UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAÏTI
(UEH)
FACULTÉ D'ETHNOLOGIE
(FE)
DÉPARTEMENT D'ANTHROPOLOGIE ET DE
SOCIOLOGIE
Thèmes : Jeunesse, Trajectoire et
Marginalité
Sujet : La marginalisation des jeunes dans l'aire
métropolitaine de Port-au- Prince de 2010 à
2012 PROMOTION JACQUES ROUMAIN : 2007-2011
Mémoire de licence
PRÉSENTÉ PAR : JUNIOR CENANFILS, POUR
L'OBTENTION DU GRADE DE LICENCIÉ EN ANTHROPOLOGIE ET
SOCIOLOGIE
SOUS LA DIRECTION DU PROFESSEUR LOUIS ILIONNOR, PH,
D.
Novembre 2012
Remerciements
Je manque de mots pour exprimer mes sentiments de gratitude
envers tous ceux et toutes celles qui m'ont encouragé dans mon projet de
recherche ainsi que dans ma décision de rester dans le monde
universitaire. Je voudrais remercier tout d'abord le professeur Ilionor LOUIS
pour sa confiance envers moi et mon projet, malgré les multiples
difficultés auxquelles, on s'est confronté durant la recherche.
Son acceptation de me prendre sous son aile m'a ouvert les portes d'un projet
et d'un avenir que j'avais longtemps révé d'entreprendre, tout en
estimant ne pas être à la hauteur.
Ma gratitude va bien entendu à trois personnes. Mes
parents à qui je dédie ce travail qui n'est que l'iceberg
d'années de soutien inconditionnel pour me permettre à bien mener
mes études. Mon ami frère Jean Licius DORISCA, qui m'a su
encourager à chaque fois que je donne l'air de ralentir le travail. La
troisième personne que je tiens à remercier du fond du coeur est
Marielle E. MOISE, qui a constitué mon premier élan d'exigence et
support, elle m'a accueillie chez elle comme un ami, un fils et dont je ne
cesse de découvrir les richesses d'une femme de coeur et
éclairée.
A la Faculté d'Ethnologie, je souhaite également
exprimer ma reconnaissance à Maxwell BELFLEUR, Dr. Jacques JOVIN, John
Picard BYRON, Lucien MAUREPAS pour leur écoute et leur encouragement. Je
voudrais aussi remercier les amis de près ou de loin qui m'avaient
soutenu dans le cadre de ce travail de recherche.
Enfin, merci à toutes les personnes qui m'ont soutenue
en relisant ce travail ou en trouvant le mot juste ou les bonnes
méthodes pour me donner du courage et de l'énergie : Vermonde
René Saintil, James ROMAIN, Lourdemie EMILE et tous ceux que
j'oublie.
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS 2
TABLE DES MATIERES 3
AVANT-PROPOS 7
INTRODUCTION GENERALE 8
PREMIÈRE PARTIE: CADRE THÉORIQUE ET
CONCEPTUEL DE L'ÉTUDE 11
CHAPITRE I: LE CADRE THÉORIQUE DE L'ÉTUDE
12
1. PROBLEMATIQUE DE LA MARGINALISATION DES JEUNES
12
1.1. L'ampleur du phénomène 12
1.2. Les dimensions du phénomène
12
1.3. Hypothèse fondamentale 14
1.4. Les objectifs de la recherche 14
1.5. Justification 15
1.6. Les intérêts de l'étude
15
1.7. Délimitation du sujet 16
1.8. Les causes de la marginalité juvénile
17
1.9. Proportions du phénomène
18
1.10. ANALYSE THÉORIQUE 18
1.11. Que signifie la jeunesse dans « les pays du
Sud » ? 22
1.12. Difficulté naissante d'analyse scientifique
de la jeunesse 23
1.13. Naissance d'une sociologie de la jeunesse aux
Etats-Unis 23
1.14. La France en matière de la sociologie de la
Jeunesse 24
CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL 26
1. CADRE CONCEPTUEL 26
1.1 Socialisation 26
1.2. Sous-développement 27
1.3. Exclusion Sociale 27
1.4. Marginalité 27
1.5. Déviant 29
1.6. Délinquant 29
1.7. Urbanisation 29
1.8. Zone marginale 30
1.9. Aire métropolitaine 30
1.10. Bidonville 30
1.11. Intégration sociale 31
CHAPITRE III : DE LA MARGINALITÉ,
ÉTATS-UNIS, LA FRANCE, AMÉRIQUE LATINE :
PERSPECTIVE THÉORICO-HISTORIQUE 32
1. Perspective 32
1.1. Marginalité avancée,
débrouillardise et survie quotidienne 32
1.2. Marginalité et exclusion 34
1.3. Pauvreté marginale, inclusion à la
marge et stratégie de survie 35
1.4. Informalité, masse marginale et
déséquilibre systémique 36
DEUXIÈME PARTIE : CADRE MÉTHODOLOGIQUE
38
CHAPITRE IV : MISE EN CONTEXTE 39
1.1. La jeunesse comme objet d'étude
39
1.2. De la jeunesse à la difficulté de
reconnaissance sociale 39
1.3. Recherche sur la jeunesse en Haïti
40
1.4. Des débats contradictoires autour de la
définition du concept de jeunesse 42
1.5. Présentation de l'aire Métropolitaine
: son contenu socio démographique 43
1.6. Configuration sociohistorique de la ville de
Port-au-Prince 47
CHAPITRE V : LE CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
50
1. DELIMITATION DU CHAMP DE L'ETUDE: LA POPULATION
CIBLEE, LES QUARTIERS RETENUS POUR L'ENQUETE 50
1.1. Population ciblée 51
1.2. Les observations de terrains 51
