UNIVERSITE D'ETAT D'HAITI
(U , , )
, 9 9 Faculté 99de 9 99Droit et
des 99Sciences 99Économiques 9 9
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« Analyse de l'impact de la micro finance sur le
secteur informel, période
1995-2010 »
Prepare par
Yveson DUKENSON
En vue de l'obtention de grade du licencié en sciences
Économiques
Sous la direction du professeur
Eddy LOBOSSIER
Promotion 2007-2011
Décembre 2011
Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade
de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
2007-2011.
AVANT- PROPOS
L'étude de la micro finance en Haïti se
révèle de plus en plus une nécessité, parce qu'il
est urgent dirait-on, que la problématique du crédit, surtout
celle du microcrédit soit posée dans une vision holistique, en
ces temps où l'on parle de reconstruction. Au fait, souvent on parle du
problème de crédit en Haïti, mais on pense qu'au
crédit bancaire, alors que celui-ci n'est qu'une composante du
crédit dans son ensemble, le microcrédit est de son coté
peu exploité et étudié. Ce travail se propose d'y mettre
l'accent, afin d'orienter les regards vers ce vaste champ d'étude et de
potentialités que représente le microcrédit pour
l'état-nation toute entière, mais que les décideurs
semblent ignorer encore.
En effet, si la micro finance est peu abordée en
Haïti, en dépit de sa toute importance dans l'économie
d'aujourd'hui, c'est sans doute en raison d'une manque de connaissance de ce
secteur, alors ce travail se veut, dans une certaine mesure, un moyen de
connaissance pour conduire à une meilleure compréhension et une
meilleure analyste des impacts de la micro finance dans le pays, surtout dans
le secteur informel.
Le choix du sujet trouve, par ailleurs, sa justification dans
le fait que l'une des voix de salut de notre système économique
est sans nul doute, la promotion et l'expansion de l'entreprise privée,
même toute petite qu'elle soit. Et cette expansion dépend du
volume et de la qualité de crédit dont bénéficie
cette économie.
Quant à la période, elle est choisie parce
qu'elle nous permet de voir comment était la pratique du crédit
avant l'arrivée sur le terrain de nos trois échantillons d'IMF,
et comment elle s'est évoluée depuis leur apparition vers les
années 2000. SOGESOL, MCN ET ACME quant à elles sont retenues,
parce qu'elles constituent, compte tenu de leur portefeuille de crédit
et de leur nombre de clients, les trois plus importantes institutions de micro
finance en Haïti a l'heure actuelle. Puisse ce travail constitue ma
pierre, quoique minime, dans la reconstruction de notre chère
Haïti.
Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade
de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
2007-2011.
Remerciement
Il est ici d'un acte de loin plus grand qu'une simple
formalité académique ou d'une simple coutume, c'est plutôt
un devoir de coeur, un acte de gratitude et de respect.
S'il est en effet indispensable de citer à la fin de
tous travaux de recherches scientifiques les sources dans lesquelles on a
puisé pour produire cette recherche, il est injuste de laisser dans
l'oubli total des gens qui ont travaillé non seulement dans la
réalisation du travail mais qui vous a accompagné tout au long du
processus qui doit vous conduire aux capacités matérielles et/ou
intellectuelles indispensables à la réalisation de tels
travaux.
C'est conformément à cette conviction que je
présente ici tous mes remerciements :
· À l'architecte de l'univers, le grand Dieu qui
nous a fait don de toute sa grâce et qui nous a donné
l'opportunité d'arriver jusqu'au dernier mot de ce travail, et là
je ne peux que dire EBEN-EZER!!!
· À ma marraine, ma mère adoptive, Rose
Marie DUVERGER pour son support, son encadrement, son interminable mise garde
quant à la manière dont je dois aborder les choses de la vie.
Merci encore « DADA » Merci.
· A madame Reginald Linda GUITEAU, pour ses infatigables
aides et support surtout dans la réalisation de ce travail.
· À tous les éminents professeurs de la
Faculté de Droit et des Sciences Economiques, pour leurs participations
actives et continuent dans ma formation depuis plus de quatre ans. Et
Làj e ne saurais ne pas citer :
· mon directeur de recherche, le professeur Eddy LOBOSSIERE
pour la supervision et les corrections combien importantes qu'il a
apporté à ce travail.
· Le professeur José YVES pour ces multiples
consultations et corrections,
· Le professeur Frantz PIARD pour ces conseils
méthodologiques.
· À mes soeurs et frères Angelet, Chrislie et
Chrisnalie, pour leur support financier et moral.
Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade
de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
2007-2011.
· À mes collègues de la promotion :
CASIMIR Maxon, JEAN Jean Daniel, SIMON
Adenau, WILGUENS Narcisse pour leurs remarques critiques et
leurs suggestions.
Merci chers camarades, vos remarques me sont grandement
utiles. Un grand merci également à tous ceux et celles qui m'ont
aidés directement ou indirectement dans la réalisation de ce
travail et dont le nom n'est pas figuré sur cette liste non exhaustive.
Merci encore à vous tous et sachez que vos actions et vos noms sont
gravés dans mon coeur.
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de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
2007-2011.
Table des matières
· Avant-propos
· :. Remerciements
· :. Table des matières
· :
· Sigles et
abréviations
· Liste des tableaux et graphiques
· :. Résumé
· :. Introduction
générale
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de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
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Chapitre 1.-Vers la compréhension de la
Micro
finance 11
Section 1.- cadre conceptuel et
théorique 11
1.1 Cadre conceptuel 12
1.2.- Revue de la littérature 17
1.3 Fondements théoriques 20
Section 2.- Cadrage
macroéconomique 21
1.4 Situation socio-économique d'Haïti .
21
1.5 Coup-d `oeil sur le syst~me financier
d'Haïti 23
CHAPITRE 2.- Role de la micro finance en
Haiti 26
Section 1.- Histoire de la micro finance
26
2.1.- Coup-d'oeil historique sur la micro finance
à travers le monde 27
2.2.- Histoire de la micro finance en Haiti
Section 2.-Micro finance et activités
économiques
2.3.- Quelques déterminants du microcrédit
en Haïti 30
2.3.1.- Les dérminants juridiques du
microcrédit 30
2.3.2.- Les déterminants
sociaux-économiques 31
2.3.3.- Les déterminants politiques
32
2.4.- Les formes du microcrédit 32
2.4.1.- le microcrédit à la consommation
32
2.4.2.- le microcrédit au secteur agricole et
industriel 32
2.4.3.- Le micro crédit au petit commerce
informel 34
2.5.- Les caractéristiques du microcrédit
34
2.6.- Les avantages du microcrédit par rapport au
crédit bancaire 37
2.7.- Les limites du microcrédit 38
2. 8.- La micro finance actuelle au regard du
développement économique en Haïti 39
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de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
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CHAPITRE 3.-Les impacts de la PEC à Port-au-
Prince
Section 1. De l'analyse du petit commerce en
Haïti 42
3.1.- La PEC formelle 42
3.1.1.- l'aspect juridique de la PEC formel
42
3.1.2.- Les caractéristiques de la PEC formel
43
3.1.3.- L'apport de la PEC formel à
l'économie 44
3.2.- Le petit commerce informel 46
3.2.1.- Les manifestation du petit commerce informel
urbain 48
3.2.2.- Les caractéristiques de la PEC informel
48
3.2.3.- L'apport de la PEC informel à
l'économie 49
Section 2.- Les impacts du commerce informel sur
l'économie haitienne
3.3.- La détermination des
bénéfices dans la PEC informel 50
3.4.- Les impacts de la PEC à Port-au-Prince
52
3.4.1.- Sur la vie des gens 52
3.4.2.-Sur les recettes de l'Etat et sur
l'activité économique 53
CHAPITRE 4.- Etude de cas et analyses empiriques
Section1.- Présentation des IMF sous
étude 57
4.1.- ACME 57
4.1.1.- Présentation générale
57
4.1.2.-Caracteristiques 57
4.1.3.- Structures 58
4.1.3.- Mécanismes, opérations et
performances 60
4.2.-SOGESÒl 62
4.2.1.-Presentation 63
4.2.2.-Structures 63
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de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
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4.2.3.- Mécanismes, opérations et
performances 64
4.3.- MCN 65
4.3.1 Présentationgénérale
65
4.3.2. Caractéristiques 65
4.3.3. Structures 66
4.3.4.- Mécanisme opérations et
performances 66
4.4.- Impacts socio-économique des IMF sur etude
67
Section 2.- Résultats de l'enquête
68
4.5-Méthodologie 68
4.5.1.- Echantillonnage et questionnaire 68
4.5.2.- t'XniS1,T%SaSi%SiqXe 69
4.5.3.-Defintions des variables 69
4.6.-Presentation des résultats 70
4.7.- Vers une verification de notre troisieme
hypothèse 78
· Bibliographie
· Annexe
· Indices bibliographiques
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Sigles et abréviations
ACME : Action pour la coopération avec la
micro entreprise
ANIHM : Association nationales des institutions
de micro finance d'Haïti
BRH : Banque de la République
d'Haïti
IDE : Investissement directs étrangers
IFM : Institution de Micro finance
MCI : Micro finance intermédiaire
MCN : Microcrédit national
ONG : Organisation non gouvernement
PEC : Petite entreprise commerciale
PED : Pays en développement
SOGESÒL : Société générale de
solidarité
Liste des tableaux et graphiques
i.
ii.
iii.
iv.
v.
vi.
vii.
viii.
ix.
x.
xi.
xii.
Tableau 1.1 structure par des unités informelles
|
46
|
Tableau 1.2 caractéristique de la PEC informel à
Port-au-Prince
|
47
|
Tableau 1.3. Distribution des emplois selon la tranche
d'activités
|
53
|
Tableau 1.4. Évolution du portefeuille de crédit de
la ACME
|
58
|
Graphique 1.1 Évolution du portefeuille de la ACME
|
59
|
Tableau 2.1.- Évolution de dix prêt de la SOGESOL
|
70
|
Graphique 1.2 Évolution de dix prêts de la
SOGESÒL
|
71
|
Tableau 2.2 relations entre et SOGESOL et la PEC
|
71
|
Tableau 2.3.- Évolution de dix prêts de la ACME
|
72
|
Graphique 1.3.Évolution des prêts de la ACME.
|
73
|
Tableau 2.4. Relations PEC et la MCN
|
75
|
Graphique 1.4 evolution des prets de la MCN
|
76
|
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de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
2007-2011.
xiii. Tableau 2.6.- Représentation de la relation PEC et
la MCN 76
Résumé
Puissant instrument de lutte contre la pauvreté,
l'intégration de la micro finance dans les plans de développement
est de plus en plus urgente surtout dans les pays dits
sous-développés qui cherchent des moyens de développements
alternatifs a ceux déjà expérimentés. Mais, les
impacts réels de la micro finance sur le développement, notamment
sur le secteur informel en Haïti est à l'heure actuelle l'objet de
nombre de controverse, car certains voient la micro finance comme une «
arme à double tranchant ». Toutefois, la micro finance a
contribué entre 1995-2010 à résoudre, ceteris
paribus, le problème du financement des micros entreprises,
particulièrement informelles (portefeuille de crédit 1.1
milliards de gourdes, 108,778 prêts) en Haïti où en 2007
encore seulement 400.000 des demandeurs de crédit ont été
approuvés par le système bancaire et seulement 133 d'entre eux
détenaient les 2/3 du total des prêts. Mais, il reste encore
beaucoup à faire pour faire du secteur un pôle de
développement durable.
Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade
de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
2007-2011.
Mémoire de Yveson DUKENSON en vue de l'obtention de grade
de licencié en sciences Economiques. Promotion Martial CELESTIN,
2007-2011.
INTRODUCTION
« Stimuler la reprise de l'activité
économique nationale tout en favorisant les relations entre les banques
et les clients, telles sont les ambitions officiellement exprimées par
la Banque Gentrale en annonçant (en 1995) la révision du taux
d'intérêt sur les dépôts et sur les préts
ainsi que l'accroissement du pourcentage de l'encaisse à maintenir comme
réserve de liquidité des dépôts
»1.
Gependant, un simple coup d'oeil sur le système
bancaire haïtien actuel permet d'affirmer que la réalité est
toute autre. En dépit de cette décision, le problème du
crédit n'est toujours pas résolu dans le pays, les petites
bourses2 n'ont toujours pas accès au crédit bancaire.
Face à cette situation, les petites et moyennes entreprises se
retrouvent coincées et dans l'incapacité de pallier les
insuffisances économiques et financières du secteur réel.
Get état de fait entrave par voie de conséquence le
développement économique, faute de financement, dans un pays
où l'investissement privé est encore une priorité si l'on
croit les déclarations des dirigeants actuels. Dès lors, comme
stratégies d'ensemble ils font appel principalement aux Investissements
Directs des Etrangers (IDE) pour augmenter principalement le
nombre d'emplois formels dans l'économie qui est assuré à
l'heure actuelle par l'administration publique en majeur partie ; ce qui est
économiquement une anomalie.
La micro finance telle que connue aujourd'hui dans le pays,
avec ses quelques 59 3673 emplois en 2000 et ses 250.000 emplois
directs en 2010 (ANIHM, Rapport 2010) essaie de pallier à ce
problème, mais elle appartient encore en grande partie au secteur
informel.
Gependant, il faut dire que les microstructures
financières populaires ont toujours existé dans le
monde
entier. Elles ont évolué à travers le temps et ont
existé dans les différentes étapes de
1 Fred DOURA, Haïti Dépendance et crise
tome1 Page 214
2 Voir cadre théorique
3 Fred DOURA, Haïti Dépendance et crise
tome1 Page 253
développement de tous les pays du monde comme le relate
Pigeau (2005). Dans les pays en développement (P.E.D) en
général, ces microstructures de financement ont été
qualifiées d'informelles pendant une bonne partie des décennies
1970-1990. Ces dernières années, la conception de ces
méthodes de financement a énormément évolué
vers le concept de la micro finance (Lelart, 2005 ; Sodokin, 2007). Les
orientations de politiques économiques ne sont plus les mêmes
dès lors qu'il s'agit d'une micro finance susceptible de financer les
petites activités génératrices de revenus et non d'une
"finance informelle" qui procure du financement à des
activités hors la loi ou supposées
illégales4.
La micro finance laisse donc peu à peu le secteur
informel pour devenir un instrument de développement, de lutte contre la
pauvreté et un sujet d'actualité. Elle a fait en ce sens l'objet
de débats de politiques économiques nationales et
internationales. Ainsi, l'année 2005 qui a été
désignée par l'ONU l'Année internationale du
microcrédit a grandement contribué à sensibiliser la
communauté internationale sur le rôle clé des services
financiers plus accessibles dans la réalisation des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD). En ce sens, l'ancien
secrétaire général de l'ONU Kofi ANANN dans l'avant-propos
de l'ouvrage « Construire des secteurs Financiers accessibles à
tous » publié par l'organisation qu'il dirigeait a
écrit « Rendre les secteurs financiers accessibles à
tous a le pouvoir d'améliorer les conditions de vie des populations, en
particulier des pauvres. Un petit prêt, un compte d'épargne ou une
assurance peuvent faire une grande différence pour une famille à
bas revenus. Ils permettent à ces gens d'investir dans une meilleure
alimentation, dans leur logement, leur santé et l'éducation de
leurs enfants. Ils permettent de mieux réagir lors des périodes
difficiles dues à de mauvaises récoltes, à la maladie ou
à un décès. Ils aident à planifier l'avenir
».
Cette déclaration de l'ex Secrétaire
Général reflète en grande partie l'objectif principal de
la micro finance qui, dans un pays comme Haïti, se veut un instrument
d'amélioration des conditions de vie des couches les plus
vulnérables, en leur donnant accès aux services financiers de
base. D'où l'objectif principal de toute institution de micro
finance.
4 Affirmation de Sodokin, op. Cite
Une analyse de l'impact de la micro finance sur le secteur
informel à Port-au-Prince pendant la période 1995-2010
s'inscrit donc dans une perspective de recherche de l'applicabilité
de cette philosophie dans le cas haïtien.
Mais d'abord essayons de poser la problématique de la
micro finance en Haïti. A partir de laquelle découlera le fil
conducteur, c'est-à-dire la question centrale de notre recherche.
PROBLEMATIQUE
Dans tous les pays où règne un retard
considérable de développement, la majeure partie de la population
n'a pas accès aux services financiers traditionnels, plus
particulièrement au crédit bancaire. Cette situation est
vraisemblablement dü au fait qu'une grande partie de ces populations
vivent dans des situations d'extrêmes précarités et de
pauvreté et que les institutions financières traditionnelles
imposent des conditions « draconiennes » pour accéder au
crédit dans le but de couvrir le haut niveau de risque liés
à l'investissement dans ces pays.
En Haïti, ces conditions sont très rigides, compte
tenu surtout des troubles sociopolitiques, des catastrophes naturelles et de la
mentalité anti-changement dont fait montre certains de nos concitoyens.
Ces contraintes font du pays l'un des endroits des Caraïbes où le
niveau de risque est le plus élevé en matière
d'investissement privé et, par conséquent, un endroit où
le crédit est très restrictif où la forte
régulation du système bancaire ne facilite point le financement
de projet risqué. A titre d'exemple, en 2005 seulement 27.5 milliards de
gourdes étaient accordées au secteur privé sous forme de
crédit par le secteur bancaire traditionnel, selon les données de
la BRH. En 1997, seulement 400.000 des demandeurs de crédit ont
été satisfaits (PNUD, BIT 1997). Selon la PNUD seulement 133
clients sur les 400.000 détenaient les 2/3 de la totalité du
crédit bancaire de cette même année. De même, selon
la BRH, le volume moyen de crédit bancaire annuel était de 28.5
milliards de gourdes entre 1995 et 2000 (BRH, Rapport annuel 2007). Ces
données montrent que Le crédit s'avère être un
casse-tête en Haïti ; ainsi, des projets prometteurs souffrent dans
les tiroirs, faute de financement.
Pour certains donc, le crédit est un luxe, il est
discriminatoire, sélectif. « Le haut niveau de risque en est la
cause, » affirment habituellement les banquiers et autres responsables
d'institutions financières. Il faut ajouter à tout cela
l'incapacité d'un grand nombre de demandeurs de crédit de
répondre aux exigences des banques commerciales, même tout niveau
de risque pris en compte.
Il faut donc, à cela trouver une alternative, si l'on
veut toucher certains des problèmes économiques auxquels font
face le pays. Considérant qu'avec le principe du «
multiplicateur des crédits »5, ce dernier est
le moteur du développement de l'entreprise privée, qui peut aider
grandement le pays à se lancer sur la voie du développement
économique et social. Il devient donc urgent que la problématique
du crédit soit posée, tout en considérant ses multiples
aspects. Certains pays du tiers-monde ont bien compris ce fait et ont
trouvé des alternatives à des problèmes similaires dans la
micro finance, qu'ils ont appelé finances pour les
pauvres, par opposition aux services financiers qu'offrent les
institutions financières traditionnelles qui sont pratiquement
destinés à ceux qui possèdent déjà un
certain capital.
Haïti quant à elle, ne fait l'expérience de
cette alternative qu'en 1939, date où les premières lois sur les
coopératives ont été publiées6. Au fait,
depuis cette date et face à un grand besoin de financement de
l'économie, la micro finance, à travers principalement les
coopératives, s'est vite propagée dans le pays. En 2002, parmi
les bénéficiaires du crédit, 100,000 l'étaient des
institutions de micro finance qui étaient alors au nombre de 79, avec un
portefeuille de 1.235 milliards de gourdes nous dit la ANIHM. En 2007, la micro
finance sert 108,778 micros entreprises avec une nette augmentation du
portefeuille, avec des taux de croissance respectifs de 18 et de 23% par
rapport à 2002. La micro finance, joue donc un rôle non
négligeable dans l'activité économique, mais la
détermination de ces impacts réels est aujourd'hui encore l'objet
de controverses.
5 Une banque détenant un excédent de
liquidité sous forme de monnaie central cherche à le rentabiliser
l'utilisant pour accorder du crédites prêts. Mais comme les
bénéficiaires des crédits accordés ne conservent
eux même qu'une fraction de leur avoir sous forme de monnaie centrale,
les banques peuvent distribuer des crédits pour un montant
supérieur à celui de leur liquidité excédentaire
La micro finance a de toute évidence des limites,
cependant elle a contribué entre 1995-2010 à faire augmenter
considérablement le niveau de crédit dans l'économie
haïtienne, elle lui a donné une bouffée d'oxygène,
mais le gros du travail semble reste à faire. Cette augmentation du
crédit coïncide, selon les données de l'association
nationale des institutions haïtiennes de micro finance(ANIHM), à
une augmentation considérable des micros entreprises, surtout
commerciales à Port-au-Prince. Alors, il semblerait qu'il y existe une
relation, mais il n'Ya aucune évidence. De là vient la question
centrale de la problématique : Quel est l'impact global de la
micro finance sur le secteur informel à travers l'amélioration
des conditions de vie des marchands bénéficiaires ?
