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Mutations des realisations d'un projet de renovation urbaine: la Cite an III à  Ouagadougou au Burkina Faso (1987- 2008 )


par Bapandi Donatien IDANI
Institut africain de professionnalisation en management (IAPM ) Burkina Faso - Master II en management des projets 2008
Dans la categorie: Géographie
   

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CONCLUSION PARTIELLE

De 1986 à nos jours, l'habitat de la cité an III a connu une certaine évolution. Cette mutation de l'habitat est essentiellement due à divers facteurs tels que les problèmes liés aux aspects physiques et techniques des logements initiaux, les contraintes du milieu naturel, l'évolution démographique et l'élévation du niveau de vie de la population résidente et la modernisation. L'objectif visé par les usagers est la recherche d'espace, de confort et d'esthétique. Ces diverses transformations sans cesse subies par le cadre de vie confèrent de plus en plus à l'habitation de la cité an III une typologie relativement de haut standing selon l'importance des investissements. Elle contribue ainsi à l'embellissement du paysage urbain de la ville et partant à l'émergence de nombreuses activités telles que l'électricité bâtiment, la plomberie, la peinture bâtiment, la menuiserie la soudure etc. Elle constitue aussi une source supplémentaire d'entrée d'argent pour certains acquéreurs initiaux, à travers notamment les activités de location totale ou partielle des villas ou appartements.

Toutefois, il convient de noter que cette mutation, loin de comporter que des aspects positifs, s'accompagne également d'effets indésirables. En effet, révélatrices d'un certain déséquilibre socio-économique favorisant l'isolement, l'anonymat et l'altération des relations de bon voisinage, elles s'opèrent le plus souvent en marge des règlements d'urbanisme. Des mesures règlementaires s'avèrent donc nécessaire pour limiter ou orienter ces mutations.

A l'avenir, les politiques de l'habitat doivent prendre en compte les causes et les conséquences de l'exemple d'évolution de la cité an III pour la réussite des prochaines opérations qu'elles émanent de l'Etat ou de l'initiative privé.

CONCLUSION GENERALE

Cette étude intitulée « mutations des réalisations d'un projet de rénovation urbaine : la cité an III à Ouagadougou » nous a permis de nous pencher un tant soit peu sur les principales mutations intervenues au cours de ces vingt dernières années niveau des réalisations du « Projet cité an III », importante opération de rénovation urbaine ayant conduit à l'assainissement du vieux et insalubre quartier Bilibambili, et à la construction de plus de trois cents logements sociaux de standing moyen et d'équipements intégrés au profit des cadres de l'administration.

Au nombre des changements intervenus, on distingue les reboisements, les aménagements extérieurs, les améliorations internes, les restructurations, les réhabilitations et les constructions à niveau. A titre illustratif, on note que les restructurations se sont effectuées sur 38,33% des villas, pendant que les réhabilitations et les constructions à niveau n'ont concerné successivement que 10% et 3,33% de cellesci. Ceci confirme donc notre première hypothèse affirmant que les transformations ont plus porté sur des restructurations, que sur des réhabilitations et des constructions à niveau.

En 1987, la cité an III comptait 299 unités d'habitation et 69 locaux à usage commercial couramment appelés « boutiques ». Nos investigations sur le terrain plus d'une vingt ans après nous ont permis d'identifier en plus des 69 boutiques originelles, plus d'une vingtaine d'entreprises désormais installées dans les unités d'habitation, une quinzaine de kiosques et 19 boutiques nouvellement édifiées et mises en location par le CEGECI à des fins de commerces. Les entreprises installées à la cité an III exercent dans divers secteurs d'activités tels que l'expertise comptable, et médicale (cliniques), l'architecture, l'hydraulique, les études, le développement et la formation, le marketing, la communication, le droit (bureaux d'avocats et de notaires) et l'audio-visuel. Plus de la majorité (60% de l'effectif total) des responsables d'entreprises nous ont confié que c'est la position géographique de cette cité qui a fortement contribué à son choix pour l'implantation de

