1.5.4. Intérêt de mycorhize dans la lutte
biologique
En conditions naturelles, la très grande
majorité des végétaux, y compris les arbres forestiers,
vivent en association symbiotique avec des champignons mycorhiziens qui, non
seulement, approvisionnent leurs hôtes en eau et en
éléments minéraux, mais assurent une protection des
racines contre les champignons pathogènes (Smith et Read, 1997).
Le premier symptôme d'une maladie des racines est
souvent une perte de vigueur suivie d'une chlorose. Ces premiers
symptômes peuvent être suivis de flétrissement puis de la
mort des semis. Les attaques de racines peuvent parfois être
sous-estimées en raison du fait que les dommages ne sont
visualisés que par les symptômes affectant les parties
aériennes. Beaucoup de ces champignons sont opportunistes. Ce sont
souvent des composants normaux de la rhizosphère. Ils deviennent
pathogènes seulement lorsque les semis subissent un stress : pH
élevé, mauvais drainage, basse température, lumière
insuffisante, etc. (Read, 1997).
Les maladies dues aux pathogènes des racines sont
habituellement traitées par la mise en oeuvre de pratiques culturales
adéquates ou par la désinfection des sols. Les champignons
ectomycorhiziens peuvent protéger les racines par différentes
voies (Zak, 1964).
· Le manteau des ectomycorhizes agit comme une
barrière mécanique contre les pathogènes qui tenteraient
de pénétrer dans la racine. De plus, la partie active du manteau
agit aussi comme une barrière physiologique en dégradant les
toxines et les enzymes produites par les pathogènes pour dégrader
les tissus des racines (Damm et Unestam, 1997a).
· Les champignons mycorhiziens peuvent produire des
substances antibiotiques.
· Les champignons ectomycorhiziens agissent contre les
pathogènes par compétition dans l'utilisation des substances
carbonées exsudées par la racine. La plupart des exsudats de la
racine doivent passer par le réseau de Hartig et le manteau Marx
(1972).
· Les mycorhizes pourraient stimuler le
développement d'une microflore protectrice dans la
rhizosphère.
· Après la colonisation des racines par les
champignons mycorhiziens, l'hôte peut produire des inhibiteurs contre les
pathogènes (Sampangi et Perrin, 1986).
1.5.5. Caractérisation de mycorhize
La caractérisation des mycorhizes est d'un
intérêt fondamental. Elle nous permet d'identifier et
sélectionner les souches infectieuses, à utiliser pour la
mycorhization contrôlée de plantes en pépinière,
pour le reboisement. Dans ce cas il faut faire, avant la mise en place des
plants, un contrôle soigné des systèmes racinaires pour
vérifier que la symbiose se soit produite avec le champignon
inoculé. Par exemple le Laccaria laccata est un des
premiers champignons ectomycorhiziens qui apparaissent sur les jeunes plantes
dans un milieu naturel, comme en pépinière. Ceci est
confirmé aussi par les études sur la succession des champignons
ectomycorhiziens (Ford et al., 1980 ; Mason et al., 1983).
Pour la caractérisation des mycorhizes, il est
important de considérer la forme, la couleur, la présence de
cystides ou de spinules, le mycélium présent sur la surface et le
dessin formé par les parois des cellules extérieures du manteau
fongique. La forme, les dimensions et les ramifications des mycorhizes, sont en
grande partie déterminées par la plante symbiote et de
façon plus réduite par le milieu, tandis que les
caractères microscopiques extérieurs dépendent de
l'espèce fongique. Le réseau de Hartig peut
pénétrer plus ou moins profondément entre les cellules du
parenchyme cortical, selon la plante-hôte et l'espèce fongique
(Garbaye et Guehl,1997).
La caractérisation morphologique et anatomique des ECM
est très importante à des études, par exemple, visant
à vérifier la mycorhization contrôlée et les
performances du champignon inoculé dans la pépinière et
même dans la forêt (Baar et de Vries, 1995 ; Jackson et al.,
1995). II est très important dans le cas des champignons
comestibles, comme les truffes, avec lesquels il y a aussi un
intérêt économique et commercial particulier (Meotto et
al., 1995). Pour les études écologiques, la
caractérisation des ECM est aussi très intéressante, pour
quantifier le potentiel mycorhizien des sols (Roth et Berch, 1992), pour
étudier le
changement saisonnier des populations de champignons
mycorhizés (Wu et al., 1993), et même pour connaitre la
diversité morphologique des ECM et finalement la diversité
fongique.
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