De cette question principale découlent des
préoccupations secondaires telles :
· La micro finance est-elle capable, dans sa philosophie
actuelle, de promouvoir réellement la croissance économique ?
· A quel niveau a-t-elle contribuée à
réduire le problème du crédit en Haïti ?
· Dans quelle mesure peut-on faire de la micro finance un
pilier de l'économie haïtienne ?
De là, toute une série de questions que nous
proposons de répondre, afin de pouvoir, à la fin du travail,
confirmer ou infirmer nos hypothèses qui présupposent une
relation positive entre microcrédit, accroissement de micro-entreprises
commerciales et amélioration des conditions de vie à Port-au-
Prince pendant la période sous étude.
Voici, les affirmations provisoires que nous supposons.
Les H
H1
La micro finance à un impact positif sur
l'économie haïtienne, en particulier dans la réduction
du chômage pendant la période 1995-2010.
H2
La micro finance en finançant le petit commerce a
contribué à un niveau micro, à résoudre le
problème de financement dans le secteur informel en Haïti entre
1995- 2010.
H3
La micro finance peut constituer un fer de lance dans la
lutte contre la pauvreté en Haïti.
Afin de pouvoir vérifier ces hypothèses, nous nous
proposons de poursuivre tout au long de ce travail les objectifs suivants :
Objectif général du travail :
Faire ressortir la relation qui existe entre le microcrédit et
l'amélioration des conditions de vie des dans le secteur informel entre
1995-2010.
Toutefois, cet objectif sera soutenu simultanément par les
objectifs spécifiques suivants :
Objectif spécifiques :
> a) Etudier le poids du microcrédit dans le
petit commerce formel et informel.
> b) Faire ressortir l'impact du microcrédit dans la
création du pouvoir d'achat des petits marchands à
Port-au-Prince.
> c) montrer que la micro finance peut être un vecteur
de développement socio-économique pour le Pays.
A cette fin, ce travail de recherche s'articule autour de deux
(2) parties et de quatre (4) chapitres.
Une première partie théorique qui comprend les
trois premiers chapitres : Vers une meilleur compréhension de Micro
finance, rôle de la Micro finance Micro finance en Haïti et Impacts
de la PEG à Port-au-Prince.
Et une deuxième partie empirique, qui comprendra le
quatrième chapitre qui sera l'objet d'une étude de cas et de la
présentation des résultats de notre enquête qui nous
permettra de confronter théories économiques et
réalités haïtiennes.
Une annexe des tableaux, graphes et outils d'entretiens
apparaitra à la fin du document afin de faciliter une meilleure
compréhension du travail.
Eléments de méthodologies
Comme l'exige le processus ou la démarche scientifique,
ce travail comprendra d'abord une partie théorique qui, constituera,
après élaboration des objectifs et des hypothèses,
à faire une revue critique de la littérature existante avec une
analyse documentaire des publications des institutions compétentes. Ce
qui nous aura permis d'élaborer une problématique avec une
question centrale qui sert de fil conducteur au déroulement du travail.
Cette partie englobera toute la partie théorique du travail. Elle est
suivie de la partie empirique qui comprendra un travail de terrain qui aura
pour mission, via des entretiens, de collecter des informations sur un
échantillon aléatoire de petits marchands
bénéficiaires du microcrédit à Port-au-Prince, ce
qui nous a permis d'étudier la véracité de notre
première hypothèse. Nous avons présenté, par
ailleurs à l'aide des variables qualitatives et quantitatives nos trois
institutions de Micro finance, ainsi que les résultats de notre
enquête menée dans la zone métropolitaine de Port-au
prince.
L'approche dans ce travail sera donc à la fois une
approche qualitative et quantitative même si l'analyse qualitative
dominera compte tenu de la nature qualitative de nos principales variables, un
accent sera également mis sur l'analyse comparative,
généralement utilisée en sciences humaines et
sociales7.
Limite du travail
Ce travail s'inscrit dans un cadre spatio-temporel bien
défini. Il porte sur les institutions de micro finance non
coopérative à Port-au-Prince pendant la période 1995-
2010. Nous voulons par-là guider notre étude sur les institutions
de micro finance non coopératives sans oublier la composante
coopérative de la micro finance qui est toute aussi importante mais qui
peut être l'objet d'une autre étude, comme c'est
déjà le cas dans pas mal de travail antérieur au notre.
7 Madeleine G. op.cit.
D'autre part, trois IMF nous servent d'échantillons
pour notre étude de cas, en raison bien sür, de leur importances
dans le secteur, cet échantillon pouvait être bien sûr
exhaustif, mais exigerait beaucoup plus de temps et de moyens matériels
que nous ne disposons pas dans le cadre de ce travail.
Trente (30) petits marchands bénéficiaires nous
servent d'échantillon pour nos entretiens, là encore on pouvait
augmenter la taille, mais étant donné que ceux-ci sont choisis de
manière aléatoire et reflètent en qualité nos trois
institutions, nous jugeons acceptable cet échantillon.
Ainsi, cette étude doit être toujours
circonscrite dans l'espace sur lequel elle est réalisée. Elle
doit être toujours analysée à l'intérieur de cet
espace-temps car tout débordement temporel risque de conduire à
des jugements erronés à l'égard du travail.
Nous n'avons, pour tous dire, nullement la prétention
de tout dire sur ce thème, d'autant plus que la dynamique scientifique
veut que rien n'est totalement acquis et que spécifiquement, le
débat sur le rôle de la micro finance dans les pays du Sud est un
débat actuel. Tandis que nous mettons sous presse, il peut y avoir de
nouvelles avancées et de nouveaux paradigmes qui sont peut-être en
train d'être mis sur pied dans ce vaste champ d'étude qu'est la
micro finance.
Tout compte fait, nous pouvons rentrer d'emblée dans le
vif du sujet, c'est vers une meilleure compréhension de la micro finance
que nous dirigeons.
1. Vers une
Compréhension
De la Micro finance
CHAPITRE PREMIER
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Section 1. cadre conceptuel et
théorique
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1.1 Cadre conceptuel
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1.2 Littérature
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1.3 Fondements théoriques
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Section 2. Cadrage macroéconomique
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1.4 Situation socio-économique
d'Haïti
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1.5 Coup-d `oeil sur le système financier
d'Haïti
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1.1 CADRE CONCEPTUEL
Afin d'éviter toute confusion dans ce travail, nous
présenterons ici les possibles définitions des principaux
concepts utilisés et les raisons pour lesquelles ces définitions
ont été retenues. Nous commençons par ceux dont nous
pensons qui sont indispensable à la compréhension du travail.
Microcrédit
Le microcrédit désigne l'attribution des
prêts de faible montant à des artisans, producteurs ou
entrepreneurs qui ne peuvent pas accéder au prêt bancaire
classique. Il se développe surtout dans les pays du Sud où il
permet de concrétiser des microprojets.
RAPPEL HISTORIQUE
Le microcrédit a été inventé par
un professionnel d'économie du Bengladesh Mohamed Yunus, ce qui lui a
valu le prix Nobel en 2006. Il fonda en 1977 le Grameen Bank afin de
généraliser son expérience de microcrédit du
Bengladesh. Depuis, le microcrédit a connu un grand développement
dans, principalement, les pays du sud mais aussi dans le pays du Nord, en
France y compris. Il existe aujourd'hui plusieurs milliers de banques qui font
du microcrédit au bénéfice de plus de 50 millions de
personnes dans le monde.
ROLE DANS LE DEVELOPPEMENT
Le microcrédit permet de développer de petites
activités, mais il aide aussi à lutter contre la pauvreté.
Il est efficace et comporte d'effets d'entrainement que les grands projets de
développement, qui bénéficient rarement aux
démunis, ne comportent pas. Il repose sur l'initiative et la
responsabilité individuelles, ce qui facilite la réussite des
projets. De plus, le microcrédit constitue le levier pour valoriser le
statut de la femme dans les PVD. Enfin il contribue à retisser les liens
sociaux après les conflits, comme c'était le cas au Rwanda, en
Cambodge, en Bosnie etc.
Néanmoins, le microcrédit ne peut pas être
le remède miracle pour éradiquer la pauvreté.
Il
s'adresse d'abord aux couches défavorisées qui sont exclues
du système bancaire et non aux
plus pauvres, ceux qui n'ont même pas de quoi se payer
un (Chen janbe) 8dirait-on dans le cas haïtien. Il comporte
aussi un risque de surendettement car les taux pratiqués sont des fois
très élevés (Jusqu'à 100% dans certains cas).
Même le Bengladesh où plus de 66% de la population est
concernée par le microcrédit, demeure l'un des pays les plus
pauvres de la planète. Enfin, certains dénoncent le risque
d'éviction au détriment d'actions menées par les pouvoirs
publics en faveur de la santé, de l'éducation ou de l'eau.
C'est pourquoi, certains économistes parlent de
préférence de micro finance qui renferment non seulement le
crédit mais de l'aide à la petite épargne, de la
micro-assurance, de l'aide aux transferts des migrants etc. C'est ce dernier
aspect que nous retenons dans le cadre de ce travail.
Déjà, cette approche joint une partie de nos
préoccupations et nous met sur la bonne voie dans la recherche de
vérification à l'une de nos hypothèses mais des entretiens
seront réalisés avec quelques petits marchands portant notamment
sur les variables :
· Revenus du ménage.
· Statut des femmes.
· Créations d'emplois.
· Développement ou changement de la
micro-entreprise.
· Meubles.
· Fréquentation scolaire des enfants.
· Recettes du ménage.
· Capacité de faire face aux crises et
imprévus (épargne, fonds de sécurité).
· Qualité de l'alimentation pour le
ménage.
· Nombres de personnes dans le ménage.
COOPERATIVES
Groupement de personnes poursuivant des objectifs
économiques sociaux éthiques ou éducatif, l'institution
qui s'y rattache est généralement gérée par les
membres.
PHILOSOPHIE
Les coopératives s'inspirent au départ des
idées socialistes de Fourier qui, cherchait à unir les salaires
afin de se défaire du joug de l'employeur. Aujourd'hui, elle
s'éloigne de cet objectif idéaliste. On distingue de nos jours,
plusieurs types de coopératives celles qui cherchent l'approvisionnement
de ces membres à des tarifs préférentiels, ce sont les
coopératives de consommation, celles qui sont à capital
variable constitué par les sociétaires mettant en commun
8 Les gens qui sont en situation d'extrêmes
pauvretés en Haïti.
leur apport afin d'effectuer des achats, des investissements, des
crédits ou des opérations de transformation et de production.
Cette approche met en relief le lien de solidarité qui
existe entre les membres d'une coopérative et cet esprit d'entraine qui
règne aussi chez des petits marchands via le « sòl
» et le « sabotay » qui règne dans le
secteur informel haïtien. Voilà pourquoi il a été
retenu dans le cadre de travail.
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
C'est un processus de changement social économique et
également politique.
C'est un phénomène qualitatif
irréversible qui entraine des changements de structures des changements
mentaux et sociaux, des changements politiques éventuels et enfin qui
crée les conditions d'une croissance durable et cumulative.
Ce concept émerge dans les années 50 au moment
de la décolonisation et de l'émergence des pays tiers sur le plan
géographique. On peut également analyser le développement
économique comme un objet à travers le développement
humain et de développement durable diffusé par la PNUD. Ainsi, le
développement économique renvoi à la satisfaction des
besoins fondamentaux et la réduction des inégalités entre
et à l'intérieur des pays. Le développement
économique implique donc, le développement durable (issu du
rapport de Brundtland en 1987 et est considéré officiellement
comme un objectif depuis le sommet de la terre à Rio en 1992). Il a pour
objectif de concilier l'environnement, le social avec le développement
à travers une logique de double solidarité horizontal (en
répondant au besoin présent pour les exclure du
développement) et verticale (en prenant en compte les
générations futures par un comportement écologique
prudent).
Cette analyse qui touche les différentes facettes du
développement économique et qui fait de ce dernier un processus
de profonds changements dans les structures : économiques, politiques,
sociales et culturelles d'une nation rejoint notre préoccupation, c'est
ce qui lui a valu sa place ici.
SECTEUR INFOEMEL
Le secteur informel regroupe toutes les activités
économiques qui échappent au contrôle système fiscal
en vigueur dans un pays, il comprend des activités de productions et de
consommations et autres. Il est toutefois nécessaire de distinguer
secteur informel que l'on appelle aussi économie
informelle et économie illégale qui regroupe les
activités illicites appelées souvent économies
souterraine.
L'économie informelle est caractérisée donc
par :
L'illégalité des activités.
L'absence de livre comptable.
L'absence d'une licence de fonctionnement (Patente).
La précarité des activités.
Le faible montant disponible pour mener les activités.
VIE (Niveau de)
Le niveau de vie est la quantité de biens et de
services que le revenu permet d'acheter. Il correspond au niveau de
consommation d'un ménage, d'une catégorie sociale ou d'un pays et
dépend aussi de l'accès aux services publics. Pour un pays, il se
mesure à l'aide du revenu national par habitant (PIB Per capita). Cet
indicateur n'est en fait qu'une moyenne qui ne tient pas compte des
inégalités à l'intérieur du pays (la moyenne
étant influencée par les valeurs extremes), mais il nous permet
de mesurer le niveau de vie d'un individu. Car, c'est un indicateur
quantitatif, (c'est pourquoi d'ailleurs nous la préférons dans
cette étude), contrairement aux notions de mode et de conditions de vies
qui sont des notions qualitatives.
Cet indicateur toutefois, se distingue du pouvoir d'achat qui
correspond au revenu réel et qui tient compte de l'évolution des
prix. Il est donc possible d'améliorer le niveau de vie, soit en
augmentant la disponibilité de crédit soit en réduisant la
part du revenu réel consacré à l'épargne, si ce
revenu reste inchangé.
On entend donc, par amélioration du niveau de vie d'un
commerçant un processus de croissance du revenu de ce dernier
résultant d'un prêt contracté dans un IMF et qui le permet
d'avoir un mieux-être.
COMMERCE (Petit)
La catégorie des petits et moyens commerces comprend
principalement les commerçants isolés, travaillant dans de
petites structures, souvent familiales, qui effectuent directement leurs achats
chez le grossiste. Parallèlement, il existe des indépendants
associés, groupés en associations qui leur fournissent un certain
nombre de services communs. Enfin, les petites supérettes appartenant
à une chaîne peuvent également être rangées
dans cette catégorie.
Dans le cadre de ce travail, nous entendons par petit
commerce, toute activité commerciale formelle ou informelle dont le
chiffre d'affaire ne dépasse pas 500. 000 gourdes, qui emploie au plus
dix (10) personnes et qui trouve leurs financements principalement dans les
IMF.
Quand les activités de cette entreprise s'inscrivent
dans un cadre légal, c'est-à-dire sont reconnues par la loi. Et
que l'entreprise possède : une patente (licence de fonctionnement), un
livre comptable enregistreuse des opérations et est reconnue par le fisc
: on parle de commerce formel. Dans le cas contraire, on dit qu'il s'agit du
commerce informel
COMMERCANTS (Petits)
Selon le code de commerce haïtien, « sont
commençant ceux qui exercent des actes de commerces et en font leurs
professions habituelles. » Deux conditions résultent de ce texte :
d'une part, il faut faire des actes de commerces ; d'autre part, il faut les
faire à titre de profession habituelle. Une troisième condition
est requise mais qui n'est pas prévue expressément : le
commerçant doit agir en son nom et pour son compte. C'est ce qui donne
au commerce tout son aspect juridique. Un petit commençant se trouve
bien sûr dans la catégorie précédemment
citée.
INSTITUTION DE MICROFINANCE (IMF)
On entend par institution de micro finance toute institution
financière qui s'adonne principalement à l'activité du
micro financement, de la micro-assurance, de l'aide aux transferts des migrants
comme les coopératives, les mutuelles, les organismes de prêts des
ONG, etc.
La littérature économique abonde de
définitions de micro finance, mais la définition la plus admise
de nos jours, est celle qui tient compte du rôle de la micro finance, et
la définit donc comme : un outil de lutte contre la pauvreté et
un facteur de croissance économique. On le
désigne des fois sous le vocable de « finance de
proximité », parce qu'elle s'inscrit dans une logique
d'adaptation des produits et services aux besoins des plus pauvres.
BOURSES(Petites)
Cette expression fait référence aux gens qui ont
peu de moyens financiers et autres et qui sont à
la recherche
d'alternative adaptées à leur situation pour subvenir à
leurs besoins. Les petites
bourses, dans le cadre de ce travail regroupent tous ceux ou
celles qui entreprennent une activitécommerciale mais qui
n'ont pas accès aux services financiers traditionnels.
IMPACT
Est généralement considéré, comme
l'effet produit par un phénomène sur un autre, c'est l'influence
qui en résulte. Dans le cadre de ce travail il est retenu comme toutes
les retombées positives immédiates et futures dans la vie des
marchands suite à un prêt bénéficié d'une
institution de micro finance.
S'il existe des controverses dans la manière dont on
doit définir la micro finance, il existe également, dans la
littérature économique, plein de divergences quant à la
manière dont on doit aborder et comprendre le rôle de la micro
finance dans une économie, c'est ce que le point suivant cherchera
à mettre en exergue en procédant à ce que l'on appelle
généralement une revue critique de la littérature.
1.2 Revue critique de la littérature
L'émergence des institutions de micro finance (IMF)
dans la littérature économique est la résultante d'une
part, des imperfections des marchés financiers formels, marquées
par l'exclusion des pauvres, et de l'insuffisance des ressources
financières à laquelle s'ajoute le manque de structures du
système financier purement informel (tontines, prêts usuriers et
autres) à satisfaire les besoins spécifiques des petites bourses.
D'autres part, elle est le résultat de l'échec des programmes
d'ajustement structurel imposés aux pays du Sud et des politiques
sectaires de ces gouvernements ainsi que des problèmes structurels
auxquels font face ces pays.
Ainsi, les événements tragiques du 12 Janvier
2010, l'apparition du choléra le 19 Octobre de cette même
année semblent ouvrir un cadre favorable à une plus grande
émergence de nouvelles initiatives économiques pour combler le
vide que laissent ces deux catastrophes. Et là, les promesses ne sont
pas des moindres puisque le Premier Ministre haïtien actuellement en
poste, Dr. Gary Connille, lors de l'énoncé de sa politique
générale au parlement (Octobre 2010) a promis un million
(1.000.000) d'emplois directs et un taux de croissance du produit
intérieur brut (PIB) de 9% par an, mais il n'est que d'attendre.
Dans le secteur de la micro finance, on assiste à une
plus grande vulgarisation des institutions de micro finance avec notamment la
UNIBANK qui lance à travers la MCN son microcrédit agricole et la
Capital Banque qui vulgarise son « Kredi kapital » sans oublier la
« Sogesòl » du groupe SOGEBANK et le « kredi
popilè » de la BUH qui proposent une plus grande
variété de produits et services à la clientèle.
L'allure ascendante des IMF nous amène à nous
interroger sur l'impact réel de ses institutions dans
l'amélioration des conditions de vie dans le pays.
Ainsi, la recherche de réponse à cette question
nous a amené dans les livres qui, bien sûr traitent de la
question, ou d'un thème voisin. Il faut dire que la plupart des ouvrages
relatifs au sujet porte essentiellement sur le crédit bancaire. Parmi
eux on retiendra ceux dans lesquels l'analyse du crédit se fait sur un
plan juridico-économique mais qui tient compte aussi du crédit
des IMF. Et à ce niveau, il faut dire qu'il n'y en a pas beaucoup.
Mais, L. Marchal l'un des rares auteurs qui fait une analyse
des composantes du crédit distingue sur le plan économique, dans
son ouvrage Monnaie et Crédit, le crédit à la
production et le crédit à la consommation. Le crédit
à la production est selon l'auteur lié à la croissance et
au démarrage d'une économie. Alors que le crédit à
la consommation sert à assurer la subsistance d'un individu ou d'un
groupe, sans avoir un impact direct sur la croissance économique. Il
écrit « le crédit à la consommation a pour but de
faciliter la vente à des particuliers de biens de consommation en
n'exigeant de ce particulier un règlement immédiat ». Ces
crédits peuvent- être accordés soit par des banques, soit
par des institutions revétant la forme d'établissement, financier
poursuit l'auteur.
