Contribution à l'analyse de la dimension sociale d'un plan d'aménagement forestier au Congo. Cas de l'UFE GOUONGO dans les districts de Komono et Zanaga (Département de la Lékoumou )en RDC( Télécharger le fichier original )par Yvon Loà¯c KIMINOU-KIA-BIKINDOU Université Marien Ngouabi - Ingénieur de développement rural 2009 |
H : hommes ; F : femmes Source : donnée de l'enquête Les données du tableau 2 ci-dessus nous indiquent que sur l'ensemble des villages enquêtés, les jeunes de 0-24 ans représentent la tranche d'âge la plus importante avec 57 % de la population. Les adultes de 25-54 ans (27 %) et les vieux (15 %), ne représentent ensemble que 42 % de la population. Néanmoins il convient de noter que les pygmées des villages Kingani et Ngonaka ayant refusé de participer à notre opération de recensement, ne sont pas pris en compte dans ce tableau. Du point de vue du sexe, l'analyse du tableau nous montre qu'il y a prédominance des femmes dans l'ensemble des villages enquêtés, avec 52 % des effectifs. Il sied de signaler, que le village Kingani et Mokina comprenant un maximum d'hommes se justifie par la présence d'une main-d'oeuvre en quête d'emploi auprès de l'entreprise forestière. Nous soulignons que 57 % des femmes ont un âge compris entre 45 et 65 ans et plus, contre 42 % seulement pour les hommes. Cette différence se définit par l'espérance de vie chez les femmes qui est supérieure à celle des hommes. 2.1.2.2. Niveau d'instructionLes données du recensement effectué dans les villages de Mouetché, Kingani, Ngonaka, Mokina et Douakani se présentent, du point de vue du niveau d'instruction de la population, de la manière suivante (Cf. tableaux 3, 4 et 5) : Tableau 2 : répartition de la population de Mouetché et Kingani selon le niveau d'instruction
Source : donnée de l'enquête Tableau 3 : répartition des populations de Ngonaka et Mokina selon le niveau d'instruction
Source : donnée de l'enquête Tableau 4 : répartition de la population de Douakani selon le niveau d'instruction
Source : donnée de l'enquête L'analyse des tableaux 3, 4 et 5 laisse apparaître que très peu de personnes dans les villages enquêtés ont le niveau du collège. Le village Kingani disposant d'un collège, possède le nombre le plus élevé des personnes ayant atteint ce niveau, soit 101 individus sur 428 habitants. La présence féminine dans les collèges est assez importante, elle représente 42,6 % de l'ensemble des personnes ayant atteint ce niveau dans les 5 villages. Quant au niveau du lycée, très peu de personnes parviennent à l'atteindre. On note en particulier qu'aucune femme, dans l'ensemble des villages, n'a atteint ce niveau. L'éloignement du lycée, situé à Sibiti à 120 Km du village le plus proche, peut entre autres raisons, expliquer le nombre insuffisant des personnes ayant atteint ce niveau. L'ensemble de ces résultats, nous indique le faible niveau de scolarisation des populations dans les villages de la zone d'étude. Et, comme l'indique Tchicaya (2008), l'absence d'instruction constitue un facteur très discriminant et maintient l'individu dans une pauvreté que l'on qualifiera de pauvreté intellectuelle, mais qui a cependant un impact important sur la pauvreté matérielle. 2.1.2.3. Appartenance ethnolinguistiqueLe tableau ci-après présente la répartition des populations de la zone d'étude selon les principaux groupes ethnolinguistiques et selon leur origine. Tableau 5: répartition de la population échantillonnée par ethnie et selon son origine
Source : donnée de l'enquête Le tableau 6 ci-dessous nous indique que, dans notre zone d'étude, la population est constituée essentiellement d'autochtones, les populations allochtones ne représentant que 14 % de la population totale. Tableau 6 : répartition de la population selon les principaux groupes ethnolinguistiques
Source : donnée de l'enquête (*) Ces effectifs globaux ont été fournis par les chefs des villages, du fait de la réticence vis-à-vis du recensement manifestée par les groupes Pygmées. Des trois groupes ethnolinguistiques présents, le groupe Téké est le plus important, avec 60 % de la population. Les Kotas, quant à eux, représentent 28 % de la population, tandis que les pygmées ne sont que 12 %. Ces trois groupes sont présents dans tous les villages, à l'exception de Mokina où l'on note l'absence des pygmées. 2.2. Infrastructures de base2.2.1. HabitatComme nous l'avons déjà indiqué, les villages situés dans la zone de GOUONGO sont généralement installés le long des voies de communication. Les habitations sont, pour la plupart d'entre elles, construite en bois, entourée des murs en planches éclatées fabriquées localement à partir de tronc de Parasolier (Musanga cercropioide). Dans certains cas, les murs des maisons sont protégés contre les insectes par l'huile de vidange, que l'on induit soit sur toute la surface du mur, soit le plus souvent juste dans sa partie inferieure. La durée de vie de ce type d'habitation varie selon les mesures d'entretien prises. Elle est néanmoins en moyenne d'environ dix ans (Doumenge, 1992 cité par Elema, 2008). Les toitures sont constituées de « tuiles », feuilles de palmiers raphia (Raphia spp) tissés que l'on désigne localement « Kounzda » (Photo 1). Toutes les maisons sont dotées d'un plancher en terre battue. Photo 1 : confection d'un pan de toiture
à Mouetché On note cependant quelques habitations construites en matériaux durables (planches dures, briques cuites, tôles, etc.). Ce type d'habitations est rencontré uniquement dans les villages de Kingani et Ngonaka, elles appartiennent aux fonctionnaires originaires du village. Elles sont par contre inexistantes dans les villages de Mouecthé, Douakani et Mokina.
2.2.2.1. Voies de communicationsL'UFE GOUONGO est traversée par deux principales voies de communications. La première part du district de Yaya, traverse le village Mbaya pour ensuite relier Komono centre, avant de se diriger vers Sibiti. La deuxième voie va de la sous-préfecture de Zanaga, pour passer par le village Onkassa II et se diriger vers le village Lékangi. Les villages de notre zone d'étude sont situés sur les deux routes secondaires du district de Komono. L'une part de Komono centre, traverse les villages Mokina, Ngonaka et arrive au village Mouetché après 65 Km. L'autre part de Komono centre, traverse les villages Kingani et Douakani puis arrive au village Lefoutou après 96 Km. A partir de Lefoutou, on distingue un embranchement qui dirige la route vers le district de Zanaga d'un côté et vers celui de Bambama de l'autre. Ces deux routes secondaires sont assez praticables dans l'ensemble. Les ponts construits par les Sociétés forestières installées dans la zone sont en bois et en planches, comme l'indique la photo 3 ci-dessous. Photo 2 : pont de la Gnimi sur l'axe
Komono-Léfoutou En 2006, à l'initiative du Député de la circonscription de Komono où se trouvent les villages enquêtés et du Ministère de l'équipement et des travaux publics, une opération d'entretien routier, appelée « cantonnier villageois », a été réalisée sur la route Komono-Lefoutou pour pallier a l'absence de la niveleuse qui proviendrait du chef lieu du Département. Cette opération à mobiliser les populations rurales pour les travaux de déblayage et de remblayage de la dite voie au moyen des machettes, houes, brouettes, pelles, etc. Dans l'ensemble, ces voies de communication sont de temps en temps entretenues par les sociétés forestières. Ces dernières s'emploient à réfectionner les ponts et à faire des « éclairages routes », c'est-à-dire des opérations de remblayage, déblayage, élargissement et nettoyage. Cependant, ces travaux d'entretien ne sont pas réguliers mais se font à la suite des pressions exercées par les populations sur ces sociétés, particulièrement à travers les administrateurs (sous-préfets) et les élus (députés) locaux. Lorsqu'elles ne sont pas entretenues, ces voies se dégradent rapidement, rendant difficile l'accès aux villages et l'évacuation des produits des paysans (produits agricoles, de chasse et de pêche). Il est à noter la venue dans ces localités des nouvelles technologies de l'information et de la communication notamment la téléphonie mobile. En effet, l'opérateur Zain télécom vient d'installer au village Douakani une antenne émettrice, qui recouvrira les villages Lefoutou, Kingani, Mouetché, etc. 2.2.2.2. Moyens de transportsPour faciliter le mouvement des hommes et de leurs biens, sept (7) véhicules de transport desservent les villages de notre zone d'étude, malgré le mauvais état des voies de communication. Sur l'axe Komono-Mouetché : deux (2) véhicules de type pick-up desservent les villages situés sur cet axe. Le premier arrive le lundi et repart le mardi vers Sibiti, le second arrive le jeudi et repart le vendredi vers Sibiti. Sur l'axe Komono-Lefoutou : cinq (5) véhicules desservent les villages situés sur cet axe. Ici, le mouvement des véhicules est plus fréquent, particulièrement sur les axes KomonoLefoutou / Zanaga et Komono-Lefoutou / Bambama. Dans les villages Mouetché, Ngonaka, et Mokina, sur l'axe Komono-Mouetché, certaines personnes transportent leurs biens à l'aide de taxis-motos (Djakarta), ou empruntent les véhicules Grumiers ou Bennes des sociétés forestières pour se déplacer. A Kingani et Douakani sur l'axe Komono-Lefoutou, les biens sont le plus souvent transportés par des porteurs (Koro-Koro) au moyen de chariots-brouettes. Le prix de transport des voyageurs dans les véhicules de commerce, dépend de la distance à parcourir et du nombre et du poids des colis à transporter. Le tableau 9 ci-dessous présente quelques prix de transports des personnes, des villages enquêtés vers les centres semi-urbains du Département. Tableau 7: prix de transport des personnes de la zone d'étude
Source : donnée de l'enquête 2.2.3. Structures scolairesLes villages situés dans l'UFE GOUONGO sont pour la plupart dotés d'une école primaire. Dans les 5 écoles situées dans notre zone d'étude, on pouvait compter, pour l'année scolaire 2007-2008, un effectif total de 480 élèves pour 11 enseignants fonctionnaires et 8 non fonctionnaires appelés prestataires. Cette zone abrite également un collège d'enseignement général (CEG) situé à Kingani sur l'axe Komono-Lefoutou et un autre en construction au village Ngonaka sur l'axe Komono- Mouetché. 2.2.3.1. Ecoles primairesa) Ecole de Kingani L'école comprend 2 bâtiments construits en matériaux durables (ciment et tôles). Le premier bâtiment sert de bureau administratif et de logement pour le Directeur, tandis que le deuxième, composé de 3 salles de classes, abrite tous le cycle primaire, du CP1 au CM2. L'école compte un seul enseignant fonctionnaire, assurant la fonction de directeur. Il est assisté de 4 enseignants dits prestataires et qui sont pris en charge par les parents d'élèves, à raison de 100 F.CFA par élève et par semaine. Les cours ont lieu du lundi au jeudi de 8 heures à 16 heures et le vendredi jusqu'à 12 heures. Les effectifs de l'école sont de 115 élèves dont 52 filles et 63 garçons. L'école reçoit quelques enfants provenant des villages environnants. Avec une population en âge d'aller à l'école (5-14 ans) évaluée à 105 personnes, Kingani est le village le plus scolarisé de l'axe Komono-Lefoutou. b) Ecole de Douakani L'école de Douakani est appelée Ecole Lembila Collette, nom de la première fille ayant fréquenté cet établissement. L'école comprend deux bâtiments en très mauvais état, construits en brique cuite. Le premier sert de bureau administratif et de logement au Directeur de l'école et le deuxième, composé de 2 salles de classes, abrite tout le cycle de formation. L'école est très mal équipée, avec notamment une grande insuffisance en table-bancs, ce qui contraint la plupart des élèves à s'asseoir sur des bancs en Bambou. L'école compte un enseignant titulaire assurant la fonction de Directeur. Il est assisté de 2 enseignants prestataires pris également en charge par les parents d'élèves, à raison de 50 F.CFA par élève et par semaine. L'établissement comptait 99 élèves, dont 51 filles et 48 garçons, au cours de l'année scolaire 2007-2008. c) Ecole de Mouetché C'est une école constituée d'un vieux bâtiment, avec 2 salles de classes pour tout le cycle de formation. Au cours de l'année 2007-2008, le bâtiment était en cours de réhabilitation, avec l'aide du Projet d'Appui à l'Education de Base « PRAEBASE ». L'école compte un enseignant fonctionnaire, assurant la fonction de Directeur. Il est assisté de 2 prestataires qui sont, comme dans les deux premiers villages, à la charge des parents d'élèves, à raison de 75 F.CFA par élève et par semaine. La rémunération des enseignants prestataires, irrégulière et jugée insuffisante, amène souvent ces derniers à abandonner leur poste de travail pour s'adonner à d'autres activités, notamment la chasse et la pêche. L'école comptait, au moment de notre enquête (année scolaire 2007-2008), 82 élèves dont 41 filles et 41 garçons. Les cours ont lieu du lundi au jeudi de 8 H à 12 H et le vendredi jusqu'à 12 H. d) Ecole de Ngonaka Cette école à été entièrement réhabilitée en 2002 par l'ONG américaine IRC (centre international de l'eau et de l'assainissement). Dotée d'un forage d'eau, elle est actuellement l'école la mieux équipée de l'axe Komono-Mouetché. En 2004, la société forestière TAMAN INDUSTRIE y a construit deux logements pour les enseignants et a fait un important don de table-bancs. L'école comprend 2 bâtiments scolaires : le premier abrite un bureau administratif et deux salles de classe ; le deuxième est constitué de deux salles de classe. Les cours sont assurés par le directeur de l'école, assisté de deux enseignants fonctionnaires. Ils ont lieu du lundi au jeudi de 8 H à 16 H et le vendredi de 8 H à 12 H. Au cours de l'année scolaire 2007-2008, les effectifs étaient de 128 élèves, dont 57 filles et 71 garçons. e) Ecole de Mokina L'école du village Mokina est composée de 2 bâtiments : le premier sert de bureau administratif et de logement pour le directeur de l'école. Le deuxième est constitué d'une salle de classe qui abrite tout le cycle scolaire, du CP1 au CM2. Le directeur de l'école est assisté par un seul enseignant prestataire. Photo 3 : l'unique salle de classe du primaire de Mokina (photo L. Kiminou) L'école bénéficie de quelques appuis extérieurs. Ainsi, en 2002 l'ONG IRC y a construit des latrines modernes, tandis que la société TAMAN-INDUSTRIE a fait don de table-bancs et de deux lits pour le personnel enseignant. L'école comptait au cours de l'année scolaire 2007-2008, un effectif de 57 élèves dont 23 filles et 34 garçons. Comme l'indique le tableau 10 ci-dessous, l'ensemble des effectifs des élèves, dans les villages enquêtés, se présente de la manière suivante : Tableau 8 : répartition des élèves par effectifs et par niveau d'études dans les villages de la zone d'étude (Année 2007-2008)
Source : donnée de l'enquête 2.2.3.2. Collègesa) Collège de Kingani Le collège de Kingani est composé de trois bâtiments : le premier bâtiment construit en brique cuites est utilisé comme bureau administratif et les deux autres construits en matériaux durables, servent à la formation avec deux salles de classes chacun. Photo 4 : collège d'enseignement général de Kingani (photo L. Kiminou) Bien équipé en table-bancs et en matériels didactiques (règles, équerres, manuels scolaire etc.), l'établissement bénéficie de l'attention particulière du conseil départemental de la Lékoumou, de l'assistance des ONG IRC, IPHD (partenariat international pour le développement humain) et des cadres originaires de la localité. Ce collège comprend 7 enseignants dont 4 fonctionnaires et 3 prestataires. Ces derniers sont rémunérés sur les cotisations des parents d'élèves, à raison de 100 F.CFA par élève et par semaine. Le collège de Kingani a un effectif de 106 élèves, comme le montre le tableau ci-dessous (tableau 11). Parmi ces élèves, 23 proviennent de Lefoutou (21 Km), 18 de Douakani (7 Km) et 19 de Vouka (9 Km). Ces élèves viennent tous s'installer à Kingani pendant la période scolaire où ils prennent des maisons en location et repartent chez eux en cours du week-end pour se ravitailler en vivres. Tableau 9: effectifs des élèves
du collège d'enseignement général de
Kingani
Source : donnée de l'enquête b) Collège de Ngonaka Situé sur l'axe Komono-Mouetché, ce collège était encore en construction au moment de notre enquête, à l'initiative des habitants du village qui bénéficient de l'appui financier et matériel du député de la localité et des cadres originaires du village. Les travaux de construction de ce collège n'étant pas achevés, les élèves du village Ngonaka et des villages voisins, pendant notre enquête, allaient poursuivre leur cycle au collège de Komono-centre (55 Km). Nous avons ainsi recensé, en 2008 13 élèves originaires de Mouetché, 27 de Ngonaka et 6 de Mokina au CEG de Komono. Tableau 10 : synthèse de quelques données des écoles des villages cibles
Source : donnée de l'enquête *Eff. Effectif **Collège Ngonaka en construction *Font. Fonctionnaire *Prest. Prestataire 2.2.4. Structures de santéLa couverture médicinale des 5 villages comprend deux (2) Centres de Santé Intégrés (CSI) construits à Kingani et Ngonaka. a) Centre de sante intégré de Kingani Construit à l'époque coloniale, ce centre est constitué de deux bâtiments comprenant une salle de soin, un bloc d'accouchement, une salle d'observation dotée de 4 lits, un laboratoire et un magasin, tous relativement bien équipés. En 2002, ce centre a bénéficié de l'appui de l'ONG IRC, avec la réhabilitation entière des bâtiments, la construction d'un puits d'eau et des dons de matériels (microscope, matelas, moustiquaires, réactifs de sérologie, produits pharmaceutiques, etc.). Ce centre dispose également d'un groupe électrogène et d'un réfrigérateur à pétrole offert par le député de la localité. Photo 5 : centre de santé intégré de Kingani (photo L. Kiminou) Le centre est dirigé par un infirmier diplômé d'Etat, qui est assisté par une « Matrone » chargée des accouchements. Celle-ci est rémunérée sur les recettes du centre. Le CSI de Kingani reçoit les malades et les femmes en couches des villages Vouka (9 Km), Douakani (7 Km) et Lefoutou (21 Km).
