qui voient en lui un moyen de ne pas toucher effectivement de développement économique et d'influencer donc négativement sur l'économie. On doit cependant, rappeler que ce choix rejoint la philosophie des IMF et les restrictions qui sont qui sont imposées aux institutions de micro finance d'octroyer de petits prêts de courte durée avec des taux d'intérêts relativement élevés en vue de couvrir la totalité des frais, comportant le moindre risque possible que seul les activités de distributions (commerciales) peuvent facilement supporter.

      2.5 Les caractéristiques du microcrédit

      On doit rappeler que le microcrédit désigne l'attribution des prêts de trais faibles montants a des artisans, producteurs ou entrepreneurs qui ne peuvent pas accéder au prêts bancaires classiques. Il se développe surtout dans les pays du sud ou il permet de concrétiser des microprojets.

      Cette définition, nous fait voir d'une part, que le microcrédit est caractérisé par :

      Le montant du prêt

      En effet, à partir d'un certain montant certains auteurs se mettent d'accord pour dire qu'il ne s'agit plus du microcrédit, même s'il est adressé a des gens qui sont exclus du système bancaire traditionnel, mais il n'y a pas unanimité sur cette question. Ce montant varie d'un pays à l'autre et donc dépend de la taille de l'économie en question.

      La couche sociale visée

      Le microcrédit vise un public très particulier, (artisans, petits entrepreneurs) qui s'adonnent à des activités de subsistance et qui n'ont pas le capital qu'il faut pour financer leurs microprojets. Il est donc caractériser aussi par :

      Le délai de l'obtention du prêt

      En général, les demandes de prêts dans les IMF sont traitées et répondues en deux semaines (15 jours). Dans le cas d'une personne qui avait déjà bénéficié d'un prêt de l'institution ce délai est réduit et peut tomber jusqu'à deux à trois jours.

      Les exigences faites aux demandeurs de crédit

      Après l'analyse de la situation du demandeur et de son projet, peu d'exigences lui est faites en termes de collatéraux. C'est de préférence la confiance qui règne entre les deux acteurs qui est à la base de la transaction, en ce sens un avaliseur24 est exigé avant tout décaissement. Cette caractéristique fait également l'objet de critique, mais elle répond sans nul doute à la situation socio-économique générale des clients des IMF.

      Le haut taux d'intérêt

      Le taux d'intérêt reste encore très élève dans le secteur de la micro finance, plus de 60% dans
      certains cas, même s'il est nettement inférieur au taux généralement pratiqué par les usuriers
      dans le secteur informel. Ce haut taux est généralement lié aux frais de traitement des dossiers

      24 Personne qui s'engage à rembourser le solde du prêt en cas de désistement de l'emprunteur.

      qui sont d'autant plus élevés que ces institutions ont a traité, le plus souvent, une multitude de petits prêts de faibles montants. Ainsi, le coût d'une unité monétaire prêté en 2005 par une IMF était de 0.27, il s'est légèrement baissé en 2006 pour se situer à 0.19.

      Ces caractéristiques et bien d'autres font du microcrédit un puissant facteur de lutte contre la pauvreté selon Gérard Stock25. Elles découlent des avantages du microcrédit que la section suivante se propose de présenter.

      2.6 Les avantage du microcrédit par rapport au crédit bancaire

      La micro finance fait partie des moyens permettant de lutter contre l'exclusion bancaire et sociale. En France en particulier, le microcrédit est présent principalement sous la forme du microcrédit personnel accompagné, il est un prêt d'un montant généralement inférieur à 3 000€ accordé avec un taux d'intérêt faible (3,5% en moyenne). En Haïti, ce montant est moindre compte tenu de la taille de l'économie. L'objectif consiste à financer des petits projets (voiture, permis, équipement, petit commerce...) portés par des personnes dont les ressources ne leur permettent pas de prétendre à un crédit à la consommation des banques commerciales. Le microcrédit personnel, appelé aussi microcrédit social, se distingue du don, car même si son obtention dépend de la situation sociale de l'emprunteur (faibles moyens économiques, activités informelles..), il s'agit d'un prêt qui doit être remboursé. En cela, l'emprunteur est responsabilisé et revalorisé : c'est une relation de confiance qui s'instaure et surtout d'autonomie : une fois le microcrédit remboursé, l'emprunteur bénéficie de la confiance des préteurs et peut continuer son entreprise avec ses fonds propres.

      En ce sens, le microcrédit présente ces avantages qui font de lui un crédit adapté à la situation des petites bourses.

      · Il est plus rapide que le crédit bancaire

      · Il est plus accessible. En ce sens qu'il y a moins d'exigence en termes de collatéral, c'està-dire la contrepartie que le demandeur doit avancer pour bénéficier du prêt.

      · Est en grande partie, un prêt individuel. En cela, il facilite les entreprises individuelles qui prédominent dans le secteur informel.

      25 www.globenet.com

      · Donne accès à des services sociaux. En règle générale, surtout dans IMF coopératives tous les membres des IMF ont droit à des séances de formations leur donnant la possibilité de s'initier aux connaissances des notions économiques de base.

      · Est un financement adapté. Les IMF ne cherchent pas à offrir uniquement aux clients du crédit, mais une gamme de produits financiers adaptés aux besoins de chaque individu. Ce qui développe des liens de proximité entre demandeurs et fournisseurs de services et fait des IMF plus qu'un simple fournisseur de services financiers, est un partenaire un tissu de liaisons et de resserrement des liens sociaux et économiques.

      · Permet une gestion efficace. Les responsables de crédits des IMF analysent minutieusement chaque dossier et en fait un cas particulier. Ils ont su trouver les moyens efficaces de conduire des petites bourses à supporter des taux d'intérêts relativement élevés (sans que cela ne les dérange trop, selon les dires des petits marchands)

      · Favorise un système de suivi efficace. Grace à leur système de suivi des prêts, les IMF ont mise en place une structure qui les permettent de suivre les clients, et du coup de diminuer considérable le nombre de mauvais payeurs.

      Cependant, en dépit de ces multiples avantages, la micro finance à ses limites qui ne manquent d'attiser les critiques à l'encontre du secteur. La section suivante présentera les principales.

      2.7.- Les limites du microcrédit

      Tout d'abord, rappelons que la micro finance a toujours été une option coûteuse. Le coût est la principale raison évoquée par les institutions financières de détail pour justifier leur haut taux d'intérêts et leur absence dans certains endroits du pays. Ensuite, dans un secteur qui se caractérise par une multitude de petites transactions, il est essentiel de réaliser des économies d'échelle, aussi bien pour l'établissement lui-même que pour le développement économique et social. En général le coût total est de 25% des coûts d'exploitations d'un portefeuille moyen, alors qu'il est 5 à 7% dans les banques commerciales, ceci est un handicap majeur dans la capacité créatrice de richesse des institutions.

      La micro finance est donc, limitée tant dans ses actions que dans ses statuts.

      Les limites sont en effet de divers ordres.

      · Juridiques.

      Dans le cas d'Haïti par exemple, sur 200 IMF recensées par la ANIHM en 2009 seulement une trentaine a fait l'objet de la supervision régulière de la BRH, évolue à l'intérieur d'un cadre légal, et sont aptes, par conséquents, à entreprendre certaines activités.

      · Organisationnelles et structurelles.

      Comme nous l'avons déjà dit, le crédit de la Micro finance est limité à un certain montant, ce qui limite du coup les activités auxquelles peuvent se livrer le bénéficiaire d'un microcrédit. Un autre point, non moins important, limite sur le plan organisationnel et fonctionnel les activités des IMF. Selon la ANIHM en effet, presque toutes les IMF du pays font face à une manque de ressources humaines qualifiées pouvant leur aider à mener à bien leurs politiques, elles sont obligées de faire appel aux professionnels des banques qui n'ont pas toujours les compétences adéquates.

      · La perception du marché.

      Beaucoup d'agents économiques voient aujourd'hui encore dans la Micro finance un mouvement appartenant uniquement au secteur informel, dans lequel le risque de faillite est énorme. Et là, les événements de 2000 et 2001 semblent leur donner raisons.

      · Stratégiques.

      La Micro finance, comme on vient le voir, finance en grande partie les activités commerciales, en octroyant des prêts de faibles montants et de très courtes périodes (2 à 6 mois) avec des taux d'intérêts relativement élevés (4 à 7 % le mois) ; négligeant ainsi les activités de productions à création de fortes valeurs ajoutées. En cela, leurs impacts réels sur le développement est souvent mise en cause. Il faudrait alors, un changement de paradigme, une révision de toute la philosophie des IMF afin de franchir cette barrière. Cependant, il faut se garder en tête que la Micro finance n'est qu'un palliatif, il peut ne pas résoudre à elle seule les multiples problèmes de pauvretés des pays du sud. Elle doit être un élément intégré dans une politique globale de développement, c'est seulement à l'intérieur de cet ensemble qu'elle pourra être ce fer de lance du développement économique que nous l'avons supposée être.


      · Financières.

      L'une des limites majeures de la micro finance est leurs sources de financement. En effet, peu sont les IMF qui reçoivent des épargnes des particuliers ; elles sont alors obligées de trouver des moyens de financement autres que les épargnes. Les institutions relevant des ONG reçoivent généralement leur financements des instituions caritatives, les sociétés privées reçoivent une partie de leur financement de l'Etat, une partie des associés et des prêts dans les banques commerciales. C'est aussi le cas pour les IMF des banques commerciales, les instituions coopératives, quant à elles tirent en grande partie leur financements des épargnes des membres. Delà, découle le grand problème d'autonomie d'action des IMF que les critiques ne manquent pas de mettre en relief à chaque fois que l'occasion se présente.

      En guise de conclusion à ce chapitre, nous allons regarder la micro finance au regard du développement économique en Haïti, au regard bien sûr des avantages et des limites de celle-ci afin de pouvoir mieux analyser ses impacts sur le secteur informel.

      2. 8.- La micro finance actuelle au regard du développement économique en Haïti

      Puissant outil de développement avec le potentiel d'atteindre les populations pauvres, d'améliorer les conditions de vie, de créer des emplois, de créer la demande pour des nouveaux biens et services, et de contribuer à la croissance économique, la micro-finance joue un rôle d'instrument de réduction de la vulnérabilité des pauvres aux chocs économiques. Toutefois, regarder la micro finance actuelle au regard du développement économique d'Haïti nous oblige à la considérer sur un double angle ; premièrement, d'un point de vue conjoncturel, avec la nouvelle situation de la micro finance depuis les catastrophes du 12 janvier 2010. Deuxièmement, d'un point de vue structurel avec les perspectives d'avenir dans le cadre de la reconstruction du pays dont on parle présentement.