Mais cette analyse est très limitée dans la
mesure où, tenant compte notamment des démonstrations de J.
Menard KEYNES, la consommation elle-même est un élément de
croissance économique, en occasionnant un essor de la production par une
augmentation de la demande.
Chainneau pour sa part, distingue sur le plan juridique le
crédit personnel (qui est lié à la qualité de la
personne qui s'engage à prêter) du «crédit
institutionnel " qui est accordé à une personne morale .Ce
crédit est plus apte à générer des effets
multiplicateurs. Mais, l'auteur ne tient ne tient pas compte ici des
éventuelles retombées du crédit individuel qui est
généralement destiné à la consommation.
De son côté Jacoud GILLES, dans « la
monnaie dans l'économie » ne fait aucune mention de la micro
finance dans ses multiples analyses du crédit, toutefois sa lecture
revêt d'une grande importance car il nous fournira une base
théorique pour la connaissance et la compréhension du
mécanisme de crédit, c'est la même situation dans
« l'introduction à la pensée de Keynes " qui
recherche à faciliter une meilleur compréhension de la
pensée de Keynes aux apprentis économistes.
DUMAS Benjamin quant à lui explique le mécanisme
par lequel une économie passe d'une économie monétaire a
une économie de crédit, c'est-à- dire a une
économie d'endettement. « L'économie monétaire devait
conduire à l'économie de crédit où un délai
séparant la livraison de la marchandise, où aussi la monnaie est
l'intermédiaire de son paiement et de son remboursement ", écrit-
il. L'analyse de DUMAS est peu différente de celle de MARCHAL ;
toutefois, elle est moins englobante par rapport à la première,
car son point de vue sur le crédit, n'inclut que le crédit
bancaire.
Fred DOURA pour sa part, dans « Economie d'Haïti
dépendance, crise et développement » consacre un
chapitre aux IMF où il fait une analyse historique du secteur et met en
relief son rôle dans un possible développement économique
d'Haïti.
Comme on peut le voir, il ya très peu d'ouvrages qui
traitent spécifiquement du sujet, cependant
il faut préciser
que l'état actuel des connaissances sur les impacts et le rôle de
la micro finance
dans le développement économique est très
avancé. Le vide que laisse les ouvrages sur le secteur est grandement
compensé par le web où des dizaines de milliers de documents sont
disponibles tant sur les sites spécialisés comme « Portail
Micro finance » que sur les sites de masse9 sur le sujet. Ce
qui a été pour nous une importante source de documentation.
Dans cette littérature multiple sont inscrits des
points de vue théoriques qu'il convient dans un souci de clarté
de citer spécifiquement, ils constitueront les bases théoriques
de la micro finance dans ce travail.
1.3 Fondements théoriques de la micro finance
L'expansion du secteur de la micro finance est un constat
très perceptible tant dans les méthodologies de crédit
employées que dans la diversification des produits et services
disponibles. Sa mutation continue porte certains auteurs à avancer la
thèse de l' « industrie de la micro finance ». En
général, les programmes de micro finance ont pour objet d'offrir
aux entrepreneurs à faibles revenus, l'accès à des
produits financiers conçus selon leurs besoins et leur capacités.
Aujourd'hui, il existe en Haïti très peu d'études qui ont
été réalisées sur l'impact réel de la micro
finance dans le pays. Certains critiques soutiennent l'idée que la micro
finance ne favorise pas l'accumulation du capital et l'expansion vers le
développement. La micro finance, à leur avis, ne favorise pas le
développement, elle ne fait que renforcer la pauvreté et
favoriser du même coup la multiplication des activités informelles
(MARNIESSE 2000). Cependant, pour d'autres, la finalité des programmes
de micro finance n'est nullement la maximisation du profit des entrepreneurs,
elle consiste plutôt à permettre aux micros entrepreneurs de
rendre soutenables leurs activités économiques, mais en
maximisant leur bien être personnel et celui de leurs familles.
La micro finance cherche donc à travers cet objectif
à résoudre le problème de besoin de financement des
petites bourses en s'appuyant sur des principes que l'on appelle
généralement les principes clés des IMF. Ils sont au
nombre de onze (11)10 et expriment chacun une préoccupation
à la fois pour la clientèle et pour les institutions.
9 Sites internet généralement
utilisés mais sont très limités dans le cadre d'une
recherche spécifique, inclus des concepts nouveaux et
spécialisés.
10
www.cgap.org
1. Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services
financiers et non pas seulement de prêts
2. La micro finance est un instrument puissant de lutte contre
la pauvreté.
3. La micro finance est le moyen de mettre des systèmes
financiers au service des pauvres.
4. Il est nécessaire d'assurer la viabilité
financière des opérations pour pouvoir couvrir un grand nombre de
pauvres.
5. La micro finance implique la mise en place d'institutions
financières locales permanentes.
6. Le microcrédit n'est pas toujours la solution (aux
problèmes des pauvres).
7. Le plafonnement des taux d'intérêt peut nuire
à l'accès des pauvres aux services financiers des IMF.
8. Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de
services financiers, mais non les fournir directement.
9. Les financements bonifiés des bailleurs de fonds
doivent compléter les capitaux du secteur privé, ils ne doivent
pas les remplacer.
10. Le manque de capacités institutionnelles et humaines
constitue le principal obstacle des IMF.
11. L'importance de la transparence des activités
financières et des services d'information doit être toujours mise
en évidence.
Ainsi, ces principes constituent ce que l'on peut appeler la
feuille de route des IMF et les guident dans l'application de leurs politiques.
On doit toujours les garder en tête si l'on veut comprendre la
philosophie de ces institutions qui cherchent à mettre en oeuvre des
services financiers accessibles à tous, pour reprendre Kofi ANANN.
Il reste toutefois, évident que les programmes de micro
finance requièrent des besoins urgents en termes : de renforcement des
capacités des IMF, de l'accroissement de l'efficacité et de la
soutenabilité des programmes actuels, de leur extensions
géographique à des endroits reculés en milieu rural ainsi
que la fourniture des services à des coûts moindres.
Ces besoins des IMF sont d'autant plus importants et urgents que
la situation socio-économique du pays en question est très
précaire.
1.4 Situation socio- économique d'11-
aï~i11
Haïti s'étend sur une superficie de 27 750 Km2
pour une population estimée en 2009 à plus de 10 millions
habitants. La densité de la population est plutôt
élevée (360 hab. /km2) et tend à augmenter avec un taux de
croissance de 2.26% [1]. En matière de développement
humain (IDH), Haïti occupait le 153e rang selon le rapport publié
en 2005 par le PNUD [2] alors qu'en 2003 il était
classé au 145e rang, en 2007 il occupait la 149 e place. Ce qui traduit
clairement une dégradation des conditions de vie dans le pays entre 2003
et 2007. Le taux de croissance pour l'exercice 2005-2006 est de 2,5% et le taux
d'inflation se chiffre à 7.90% en juillet 2007[3]. La
proportion de la population vivant sous le seuil de la pauvreté
extrême (moins de USD 1 par jour) est estimée à 56% et
celle vivant sous le seuil de pauvreté (moins de USD 2 par jour) se
chiffre à 76% [4] (ANIHM, Rapport 2008). Le
phénomène de pauvreté prend de l'ampleur en aggravant les
conditions de vie déjà précaires des couches
défavorisées de la population. Les indicateurs sociaux
témoignent de graves insuffisances : l'espérance de vie moyenne
se limite à 51.6 ans, le taux d'analphabétisme évolue
encore autour de 48.1%, on doit attendre pour voir ce que le programme
d'éducation pour tous du nouveau gouvernement en place va donner, le
taux de scolarisation est de l'ordre de 24%, les événements
tragiques du 12/01/2010 ne font qu'empirer ce sombre tableau de notre situation
de peuple. Les vingt dernières années ont été
particulièrement difficiles pour la population haïtienne. En effet,
en plus de cette crise économique que traverse le pays,
l'instabilité politique et les nombreux bouleversements d'ordres
politiques et naturels ont été les caractéristiques de ces
deux décennies.
En 2008, à l'heure de la crise financière
mondiale, l'économie haïtienne est demeurée
extrémement vulnérable aux chocs extérieurs. Ainsi,
l'augmentation du prix du pétrole sur le marché mondial a
profondément affecté le pouvoir d'achat de la population
haïtienne qui demeure très dépendante de l'or noir,
l'augmentation du prix des céréales sur le marché mondial
a créé de graves crises dans le pays, comme nous l'avons
constaté en Avril 2008 avec l'émeute de la faim. Comme note
positive, notons une certaine stabilité du marché des changes
avec un dollar américain qui se vend en moyenne à 40 gourdes
depuis tantôt sept ans12.
11 La plupart des informations inclues ici sont
tirées d'une publication en Février 2007 par la ANIHM
12 Source BRH, Rapport 2008
Il convient de rappeler que les nombreux changements qui se
sont opérés dans la structure d'Haïti dans le temps
considérée comme un pays essentiellement agricole, ont fortement
affecté la majorité de la population. La libéralisation du
commerce extérieur en 1995 conduite en dehors d'un processus de
revitalisation du tissu industriel et de remembrement de la production
nationale a eu un impact négatif sur l'économie nationale qui
accuse chaque année un déficit de sa balance commerciale de plus
en plus croissant. Les couches défavorisées ont
développé donc des stratégies de survie en
intégrant le secteur informel qui regroupe plus de 90% des emplois
à travers des activités précaires ou de survie à
faible valeur ajoutée utilisant des équipements désuets
à productivité réduite, ce qui donnera encore plus
d'importance aux activités des institutions de micro finance, compte
tenu du lien étroit qui existe entre micro finance et secteur informel
en Haïti. Les difficultés d'accès aux ressources productives
en vue de réduire les disparités entre les groupes sociaux
constituent l'une des principales contraintes au développement
d'initiatives innovantes en matière de lutte contre la pauvreté.
L'économie haïtienne se révèle donc incapable de
générer une croissance forte et durable, condition essentielle
à la création d'emplois. Cette tranche de la population n'avait
pas accès à des services financiers jusqu'à
l'arrivée des opérateurs de micro finance vers la fin des
années 99 qui, sur la base de petits prêts aux micro et petits
entrepreneurs, ont permis à de nombreux ménages pauvres
haïtiens de développer des activités
génératrices de revenus et d'améliorer leurs conditions de
vie.
A l'intérieur de ce système macroéconomique,
se trouve un système financier qui à ces caractéristiques
et sa structure, jetons en un coup d'oeil afin de mieux situer la micro
finance
1.5 Coup-d If il sur le système financier
haïtien
Si l'on admet qu'un système est un ensemble
d'éléments interdépendants qui concourent à une
méme fonction, et si l'on admet que financier se renvoie à tous
ce qui a traits à la finance : on admettra qu'un système
financier est, comme nous le dit Fred DOURA, l'instrument qui facilite
l'adaptation de l'économie à l'incertitude par
l'intermédiaire des institutions financières, bancaires et non
bancaires.
Dans toute économie en effet, on retrouve des agents
économiques, soit des consommateurs, des entreprises, ou le secteur
public qui peuvent tantôt faire face à des surplus de revenus et
désirent ainsi épargner et/ou prêter moyennant un frais, le
taux d'intérêt ; à ceux qui ont des besoins de capitaux.
D'où la fonction d'un système financier qui est de :
répondre à ces différents types de
besoins. Ce système comprend une superstructure un
organisme public ou à responsabilité politiques, c'est la banque
centrale. Dans plusieurs pays les institutions financières sont
divisées en ce que l'on appelle13 :
· Les marchés financiers qui comprennent le
marché des obligations et le marché boursier
· Les intermédiaires financiers, qui regroupent
les banques commerciales et d'affaires, les mutuels qui, vendent des parts au
public et utilisent ces fonds pour acheter des actions et des obligations. Mais
de nos jours un pays comme la France, intègre dans son système
financier les institutions de micro finance (IMF)
En ce qui a trait au système financier haïtien,
on peut se demander s'il existe réellement un système financier
haïtien? Il faut dire, que tout dépend de la définition
adoptée, ainsi si l'on considère la définition
fonctionnelle de Doura on aurait tendance à répondre par la
négation, mais si l'on considère une définition
opérationnelle qui définirait le système par rapport au
rôle fonctionnel de chaque élément dans le système
(approche fonctionnaliste) la réponse sera toute autre. C'est cette
deuxième considération que nous retenons.
En effet, une analyse du système financier
haïtien, permet de dire que le système est fortement
contrôlé par la banque centrale d'Haïti (BRH14),
par des normes prudentielles et de surveillance bancaire. C'est un cadre
strictement régit qui ne laisse aucune place pour la spéculation
et pour le financement de projet à haut risque. L'absence d'une bourse
haïtienne met le secteur financier à l'abri d'un ensemble de risque
qui est l'apanage de tout système financier. La BRH par exemple fait
injonction aux banques commerciales de présenter
régulièrement leurs états financiers qui lui permettra de
juger de leur santé économique. Ainsi, La BRH oblige les
établissements bancaires à faire vérifier leurs
états financiers annuels par une firme de vérification
indépendante. Le travail mené par cette firme consiste en un
examen étendu effectué dans le but d'exprimer une opinion sur la
fidélité avec laquelle les états financiers de
l'établissement présentent sa situation financière, les
résultats de son exploitation et l'évolution de sa situation
financière selon des principes comptables appropriés,
appliqués de la même manière qu'au cours des exercices
précédents. Ainsi, sans garantir l'exactitude des états
financiers, l'opinion énoncée par le
13 Doura Fred, op. Cite
14 Institution créée par la
constitution de 1987 en son article 225, dans lequel ses fonctions et
attributions sont définies
vérificateur indépendant à leur
égard en augmente la crédibilité. Compte tenu de cette
opinion et de la nature des travaux effectués par le vérificateur
indépendant, la BRH entend s'appuyer sur ceux-ci afin d'éviter le
dédoublement des travaux de méme nature. Tout ceci dans
l'objectif pour la BRH de s'assurer que le système est à l'abri
de tout risque.
Le système financier haïtien est donc dans sa
nature et dans ses caractéristiques un système
surprotégé avec neuf (9), (2010) banques
commerciales15 comme: la SOGEBANK, la UNIBANK, CAPITAL
BANK, la SCOTIABANK... qui se livrent aux activités aux
moindres risques comme le marché parallèle, les prêts
à la consommation, la souscription aux bons BRH; des banques des
logement et de logement (BEL)16 tels : SOGEBEL, UNIBEL,
SOKABEL, des institutions de micro finances17MICROCREDIT
NATIONAL, FONDS D'ESPOIR, ACME~et des quelques institution
d'assurance, AIC, NASA, ONA~mais sans aucune banques d'affaires qui
seraient les promoteurs des projets d'investissements de longue durée et
à haut risque. Et l'absence d'une bourse qui aurait pour mission
d'assurer la liaison du système d'avec le marché financier
mondial.
Il est à remarquer qu'aucun cadre légale ne
définit le fonctionnement des IMF non coopérative dans le
système et jusqu'à date. La BRH, organe étatique
régulateur du système financier ne dispose presqu'aucune
informations sur ce secteur, nous a confié un haut cadre de la banque
sous couvert de l'anonymat. C'est pourquoi d'ailleurs, que nous avons dit dans
l'introduction du travail que la majeure partie des activités de
institutions de micro finance appartient encore au secteur informel. C'est dans
ce contexte financier plutôt difficile qu'évolue les IMF que
nous
souhaitons présentées et expliqué leur
rôle et impacts dans le secteur informel en Haïti, le chapitre qui
va suivre concourra à cet objectif.
15 C'est un établissement dont les
activités principales consistent à recevoir du public des
dépôts à vue ou à terme et à effectuer des
opérations de crédit à court, moyen ou long terme selon
les prescriptions de la BRH (décret du 14/11/1980)
16 Ce sont des établissements dont les
activités principales consistent à mobiliser de l'épargne
privé et public, national ou étrangàe, en vue de l'octroi
de prêt hypothécaires à moyen et à long terme devant
servir à l'acquisition, à la construction ou à la
restauration d'immeuble à usage résidentiel, commercial,
industriel ou à caractère social ( loi du 28/08/1984)
17 Pour définition, voir cadre conceptuel
2.-Rôle de la micro finance en Haïti
CHAPITRE DEUXIÈME
|
2.-1 Coup-d `f il historique global sur la micro
finance
|
2.-2 Histoire de la micro finance en
Haïti
|
2.-3 Quelques déterminants du microcrédit
en Haïti
|
2.3.1 Les déterminants juridiques
2.3.2 Les déterminants socio-économiques
2.3.3 Les déterminants politique
|
2.4 Les formes du microcrédit
|
2.4.1 le microcrédit à
court-terme
2.4.2 Le microcrédit à moyen et à
long terme
|
2. 5 La typologie du microcrédit
|
2.5.1 Le crédit à la consommation 2.5.2
Le crédit agricole et industriel 2.5.3 Le crédit au petit
commerce
|
2.6 Les caractéristiques du
microcrédit
|
2.7 Avantages du microcrédit au regard du
crédit bancaire
|
2.8 Limite du microcrédit
|
2.9 La micro finance actuelle au regard du
développement économique en Haïti
|
|
Dans la littérature contemporaine, il n'y pas de
consensus parmi les professionnels pour définir ce qu'est le
microcrédit et de manière plus général la micro
finance. En effet, les uns sont influencés par les dirigeants du sommet
mondial de Washington estimant que tout crédit de plus de 100 dollars
n'est plus du microcrédit. Dans cette catégorie se trouvent
l'expérience de crédit de la Grameen Bank et les organismes
prêtant aux femmes pour le petit commerce ou des microprojets. L'autre
catégorie beaucoup plus nombreuse, prêtent des sommes allant de
100 à 5000 voire 10 000 dollars et considèrent leur prêt
comme du microcrédit. Cependant, même si chaque acteur tente de
définir à sa façon le microcrédit, on peut admettre
qu'il s'agit d'un petit crédit, d'un montant peu élevé,
sensiblement inférieur au crédit qu'une entreprise ou un
ménage peut solliciter auprès d'une banque classique dans un pays
donné. Il peut être demandé pour toutes sortes de besoins,
mais il l'est principalement pour développer une activité
génératrice de revenus. Le microcrédit est orienté
souvent vers le financement d'activités existantes que la
création de nouvelles activités. Ce crédit est
sollicité par des personnes dont le revenu est relativement bas, c'est
pourquoi le microcrédit est considéré comme un
crédit pour les pauvres et qu'on le présente comme un moyen de
lutte contre la pauvreté. Bien que la distinction dans la
littérature n'est pas évidente entre microcrédit
et micro finance, la micro finance peut se définir comme
étant la mise en pratique de services financiers ou non financiers, tels
que l'épargne, le crédit et autres services financiers de base,
à petite échelle, destinés à des personnes à
faible revenus et aux plus pauvres notamment pour les PED (Hermann-Didier
TEBILLI, 2008). Voyons maintenant comment la micro finance a pris naissance et
comment elle s'est évoluée à travers le temps et
l'espace.
2.1 Coup-d jf il historique sur la micro finance
L'histoire des hommes sur la terre est liée à
tout un ensemble de luttes et de recherches permanentes de nouveaux moyens pour
assurer des meilleures conditions d'existence et d'être. Ces luttes sont
permanentes et touchent tous les aspects de la vie d l'homme depuis
l'antiquité jusqu'aux sociétés modernes d'aujourd'hui.
Dans cette logique, est née en Europe en 1849, la
première société coopérative d'épargne et
de
crédit, une institution qui offrait des services d'épargne
aux populations ouvrières pauvres et
exclues des banques classiques.
Ces organismes etaient appelés alors des mutuels. Ce
mutualisme, connaît à partir de 1941 un
développement assez exceptionnel aux Pays basque espagnols autour des
coopératives de Mondragón18. Mis à part le cas
de Mondragón, des organismes et institutions se développent sur
cette base en Europe et en Amérique du Nord, puis après la
Seconde Guerre mondiale dans les pays du Sud, ils se focalisent sur
l'épargne et offrent peu de services de crédit.
Dans les années 1970, avec la Grameen Bank, Muhammad
Yunus développe le microcrédit au Bangladesh, ouvrant ainsi la
voie à de nombreuses autres expériences menées dans le
monde entier. Des institutions sont créées pour fournir aux
pauvres des moyens de créer leurs gagnepain et les outils pour
gérer les risques associés, c'est-à-dire les services
financiers normaux qui sont proposés aux catégories plus riches.