Les deux CSI sont ravitaillés en médicaments par la Circonscription Socio-Sanitaire (CSS) de Sibiti et les vaccinations contre les endémies courantes sont assurées par des équipes en provenance du CSI de Komono-centre. Quant à la question de la lutte contre le VIH SIDA, le travail de sensibilisation est assuré par l'Unité de Lutte contre le SIDA (ULS) basé à Sibiti. Dans l'ensemble des localités enquêtées, les maladies les plus couramment rencontrées sont le paludisme, la filariose, les infections respiratoires, les diarrhées, les rhumatismes, la gonococcie, la fièvre typhoïde et les vers intestinaux. Le prix de la consultation et du traitement dans les deux CSI s'élève à 1.500 F.CFA par malade. Cependant, dans les dépôts pharmaceutiques des deux centres on ne trouve pas, en dehors du paracétamol, de la quinine, des anti-diarrhéiques, des seringues et de quelques sirops, les produits prescrits. Ceci oblige les malades à recourir aux produits souvent mal conservés et périmés vendus par des marchands ambulants en provenance de Komono, Sibiti et Mossendjo (photos 7 et 8). En cas de maladie grave, le patient est évacué au CSI de Komono-centre ou au CSS de Sibiti. Cette situation fait que plusieurs malades, ne disposant pas de moyens financiers pour l'achat de médicaments ou pour une évacuation vers Komono-centre ou Sibiti, sont souvent contraints de recourir aux traitements traditionnels à base de plantes et de la pharmacopée. Photo 6 : point de vente de médicaments à Photo 7 : vendeur ambulant de Génériques à Mouetché (photo L. Kiminou) Ngonaka (photo L. Kiminou) 2.3. Aspects sociaux et culturels2.3.1. Organisation sociale
L'organisation sociale comprend les structures de parenté. Celle-ci est matrilinéaire ou patrilinéaire. Chez les Tékés, la filiation est matrilinéaire, l'individu appartenant au clan maternel. Chaque individu a pour chef de famille le frère de sa mère. C'est donc l'oncle maternel qui détient le pouvoir sur toute la famille et qui assure la circulation des femmes à travers la gestion de la dot et du mariage. Il oriente et décide de l'avenir de membres de sa famille. Chez les Kotas par contre, la filiation est de type patrilinéaire. C'est le père qui, ici, est le chef de famille de sa progéniture. Il marie sa fille, sans être obligé d'associer sa belle-famille. L'héritage et la succession sont, non le fait du neveu comme dans la filiation matrilinéaire, mais celui du frère direct du chef de famille. Cette organisation est en pleine mutation, l'enfant appartenant de plus en plus aux deux familles. Le groupe de parenté le plus important reste le clan, quel que soit le type de filiation. Comme l'indique Elema (2008), « le clan est constitué de tous ceux qui se réfèrent à un même ancêtre, généralement légendaire et ne sont pas toujours capables de remonter à cet ancêtre par une ligne généalogique ininterrompue» (p.20). Les clans des villages de la zone de GOUONGO, comme dans le reste du Congo, se définissent par leur nom. Chez les Tékés, le clan est désigné par «Kibana ». Les Kibana les plus représentatifs dans les villages de notre zone d'étude sont : Kingounou, Ngouono, Baswini, Mounguelé, Neye, Ndieni, Bouyala, Maya, Kyonho, Kiwaya, Mbamako, Kitala ; etc. Chez les Ndassa, le clan est désigné par « Ikaka ». Les Ikaka les plus représentatifs dans la zone d'étude sont : Mabingua, Kaniè, Massamba, Voukokou, Hodzingana, Mboungou, Mikandzi, Villa, Kounga, Mbuvu, Ongonhou ; etc. Chez les Mbambas, on parle de « Kahka » pour désigner le clan. Les plus représentatifs d'entre eux, dans la zone d'étude sont : Ombouyou, Ngani, Ombongo, Akala, Sovandi, Vanikaniè, Sakouli, Okassaha, Ndouninguila, Obongo, Okouelé, Toupinzoko, Ekandzi ; etc. c) Organisations associatives Sur l'ensemble des 5 villages enquêtes dans l'UFE GOUONGO, on a relevé l'existence des associations à caractère d'entraide ou d'assistance mutuelle. Ces associations ont pour principal objectif la réalisation des projets agricoles (plantations et élevage, etc.). Les bénéfices de ces activités servent à aider et assister un membre en difficulté. On observe notamment :
Il existe d'autres associations mais de moindre importance et peu active il s'agit de :
Signalons qu'il existe au sein des structures religieuses, des groupements des fidèles appelés Zola. Sur appel d'un individu, les Zola interviennent dans les travaux de champs (défrichage et sarclage), dans la construction des cases. Celui qui sollicite les services du zola doit préparer à manger et la somme versé une somme variant entre 2000 et 2500 F.CFA. 2.3.2. CroyancesLa population de la zone de GOUONGO est dominée par deux types de croyances : les croyances traditionnelles qui continuent à influencer fortement les hommes dans leur vie quotidienne et les croyances chrétiennes qui émergent peu à peu dans les localités de la région. 2.3.2.1. Croyances traditionnellesLes principales croyances traditionnelles identifiées dans les villages sont les suivantes : a) le Moukissi Le Moukissi, croyance exclusive aux Tékés. C'est un fétiche qui se présente sous la forme d'un baluchon contenant divers éléments. Il garde et protège toute la famille, mais il est détenu par un membre de la famille, qui a l'obligation de l'entretenir. Non entretenu, c'est-à-dire lorsqu'il n'ya plus de rites (chants, danses, offrandes, etc.), le Moukissi « esprit de sirène » se manifeste et s'en prend à son gardien. Celui-ci est alors gagné par un comportement irrationnel : il monte sur la toiture de cases, ou creuse des trous dans le sol à la dimension d'un fût ordinaire, y demeure et chante continuellement. Il est alors atteint de l'esprit du Moukissi et est désigné désormais par « Moukissi ». Pour retrouver son état normal, la famille doit faire venir un guérisseur, « le Ganga Moukissi » que le malade lui-même aura désigné. Le traitement spécifique du Moukissi peut durer 9 à 10 mois. La cérémonie de délivrance est généralement réalisée à Lefoutou sous un point de chute d'eau. D'autre Gangas Moukissi des villages environnants sont conviés à cette cérémonie. On pratique des nombreux rites sur le malade, a l'issue desquels celui-ci retrouve sont état normal. Il est alors généralement contraint après une telle épreuve d'entretenir correctement son « Moukissi-fétiche ».
Le Ngoyi est un fétiche exclusivement Kota. Il est représenté par un baluchon contenant des ossements humains, détenu par un membre de la famille. Le Ngoyi est assimilé à un cercle d'initiés liés à ce fétiche. Il a pour rôle de protéger les membres de la famille des initiés contre les sorciers et les mauvais esprits. Dans les temps passés, les initiés du Ngoyi s'échangeaient les baluchons composés des crânes et autres ossements de leurs parents décédés, afin de raffermir les liens d'amitié. De nos jours, ces pratiques ont disparu, ne laissant la place qu'à une simple transmission du Ngoyi de père en fils, ponctuée par une cérémonie familiale dirigée par d'autres initiés « Ganga Ngoyi ». L'initiation s'effectue loin des regards des non initiés.
Plusieurs lieux sacrés sont identifiés dans les villages. Dans le village Douakani, il existe 3 forêts sacrées. L'accès à ces sites est réservé aux initiés. Il s'agit respectivement de : - site Mouguelé situé à 200 m du village en forêt. On y trouve des fétiches et totems protecteurs de l'ethnie Lali ; - site Foyi situé à 300 m du village en forêt. On y trouve le Nzobi (fétiche Mbamba), qui joue un rôle protecteur du village ; - site Moala situé en zone montagneuse et qui abrite un point de chute d'eau. Ce site sert de lieu de pèlerinage des fideles de l'église protestante. En général, tous les anciens villages abritent des tombes, qui sont considérés comme des lieux sacrés par les populations et où des cultes sont pratiqués. C'est le cas de l'ancien village Yananga Batéké (à Mouetché), où l'on va soigner et purifier les malades. Les anciens villages Likoueté, voula, Infoundzé (à Ngonaka) sont également considérés comme zone interdite à l'exploitation. On y trouve des arbres sur lesquels sont attachés des fétiches et des symboles totémiques 2.3.2.2. ReligionsDans les villages de notre zone d'étude, le christianisme est faiblement représenté. Au village Mouecthé peuplé de 276 habitants, on note l'existence d'une église catholique avec un effectif d'un peu plus de 50 fidèles composés essentiellement de femmes et d'enfants. Il y'a également la présence d'une cellule de prière protestante composée d'une dizaine (10) de fidèles et d'une assemblée chrétienne « Zéphirin » avec près de 30 fidèles. Kingani possède une église catholique comptant un peu plus de 100 fidèles pour 428 habitants. On compte également une église protestante de près de 100 fidèles et une assemblée chrétienne « pentecôte » de 40 fidèles. Douakani peuplé de 351 habitants, compte une église catholique (Saint Jean Apôtre), regroupant 65 fidèles ; une assemblée chrétienne (Eglise des Assemblées du Christ au Congo) d'environ 50 fidèles et une cellule de prière protestante de 25 fidèles. Au village Ngonaka, l'église protestante est fréquentée par près d'une centaine (100) de fidèles pour une population totale de 466 habitants. Quant au village Mokina, il n'existe aucune église chrétienne. Toutefois, 25 fidèles relevant de l'armée du salut on pu être identifiés. 2.3.3. Régime foncier2.3.3.1. Répartition foncièreLe « terroir » villageois c'est l'espace (ou territoire) où les populations mènent leurs activités vitales : les lieux de cultes coutumiers, lieux sacrés, anciens villages, zones de chasse, d'agriculture, de pêche et de cueillette. Dans ce terroir villageois, on distingue un espace proche du village et un espace éloigné du village.