      D'un point de vue contextuel, on peut dire que la micro finance est grandement marquée par les graves conséquences négatives des événements tragiques du 12 janvier 2010. En effet, les pertes dans le secteur ont été estimé à plus de 15 millions de dollars (logements détruits, stocks abandonnés, pillages...). Le petit commerce, principale partenaire de la micro finance, a été

      victime de la mise sous perfusion, cette situation a occasionné l'effondrement du pouvoir d'achat des principaux bénéficiaires et menace considérablement le secteur informel. Toutefois, Le microcrédit est évidemment l'une des solutions pour relancer rapidement l'activité. Recapitaliser ses bénéficiaires par une politique de rééchelonnement des microcrédits des sinistrés et par l'injection de nouveaux crédits qui, permettraient à une large population de micro entrepreneurs de se relancer dans le cadre des politiques conjoncturelles de relance économiques. Et là, les avantages du microcrédit énoncées précédemment peuvent jouer grandement dans le cadre de telles politiques.

      D'un point de vue structurel, la micro finance peut toucher le développement dans plusieurs aspects en facilitant l'initiative privée, d'une part avec la création de micro entreprises qui aura des retombées positives sur le taux d'emploi du pays. En raison du fait que d'autre part, la micro finance ne se limite pas uniquement au microcrédit, elle peut donc jouer un rôle non seulement dans le développement économique, mais aussi dans le développement social et culturel du pays, en facilitant l'émergence de nouveaux entrepreneurs et de nouveaux leaders surtout dans le milieu rural avec la micro assurance, l'organisation des transferts des immigrants. Elle peut faciliter le développement local qui peut avoir un impact direct sur la décentralisation que nous rêvons tant et qui aurait des effets sur l'ensemble du pays. Elle peut également lutter contre l'analphabétisme en donnant la possibilité aux ménages d'assurer la scolarité de leurs enfants et peut, même à un faible niveau, assurer la formation des bénéficiaires du crédit. En ce sens des récentes études du PNUD confirment que 75% des bénéficiaire du crédit reconnaissent que le microcrédit leur a permis d'augmenter leurs revenus par leur entreprises et leurs activités et par conséquent un impact positif sur le PIB de leur pays. Voici ce qu'avait conclu cette étude.

      « Le développement de la micro-finance a indéniablement favorisé l'émergence de nouveaux leaders, en particulier en milieu rural : les responsables de caisses, de mutuelles ou de banques communautaires impliqués dans la gestion au jour le jour des crédits, donc de l'argent des autres, et qui acquièrent de ce fait respectabilité et honorabilité. Au niveau des banques communautaires, les femmes sont particulièrement impliquées et bénéficient de cette promotion au niveau local ». Mais, il faut se garder de toutes illusions que la micro finance avec tous ses problèmes peut à elle seule, résoudre tous les problèmes d'Haïti, d'autant plus que ces ceux-ci sont multiples et entretiennent entre eux des liens de dépendances et de causalités.

      C'est ainsi qu'en général, le cadre des études d'impacts de la micro finance détermine au préalable des domaines ou champs d'impacts, émet des hypothèses et détermine les indicateurs permettant de vérifier ces hypothèses grâce à l'utilisation de certains outils mathématiques ou autres.

      C'est ce que nous allons essayer de faire au prochain chapitre. Nous considérons le petit commerce informel, activité dans laquelle le portefeuille de la micro finance atteint son plus haut niveau, afin de pourvoir mieux mesurer les impacts de la micro finance sur le secteur informel en Haïti.

      3.-Les impacts socio-économiques de la PEC.

      CHAPITRE TROISIÈME

      Section1.- L'analyse du petit commerce

       

      3.1. La petite entreprise commerciale formelle 3.1.1 Son aspect juridique

      3.1.2 Ses caractéristiques

      3.1.3 Son apport à l'économie

      3. 2. Le commerce informel

      3. 2.1 Sa manifestation

      3. 2. 2 Ses caractéristiques

      3. 2.3 Son apport à l'économie

      Section 2.- Le rôle du petit commerce dans l'économie haïtienne

       

      3. 3 La détermination des bénéfices commerciaux

      3. 4 Les impacts de la PEC à Port-au-Prince

      3. 4. 1 Sur la vie des gens

      3. 4.2 Sur les recettes de l'Etat

      3. 4. 3 Sur l'activité économique à travers les recettes de l'Etat 3. 4.4 Sur le chômage

       

      « Le commerce guérit des préjugés destructeurs et c'est presque la règle générale, que partout il y a des moeurs douces ; il ya a du commerce ; que partout il ya du commerce il y a des moeurs douces ».

      Menan Pierre Louis

      Comme nous l'avons déjà mentionné, La catégorie du petit et moyen commerce comprend principalement les commerçants isolés, travaillant dans de petites structures, souvent familiales, qui effectuent directement leurs achats chez le grossiste. Parallèlement, il existe des indépendants associés, groupés en associations qui leur fournissent un certain nombre de services communs. Enfin, les petites supérettes appartenant à une chaîne peuvent également être rangées dans cette catégorie. En Haïti, le commerce, surtout le petit commerce est marqué par un dualisme, d'un côté, il ya le petit commerce reconnu et réglementé par le fisc et le ministère du commerce, c'est le commerce formel. D'une autre coté, on a toute une série d'activités commerciales disparates dans tout le pays qui se font en dehors de toutes normes et règles. Cette composante du commerce n'est pas des moindres puisqu'il occupe plus de 70% de la population active et fournit, méme indirectement, une part non négligeable du produit intérieur brut du pays. C'est pourquoi ce chapitre analysera à la fois le petit commerce informel et formel.

      3. 1. La petite entreprise commerciale formelle

      On entend par petite entreprise commerciale (PEC) toutes activités de distributions de marchandises, sans transformation aucune, dont le chiffre d'affaire annuel ne dépasse pas un certain montant (500.000 HGT). Elle trouve son financement principalement d'une institution de micro finance. Cette catégorie d'entreprise, est très répandue dans les pays du Sud, où la majeure partie de la population ne dispose que d'un revenu modeste; ce qui les empéchent d'entreprendre des activités productives plus risquées et d'une plus grande envergure. Ces activités étant reconnues par la loi, revêtent en tout premier lieu d'un aspect juridique que allons tout de suite essayer de présenter.

      3. 1.1 L'aspect juridique de la PEC

      D'un point de vue juridique, sont commerciales : toutes activités de ventes au comptant, ou à
      crédit exercées par un individu en son nom propre et pour son compte. La loi haïtienne répute
      d'acte de commerce tout achat de produits pour les revendre, tous les actes de commission de

      transports. Toutes opérations de changes ou de banques. La PEC formelle s'inscrit donc dans cette logique de revente afin, non seulement d'assurer l'accessibilité des produits, le plus souvent importés, aux demandeurs mais et surtout d'assurer une meilleur qualité de vies des individus qui se livrent à ces activités. L'exercice du petit commerce formel exige donc certaines obligations du commerçant dont les principales sont26 :

      > L'immatriculation du rôle des patentes et le paiement de cette taxe

      > La tenue de certains livres de comptabilité

      > L'inscription à la chambre de commerce d'Haïti

      De plus, L'article premier du décret du 26 Septembre 1960 paru dans le moniteur no 89 définissants la profession de commerçant stipule : « Toute personne est libre de faire tel négoce qu'elle trouvera bon, mais elle sera tenu de se pouvoir d'une patente, d'en acquitter les prix et de se conformer aux lois en vigueur »

      L'article 8 du méme décret nous dit : « Est détaillant, tout commerçant qui achète sur place toutes marchandises pour les revendre directement aux consommateurs par unité ou par fraction ".

      C'est pourquoi nous avons refusé de considérer comme détaillant tout bénéficiaire du microcrédit lorsque nous considérations qu'il existe au centre-ville, même appartenant au secteur informel, des « petit marchands " qui disposent de somme considérable (Plus de 500.000) et effectuent régulièrement des voyages aux Antilles et aux Etats-Unis d'Amérique pour acheter des marchandises et qui ne pratiquent nullement le commerce de détail.

      Outre son aspect juridique, la PEC formelle revét d'un ensemble de caractéristiques, le point suivant se donne pour objectif de présenter les principales.

      3. 1. 2.- Les caractéristiques de la PEC formelle

      La petite entreprise commerciale en Haïti, est caractérisée par des éléments et des phénomènes qui sont propres aux structures socio-économiques du pays. Découlant donc de ces structures la PEG Haïtienne est caractérisé d'un part par :

      26 Le code du commerce Haïtien, Menan Pierre-Louis

      · Un flux important d'importation ; en effet la majeure partie des produits (90% en virons) qui sont vendus dans le petit commerce sont des produits importés. Ce fait est naturellement dû à la faiblesse de notre système productif qui accuse systématiquement des retards considérables par rapport à celui de nos pays voisins.

      · Faible barrière à l'entrée ; en raison d'une faiblesse des législations régissantes, l'entrée dans la sphère des petites entreprises est très ouverte, il suffit d'avoir les capacités financières qu'il faut pour entrer dans le secteur, ce qui fait en quelque sorte une faiblesse du secteur.

      · Un capital limité ; Le faible niveau du capital est l'une des caractéristiques majeures de la PEC haïtienne, C'est le lieu où règne un capital réduit. Le recours systématique des pratiquants au microcrédit et au commerce purement informel est une conséquence de cette situation.

      · Une qualification acquise par apprentissage ; Il n'existe jusqu'à date dans le pays, aucune institution spécialisée dans la formation de professionnels pour cette catégorie d'activité. Ainsi, les « les petits commerçants » se voient obligés de se livrer à cette activité et atteints au cours des années de l'expérience qui leurs donnent droit à une certaine qualification.

      · Manque de représentativité et de regroupement par rapport aux autres secteurs de l'économie. Le secteur de la petite entreprise commerciale haïtienne est fait d'un ensemble de micros entreprises disparates qui entretiennent, en dépit de leurs caractéristiques communes, très peu de relations entre elles. Les associations patronales du secteur privé regroupent très peu de ces institutions. C'est encore un élément de faiblesse du secteur.

      Toutefois, en dépit de ces caractéristiques qui constituent, ce que l'on peut appeler des contraintes de la PEC formelle haïtienne, elle a un apport significatif à l'économie du pays, c'est ce que nous allons montrer dans la partie suivante.