Le succès de la Grameen Bank qui compte maintenant plus de 7 millions de
Bangladeshies pauvres a connu un écho dans le monde entier ; mais dans
la pratique, il s'est avéré difficile de recopier cette
expérience. Dans les pays où les densités de population
sont plus faibles, il est beaucoup plus problématique de réunir
les conditions de rentabilité pour créer des services et
commerces de proximité. Il n'empêche que la Grameen a
démontré que non seulement les pauvres remboursent leurs
crédits, mais qu'ils peuvent payer des intérêts
élevés et que l'institution peut donc couvrir ses propres
coûts. Une réalité dont nos banquiers devraient sans doute
tenir compte dans leurs analyses du crédit.
A la fin des années 1980, les initiatives se
multiplient. En Amérique latine, des institutions accordant des
crédits en milieu urbain commencent à couvrir leur frais sans
subvention. L'ONG bolivienne PRODEM créée en 1986 décide
de « filialiser » ses activités de micro finances sous forme
de banque en créant la Banco Solario SA, plus connue sous le nom de
BancoSol. C'est l'émergence de ce que l'on peut appeler une
« industrie de la Micro finance ».
Aujourd'hui, à un moment où les besoins de
financement restent encore une priorité surtout dans les pays du Sud, on
peut dire que la micro finance reste encore du chemin à parcourir ;
même si, il faut le reconnaitre, de celle qu'elle était en Europe
au milieu du XIX siècle en passant par les BancoSol en
Amérique du Sud, la micro finance a beau faire faire du chemin.
18 Economiste Bangladeshie, fondateur du Graman
Banque prix Nobel en Economie
Jusque-là en effet, nous avons vu le cheminement de la
micro finance en à travers le monde, mais qu'en est-il d'Haïti qui
nous concerne plus particulièrement dans cette étude ? La
réponse à cette question sera l'objet de la section suivante.
2. 2.- Histoire de la Micro finance en HaïtiFaire
une historique de la micro finance en Haïti nous met dans une situation
difficile, car on
risque de tomber dans des redites en raison du fait que tous
les travaux effectués dans ce domaine ont réservé chacun
une section à ce titre. On peut cependant ajouter dans ce cas
spécifique, pour dire que l'offre de services dans la Micro finance en
Haïti est principalement assuré par deux grandes catégories
d'institutions. Les IMF de type coopératif et celles de types non
coopératif. Sur ces deux catégories s'imbriquent d'autres
circuits, informels et peu étudiés, qui sont les tontines, les
prêts personnels à taux nul ou sol, (le Sabotay) qui,
malheureusement ne sont pas l'objet de notre étude, et que donc on ne
peut pas développer.
Historiquement, on peut remonter la micro finance en
Haïti à l'année 1937, date ou les premières lois sur
les coopératives ont vu le jour.
En 1951, La micro finance touche le secteur agricole avec la
création au niveau du ministère de l'agriculture de l'IHCAI
(Institut Haïtien de Crédit Agricole et Industriel) par la loi du
12 décembre 1951. Suite à des difficultés, cette structure
sera remplacée en 1961 par IDAI (Institut de Développement
Agricole et Industriel). La première institution de micro finance non
coopérative quant à elle a vu le jour en 1979 avec la
création de la Fondation Haïtienne de Développement (FED),
puis en 1983 la fondation haïtienne d'aide à la femme (FHDF)
emboite le pas en accordant du crédit principalement aux femmes, avec le
soutien du Woman World banking. En 1984, la composante
coopérative de la micro finance fait face une nouvelle fois à de
grande difficultés, l'IDAI est remplacé par la BNDAI sans que de
véritables réformes ne soient apportées dans le secteur.
Les années 1990 ont été marquées par la
continuité dans ce que l'on peut appeler la marche dynamique du secteur,
avec la création de nouvelles institutions qui, essayaient une fois de
plus d'aider à la subsistance des couches les plus
vénérables. Cette période était surtout
marquée, selon la ANIHM, par l'entrée dans le secteur des banques
commerciales traditionnelles comme la Sogebank, la Unibank etc.
La libéralisation du taux d'intérêt en
1995 par la BRH marque un tournant décisif dans l'histoire du secteur en
Haïti. En effet, suite à cette décision et suite à
l'appel du président de la république de l'époque, les
années 2000 et 2001 ont été marquées par
l'apparition d'une vague d'institutions de Micro finance, surtout
coopérative qui évoluait en dehors de toutes normes, octroyant
des taux d'intérêts faramineux (jusqu'à 15% le mois). Cette
situation avait comme conséquences la banqueroute de la
quasi-totalité de ces institutions, la ruine d'une grande partie de la
classe moyenne, qui voyait dans le mouvement une alternative aux politiques de
poids de mesure des banques commerciales, et finalement un discrédit qui
aujourd'hui encore fait tache d'huile sur le secteur.
Aujourd'hui, alors que nous parlons de reconstruction et
développement durable, la ANIHM recense environs 200 IFM évoluant
dans le pays, regroupant les institutions de prêts aux plus
vulnérables: des ONG, des institutions de microcrédit des banques
commerciales, les institutions coopératives et non coopératives
et des institutions caritatives. Mais l'offre de crédit dans le secteur,
reste encore très minime par rapport à la demande, nous dit Fred
DOURA19. Cette situation d'offre restrictive par rapport à la
demande est dü à des facteurs qu'il convient de déceler si
l'on souhaite comprendre le rôle effectivement des IMF dans le
développement sur dans le secteur informel en Haïti. C'est ce que
nous allons essayer de voir avec une présentation des principaux
déterminants du microcrédit dans le pays.
2.3 Quelques déterminants du microcrédit
en Haïti
Dans toute économie, le volume de crédit qui y
est octroyé est soumis à un ensemble de
contraintes, le microcrédit n'échappe pas
à cette règle. Ainsi, cette section aura pour objectifs de
présenter quelques-uns de ces déterminants du micro crédit
dans le cas d'Haïti. Commençons par les déterminants
juridiques.
2.3.1 Les déterminants juridiques du
microcrédit
Juridiquement, c'est la théorie des obligations et du
risque d'insolvabilité qui déterminent les
opérations
de crédit. Ces dernières ont épousé au fil du temps
les contours évolutifs de théories
19 Economie d'Haïti « dépendances,
crises, et développement » tome 2
divers depuis le droit romain et tendent grandement à
être modifier de nos jours dans le droit haïtien. Aujourd'hui, c'est
de préférence l'intervention du législateur qui devient de
plus en plus une nécessité afin d'assurer l'équilibre
social qui serait constamment menacé. En ce sens, certains hommes de
droit pensent qu'on doit favoriser les débiteurs, car les
créanciers sont des exploiteurs, d'autres pensent le contraire. Un
troisième groupe propose l'intervention d'un juge avant toutes
opérations de crédit. Cette conception est naturellement plus
réaliste en raison de son caractère impartial.
Dans le secteur de la micro finance cependant, il faut dire
que ce problème ne se pose pas, en raison de la proximité et de
la confiance qui règne entre préteurs et emprunteurs. Le
crédit y est donc, déterminé sur le plan juridique par la
crédibilité morale du demandeur et a cette fin un conseil de
crédit est en place dans chaque IMF afin d'examiner le statut juridique
du demandeur. Toutefois, ces conditions doivent être
respectées:
· Etre âgé de 21 ans au minimum
· Avoir résidé pendant un an à cette
même adresse
· Ne figurer sur un état de mauvais payeur
communique par « FINNNET20 »
Outre, l'analyse du statut juridique du demandeur, ce conseil
se statuera également sur le profil socio-économique de la
personne21 puisque le microcrédit s'adresse à un
public particulier. Voyons ce qu'il priorise.
2.3.2 Les déterminants socio-économiques du
microcrédit.
Comme le crédit du système bancaire, le
microcrédit est déterminé par un ensemble de facteurs
socio- économiques, qui sont en quelque sorte, propre au public
ciblé par le secteur. Comme nous l'avons déjà dit, le
microcrédit s'adresse aux petites bourses, il vise à rendre les
services financiers accessibles à tous. A cet effet, le
microcrédit est déterminé d'un point de vue socio-
économique par des facteurs comme :
20 Réseau indépendant de fournisseurs
de crédit géré par DAI
21 Personne physique ou morale
L'identité et la situation socio-économique
de la personne.
En effet, il ya tout un mécanisme qui est mise en
place dans les IMF pour s'assurer que les prêts vont principalement aux
personnes qui sont dans le plus grand besoin. Cela n'implique pas toutefois que
des « grossistes »22 ne se tournent pas vers la micro
finance dans la recherche du financement de leurs activités.
La manière de gagner sa vie.
Généralement les prêts des IMF
s'adressent au petit commerce (près de 90%). C'est un choix qui
s'explique par divers facteurs dont le respect de l'échéancier,
la capacité de supporter le taux d'intérêt relativement
élevé (entre 15 à 90 % l'an), le besoin de survivre qui
est en grande partie assurer par le petit commerce dans le secteur informel.
Le niveau d'attractivité du produit : En
général, le volume de crédit accordé par les IMF
est grandement déterminé par le flux de transaction que le
préteur peut effectuer pendant une période donnée. En
effet, plus un client effectue de transactions dans une période, plus il
est apte à recevoir du crédit du secteur. Cette situation met en
évidence le sérieux du demandeur et sa capacité à
faire fructifier dans un court terme l'actif financier à sa
disposition.
Posséder une entreprise stable avec une bonne
capacité de remboursement
Ce critère, découle du précédent
et exige que l'entreprise en question ait un besoin de fonds se situant entre
100 à 10.000 USD. Mais, ce critère n'est pas toujours
respecté, à titre d'exemple nous avons dans le cadre de nos
entretiens rencontré une commerçante au centre-ville qui vient
tout juste de décrocher un prêt d'un montant de 500.000 gourdes
dans une IMF, montant logiquement supérieur à 10.000 USD au taux
du jour.
Ainsi, le microcrédit est déterminé par
un ensemble de facteurs socio-économiques qui obligent les IMF à
proposer une variété de produits financiers appropriés aux
petites bourses. Ces gens vivent en général dans une situation de
précarité sociale qui découle d'un climat politique
instable, alors les responsables de crédit des IMF se voient obliger de
tenir compte de ce
22 Ceux qui ont accès au système
financier traditionnel.
paramètre dans leur politique de crédit, ce qui
nous oblige à voir les déterminants politiques du
microcrédit.
2.3.3 Les déterminants politiques du
microcrédit
Il est d'aucun doute que les activités politiques d'un
pays influent grandement sur toutes les autres activités. Puisque le
secteur public devrait donner le ton aux autres secteurs. Il doit
définir le cadre macroéconomique dans lequel évolue
notamment micro finance que nous nous proposons d'étudier. Ainsi, un
climat politique instable, ralentit considérablement le volume de
crédit des IMF, d'autant plus que ces dernières s'adressent
généralement au petit commerce informel sur qui, le climat
politique influe énormément.
Les déterminants du microcrédit étant
identifiés, voyons maintenant ce qu'il en est des formes que revêt
généralement ce crédit.
2.4 Les formes du microcrédit
Comme nous l'avons maintes fois répété
dans ce travail, le crédit des IMF s'adresse à un public
particulier, ce qui fait du microcrédit quelque chose d'un peu
particulier. Si les théories économiques établissent en
effet, un lien étroit entre crédit et croissance
économique, elles font références dans la plupart du temps
au crédit destiné à l'investissement. Cependant, dans un
pays comme Haïti où même les banques commerciales qui
disposent d'intéressants capitaux ne financent en général
que les activités de consommations. On comprendra rapidement pourquoi,
dans le domaine du crédit surtout, que la théorie épouse
fort difficilement la réalité. Ainsi, la micro finance cherchant
à assurer premièrement la survie du bénéficiaire,
l'amélioration de ces conditions de vie ; par conséquent,
consacre un fort pourcentage de son portefeuille aux besoins de financement
pressant tels : le prêt à la consommation, le prêt au petit
commerce formel et informel (investissement) et rarement des prêts aux
activités de production (artisanat, petites industrie et autres).
2.4.1 Le prêt à la consommation.
Le crédit à la consommation sert en
général à assurer la subsistance d'un individu ou
d'un
groupe, sans avoir un impact direct sur la croissance
économique. Même si, J. Menard
KEYNES a démontré
dans les années 30, lors de la grande dépression que « Le
crédit à la
consommation a pour but de faciliter la vente à des
particuliers de biens de consommation en n'exigeant de ce particulier un
règlement immédiat». Ces crédits peuvent être
accordés soit par des banques soit, par des institutions revêtant
la forme d'établissement financier (les IMF par exemple)23.
Cette considération nous fait voir toute la logique expliquant qu'une
bonne partie du portefeuille de crédit des IMF est consacrée au
crédit à la consommation. Les statistiques ont fait état
d'une certaine variété dans le pourcentage du portefeuille des
IMF qui est consacré au prêt à la consommation.
La consommation est en effet l'activité
économique à la laquelle, on peut dire sans risque de se tromper,
que l'être humain ne peut pas s'en passer. Il devient alors une
nécessité que l'acte de consommation soit accomplie. C'est ce
qu'ont compris les IMF et c'est en vertu des principes qui régissent
leurs fonctionnements actuels qu'une partie non négligeable de leurs
préts va au prêt à la consommation. A la question,
peuvent-elles, dans ce cas participer réellement au
développement, on ajournera la réponse à une prochaine
section. Si le crédit à la production occupe une place marginale
dans les portefeuilles de crédit des IMF, le secteur agricole et
artisanal en est les premières bénéficiaires de ce type de
crédit des IMF.
2.4.2 Le crédit agricole et industriel
En tant que pays sous-développé, Haïti est
essentiellement agricole, c'est -à- dire le secteur agricole est la
branche la plus importante de l'économie. Aujourd'hui encore en
dépit de son déclin, ce secteur fournit environs 30% du PIB
national. Ainsi, tout vrai projet de développement doit intégrer
ce secteur qui peut servir à la fois en aval en assurant la
sécurité alimentaire de la nation et en amont en constituant une
source de matières premières pour les industries de
transformations et donc une source de devises via les exportations. Les IMF
semblent, très longtemps ignorer ce fait, puisqu'elles se sont rarement
intéressées au crédit dans ce secteur, c'est
peut-être à cause du niveau élevé de risque qui
accompagne les activités dans le secteur. C'est en quelque sorte
s'écarter de ses objectifs, on peut dire. Même si dans ces
premiers balbutiement dans le pays, la micro finance, surtout
coopérative, a touché une grande partie le secteur agricole avec
des institutions comme : IDAI, BNDAI, etc. Aujourd'hui on assiste à
un
23 L. Marchal, op. cite
retour timide des IMF dans l'agriculture avec des
institutions comme : MCN avec son microcrédit agricole, WM/FEMA, ODVA,
la Sogesòl, qui ont vu dans le secteur un partenaire solide, selon les
dires des responsables de quelques IMF. Elles ont, en ce sens consacré
en moyenne 8 à 9% de leurs portefeuilles aux deux secteurs
réunis. C'est encore peu significatif, affirment certains critiques.
Si l'on admet le fait qu'environs 5 à 7% du
portefeuille des IMF est consacré au crédit à la
consommation et que 8% environs est investi dans le crédit agricole et
industriel, il ya donc près de 85% du portefeuille qui ira logiquement
vers une troisième composante qui n'est autre que le petit et moyen
commerce.
2.4.3 Le crédit au petit et moyen commerce.
Il n'est pas superflu de rappeler ici que la majeure partie
du portefeuille des IMF s'adresse au petit et moyen commerce formel et
informel.
En effet, le microcrédit s'inscrit dans une logique de
financement des petites bourses. Les IMF octroient une très grande
partie de leurs portefeuilles au secteur informel qui emploie en Haïti
près de 80% de la population active avec plus de 75% dans le petit
commerce. La micro finance veut donc, rester fidèle à ces
objectifs en choisissant de financer prioritairement ce secteur. Le commerce
servira donc de foyer pour notre étude d'impact de la micro finance sur
le secteur informel.
Ce choix, il faut le dire, a fait l'objet et fait l'objet
encore de critiques chez beaucoup d'auteurs qui voient en lui un moyen de ne
pas toucher effectivement de développement économique et
d'influencer donc négativement sur l'économie. On doit cependant,
rappeler que ce choix rejoint la philosophie des IMF et les restrictions qui
sont qui sont imposées aux institutions de micro finance d'octroyer de
petits prêts de courte durée avec des taux d'intérêts
relativement élevés en vue de couvrir la totalité des
frais, comportant le moindre risque possible que seul les activités de
distributions (commerciales) peuvent facilement supporter.
2.5 Les caractéristiques du
microcrédit
On doit rappeler que le microcrédit désigne
l'attribution des prêts de trais faibles montants a des artisans,
producteurs ou entrepreneurs qui ne peuvent pas accéder au prêts
bancaires classiques. Il se développe surtout dans les pays du sud ou il
permet de concrétiser des microprojets.
Cette définition, nous fait voir d'une part, que le
microcrédit est caractérisé par :
Le montant du prêt
En effet, à partir d'un certain montant certains
auteurs se mettent d'accord pour dire qu'il ne s'agit plus du
microcrédit, même s'il est adressé a des gens qui sont
exclus du système bancaire traditionnel, mais il n'y a pas
unanimité sur cette question. Ce montant varie d'un pays à
l'autre et donc dépend de la taille de l'économie en question.
La couche sociale visée
Le microcrédit vise un public très particulier,
(artisans, petits entrepreneurs) qui s'adonnent à des activités
de subsistance et qui n'ont pas le capital qu'il faut pour financer leurs
microprojets. Il est donc caractériser aussi par :
Le délai de l'obtention du prêt
En général, les demandes de prêts dans
les IMF sont traitées et répondues en deux semaines (15 jours).
Dans le cas d'une personne qui avait déjà
bénéficié d'un prêt de l'institution ce délai
est réduit et peut tomber jusqu'à deux à trois jours.
Les exigences faites aux demandeurs de crédit
Après l'analyse de la situation du demandeur et de son
projet, peu d'exigences lui est faites en termes de collatéraux. C'est
de préférence la confiance qui règne entre les deux
acteurs qui est à la base de la transaction, en ce sens un
avaliseur24 est exigé avant tout décaissement. Cette
caractéristique fait également l'objet de critique, mais elle
répond sans nul doute à la situation socio-économique
générale des clients des IMF.
Le haut taux d'intérêt
Le taux d'intérêt reste encore très
élève dans le secteur de la micro finance, plus de 60%
dans
certains cas, même s'il est nettement inférieur au taux
généralement pratiqué par les usuriers
dans le secteur
informel. Ce haut taux est généralement lié aux frais de
traitement des dossiers
24 Personne qui s'engage à rembourser le solde
du prêt en cas de désistement de l'emprunteur.
qui sont d'autant plus élevés que ces
institutions ont a traité, le plus souvent, une multitude de petits
prêts de faibles montants. Ainsi, le coût d'une unité
monétaire prêté en 2005 par une IMF était de 0.27,
il s'est légèrement baissé en 2006 pour se situer à
0.19.
Ces caractéristiques et bien d'autres font du
microcrédit un puissant facteur de lutte contre la pauvreté selon
Gérard Stock25. Elles découlent des avantages du
microcrédit que la section suivante se propose de présenter.
2.6 Les avantage du microcrédit par rapport au
crédit bancaire
La micro finance fait partie des moyens permettant de lutter
contre l'exclusion bancaire et sociale. En France en particulier, le
microcrédit est présent principalement sous la forme du
microcrédit personnel accompagné, il est un prêt d'un
montant généralement inférieur à 3 000€
accordé avec un taux d'intérêt faible (3,5% en moyenne). En
Haïti, ce montant est moindre compte tenu de la taille de
l'économie. L'objectif consiste à financer des petits projets
(voiture, permis, équipement, petit commerce...) portés par des
personnes dont les ressources ne leur permettent pas de prétendre
à un crédit à la consommation des banques commerciales. Le
microcrédit personnel, appelé aussi microcrédit social, se
distingue du don, car même si son obtention dépend de la situation
sociale de l'emprunteur (faibles moyens économiques, activités
informelles..), il s'agit d'un prêt qui doit être remboursé.
En cela, l'emprunteur est responsabilisé et revalorisé : c'est
une relation de confiance qui s'instaure et surtout d'autonomie : une fois le
microcrédit remboursé, l'emprunteur bénéficie de la
confiance des préteurs et peut continuer son entreprise avec ses fonds
propres.
En ce sens, le microcrédit présente ces
avantages qui font de lui un crédit adapté à la situation
des petites bourses.