2.3.3.2. Accès à la terreLa terre, les forêts, les eaux appartiennent selon la coutume aux familles autochtones. L'exploitation de ces ressources naturelles par ces derniers est gratuite, elle obéit aux seuls critères d'appartenance au lignage propriétaire des terres. Quant aux populations migrantes l'accès aux ressources naturelles est subordonné à l'obtention préalable d'une autorisation et à la remise des biens en nature. L'intéressé doit s'adresser à la délégation spéciale (comité du village), qui à son tour sollicite l'agrément du ou des responsables des terroirs villageois retenus. L'importance des biens en nature à offrir est fonction de l'importance de l'activité à mener dans le terroir. Dans le village Kingani par exemple, pour obtenir l'autorisation d'exploitation du bois d'oeuvre, l'exploitant doit offrir deux dames-jeannes de vin rouge, 18 Kg de sel, une somme de 100.000 F.CFA, du whisky, etc. Cette opération tient lieu de rite, permettant d'exercer l'activité dans la paix et la sécurité. 2.3.4. Rôle des élites villageoisesOn entend ici par « élites » villageoises, des personnes qui sont à la base de certaines initiatives encourageantes et salutaires pour le village. Ces élites vivants dans les villages et soutenues par celles des villes interviennent dans les activités suivantes : - prestataires dans les écoles ; - groupes de pression à l'endroit des entreprises forestières dans le respect de l'application du cahier de charge ; - intermédiaires entre donateurs et populations dans la
distribution des différents dons 2ème partiePRINCIPALES DONNEES ECONOMIQUES DE LA
ZONE
|
Nom Pilote |
Nom |
Nom |
Nom |
Nom |
Production |
Agrumes |
Citrus |
Malale |
Malala |
Alale |
Abondant |
Ananas |
Ananas comosus |
Kitoux |
Ilangua |
Langua |
Abondant |
Arachide |
Arachis hypogeal |
Pini |
Pinda |
Pinda |
Assez |
Aubergines |
Solanum |
Mbutu |
Obingua |
Ébengua |
Abondant |
Avocat |
Persea gratissima |
Mouvok |
Mouvouka |
Mouvok |
Abondant |
Banane douce |
Musa |
Makô |
Soudi |
Akô |
Abondant |
Banane |
Musa paradisiacal |
Kô |
Bipoti |
Akô |
Assez |
Canne à sucre |
Saccharum |
Mussungu |
Moassungu |
Ossouo |
Abondant |
Colatier |
Cola acuminate |
Casu |
Licassu |
Licassu |
Peu |
Courges |
Curcubita sp. |
Tiété |
Nzaka |
Nzanga |
Abondant |
Gombo |
Hibiscus |
Dongo |
Dong dong |
Dongo |
Rare |
Igname |
Dioscorea spp |
Bikoua |
Bikoua |
Ikoua |
Peu |
Maïs |
Zea mays |
Kinai |
Issangou |
Alouomo |
Assez |
Manioc amer |
Manihot esculenta |
Bikouho |
Mouhondo |
Hekouo |
Abondant |
Manioc doux |
Manihot dulcis |
Lutsuassa |
Latsuassi |
Litsuassi |
Peu |
Noix de palme |
Elaeis guineensis |
Mba |
Mbla |
Mbala |
Assez |
Oseille |
Hibiscus sabdarifa |
Lukulu |
Kounga |
Linkulu |
Assez |
Papaye |
C. papaya |
Lolo |
Ilolo |
IIolo |
Rare |
Patate douce |
Ipomoea batatas |
Mbala |
Mbala |
Mbala |
Peu |
Piments |
Capsicum |
Ndou |
Ndoungou |
Ndouo |
Rare |
Safou |
Dacryodes edulis |
Lissigui |
Lassaou |
Léssigui |
Abondant |
Tabac |
Nicotiana tabacum |
Likaya |
Leka |
Moungul |
Assez |
Taro |
Colocasia |
Binguonguon |
Maïka |
Maïka |
Assez |
Source : donnée de l'enquête
Tableau 12 : calendrier cultural des principales productions agricoles des villages de GOUONGO
Mois Opération |
Jan. |
Fév. |
Mar |
Avr. |
Mai |
Juin |
Juil. |
Aout |
Sept |
Oct. |
Nov. |
Déc. |
Préparation du terrain : |
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- Défrichage |
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- Abattage |
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- Brulis |
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Culture du manioc : |
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- Planting |
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- Sarclage |
1er |
2ème |
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- Récolte de feuilles |
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- Récolte de tubercules |
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Culture d'arachide et maïs : |
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- Dessouchage et nettoyage |
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- Semis |
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- Sarclage / binage |
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- Récolte |
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Source : donnée de l'enquête
La chasse est après l'agriculture la seconde activité traditionnelle dans la zone de GOUONGO. En termes de subsistance des populations rurales, la chasse constitue la principale source de protéines des populations et l'une des sources de revenus monétaires des ménages. D'une manière générale en zones forestières d'Afrique centrale, la vente de la viande de brousse représente globalement près de 70 % des revenus monétaires des ménages et constituent l'épine dorsale de l'économie rurale des zones forestière (Pierre, 2004).
Dans les villages de notre zone d'étude, les habitants pratiquent trois techniques de chasse : la chasse au piège avec câble métallique ; c'est la technique la plus utilisée, elle est simple et peu coûteuse (le câble est vendu à 200 F.CFA le mètre). Un chasseur dispose en moyenne de 60 à 80 pièges disséminés partout dans la forêt. La chasse au fusil a lieu le soir et elle est également très pratiquée. Enfin il y a la chasse au filet, qui est essentiellement pratiquée par les Bongos (pygmées).
Dans notre zone d'étude, coexistent deux types de chasse :
a) chasse à petite échelle pour l'autoconsommation et le petit commerce local d'appoint
Ce type de chasse est largement dominant dans la zone ; elle est pratiquée dans tous les villages de l'UFE le produit est destiné à :
- la consommation familiale (économie de subsistance) ;
- le partage, le don au sein de la famille ou du lignage ou à d'autres habitants du village (économie sociale de relation) ;
- la vente, en fonction de la part disponible (économie marchande). La viande ici est morcelée et vendue en parts de 100 ou 200 F.CFA dans le village.
Comme l'affirme Pierre (2004), dans ce type de chasse, à l'instar de ce qui est généralement observé en Afrique Centrale, près de 3/4 des captures concernent en premier lieu les céphalophes, suivies des athérures et des petits primates. Se sont en particulier :
- le céphalophe bleu, (ongulé, céphalophes monticola), de petite taille, communément et improprement désigné par « gazelle » ;
- le céphalophe rouge, de taille moyenne, il est englobé dans la même appellation impropre « d'antilope », il s'agit essentiellement de deux espèces distinctes : le céphalophe de Peters (Céphalophus callipygus) et le céphalophe à bande dorsale noire (C. dorsalis) ;
- l'athérure, improprement aussi appelé par Porc-épic, (rongeur, Atherurus africanus) et enfin le singe hocheur (primates, Cercopithecus nictitans).
b) chasse commerciale qui alimente des filières d'approvisionnement des centres urbains en de viande de brousse
Comme pour la chasse à petite échelle, une part prioritaire dans ce type de chasse est destinée à l'autoconsommation familiale, puis au partage et au don. La différence est que, la part commercialisée est ici la plus importante. On voit apparaître des filières commerciales structurées, dont les principaux acteurs sont les allochtones. Ces filières fonctionnent par abonnement ou sous forme de traité avec les villageois, en particulier avec les pygmées (main d'oeuvre disponible à bas prix et compétente dans ce domaine).
Le principe du traité avec les villageois consiste à remettre au chasseur un fusil (calibre 12), qui est généralement pris en location (1500F.CFA la semaine,), des cartouches (boîte de 20), des piles de torche, des ampoules de réserve pour torche. Le chasseur reçoit aussi du manioc dont la quantité dépend de la durée de séjour en forêt.
Pour 20 cartouches remises, le chasseur doit apporter 17 à 18 bêtes au moins, si l'on tient compte des ratés. Au retour du chasseur, le commanditaire (commerçant) évalue toute la dépense réalisée, notamment la location du fusil, l'achat des cartouches et autres dépenses. Celles-ci sont compensées par 2 à 3 bêtes. Les bêtes restantes seront partagées en part égales avec le chasseur.
Les bêtes sont fumées et destinées à la vente. Les commerçants les acheminent vers les grands centres (Komono, Sibiti, Mossendjo, Dolisie.), au moyen des véhicules ou des motos (Djakarta).
Photo 9 : céphalophe bleu pris Photo 10 : athérures fumés exhibés au Photo 11: moto d'un commerçant
dans un piège à câble (ph. L. Kiminou) campement Massala (ph. L. Kiminou) provenant de Komono (ph. L. Kiminou)
Tableau 13 : présentation des prix des
principales viandes de chasse commercialisées dans les
villages et
à Komono centre.
Viandes de chasse |
Prix dans les |
Prix à Komono |
Gazelle (céphalophe bleu) |
2.000 |
2.500 |
Antilope rouge (C. callypigus) |
5.000 |
8.000 |
Antilope à bande noire (C. dorsalis) |
5.000 |
8.000 |
Porc-épic (Atherures) |
2.000 |
2.500 |
Singe (cercopithecus nictilan) |
2.500 |
3.000 |
Source : donnée de l'enquête
Komono centre est la principale localité où les commerçants et les chasseurs des villages de notre zone d'étude viennent écouler leurs bêtes. Notons qu'à Komono centre, se trouve une brigade de surveillance du Ministère de l'Economie Forestière, elle est chargée de la sensibilisation sur l'interdiction de chasser les espèces protégées et la répression de la chasse commerciale illégale. Cette brigade délivre aux commerçants de viande de brousse un permis de petite chasse, autorisant la vente de 50 bêtes au plus par vendeur. Le permis est délivré au coût de 17.400 F.CFA, pendant la période d'ouverture de la chasse qui est de 6 mois (novembre à avril).
Tableau 14 : identification des principales espèces chassées dans la zone de GOUONGO.
Nom scientifique |
Nom |
Nom |
Nom |
Nom |
Fréquence de |
Atherurus africanus |
Atherure |
Ngûnu |
Ngûmba |
Ngûma |
Très fréquent |
Cephalophus monticola |
Céphalophe |
Sitè |
Sèti |
Sèti |
Très fréquent |
Cephalophus dorsalis |
C. à bande |
Gsib |
Suvu |
Gsibi |
Très fréquent |
Cephalophe callipygus |
C. de peters |
Nvulanzele |
Onkabi |
Nvulanza |
Peu fréquent |
Manis tricuspis |
Pangolais |
Lokâka |
Lakâka |
Lekâka |
Assez fréquent |
Thrynomys |
Aulacode |
Tsibissi |
Sibissi |
Tsibili |
Peu fréquent |
Viverra civetta |
Civette |
Nzobo |
Nzôbo |
Nzôbo |
Rare |
Potamochoerus porcus |
Potamochère |
Nguyi |
Nguya |
Nguya |
Peu fréquent |
Cercopithecus nicitans |
singe hocheur |
Kim |
Stima |
Nkema |
Assez fréquent |
Source : donnée de l'enquête
La pêche est la deuxième activité de production de protéines animales en milieu rural au Congo. Elle est très souvent complémentaire, ou constitue un substitut à l'activité de chasse, en particulier en saison sèche (Pierre, 2004).
Dans notre zone d'étude, l'activité de pêche est pratiquée notamment dans les villages Mouetché, Kingani et Moukina. Elle s'organise autour des rivières Gouongo, Gnimi et la Loula, ainsi que dans les cours d'eaux Moudzouboussou (pour Mouetché), Kikoula, Bimbalaka et Lindzingua (pour Kingani).
Les techniques de pêche les plus utilisées sont : la pêche au filet, à la nasse, à la ligne et la pêche au barrage. La pêche au filet dormant et à la ligne, sont pratiquées toute l'année par les hommes sur des pirogues, en particulier sur la Gnimi et la loula. Les nasses sont placées au niveau des embouchures des cours d'eau, notamment dans la GOUONGO. La pêche au barrage quant à elle, se déroule en saison sèche et est réalisée par les femmes dans les cours d'eau Moudzouboussou et Bimbalaka. Au village Kingani, nous avons relevé plusieurs étangs de Pisciculture renfermant des tilapias.
Les principales espèces de poissons péchées dans ces localités sont des Siluriens (machoiron [Arius sp] et les poissons-chat [Clarias sp]).
Tableau 15: identification des principales espèces pêchées dans la zone de GOUONGO.
Nom Scientifique |
Nom pilote |
Nom téké |
Nom Ndassa |
Nom Mbamba |
Clarias angolensis |
Silûre |
Woto |
Poupou |
Popo |
Clarias gabonensis |
Silûre |
Ngol |
Ngolo |
Ngolo |
Chrysichthys auratus |
Machoiron |
Kogo |
Ikoupa |
Kopa |
Chrysichthys nigrodigitatus |
Machoiron |
Kogo |
Ikoupa |
Kopa |
Lutjanus dentatus |
Capitaine |
Mubiguè |
Moubiengui |
Obino |
Tilapia cabrae |
Carpe |
Pim |
Nzayi |
Nzayi |
Tilapia guinéensis |
Carpe |
Gngassa |
Pâlala |
Pâlala |
Panaeus sp |
Crevette |
Missala |
Miosso |
Okosso |
Source : donnée de l'enquête
Les populations de notre zone d'étude ont souvent recours aux produits de cueillette en forêt pour leur alimentation, leur santé et pour diverses pratiques à caractère culturel et religieux. Le prélèvement des produits forestiers non ligneux (PFNL) joue ici un rôle important tant sur le plan économique et social, que culturel. Elle contribue à la satisfaction des besoins en revenu monétaire.
L'activité de cueillette s'étale toute l'année. Les produits les plus importants dans la zone sont les feuilles des Marantacées, le Gnetum africanum « foumbou », l'aframomum « tondolo » et les plantes phytopharmaceutiques.
Les principaux usages de produits de cueillette : a) alimentation des populations
· Les feuilles de « foumbou » (Gnetum africanum), sont consommées régulièrement quotidienne par tous les ménages de notre zone d'étude. Selon Pierre (2004), ces feuilles ont une grande valeur nutritive et constituent des sources importantes de protéines, d'acides aminés et de minéraux. Elles sont très recherchées et surtout récoltées par les femmes pygmées. La récolte est souvent destructive, toute la plante étant coupée. Une filière importante de commercialisation existe à Komono centre et à Sibiti. Ce PFNL étant une espèce sempervirente, il joue un rôle important dans l'économie des ménages Pygmées ;
· Le « tombé » est un alcool issu de la fermentation de la sève du palmier raphia. La production de ce vin est une activité masculine. Le « tombé » est beaucoup consommé et apprécié par les habitants de GOUONGO. Il fait l'objet d'un commerce important. Il est surtout acheminé vers les grands centres (Komono et Sibiti) où son prix de vente est nettement supérieur à celui pratiqué dans les villages : soit 250 F.CFA le litre à Sibiti pour 100 F.CFA au village ;
· Les champignons, les chenilles et les larves, ils sont récoltés presque exclusivement par les pygmées. Au-delà de leur rôle alimentaire (particulièrement important dans l'équilibre nutritionnel des populations pygmées), ils font l'objet d'un commerce important dans les villages.
b) emballage alimentaire
· On note comme principal emballage alimentaire les feuilles de Marantacées (Maranthachola cogensis). Elles sont utilisées pour l'emballage du pain de manioc (chikwangue), l'emballage des beignets et servent aussi d'emballage d'aliments auprès des chasseurs en forêts. Le commerce des feuilles de marantacées est une activité très importante, notamment en terme de main d'oeuvre Pygmée et de volume monétaire. Elle a un rôle social et économique important, tout au long de l'année. Malgré des prélèvements importants de ce produit, la ressource demeure encore abondante et omniprésente dans la zone.
c) matériaux pour habitat
· Les tuiles végétales sont conçues pour la couverture des toitures de cases dans les villages de notre zone d'étude. Elles sont essentiellement constituées de feuilles de palmiers raphia (Raphia spp). La confection de ces pans de toitures, est une activité importante en temps de travail et elles sont beaucoup commercialisées dans la zone ;
· Le bois de feu et de service, l'exploitation de ces ressources ligneuses est limitée au ramassage du bois de feu. En effet, en l'absence de moyens matériels lourds pour l'abattage et le transport du bois en forêt, seule une petite activité de transformation (planches éclatées, perches et gaules pour faire des lattes et chevrons) est effective dans les villages pour la construction de cases.
d) produits naturels à usage médicinal et culturel
La pharmacopée traditionnelle joue un rôle important chez les populations rurales, pour qui l'accès aux produits pharmaceutiques commerciaux est difficile, tant en terme de disponibilité qu'en terme de coût. Dans notre zone d'étude, on a pu identifier principalement les plantes comme : Mukobo Likaya contre les maux de tête ; Mâlingui mâ muhaba contre la carie dentaire ; Mukuissi contre le mal d'estomac ; Mumboto contre les rhumatismes ; Ngulihib contre les hémorroïdes etc.
e) artisanat utilitaire
De nombreuses lianes et rotins (entre autre laccosperma seccundiflorum) interviennent dans la fabrication des nasses, mobiliers, hottes de portage et paniers.