      3. 1. 3. L'apport de la PEC formelle à l'économie haïtienne

      Il est évident que, même indirectement, les activités de commerce intérieur en général ont
      toujours un impact positif sur l'économie d'une nation. Cet impact, méme s'il est des fois

      difficile de le quantifier, est toujours positif en valeur absolue pour l'économie considérée. Surtout lorsqu'on considère ces impacts dans le secteur informel haïtien dans lequel la PEC génère des emplois (environs un million d'habitants vivent des activités de commerce à Port-au- Prince avec plus 250.000 emplois directs27) et intègre dans la vie sociale et économique une catégorie de la population qui vit en marge de la société. Elle s'inscrit donc dans la dynamique d'accroissement de l'entreprise privée et crée par conséquent une dynamique sociale. Elle occasionne, la création de nouveaux pourvoir d'achat et stimule par conséquent la consommation qui selon la logique de Keynes est un vecteur de croissance économique. Aujourd'hui, si le petit commerce en Haïti ne favorise pas l'industrie haïtienne, c'est parce que notre système productif est désuet et archaïque, donc ne fonctionne pas. Le petit commerce permet chaque année, via les taxes sur les droits de douanes et l'impôt sur le chiffre d'affaire, à l'Etat de rentrer d'importantes recettes. Qui ne sait pas que la douane, donc l'importation des produits, apporte la plus grande part à l'assiette fiscale depuis quelques années. Yves MICHEL avait bien compris ce fait quand il a écrit que « la petite entreprise, commerciale en autres, a un rôle fondamentale dans la création d'emploi et la dynamisation de l'économie.

      Ainsi donc, le problème du déficit continu de notre balance de paiement résulte d'un phénomène complexe de chute de notre production locale à quelle les activités d'importations et donc de commercialisations de produits étrangers servent de palliatif. Car, qui ne sait que l'homme est toujours en quête d'autres alternatives quand les structures existantes sont défaillantes. En cela, l'autre avait vu juste en écrivant « la nature a horreur du vide ».

      Outre le petit commerce formel, le commerce informel en dépit de son caractère illégal à un apport considérable à l'économie, voyons ce qu'il en est exactement.

      3. 2. Le petit commerce informel

      Dans presque toutes les économies on rencontre des activités qui échappent aux investigations officielles c'est-à- dire selon le greffe « des activités qui ne relèvent pas de la division du travail et des marchés organisés avec la sanction des lois et des règlements « sociaux28 ». L'ensemble de ces activités constituent ce que l'on appelle le secteur informel. Mais, la structure de l'économie haïtienne actuelle nous empêche de dire dans certains cas si une activité appartient au secteur

      27 ANIHM op. Cite.

      28 Doura Fred, op. Cite. Mais, on peut se demander (avec son expansion croissante de nos jours) si le secteur informel n'arrive pas à ériger ses propres lois et règlements sociaux ?

      informel ou à son opposé, car les deux secteurs entretiennent entre eux une relation dialectique et de complémentarité énorme. Ces limites sont d'autant plus difficiles lorsque nous considérons le petit commerce. Toutefois, dans ces manifestations, le petit commerce informel se montre bien souvent singulier.

      Le tableau qui va suivre met en relief la prédominance et donc l'importance du commerce dans le secteur informel.

      Tableau 1.1 structure par des unités informelles (en %)

      Branche

       

      Pourcentage

       

      22.5

      Confection

       

      9.2

      Meubles

       

      2.2

      Autres

       

      5.4

       

      Commerces

      53.7

      Produits primaires

       

      4.6

      Produits transformés

       

      49.1

       

      Services

      23.8

      Services aux ménages

       

      10.7

      Restauration

       

      11.1

      Transports

       

      2.0

       

      Total

      100.0

       

      Source : Enquête sur les petites unités informelles à Port-au-Prince 1997 cité par F.WIDNET

      Le tableau ci-dessus nous montre que le commerce informel est spécialisé dans la revente des produits transformés (91.77%). Il est par ailleurs important de signaler que le commerce offre de nombreuses possibilités de revenus complémentaires.

      3. 2. 1. Les manifestations du petit commerce informel urbain

      Le petit commerce informel se manifeste en milieu urbain par « l'omniprésence » de micro,
      petits et méme de moyennes entreprises commerciales. Ces activités s'effectuent en marge de
      toute règlementation étatique. Outre le centre-ville, lieu de concentrations des principales

      activités commerciales et les centres commerciaux de la capitale où se trouvent, généralement les grossistes, dans tous les coins des rues, on rencontre des petits marchands qui étalent leurs produits de toutes sortes, rendant difficile, voire impossible la circulation des piétons.

      En général, cette manifestation omniprésente de la petite entreprise commerciale dans tous les coins de rues à Port-au-au-Prince résulte de plusieurs facteurs dont :

      · Le faible montant disponible pour entreprendre ces activités.

      · Le besoin pressant d'écouler quotidiennement les produits.

      · L'incapacité des centres commerciaux d'accueillir tous les marchands.

      · L'incapacité pour certains ces petits marchands de payer les frais journaliers exigés dans les marchés.

      · La mentalité de certains commerçants qui associent la réussite dans le commerce au fétichisme.

      De cet état de chose découle des caractéristiques spécifiques à la petite industrie commerciale. En voici les principales.

      3. 2. 2. Caractéristiques de la petite entreprise commerciale informel

      Les caractéristiques de la PEG sont multiples et sont évocatrices de la situation socioéconomique des gens qui se livre à cette activité. Le tableau suivant en donne les principales.

      Tableau 1.2 caractéristique de la PEC informel à Port-au-Prince

      Taille

      Réduite

      Chiffre d'affaire

      Très faible, faible, moyen

      Registre de comptabilité

      Absence

      Bâtiments et locaux

      Manque de place fixe

      Fiscalité

      Non-paiement d'impôt sur le revenu

      Investissement

      Gapitaux minima

       

      Crédit

      Bénéficie du système des IMF

       

      Source : enquête de l'IHSI sur le secteur informel cité Kennis ETIENNE

      On peut constater à l'aide du tableau les faits manquant suivant : la PEC informel évolue en absence de tout instrument comptable pouvant les permettre d'enregistrer leurs opérations, ce qui constitue l'un des casse-tête pour les IFM leurs principaux fournisseurs de crédit. Ce qui donne comme conséquence, l'impossibilité aux autorités fiscales de déterminer et de prélever de l'impôt sur le revenu de ces activités. Toutefois, cela n'implique pas que ces activités n'ont aucune contribution dans les recettes gouvernementales, nous verrons plus loin comment ils y participent.

      3. 2. 3. L'apport de la PEC informel à l'économie haïtienne.

      De même que le petit commerce formel, le petit commerce informel est l'un des générateurs d'emplois du pays.

      En effet, selon Pierre marie Boisson PDG de la « SOGESÒL » 75% de la population haïtienne vit de leur propre emploi informels. Pour sa part, Simon Faas dans son étude sur le secteur informel en Haïti a montré que le petit commerce constitue la source la plus importante pour générer des emplois29 dans le pays. Le petit commerce donc, dans le secteur informel rempli des fonctions économiques importantes, en dépit de la faiblesse du revenu et des conditions de productivités minimales et de la faiblesse de la valeur ajoutée qu'il crée.

      Non seulement il résorbe le chômage, le petit commerce informel permet aux détenteurs de petits revenus de se procurer des produits manufacturés à des prix inférieurs à ceux que pratique dans le secteur formel, contribue par conséquent à faire baisser le coût de la vie pour les plus faibles économiquement d'une part.

      D'autre part, ce secteur exerce une forte pression sur le secteur structuré en ce qui concerne la concurrence des prix. En raison en effet, de l'écart considérable qui existe dans les prix, beaucoup d'agents économiques ont préféré s'approvisionner auprès du secteur informel. Mais, il faut dire que cela influence très légèrement le comportement des grossistes du secteur formel.

      29 S. Faas families in Port-au-Prince

      A study of economics of survival, vol. 2. USAID, Sept. 1977

      Le petit commerce informel c'est aussi et surtout un créateur de pouvoir d'achat, il permet donc une augmentation du volume de consommation et entraine indirectement une augmentation des recettes de l'Etat.

      Cherchant une explication à cette situation de quasi- informalité de l'économie haïtienne ; F. Doura croit que la situation résulte des politiques macroéconomiques chaotiques menées par les oligarchies dominantes depuis 1804 en faveur des minorités, induisant ainsi des larges exclusions des classes sociales les plus défavorisées de la société. Alors, on comprend pourquoi beaucoup de tentatives de « formalisation» du secteur informel ont été soldées par l'échec total.

      Un autre indicateur nous permet de voir de manière globale comment les la PEC influe sur l'économie, ce sont les marges bénéficiaires. Voyons comment elles sont déterminées de façon générale.

      3. 3. La détermination des bénéfices commerciaux.

      Si le petit commerce est la principale activité que financent les IFM, tous laissent croire en effet, que c'est en raison de la capacité des activités commerciales à supporter le taux d'intérêt exigé par les institutions de micro finance. Ainsi, les petits commerçants doivent trouver des moyens de supporter ce taux d'intérêt, ce qui les conduisent à déterminer d'une façon toute particulière leurs bénéfices.

      On le sait en effet, que l'objectif premier de tout entreprise à but lucratif est la maximisation du profit, de qui dépend la performance et la survie de l'entreprise. Les petites entrepreneurs informels ont bien compris ce principe et s'arrange à déterminer leurs profits en conséquence. En général, dans le petit commerce informel surtout, le vendeur a des informations sur le produit qu'il vend que l'acheteur n'ont pas et que le vendeur ne tient surtout pas à les divulguer. (Donc le principe de libre circulation de l'information du marché parfait est ici violé). Et d'autre part, les produits ne sont non homogènes. Or, l'information fournit aux consommateurs sur les prix, la qualité du produit influence leur comportement d'achat, et par conséquent la structure du marché.

      La structure des prix dans le petit commerce informel est donc non transparente, les prix sont
      déterminés par le marchandage, c'est-à-dire par un processus de négociation qui se fait entre
      deux agents et qui permet l'ajustement entre l'offre et la demande. Mais, il faut dire qu'on assiste

      des fois, dans le petit commerce à une caricature de la loi de l'offre et de la demande qui fait que le prix se détermine en fonction de la rareté du produit.

      Si théoriquement on a :

      Prix de vente d'un produit = coût du produit + coût de la force de travail +autres dépenses (coût financiers, risque encourus...) + profit

      Puisque le petit marchand, sans cette activité serait au chômage, on pouvait considérer que son coût de travail personnel est nul, alors son profit devait être la différence entre le prix d'achat et le prix de vente, mais la réalité est toute autre.

