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Mutations des realisations d'un projet de renovation urbaine: la Cite an III à  Ouagadougou au Burkina Faso (1987- 2008 )


par Bapandi Donatien IDANI
Institut africain de professionnalisation en management (IAPM ) Burkina Faso - Master II en management des projets 2008
Dans la categorie: Géographie
   

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2.1.3. La réalisation des travaux

La cité an III, du fait de son étendue a mobilisé près de 36 entreprises privées du bâtiment de la place. Leur intervention s'est menée de concert avec les services spécialisés de l'état au nombre desquelles on distingue la Direction Générale de l'Urbanisme, de la topographie et du cadastre (DGUTC), la Direction Générale de l'Architecture, de la Construction et de l'Habitat (DGACH), le Laboratoire National du Bâtiment et des Travaux publics (LNBTP), la Société Nationale d'Electricité du Burkina (SONABEL) et l'Office National de l'Eau et de l'Assainissement (ONEA).

En somme, une quarantaine d'entreprises privées et de services techniques de l'Etat ont pris part à l'édification de la cité an III. La mobilisation des entreprises privées de construction et des services techniques de l'Etat associée à une masse ouvrière de près de 1000 employés temporaires ont contribué à réaliser une oeuvre sociale qui a relevé de l'extraordinaire pour le Burkina Faso. Le nombre d'ouvrages effectivement édifiés en constitue la preuve. En effet, au moment de la réception provisoire, la composition des réalisations était la suivante :

- Les équipements individuels : ils sont au nombre de 285 logements dont 193 villas individuelles et 92 appartements. Le cout unitaire d'une villa a été de 5 millions de francs CFA et celui d'un immeuble a été d'environ 50 millions de francs CFA. Il y'a lieu ici de prendre en compte 14 villas individuelles et deux immeubles épargnés au moment des démolitions et qui font partie aujourd'hui du patrimoine de la cité an III.

- Les équipements collectifs : ils se composent de boutiques qui, au nombre de 69 sont disposées au rez de chaussée des 23 immeubles construits. Aussi dans cette rubrique, on pouvait distinguer, la permanence du Comité de Défense de la Révolution (CDR) du secteur 3, un dispensaire, un terrain de football sommairement aménagé, un restaurant bar dancing, le bar dancing la Paillotte, une salle de cinéma et un collège d'enseignement secondaire.

- Les infrastructures : elles se résument aux voies de communications qui desservent la cité an III. Certaines d'entre elles jugées principales ont été bitumées et pourvues d'éclairage public.

Voici brièvement énumérées les réalisations de la cité an III en attendant de revenir plus en détail à la section suivante.

2.1.4. L'attribution des réalisations

La cité an III achevée, il fallait conformément à la politique du logement définie dans le Discours d'Orientation Politique (DOP), attribuer les locaux aux travailleurs burkinabè qui n'en disposaient pas. Le système de location-vente a été retenu en ce sens que les autorités politiques voulaient garantir à chaque ménage « un chez soi ». Cela n'était pas une première puisque déjà en 1985, les logements de la cité an II avaient été attribués de la même manière. Par conséquent, il y'avait déjà un acquis d'expérience à même de faciliter le travail du comité2 chargé de cette opération. D'entrée de jeu ce comité a établi les critères de choix des futurs occupants de la cité.

Le critère le plus prisé était le militantisme à défaut duquel, le dossier du postulant était rejeté dès la base par les délégués C.D.R de son service ou de son secteur. En-suite, venaient la situation familiale et bien entendu la solvabilité. A cet effet, un dossier individuel (confère annexe 12) devait être déposé au comité de gestion.

Au terme du délai fixé pour le dépôt des dossiers, le comité de gestion avait enregistré 1023 demandes pour les logements et 202 pour les boutiques. Ces demandes provenaient de la capitale, des provinces et même de burkinabè qui résidaient à l'étranger. Les logements disponibles étant au nombre de 273 et les boutiques au nombre de 69, soit 4 candidats par logements et 3 par boutiques, il fallait alors pro-

2 Comité constitué de huit membres, représentants le Ministère des Finances, de l'Equipement, les CDR et le Département des Infrastructures de la Présidence.

céder à un examen délicat des dossiers pour pouvoir faire un choix judicieux d'acquéreurs.

Le comité de gestion, après étude des dossiers a retenu un nombre de demandeurs correspondant au nombre de logements. L'annonce des résultats s'est faite en même temps que la publication du prix du loyer qui sera appliqué dans la cité an III. Cette publication fixait le prix du loyer à 45.000 francs CFA par mois (cela pendant 19 ans) pour les logements et 50.000 ou 35.000 francs CFA pour les boutiques. Face au mécontentement apparent exprimé par les militants sur le cout jugé exorbitant de ces loyers, le gouvernement, pour faire preuve de popularité dans sa politique de logement a réagi en leur faveur. C'est ainsi que lors du conseil des ministres du 15 Octobre 1986, il a réduit le cout de la location-vente à 42.000 francs CFA par mois pendant 20 ans ; soit un prix de revient total de 10.080.000 francs CFA. .Mais malgré cette révision du prix à la baisse, certains acquéreurs se sont estimés incapables de remplir les conditions financières exigées.

Cependant, pour ce qui concerne les boutiques, le loyer a été augmenté à 75.000 et à 40.000 francs CFA selon la taille du local avec respectivement 3.000 et 2.000 francs CFA de frais de nettoyage. Malgré cette hausse, et contrairement à ce qui s'est passé concernant les logements, toutes les boutiques ont été au départ occupées, du fait que le cadre général de la cité semblait bien indiqué pour les activités commerciales et de services divers.

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