Tableau 16: tableau récapitulatif des principaux PFNL prélevés dans la zone de GOUONGO.
Nom pilote |
Nom Téké |
Nom Ndassa |
Nom Bamba |
Importance |
Mfoumbou |
Fûmu |
Lekouhou |
Nkumu |
Abondant |
Autre Mfoumbou |
Nzumbu |
Nzumba |
Dumba |
Abondant |
Mikawa |
Mikâna |
Mikanda |
Ekana |
Abondant |
Oseille de brousse |
Kululu |
Nkululu |
Kulo |
Abondant |
Autre oseille de brousse |
Lutongo |
Tunvu |
Tuvu |
Assez important |
Champignon (bouha) |
Bikumu |
Kunvu |
Akombo |
Abondant |
Tondolo |
Mipiapia |
Mipiapia |
Empiapia |
Assez important |
Autre tondolo |
Tûnu |
Sundu |
Ntôno |
Assez important |
Malombo |
Biboublou |
Biboulou |
Apombolo |
Peu important |
Fruit sur Moabi |
Mouebe |
Moubondo |
Ayala |
Assez important |
Chenille (Tsombé) |
Batsiolo |
Bapossi |
Ampossi |
Peu important |
Autre chenille |
Binkèlè |
Mtsètsèlè |
Enkèlè |
Rare |
Marantaceae |
Matutè |
Ngungu |
Tsussi |
Abondant |
Asperge (Ntinia) |
Bâ Ngitè |
Bâ Ngiti |
Adoko |
Abondant |
Fougere |
Mussièlè |
Bissièlè |
Ossièlè |
Abondant |
Cola |
Bli |
Bilè |
Bili |
Assez important |
Source : donnée de l'enquête
Il convient de noter que l'élevage est une activité limitée dans notre zone d'étude. On compte moins de 10 animaux par éleveur. Il s'agit essentiellement d'un petit élevage a usage domestique, les quelques têtes d'animaux que l'on trouve dans les villages sont généralement en divagation. Cet élevage se limite généralement aux poules et porcs de race locale, aux ovins et caprins.
Dans ces villages, l'élevage n'a pas un rôle dominant de production ou d'accumulation. Il est plutôt destiné à la célébration des fêtes (dons, dot, retrait de deuil et autres manifestations). Cependant avec l'installation des exploitants forestiers étrangers, on observe un développement progressif de l'élevage de but alimentaire et commercial, notamment dans les villages Kingani et Mouetché.
Tableau 17 : prix de vente des animaux d'élevage dans les villages de notre zone d'étude.
Espèces d'élevage |
Prix de vente au village (FCFA) |
Coq |
1000 |
Poule |
1500 |
Cabris |
10.000 |
Chèvre |
15.000 |
Mouton |
25.000 |
Brebis |
30.000 |
Source : donnée de l'enquête
Le marché est un espace commercial de vente et d'achat où les hommes et les femmes se rencontrent périodiquement pour la vente ou l'échange de biens de services ou de capitaux.
Sur l'ensemble des 5 villages de notre zone d'études, aucun village ne dispose d'un marché. L'absence de marché permanent et structuré peut se justifier par le faible niveau de production des biens de base, la plupart des produits étant destinés à l'autoconsommation. Cependant, on peut rencontrer dans les villages quelques femmes qui parviennent à dégager un surplus de production qu'elles mettent en vente devant leur case. On y trouve notamment la « chikwangue », la banane douce, l'huile de palme, etc. La viande de brousse, coupée en petits morceaux, est placée dans une grande assiette et vendue par des jeunes vendeuses ambulantes au prix de 100 F.CFA le morceau. On rencontre parfois dans ces villages des vendeurs ambulants des produits tels que la sardine (sardinella moderensis) fraîche ou fumée appelé localement « Makouala ». D'autres commerçants ambulants, en provenance de Sibiti, Mossendjo et Pointe-Noire, s'installent dans les villages pendant 2 à 3 jours et vendent divers produits d'importation (habits, pagnes, produits cosmétiques, etc.). On peut relever dans les villages l'existence de boutiques de distribution des produits de première nécessité (savons, riz, l'huile d'arachide, ampoules et piles de torche, cartouches, etc.).
Tableau 18 : répartition de la population selon les activités productives
Villages Activités |
Mouetché |
Kingani |
Douakani |
Ngonaka |
Mokina |
Total |
% |
Agriculture |
96 |
124 |
103 |
130 |
42 |
495 |
53 |
Chasse |
16 |
4 |
13 |
27 |
6 |
66 |
7,09 |
Pêche |
22 |
6 |
2 |
5 |
11 |
46 |
5 |
Commerce |
8 |
11 |
5 |
8 |
2 |
34 |
3,6 |
Fabricant de vin traditionnel |
18 |
2 |
3 |
2 |
10 |
35 |
3,7 |
Producteur d'huile de palme |
26 |
4 |
7 |
37 |
3,9 |
||
Travailleur de SICOFOR |
33 |
9 |
3 |
5 |
4 |
54 |
5,8 |
Travailleur de TAMAN |
17 |
17 |
1,8 |
||||
Travailleur de MPD (*) |
4 |
5 |
9 |
1 |
|||
Autres |
72 |
10 |
38 |
5 |
12 |
137 |
14 |
Total |
265 |
196 |
176 |
206 |
87 |
930 |
100 |
Source : donnée de l'enquête
(*) MPD : Projet Mine Développement (projet mine de Zanaga)
Ce tableau présente la population réellement active de la zone d'étude, repartie selon l'activité principale. Il convient néanmoins de noter que, en dehors de l'activité principale prise en compte ici, chaque producteur dans les villages enquêtés s'adonne parallèlement à d'autres activités considérées comme secondaires.
Nous pouvons observer, comme le montre le tableau 8 ci-dessus, que l'agriculture constitue l'activité première de la population, 53% de personnes la pratiquent sur l'ensemble des villages enquêtés. La chasse, avec 7% de la population qui en font leur occupation principale, constitue la deuxième activité de la zone d'étude, suivie de près par le travail à SICOFOR (5%) et par la pêche (4%). Toutes ces activités sont caractéristiques de la zone d'étude dominée par la présence de la forêt et de nombreux cours d'eau.
Il n'existe pas de données disponibles sur la structure et le niveau de revenus monétaires des ménages dans l'UFE GOUONGO. Il ressort néanmoins de nos observations sur le terrain quelques données permettant d'estimer les revenus monétaires générées par les différentes activités de production.
Selon la mercuriale établie à la sous-préfecture de Komono, le prix de vente d'un manioc « chikwangue » sur l'ensemble du district s'élève à 200 F.CFA.
Dans les villages de notre zone d'étude, une femme qui dispose de son champ de manioc, fabrique la « chikwangue » au moins deux fois par semaine. Elle produit en moyenne 12 à 15 maniocs par séance. Elle retire 3 à 4 maniocs pour la consommation familiale en vend 8 à 10 sur place au village, à raison de 200 F.CFA l'unité. On peut évaluer le revenu mensuel moyen à 14.400 F.CFA. Nous pouvons évaluer le revenu annuel généré par cette vente de manioc à 172.800 F.CFA.
Nous notons que dans les villages Kingani et Douakani, les champs de manioc ont très peu produit au cours de l'année de notre enquête (2008), en raison de la pourriture physiologique des racines de manioc dans les sols. Les femmes ont été contraintes de se procurer du manioc sous l'état de pâte ramollie « Mikedi » au village Vouka (à 9 et 15 Km). Cette pâte de manioc est du manioc vendu dans des « copales » (sceaux de protection de dame-jeanne) à raison de 1.000 F.CFA le sceau.
Généralement, les femmes vont à Vouka tous les jeudis et achètent 2 « copales » de « Mikedi », qu'elles compléteront avec du manioc issus de leurs champs (ce complément servira uniquement pour la consommation familiale). Elles préparent ses « copales » 2 fois dans la semaine et une « copale » peut lui procurer 10 maniocs, vendus à 200 F.CFA l'unité. Ainsi, nous pouvons évaluer le gain mensuel à 16.000 F.CFA. Le revenu annuel moyen peut être estimé à 192.000 F.CFA.
D'une façon générale l'arachide est vendue par sac de 30 à 40 Kg et son prix varie au suivant la saison.
Le champ dune famille de GOUONGO (sauf cas de dévastation par les ravageurs), peut produire en moyenne 10 à 13 sacs d'arachide. On réserve généralement 3 à 4 sacs pour la consommation familiale, le don aux autres membres de la famille et la réserve pour la semence de la prochaine saison. La part destinée à la vente est alors de 8 à 10 sacs d`arachides à raison de 5.000 F.CFA l'unité. Nous pouvons ainsi estimer les revenus annuels moyens générés par la vente de l'arachide à 45.000 F.CFA. En plus, certaines productrices parviennent à dégager quelques sacs (2 ou 3) pour les vendre plu-tard, précisément à la veille du planting (août, septembre, octobre) à 7.500 F.CFA voir 8.000 F.CFA. Ceci permet d'améliorer leur revenu annuel.
Il faut noter que ces dernières années les populations des villages Kingani et Douakani, connaissent de fortes baisses de production d'arachide, due à l'appauvrissement des sols. La production d'un champ dans ces zones ne dépasse pas en moyenne les 5 sacs.
Outre le manioc et l'arachide, certains produits agricoles tels que l'aubergine, la tomate, l'oseille, l'amarante, la banane (douce ou plantain), noix de palmier à huile, le tabac (en feuilles ou en poudre) etc., sont également vendus dans les villages, mais de façon occasionnelle. Leur prix varie suivant la saison et sont généralement vendus par tas de 50 à 200 F.CFA.
a) Lungwila : vin de canne à sucre
Sur l'ensemble de nos villages échantillonnés, le village Mouetché est celui où l'activité de fabrication du « Lungwila » (vin de canne à sucre) est la plus pratiquée. En moyenne un producteur de Mouetché fabrique cette boisson 3 fois par semaine. Il produit généralement 10 litres de vin par séance. Il conserve 1 à 2 litres pour sa consommation et le partage, vend 8 litres à raison de 150 F.CFA le litre. Soit un gain de 3.600 F.CFA la semaine et un revenu annuel estimé à 172.800 F.CFA.
b) Bouganda : vin de maïs
Le « Bouganda » est un alcool issu de la fermentation du maïs. Il est apprécié et beaucoup consommé par les populations de GOUONGO. On a identifié une forte production de cette boisson dans les villages Douakani et Kingani. Production exclusivement réalisée par les femmes.
En moyenne une productrice de « Bouganda » fabrique cet alcool 2 fois dans le mois, à raison d'une dame-jeanne d'alcool de 10 litres par séance. Le produit est vendu dans un flacon sur place au village, à raison de 100 F.CFA le flacon. L'écoulement total de la dame-jeanne lui apporte un gain de 10.000 F.CFA. Nous pouvons ainsi estimer les recettes mensuelles à 20.000 F.CFA et annuelles à 240.000 F.CFA.
c) Tombé : sève du palmier raphia
Le « tombé » est un alcool issu de la fermentation de la sève du palmier raphia. Il est beaucoup consommé par les populations des villages de notre zone d'étude, notamment à Mokina où il est fortement produit. Les producteurs de ce vin sont souvent accompagnés d'un agent chargé du transport de vin des lieux de la récolte (en forêt) au village.
La quantité de « Tombé » produite dans la journée dépend essentiellement du nombre de palmiers raphia qu'exploite le récolteur. Il est estimé à 10 litres par jour, le prix du litre de Tombé s'élève à 100 F.CFA. D'où un gain journalier de 1000 F.CFA. Le revenu mensuel est estimé à 30.000 F.CFA.
d) Huile de palme
La production d'huile de palme peut être considérée comme l'une des activités de base des populations du village Kingani.
La coupe de noix est réalisée essentiellement par les pygmées ; c'est à eux que sont adressées les commandes de régimes. Un producteur d'huile de palme réalise en un mois deux fois une commande de 24 régimes, soit l'équivalent de 2 fûts de 200 litres. Le prix d'un régime s'élève à 250 F.CFA, celui des deux fûts serait alors de 6.000 F.CFA.
Les 2 fûts de noix de palme peuvent produire 30 à 35 litres d'huile en saison de pluie, période propice à la noix de qualité. Trois à cinq litres d'huile sont conservés pour la consommation familiale, les 28 ou 30 litres restants sont vendus à 350 F.CFA par litre. En saison sèche, la qualité de noix récoltée est moins bonne. Les producteurs obtiennent plus que 20 à 25 litres dont 2 litres pour le ménage et 23 litres sont vendus à 450 F.CFA le litre au village.
Le revenu annuel issu de la vente d'huile de palme pourrait être estimé comme suit : pendant la saison de pluie, estimé à 252.000 FCFA à raison de 350 F.CFA le litre ; pendant la saison sèche à 248.400 FCFA pour le litre à 450 F.CFA.
La vente de viande de chasse constitue la source de revenus la plus importante des ménages de GOUONGO.
Dans ces localités, les populations pratiquent essentiellement la technique de chasse au piège avec câble. Un individu visite ses pièges 2 à 3 fois par semaine, avec des résultats très variables, tant sur le plan quantitatif que selon les espèces capturées. Le niveau des captures varie en effet selon les saisons. Il est élevé en période pluvieuse et baisse considérablement en saison sèche. Dans ce contexte, il nous a été difficile de chiffrer les revenus mensuels ou annuels générés par cette vente de viande de brousse. Cependant, précisons que les espèces de viande fréquemment capturées sont les Céphalophes et les Atherures. Après dépeçage, ces viandes sont morcelées et vendues en parts de 100 à 200 F.CFA (fumée ou frais), dans le village. (Cf. tableau 6).
Le petit commerce, pratiqué par une minorité de personnes, contribue à l'amélioration des revenus des ménages. Six (6) principales activités ont été recensées :
a) vente de beignets
Au cours de nos enquêtes dans les villages, nous avons recensé 11 femmes qui fabriquent les beignets. Quatre (4) femmes ont été identifiées à Kingani (4), deux (2) à Douakani, deux (2) à Mouetché (2) et trois (3) à Ngonaka.