      Les petits commerçant en effet, fixe leur prix de manière à ce que leur activités, leur principales sources de revenus, leur permettent de pouvoir à leur besoin, de ceux de leur familles et de répondre de leur engagements envers les institutions de crédit. A cause de la structure du petit commerce, qu'il soit formel ou informel il est difficile, voire impossible pour nous de calculer la valeur exacte de la plus-value dans ce secteur, mais on peut remarquer que ce marché constitue un facteur dynamique de gagne- pain et de mobilité sociale pour certains parce qu'il est assujetti des fois à un taux de profit très élevé, avec l'équation : TP = K/P= 150%30

      Où P est le profit

      K le capital investi

      T le taux, calculé sur une base de 100.

      Avec bien sûr des hausse général du niveau de prix, mais semble une nécessité.

      Cette situation permet au secteur, en général d'avoir dans sa globalité, des impacts significatifs sur nombre de variables économiques et sociales, nous nous proposons de présenter et d'analyser ces impacts dans les développements qui suivent.

      3. 4. Les impacts de la PEC à Port-au-Prince

      Nous avons, en effet, déjà montré les impacts séparés de la PEG formel puis informel dans l'économie haïtienne notamment comme moyen de réduction du chômage, nous allons maintenant voir les impacts conjugués des deux sur les variables comme :

      v' La vie des gens

      30 Enquête mené auprès des petits marchands.

      v' Les recettes de l'état v' Le chômage

      3.4.1 Les impacts de la PEC sur la vie des gens

      En Haïti, il est d'une évidence que le micro commerce prend une extension considérable depuis des décennies, plus précisément, depuis les mesures de libéralisation commerciales de la BRH des années 1995 .Ces petits commerçants sont des intermédiaires entre les consommateurs et le milieu urbain, les artisans urbains ou les circuits de commercialisations constitués par des entreprises de l'import- export et leur ramification.

      Ainsi, même si un artisan par exemple qui évolue dans le secteur productif ne bénéficie pas directement du microcrédit, il l'est indirectement par l'activité des petits marchands qui assurent la distribution des produits de ces derniers et lui facilite l'accès au marché à ses produits. Le commerçant alors, tire un profit de la différence des prix qui lui permet d'assurer l'éducation, l'alimentation, le logement de sa famille et en fait de méme pour l'artisan. La contribution du micro commerce à la satisfaction des besoins primaires est donc significative, c'est- à-dire se nourrir, lutter contre les maladies, instruire les enfants etc. Car, celui-ci met à la portée du prolétariat des produits assortis de leurs moyens financiers.

      On voit donc, que la PEC touche positivement la vie des petits marchands, et par ricochet les recettes de l'Etat.

      Ainsi, le petit commerce apporte une contribution précieuse à la production et à l'amélioration des conditions de vie de à la catégorie des moins favorisés de la population en participant à la formation des jeunes et leur insertions socioprofessionnelle. Les produits sont fabriqués à partir de faibles investissements en capitaux, avec des matières premières locales et une technologie rudimentaire. Par ailleurs, la capacité d'invention et la dynamique du secteur permettent au secteur de montrer ses multiples exploits et potentialités. Il permet en autre aux :

      · Travailleurs à faible revenus variables d'avoir un travail régulier à l'intérieur du secteur

      · Travailleurs occasionnels de réaliser n'importe quel travail pour arriver à survivre et se débattre continuellement entre le chômage et les activités instables ;

      · Personnes avec un niveau d'instruction très bas de se tirer d'affaires


      · Migrants ruraux récemment arrivés dans la ville sans qualification et sans opportunités d'emploi d'entrer dans le secteur informel

      Ainsi, le secteur informel devient ce lieu d'une grande capacité insoupçonné de création d'emploi et de revenus en période de crise grace à son dynamisme et à son flexibilité. Ce qui fait que l'emploi dans ce secteur est à toujours une tendance à la hausse, alors que c'est l'inverse dans la majorité des autres secteurs de la vie nationale.

      3. 4. 2. Impacts de la PEC sur les recettes de l'Etat et l'activité économique.

      La banque mondiale, tenant compte du rôle important de la micro entreprise dans les activités économiques l'a considère comme une unité de relance des activités économiques.

      Cette considération de la banque mondiale ne fait que confirmer les multiples prise de positions qui supposent que le petit commerce à des impacts positifs sur les recettes de l'Etat et notamment sur l'activité économique en générale.

      De toute évidence, le principal canal de l'étude des impacts de la PEC sur l'activité économique en Haïti, se trouve dans son rôle dans la réduction du taux de chômage, surtout en milieu urbain.

      En effet, la PEC est l'unique alternative pour des milliers de gens qui, fuyant la misère rurale se refuge à Port-au-Prince, sans aucun espoir d'intégrer les structures formelles de l'économie. Ainsi, le commerce devient le premier employeur du pays, créant un pourvoir d'achat. Il joue un rôle considérable dans le maintien du niveau de consommation des couches les plus vulnérables, tout en assurant un marché aux petits artisans, et faire augmenter les recettes de l'Etat par le biais de taxes (TCA, IRI, patente, Droits de Douanes) et impôts, car quand quelqu'un achète, sur le marché informel ou formel, un produit importé il paie au moins 10% comme TCA qui vont alimenter les caisses de l'Etat. Sans oublier les taxes que l'Etat perçoivent sur les intérêts issus des transactions bancaires. Ainsi, pour un prêt de 10.000 gourdes sur une durée de neuf (9) mois, le montant d'intérêt payé sur une base régulière des frais de timbres est de 2/1000 ou 0.2%. L'accroissement des petites activités formelles ou informelles a donc un effet positif sur l'économie puisque, bien que les importations se développent, les recettes douanières et donc, les comptes de l'Etat s'améliorent, l'activité industrielle locale peut être stimulée et le niveau de vie des plus pauvres (les travailleurs non qualifiés) et des petits

      entrepreneurs augmente. Ce qui déjà, nous met sur une bonne voie dans la recherche de validé de notre première hypothèse à savoir que le microcrédit, en créant un pouvoir d'achat réel à contribuer à améliorer la condition de vie des marchands bénéficiaires. Et possède donc, en valeur absolue, un impact positif sur le secteur informel en Haïti.

      De plus, en 1991 une perte 6000 emplois a été recensée dans l'aire métropolitaine dans le secteur privé traditionnel, sans oublier les vagues de licenciements dans le secteur public dû aux applications des politiques d'ajustement structurel exigées par la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux. Ce qui a conduit le pays à un taux de chômage de 66% en milieu rural et un taux 52.8% dans les zones urbaines.

      Selon l'IHSI, 15,3% des actifs occupés dans l'aire métropolitaine s'adonnaient à des activités de fabrications tandis que le petit commerce employait à lui seul 38.4% en 2002. En 2000, le taux du travail indépendant comptait pour 75% du total des actifs. Ce qui met en relief, une fois de plus, toute l'ampleur et le poids du commerce informel dans l'économie d'Haïti.

      Voici une synthèse de la distribution des emplois selon la branche d'activité dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince entre 86/87,99/00, 09/10.

      Tableau 1.3. Distribution des emplois
      Selon la tranche d'activités
      A Port-au-Prince(%)
      (1986/1987-1999/2000-2009/2010)

      Branches d'activités

      1985-1987

      1999-2000

      2009-201031

      Agriculture/chasse/sylviculture

      0,6

      1,4

      2,5

      Industrie extractives

      0,0

      0,0

      4,4

      Industries manufacturières

      22,9

      16,2

      10,20

      Electricité, charbon de bois

      0,5

      0,5

      6,9

      Construction

      4,0

      5,6

      8,4

      Commerce

      31,0

      41,3

      43

      Transports et communication

      4,9

      5,7

      5,8

      Finance/ immobilier/ services

      1,6

      5,4

      5,8

      Services sociaux personnels

      34,5

      23,0

      13,0

      Total

      100,0

      100,0

      100,0

       

      Source: IHSI/EBCM 1999/2000, vol. I

      Ainsi, nous aboutissons au fait que le petit commerce, et donc la micro entreprise à un impact positif sur la réduction du chômage à Port-au- Prince surtout pendant les années 2000 avec la vague d'apparition des institutions de micro finance non coopérative, comme ACME MCN, SOGESOL etc. En d'autre termes, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que notre deuxième hypothèse se vérifie, dans la mesure qu'effectivement comme nous l'avons supposé la micro finance, via le petit commerce a contribué grandement à diminuer le taux de chômage dans le pays, en réduisant la pauvreté. Elle peut donc constituer un fer de lance pour le développement de l'économie plus particulièrement à Port-au-Prince. Même si, celui reste encore très préoccupant dans une logique classique qui prône une économie de plein emploi et même dans une logique keynésienne pour qui, la relance économique doit être assurée par une stimulation de la consommation, donc la détention d'un certain revenu que la loi psychologique aura la charge de partager entre consommation et épargne.

      Ceci est d'autant plus vrai que l'intér~t porté au renforcement de la mobilisation des recettes dans les pays en voie de développement ne cesse de croître. La plupart de ces pays sortent de la

      31 Ces données ont étés estimés à l'aide des donnés recueillis par l'IHSI dans son enquete sur l'emploi informel en 2010.

      crise de 2008 avec des perspectives budgétaires dans l'ensemble intactes (IMF, 2010), mais nombre d'entre eux sont toujours aux prises avec le besoin fondamental de mobiliser davantage de recettes à partir de leurs propres bases d'imposition. En ce sens, Haïti semble est le meilleur exemple. La réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement nécessitera, semble-til, un accroissement des recettes intérieures des pays à faible revenu (PFR) d'environ 4 % du PIB (Nations Unis, 2005). En cela, le petit commerce peut être d'un apport significatif méme si, le premier ministre en poste actuellement (Décembre 2011) en promet 10% pour les cinq prochaines années, mais les perspectives sont incertaines. Les besoins en infrastructures sont également importants et il faut s'attaquer aux problèmes climatiques. Les économies avancées s'emploient de plus en plus à augmenter leurs aides à ces efforts de mobilisation des recettes. Dans ce contexte, les dirigeants des pays du G-20 ont demandé en novembre 2010 à divers institutions, dont les FMI, de faire rapport sur les principales questions que soulève le renforcement de la mobilisation des recettes, une opportunité qu'Haïti n'as pas su malheureusement profiter.

      Toutefois, étudier l'impact de la micro finance dans l'amélioration des conditions des petits marchands et dans le secteur informel n'aurait aucun sens si nous attardions uniquement à regarder seulement d'un point de vue uniquement macroéconomique les effets de ces structures. Alors il était pour nous un impératif d'aller voir de plus près ce qui fait effectivement dans quelques IMF et de collecter des données sur le point vue des bénéficiaires eux-mêmes sur les retombés du micro crédit dans leur vies. Le chapitre suivant aura pour objectif de présenter cette partie empirique de notre recherche

      4. - Etude de cas et Analyses empiriques.

