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Mutations des realisations d'un projet de renovation urbaine: la Cite an III à  Ouagadougou au Burkina Faso (1987- 2008 )


par Bapandi Donatien IDANI
Institut africain de professionnalisation en management (IAPM ) Burkina Faso - Master II en management des projets 2008
Dans la categorie: Géographie
   

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4.2.2. Perspectives

4.2.2.1. La gestion de la cité

A l'approche du terme des contrats de location-vente, le CEGECI s'est de plus en plus désengagé de la gestion de la cité sans qu'aucune structure de l'état ou de la mairie ne prenne la relève. A en croire les résidents, ce retrait progressif du CEGECI a accentué les problèmes (conflits de voisinage, insécurité, insalubrité, détournement de destination des espaces verts etc.) auxquels ils sont confrontés.

Face à l'ampleur de ces problèmes sans cesse grandissant qui minent la cité, les résidents, à travers l'association des résidents de la cité an III, ont tenté dans un premier temps de prendre en charge sa gestion afin d'offrir une certaine harmonie et vie sociale cet habitat. Cette union, consciente du manque d'espace vert pour respirer et d'aire de jeu pour les enfants réussit à obtenir du CEGECI, la suspension des dérogations de construire en ces lieux que celui-ci accordait à des particuliers externes à la cité. Elle raviva à travers des cadres d'échanges et d'expressions, le coté social de la vie en communauté et mena diverses campagnes de sensibilisation sur la nécessité d'être propre autour de soi à l'endroit de ses membres. Il importe aussi de mentionner que, c'est cette association qui a été la pièce maitresse de la clôture des immeubles et partant de la cité afin de se prémunir de l'insécurité. Cependant, la politisation des débats et des rivalités internes en son sein feront tomber cette association dans une certaine léthargie. Conséquences, l'individualisme, l'égoïsme et le chacun pour soi ont repris le pas sur la vie en cité qui du reste est de moins en moins entretenues (espaces publics et parties communes des immeubles surtout). Et selon certains résidents, les habitants de quartiers environnants venant pour déposer leurs déchets ménagers au bac placé coté est de la cité (sur le terrain de sport), déversent le plus souvent leurs ordures dans

les six mètres de la cité. Aussi, ils accusent à tort ou à raison, le personnel des boutiques et alimentations de la cité de souvent uriner ou déféquer à proximité de leurs maisons.

Pour l'un des éducateurs, résident de cette dite cité, il y'a une crise à l'intérieur des familles du fait d'une compétition extérieure entre chefs de ménage. Nombreux sont les résidents qui préfèrent mettre en valeur les aspects extérieurs (mimétisme et exhibition de l'aisance et de la capacité financière) plutôt que ceux intérieurs (humilité, et éducation rigoureuse de leurs enfants). Les parents donnant ainsi à leurs enfants l'impression que la vie est facile, ceux-ci connaissent très tôt la sexualité et s'adonnent de plus en plus à la drogue.

Sur le plan sécuritaire, il faut noter que des vagabonds dorment au niveau de l'arrêt de bus de la cité. D'après d'autres résidents, ces vagabonds, qui pour la plupart prennent la drogue auraient même eu à agresser une servante. Aussi, un jeune mendiant aurait eu à poignarder un petit garçon qui serait mort de ses blessures.

A la date de l'enquête, la quasi-totalité des résidents se plaignent de l'inexistence de l'association et critiquent le laisser-aller actuel. Certains en appellent à la mairie pour le nettoyage et l'éclairage public notamment, mais personne ne propose de relancer l'association, de s'organiser localement pour une gestion participative de tout ce qui relève du collectif. Tous semblent avoir intégré l'idée que c'est forcément une structure externe qui doit gérer l'espace non privé.

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