Compte tenu du nombre limité des consommateurs de beignets dans les villages et de leurs multiples activités (agricoles, ménagères, etc.), les femmes du même village fabriquent les beignets à tour de rôle. L'écoulement d'un sac entier de 50 Kg de farine de froment nécessite généralement un (1) mois, voire plus, et rapporte 40.000 à 45.000 F.CFA.
b) vente de savon local
Sur l'ensemble des villages de la zone d'étude, nous avons identifié une seule personne qui fabrique du savon local. Ce savon est fabriqué à Kingani, à base d'huile de palme, de soude caustique et d'eau. La production moyenne est de 90 morceaux de savon par semaine, vendus au prix de 50 F.CFA l'unité. La recette mensuelle est estimée à 18.000 F.CFA, soit un revenu annuel évalué à 216.000 F.CFA.
c) vente de pain
Dans notre zone d'étude, on dénombre un (1) fabriquant de pain local au moyen d'un four traditionnel. Cela se passe dans le village Kingani. Au vue des ruptures permanentes de stock (farine, levure) et les jours du dimanche où le boulangé ne vend pas le pain, on estime à 15 fois par mois le nombre des jours qu'il fabrique le pain. Les recettes journalières issues de la vente de pain sont de 4.500 F.CFA en moyenne. Elles sont estimées à 67.500F.CFA par mois et environ 810.000 F.CFA par an.
d) Vente de l'huile de palme à Bambama et Zanaga
Cette activité est menée dans le village Kingani, essentiellement par les jeunes. Une quantité importante d'huile produite est acheminée vers les districts de Bambama ou de Zanaga pour être vendue. La production individuelle est estimée à 50 litres tous les 15 jours. Le prix de vente du litre dans ces districts est de 500 F.CFA. La recette mensuelle de cette vente est estimée à 50.000 F.CFA. Les frais de charges liés au transport non compris.
e) vente des produits de cueillette : feuilles de « foumbou » et de « Marantaceae »
Ces deux produits de cueillette destinés à la commercialisation, constituent les principales sources de revenus des femmes pygmées. Ces dernières reçoivent des commandes des commerçants venant des grands centres (Komono, Sibiti). Elles vendent en moyenne 2 sacs de « foumbou » par mois à raison de 5.000 F.CFA par sac, soit un revenu mensuel de 10.000 F.CFA. De plus les recettes occasionnelles de la vente de « foumbou » en détail (50 F.CFA le paquet) peuvent être estimées entre 13.000 et 15.000 F.CFA par mois.
f) exploitation d'une buvette et la vente des produits de première nécessité
Quatre (4) buvettes faisant en même temps office d'alimentation ont été recensées dans la zone d'étude. Deux (2) au village Kingani, un (1) à Ngonaka et un (1) à Mouetché. Selon les propriétaires des bistrots, les bénéfices nets de leur vente varient entre 25.000 et 30.000 F.CFA par mois. Le revenu annuel varie ainsi entre 300.000 et 360.000 F.CFA.
Le tableau ci-après récapitule les revenus annuels moyen générés par les principales activités de productions :
Tableau 19 : récapitulatif des revenus moyens générés par les principales activités identifiées.
Produits |
Producteurs |
Revenus annuels moyens par
producteur |
Manioc |
Femmes |
172.800 |
Arachide |
Femmes |
45.000 |
Lungwuila |
Hommes |
172.800 |
Boungada |
Femmes |
240.000 |
Tombé |
Hommes |
360.000 |
Huile de palme |
Femme / Hommes. |
250.000 |
Beignets |
Femmes |
510.000 |
Savon local |
Hommes |
216.000 |
Pain |
Hommes |
810.000 |
Buvette et boutique |
Hommes |
330.000 |
Gnetum et marantacées |
Femmes pygmées |
120.000 |
Source : donnée de l'enquête
Il s'agit ici de l'utilisation que les populations font de leurs revenus. Les dépenses sont reparties essentiellement entre l'alimentation, la santé, la scolarisation, l'habillement, les voyages, les fêtes, les intrants. Cependant, il ressort nettement de nos investigations sur le terrain les constats suivants :
- les flux de trésorerie les plus importants sont globalement contrôlés par les hommes et sont irréguliers, car générés par les revenus de la viande de chasse, de boisson traditionnelle principales activités marchande, en terme de volume monétaire ;
- il n'y a pratiquement aucune thésaurisation des revenus monétaires, les revenus de la chasse, qui sont les plus fréquents, sont pour une grande part redistribuées consommées en alcool ;
- les investissements de production (petit matériel agricole, de pêche, etc.) sont très faibles. L'achat des câbles (1m à 200 F.CFA), de cartouches (500 F.CFA l'unité) constituent l'investissement de production le plus important ;
- les récoltes agricoles assurent l'autosubsistance alimentaire des familles et les revenus issus des surplus permettent d'acheter des produits de première nécessité et quelques biens d'équipement, dans les boutiques de la place. Ces revenus servent également à payer les droits scolaires hebdomadaires (des enseignants prestataires), à payer la main d'oeuvre additionnelle des « Zolas » pour les travaux agricoles et à acheter l'achat les médicaments génériques auprès des vendeurs ambulants ;
- comme l'indique Pierre (2004), la capacité d'organisation collective, d'épargne et d'investissement demeure extrêmement faible dans les villages, tant par le manque de solidarité et d'organisation (caisse mutuelle, etc.), que par le manque de trésorerie et l'absence totale des services de l'Etat et des opérateurs de développement.
Si, comme l'indiquent Bertrand et al. (1999), l'aménagement a été pendant longtemps considéré comme une branche de la foresterie s'intéressant aux sciences et techniques forestières dans leurs rapports avec les principes d'ordre administratif, législatif, économique et social de la gestion des forêts, il n'en est plus de même aujourd'hui. Depuis quelques années en effet, la prise en compte des relations qu'entretiennent les populations avec les espaces forestiers est l'une des préoccupations majeures du processus d'aménagement.
Il est essentiel aujourd'hui que les populations locales soient associées au processus d'aménagement forestier afin de garantir leurs droits, leurs modes de vie et leur bien-être (ATIBT, 2005). Cette participation au processus de prise de décision pour la gestion durable de la ressource forestière est un préalable indispensable à la réalisation d'un aménagement forestier.
La gestion durable des forêts est donc devenue un défi que tous les acteurs (publics, privé collectivités locales, organisations régionales et internationales, organisations non gouvernementales, etc.) doivent relever.
Les trois raisons ci-après, développées par ATIBT (2005) pour l'Afrique Central, justifient la prise en compte de la dimension sociale dans le processus d'aménagement d'une concession forestière :
1) les obligations légales
Les réformes législatives du secteur forestier en Afrique Centrale sont intervenues dans le courant des années 1990 (ATIBT, 2006). En matière sociale, les nouveaux cadres législatifs sont assez semblables d'un pays à l'autre, et reposent sur trois niveaux d'obligations faites aux titulaires d'une concession forestière, à savoir :
- assurer des conditions de vie convenables sur les chantiers forestiers et les sites industriels pour les salariés de l'entreprise et leurs ayants droit légaux. Il s'agit des mesures concernant l'habitat, la scolarisation, la santé, l'hygiène et la sécurité, l'alimentation, la formation ;
- assurer la coexistence des différentes fonctions et usages de l'espace et des ressources de la forêt, pour garantir aux populations locales la préservation de leurs droits d'usage légaux ;
- contribuer au développement local par le financement d'infrastructures et d'équipements sociaux collectifs au bénéfice des populations riveraines, en particulier à travers l'exécution d'un cahier des charges par le titulaire et/ou à travers la part de la fiscalité forestière destinée au développement local mis en oeuvre par l'Etat.
2) les exigences légales
Les aspects sociaux de l'exploitation forestière sont pour la plupart du temps pris en compte par l'opérateur industriel pour assurer l'activité de production et avoir accès à la ressource ligneuse dans les meilleures conditions de « paix sociale ».
Aujourd'hui, comme l'indique ATIBT (2005), les aspects sociaux doivent être économiquement intégrés afin d'assurer la production, contribuer à une paix sociale devenue de plus en plus fragile et favoriser la commercialisation des produits forestiers :
- en justifiant d'une bonne pratique sociale de la gestion forestière face aux lobbies écologistes et aux mouvements opposés à l'exploitation de la forêt tropicale ;
- dans le but d'acquérir un label commercial de qualité (FSC, ISO 14001, Keurhout, PAFC, etc.), de plus en plus demandé, à travers la certification forestière.
3) la prise en compte des populations riveraines de la concession Cette prise en compte se caractérise essentiellement par :
- la reconnaissance de l'importance que revêt la forêt pour les populations qui y vivent et de la représentation qu'elles s'en font. Ceci est primordiale afin de proposer des mesures susceptibles de recueillir leur soutien et leur participation ;
- l'obligation de ne pas séparer obligatoirement l'espace vital villageois et l'espace
exclusif consacré à l'exploitation forestière. Des « règles du jeu » simples,
cohérentes et consensuelles de cette cohabitation sont indispensables.
Le volet social du plan d'aménagement vise 3 principaux objectifs. Ces objectifs doivent obéir aux obligations légales en matière d'aménagement des concessions forestières, aux exigences du marché international du bois d'oeuvres, aux réalités sociales économiques et culturelles des populations locales et autochtones. (Pierre, 2004).
Ces 3 objectifs se définissent de la manière suivante (ATIBT, 2005) :
- objectif 1
Assurer les conditions de vie adéquates sur les chantiers forestiers, le site industriel et la base vie, pour les salariés de l'entreprise et leur ayant droit légaux (femme, enfants vivant sous le toit). Il s'agit des mesures concernant l'habitat, la scolarisation, la santé, l'hygiène et la sécurité, l'alimentation, la formation, etc. ;
- objectif 2
Assurer une coexistence et une durabilité des différentes fonctions et usages de l'espace et des ressources naturelles de la concession forestière, pour garantir aux populations locales la préservation de leur droit d'usage légaux et la satisfaction de leur besoin actuels et futurs dans les limites prévues par la loi ;
- objectif 3
Contribuer au renforcement du processus de développement local par le financement d'infrastructures et d'équipement sociaux collectifs au bénéfice des populations riveraines de l'UFE, à travers, la part fiscale prévue à cet effet et versée par la société à l'Etat et les engagements contractuels du cahier des charges d'exploitation.
Le cadre législatif et réglementaire qui régit le volet social du plan d'aménagement d'une UFA au Congo, repose sur les textes suivants :
a) loi n° 16-2000 du 20 novembre 2000 portant Code forestier et son Décret n° 2002- 437 du 31 décembre 2002 fixant les conditions de gestions et d'utilisation des forêts ; ainsi que les différents textes d'applications du Code forestier
b) loi n° 003-91 du 3 avril 1991 sur la protection de l'environnement ;
c) loi n° 48/83 du 21 avril 1983 définissant les conditions de la conservation et de l'exploitation de la faune sauvage (en cours de reforme), en particulier l'article 32 qui précise les conditions de la chasse de subsistance avec les méthodes traditionnelles.
En ce qui concerne la société SICOFOR, les droits et obligations mutuelles qui régissent les relations entre celles-ci titulaire de la convention d'aménagement et le personnel de
l'entreprise et leurs ayants droit légaux (femmes et enfants vivant sous le toit) sont défis dans les textes suivants :
~ Code du Travail de la République du Congo, Loi n°4 5 / 75 du 15 mars 1975 et la Loi n° 6 / 96 du 6 mars 1996 ;
~ Convention collective des entreprises agricoles et forestières de mars 1992.
Figure 8: dispositif législatif et réglementaire régissant le volet social du plan d'aménagement au Congo
(Source : ATIBT, 2005).
Comme nous l'avons indiqué, l'exploitation forestière au Congo est régie par la loi 16-2000 du 20 novembre 2000 portant Code forestier, fixant les conditions de gestion et d'utilisation des ressources forestières. Le Code forestier confirme la volonté de mettre en place des politiques de gestion durable des écosystèmes forestiers garantissant une production soutenue des produits forestiers et assurant la conservation de la diversité biologique (N'zala & al, 2006).
Le code forestier congolais repartit le domaine forestier national en deux domaines :
· le Domaine Forestier de l'Etat (DFE) qui comprend un Domaine Forestier Permanent (DFP) et un Domaine Forestier Non Permanent (DFNP). Pour faciliter sa gestion, le DFP est subdivisé en Unité Forestière d'Aménagement (UFA) de superficie variable allant de 200.000 à 1.000.000 d'hectares. L'UFA est l'unité de base pour l'exécution des tâches d'aménagement. Les UFA au Congo sont repartie en trois secteurs :
- le secteur Nord qui compte 30 UFA ; - le secteur centre avec 4 UFA ;
- le secteur sud avec 9 UFA.
Signalons que certaines UFA du secteur sud, ont été à leurs tours subdivisées en UFE de taille variable allant de 6.000 à 250.000 hectares.
· le Domaine Forestier des Personnes Privées (DFPP). Les UFA et UFE sont concédées aux operateurs économiques forestiers sous deux formes :
- la convention de transformation industrielle attribuée par appel d'offre pour une durée inferieure ou égale à 15 ans renouvelables ;
- la convention d'aménagement et de transformation attribuée par appel d'offre pour une durée inferieure ou égale à 25 ans renouvelables.
Le code forestier congolais impose la mise sous aménagement des forêts d'exploitation ou de conservation. Des Directives Nationales d'Aménagement ont été validées en mars 2004, accompagnées des Normes Nationales d'Aménagement (norme de cartographie, d'inventaires, et de sylviculture.) validées en mai 2006. Elles offrent des méthodologies d'élaboration des plans d'aménagement en présentant les procédures administratives et les actions techniques à entreprendre; elles permettent d'optimiser le temps et les coûts nécessaires aux travaux d'aménagement forestier (REM, 2008).
Un comité de gestion regroupant l'administration forestière, les autorités locales et la société forestière concernée, qui se réunit au moins une fois l'année, assure le suivi et l'orientation de l'élaboration du plan d'aménagement (approbation des programmes d'activités et de budget, et des rapports d'activités techniques et financières).
Treize (13) UFA, couvrant une superficie totale d'environ 6.186.216 hectares et dix sept (17) UFE couvrant 2.642.046 hectares, sont concernés par ce programme. Ce dernier s'étendra à moyen terme, sur l'ensemble des forêts de production correspondante à près de 10 millions d'hectares ( www.lepotentiel.com).