      4 .1. La ACME

       
       

      4 .1 .1.Présentation générale

      Fondée le 17 avril 1997, l'Association pour la coopération avec la Micro Entreprise (ACME) est une institution de micro finance dont la mission est d'aider les micro entrepreneurs qui, n'ont pas accès au crédit bancaire à développer leurs activités. Elle apporte une solution rapide aux besoins de capitalisation du plus grand nombre d'acteurs (moyens et petits) du secteur informel, quel que soit le type d'activité. La ACME a débuté ses opérations de microcrédit à Port-au-Prince en juin 1997 avec le support des particuliers et de l'USAID à travers le Projet DAI/PRET. Depuis lors, l'institution accorde des préts à travers la région métropolitaine surtout en utilisant principalement la méthodologie de crédit individuel.

      4.1.2. Caractéristiques de l'ACME

      La ACME, est du point de vue juridique une association. Elle vise des clients de type petits entrepreneurs, et cible une clientèle pauvre. La typologie de crédit priorisé par l'ACME est le crédit individuel, en raison des objectifs de l'institution qui cherche à financer des très petits projets très dominants dans le secteur informel.

      L'institution est l'objet annuel des supervisions de la BRH, procède à un audit interne et est l'objet d'évaluation externe. Les impacts des préts délivrés par l'institution sont annuellement mesurés par une institution étrangère, voir tableau 1.4 (annexe)

      4 .1 .3 Structures de la ACME

      Au point de vue structurel la ACME est la résultante d'un ensemble d'institutions de micro finance. Cette fusion a eu lieu en 2008 à la suite des difficultés que confrontaient ces institutions pris individuellement. Ainsi, la ACME constitue un ensemble de réseau qui est chacun géré par un conseil couvrant la quasi-totalité du territoire national (ANIHM, rapport 2009).

      De cette structure, ressort un service à la clientèle d'une qualité remarquable. Au fait, tout se fait dans l'institution dans le souci d'assurer la satisfaction de la clientèle, toutes choses étant égale par ailleurs, bien sûr.

      Le service à la clientèle

      Les clients de la ACME appartiennent aux secteurs : de la production, du commerce et des services. Les sous-secteurs touchés sont: la couture, l'ébénisterie, la ferronnerie, la cordonnerie, la restauration, l'artisanat, et la transformation des produits alimentaires. Parmi les clients de la ACME, on retrouve également des détaillants, des bouquinistes, des vendeurs de matériaux de construction, de produits alimentaires, de boissons gazeuses, de quincailleries, de vêtements, etc. La clientèle est constituée à 69% de femmes. Les clients qui bénéficient d'un crédit possèdent déjà une activité située à un emplacement fixe et le prêt reçu peut représenter au maximum 60% de leur fonds de roulement.

      L'institution propose des crédits de 1 000 à 75 000 gourdes au premier prêt sur des périodes de 3 à 6 mois, pour les besoins en fonds de roulement ou pour le financement d'activités de production. Le montant des prêts augmente au renouvellement et en fonction de la capacité du client et le taux d`intérêt est de 5% le mois, selon la ANIHM. En plus du bureau central, l'ACME compte aujourd'hui dix (10) agences réparties à travers la région métropolitaine de Port-au-Prince qui, au 30 Novembre 2006, desservaient 15, 816 clients pour un portefeuille de 246.8 millions de gourdes (soit plus de 6.5 millions de dollars américains). En analysant la structure du portefeuille, les prêts compris entre 1 000 et 12 500 gourdes représentent 30% en valeur et 55% en nombre et le taux de portefeuille à risque est de 6,24%.(ANIHM, Lettre d'information 2007)

      Tableau 1.4. Evolution du portefeuille de la ACME

      Nombres total de prêts décaissés

      Date

      Montant, 106 Gourdes

      Juin 97

      309

      Juin 98

      1

      807

      Juin 99

      4

      719

      Juin 00

      7

      893

      Juin 01

      11

      771

      Juin 02

      18

      511

      Juin 03

      26

      795

      Juin 04

      37

      006

      Juin 05

      49

      123

      Juin 06

      67

      497

      Octobre 06

      76

      527

       

      Source : ANIHM, Lettre d'information décembre 06

      Ce tableau met en relief l'évolution combien considérable des prêts décaissés par la ACME pendant une période relativement courte. On peut constater que le montant décaissé est passé de 309 millions de gourdes à 76, 527 millions, soit une augmentation de 247% dans moins de 10 ans.

      Graphique 1.1 évolution du portefeuille de la ACME en millions de gourdes)

      Source : Tableau 1.4

      Outre son accroissement accéléré, ce qui fait la force de l'institution c'est surtout ces opérations et les mécanismes qu'elle met en place pour les réaliser. Voyons ce qu'il en est exactement.

      4.1.4 Mécanismes, opérations et performances

      A travers le temps, l'institution a su montrer sa grande capacité à opérer et à évoluer dans un environnement socioéconomique instable. En effet, la performance affichée dans le contrôle des préts délinquants au début de l'année 2004 et l'ajustement rapide et efficace du taux d'intérêt pour contenir les fluctuations du taux d'inflation confirment l'efficacité du système de gestion financière et du personnel de la ACME. Actuellement, elle se positionne parmi les meilleurs opérateurs dans l'industrie de la micro finance haïtienne.

      Des états financiers de standards internationaux, des rapports financiers sont produits annuellement. La ACME se fait auditer, chaque année, par une firme locale autorisée. Depuis 2002, elle se fait évaluer régulièrement par la firme d'évaluation financière internationale

      Microfinanza. En 2004, elle a reçu le prix CGAP2 de la transparence et a été la seule institution francophone à être primée. Sa notoriété ainsi que son image auprès des financeurs internationaux s'est fortement développée depuis.

      C'est ainsi qu'elle s'est vue offrir de manière régulière des prêts à moyen et à long termes pour plusieurs millions de dollars américains par des institutions financières internationales. Elle finance ses activités à partir des crédits bancaires garantis par des institutions internationales ainsi que des surplus d'opérations. Le financement de sa croissance est fait à partir des fonds empruntés. L'institution en a profité pour améliorer l'effet levier de deux(2) Groupes de Consultation et d'Assistance aux Pauvres sur ses ressources et pour avoir une portée assez significative. Il importe également de préciser que la ACME est une institution de micro finance qui a atteint l'autosuffisance financière; donc, elle arrive à couvrir, à partir de ses revenus d'exploitations, ses dépenses de fonctionnement ainsi que les coûts cachés tels que ceux résultant de l'inflation. En termes de perspectives, l'ACME compte renforcer son système d'information de gestion (SIG). Une étude pour évaluer les besoins a été réalisée et un appel d'offres a été lancé pour l'acquisition d'un nouveau système. Cinq firmes dont une locale y ont déjà répondu. En ce qui a trait à ses produits et services, elle compte financer, dans les zones rurales, des activités liées à l'agriculture et à la production avicole. Une expérience est en cours dans son agence à la Croix-des-Bouquets. Pour consolider sa position parmi les leaders du marché, elle multiplie des actions pour atteindre la barre des 30 000 clients de manière à augmenter sa couverture de tout le territoire national. (Voir tableau 1.5 en annexe).Ce tableu met en exergue la valeur des principaux ratios d'analyse financieres de la ACME au 30 Septembre 2009.

      Nous allons maintenant proceder à une presentation de la SOGESÒL, ce qui facilitera notre analyse comparative.

      4.2. La SOGESOL

      4.2.1 Présentation générale

      La SOGESOL (Société générale de solidarité), est une institution de micro finance, à titre juridique de société privé. L'institution est née en juillet 2000 suites aux désirs exprimés par la SGEBANK de fournir des services financiers à cette catégorie de la population que l'on considérait jusqu'alors non bancable. La « SOGESÒL » a délivré son premier prêt le 9 novembre 2000, deux ans plus tard, elle désert plus de 9,000 clients, décaisse 25,000 prêts pour un montant total de quelques dix millions de gourdes. Elle a desservi en 2007 plus de 6,500 clients actifs avec un portefeuille de trois millions de dollars américains dont 3.2% à risque pour plus de 30 jours et commence alors à être rentable. Le remboursement en retard (un jour au plus tard) est à un taux raisonnable de 6%. Le taux d`intérêts pratiqués par la SOGESOL avoisine les 50%

      Sa mission est, selon son PDG Pierre Marie BOISSON, de promouvoir le micro-entreprenariat haïtien en adaptant les services bancaires traditionnels aux besoins des micro-entrepreneurs, tout en respectant les standards de rentabilité et d'efficience.

      4.2.2 Caractéristiques de la SOGESOL

      La SOGESOL, comme institution de micro finance revêt d'un ensemble de caractéristiques propre aux IMF. Toutefois elle présente certaines spécificités organisationnelles et structurelles qui font d'elle une institution unique.

      Société de droit privé, la SOGESOL se concentre à 50% à Port-au Prince. Elle finance en grande partie le secteur informel (75%) et vise particulièrement le petit commerce (75%) et les employés du commerce formel (25%). Sa méthodologie du crédit recouvre principalement le crédit individuel et le crédit aux PME. La plus forte partie de son portefeuille est confinée dans des prêts dont le montant est compris entre 25 000 à 125 000 gourdes, ce qui lui donne un certain avantage par rapport à ces concurrents immédiats, même si elle est loin d'être le leader du marché. Son encours du crédit s'élève en 2009 à 239,852, 076 gourdes avec un prêt moyen de 32,793 gourdes. Ses ressources proviennent des fonds public, des ONG et autres. Elle appartient à un réseau international, elle est l'objet de supervision de la BRH et finance les femmes à hauteur de 58%.Voir Tableau 1.6 (Annexe).

      4.2.3 Structures de la SOGESOL

      La SOGESOL à une structure organisationnelle identique à toutes les IMF. En ce sens, l'institution est constituée d'un conseil d'administration, ayant à sa tête un président, un trésorier, un secrétaire et deux membres sur quoi est greffé un conseil de crédit, responsable de l'analyse et du suivi des crédits. L'institution entretient, au point de vue structurel et organisationnel, des rapports étroits avec la SOGEBANK de qui elle est fille. Ainsi, elle garde à la fois une identité d'IMF et adopte une forme organisationnelle et structurelle identique aux banques commerciales ce qui constitue, à la fois un handicap et un avantage pour l'institution. A cet effet, le personnel de la SOGESOL est, pour la plupart du temps, formé par la SOGEBANK de qui, quand ils ne sont pas des employé directs, le sont indirectement, mais sont appelés à mettre leur savoir au service de l'institution micro financière.