· Il est plus rapide que le crédit
bancaire
· Il est plus accessible. En ce sens qu'il y a
moins d'exigence en termes de collatéral, c'està-dire la
contrepartie que le demandeur doit avancer pour bénéficier du
prêt.
· Est en grande partie, un prêt individuel.
En cela, il facilite les entreprises individuelles qui prédominent dans
le secteur informel.
25
www.globenet.com
· Donne accès à des services
sociaux. En règle générale, surtout dans IMF
coopératives tous les membres des IMF ont droit à des
séances de formations leur donnant la possibilité de s'initier
aux connaissances des notions économiques de base.
· Est un financement adapté. Les IMF ne
cherchent pas à offrir uniquement aux clients du crédit, mais une
gamme de produits financiers adaptés aux besoins de chaque individu. Ce
qui développe des liens de proximité entre demandeurs et
fournisseurs de services et fait des IMF plus qu'un simple fournisseur de
services financiers, est un partenaire un tissu de liaisons et de resserrement
des liens sociaux et économiques.
· Permet une gestion efficace. Les responsables
de crédits des IMF analysent minutieusement chaque dossier et en fait un
cas particulier. Ils ont su trouver les moyens efficaces de conduire des
petites bourses à supporter des taux d'intérêts
relativement élevés (sans que cela ne les dérange trop,
selon les dires des petits marchands)
· Favorise un système de suivi efficace.
Grace à leur système de suivi des prêts, les IMF ont
mise en place une structure qui les permettent de suivre les clients, et du
coup de diminuer considérable le nombre de mauvais payeurs.
Cependant, en dépit de ces multiples avantages, la
micro finance à ses limites qui ne manquent d'attiser les critiques
à l'encontre du secteur. La section suivante présentera les
principales.
2.7.- Les limites du microcrédit
Tout d'abord, rappelons que la micro finance a toujours
été une option coûteuse. Le coût est la principale
raison évoquée par les institutions financières de
détail pour justifier leur haut taux d'intérêts et leur
absence dans certains endroits du pays. Ensuite, dans un secteur qui se
caractérise par une multitude de petites transactions, il est essentiel
de réaliser des économies d'échelle, aussi bien pour
l'établissement lui-même que pour le développement
économique et social. En général le coût total est
de 25% des coûts d'exploitations d'un portefeuille moyen, alors qu'il est
5 à 7% dans les banques commerciales, ceci est un handicap majeur dans
la capacité créatrice de richesse des institutions.
La micro finance est donc, limitée tant dans ses actions
que dans ses statuts.
Les limites sont en effet de divers ordres.
· Juridiques.
Dans le cas d'Haïti par exemple, sur 200 IMF
recensées par la ANIHM en 2009 seulement une trentaine a fait l'objet de
la supervision régulière de la BRH, évolue à
l'intérieur d'un cadre légal, et sont aptes, par
conséquents, à entreprendre certaines activités.
· Organisationnelles et structurelles.
Comme nous l'avons déjà dit, le crédit
de la Micro finance est limité à un certain montant, ce qui
limite du coup les activités auxquelles peuvent se livrer le
bénéficiaire d'un microcrédit. Un autre point, non moins
important, limite sur le plan organisationnel et fonctionnel les
activités des IMF. Selon la ANIHM en effet, presque toutes les IMF du
pays font face à une manque de ressources humaines qualifiées
pouvant leur aider à mener à bien leurs politiques, elles sont
obligées de faire appel aux professionnels des banques qui n'ont pas
toujours les compétences adéquates.
· La perception du marché.
Beaucoup d'agents économiques voient aujourd'hui
encore dans la Micro finance un mouvement appartenant uniquement au secteur
informel, dans lequel le risque de faillite est énorme. Et là,
les événements de 2000 et 2001 semblent leur donner raisons.
· Stratégiques.
La Micro finance, comme on vient le voir, finance en grande
partie les activités commerciales, en octroyant des prêts de
faibles montants et de très courtes périodes (2 à 6 mois)
avec des taux d'intérêts relativement élevés (4
à 7 % le mois) ; négligeant ainsi les activités de
productions à création de fortes valeurs ajoutées. En
cela, leurs impacts réels sur le développement est souvent mise
en cause. Il faudrait alors, un changement de paradigme, une révision de
toute la philosophie des IMF afin de franchir cette barrière. Cependant,
il faut se garder en tête que la Micro finance n'est qu'un palliatif, il
peut ne pas résoudre à elle seule les multiples problèmes
de pauvretés des pays du sud. Elle doit être un
élément intégré dans une politique globale de
développement, c'est seulement à l'intérieur de cet
ensemble qu'elle pourra être ce fer de lance du développement
économique que nous l'avons supposée être.
· Financières.
L'une des limites majeures de la micro finance est leurs
sources de financement. En effet, peu sont les IMF qui reçoivent des
épargnes des particuliers ; elles sont alors obligées de trouver
des moyens de financement autres que les épargnes. Les institutions
relevant des ONG reçoivent généralement leur financements
des instituions caritatives, les sociétés privées
reçoivent une partie de leur financement de l'Etat, une partie des
associés et des prêts dans les banques commerciales. C'est aussi
le cas pour les IMF des banques commerciales, les instituions
coopératives, quant à elles tirent en grande partie leur
financements des épargnes des membres. Delà, découle le
grand problème d'autonomie d'action des IMF que les critiques ne
manquent pas de mettre en relief à chaque fois que l'occasion se
présente.
En guise de conclusion à ce chapitre, nous allons
regarder la micro finance au regard du développement économique
en Haïti, au regard bien sûr des avantages et des limites de
celle-ci afin de pouvoir mieux analyser ses impacts sur le secteur informel.
2. 8.- La micro finance actuelle au regard du
développement économique en Haïti
Puissant outil de développement avec le potentiel
d'atteindre les populations pauvres, d'améliorer les conditions de vie,
de créer des emplois, de créer la demande pour des nouveaux biens
et services, et de contribuer à la croissance économique, la
micro-finance joue un rôle d'instrument de réduction de la
vulnérabilité des pauvres aux chocs économiques.
Toutefois, regarder la micro finance actuelle au regard du développement
économique d'Haïti nous oblige à la considérer sur un
double angle ; premièrement, d'un point de vue conjoncturel, avec la
nouvelle situation de la micro finance depuis les catastrophes du 12 janvier
2010. Deuxièmement, d'un point de vue structurel avec les perspectives
d'avenir dans le cadre de la reconstruction du pays dont on parle
présentement.
D'un point de vue contextuel, on peut dire que la micro
finance est grandement marquée par les graves conséquences
négatives des événements tragiques du 12 janvier 2010. En
effet, les pertes dans le secteur ont été estimé à
plus de 15 millions de dollars (logements détruits, stocks
abandonnés, pillages...). Le petit commerce, principale partenaire de la
micro finance, a été
victime de la mise sous perfusion, cette situation a
occasionné l'effondrement du pouvoir d'achat des principaux
bénéficiaires et menace considérablement le secteur
informel. Toutefois, Le microcrédit est évidemment l'une des
solutions pour relancer rapidement l'activité. Recapitaliser ses
bénéficiaires par une politique de rééchelonnement
des microcrédits des sinistrés et par l'injection de nouveaux
crédits qui, permettraient à une large population de micro
entrepreneurs de se relancer dans le cadre des politiques conjoncturelles de
relance économiques. Et là, les avantages du microcrédit
énoncées précédemment peuvent jouer grandement dans
le cadre de telles politiques.
D'un point de vue structurel, la micro finance peut toucher le
développement dans plusieurs aspects en facilitant l'initiative
privée, d'une part avec la création de micro entreprises qui aura
des retombées positives sur le taux d'emploi du pays. En raison du fait
que d'autre part, la micro finance ne se limite pas uniquement au
microcrédit, elle peut donc jouer un rôle non seulement dans le
développement économique, mais aussi dans le développement
social et culturel du pays, en facilitant l'émergence de nouveaux
entrepreneurs et de nouveaux leaders surtout dans le milieu rural avec la micro
assurance, l'organisation des transferts des immigrants. Elle peut faciliter le
développement local qui peut avoir un impact direct sur la
décentralisation que nous rêvons tant et qui aurait des effets sur
l'ensemble du pays. Elle peut également lutter contre
l'analphabétisme en donnant la possibilité aux ménages
d'assurer la scolarité de leurs enfants et peut, même à un
faible niveau, assurer la formation des bénéficiaires du
crédit. En ce sens des récentes études du PNUD confirment
que 75% des bénéficiaire du crédit reconnaissent que le
microcrédit leur a permis d'augmenter leurs revenus par leur entreprises
et leurs activités et par conséquent un impact positif sur le PIB
de leur pays. Voici ce qu'avait conclu cette étude.
« Le développement de la micro-finance a
indéniablement favorisé l'émergence de nouveaux leaders,
en particulier en milieu rural : les responsables de caisses, de mutuelles ou
de banques communautaires impliqués dans la gestion au jour le jour des
crédits, donc de l'argent des autres, et qui acquièrent de ce
fait respectabilité et honorabilité. Au niveau des banques
communautaires, les femmes sont particulièrement impliquées et
bénéficient de cette promotion au niveau local ». Mais,
il faut se garder de toutes illusions que la micro finance avec tous ses
problèmes peut à elle seule, résoudre tous les
problèmes d'Haïti, d'autant plus que ces ceux-ci sont multiples et
entretiennent entre eux des liens de dépendances et de
causalités.
C'est ainsi qu'en général, le cadre des
études d'impacts de la micro finance détermine au
préalable des domaines ou champs d'impacts, émet des
hypothèses et détermine les indicateurs permettant de
vérifier ces hypothèses grâce à l'utilisation de
certains outils mathématiques ou autres.
C'est ce que nous allons essayer de faire au prochain
chapitre. Nous considérons le petit commerce informel, activité
dans laquelle le portefeuille de la micro finance atteint son plus haut niveau,
afin de pourvoir mieux mesurer les impacts de la micro finance sur le secteur
informel en Haïti.
3.-Les impacts socio-économiques de la PEC.
CHAPITRE TROISIÈME
|
Section1.- L'analyse du petit commerce
|
|
3.1. La petite entreprise commerciale formelle 3.1.1
Son aspect juridique
3.1.2 Ses caractéristiques
3.1.3 Son apport à l'économie
|
3. 2. Le commerce informel
3. 2.1 Sa manifestation
3. 2. 2 Ses caractéristiques
3. 2.3 Son apport à
l'économie
|
Section 2.- Le rôle du petit commerce dans
l'économie haïtienne
|
|
3. 3 La détermination des
bénéfices commerciaux
|
3. 4 Les impacts de la PEC à
Port-au-Prince
|
3. 4. 1 Sur la vie des gens
3. 4.2 Sur les recettes de l'Etat
3. 4. 3 Sur l'activité économique à
travers les recettes de l'Etat 3. 4.4 Sur le chômage
|
|
« Le commerce guérit des
préjugés destructeurs et c'est presque la règle
générale, que partout il y a des moeurs douces ; il ya a du
commerce ; que partout il ya du commerce il y a des moeurs douces
».
Menan Pierre Louis
Comme nous l'avons déjà mentionné, La
catégorie du petit et moyen commerce comprend principalement les
commerçants isolés, travaillant dans de petites structures,
souvent familiales, qui effectuent directement leurs achats chez le grossiste.
Parallèlement, il existe des indépendants associés,
groupés en associations qui leur fournissent un certain nombre de
services communs. Enfin, les petites supérettes appartenant à une
chaîne peuvent également être rangées dans cette
catégorie. En Haïti, le commerce, surtout le petit commerce est
marqué par un dualisme, d'un côté, il ya le petit commerce
reconnu et réglementé par le fisc et le ministère du
commerce, c'est le commerce formel. D'une autre coté, on a toute une
série d'activités commerciales disparates dans tout le pays qui
se font en dehors de toutes normes et règles. Cette composante du
commerce n'est pas des moindres puisqu'il occupe plus de 70% de la population
active et fournit, méme indirectement, une part non négligeable
du produit intérieur brut du pays. C'est pourquoi ce chapitre analysera
à la fois le petit commerce informel et formel.
3. 1. La petite entreprise commerciale formelle
On entend par petite entreprise commerciale (PEC) toutes
activités de distributions de marchandises, sans transformation aucune,
dont le chiffre d'affaire annuel ne dépasse pas un certain montant
(500.000 HGT). Elle trouve son financement principalement d'une institution de
micro finance. Cette catégorie d'entreprise, est très
répandue dans les pays du Sud, où la majeure partie de la
population ne dispose que d'un revenu modeste; ce qui les empéchent
d'entreprendre des activités productives plus risquées et d'une
plus grande envergure. Ces activités étant reconnues par la loi,
revêtent en tout premier lieu d'un aspect juridique que allons tout de
suite essayer de présenter.
3. 1.1 L'aspect juridique de la PEC
D'un point de vue juridique, sont commerciales : toutes
activités de ventes au comptant, ou à
crédit
exercées par un individu en son nom propre et pour son compte. La loi
haïtienne répute
d'acte de commerce tout achat de produits pour
les revendre, tous les actes de commission de
transports. Toutes opérations de changes ou de
banques. La PEC formelle s'inscrit donc dans cette logique de revente afin, non
seulement d'assurer l'accessibilité des produits, le plus souvent
importés, aux demandeurs mais et surtout d'assurer une meilleur
qualité de vies des individus qui se livrent à ces
activités. L'exercice du petit commerce formel exige donc certaines
obligations du commerçant dont les principales sont26 :
> L'immatriculation du rôle des patentes et le paiement
de cette taxe
> La tenue de certains livres de comptabilité
> L'inscription à la chambre de commerce
d'Haïti
De plus, L'article premier du décret du 26 Septembre
1960 paru dans le moniteur no 89 définissants la profession
de commerçant stipule : « Toute personne est libre de faire tel
négoce qu'elle trouvera bon, mais elle sera tenu de se pouvoir d'une
patente, d'en acquitter les prix et de se conformer aux lois en vigueur
»
L'article 8 du méme décret nous dit : «
Est détaillant, tout commerçant qui achète sur place
toutes marchandises pour les revendre directement aux consommateurs par
unité ou par fraction ".
C'est pourquoi nous avons refusé de considérer
comme détaillant tout bénéficiaire du microcrédit
lorsque nous considérations qu'il existe au centre-ville, même
appartenant au secteur informel, des « petit marchands " qui disposent de
somme considérable (Plus de 500.000) et effectuent
régulièrement des voyages aux Antilles et aux Etats-Unis
d'Amérique pour acheter des marchandises et qui ne pratiquent nullement
le commerce de détail.
Outre son aspect juridique, la PEC formelle revét d'un
ensemble de caractéristiques, le point suivant se donne pour objectif de
présenter les principales.
3. 1. 2.- Les caractéristiques de la PEC
formelle
La petite entreprise commerciale en Haïti, est
caractérisée par des éléments et des
phénomènes qui sont propres aux structures
socio-économiques du pays. Découlant donc de ces structures la
PEG Haïtienne est caractérisé d'un part par :
26 Le code du commerce Haïtien, Menan
Pierre-Louis
· Un flux important d'importation ; en effet la
majeure partie des produits (90% en virons) qui sont vendus dans le petit
commerce sont des produits importés. Ce fait est naturellement dû
à la faiblesse de notre système productif qui accuse
systématiquement des retards considérables par rapport à
celui de nos pays voisins.
· Faible barrière à l'entrée ;
en raison d'une faiblesse des législations régissantes,
l'entrée dans la sphère des petites entreprises est très
ouverte, il suffit d'avoir les capacités financières qu'il faut
pour entrer dans le secteur, ce qui fait en quelque sorte une faiblesse du
secteur.
· Un capital limité ; Le faible niveau
du capital est l'une des caractéristiques majeures de la PEC
haïtienne, C'est le lieu où règne un capital réduit.
Le recours systématique des pratiquants au microcrédit et au
commerce purement informel est une conséquence de cette situation.
· Une qualification acquise par apprentissage ;
Il n'existe jusqu'à date dans le pays, aucune institution
spécialisée dans la formation de professionnels pour cette
catégorie d'activité. Ainsi, les « les petits
commerçants » se voient obligés de se livrer à cette
activité et atteints au cours des années de l'expérience
qui leurs donnent droit à une certaine qualification.
· Manque de représentativité et de
regroupement par rapport aux autres secteurs de l'économie. Le
secteur de la petite entreprise commerciale haïtienne est fait d'un
ensemble de micros entreprises disparates qui entretiennent, en dépit de
leurs caractéristiques communes, très peu de relations entre
elles. Les associations patronales du secteur privé regroupent
très peu de ces institutions. C'est encore un élément de
faiblesse du secteur.
Toutefois, en dépit de ces caractéristiques qui
constituent, ce que l'on peut appeler des contraintes de la PEC formelle
haïtienne, elle a un apport significatif à l'économie du
pays, c'est ce que nous allons montrer dans la partie suivante.
3. 1. 3. L'apport de la PEC formelle à
l'économie haïtienne
Il est évident que, même indirectement, les
activités de commerce intérieur en général
ont
toujours un impact positif sur l'économie d'une nation. Cet
impact, méme s'il est des fois
difficile de le quantifier, est toujours positif en valeur
absolue pour l'économie considérée. Surtout lorsqu'on
considère ces impacts dans le secteur informel haïtien dans lequel
la PEC génère des emplois (environs un million d'habitants vivent
des activités de commerce à Port-au- Prince avec plus 250.000
emplois directs27) et intègre dans la vie sociale et
économique une catégorie de la population qui vit en marge de la
société. Elle s'inscrit donc dans la dynamique d'accroissement de
l'entreprise privée et crée par conséquent une dynamique
sociale. Elle occasionne, la création de nouveaux pourvoir d'achat et
stimule par conséquent la consommation qui selon la logique de Keynes
est un vecteur de croissance économique. Aujourd'hui, si le petit
commerce en Haïti ne favorise pas l'industrie haïtienne, c'est parce
que notre système productif est désuet et archaïque, donc ne
fonctionne pas. Le petit commerce permet chaque année, via les taxes sur
les droits de douanes et l'impôt sur le chiffre d'affaire, à
l'Etat de rentrer d'importantes recettes. Qui ne sait pas que la douane, donc
l'importation des produits, apporte la plus grande part à l'assiette
fiscale depuis quelques années. Yves MICHEL avait bien compris ce fait
quand il a écrit que « la petite entreprise, commerciale en
autres, a un rôle fondamentale dans la création d'emploi et la
dynamisation de l'économie.
Ainsi donc, le problème du déficit continu de
notre balance de paiement résulte d'un phénomène complexe
de chute de notre production locale à quelle les activités
d'importations et donc de commercialisations de produits étrangers
servent de palliatif. Car, qui ne sait que l'homme est toujours en quête
d'autres alternatives quand les structures existantes sont défaillantes.
En cela, l'autre avait vu juste en écrivant « la nature a
horreur du vide ».
Outre le petit commerce formel, le commerce informel en
dépit de son caractère illégal à un apport
considérable à l'économie, voyons ce qu'il en est
exactement.
3. 2. Le petit commerce informel
Dans presque toutes les économies on rencontre des
activités qui échappent aux investigations officielles
c'est-à- dire selon le greffe « des activités qui ne
relèvent pas de la division du travail et des marchés
organisés avec la sanction des lois et des règlements «
sociaux28 ». L'ensemble de ces activités constituent ce
que l'on appelle le secteur informel. Mais, la structure de l'économie
haïtienne actuelle nous empêche de dire dans certains cas si une
activité appartient au secteur
27 ANIHM op. Cite.
28 Doura Fred, op. Cite. Mais, on peut se demander
(avec son expansion croissante de nos jours) si le secteur informel n'arrive
pas à ériger ses propres lois et règlements sociaux ?
informel ou à son opposé, car les deux secteurs
entretiennent entre eux une relation dialectique et de
complémentarité énorme. Ces limites sont d'autant plus
difficiles lorsque nous considérons le petit commerce. Toutefois, dans
ces manifestations, le petit commerce informel se montre bien souvent
singulier.
Le tableau qui va suivre met en relief la prédominance et
donc l'importance du commerce dans le secteur informel.
Tableau 1.1 structure par des unités informelles
(en %)
Branche
|
|
Pourcentage
|
|
22.5
|
Confection
|
|
9.2
|
Meubles
|
|
2.2
|
Autres
|
|
5.4
|
|
Commerces
|
53.7
|
Produits primaires
|
|
4.6
|
Produits transformés
|
|
49.1
|
|
Services
|
23.8
|
Services aux ménages
|
|
10.7
|
Restauration
|
|
11.1
|
Transports
|
|
2.0
|
|
Total
|
100.0
|
|
Source : Enquête sur les petites unités informelles
à Port-au-Prince 1997 cité par F.WIDNET
Le tableau ci-dessus nous montre que le commerce informel est
spécialisé dans la revente des produits transformés
(91.77%). Il est par ailleurs important de signaler que le commerce offre de
nombreuses possibilités de revenus complémentaires.