Dans le secteur Nord, six (6) entreprises d'exploitation forestière (CIB, BPL, Thanry-Congo, Mokabi S.A, ITBL, et IFO) sont réellement lancées dans la réalisation des plans d'aménagement pour une superficie globale de 4 millions d'hectares, comprenant 9 UFA et 1 UFE. Soulignons que les quatre (4) plus grandes concessions forestières que compte le Congo, toutes ont vu leurs plans d'aménagement adoptés à ce jour par l'administration forestière. Ces concessions ont été certifiées par le Forest Stewartship Council (FSC). Il s'agit des UFA Kabo et Pokola attribuées à la CIB recouvrant une superficie globale de 750.000 hectares, l'UFA Lopola attribuée à la société BPL recouvrant une superficie de 199.900 ha et l'UFA Ngombé attribuée à IFO recouvrant une superficie de 1.620.000 hectares. Cette dernière constitue à ce jour la plus grande concession forestière tropicale certifiée (www.congo-site portail.com).
Ce processus d'adoption des plans d'aménagement se poursuit dans le département de la Likouala, avec les sociétés BPL et Mokabi SA. Les études de base de ces UFA ont été validées par l'administration forestière en 2008.
Dans le secteur Sud, quatre (4) entreprises (FORALAC, TRABEC, SICOFOR et TAMAN) viennent de signer des protocoles d'accord pour l'élaboration des plans d'aménagement de leurs concessions qui comprennent 11 UFE couvrant une superficie totale d'environ 1,8 millions d'ha. Aussi, avec la mise en oeuvre cette année du projet « Gestion Durable des Forêts », financé en grande partie par l'Agence Française de Développement, ce processus va connaître des avancées significatives dans le Sud Congo, permettant ainsi à l'horizon 2014, l'aménagement de l'ensemble des concessions forestières de notre pays. ( www.lepotentiel.com).
Certaines sociétés forestières n'ont toujours pas signé de protocole d'accord avec l'administration forestière. D'autres par contre l'ont signé mais, pour des raisons financières, les travaux sont peu avancés. Signalons que la réalisation des plans d'aménagement est une obligation légale, sa non observation peut entrainer le retrait du titre d'exploitation (N'zala et al, 2006).
La figure 5 ci-après nous présente l'état d'aménagement des concessions forestières au Congo.
Figure 9 : état d'aménagement des concessions forestières en République du Congo.
Source : base de données CNIAF, janvier 2008
- Catégorie « aménagée » : le plan d'aménagement a été adopté ;
- Catégorie « non aménagée » : rien n'est encore fait du point de vue de l'aménagement ;
- Catégorie « non prévue » : un plan d'aménagement n'est pas obligatoire pour ces unités forestières (toutes sous Convention de Transformation Industrielle) ;
- Catégorie « autre » : convention pas encore publiée.
La société SINO-CONGO-FORET (SICOFOR) est née de l'achat des actifs de l'ancienne société China OVERSEAS Développement qui fit faillite en 2006. China OVERSEAS Développement est issue elle-même du rachat en 1996 des actifs des sociétés STCPA-Bois et MAN FAI TAI, qui elles aussi avaient fait faillite.
La SICOFOR a été entérinée le 6 juin 2007 à Pointe-Noire en présence du Ministre de l'Economie Forestière. Elle a pour objet principal l'exploitation du bois d'oeuvre, la transformation, la commercialisation du bois et de ces produits dérivés. Son siège social est situé dans le Département du Kouilou, précisément sur l'avenue Marien NGOUABI dans la zone industrielle qui borde le quartier Km4 de Pointe-Noire.
Avec un capital social fixé à 100.000.000 de F.CFA, la SICOFOR a bénéficiée des fonds d'investissements du gouvernement de la province de JIANGU Chine et du soutien de la banque de Chine. Ces investissements sont évalués à 21.822.768.605 F.CFA.
Le groupe JIANGU OVERSEAS Coopération (J.O.C), disposant de 99 % de parts dans la SICOFOR est l'actionnaire majoritaire de la société.
Le groupe J.O.C est le plus grand importateur de bois en chine. C'est une structure de promotion à l'investissement du gouvernement de la province de JIANGU en République populaire de Chine.
La SICOFOR dispose à l'heure actuelle de :
· cinq unités forestières d'exploitation : Cotonvindu, Tsinguidi, Letili, Ingoumina-Lélali et GOUONGO ;
· deux usines de transformation (SICOFOR A et SICOFOR B). L'usine A occupe les anciennes installations de la société MAN FAI-TAI et l'usine B celle de la SIDETRA.
Photo 12 : anciennes installations de la SIDETRA Photo 13 : usine de déroulage et de placage
(photo L. Kiminou) (photo L. Kiminou)
Le Ministère de l'Economie Forestière (MEF) et la SICOFOR ont conclu une convention d'aménagement et de transformation en date du 05 octobre 2006, relative à la mise en valeur des UFE Cotovindou, Tsinguidi, Létili, Ingoumina-lélali et GOUONGO, situées respectivement dans les UFA Sud 2 (Kayes), Sud 5 (Mossendjo), Sud 7 (Bambama) et Sud 8 (Sibiti).
Au terme de la Loi 16-2000 du 20 novembre 2000 portant code forestier et de l'article 12 de la convention citée ci-dessus, la société s'engage à élaborer en collaboration avec les services techniques du Ministère, un plan d'aménagement des UFE suscitées en vue de garantir l'équilibre écologique des écosystèmes de ses UFE et promouvoir une exploitation soutenue du bois.
La société SICOFOR est placée sous la tutelle d'un conseil d'administration. C'est l'instance dirigeante de l'entreprise, elle siège sous la présidence d'un délégué général (de nationalité Américaine résidant au Gabon) du groupe J.O.C. Au niveau local, la société est dirigée par un Directeur Général de nationalité chinoise, il est chargé de la coordination et la supervision des activités de la SICOFOR.
Le schéma ci-après, présente l'organigramme fonctionnement de la SICOFOR :
ORGANIGRAMME DE LA SOCIETE SICOFOR
Secrétaire
D.G
DT
C.P
D.C.F
C.E.A
C.P
Section Paie
Section Administrative
Section
Génie
Section
Section
Fabrication
Fabrication
Production
Scierie
affûtage
Placage
contre plaqué
Conseil d'Administration
Approvisionnement
LEGENGE :
DG : Directeur Général
DT : Directeur Technique
CP : Chef du personnel
DCF : Directeur Comptable et Financier CEA : Chef d'Exploitation et d'Aménagement CP : Chef de Production
Comptabilité
Soulignons que la société travaille de connivence avec de nombreuses sous-traitances qui interviennent dans plusieurs secteurs de l'entreprise : (production du bois, transport, transformation et recrutement du personnel servant de main d'oeuvre).
L'exploitation du bois et l'évacuation des grumes au sein des UFE sont essentiellement réalisées par les sociétés de sous-traitance étrangères (Malaisiens et Indonésiens).
Dans le site d'exploitation forestier situé dans l'UFE GOUONGO, l'exploitation du bois d'oeuvre est exécutée par deux principales sous-traitances :
- la première d'origine Malaisienne dénommée « Lee Group », intervient dans la prospection, l'abattage, le débardage, le cubage et le transport d'une partie des grumes ;
- la deuxième sous-traitance tenue par un congolais dénommée « Groupe Matice », se charge du recrutement du personnel national, de leur gestion pour le compte de la société SICOFOR.
L'effectif total des travailleurs expatriés ou nationaux oeuvrant au chantier de GOUONGO est de 106 travailleurs, repartis comme suit :
- 20 expatriés de nationalités Malaisienne et Indonésienne. Ils exercent essentiellement dans les postes d'activités suivants : le débardage, l'abattage, la prospection, et chauffeur grumier ;
- 86 congolais dont 24 sont contractuels travaillant au parc et garage, 47 temporaires aides journaliers, 15 chargés de l'abattage en sous-traitance.
En effet, l'organisation fonctionnelle du site d'exploitation de GOUONGO, assurée par les sous-traitances, peut-être illustrée à partir des deux postes d'activités suivants :
a) l'abattage
L'abattage est l'action d'abattre, de faire tomber un pied d'arbre et de le sectionner en bille.
Un abatteur de nationalité congolaise ou expatrié signe un contrat d'abattage du bois avec la sous-traitance « Lee Group ». Celle-ci met à sa disposition des outils de travail ci-après :
- une tronçonneuse estimée à 700.000 FCFA si elle est neuve, ou à 450.000 FCFA si elle a déjà été utilisée. Cette somme est à rembourser progressivement au cours de
l'activité. Une retenue mensuelle évaluée à 100.000 FCFA en moyenne est faite pour
la tronçonneuse neuve et à 50.000 FCFA pour une tronçonneuse ancienne ;
- une chaîne pour scie d'une valeur de 8.000 FCFA, en cas d'usure ou de rupture éventuelle de la chaîne initiale de la tronçonneuse ;
- l'essence pour le fonctionnement de la tronçonneuse, fixé à 500 FCFA le litre consommé ;
- les limes fixées à 500 FCFA l'unité ;
- la délimitation d'un bloc d'exploitation forestier d'une superficie de 50 hectares, renfermant les pieds d'essence à abattre.
La production d'un (1) m3 de bois est fixée à 600 FCFA pour les abatteurs congolais et à 1.500 FCFA pour les abatteurs expatriés.
L'abatteur placé dans les conditions susmentionnées, exploite le bloc forestier qui lui est attribué souvent avec l'assistance d'un aide journalier, pointé à 1.500 FCFA par jour. Les pieds abattus sont débardés au parc où ils sont ensuite cubés afin de calculer le volume de grumes produit par mois. Une balance mensuelle est faite entre les ressources obtenues grâce au volume des grumes produit et les dépenses liées aux outils fournis par Lee-Group (essence, chaînes, limes, salaire de l'aide journalier, etc.), mais aussi les frais d'économat ou d'infirmerie en cas d'accident.
Le solde ou gain obtenu constitue le revenu mensuel de l'abatteur. Il est donc fonction du volume de billes produites au cours du mois. Ce revenu s'améliore nettement une fois la dette de la tronçonneuse achevée, celle-ci appartenant désormais à l'abatteur.
b) le débardage
Le débardage consiste à extraire les pieds d'arbres au moyen d'un débardeur (engin à chenille ou à pneu), du lieu où ils sont abattus jusqu'au lieu où ils sont stockés et cubés. Cette activité est assurée exclusivement par les expatriés. Ceux-ci reçoivent du Lee-Group :
- un engin (débardeur à chenille ou à pneu) ;
- un câble métallique de réserve qui sert à tirer les grumes d'une valeur de 50.000 FCFA les 6 m, est mis a disposition ;
- un bloc d'exploitation forestier. Celui qui assure le débardage est assisté d'un aide conducteur généralement de nationalité congolaise qui est pointé à 2.000 FCFA par jour.
La production d'un (1) m3 de bois débardés est fixée à 1.000 FCFA. Une balance est également faite pour cette activité entre les ressources liées au volume de grumes débardées et les dépenses liées aux charges engagées (câbles, aide conducteur, économat, infirmerie). Cette production est fonction du nombre de bois débardés. Le solde obtenu constitue le revenu mensuel de ce conducteur expatrié.
En dehors des activités d'abattage et de débardage, il existe d'autres postes assurés également par les sous-traitances, il s'agit notamment :
- l'évacuation des billes du chantier de GOUONGO jusqu'au port de Pointe-Noire ;
- la fourniture du carburant assurée par la société étrangère UTA « Unité de Transport Africain » ;
- l'approvisionnement de l'économat en aliment ;
- le poste de santé tenu par un infirmier diplômé d'Etat de nationalité congolaise ;
- l'éclairage route qui consiste à ouvrir les routes d'évacuation des grumes de la forêt
vers les centres urbains. Cette dernière activité, est exclusive aux expatriés, son coût
est fixé à 200.000F.CFA par Km.
Le personnel ayant un statut de contractuel est partiellement régi par la convention collective des entreprises agricoles et forestières de mars 1992, en vigueur en République du Congo. En effet le Groupe Matice conformément à la dite convention, ne prend en compte et ne met en pratiques que les aspects suivants : le barème de salaires, la prise en charge à 45 % des frais pharmaceutiques, la durée journalière du travail fixée à 8 heures, l'indemnité de panier payée à 1.000 FCFA, les heures supplémentaires payées à 350 FCFA/heure, l'indemnité de licenciement, la prime de responsabilité, le certificat de travail délivré à la fin du contrat et la permission exceptionnelle.
Les autres obligations légales telles que : les cotisations à la sécurité sociale, la retraite, la prime de risque, la prime d'ancienneté, la prime de fin d'année, les majorations pour diplômes, les congés (pour les nationaux), le décès d'un membre de famille du travailleur, la tenue de travail etc., ne sont pas pris en compte. Les salaires des travailleurs nationaux, irréguliers, sont versés sans aucun bulletin de paie.
Les travailleurs du chantier de GOUONGO ne sont dotés d'aucun équipement de protection individuel (lunette de sécurité, gant, botte, etc.), les abatteurs exercent sans aucun casque de sécurité. Les travailleurs expatriés par contre, disposant d'un pouvoir d'achat élevé, achètent leurs propres équipements de sécurité.
On note qu'il n'existe aucune organisation syndicale au sein des travailleurs du site de GOUONGO. Selon ces derniers, toute initiative d'organisation a été réprimée par les dirigeants de l'entreprise.
Photo 14 : un poseur d' S au parc (ph. L. Kiminou) Photo 15 : tronçonneur au parc (ph. L. Kiminou)
La base-vie de l'UFE GOUONGO appelée aussi camp forestier compte 172 habitants. Elle est constituée de maisons construites en planches et couvertes de tôles. Chaque maison est subdivisée en trois pièces chacune et l'ensemble est fixé sur deux troncs d'Okoumé. Cette disposition facilite le déplacement des logements lors des changements de site d'exploitation. En effet, la base-vie de GOUONGO est non stable, elle est déplacée en fonction des zones de coupe annuelle.
La Base-vie est repartie en deux blocs :
· un bloc où sont logés les expatriés. Les habitations dans ce bloc sont plus grandes (12 m2) et équipées (un lit, un matelas, une table et une chaise). Ce bloc possède en plus des latrines appropriées ;
· un bloc où sont logés les nationaux avec leurs familles ; les habitations dans ce bloc sont plus petites (10 m2) et peu équipées (un lit), sans latrines.
L'ensemble de la base-vie de GOUONGO est alimenté en électricité par un groupe électrogène, fonctionnant de 6 heures à 22 heures.
Au sein de cette base-vie il n'existe pas de marché ; on trouve cependant un Economat avec restaurant. Le restaurant est réservé exclusivement aux expatriés. Dans cet Economat sont
vendues des denrées alimentaires pour l'ensemble des habitants du camp. Il s'agit le plus souvent : des boîtes de conserve (500 FCFA la boite de sardine), des spaghettis, (300 FCFA le paquet), du poulet congelé (3.000 FCFA l'unité), du poisson de mer (1.000 FCFA l'unité), de l'huile de table (1.000 FCFA le litre) etc.
Compte-tenu des prix élevés de ces produits alimentaires, les ouvriers congolais vont se ravitailler (une fois par mois) dans les grands centres de la région (Komono, Sibiti) ou à Pointe-Noire. Ils achètent et consomment le plus souvent les produits locaux : manioc, huile de palme, légumes, tomate fraîche, viande de chasse etc.