      Voyons maintenant ce qu'il en est du service offert à la clientèle afin de faire une comparaison d'avec la ACME.

      Service à la clientèle

      La SOGESOL, dessert près de 11,640 clients (ANIHM 2009) à travers une gamme très diversifié de produits:

      · Fond de roulement aux micros et petit entrepreneurs du secteur informel.

      · Prêt à la consommation développé spécialement pour la clientèle d'ouvriers d'usine et du Commerce.

      · Prêt pour l'amélioration de l'habitat des micros et petits entrepreneurs, à et cet égard l'institution est singulière.

      · Produit pour achat d'actifs immobilisés pour le commerce. La clientèle a aussi accès à l'épargne à travers un produit d'épargne spécialement conçu pour elle en collaboration avec la SOGEBANK, à travers lequel sont aussi offert des décaissements et des remboursements automatiques sur compte.

      La méthodologie utilisée est, comme on l'a déjà dit, celle des prêts individuels en zone urbaine. Plus de 62% de la clientèle est constituée de femmes, et une grande majorité de cette clientèle se retrouve dans le secteur du petit commerce. Au 30 juin 2007, le portefeuille de la SOGESÒL était de 434, 277, 492 gourdes, pour un nombre total de 11, 636 clients actifs, ce qui équivaut à un portefeuille moyen de 37, 322 gourdes. Le PAR (Prêt à risque) à 30 jours est égal à 8.95% du portefeuille total. Au 30 juin 2007, le ratio d'autosuffisance administrative était égale à 177.77% le ratio d'autosuffisance opérationnelle était de 111.47% le ratio d'autosuffisance financière est de 98.5%.(ANIHM, rapport annuel 2007).

      Si dans la gamme des produits offerts, la SOGESOL est beaucoup plus diversifiée que celle de ces concourants, le portefeuille de cette dernière ainsi que le nombre de clients de celle-ci est de loin inferieure à ceux de la ACME. Celle-ci devance aussi la SOGESOL dans la qualité du portefeuille et de sa présence sur le territoire national. Voir tableau 1.4 (annexe)

      2.2.4 Mécanisme opérations et performances

      Peu de temps après son lancement en 2000, la SOGESOL a connu des taux de croissance spectaculaires tant au niveau des montant des prêts, que du nombre de client actifs, et de l'autosuffisance administrative et fonctionnelle. Ainsi, son portefeuille s'élevait, en 2009 à 492 millions de gourdes, pour un nombre total de 12,313 clients. Les ratios les plus significatifs au cours de cette même année s'élevaient à 138.2% pour l'autosuffisance administrative et 113.4%

      pour l'autosuffisance opérationnelle. Alors, qu'ils étaient au 30 juin 2007 de 177.77% (le ratio d'autosuffisance administrative), et de 111.14% (le ratio d'autosuffisance opérationnelle) et 98.5% pour le ratio d'autosuffisance financière (ANIHM, rapport 2009). Ce qui sous-tend une légère baisse dans la performance financière de l'entreprise, ce qui n'empêche cependant une augmentation considérable du portefeuille et du nombre de clients actifs.

      D'autre part, les opérations de l'institution se sont avérées de plus en plus importantes et nombreuses en 2009. En effet, au cours de cette année les opérations comme : KASH RAPID (financement pour acquisition de stock), KREDI KAY (prêt pour construction et aménagement de maisons), BYEN PAM (financement d'achats de biens durables) sont venues renforcer les opérations déjà existantes de l'institution. Sans oublier les offres des services de santé et d'assurance de décès proposé par l'institution, en partenariat respectivement avec la DASH et la PROTECTA. Passons maintenant à la MCN.

      4.3 La MCN

      4.3.1 Présentation générale

      La MCN, (Micro Crédit National), est une Institution de micro finance établie en Haïti depuis le 26 novembre 1999, sa mission est d'offrir aux petites et moyennes entreprises (PME) n'ayant pas accès au système bancaire traditionnel des services financiers compétitifs et adaptés à leurs besoins quelques soit le point du territoire où ils se trouvent. Récemment, MCN a démarré un programme de préts aux salariés dans le cadre d'accord avec leurs employeurs. Les préts octroyés par MCN varient entre HTG 1,000 à HTG 3,000, 000. De sa mise en opération en novembre 1999 au 30 septembre 2007, MCN a décaissé plus de 58,000 crédits pour un montant total de près de trois (3) milliards de gourdes. Le réseau national actuel de Micro Crédit National est composé de 15 guichets dont six (6) dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince (2ème ruelle Jérémie, Mgr Guilloux, Pétion-Ville, Croix-des-Bouquets, Croix-des-Bossales et

      Carrefour) et neuf (9) dans les villes de provinces. (Cap-Haïtien, Port-de-Paix, Gonaïves, St Marc, Mirebalais, Cayes, Jacmel, Miragoâne, et Petit-Goâve). (Groupe financier National, 2009).

      4.3.2 Caractéristiques de la MCN

      Le Micro crédit national S.A. (MCN), est une société de droit privé régie par les lois haïtiennes et spécialisée dans l'octroi de crédits aux micros, petites et moyennes entreprises du secteur informel dont les propriétaires n'ont pas un accès facile au crédit des banques commerciales. À 41%, elle se trouve à Port-au-Prince, elle priorise le crédit individuel et possède un portefeuille diversifié avec le plus fort pourcentage consacré au prêt compris entre 25,000 et 125,000 gourdes. Voir tableau 1.5 (Annexe). Composé d'un actionnariat haïtien et étranger et présent sur le marché de la micro finance depuis le 26 Novembre 1999, MCN propose des crédits allant de 1,000 à 1,000,000 HTG sur des périodes de 3 à 18 mois pour les besoins en fonds de roulement ou pour financer de petits investissements. Ces crédits peuvent couvrir des activités commerciales très variées allant du financement du petit commerce des étalagistes de rue, d'un atelier de couture, d'un "shop" d'ébénisterie à celui d'un cybercafé.

      4.3.3 Structures de la MCN

      Au point de vue structurel, la MNC est très semblable à la SOGESOL, en ce sens, qu'elles évoluent toutes deux sous la tutelle d'une banque commerciale. L'institution est donc dirigée par conseil ayant à sa tête un président, trésorier, un secrétaire et deux membres avec évidemment un conseil de crédit responsable de l'analyse et du suivi des crédits. L'institution entretient des rapports étroitement liés avec la UNIBANK, son principale partenaire financier ce qui lui garantit une certaine assise. La MCN entretient également des rapports très étroits avec sa clientèle, les rapports à ce niveau sont plutôt horizontaux. Avec ses nombreuses succursales à travers tout le pays la MCN pratique une politique de proximité, c'est l'un des points fort de l'institution.

      4.3.4 Mécanismes opérations et performances

      Les opérations de crédit sont les principales activités de la MCN. Elle privilégie les prêts de faibles montants et assai de diminuer au plus que possible les garanties que le demandeur de crédit doit avancer pour bénéficier d'un prêt. Ainsi, « pour solliciter un prêt à MCN, le demandeur, muni de sa carte d'identité, n'a qu'à se présenter à l'un de nos guichets. Aucun état financier, aucune expérience préalable de crédit, aucune hypothèque ni cash collatéral ne sont exigés. L'agent de crédit affecté à votre dossier se charge de rassembler toutes les informations nécessaires à l'étude de la rentabilité économique et financière de votre entreprise. Il vous accompagnera immédiatement après votre demande pour discuter et analyser avec vous les meilleures conditions de votre prêt » nous a confié un responsable de l'institution.

      Au point de vue de la performance, la MCN comme toutes IMF a connu des progressions considérables de sa création à aujourd'hui, même si cette progression est moins rapide chez elle que chez les deux autres institutions précédemment présentées. Mais il faut signaler, que mise à part les opérations de prêt au petit commerce peu d'informations sont disponibles sur les autres opérations de la MCN, mais nous pouvons avancer sans risque de nous tromper que les activités de crédits ne sont pas les seules opérations de l'institution.

      4.4 Impacts socio-économiques des activités de la MNC, SOGESOL et ACME

      Comme on vient de voir, les trois institutions de micro finance : ACME, SOGESÒL et ACME ont joué un rôle important un dans distribution du crédit dans le pays. Elles ont donc participé dans la création de pourvoir d'achat, dans la réduction de du chômage et dans une certaine mesure dans l'amélioration des conditions de vies.

      Ces trois institutions, en effet possèdent à elles seules un portefeuille et une clientèle supérieure au reste de la totalité des institutions de micro finance non coopératives réunis selon la ANIHM en 2009 (voir graphique 2 en annexe). Elles ont fait preuve d'un dynamisme et d'une performance extraordinaires depuis leurs apparitions vers les années 2000. Elles ont su trouver toute une gamme de produits financiers adaptés à la situation des petites bourses et ont arrivé à

      faire porter par des petits entrepreneurs des taux d'intérêts relativement élevés que l'on pensait qu'il était impossible de soutenir. Elles ont donc participé dans le processus de revitalisation de l'économie et ont créé la voie pour l'émergence de micro entreprises, et la possibilité d'émancipation sociale et de réalisation individuelle.

      Afin de renforcer ces points vue et d'étudier la validité de notre troisième hypothèses, nous avons été demandé aux bénéficiaires du microcrédit eux-mêmes comme ils voient la pratique du microcrédit à Port-au-Prince et comment celui-ci a touché leur vies. Nous présenterons à la prochaine section les résultats de nos entretiens. Mais d'abord voyons quelques aspects théoriques y afférents.

      Section 2.- Résultats des entretiens exploratoires

      4.5.- Méthodologie

      Comme nous l'avons déjà dit nos entretiens ont été réalisés avec des petits marchands de la zone métropolitaine bénéficiant du microcrédit. Ainsi, pour éviter des corrélations et pour s'assurer de la représentativité de l'échantillon, nous avons choisi au hasard des petits commerçants au centre-ville de Port-au-Prince. Mais on ne pouvait s'empêcher qu'une bonne partie de nos interrogés soit des femmes. Ceci est dû au fait que, les activités de petits commerces sont en générale pratiquées par des femmes. Alors, cette caractéristique de l'échantillon est belle et bien représentative de notre population.

      4.5.1.- l'échantillonnage et questionnaire

      Comme nous l'avons déjà dit, nous avons choisi de manière aléatoire les individus qui seraient susceptible de répondre à nos questions, donc notre échantillonnage est probabiliste. Chaque membre en effet de notre population (l'ensemble des petits marchands de Port-au-Prince et de ces environs ayant contracté un prêt dans une institution de micro finance non-coopérative) avait une chance connue et non nulle de faire partie de notre échantillon. Chaque membre de l'échantillon a été soumis à un questionnaire qui comportait 16 questions pour la plupart ouvertes, dans le souci de donner une plus grande liberté d'expression aux marchands. Elles portent la plupart d'entre elle sur des variables qualitatives et suscitent des réponses révélatrices.