3. 2. 1. Les manifestations du petit commerce informel
urbain
Le petit commerce informel se manifeste en milieu urbain par
« l'omniprésence » de micro,
petits et méme de
moyennes entreprises commerciales. Ces activités s'effectuent en marge
de
toute règlementation étatique. Outre le centre-ville, lieu
de concentrations des principales
activités commerciales et les centres commerciaux de
la capitale où se trouvent, généralement les grossistes,
dans tous les coins des rues, on rencontre des petits marchands qui
étalent leurs produits de toutes sortes, rendant difficile, voire
impossible la circulation des piétons.
En général, cette manifestation
omniprésente de la petite entreprise commerciale dans tous les coins de
rues à Port-au-au-Prince résulte de plusieurs facteurs dont :
· Le faible montant disponible pour entreprendre ces
activités.
· Le besoin pressant d'écouler quotidiennement les
produits.
· L'incapacité des centres commerciaux d'accueillir
tous les marchands.
· L'incapacité pour certains ces petits marchands de
payer les frais journaliers exigés dans les marchés.
· La mentalité de certains commerçants qui
associent la réussite dans le commerce au fétichisme.
De cet état de chose découle des
caractéristiques spécifiques à la petite industrie
commerciale. En voici les principales.
3. 2. 2. Caractéristiques de la petite entreprise
commerciale informel
Les caractéristiques de la PEG sont multiples et sont
évocatrices de la situation socioéconomique des gens qui se livre
à cette activité. Le tableau suivant en donne les principales.
Tableau 1.2 caractéristique de la PEC informel
à Port-au-Prince
Taille
|
Réduite
|
Chiffre d'affaire
|
Très faible, faible, moyen
|
Registre de comptabilité
|
Absence
|
Bâtiments et locaux
|
Manque de place fixe
|
Fiscalité
|
Non-paiement d'impôt sur le revenu
|
Investissement
|
Gapitaux minima
|
|
Crédit
|
Bénéficie du système des IMF
|
|
Source : enquête de l'IHSI sur le secteur informel
cité Kennis ETIENNE
On peut constater à l'aide du tableau les faits
manquant suivant : la PEC informel évolue en absence de tout instrument
comptable pouvant les permettre d'enregistrer leurs opérations, ce qui
constitue l'un des casse-tête pour les IFM leurs principaux fournisseurs
de crédit. Ce qui donne comme conséquence, l'impossibilité
aux autorités fiscales de déterminer et de prélever de
l'impôt sur le revenu de ces activités. Toutefois, cela n'implique
pas que ces activités n'ont aucune contribution dans les recettes
gouvernementales, nous verrons plus loin comment ils y participent.
3. 2. 3. L'apport de la PEC informel à
l'économie haïtienne.
De même que le petit commerce formel, le petit commerce
informel est l'un des générateurs d'emplois du pays.
En effet, selon Pierre marie Boisson PDG de la «
SOGESÒL » 75% de la population haïtienne vit de leur propre
emploi informels. Pour sa part, Simon Faas dans son étude sur le secteur
informel en Haïti a montré que le petit commerce constitue la
source la plus importante pour générer des emplois29
dans le pays. Le petit commerce donc, dans le secteur informel rempli des
fonctions économiques importantes, en dépit de la faiblesse du
revenu et des conditions de productivités minimales et de la faiblesse
de la valeur ajoutée qu'il crée.
Non seulement il résorbe le chômage, le petit
commerce informel permet aux détenteurs de petits revenus de se procurer
des produits manufacturés à des prix inférieurs à
ceux que pratique dans le secteur formel, contribue par conséquent
à faire baisser le coût de la vie pour les plus faibles
économiquement d'une part.
D'autre part, ce secteur exerce une forte pression sur le
secteur structuré en ce qui concerne la concurrence des prix. En raison
en effet, de l'écart considérable qui existe dans les prix,
beaucoup d'agents économiques ont préféré
s'approvisionner auprès du secteur informel. Mais, il faut dire que cela
influence très légèrement le comportement des grossistes
du secteur formel.
29 S. Faas families in Port-au-Prince
A study of economics of survival, vol. 2. USAID, Sept. 1977
Le petit commerce informel c'est aussi et surtout un
créateur de pouvoir d'achat, il permet donc une augmentation du volume
de consommation et entraine indirectement une augmentation des recettes de
l'Etat.
Cherchant une explication à cette situation de quasi-
informalité de l'économie haïtienne ; F. Doura croit que la
situation résulte des politiques macroéconomiques chaotiques
menées par les oligarchies dominantes depuis 1804 en faveur des
minorités, induisant ainsi des larges exclusions des classes sociales
les plus défavorisées de la société. Alors, on
comprend pourquoi beaucoup de tentatives de « formalisation» du
secteur informel ont été soldées par l'échec
total.
Un autre indicateur nous permet de voir de manière
globale comment les la PEC influe sur l'économie, ce sont les marges
bénéficiaires. Voyons comment elles sont
déterminées de façon générale.
3. 3. La détermination des
bénéfices commerciaux.
Si le petit commerce est la principale activité que
financent les IFM, tous laissent croire en effet, que c'est en raison de la
capacité des activités commerciales à supporter le taux
d'intérêt exigé par les institutions de micro finance.
Ainsi, les petits commerçants doivent trouver des moyens de supporter ce
taux d'intérêt, ce qui les conduisent à déterminer
d'une façon toute particulière leurs bénéfices.
On le sait en effet, que l'objectif premier de tout
entreprise à but lucratif est la maximisation du profit, de qui
dépend la performance et la survie de l'entreprise. Les petites
entrepreneurs informels ont bien compris ce principe et s'arrange à
déterminer leurs profits en conséquence. En
général, dans le petit commerce informel surtout, le vendeur a
des informations sur le produit qu'il vend que l'acheteur n'ont pas et que le
vendeur ne tient surtout pas à les divulguer. (Donc le principe de libre
circulation de l'information du marché parfait est ici violé). Et
d'autre part, les produits ne sont non homogènes. Or, l'information
fournit aux consommateurs sur les prix, la qualité du produit influence
leur comportement d'achat, et par conséquent la structure du
marché.
La structure des prix dans le petit commerce informel est donc
non transparente, les prix sont
déterminés par le marchandage,
c'est-à-dire par un processus de négociation qui se fait
entre
deux agents et qui permet l'ajustement entre l'offre et la demande.
Mais, il faut dire qu'on assiste
des fois, dans le petit commerce à une caricature de la
loi de l'offre et de la demande qui fait que le prix se détermine en
fonction de la rareté du produit.
Si théoriquement on a :
Prix de vente d'un produit = coût du produit +
coût de la force de travail +autres dépenses (coût
financiers, risque encourus...) + profit
Puisque le petit marchand, sans cette activité serait
au chômage, on pouvait considérer que son coût de travail
personnel est nul, alors son profit devait être la différence
entre le prix d'achat et le prix de vente, mais la réalité est
toute autre.
Les petits commerçant en effet, fixe leur prix de
manière à ce que leur activités, leur principales sources
de revenus, leur permettent de pouvoir à leur besoin, de ceux de leur
familles et de répondre de leur engagements envers les institutions de
crédit. A cause de la structure du petit commerce, qu'il soit formel ou
informel il est difficile, voire impossible pour nous de calculer la valeur
exacte de la plus-value dans ce secteur, mais on peut remarquer que ce
marché constitue un facteur dynamique de gagne- pain et de
mobilité sociale pour certains parce qu'il est assujetti des fois
à un taux de profit très élevé, avec
l'équation : TP = K/P= 150%30
Où P est le profit
K le capital investi
T le taux, calculé sur une base de 100.
Avec bien sûr des hausse général du niveau
de prix, mais semble une nécessité.
Cette situation permet au secteur, en général
d'avoir dans sa globalité, des impacts significatifs sur nombre de
variables économiques et sociales, nous nous proposons de
présenter et d'analyser ces impacts dans les développements qui
suivent.
3. 4. Les impacts de la PEC à
Port-au-Prince
Nous avons, en effet, déjà montré les
impacts séparés de la PEG formel puis informel dans
l'économie haïtienne notamment comme moyen de réduction du
chômage, nous allons maintenant voir les impacts conjugués des
deux sur les variables comme :
v' La vie des gens
30 Enquête mené auprès des petits
marchands.
v' Les recettes de l'état v' Le chômage
3.4.1 Les impacts de la PEC sur la vie des gens
En Haïti, il est d'une évidence que le micro
commerce prend une extension considérable depuis des décennies,
plus précisément, depuis les mesures de libéralisation
commerciales de la BRH des années 1995 .Ces petits commerçants
sont des intermédiaires entre les consommateurs et le milieu urbain, les
artisans urbains ou les circuits de commercialisations constitués par
des entreprises de l'import- export et leur ramification.
Ainsi, même si un artisan par exemple qui évolue
dans le secteur productif ne bénéficie pas directement du
microcrédit, il l'est indirectement par l'activité des petits
marchands qui assurent la distribution des produits de ces derniers et lui
facilite l'accès au marché à ses produits. Le
commerçant alors, tire un profit de la différence des prix qui
lui permet d'assurer l'éducation, l'alimentation, le logement de sa
famille et en fait de méme pour l'artisan. La contribution du micro
commerce à la satisfaction des besoins primaires est donc significative,
c'est- à-dire se nourrir, lutter contre les maladies, instruire les
enfants etc. Car, celui-ci met à la portée du prolétariat
des produits assortis de leurs moyens financiers.
On voit donc, que la PEC touche positivement la vie des petits
marchands, et par ricochet les recettes de l'Etat.
Ainsi, le petit commerce apporte une contribution
précieuse à la production et à l'amélioration des
conditions de vie de à la catégorie des moins favorisés de
la population en participant à la formation des jeunes et leur
insertions socioprofessionnelle. Les produits sont fabriqués à
partir de faibles investissements en capitaux, avec des matières
premières locales et une technologie rudimentaire. Par ailleurs, la
capacité d'invention et la dynamique du secteur permettent au secteur de
montrer ses multiples exploits et potentialités. Il permet en autre aux
:
· Travailleurs à faible revenus variables d'avoir un
travail régulier à l'intérieur du secteur
· Travailleurs occasionnels de réaliser n'importe
quel travail pour arriver à survivre et se débattre
continuellement entre le chômage et les activités instables ;
· Personnes avec un niveau d'instruction très bas de
se tirer d'affaires
· Migrants ruraux récemment arrivés
dans la ville sans qualification et sans opportunités d'emploi d'entrer
dans le secteur informel
Ainsi, le secteur informel devient ce lieu d'une grande
capacité insoupçonné de création d'emploi et de
revenus en période de crise grace à son dynamisme et à son
flexibilité. Ce qui fait que l'emploi dans ce secteur est à
toujours une tendance à la hausse, alors que c'est l'inverse dans la
majorité des autres secteurs de la vie nationale.
3. 4. 2. Impacts de la PEC sur les recettes de l'Etat et
l'activité économique.
La banque mondiale, tenant compte du rôle important de la
micro entreprise dans les activités économiques l'a
considère comme une unité de relance des activités
économiques.
Cette considération de la banque mondiale ne fait que
confirmer les multiples prise de positions qui supposent que le petit commerce
à des impacts positifs sur les recettes de l'Etat et notamment sur
l'activité économique en générale.
De toute évidence, le principal canal de
l'étude des impacts de la PEC sur l'activité économique en
Haïti, se trouve dans son rôle dans la réduction du taux de
chômage, surtout en milieu urbain.
En effet, la PEC est l'unique alternative pour des milliers
de gens qui, fuyant la misère rurale se refuge à Port-au-Prince,
sans aucun espoir d'intégrer les structures formelles de
l'économie. Ainsi, le commerce devient le premier employeur du pays,
créant un pourvoir d'achat. Il joue un rôle considérable
dans le maintien du niveau de consommation des couches les plus
vulnérables, tout en assurant un marché aux petits artisans, et
faire augmenter les recettes de l'Etat par le biais de taxes (TCA, IRI,
patente, Droits de Douanes) et impôts, car quand quelqu'un achète,
sur le marché informel ou formel, un produit importé il paie au
moins 10% comme TCA qui vont alimenter les caisses de l'Etat. Sans oublier les
taxes que l'Etat perçoivent sur les intérêts issus des
transactions bancaires. Ainsi, pour un prêt de 10.000 gourdes sur une
durée de neuf (9) mois, le montant d'intérêt payé
sur une base régulière des frais de timbres est de 2/1000 ou
0.2%. L'accroissement des petites activités formelles ou informelles a
donc un effet positif sur l'économie puisque, bien que les importations
se développent, les recettes douanières et donc, les comptes de
l'Etat s'améliorent, l'activité industrielle locale peut
être stimulée et le niveau de vie des plus pauvres (les
travailleurs non qualifiés) et des petits
entrepreneurs augmente. Ce qui déjà, nous met
sur une bonne voie dans la recherche de validé de notre première
hypothèse à savoir que le microcrédit, en
créant un pouvoir d'achat réel à contribuer
à améliorer la condition de vie des marchands
bénéficiaires. Et possède donc, en valeur
absolue, un impact positif sur le secteur informel en Haïti.
De plus, en 1991 une perte 6000 emplois a été
recensée dans l'aire métropolitaine dans le secteur privé
traditionnel, sans oublier les vagues de licenciements dans le secteur public
dû aux applications des politiques d'ajustement structurel exigées
par la communauté internationale et les bailleurs de fonds
internationaux. Ce qui a conduit le pays à un taux de chômage de
66% en milieu rural et un taux 52.8% dans les zones urbaines.
Selon l'IHSI, 15,3% des actifs occupés dans l'aire
métropolitaine s'adonnaient à des activités de
fabrications tandis que le petit commerce employait à lui seul 38.4% en
2002. En 2000, le taux du travail indépendant comptait pour 75% du total
des actifs. Ce qui met en relief, une fois de plus, toute l'ampleur et le poids
du commerce informel dans l'économie d'Haïti.
Voici une synthèse de la distribution des emplois selon
la branche d'activité dans l'aire métropolitaine de
Port-au-Prince entre 86/87,99/00, 09/10.
Tableau 1.3. Distribution des emplois
Selon la
tranche d'activités
A
Port-au-Prince(%)
(1986/1987-1999/2000-2009/2010)
Branches d'activités
|
1985-1987
|
1999-2000
|
2009-201031
|
Agriculture/chasse/sylviculture
|
0,6
|
1,4
|
2,5
|
Industrie extractives
|
0,0
|
0,0
|
4,4
|
Industries manufacturières
|
22,9
|
16,2
|
10,20
|
Electricité, charbon de bois
|
0,5
|
0,5
|
6,9
|
Construction
|
4,0
|
5,6
|
8,4
|
Commerce
|
31,0
|
41,3
|
43
|
Transports et communication
|
4,9
|
5,7
|
5,8
|
Finance/ immobilier/ services
|
1,6
|
5,4
|
5,8
|
Services sociaux personnels
|
34,5
|
23,0
|
13,0
|
Total
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
|
Source: IHSI/EBCM 1999/2000, vol. I
Ainsi, nous aboutissons au fait que le petit commerce, et
donc la micro entreprise à un impact positif sur la réduction du
chômage à Port-au- Prince surtout pendant les années 2000
avec la vague d'apparition des institutions de micro finance non
coopérative, comme ACME MCN, SOGESOL etc. En d'autre termes, nous
pouvons affirmer sans risque de nous tromper que notre deuxième
hypothèse se vérifie, dans la mesure qu'effectivement comme nous
l'avons supposé la micro finance, via le petit commerce a
contribué grandement à diminuer le taux de
chômage dans le pays, en réduisant la
pauvreté. Elle peut donc constituer un fer de lance pour le
développement de l'économie plus particulièrement à
Port-au-Prince. Même si, celui reste encore très
préoccupant dans une logique classique qui prône une
économie de plein emploi et même dans une logique
keynésienne pour qui, la relance économique doit être
assurée par une stimulation de la consommation, donc la détention
d'un certain revenu que la loi psychologique aura la charge de partager entre
consommation et épargne.
Ceci est d'autant plus vrai que l'intér~t porté au
renforcement de la mobilisation des recettes dans les pays en
voie de développement ne cesse de croître. La plupart de ces pays
sortent de la
31 Ces données ont étés
estimés à l'aide des donnés recueillis par l'IHSI dans son
enquete sur l'emploi informel en 2010.
crise de 2008 avec des perspectives budgétaires dans
l'ensemble intactes (IMF, 2010), mais nombre d'entre eux sont toujours aux
prises avec le besoin fondamental de mobiliser davantage de recettes à
partir de leurs propres bases d'imposition. En ce sens, Haïti semble est
le meilleur exemple. La réalisation des objectifs du Millénaire
pour le développement nécessitera, semble-til, un accroissement
des recettes intérieures des pays à faible revenu (PFR) d'environ
4 % du PIB (Nations Unis, 2005). En cela, le petit commerce peut être
d'un apport significatif méme si, le premier ministre en poste
actuellement (Décembre 2011) en promet 10% pour les cinq prochaines
années, mais les perspectives sont incertaines. Les besoins en
infrastructures sont également importants et il faut s'attaquer aux
problèmes climatiques. Les économies avancées s'emploient
de plus en plus à augmenter leurs aides à ces efforts de
mobilisation des recettes. Dans ce contexte, les dirigeants des pays du G-20
ont demandé en novembre 2010 à divers institutions, dont les FMI,
de faire rapport sur les principales questions que soulève le
renforcement de la mobilisation des recettes, une opportunité
qu'Haïti n'as pas su malheureusement profiter.
Toutefois, étudier l'impact de la micro finance dans
l'amélioration des conditions des petits marchands et dans le secteur
informel n'aurait aucun sens si nous attardions uniquement à regarder
seulement d'un point de vue uniquement macroéconomique les effets de ces
structures. Alors il était pour nous un impératif d'aller voir de
plus près ce qui fait effectivement dans quelques IMF et de collecter
des données sur le point vue des bénéficiaires
eux-mêmes sur les retombés du micro crédit dans leur vies.
Le chapitre suivant aura pour objectif de présenter cette partie
empirique de notre recherche
4. - Etude de cas et Analyses empiriques.
4 .1 .1.Présentation générale
Fondée le 17 avril 1997, l'Association pour la
coopération avec la Micro Entreprise (ACME) est une institution de micro
finance dont la mission est d'aider les micro entrepreneurs qui, n'ont pas
accès au crédit bancaire à développer leurs
activités. Elle apporte une solution rapide aux besoins de
capitalisation du plus grand nombre d'acteurs (moyens et petits) du secteur
informel, quel que soit le type d'activité. La ACME a
débuté ses opérations de microcrédit à
Port-au-Prince en juin 1997 avec le support des particuliers et de l'USAID
à travers le Projet DAI/PRET. Depuis lors, l'institution accorde des
préts à travers la région métropolitaine surtout en
utilisant principalement la méthodologie de crédit individuel.
4.1.2. Caractéristiques de l'ACME
La ACME, est du point de vue juridique une association. Elle
vise des clients de type petits entrepreneurs, et cible une clientèle
pauvre. La typologie de crédit priorisé par l'ACME est le
crédit individuel, en raison des objectifs de l'institution qui cherche
à financer des très petits projets très dominants dans le
secteur informel.
L'institution est l'objet annuel des supervisions de la BRH,
procède à un audit interne et est l'objet d'évaluation
externe. Les impacts des préts délivrés par l'institution
sont annuellement mesurés par une institution étrangère,
voir tableau 1.4 (annexe)
4 .1 .3 Structures de la ACME
Au point de vue structurel la ACME est la résultante
d'un ensemble d'institutions de micro finance. Cette fusion a eu lieu en 2008
à la suite des difficultés que confrontaient ces institutions
pris individuellement. Ainsi, la ACME constitue un ensemble de réseau
qui est chacun géré par un conseil couvrant la
quasi-totalité du territoire national (ANIHM, rapport 2009).
De cette structure, ressort un service à la
clientèle d'une qualité remarquable. Au fait, tout se fait dans
l'institution dans le souci d'assurer la satisfaction de la clientèle,
toutes choses étant égale par ailleurs, bien sûr.
Le service à la clientèle
Les clients de la ACME appartiennent aux secteurs : de la
production, du commerce et des services. Les sous-secteurs touchés sont:
la couture, l'ébénisterie, la ferronnerie, la cordonnerie, la
restauration, l'artisanat, et la transformation des produits alimentaires.