Il n'existe aucune structure scolaire sur la base-vie ; les enfants des travailleurs de l'entreprise vont étudier les écoles des villages avoisinants : école primaire de Mouetché, école primaire de Kingani et son collège. Le déplacement répété de la base vie de l'entreprise a des effets perturbateurs sur la scolarité des enfants des travailleurs qui sont soumis au changement d'écoles même au bon milieu de l'année.
Le poste de santé identifié dans le camp fonctionne en sous-traitance ; il est animé par un infirmier diplômé d'Etat. La consultation dans ce poste s'élève à 500 FCFA. Ce poste est mal équipé. On n'y traite que des maladies bénignes. Les cas graves sont évacués au centre de santé de Komono. Les femmes vivant au camp, vont accoucher aux CSI de Ngonaka ou celui de Kingani.
Les habitants de la base-vie consomment l'eau des cours d'eau. Cependant pour les expatriés, l'Economat met à leur disposition de l'eau bouillie et filtrée.
L'exploitation du bois d'oeuvre dans l'UFE GOUONGO, par SICOFOR a commencée en 2007. Elle est traduite par les coupes annuelles 2007, 2008, 2009 situées dans les villages Mouetché, Kingani et Douakani.
Depuis son installation dans l'UFE GOUONGO, les rapports entre la SICOFOR et les populations des villages situées dans les zones de coupes sont le plus souvent conflictuels. Les populations de ces localités, conscientes d'être propriétaires des ressources forestières, exigent à l'exploitant SICOFOR de contribuer au développement local par le financement et la construction d'infrastructures et équipements sociaux, au bénéfice des villages. Un cahier des charges est souvent conclu entre la SICOFOR et les Délégations Spéciales des villages des zones d'exploitation.
La SICOFOR à travers « Lee Group » sa sous-traitance dans GOUONGO, n'honore pas souvent les engagements conclus avec les populations et consignés dans les cahiers de charges villageois.
C'est le cas du projet de construction d'une 3ème salle de classe équipée de table-bancs à l'école primaire du village Mouetché. Le non respect de dispositions consignées dans les cahiers de charges, crée des rapports conflictuels entre l'exploitant et les populations locales.
En effet pour n'avoir pas réfectionné le pont sur la GOUONGO et déblayé le tronçon de la route Mokina-Mbaya dans les délais prévus, les populations ont érigé des barricades sur les routes, pour empêcher les véhicules grumiers de l'entreprise de circuler ; ils ont en outre réquisitionné un véhicule de type pick-up appartenant à la société. Il fallut l'intervention du chef du district pour trouver un compromis entre les deux parties. La société s'était engagée par la suite à réaliser les travaux de réfections de cette voie.
Par ailleurs, les chantiers d'exploitation de la société changeant régulièrement des sites en rapport avec les zones de coupe annuelle, les populations des villages Douakani et Kingani situés dans les nouvelles zones ont exigés à la société de recruter la main d'oeuvre de ces deux villages. Et le cas échéant renvoyer la main d'oeuvre des villages Mouetché et Ngonaka situés dans les anciennes zones de coupe. Cette situation a suscitée des tensions vives entre les populations de Douakani - Kingani et celles de Mouetché - Ngonaka d'une part et la société d'autre part.
En définitive ces rapports conflictuels ont souvent trouvés de solutions. Il arrive quelquefois que des autorités locales, notamment le chef du District et le Député de la Circonscription, interviennent dans le règlement de certains différends entre les populations et la société SICOFOR.
Photo 16 : non entretien d'une route et pont Photo 17 : réunion de règlement d'un conflit entre
prévu dans un cahier de charge (Photo REM, les délégations Spéciales des villages et les
2008) représentants de la SICOFOR. (Photo L. Kiminou)
Selon les dispositions contenues dans l'article 13 du cahier de charges particulier conclu entre le gouvernement du Congo et la société SICOFOR en date du 05 octobre 2006. La société s'engage, conformément aux dispositions de l'article 20 de la convention, à livrer le matériel et à réaliser les travaux ci-après au profit des populations locales et de l'administration forestière.
Pour le département de la Lékoumou, où est située l'UFE GOUONGO, il s'agit notamment :
· entretien permanent des tronçons routiers :
- Mbaka - Komono ;
- Mapati - Loyo - Zanaga ;
- Ingoumina - Boukolo.
· fourniture chaque année de six mille litres de gasoil à la préfecture et au conseil départemental, soit trois milles litres de gasoil par institution ;
· fourniture chaque année de médicaments aux CSI de Ngonaka et Kingani.
Année 2007
2e trimestre
- Contribution à la réhabilitation de l'hôtel de la Préfecture à hauteur 5.000.000 F.CFA.
4e trimestre
- Livraison de 50 m3 de bois débités pour la réhabilitation de l'hôtel de la Préfecture et la confection des tables et chaises.
Année 2008 2e trimestre
- Réhabilitation de l'hôpital de base de Zanaga, à hauteur de 10.000.000 F.CFA.
4e trimestre
- Livraison de 200 table-bancs à la préfecture ;
- Construction d'un puits d'eau au village Mbila (Mvakala).
Année 2009 2e trimestre
- Livraison de 200 table-bancs à la Préfecture ;
- Réhabilitation des deux écoles primaire de Zanaga à hauteur de 3.000.000 F.CFA par école.
4e trimestre
- Livraison de 200 tables bancs à la préfecture.
A la lecture de l'article 13 du cahier de charges, il apparait une faible prise en compte des préoccupations immédiates des populations locales. Celles-ci n'ayant pas été associées lors de la détermination des paramètres socio-économiques susmentionnés. Ces paramètres sont, de ce fait, plus axés vers la mise en valeur des infrastructures de l'Etat que vers les besoins réels des populations.
A titre de rappel, la SICOFOR a conclu, par arrêté n° 8232 / MEFE / CAB du 05 octobre 2006, une convention d'aménagement et de transformation relative à la mise en valeur des UFE qui lui sont attribuées. A cet effet, la société a confié la mise en oeuvre des travaux d'élaboration du plan d'aménagement de l'UFE GOUONGO au bureau d'étude « Geo-spatial Technical Group » (GTG) qui a son siège au Cameroun.
· En avril 2007, le bureau d'étude GTG, en collaboration avec deux (2) experts1 botanistes, a réalisé une étude préliminaire de la végétation dans l'UFE GOUONGO. Elle consistait à reconnaître les types de végétation existants et à identifier les espèces qui caractérisent chaque type de végétation ;
· En mai 2008, le GTG sur la base d'un plan de sondage préétabli, a réalisé les travaux de pré-inventaire d'aménagement dans l'UFE GOUONGO ;
· Depuis Février 2009, les travaux d'inventaire d'aménagement proprement dits sont en cours dans l'UFE GOUONGO.
Cependant les travaux d'aménagement sont de temps à autre interrompus, par insuffisance de moyens financiers mis à la disposition de GTG.
1 Koubouana F. et G. Nsongola
Pour atteindre les trois objectifs du volet social de l'aménagement forestier durable (Cf. chapitre 5), les grands principes d'intervention sont identiques, quelle que soit la taille de l'entreprise (ATIBT, 2005). Des mesures concrètes, quantifiables, planifiables, sur la base de résultats objectivement vérifiables devront être mises en oeuvre par l'entreprise.
Afin d'améliorer de façon concrète les conditions de vie de travailleurs et leurs familles sur les chantiers et dans la base-vie, les mesures suivantes devraient être observées :
a) l'activité professionnelle : mesures liées au respect et à l'application des textes conventionnels collectifs des entreprises agricoles et forestières en République du Congo (respect de la grille salariale, prestations sociales, liberté et droit d'exercice syndical, etc.)
b) sécurité du travail : la société doit définir pour chaque poste à risque les équipements de sécurité (lunettes de sécurité, gants, bottes, etc.). Elle doit prévoir des sanctions appropriées en cas de non respect des consignes de sécurité.
c) formation professionnelle : il s'agit de la valorisation des parcours professionnels du personnel permanent de la SICOFOR. Il s'agit notamment de favoriser la participation aux séminaires, aux conférences et aux ateliers.
d) santé : la société doit garantir un suivi médical et des soins primaires des employés et de leurs ayants-droit. Elle doit disposer de structures de soins adaptées, venant en complément aux structures nationales existantes. Des trousses de sécurité et d'urgence doivent être disponibles sur les différents sites.
e) éducation de base : il s'agit des mesures liées à la scolarisation des enfants des ayantsdroit de l'entreprise. Il est ainsi nécessaire d'installer des structures scolaires fonctionnelles,
adaptées et équipées au sein de la base-vie. Les cours devront ainsi être dispensés par des enseignants qualifiés et régulièrement rémunérés.
f) accès à l'eau potable : la société doit mettre en place un réseau d'adduction d'eau potable et des équipements hydrauliques collectifs pour toute la base-vie de GOUONGO.
g) habitat et hygiène : construction des habitations modernes et spacieuses, dotées d'une fourniture fonctionnelle et permanente d'électricité et des latrines.
h) sécurité alimentaire : la société doit assurer l'approvisionnement de la base-vie en produits alimentaires bons marchés permettant une nutrition saine, équilibrée et adaptée. Cet approvisionnement ne devrait pas rentrer en concurrence avec les besoins alimentaires des communautés locales.
i) développement socio-culturel : il s'agit de prendre des mesures liées au développement socio-culturel et l'accès à l'information des ayants-droit (équipement sportifs, TV, parabolique, etc.), palliant au déficit des activités socio-culturelles en raison de l'isolement relatif de la base-vie de GOUONGO.
Dans le cadre de l'amélioration des rapports entre l'entreprise et les populations riveraines, ainsi qu'une gestion rationnelle des ressources naturelles, il serait souhaitable de mettre en oeuvre les mesures ci-après :
a) mesure à mettre en oeuvre pour réduire ou compenser les impacts négatifs de l'activité forestière sur le bien-être des populations : par exemple, l'ouverture d'une route, outre les impacts positifs non négligeables pour la population, peut créer de nombreux désagréments, nuisances, voire risques pour la population (la destruction d'arbres fruitiers et cultures, risques élevés d'accidents avec les grumiers, poussière intense qui a une incidence sur les affections broncho-pulmonaires, etc.). La réduction et/ou la compensation de ces impacts négatifs engagent directement l'entreprise.
Autre exemple : dans les sites sacrés identifiés (Mounguélé, Moala, Foyi, l'ancien village Yananga Batéké), des mesures exceptionnelles doivent être prises pour les protéger. L'entreprise doit en être impliquée.
b) mesure à mettre en oeuvre pour encourager les populations à des pratiques de gestion durable des ressources naturelles de l'UFE : il s'agit essentiellement des mesures de lutte contre le braconnage, le commerce illégal de la viande de chasse, l'abattage et le sciage du bois d'oeuvre. Ces mesures relèvent d'un engagement partagé entre les différents usagers et acteurs (populations riveraines de l'UFE, services forestiers, services liés à l'aménagement du territoire, ONG, projets de développement, etc.).
Comme le souligne ATIBT (2005), le domaine de la contribution sociale de l'entreprise relève théoriquement des compétences et des missions de l'Etat. La société SICOFOR n'a aucun mandat et aucune responsabilité quant à l'affectation et la mise en oeuvre de cette contribution sociale directe liée à la fiscalité forestière. Seul l'Etat est maître d'ouvrage, garant et responsable de l'élaboration et des modalités d'utilisation et de gestion de recettes fiscales, argent public.
Néanmoins, le faible impact constaté de la fiscalité sur le développement local oblige la société SICOFOR à construire des infrastructures et équipements sociaux au profit des populations locales. Elle le fait pour assurer « la paix sociale » nécessaire à la durabilité de son activité industrielle, ou simplement pour assurer son accès à la ressource. Il en va de son strict intérêt économique.
Outre les dispositions prévues et conclues dans le cahier des charges entre le MEF et la société SICOFOR, le constat réalisé sur le terrain nous à conduit à confectionner avec le concours des populations des villages enquêtés un cahier de charges comprenant les doléances prioritaires ci-après, soumis a l'entreprise :
a) doléances des populations de Mouetché
- construction d'une 3ème salle de classe équipée en table-bancs à l'école primaire ; - construction d'une case de passage ;
- construction d'un forage d'eau ;
- entretien permanent de la route Mouetché-Komono ;
- entretien du pont sur la rivière GOUONGO.
b) doléances des populations de Kingani
- fourniture permanente de médicaments au CSI ;
- construction d'un marché approprié ;
- fourniture permanente de carburant et lubrifiant pour l'électrification du CSI et l'éclairage public ;
- construction d'une case de passage ;
- don d'un pressoir moderne pour la fabrication d'huile de palme ;
- entretien permanent de la route Lissengui-Lefoutou ;
- embauche des enfants du village.
c) doléances des populations de Douakani
- remplacement total de la toiture à l'école primaire, réfection des portes et fenêtres, reprise de l'ardoise sur les tableaux, don de table-bancs ;
- construction de deux cases pour les enseignants ;
- construction d'un forage et d'un puits d'eau dans le village ;
- construction d'un marché approprié ;
- don d'une tronçonneuse destinée à l'abattage lors des travaux champêtres ; - entretien permanent de la route Lissengui-Lefoutou ;
- embauche des enfants du village au sein de l'entreprise.
d) doléances des populations de Ngonaka
- ravitaillement permanent en médicaments au CSI ;
- entretien permanent de la route Mouetché-Komono ;
- entretien du pont de la Ngimi ;
- don d'une tronçonneuse destinée à l'abattage lors des travaux champêtres ; - construction d'un marché approprié ;
- collège de Ngonaka : appui à l'achèvement des travaux de construction.
e) doléances des populations de Mokina
- construction de deux salles de classes à l'école primaire ;
- réfection de la toiture et des ouvertures (portes, fenêtres) à l'école primaire ; - construction d'une case de passage équipée (lits, matelas, chaises, tables) ; - réfection du puits d'eau construit par IRC.