      Notre questionnaire a cherché le plus que possible a respecté les critères de : clarté de neutralité et de pertinence dont on exige d'un bon questionnaire. (Voir le questionnaire en annexe).

      4.5.2.- l'unité statistique

      Il est évident que l'unité statistique dans le cadre de nos entretiens est un petit marchand faisant la fonction de négoce dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Mais celui-ci doit bénéficier d'un prêt dans une instituions de Micro finance dans l'intervalle 1995- 2010, bornes comprises.

      4.5.3.- Définitions des variables.

      Nous allons procéder à l'opérationnalisation des principaux termes utilisés dans notre questionnaire.

      Institution de Micro finance

      · ACME

      · MCN

      · SOGESÒL

      Condition de vies

      · Bonne

      · Assez bonne

      · Ni bonne ni mauvaise

      · Mauvaise

      Niveau de satisfaction de l'IMF

      · Beaucoup

      · Un peu

      · Pas vraiment

      · Pas du tout

      Opinion à l'égard des IMF

      · Favorable

      ·

      Indécis

      · Non favorable

      · Autres

      Age

      · Moins de 40 ans

      · 40-50 ans

      · 50 et plus

      Sexe

      · Fille

      · Garçon

      4.6.- Présentation des résultats

      Maintenant, le cadre méthodologique étant spécifié présentons les principaux résultats de nos entretiens.

      Il est à noter que certaines données (surtout les montants des prêts) ne sont pas exactes, car les questionnés eux-mêmes étaient dans l'impossibilité de nous fournir les montants exactes, alors ces données ont été majoré ou minoré selon les explications du questionné.

      Plusieurs faits ont en effet attiré notre attention dans les réponses, mais il ya certains qui sont avec leur expressivité et leur caractères répétitifs frappant et méritent d'être signaler. Par exemple, 10 sur 10(100%) des bénéficiaires de la SOGESÒL interrogés ont une opinion favorable à l'égard l'institution et que 9 sur 10 nous affirment avoir entrepris cette activité de commerce parce qu'il leur est impossible de trouver un emploi autre que dans une « factorerie32 ». 40% des bénéficiaires ont vu le montant de leur prêt plus que doublé lors de leur second prêt. Deux autres faits ont retenus notre attention :- un petit commerçant avoue avoir commencé son commerce avec 150 gourdes (3,75 USD) au taux du jour, cependant cette dame possède maintenant un important commerce et avoue ne contracte plus de prêt dans les IMF- une commerçante avoue qu'elle vient de décrocher grâce à ses régularités de paiement un second prêt de 500,000 gourdes alors que le premier était de moitié. Les tableaux qui vont suivre donneront un résumé de ces résultats et de bien d'autres

      32 Fait référence uniquement au secteur de la sous- traitance

      Tableau 2.1.- Évolution de dix prêt de la SOGESOL au 2ieme prêt

      Variables
      Individus

      Montant 1ier prêt

      Montant

      2 ième prêt

      Augmentation (en %)

      1

      20.000

      45.000

      125

      2

      25.000

      53.000

      112

      3

      100.000

       
       

      4

      30.000

      35.500

      18.33

      5

      100.000

      250.000

      150

      6

      250.000

      450.000

      80

      7

      10.000

      25.000

      150

      8

      2.500

      2.800

      12

      9

      15.00

      17.000

      13.33

      10

      20.000

       
       
       

      Source : entretiens avec des petits marchands, Décembre 2011

      Ce tableau est expressif et montre l'évolution croissante du montant des prêt au deuxième décaissement, le troisième et dixième interrogé n'étaient pas en mesure de fournir les montants.

      Graphique 1.2 évolution au deuxième décaissement des prêts de la SOGESÒL

      Source: tableau 2.1

      Deux conclusions peuvent être tirées de ce tableaux et de nos analyses qualitatives : premièrement, les petits marchands croient que le commerce est pour eux la seule façon d'échapper au chômage, deuxièmement, ils pensent que le microcrédit aide leur activités de commerce à se développer a et à se maintenir surtout dans les périodes succédant des crises. Les prêts des IMF les aident donc à répondre à certains des besoins et de leurs familles. Toutes fois, la liaison entre microcrédit et amélioration des conditions de vies des petits marchands n'est pas évidente, car c'est plutôt le petit commerce et non le crédit en soi qui améliore les conditions de vies.

      La situation du côté des bénéficiaires de nos deux autres IMF n'est pas trop différente, elle présente surtout des petites différences au niveau du montant des prêt, nous allons présenter deux tableaux similaires pour les deux autres institutions afin de faire ressortir ces petites variétés.

      Tableau 2.3.- évolution au 2ieme décaissement de dix prêts de la ACME

      Variables

      Individus

      Montant 1ier prêt

      Montant

      2 ième prêt

      Augmentation (en %)

      1

      180.000

      36.500

      102.77

      2

      250.000

      275.000

      10

      3

      20.000

      44.000

      120

      4

      15.500

      19.500

      25.80

      5

      13.250

      27.000

      103.7

      6

      5.000

      7.800

      56

      7

      10.000

      11.500

      15

      8

      23.250

      26.000

      11.82

      9

      13.000

      26.250

      101.9

      10

       
       
       
       

      Source : entretiens avec des petits marchands, décembre 2011

      On voit ici clairement comment le montant prêté progresse considérablement d'un prêt à un autre. Mais, c'est encore plus visible sur le graphique que nous présenterons dans la page suivante.

      Graphique 1.3.Évolution des prêts de la ACME au deuxième décaissement

      Source : Tableau 2.3

      On voit ici que c'est seulement 30% des interrogés qui ont leur deuxième prêt plus que doublé au moment du second prêt. Deuxièmement, 20% des interrogés n'ont pas une opinion favorable aux activités des IMF. Ces derniers pensent que les IMF ont leur rôle dans l'économie, mais elles réalisent à l'heure actuelle peu de chose dans le but de leur aider effectivement, surtout à cause du niveau des taux d'intérêt et de la pénalité qu'on leur exige en cas de retard « ou toujou gen kè sote, lèw gen kòb biwo nan men ou, men ou konnen ou pa gen le chwa »(le microcrédit peut être source de tourment mais...) a exclamé un petit marchand.

      Voyons maintenant ce qu'il en est des clients de la MCN.

      Comme on l'avait le déjà dit, il ya peu de chose distingue les clients de la MCN des deux autres institutions, mais étant donné que de simples variations peuvent occasionner des conséquences tellement différentes dans une analyse, voyons ce qu'il en de clients de la MCN par la présentation du tableau synthétique de l'évolution des prêts identiques aux précédentes.

      Tableau 2.5.- Evolution au 2ieme décaissement de dix prêts de la MCN

      Variables

      Individus

      Montant 1ier prêt

      Montant

      2 ième prêt

      Augmentation (en %)

      1

      18.000

      36.250

      10.138

      2

      255.350

      275.000

      7.69

      3

      20.000

      46.000

      130

      4

      15.500

      31.000

      100

      5

      10.250

      25.000

      143.9

      6

      5.000

      8.500

      70

      7

      10.000

      10.500

      5

      8

      23.250

      27.500

      100

      9

      13.000

       
       

      10

      12.500

       
       
       

      Source : Entretiens avec les petits commerçants, Décembre 2011

      On voit que seulement 30% des clients ont leur second prêt supérieur au double du premier. Cependant, on doit tenir compte du fait que 2 sur 10 soit 20% des bénéficiaires de MCN étaient dans l'impossibilité au moment de l'entretiens de nous fournir des informations nous permettant, même de faire une approximation du montant du prêt qu'ils avaient contracté, ceci est dû grandement au fait, que selon leur dires, qu'ils ne font plus de prêt de dans les institutions de micro finance, ça fait un bon bout de temps.

      Graphique 1.4 evolution des prets de la MCN au deuxieme decaissement

      Source : Tableau 2.5

      Il ya aussi peu de différences entre les points de vues des clients de la MCN sur les IMF et de celles des clients de la ACME et de la SOGESOL, car seulement deux sur dix (20%) clients de la MCN interrogés nous confient avoir entrepris l'activité (commerce) pour une raison autre qu'une manque d'emploi du pays, et un seul n'est pas catégorique dans ces opinions favorable vis-à-vis de l'institution.

      Quoi donc pouvons-nous conclure? C'est à cette question que le point suivant cherchera à répondre.

      4.6.- vers une vérification de notre première hypothèse

      On doit dire pour rappel, que le but de ce chapitre était d'étudier cas par cas nos trois
      institutions, de collecter et d'analyser les points de vues de petits marchands; pour non

      seulement, toucher l'aspect empirique de notre travail, mais aussi et surtout pour étudier la validité de notre première hypothèse qui postulait que :

      Le microcrédit, en créant un SR 1RIIIO'DIKDt, a contribué à améliorer les conditions de vies des marchands bénéficiaires.

      Cependant, étant donné que la plupart des marchands interrogés (plus de 90%) nous confirment avoir contracté leur premier prêt non pas pour débuter le commerce, mais pour l'augmenter et ces marchands avouent d'autre part que le commerce est leur principale source de revenus et donc leur moyens de subsistance. On peut tout de suite déduire que c'est le commerce, et indirectement le microcrédit (dans certain cas) à des impacts considérables sur la vie des petits marchands. Il peut toutefois avoir amélioration des conditions de vies des petits marchands sans augmentation du volume de microcrédit pendant une période donnée.

      Alors il serait plus exacte de dire (compte tenu des données recueillies) que le microcrédit peut contribue à améliorer les conditions de vies de petits marchands. Mais, la formulation précédente à tout son sens dans la mesure où « amélioration des conditions de vies » impliquent la prise en compte de certains paramètres que la simple pratique d'une activité de commerce de saurait nullement englober.

      Après ce long voyage, vient le moment de tout dire en peu de mot de revoir où nous somme dans la pratique de la micro finance et projeter des perspectives d'avenir. Ce sera l'objet de la conclusion et des perspectives de notre travail.