Parmi les clients de la ACME, on retrouve également des
détaillants, des bouquinistes, des vendeurs de matériaux de
construction, de produits alimentaires, de boissons gazeuses, de
quincailleries, de vêtements, etc. La clientèle est
constituée à 69% de femmes. Les clients qui
bénéficient d'un crédit possèdent
déjà une activité située à un emplacement
fixe et le prêt reçu peut représenter au maximum 60% de
leur fonds de roulement.
L'institution propose des crédits de 1 000 à 75
000 gourdes au premier prêt sur des périodes de 3 à 6 mois,
pour les besoins en fonds de roulement ou pour le financement
d'activités de production. Le montant des prêts augmente au
renouvellement et en fonction de la capacité du client et le taux
d`intérêt est de 5% le mois, selon la ANIHM. En plus du bureau
central, l'ACME compte aujourd'hui dix (10) agences réparties à
travers la région métropolitaine de Port-au-Prince qui, au 30
Novembre 2006, desservaient 15, 816 clients pour un portefeuille de 246.8
millions de gourdes (soit plus de 6.5 millions de dollars américains).
En analysant la structure du portefeuille, les prêts compris entre 1 000
et 12 500 gourdes représentent 30% en valeur et 55% en nombre et le taux
de portefeuille à risque est de 6,24%.(ANIHM, Lettre d'information
2007)
Tableau 1.4. Evolution du portefeuille de la
ACME
Nombres total de prêts
décaissés
Date
|
Montant, 106 Gourdes
|
Juin 97
|
309
|
Juin 98
|
1
|
807
|
Juin 99
|
4
|
719
|
Juin 00
|
7
|
893
|
Juin 01
|
11
|
771
|
Juin 02
|
18
|
511
|
Juin 03
|
26
|
795
|
Juin 04
|
37
|
006
|
Juin 05
|
49
|
123
|
Juin 06
|
67
|
497
|
Octobre 06
|
76
|
527
|
|
Source : ANIHM, Lettre d'information décembre 06
Ce tableau met en relief l'évolution combien
considérable des prêts décaissés par la ACME pendant
une période relativement courte. On peut constater que le montant
décaissé est passé de 309 millions de gourdes à 76,
527 millions, soit une augmentation de 247% dans moins de 10 ans.
Graphique 1.1 évolution du portefeuille de la
ACME en millions de gourdes)
Source : Tableau 1.4
Outre son accroissement accéléré, ce qui
fait la force de l'institution c'est surtout ces opérations et les
mécanismes qu'elle met en place pour les réaliser. Voyons ce
qu'il en est exactement.
4.1.4 Mécanismes, opérations et
performances
A travers le temps, l'institution a su montrer sa grande
capacité à opérer et à évoluer dans un
environnement socioéconomique instable. En effet, la performance
affichée dans le contrôle des préts délinquants au
début de l'année 2004 et l'ajustement rapide et efficace du taux
d'intérêt pour contenir les fluctuations du taux d'inflation
confirment l'efficacité du système de gestion financière
et du personnel de la ACME. Actuellement, elle se positionne parmi les
meilleurs opérateurs dans l'industrie de la micro finance
haïtienne.
Des états financiers de standards internationaux, des
rapports financiers sont produits annuellement. La ACME se fait auditer, chaque
année, par une firme locale autorisée. Depuis 2002, elle se fait
évaluer régulièrement par la firme d'évaluation
financière internationale
Microfinanza. En 2004, elle a reçu le prix CGAP2 de la
transparence et a été la seule institution francophone à
être primée. Sa notoriété ainsi que son image
auprès des financeurs internationaux s'est fortement
développée depuis.
C'est ainsi qu'elle s'est vue offrir de manière
régulière des prêts à moyen et à long termes
pour plusieurs millions de dollars américains par des institutions
financières internationales. Elle finance ses activités à
partir des crédits bancaires garantis par des institutions
internationales ainsi que des surplus d'opérations. Le financement de sa
croissance est fait à partir des fonds empruntés. L'institution
en a profité pour améliorer l'effet levier de deux(2) Groupes de
Consultation et d'Assistance aux Pauvres sur ses ressources et pour avoir une
portée assez significative. Il importe également de
préciser que la ACME est une institution de micro finance qui a atteint
l'autosuffisance financière; donc, elle arrive à couvrir,
à partir de ses revenus d'exploitations, ses dépenses de
fonctionnement ainsi que les coûts cachés tels que ceux
résultant de l'inflation. En termes de perspectives, l'ACME compte
renforcer son système d'information de gestion (SIG). Une étude
pour évaluer les besoins a été réalisée et
un appel d'offres a été lancé pour l'acquisition d'un
nouveau système. Cinq firmes dont une locale y ont déjà
répondu. En ce qui a trait à ses produits et services, elle
compte financer, dans les zones rurales, des activités liées
à l'agriculture et à la production avicole. Une expérience
est en cours dans son agence à la Croix-des-Bouquets. Pour consolider sa
position parmi les leaders du marché, elle multiplie des actions pour
atteindre la barre des 30 000 clients de manière à augmenter sa
couverture de tout le territoire national. (Voir tableau 1.5 en annexe).Ce
tableu met en exergue la valeur des principaux ratios d'analyse financieres de
la ACME au 30 Septembre 2009.
Nous allons maintenant proceder à une presentation de la
SOGESÒL, ce qui facilitera notre analyse comparative.
4.2. La SOGESOL
4.2.1 Présentation générale
La SOGESOL (Société générale de
solidarité), est une institution de micro finance, à titre
juridique de société privé. L'institution est née
en juillet 2000 suites aux désirs exprimés par la SGEBANK de
fournir des services financiers à cette catégorie de la
population que l'on considérait jusqu'alors non bancable. La «
SOGESÒL » a délivré son premier prêt le 9
novembre 2000, deux ans plus tard, elle désert plus de 9,000 clients,
décaisse 25,000 prêts pour un montant total de quelques dix
millions de gourdes. Elle a desservi en 2007 plus de 6,500 clients actifs avec
un portefeuille de trois millions de dollars américains dont 3.2%
à risque pour plus de 30 jours et commence alors à être
rentable. Le remboursement en retard (un jour au plus tard) est à un
taux raisonnable de 6%. Le taux d`intérêts pratiqués par la
SOGESOL avoisine les 50%
Sa mission est, selon son PDG Pierre Marie BOISSON, de
promouvoir le micro-entreprenariat haïtien en adaptant les services
bancaires traditionnels aux besoins des micro-entrepreneurs, tout en respectant
les standards de rentabilité et d'efficience.
4.2.2 Caractéristiques de la SOGESOL
La SOGESOL, comme institution de micro finance revêt
d'un ensemble de caractéristiques propre aux IMF. Toutefois elle
présente certaines spécificités organisationnelles et
structurelles qui font d'elle une institution unique.
Société de droit privé,
la SOGESOL se concentre à 50% à Port-au Prince. Elle finance en
grande partie le secteur informel (75%) et vise particulièrement le
petit commerce (75%) et les employés du commerce formel (25%). Sa
méthodologie du crédit recouvre principalement le crédit
individuel et le crédit aux PME. La plus forte partie de son
portefeuille est confinée dans des prêts dont le montant est
compris entre 25 000 à 125 000 gourdes, ce qui lui donne un certain
avantage par rapport à ces concurrents immédiats, même si
elle est loin d'être le leader du marché. Son encours du
crédit s'élève en 2009 à 239,852, 076 gourdes avec
un prêt moyen de 32,793 gourdes. Ses ressources proviennent des fonds
public, des ONG et autres. Elle appartient à un réseau
international, elle est l'objet de supervision de la BRH et finance les femmes
à hauteur de 58%.Voir Tableau 1.6 (Annexe).
4.2.3 Structures de la SOGESOL
La SOGESOL à une structure organisationnelle identique
à toutes les IMF. En ce sens, l'institution est
constituée d'un conseil d'administration, ayant à sa tête
un président, un trésorier, un secrétaire et deux membres
sur quoi est greffé un conseil de crédit, responsable de
l'analyse et du suivi des crédits. L'institution entretient, au point de
vue structurel et organisationnel, des rapports étroits avec la SOGEBANK
de qui elle est fille. Ainsi, elle garde à la fois une identité
d'IMF et adopte une forme organisationnelle et structurelle identique aux
banques commerciales ce qui constitue, à la fois un handicap et un
avantage pour l'institution. A cet effet, le personnel de la SOGESOL est, pour
la plupart du temps, formé par la SOGEBANK de qui, quand ils ne sont pas
des employé directs, le sont indirectement, mais sont appelés
à mettre leur savoir au service de l'institution micro
financière.
Voyons maintenant ce qu'il en est du service offert à la
clientèle afin de faire une comparaison d'avec la ACME.
Service à la clientèle
La SOGESOL, dessert près de 11,640 clients (ANIHM 2009)
à travers une gamme très diversifié de produits:
· Fond de roulement aux micros et petit entrepreneurs du
secteur informel.
· Prêt à la consommation
développé spécialement pour la clientèle d'ouvriers
d'usine et du Commerce.
· Prêt pour l'amélioration de l'habitat des
micros et petits entrepreneurs, à et cet égard l'institution est
singulière.
· Produit pour achat d'actifs immobilisés pour le
commerce. La clientèle a aussi accès à l'épargne
à travers un produit d'épargne spécialement conçu
pour elle en collaboration avec la SOGEBANK, à travers lequel sont aussi
offert des décaissements et des remboursements automatiques sur
compte.
La méthodologie utilisée est, comme on l'a
déjà dit, celle des prêts individuels en zone urbaine. Plus
de 62% de la clientèle est constituée de femmes, et une grande
majorité de cette clientèle se retrouve dans le secteur du petit
commerce. Au 30 juin 2007, le portefeuille de la SOGESÒL était de
434, 277, 492 gourdes, pour un nombre total de 11, 636 clients actifs, ce qui
équivaut à un portefeuille moyen de 37, 322 gourdes. Le PAR
(Prêt à risque) à 30 jours est égal à 8.95%
du portefeuille total. Au 30 juin 2007, le ratio d'autosuffisance
administrative était égale à 177.77% le ratio
d'autosuffisance opérationnelle était de 111.47% le ratio
d'autosuffisance financière est de 98.5%.(ANIHM, rapport annuel
2007).
Si dans la gamme des produits offerts, la SOGESOL est
beaucoup plus diversifiée que celle de ces concourants, le portefeuille
de cette dernière ainsi que le nombre de clients de celle-ci est de loin
inferieure à ceux de la ACME. Celle-ci devance aussi la SOGESOL dans la
qualité du portefeuille et de sa présence sur le territoire
national. Voir tableau 1.4 (annexe)
2.2.4 Mécanisme opérations et
performances
Peu de temps après son lancement en 2000, la SOGESOL a
connu des taux de croissance spectaculaires tant au niveau des montant des
prêts, que du nombre de client actifs, et de l'autosuffisance
administrative et fonctionnelle. Ainsi, son portefeuille s'élevait, en
2009 à 492 millions de gourdes, pour un nombre total de 12,313 clients.
Les ratios les plus significatifs au cours de cette même année
s'élevaient à 138.2% pour l'autosuffisance administrative et
113.4%
pour l'autosuffisance opérationnelle. Alors, qu'ils
étaient au 30 juin 2007 de 177.77% (le ratio d'autosuffisance
administrative), et de 111.14% (le ratio d'autosuffisance
opérationnelle) et 98.5% pour le ratio d'autosuffisance
financière (ANIHM, rapport 2009). Ce qui sous-tend une
légère baisse dans la performance financière de
l'entreprise, ce qui n'empêche cependant une augmentation
considérable du portefeuille et du nombre de clients actifs.
D'autre part, les opérations de l'institution se sont
avérées de plus en plus importantes et nombreuses en 2009. En
effet, au cours de cette année les opérations comme :
KASH RAPID (financement pour acquisition de stock), KREDI
KAY (prêt pour construction et aménagement de maisons),
BYEN PAM (financement d'achats de biens durables) sont venues
renforcer les opérations déjà existantes de l'institution.
Sans oublier les offres des services de santé et d'assurance de
décès proposé par l'institution, en partenariat
respectivement avec la DASH et la PROTECTA. Passons maintenant à la
MCN.
4.3 La MCN
4.3.1 Présentation générale
La MCN, (Micro Crédit National), est une Institution
de micro finance établie en Haïti depuis le 26 novembre 1999, sa
mission est d'offrir aux petites et moyennes entreprises (PME) n'ayant pas
accès au système bancaire traditionnel des services financiers
compétitifs et adaptés à leurs besoins quelques soit le
point du territoire où ils se trouvent. Récemment, MCN a
démarré un programme de préts aux salariés dans le
cadre d'accord avec leurs employeurs. Les préts octroyés par MCN
varient entre HTG 1,000 à HTG 3,000, 000. De sa mise en opération
en novembre 1999 au 30 septembre 2007, MCN a décaissé plus de
58,000 crédits pour un montant total de près de trois (3)
milliards de gourdes. Le réseau national actuel de Micro Crédit
National est composé de 15 guichets dont six (6) dans la zone
métropolitaine de Port-au-Prince (2ème ruelle
Jérémie, Mgr Guilloux, Pétion-Ville, Croix-des-Bouquets,
Croix-des-Bossales et
Carrefour) et neuf (9) dans les villes de provinces.
(Cap-Haïtien, Port-de-Paix, Gonaïves, St Marc, Mirebalais, Cayes,
Jacmel, Miragoâne, et Petit-Goâve). (Groupe financier National,
2009).
4.3.2 Caractéristiques de la MCN
Le Micro crédit national S.A. (MCN), est une
société de droit privé régie par les lois
haïtiennes et spécialisée dans l'octroi de crédits
aux micros, petites et moyennes entreprises du secteur informel dont les
propriétaires n'ont pas un accès facile au crédit des
banques commerciales. À 41%, elle se trouve à Port-au-Prince,
elle priorise le crédit individuel et possède un portefeuille
diversifié avec le plus fort pourcentage consacré au prêt
compris entre 25,000 et 125,000 gourdes. Voir tableau 1.5 (Annexe).
Composé d'un actionnariat haïtien et étranger et
présent sur le marché de la micro finance depuis le 26 Novembre
1999, MCN propose des crédits allant de 1,000 à 1,000,000 HTG sur
des périodes de 3 à 18 mois pour les besoins en fonds de
roulement ou pour financer de petits investissements. Ces crédits
peuvent couvrir des activités commerciales très variées
allant du financement du petit commerce des étalagistes de rue, d'un
atelier de couture, d'un "shop" d'ébénisterie à celui d'un
cybercafé.
4.3.3 Structures de la MCN
Au point de vue structurel, la MNC est très semblable
à la SOGESOL, en ce sens, qu'elles évoluent toutes deux sous la
tutelle d'une banque commerciale. L'institution est donc dirigée par
conseil ayant à sa tête un président, trésorier, un
secrétaire et deux membres avec évidemment un conseil de
crédit responsable de l'analyse et du suivi des crédits.
L'institution entretient des rapports étroitement liés avec la
UNIBANK, son principale partenaire financier ce qui lui garantit une certaine
assise. La MCN entretient également des rapports très
étroits avec sa clientèle, les rapports à ce niveau sont
plutôt horizontaux. Avec ses nombreuses succursales à travers tout
le pays la MCN pratique une politique de proximité, c'est l'un des
points fort de l'institution.
4.3.4 Mécanismes opérations et
performances
Les opérations de crédit sont les principales
activités de la MCN. Elle privilégie les prêts de faibles
montants et assai de diminuer au plus que possible les garanties que le
demandeur de crédit doit avancer pour bénéficier d'un
prêt. Ainsi, « pour solliciter un prêt à MCN, le
demandeur, muni de sa carte d'identité, n'a qu'à se
présenter à l'un de nos guichets. Aucun état financier,
aucune expérience préalable de crédit, aucune
hypothèque ni cash collatéral ne sont exigés. L'agent de
crédit affecté à votre dossier se charge de rassembler
toutes les informations nécessaires à l'étude de la
rentabilité économique et financière de votre entreprise.
Il vous accompagnera immédiatement après votre demande pour
discuter et analyser avec vous les meilleures conditions de votre prêt
» nous a confié un responsable de l'institution.
Au point de vue de la performance, la MCN comme toutes IMF a
connu des progressions considérables de sa création à
aujourd'hui, même si cette progression est moins rapide chez elle que
chez les deux autres institutions précédemment
présentées. Mais il faut signaler, que mise à part les
opérations de prêt au petit commerce peu d'informations sont
disponibles sur les autres opérations de la MCN, mais nous pouvons
avancer sans risque de nous tromper que les activités de crédits
ne sont pas les seules opérations de l'institution.
4.4 Impacts socio-économiques des
activités de la MNC, SOGESOL et ACME
Comme on vient de voir, les trois institutions de micro
finance : ACME, SOGESÒL et ACME ont joué un rôle important
un dans distribution du crédit dans le pays. Elles ont donc
participé dans la création de pourvoir d'achat, dans la
réduction de du chômage et dans une certaine mesure dans
l'amélioration des conditions de vies.
Ces trois institutions, en effet possèdent à
elles seules un portefeuille et une clientèle supérieure au reste
de la totalité des institutions de micro finance non coopératives
réunis selon la ANIHM en 2009 (voir graphique 2 en annexe). Elles ont
fait preuve d'un dynamisme et d'une performance extraordinaires depuis leurs
apparitions vers les années 2000. Elles ont su trouver toute une gamme
de produits financiers adaptés à la situation des petites bourses
et ont arrivé à
faire porter par des petits entrepreneurs des taux
d'intérêts relativement élevés que l'on pensait
qu'il était impossible de soutenir. Elles ont donc participé dans
le processus de revitalisation de l'économie et ont créé
la voie pour l'émergence de micro entreprises, et la possibilité
d'émancipation sociale et de réalisation individuelle.
Afin de renforcer ces points vue et d'étudier la
validité de notre troisième hypothèses, nous avons
été demandé aux bénéficiaires du
microcrédit eux-mêmes comme ils voient la pratique du
microcrédit à Port-au-Prince et comment celui-ci a touché
leur vies. Nous présenterons à la prochaine section les
résultats de nos entretiens. Mais d'abord voyons quelques aspects
théoriques y afférents.
Section 2.- Résultats des entretiens
exploratoires
4.5.- Méthodologie
Comme nous l'avons déjà dit nos entretiens ont
été réalisés avec des petits marchands de la zone
métropolitaine bénéficiant du microcrédit. Ainsi,
pour éviter des corrélations et pour s'assurer de la
représentativité de l'échantillon, nous avons choisi au
hasard des petits commerçants au centre-ville de Port-au-Prince. Mais on
ne pouvait s'empêcher qu'une bonne partie de nos interrogés soit
des femmes. Ceci est dû au fait que, les activités de petits
commerces sont en générale pratiquées par des femmes.
Alors, cette caractéristique de l'échantillon est belle et bien
représentative de notre population.
4.5.1.- l'échantillonnage et questionnaire
Comme nous l'avons déjà dit, nous avons choisi
de manière aléatoire les individus qui seraient susceptible de
répondre à nos questions, donc notre échantillonnage est
probabiliste. Chaque membre en effet de notre population (l'ensemble des petits
marchands de Port-au-Prince et de ces environs ayant contracté un
prêt dans une institution de micro finance non-coopérative) avait
une chance connue et non nulle de faire partie de notre échantillon.
Chaque membre de l'échantillon a été soumis à un
questionnaire qui comportait 16 questions pour la plupart ouvertes, dans le
souci de donner une plus grande liberté d'expression aux marchands.
Elles portent la plupart d'entre elle sur des variables qualitatives et
suscitent des réponses révélatrices.
Notre questionnaire a cherché le plus que possible a
respecté les critères de : clarté de neutralité et
de pertinence dont on exige d'un bon questionnaire. (Voir le questionnaire en
annexe).
4.5.2.- l'unité statistique
Il est évident que l'unité statistique dans le
cadre de nos entretiens est un petit marchand faisant la fonction de
négoce dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Mais
celui-ci doit bénéficier d'un prêt dans une instituions de
Micro finance dans l'intervalle 1995- 2010, bornes comprises.
4.5.3.- Définitions des variables.
Nous allons procéder à
l'opérationnalisation des principaux termes utilisés dans notre
questionnaire.