Nos enquêtes dans les villages de l'UFE GOUONGO permettent de noter, comme le montre AIBT (2005) et d'autres spécialistes, la nécessité d'associer de façon effective les populations locales (autochtones et allochtones) dans le processus d'élaboration et du suivi du plan d'aménagement. Ceci pour une gestion durable des ressources disponibles. Il est nécessaire pour cela d'associer, à toutes les étapes où les populations peuvent être impliquées dans le processus d'élaboration et le suivi du plan d'aménagement, les représentants légitimes des différentes catégories des populations présentes dans la zone. Il s'agit notamment de : notables, représentants des jeunes, des femmes, des groupements associatifs et des ONG locales. Les représentants des collectivités locales et de l'administration publique doivent également être associés à ce processus. A cet effet, il est nécessaire de créer un cadre de concertation du genre « Mbongui » au sein duquel serait instauré un dialogue permanent entre les différentes parties prenantes. Ce cadre de concertation pourrait avoir pour objectifs de :
a) Au niveau de l'élaboration de plan d'aménagement
- participer à la réalisation des études socio-économiques du plan d'aménagement. Cette participation se situe particulièrement au niveau des études socio-économiques (réalisation du diagnostic du milieu avec la participation des populations en recourant aux outils participatifs appropriés), de l'inventaire d'aménagement (utilisations des guides et informateurs locaux), du découpage de l'espace forestier (participation de toutes les parties prenantes dans ce découpage avec une définition précise du rôle de chacun) ;
- diffuser le plan d'aménagement (en recourant particulièrement à la communication
sociale, légitimation sociale et par écrit des accords contenus dans le plan) ;
b) Au niveau du suivi du plan d'aménagement
- suivre et réviser le plan d'aménagement (mettre en place une structure de suivi comprenant toutes les parties prenantes).
c) Au niveau des relations entreprise / populations locales
- prévenir ou gérer les conflits liés à la mise en oeuvre du plan d'aménagement, à la redistribution foncière (délimitation des zones de cultures vivrières pour les populations), etc. ;
- élaborer conjointement le cahier des charges, en prenant en compte les besoins réels des différentes catégories des populations. Par exemple, chez les femmes, on note comme principaux besoins exprimés : l'accès aux pressoirs à huile de palme, aux fourneaux améliorés avec utilisation de copeaux issus du sciage des bois, aux techniques semi-modernes de conservation de viande de chasse (fumage et séchage), etc. ;
- définir la politique d'embauche, en valorisant la
formation de jeunes dans les métiers
du bois, en déterminant
les cotas d'embauches de la main-d'oeuvre par village, etc.
Notre étude avait pour objectif général de contribuer à l'analyse de la dimension sociale d'un plan d'aménagement, en nous appuyant sur le cas de l'Unité Forestière d'Exploitation de GOUONGO attribuée à la société SINO-CONGO-FORET. Quant aux objectifs spécifiques, ils ont consisté essentiellement à : analyser les caractéristiques socio-économiques de la zone d'emprise de l'exploitation et les objectifs socio-économiques définis par l'entreprise ; identifier les besoins prioritaires en matière d'amélioration des conditions de vie des travailleurs et de leurs familles dans la base vie. Il ressort de ces analyses et investigations, des alternatives en vue d'une prise en compte du volet social dans le plan d'aménagement de l'UFE GOUONGO.
Le diagnostic socio-économique réalisé dans les villages de l'UFE GOUONGO, laisse apparaître l'insuffisance d'infrastructures de base (école, dispensaire, marché, route, etc.). Le faible niveau de production des ménages liés aux techniques agricoles rudimentaires et les revenus insuffisants générés par différentes activités témoignent de l'extrême pauvreté de ces localités.
En ce qui concerne les conditions de vie des travailleurs sur les chantiers et la base-vie, l'étude nous a révélé de façon spécifique les mauvais traitements que subissent les ouvriers de SICOFOR exerçant sur le site de GOUONGO. Cela se traduit par la non application de la réglementation du travail conformément à la Loi N°4 5 / 75 du 15 mars 1975 portant Code du travail en République du Congo et à la convention collective des entreprises agricoles et forestières de mars 1992.
Le non respect du cahier de charges est à la base des relations conflictuelles entre la SICOFOR et les populations environnantes.
Cette étude permet de noter une responsabilité partagée entre l'Etat qui doit veiller à l'application rigoureuse des textes réglementaires en vigueur et l'entreprise SICOFOR qui doit prendre en compte l'aspect social incluant la participation des populations au processus d'élaboration du plan d'aménagement de l'UFE GOUONGO. La SICOFOR accuse un grand retard dans les travaux liés au plan d'aménagement.
L'observatoire indépendant des forêts a effectué dans la période de janvier 2007 à avril 2008, une analyse du taux de réalisation des obligations prévues dans les cahiers de charges des sociétés forestière ; il est apparu un taux moyen de réalisation de 70% concernant la contribution au fonctionnement de l'administration forestière, contre 37%, soit deux fois moins, concernant la contribution au développement socio-économique des départements (REM, 2008). Ceci nous montre que malgré les efforts consentis, les procédures relatives à la prise en compte
du volet social dans le plan d'aménagement restent encore faibles et sont plus axés sur les réalisations au profit de l'Etat que sur celles qui profitent directement aux populations locales.
Pour corriger cette situation, un cadre de concertation s'avère nécessaire au sein duquel serai instauré un dialogue permanent entre les différents acteurs concernés, dans la perspective d'élaboration et du suivi du plan d'aménagement en vue d'élaboration et du développement socio-économique des localités.
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1. Identification du village
· Département :
· Sous Préfecture
· Nom du Village :
- Nom du Président Comité de village :
- Nom du Vice-président : ..
- Nom du Secrétaire du Comité de Village :
- Comité des Sages : ..
o
o
o2. Limite :
· Nord :
· Sud :
· Est :
· Ouest :
3. Position et distance par rapport :
· Au chef lieu du district :
· Au chef lieu du département :
· A la frontière du Gabon :
4. Fonction de finage villageois :
Usage principal |
position |
Distance du |
Caractéristique |
Observation |
Culture |
||||
Chasse |
||||
Pêche |
||||
Cueillette |
||||
Activités rituelles (zones sacrées) |
||||
Zones réservées (cimetières...) |
||||
Autres site d'intérêt particulier (à préciser) |
5. Population :
~ Nombre de ménages :
- Ménages monogames : - Ménages polygames :
- Ménages monoparentaux :
~ Effectif :
Classes |
Hommes |
Femmes |
Total |
|||
Autochtones |
Allochtones |
Autochtones |
Allochtones |
Autochtones |
Allochtones |
|
0 - 4 ans |
||||||
5 - 14 ans |
||||||
15 - 24 ans |
||||||
25 - 34 ans |
||||||
35 - 44 ans |
||||||
45 - 54 ans |
||||||
55 - 64 ans |
||||||
65 ET + |
~ Distribution des groupes ethnolinguistiques
Groupes ethno- |
Ethnies |
Effectifs |
Effectifs |
Effectif total |
.....
~ Identification des élites villageoises et localisation
Nom |
âge |
sexe |
Niveau |
activité |
Localisation |
Rôle particulier dans le village |
....
~ Pouvoir officiel dans le village :
- Chef du village :
- Procédure de nomination
:
- Rôle du chef du village : - Relation entre le chef du village et le conseil des sages : - Relation entre le chef du village et les élites : - Relation entre le chef du village et la population :
6. Organisation associative du village
(Groupes de solidarité, groupe cultures et cultuels, associations sportifs et loisirs)
Type |
Nom du |
Membres |
Activité |
Niveau de fonctionnent |
||||
effectif |
Age |
sexe |
Très |
Moyen |
Faible |
|||
....
7. Description des infrastructures et services d'encadrement présent dans les villages ~ Voies de communication :
Types de |
Localités |
Distance |
usages |
Etat |
Niveau d'instruction |
|||
Saison |
Saison |
élevé |
Moyen |
faible |
||||
Routes |
||||||||
Pistes |
||||||||
Pistes non |
||||||||
Autres |
n Approvisionnement en eau :
|
|
|
|
|
|
|
|
||||||
|
||||||
|
||||||
|
||||||
n Structure scolaire :
Ecoles |
Nombre et |
Nombre |
Nombre de |
Matériaux |
Classe |
Nombre |
|
garçons |
filles |
||||||
Primaires |
|||||||
Secondaires |
|||||||
Autres |
a) Statut et mode de rémunération des enseignants :
- Fonctionnaire :
o Nombre :
o statut (permanent/vacataire) :
o Mode de rémunération :
- Appelés volontaires :
o Nombre :
o statut (permanent/vacataire) :
o Mode de rémunération :
- Bénévoles du village :
o Nombre :
o statut (permanent/vacataire) :
o Mode de rémunération :
b) Etat des équipements scolaires
c) Commentaire sur l'école du village
d) Ecole situé hors du village mais fréquenté par les enfants du village
8. Structures médicales :
Nature de la |
Nbre de |
Services et médicaux |
Effectifs et |
Maladies |
Nombre de |
Dispensaire |
|||||
Centre de |
|||||
autres |
· Approvisionnement de la population en médicament :
|
|
|
|
||||
|
|
||||||
|
|||||||
|
|||||||
|
|||||||
|
|||||||
· Les maladies les plus courantes dans le village : Chez les adultes
Chez les enfants
· Vaccins réalisés :
Chez les femmes
· Chez les enfants
~ Productions agricoles
- Importance des productions agricoles dans le village
XXXX totalité ; XXX dominante ; XX sensiblement égale ; X peu importante ; O marginale ou nulle
Nom commun |
Nom |
Importance |
Part |
Part |
- Quelle est la taille moyenne des champs et la durée moyenne de la jachère ? (Procéder à une mesure sur le terrain lors de la visite)
- Quelle est la distance des champs par rapport au village ?
- Est-ce qu'il y a assez d'hommes et de femmes au village pour faire l'agriculture ?
- Qu'est-ce qui empêche d'augmenter l'agriculture dans le village ?
(Manque de main d'oeuvre, main d'oeuvre chère, dégâts des ravageurs, maladies du manioc,...)
~ Chasse :
Importance de la chasse au village
XXXX totalité ; XXX dominante ; XX sensiblement égale ; X peu importante ; O marginale ou nulle
Nom commun |
Part |
Part |
.....
- Quelles sont les techniques de chasse les plus utilisées ?
- Quel type de viande rapporte le plus d'argent ? - (Quelle espèce, viande fraîche fumée,...)
- Quel sont les principales difficultés que rencontre les chasseurs aujourd'hui ?
- Est-ce qu'il a des commerçants abonnés au village ? D'où viennent-ils ?
~ Elevage :
Importance de l'élevage au village
XXXX totalité ; XXX dominante ; XX sensiblement égale ; X peu importante ; O marginale ou nulle
Espèces
d'animaux |
Part |
Part |
....
- Qu'est-ce qui empêche d'augmenter l'élevage dans le village ?
- Un éleveur dispose en moyenne de combien de tête d'animaux ?
- A quoi servent-ils ? manger vendre donné
- Recevez-vous un encadrement technique ?
- Combien avez-vous
gagné l'an passé avec votre activité d'élevage ?
~ Pêche
Importance de la pêche
XXXX totalité ; XXX dominante ; XX sensiblement égale ; X peu importante ; O marginale ou nulle
Nom commun |
Part |
Part |
....
- Est-ce qu'il y a assez d'hommes et de femmes au village pour faire la pêche ?
- Quelles sont les techniques les plus utilisées ?
- Qu'est-ce qui empêche d'augmenter la pêche dans le village ?
~ Les PFNL :
Importance des produits forestiers autres que le bois d'oeuvre
* XXXX abondant et proche XXX abondant mais éloigné XX assez rare X rare ou très rare
Nom Commun |
Nom vernaculaire |
Usages |
Abondance* |
.....
1. Que signifie le nom du village ?
2. Quel est l'homme ou le clan fondateur du village ?
3. Quelle est la période de fondation du village ?
4. D'où venaient les fondateurs du village ?
5. Pour qu'elle (s) raison (s) quittèrent-ils ce lieu ?
6. Pourquoi ont-ils choisi ce lieu pour installer leur village ?
7. Pouvez-vous raconter ce qui s'est passé à l'origine (récit de l'occupation du village) ?
8. Quelles zones étaient occupées au moment de la fondation du village ? o Pour les habitations :
o Pour les cultures :
o Pour la chasse :
o Pour d'autres activités
Annexe 3 : Guide d'entretien sur les modes de gestion des ressources et des espaces forestiers par les populations et pouvoirs locaux de décision
· Qui peut accéder à la ressource (est-ce qu'un étranger peut accéder ou seulement s'il existe une relation avec un membre du village,...) ?
· A qui doit-il demander (chef de famille, de clan, chef de village...) ?
· Est-ce que l'accès est gratuit, payant (en espèces indiquer le prix des transactions ou en nature), ou basé sur l'échange,... ?
· Si ces règles ne sont plus vraiment appliquées, quelles sont les raisons de l'abandon ou des changements dans ces règles coutumières ?
2. Les processus de décision et les modalités de contrôle (sanction)
· Existe t-il des interdits liés à l'accès et/ou l'utilisation d'une ou de plusieurs ressources et espaces forestiers ? Quels sont t-ils ?
· Qui a le pouvoir de sanctionner et quelle est la sanction qui doit s'appliquer?
· Existe t-il des sites sacrés et où ?
· Est-ce que ces interdits s'appliquent toujours aujourd'hui et sinon quelles sont les causes évoquées ?
· Qui a le pouvoir, autorité et légitimité pour les faire respecter ? Par quels moyens (humains ou surnaturels) ?
· Comment se règlent les différends ou les conflits liés à l'accès à une ressource ?
· Est- que les modalités de règlement sont identiques pour tous les types de ressource
· Quelles sont les personnes qui règlent ces situations et diffèrent-elles selon le type de ressource ou le lieu (terre lignagère...)?
1. Existe-t-il des cérémonies liées à la vie du village ou aux différents clans et lignage du village ?
2. Comment se déroulent-elles ?
3. Qui préside les cérémonies ?
4. Quels sont les participants ?
5. Qu'est ce que l'on vise à travers ces cérémonies ? Existe-t-il des cérémonies liées à la vie familiale ?
6. Quelles sont les cérémonies liées aux enfants à leur naissance ? (naissance d'un garçon, d'une fille, des jumeaux de sexe masculin ou féminin, d'un prématuré, d'un mort-né, etc.)
7. Autres coutumes et croyance dominante dans le village.
Annexe 5 : composition du ménage
N° de ménage : / village: /
Nom du chef du ménage : /
N° |
Position dans la |
sexe |
Age |
Ethnie |
Niveau |
Religion |
Activité |
Activité |
Activité |
Activité |
Lieu et |
Production |
Quantité |
Prix de vente |
Lieu de |
Quantité |
Quantité |
1. Répartition par départements d'origine des employés de SICOFOR GOUONGO en l'an 2008 ;
2. Nombre de travailleurs logés par l'entreprise dans les habitations en planches
· Expatriés ;
· Cadres congolais ;
3. Nombre de travailleurs non logés par l'entreprise et ce qu'ils perçoivent comme indemnités de logement ;
4. Nombre de femmes qui travaillent dans l'entreprise et préciser leur fonctions ;
5. Liste sous-traitants artisans qui travaillent pour l'entreprise et les domaines dans lesquels ils interviennent, leur répartition par département d'origine ;
6. Listes des infrastructures sociales auxquelles l'entreprise a contribué ;
7. Liste et coûts des produits frais importés, leur provenance ;
8. Coût du carburant et la provenance ;
9. Cahier de charges de l'entreprise pour l'UFE.