leur entreprise. Et à ce titre, divers aménagements et restructurations sont effectuées sur les villas et appartements par les promoteurs d'entreprises pour les conformer à leurs différents usages. Notre deuxième hypothèse stipulant que la cité an III du fait de sa situation géographique en plein coeur de la ville, la cité an III perd de plus en plus son aspect de zone résidentielle au profit de celui d'une zone commerciale et de services se voit aussi vérifiée. Il importe cependant de noter que, malgré les mutations en cours, cette cité demeure toujours une zone résidentielle.

Quant à notre troisième et dernière hypothèse selon laquelle les mutations de l'habitat se font au rythme de la croissance démographique, de l'augmentation du niveau de vie des ménages et de la modernisation, nous disons qu'elle aussi se trouve vérifiée. En effet, sur le plan démographique, une étude10 réalisée en 1991 dénombrait un total de trois cents soixante-dix personnes pour une population de quatre-vingt ménages. A la date de l'enquête, pour une même population, on dénombre quatre cents cinquante-sept personnes ; soit une augmentation de 80,96%. Pendant ce même temps, le revenu mensuel général par ménage passait 239.750 francs CFA à 416.320 francs CFA, d'où une amélioration de l'ordre de 73,65%.

Aussi, les équipements (voitures, appareils électroménagers etc.) et biens de consommation (électricité, eau, téléphone) des résidents n'ont cessé de croitre en nombre et en puissance pendant que des besoins nouveaux issus d'un mode d'habiter très fortement influencé par l'extérieur engendrent continuellement une évolution de l'habitat utilisant tout un ensemble importé du monde occidental (carreaux, béton, tuile, gerflex, climatiseurs, etc.) pour la recherche d'un maximum de confort.

Au terme de cette étude, nous retenons que les réalisations du projet « cité an III »
ont subi diverses mutations depuis l'attribution des logements aux acquéreurs ini-
tiaux. Partant de l'amélioration et de l'embellissement du cadre de vie, du change-

10 KAMBOU.T, la politique du logement sous la (Révolution) au Burkina Faso. Etude de cas : la cité an III

ment de la typologie de l'habitation, ces mutations contribuent à donner une image de modernité à la ville. Toutefois, il importe de noter qu'elles s'accompagnent également d'effets indésirables tels que le mépris des règlements d'urbanisme en matière de construction, l'isolement et l'altération des relations de bon voisinage etc. Pour mieux canaliser les mutations à la cité an III et garantir de meilleurs lendemains à cette zone résidentielle et à ses habitants, un ensemble de mesures mérite d'être observé et appliqué. Au titre de ces mesures, l'exigence par les services compétents du respect des procédures administratives, des normes techniques et bien sûr de la qualité des matériaux de construction (ciment, fer...) occupe une place de choix. Par ailleurs, les résidents, presque maintenant tous propriétaires de leur logement, se doivent de mettre en place une structure compétente de gestion de cette cité. Pour l'atteinte de ses objectifs, cette structure devrait travailler en étroite collaboration avec la commune. Pour ce faire, une gestion communautaire et rationnelle s'imposera, afin de pouvoir offrir un cadre de vie sain et agrémenté à cette zone résidentielle.

A l'avenir, les politiques de l'habitat se doivent de prendre en compte les causes et les conséquences de l'exemple d'évolution de la cité an III pour mieux planifier let réussir les prochaines opérations similaires; cela qu'elles émanent de l'Etat ou de l'initiative privée. Aussi, l'extension à l'infini de villes bâties sur pieds n'étant plus possible du fait de l'explosion démographique, des diverses formes de migration associées à l'incapacité à faire face aux surcouts engendrés par l'étendue du réseau d'assainissement, les constructions à niveaux devraient être envisagées et encouragées pour une densification réelle du tissu urbain et pour lutter plus efficacement contre la crise de logement au Burkina Faso.

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