      Conclusion et perspectives

      Au terme de cette recherche nous avons pu montrer que la micro finance à des impacts tant positifs que négatifs sur le secteur informel en Haïti pendant la période 1995- 20010. Les impacts positifs sont cependant plus significatifs et sont plus visibles sur la vie des petits marchands bénéficiaires du microcrédit, sur les recettes de l'Etat et dans la réduction du chômage dans le pays. Alors que, les impacts négatifs se font sentir plus particulièrement sur la production nationale et dans l'informalisation des activités économiques et dans la création d'un processus d'endettement de certains bénéficiaires. En ce sens, nous avons présenté et analysé le développement de la micro finance à travers le monde et en Hatti, particulièrement. Et avonsnous démontré tout au long de notre problématique surtout, que la micro finance a créé des conceptions nouvelles dans la pratique du crédit dans l'économie haïtienne et répond à un grand besoin de financement du secteur informel.

      Nous avons par ailleurs présenté la micro finance en tant qu'élément pouvant jouer un rôle dans la relance économique du pays, en occasionnant une réduction de la pauvreté avec création de nouveaux pouvoir d'achat réel et en étant le principale partenaire financier du petit commerce formel et/ou informel.

      La micro finance en tant qu'élément pouvant jouer un rôle dans la relance économique du pays. La micro finance peut jouer un rôle considérable dans la relance économique avons-nous montré car à travers les IMF se tissent des liens socio-économiques qui favorisent l'esprit d'initiative, l'émergence de nouveaux entrepreneurs. Mais, les pouvoirs publics ont leur partition à jouer, car un pays comme Haïti doit concevoir des stratégies adaptées à sa situation pour accroître et faciliter l'accès de toutes les strates de la population aux services financiers de base. Ces stratégies doivent ensuite Etre concrétisées dans le cadre de mesures de politique générale et de plans de mise en °oeuvre effective. Dans cette optique, une multitude d'intervenants doivent collaborer à l'élaboration des stratégies et déterminer ensemble les meilleures façons d'organiser la mise en oeuvre des actions. Même si en absence de telles stratégies, surtout en milieu rural, la micro finance a conduit à ce que certains économistes appellent « une révolution financière » en prouvant que les plus pauvres sont bancables et sont capables de supporter des taux d'intérêts relativement élevés. Elle favorise dans

      sa méthodologie de crédit (crédit individuel surtout) l'émergence de nouveaux entrepreneurs, en ce sens que le crédit, moteur de l'entreprise privée dans l'économie d'aujourd'hui, devient plus accessible et moins onéreux. Elle contribue également à la réduction des inégalités de genre en ce sens qu'il existe au sein de la micro finance tout est un mécanisme qui est mis en place dans l'idée que les femmes puissent jouir des avantages considérables par rapport aux hommes dans leur demande de financement. Il ya d'ailleurs même des IMF qui ne prêtent qu'aux femmes et celles qui prêtent aux deux sexes ont vu la plupart temps un fort pourcentage (environs 60% pour les trois institutions étudiées) de leur portefeuille consacré aux prêts accordés aux femmes.

      La micro finance en tant que moyens efficaces de réduction de la pauvreté. Nous avons montré dans ce travail, surtout au niveau du deuxième chapitre, que la micro finance est un puissant instrument de luttes contre la pauvreté en ce sens que le microcrédit permet de développer de petites activités, il se repose sur les activités individuelles, sur une valorisation de l'être et sert à tisser les liens sociaux surtout après les périodes de grandes guerres33 et de catastrophes naturelles. D'autres part, la micro finance favorise la réduction du taux d'analphabétisme et sert de moyen de résistances des plus vulnérables aux chocs économiques internes et externes. Même si avons-nous signalé, que le grand défi des études de l'impact des mesures est d'améliorer la crédibilité et l'efficacité des programmes de micro-financement. Néanmoins, il est difficile et coûteux de mesurer, avec précision, l'impact d'un programme sur des éléments socioéconomiques tels qualité de vie, création d'emplois durables, pouvoir social, émancipation de la femme, etc. qui sont des variables qualitatives. Ces considérations nous avait conduit à la vérification de notre deuxième hypothèse à savoir qu'effectivement Le microcrédit a eu un 1P S0cNiSINNEisuCILilVInoP 11-i101Ni1-In1-i(réduction du taux de chômage, augmentation des UHe111132- l'EO) dans sa globalité pendant la période 1995-2010.

      La micro finance en tant que premier partenaire du petit commerce. Nous avons en effet montré à la deuxième section du deuxième chapitre du travail que le petit commerce, qu'il soit formel ou informel est financé à près 90% par la micro finance. Celle-ci fait donc du commerce sa priorité en raison évidemment de la nature des activités commerciales qui permet d'effectuer un flux

      33 Exemple, après le génocide au Rwanda

      considérables d'opérations sur une période relativement courte et de pouvoir supporter des taux d'intérêts relativement élevés tout offrant un niveau de risque moindre par rapport aux activités de productions agricoles et/ou industrielles de longue durées. En cela, la micro finance combinée au petit commerce trouve sa véritable expression dans la réduction du chômage, dans l'augmentation des recettes de l'Etat pour ne citer que ceux-là. Car d'une part, La petite entreprise commerciale, a un rôle fondamentale dans la création d'emploi et la dynamisation de l'économie, avons montré au troisième chapitre. Ainsi donc, nous avons abouti au terme de ce chapitre au fait que la micro finance, via le petit commerce a contribué grandement à diminuer le taux de chômage dans le pays. Elle crée de nouvelle opportunité, et est le mode de financement approprié pour les pays en voie de développement comme l'a si bien prouvé les exemples Boliviens, Argentins et Sud-africains. Nous avons abouti à la conclusion que si les limites actuelles de la micro finance sont prises en compte par les décideurs et si l'on exploite tous les avantages qu'elle offre par rapport au crédit bancaire traditionnel, la micro finance34 peut constituer un fer de lance du développement socio-pF14oL TTXe d'fI- 1ïti. Puisque d'autre part, toute réduction du taux de chômage nous rapproche le plus possible vers la réalisation du plein emploi des ressources de l'économie et donc vers la croissance et l'amélioration du bien-être individuel et collectif. Les résultats des entretiens avec les petits de port-au- prince ne font que confirmer ce point de vue. C'était la vérification de notre troisième hypothèse.

      D'un autre côté, nous avons présenté nos trois institutions de micro finance, nous avons montré leur poids dans la résolution du problème de crédit en Haïti et le développement économique global du pays, ceteris paribus. En ce sens, nous avons montré comment les portefeuilles de crédit des IMF évoluent de manière significative sur des périodes relativement courte, et comment elles ont su proposé à la clientèle toute une gamme de produits financiers et autres adaptés à leur besoin, d'où l'expression « la création des services financiers accessibles ». Nous avons montré également comment elles ont su faire preuve de dynamisme et de bonne performance même dans les situations les plus difficiles. Elles ont donc grandement participé à ce mouvement de justification du fait que les petites bourses sont bancables. Elles ont amené avec des prêts de faibles montants des gens à développer leur propre activité et/ou augmenter

      34 Y la micro-assurance, l'organisation des transferts de la diaspora etc.

      leurs micros entreprises et augmenter donc leurs revenus disponibles. Mais à ce sujet il faut faire le point pour dire, comme nous l'avons montré à la deuxième section du chapitre quatre, que l'amélioration des conditions de vies n'est pas forcement dü aux actions de la micro finance. Car, le petit commerce source de cette amélioration n'est pas nécessairement une résultante de la micro finance. Il vient alors non pas de dire que notre première hypothèse n'est pas vérifiée, mais une obligation de précision qui nous amènera à une hypothèse reformulée comme suit : Le microcrédit peut contribue à améliorer les conditions de vies de petits marchands. On peut dire, que microcrédit et amélioration des conditions des petits marchands marchent de pairs dans la mesure où cette activité de commerce qu'entreprends le marchands est financé par une institution de micro finance. Nous avons montré à la fin du quatrième chapitre à quelle condition cette hypothèse se justifie.

      Nous venons donc de faire ressortir la relation qui existe entre le microcrédit et l'amélioration des conditions de vies des petits marchands qui était l'objectif principal de la recherche. C'est une relation certes conditionnée, mais qui est d'une importance capitale dans la recherche de solution au problème de la pauvreté et de la misère qui rongent notre chère Haïti. Les décideurs politiques et économiques doivent donc trouver les meilleurs moyens pour faire de la micro finance un vecteur de développement économique en insistant sur les avantages du microcrédit et sur les capacités des petites bourses de répondre aux exigences de ces institutions. Mais, tous cela doit être circonscrit dans un plan de développement économique intégré et participative. Car, comme nous l'avons montré au deuxième chapitre, le microcrédit a un poids important dans le commerce informel, lorsqu'il épargne les petits commerçants des taux d'intér~t usuriers de la finance informel et lui assure des moyens de financement rapide et adapté aux besoins. Nous pouvons dire alors, sans risque de nous tromper que nos objectifs dans le cadre de cette recherche ont été valablement atteints. Car non seulement nos recherchent nous ont fournies le bagage théorique et empirique de pourvoir de répondre comme suit à nos questionnement de recherche :

      ? À la question : quel est l'impact global de la micro finance dans l'amélioration des conditions de vies des petits marchands ?

      Un impact positif dans l'ensemble, par le biais du petit commerce formel et informel en améliorant les conditions de vies des petits marchands. Mais aussi a des impacts négatifs sur le système productif haïtien qui se dégrade de jour en jour.

      · A la question : peut-on faire de la micro finance un pilier de l'économie ?

      Oui, dans la mesure où l'on change de paradigme dans la manière de voir et de percevoir la micro finance dans le pays en lui créant surtout un cadre légal de fonctionnement35.

      · À la question : la micro finance est-elle capable dans sa philosophie actuelle de promouvoir la croissance économique du pays ?

      Pas tout à fait, si l'on considère toute la limite et les principes clés qui sous-tendent les activités des IMF, d'où la nécessité de ce changement de paradigme et d'un nouveau schéma d'intégration des actions micro financière.

      Mais aussi, il nous donne de pouvoir comprendre et mettre en relief que les perspectives d'avenir de notre système économique peut se reposer ceteris paribus sur le potentiel et le dynamisme de la micro finance qui a déjà prouvé dans des pays comme la France, la Bolivie, l'Argentine, le Pérou, le Rwanda , qu'elle est capable de « merveilles économiques » en tissant des liens sociaux, en réduisant les disparités entre les groupes sociaux et favorisant l'émergence d'une nouvelle classe d'hommes et de femmes en propulsant les initiatives privées individuelles ou collectives. Mais, est-on prêt à consentir le sacrifice que cela demande ? Ici se pose l'une des problématiques fondamentales en économie, le coüt d'opportunité. Le débat reste ouvert.

      35 Car, jusqu'à date la grande majorité des IMF évolue en dehors de tout contrôle des institutions étatiques chargées de règlementé le système financier haïtien






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