Institution de Micro finance
· ACME
· MCN
· SOGESÒL
Condition de vies
· Bonne
· Assez bonne
· Ni bonne ni mauvaise
· Mauvaise
Niveau de satisfaction de l'IMF
· Beaucoup
· Un peu
· Pas vraiment
· Pas du tout
Opinion à l'égard des
IMF
· Favorable
·
Indécis
· Non favorable
· Autres
Age
· Moins de 40 ans
· 40-50 ans
· 50 et plus
Sexe
· Fille
· Garçon
4.6.- Présentation des résultats
Maintenant, le cadre méthodologique étant
spécifié présentons les principaux résultats de nos
entretiens.
Il est à noter que certaines données (surtout
les montants des prêts) ne sont pas exactes, car les questionnés
eux-mêmes étaient dans l'impossibilité de nous fournir les
montants exactes, alors ces données ont été majoré
ou minoré selon les explications du questionné.
Plusieurs faits ont en effet attiré notre attention
dans les réponses, mais il ya certains qui sont avec leur
expressivité et leur caractères répétitifs frappant
et méritent d'être signaler. Par exemple, 10 sur 10(100%) des
bénéficiaires de la SOGESÒL interrogés ont une
opinion favorable à l'égard l'institution et que 9 sur 10 nous
affirment avoir entrepris cette activité de commerce parce qu'il leur
est impossible de trouver un emploi autre que dans une «
factorerie32 ». 40% des bénéficiaires ont vu le
montant de leur prêt plus que doublé lors de leur second
prêt. Deux autres faits ont retenus notre attention :- un petit
commerçant avoue avoir commencé son commerce avec 150 gourdes
(3,75 USD) au taux du jour, cependant cette dame possède maintenant un
important commerce et avoue ne contracte plus de prêt dans les IMF- une
commerçante avoue qu'elle vient de décrocher grâce à
ses régularités de paiement un second prêt de 500,000
gourdes alors que le premier était de moitié. Les tableaux qui
vont suivre donneront un résumé de ces résultats et de
bien d'autres
32 Fait référence uniquement au secteur
de la sous- traitance
Tableau 2.1.- Évolution de dix prêt de la
SOGESOL au 2ieme prêt
Variables Individus
|
Montant 1ier prêt
|
Montant
2 ième prêt
|
Augmentation (en %)
|
1
|
20.000
|
45.000
|
125
|
2
|
25.000
|
53.000
|
112
|
3
|
100.000
|
|
|
4
|
30.000
|
35.500
|
18.33
|
5
|
100.000
|
250.000
|
150
|
6
|
250.000
|
450.000
|
80
|
7
|
10.000
|
25.000
|
150
|
8
|
2.500
|
2.800
|
12
|
9
|
15.00
|
17.000
|
13.33
|
10
|
20.000
|
|
|
|
Source : entretiens avec des petits marchands, Décembre
2011
Ce tableau est expressif et montre l'évolution croissante
du montant des prêt au deuxième décaissement, le
troisième et dixième interrogé n'étaient pas en
mesure de fournir les montants.
Graphique 1.2 évolution au deuxième
décaissement des prêts de la SOGESÒL
Source: tableau 2.1
Deux conclusions peuvent être tirées de ce
tableaux et de nos analyses qualitatives : premièrement, les petits
marchands croient que le commerce est pour eux la seule façon
d'échapper au chômage, deuxièmement, ils pensent que le
microcrédit aide leur activités de commerce à se
développer a et à se maintenir surtout dans les périodes
succédant des crises. Les prêts des IMF les aident donc à
répondre à certains des besoins et de leurs familles. Toutes
fois, la liaison entre microcrédit et amélioration des conditions
de vies des petits marchands n'est pas évidente, car c'est plutôt
le petit commerce et non le crédit en soi qui améliore les
conditions de vies.
La situation du côté des
bénéficiaires de nos deux autres IMF n'est pas trop
différente, elle présente surtout des petites différences
au niveau du montant des prêt, nous allons présenter deux tableaux
similaires pour les deux autres institutions afin de faire ressortir ces
petites variétés.
Tableau 2.3.- évolution au 2ieme
décaissement de dix prêts de la ACME
Variables
Individus
|
Montant 1ier prêt
|
Montant
2 ième prêt
|
Augmentation (en %)
|
1
|
180.000
|
36.500
|
102.77
|
2
|
250.000
|
275.000
|
10
|
3
|
20.000
|
44.000
|
120
|
4
|
15.500
|
19.500
|
25.80
|
5
|
13.250
|
27.000
|
103.7
|
6
|
5.000
|
7.800
|
56
|
7
|
10.000
|
11.500
|
15
|
8
|
23.250
|
26.000
|
11.82
|
9
|
13.000
|
26.250
|
101.9
|
10
|
|
|
|
|
Source : entretiens avec des petits
marchands, décembre 2011
On voit ici clairement comment le montant prêté
progresse considérablement d'un prêt à un autre. Mais,
c'est encore plus visible sur le graphique que nous présenterons dans la
page suivante.
Graphique 1.3.Évolution des prêts de la ACME
au deuxième décaissement
Source : Tableau 2.3
On voit ici que c'est seulement 30% des interrogés qui
ont leur deuxième prêt plus que doublé au moment du second
prêt. Deuxièmement, 20% des interrogés n'ont pas une
opinion favorable aux activités des IMF. Ces derniers pensent que les
IMF ont leur rôle dans l'économie, mais elles réalisent
à l'heure actuelle peu de chose dans le but de leur aider effectivement,
surtout à cause du niveau des taux d'intérêt et de la
pénalité qu'on leur exige en cas de retard « ou toujou gen
kè sote, lèw gen kòb biwo nan men ou, men ou konnen ou pa
gen le chwa »(le microcrédit peut être source de tourment
mais...) a exclamé un petit marchand.
Voyons maintenant ce qu'il en est des clients de la MCN.
Comme on l'avait le déjà dit, il ya peu de
chose distingue les clients de la MCN des deux autres institutions, mais
étant donné que de simples variations peuvent occasionner des
conséquences tellement différentes dans une analyse, voyons ce
qu'il en de clients de la MCN par la présentation du tableau
synthétique de l'évolution des prêts identiques aux
précédentes.
Tableau 2.5.- Evolution au 2ieme
décaissement de dix prêts de la MCN
Variables
Individus
|
Montant 1ier prêt
|
Montant
2 ième prêt
|
Augmentation (en %)
|
1
|
18.000
|
36.250
|
10.138
|
2
|
255.350
|
275.000
|
7.69
|
3
|
20.000
|
46.000
|
130
|
4
|
15.500
|
31.000
|
100
|
5
|
10.250
|
25.000
|
143.9
|
6
|
5.000
|
8.500
|
70
|
7
|
10.000
|
10.500
|
5
|
8
|
23.250
|
27.500
|
100
|
9
|
13.000
|
|
|
10
|
12.500
|
|
|
|
Source : Entretiens avec les petits commerçants,
Décembre 2011
On voit que seulement 30% des clients ont leur second
prêt supérieur au double du premier. Cependant, on doit tenir
compte du fait que 2 sur 10 soit 20% des bénéficiaires de MCN
étaient dans l'impossibilité au moment de l'entretiens de nous
fournir des informations nous permettant, même de faire une approximation
du montant du prêt qu'ils avaient contracté, ceci est dû
grandement au fait, que selon leur dires, qu'ils ne font plus de prêt de
dans les institutions de micro finance, ça fait un bon bout de temps.
Graphique 1.4 evolution des prets de la MCN au deuxieme
decaissement
Source : Tableau 2.5
Il ya aussi peu de différences entre les points de
vues des clients de la MCN sur les IMF et de celles des clients de la ACME et
de la SOGESOL, car seulement deux sur dix (20%) clients de la MCN
interrogés nous confient avoir entrepris l'activité (commerce)
pour une raison autre qu'une manque d'emploi du pays, et un seul n'est pas
catégorique dans ces opinions favorable vis-à-vis de
l'institution.
Quoi donc pouvons-nous conclure? C'est à cette question
que le point suivant cherchera à répondre.
4.6.- vers une vérification de notre
première hypothèse
On doit dire pour rappel, que le but de ce chapitre
était d'étudier cas par cas nos trois
institutions, de
collecter et d'analyser les points de vues de petits marchands; pour non
seulement, toucher l'aspect empirique de notre travail, mais
aussi et surtout pour étudier la validité de notre
première hypothèse qui postulait que :
Le microcrédit, en créant un
SR 1RIIIO'DIKDt, a contribué à améliorer les
conditions de vies des marchands bénéficiaires.
Cependant, étant donné que la plupart des
marchands interrogés (plus de 90%) nous confirment avoir
contracté leur premier prêt non pas pour débuter le
commerce, mais pour l'augmenter et ces marchands avouent d'autre part que le
commerce est leur principale source de revenus et donc leur moyens de
subsistance. On peut tout de suite déduire que c'est le commerce, et
indirectement le microcrédit (dans certain cas) à des impacts
considérables sur la vie des petits marchands. Il peut toutefois avoir
amélioration des conditions de vies des petits marchands sans
augmentation du volume de microcrédit pendant une période
donnée.
Alors il serait plus exacte de dire (compte tenu des
données recueillies) que le microcrédit peut contribue
à améliorer les conditions de vies de petits marchands.
Mais, la formulation précédente à tout son sens
dans la mesure où « amélioration des conditions de vies
» impliquent la prise en compte de certains paramètres que la
simple pratique d'une activité de commerce de saurait nullement
englober.
Après ce long voyage, vient le moment de tout dire en
peu de mot de revoir où nous somme dans la pratique de la micro finance
et projeter des perspectives d'avenir. Ce sera l'objet de la conclusion et des
perspectives de notre travail.
Conclusion et perspectives
Au terme de cette recherche nous avons pu montrer que la
micro finance à des impacts tant positifs que négatifs sur le
secteur informel en Haïti pendant la période 1995- 20010. Les
impacts positifs sont cependant plus significatifs et sont plus visibles sur la
vie des petits marchands bénéficiaires du microcrédit, sur
les recettes de l'Etat et dans la réduction du chômage dans le
pays. Alors que, les impacts négatifs se font sentir plus
particulièrement sur la production nationale et dans l'informalisation
des activités économiques et dans la création d'un
processus d'endettement de certains bénéficiaires. En ce sens,
nous avons présenté et analysé le développement de
la micro finance à travers le monde et en Hatti,
particulièrement. Et avonsnous démontré tout au long de
notre problématique surtout, que la micro finance a créé
des conceptions nouvelles dans la pratique du crédit dans
l'économie haïtienne et répond à un grand besoin de
financement du secteur informel.
Nous avons par ailleurs présenté la micro
finance en tant qu'élément pouvant jouer un rôle dans la
relance économique du pays, en occasionnant une réduction de la
pauvreté avec création de nouveaux pouvoir d'achat réel et
en étant le principale partenaire financier du petit commerce formel
et/ou informel.
La micro finance en tant qu'élément pouvant
jouer un rôle dans la relance économique du pays. La micro
finance peut jouer un rôle considérable dans la relance
économique avons-nous montré car à travers les IMF se
tissent des liens socio-économiques qui favorisent l'esprit
d'initiative, l'émergence de nouveaux entrepreneurs. Mais, les
pouvoirs publics ont leur partition à jouer, car un pays comme
Haïti doit concevoir des stratégies adaptées à sa
situation pour accroître et faciliter l'accès de toutes les
strates de la population aux services financiers de base. Ces stratégies
doivent ensuite Etre concrétisées dans le cadre de mesures de
politique générale et de plans de mise en °oeuvre effective.
Dans cette optique, une multitude d'intervenants doivent collaborer
à l'élaboration des stratégies et déterminer
ensemble les meilleures façons d'organiser la mise en oeuvre des
actions. Même si en absence de telles stratégies, surtout
en milieu rural, la micro finance a conduit à ce que certains
économistes appellent « une révolution
financière » en prouvant que les plus pauvres sont bancables
et sont capables de supporter des taux d'intérêts relativement
élevés. Elle favorise dans
sa méthodologie de crédit (crédit
individuel surtout) l'émergence de nouveaux entrepreneurs, en ce sens
que le crédit, moteur de l'entreprise privée dans
l'économie d'aujourd'hui, devient plus accessible et moins
onéreux. Elle contribue également à la réduction
des inégalités de genre en ce sens qu'il existe au sein de la
micro finance tout est un mécanisme qui est mis en place dans
l'idée que les femmes puissent jouir des avantages considérables
par rapport aux hommes dans leur demande de financement. Il ya d'ailleurs
même des IMF qui ne prêtent qu'aux femmes et celles qui
prêtent aux deux sexes ont vu la plupart temps un fort pourcentage
(environs 60% pour les trois institutions étudiées) de leur
portefeuille consacré aux prêts accordés aux femmes.
La micro finance en tant que moyens efficaces de
réduction de la pauvreté. Nous avons montré dans ce
travail, surtout au niveau du deuxième chapitre, que la micro finance
est un puissant instrument de luttes contre la pauvreté en ce sens que
le microcrédit permet de développer de petites activités,
il se repose sur les activités individuelles, sur une valorisation de
l'être et sert à tisser les liens sociaux surtout après les
périodes de grandes guerres33 et de catastrophes naturelles.
D'autres part, la micro finance favorise la réduction du taux
d'analphabétisme et sert de moyen de résistances des plus
vulnérables aux chocs économiques internes et externes.
Même si avons-nous signalé, que le grand défi des
études de l'impact des mesures est d'améliorer la
crédibilité et l'efficacité des programmes de
micro-financement. Néanmoins, il est difficile et coûteux de
mesurer, avec précision, l'impact d'un programme sur des
éléments socioéconomiques tels qualité de vie,
création d'emplois durables, pouvoir social, émancipation de la
femme, etc. qui sont des variables qualitatives. Ces considérations nous
avait conduit à la vérification de notre deuxième
hypothèse à savoir qu'effectivement Le microcrédit
a eu un 1P S0cNiSINNEisuCILilVInoP 11-i101Ni1-In1-i(réduction du
taux de chômage, augmentation des UHe111132- l'EO) dans
sa globalité pendant la période 1995-2010.
La micro finance en tant que premier partenaire du petit
commerce. Nous avons en effet montré à la deuxième
section du deuxième chapitre du travail que le petit commerce, qu'il
soit formel ou informel est financé à près 90% par la
micro finance. Celle-ci fait donc du commerce sa priorité en raison
évidemment de la nature des activités commerciales qui permet
d'effectuer un flux
33 Exemple, après le génocide au
Rwanda
considérables d'opérations sur une
période relativement courte et de pouvoir supporter des taux
d'intérêts relativement élevés tout offrant un
niveau de risque moindre par rapport aux activités de productions
agricoles et/ou industrielles de longue durées. En cela, la micro
finance combinée au petit commerce trouve sa véritable expression
dans la réduction du chômage, dans l'augmentation des recettes de
l'Etat pour ne citer que ceux-là. Car d'une part, La petite entreprise
commerciale, a un rôle fondamentale dans la création d'emploi et
la dynamisation de l'économie, avons montré au troisième
chapitre. Ainsi donc, nous avons abouti au terme de ce chapitre au fait que la
micro finance, via le petit commerce a contribué grandement à
diminuer le taux de chômage dans le pays. Elle crée de nouvelle
opportunité, et est le mode de financement approprié pour les
pays en voie de développement comme l'a si bien prouvé les
exemples Boliviens, Argentins et Sud-africains. Nous avons abouti à la
conclusion que si les limites actuelles de la micro finance sont prises en
compte par les décideurs et si l'on exploite tous les avantages qu'elle
offre par rapport au crédit bancaire traditionnel, la micro
finance34 peut constituer un fer de lance du développement
socio-pF14oL TTXe d'fI- 1ïti. Puisque d'autre part, toute
réduction du taux de chômage nous rapproche le plus possible vers
la réalisation du plein emploi des ressources de l'économie et
donc vers la croissance et l'amélioration du bien-être individuel
et collectif. Les résultats des entretiens avec les petits de port-au-
prince ne font que confirmer ce point de vue. C'était la
vérification de notre troisième hypothèse.
D'un autre côté, nous avons
présenté nos trois institutions de micro finance, nous avons
montré leur poids dans la résolution du problème de
crédit en Haïti et le développement économique global
du pays, ceteris paribus. En ce sens, nous avons montré comment les
portefeuilles de crédit des IMF évoluent de manière
significative sur des périodes relativement courte, et comment elles ont
su proposé à la clientèle toute une gamme de produits
financiers et autres adaptés à leur besoin, d'où
l'expression « la création des services financiers accessibles
». Nous avons montré également comment elles ont su faire
preuve de dynamisme et de bonne performance même dans les situations les
plus difficiles. Elles ont donc grandement participé à ce
mouvement de justification du fait que les petites bourses sont bancables.
Elles ont amené avec des prêts de faibles montants des gens
à développer leur propre activité et/ou augmenter
34 Y la micro-assurance, l'organisation des
transferts de la diaspora etc.
leurs micros entreprises et augmenter donc leurs revenus
disponibles. Mais à ce sujet il faut faire le point pour dire, comme
nous l'avons montré à la deuxième section du chapitre
quatre, que l'amélioration des conditions de vies n'est pas forcement
dü aux actions de la micro finance. Car, le petit commerce source de cette
amélioration n'est pas nécessairement une résultante de la
micro finance. Il vient alors non pas de dire que notre première
hypothèse n'est pas vérifiée, mais une obligation de
précision qui nous amènera à une hypothèse
reformulée comme suit : Le microcrédit peut contribue
à améliorer les conditions de vies de petits marchands.
On peut dire, que microcrédit et amélioration des
conditions des petits marchands marchent de pairs dans la mesure où
cette activité de commerce qu'entreprends le marchands est
financé par une institution de micro finance. Nous avons montré
à la fin du quatrième chapitre à quelle condition cette
hypothèse se justifie.
Nous venons donc de faire ressortir la relation qui existe
entre le microcrédit et l'amélioration des conditions de vies des
petits marchands qui était l'objectif principal de la recherche. C'est
une relation certes conditionnée, mais qui est d'une importance capitale
dans la recherche de solution au problème de la pauvreté et de la
misère qui rongent notre chère Haïti. Les décideurs
politiques et économiques doivent donc trouver les meilleurs moyens pour
faire de la micro finance un vecteur de développement économique
en insistant sur les avantages du microcrédit et sur les
capacités des petites bourses de répondre aux exigences de ces
institutions. Mais, tous cela doit être circonscrit dans un plan
de développement économique intégré et
participative. Car, comme nous l'avons montré au deuxième
chapitre, le microcrédit a un poids important dans le commerce informel,
lorsqu'il épargne les petits commerçants des taux
d'intér~t usuriers de la finance informel et lui assure des moyens de
financement rapide et adapté aux besoins. Nous pouvons dire
alors, sans risque de nous tromper que nos objectifs dans le cadre de cette
recherche ont été valablement atteints. Car non seulement nos
recherchent nous ont fournies le bagage théorique et empirique de
pourvoir de répondre comme suit à nos questionnement de recherche
:
? À la question : quel est l'impact global de la micro
finance dans l'amélioration des conditions de vies des petits marchands
?
Un impact positif dans l'ensemble, par le biais du petit
commerce formel et informel en améliorant les conditions de vies des
petits marchands. Mais aussi a des impacts négatifs sur le
système productif haïtien qui se dégrade de jour en jour.
· A la question : peut-on faire de la micro finance un
pilier de l'économie ?
Oui, dans la mesure où l'on change de paradigme dans la
manière de voir et de percevoir la micro finance dans le pays en lui
créant surtout un cadre légal de fonctionnement35.
· À la question : la micro finance est-elle capable
dans sa philosophie actuelle de promouvoir la croissance économique du
pays ?
Pas tout à fait, si l'on considère toute la
limite et les principes clés qui sous-tendent les activités des
IMF, d'où la nécessité de ce changement de paradigme et
d'un nouveau schéma d'intégration des actions micro
financière.
Mais aussi, il nous donne de pouvoir comprendre et mettre en
relief que les perspectives d'avenir de notre système économique
peut se reposer ceteris paribus sur le potentiel et le dynamisme de la
micro finance qui a déjà prouvé dans des pays comme la
France, la Bolivie, l'Argentine, le Pérou, le Rwanda , qu'elle est
capable de « merveilles économiques » en tissant des liens
sociaux, en réduisant les disparités entre les groupes sociaux et
favorisant l'émergence d'une nouvelle classe d'hommes et de femmes en
propulsant les initiatives privées individuelles ou collectives. Mais,
est-on prêt à consentir le sacrifice que cela demande ? Ici se
pose l'une des problématiques fondamentales en économie, le
coüt d'opportunité. Le débat reste ouvert.
35 Car, jusqu'à date la grande majorité
des IMF évolue en dehors de tout contrôle des institutions
étatiques chargées de règlementé le système
financier haïtien