1.3. Présentation des quartiers retenus pour
l'enquête 51
2. LA DOCUMENTATION: LE QUESTIONNAIRE, LA COLLECTE DE
DONNEES, LES ENTRETIENS, LES HISTOIRES DE VIE ET L'ANALYSE DE CONTENU
52
2.1. La documentation 52
2.2. La collecte des données 53
2.3. Le questionnaire 53
2.4. Des entretiens individuels 53
2.5. L'histoire de vie 54
2.6. L'analyse de contenu 54
3. TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES COLLECTEES : LIMITE
ET DIFFICULTE DE L'ETUDE 54
3.1. Traitement et analyse des données collectes
54
TROISIÈME PARTIE : DES PRINCIPAUX RESULTATS DE
L'ENQUETE AUX
INTERPRETATIONS DES RESULTATS DE L'ANALYSE 56
CHAPITRE I: LES PRINCIPAUX RESULTATS DE L'ENQUETE
57
1. PROFIL DES SUJETS DE L'ENQUETE 57
2.1. Analyse qualitative 57
2.2. Impact du phénomène de la
marginalité juvénile sur la société de
Port-au-Prince 57
2.3. Présentation de l'Histoire de vie de
Cassandre 58
2.4. Présentation de l'Histoire de vie de
Valdemara 63
2.5. Présentation de l'histoire de vie de Jannina
66
CHAPITRE II : DE L'ANALYSE DES RESULTATS 69
1. SITUATION DE MARGINALITE AU PROCESSUS DE
MARGINALISATION 69
1.1. Inventaire de la recherche 70
1.2. Interprétation et résultat des Focus
Groupes 71
1.3. Des conditions de vie précaires ou la nature
même de cette marginalité 72
1.4. Des activités juvéniles ou
éléments caractérisant cette mise a l'écart
72
CONCLUSION GENERALE 74
BIBLIOGRAPHIES 78
ANNEXE 81
LISTE DES ACRONYMES 81
GUIDE D'ENTRETIEN 82
AVANT-PROPOS
La jeunesse, étant considérée, comme une
période transitoire, est devenue la catégorie la plus
marginalisée pour sa pleine croissance accélérée
dans une société fermée et dépourvue de structure
d'accueil. Cette croissance démographique n'est quand méme pas
sans effet, puisque les mécanismes de subsistances et de survie de base
ne peuvent pas garantir l'avenir de cette population dépendante.
Voilà pourquoi, elle révèle l'exclusion du monde de
l'emploi, de l'éducation, et du logement. De ce fait, l'errance et
l'exode rural sont des stratégies qualifiant sommairement la trajectoire
de vie des jeunes d'un endroit à un autre, surtout avec la dislocation
familiale, la perte du sens symbolique enfant et père, les normes et les
valeurs. Leur vie est tout simplement précaire. L'objectif de cette
étude est de faire une sorte d'inventaire de leur histoire de vie, et
éventuellement en étudiant la situation des jeunes de cité
neuf et les jeunes de Poste Marchand, tout en identifiant distinctement leur
trajectoire sociale, résidentielle, scolaire, emploi, pouvant expliquer
leur état de marginalisation juvénile.
Introduction Générale
Parmi, les différents problèmes qui
sévissent au sein de la société haïtienne, depuis ces
longues dernières années, tant sur les plans : social, politique,
économique, la question de marginalité des jeunes se
révèle être d'une importance capitale, surtout quand elle
nous permet de comprendre et d'interpréter la totalité de la
réalité historique des jeunes à travers le temps et
l'espace.
D'aucuns partent de l'interprétation de la situation
marginale, en vertu d'une généalogie dichotomique,
créole/bossale, rural/urbain, ce qui mérite d'être
analysé en profondeur, en dépit, de sa consistance, puisqu'une
appréhension linéaire de la réalité sociale, ne
saurait être qu'insignifiant à la marche évolutive du
système. A ce point, il s'agit seulement de saisir l'imaginaire
sociologique de l'haïtien.
De cette considération, l'étude sur la
marginalité des jeunes au sein de la population qui habite les quartiers
populaires, présentée ici constitue un puissant outil capable de
répondre à cet objectif. Elle permet de mettre en
évidence des multiples aspects que vivent les jeunes de la zone
métropolitaine.
Nous allons nous évertuer à expliquer ce
phénomène, en vertu d'une méthode explorant les histoires
de vies des jeunes. Tout en développant un rapport
d'interprétation de la notion de jeune, saisi trop arbitrairement, tant
par nos différents penseurs que par nos sociologues. Nous essaierons de
saisir dans une certaine mesure non seulement leur tranche d'age, mais aussi
nous expérimenterons en mettant en question l'ordre établi et
l'engouement du désir du changement, dans sa transversalité et sa
pluralité. Disons l'établissement d'un rapport entre l?Cge
biologique et l?~ge social.
Ce mémoire de recherche de terrain est d'une importance
capitale, parce qu'il portera l'étiquette d'un document de
référence pour le personnel du pouvoir politique, tant au niveau
de la participation et de l'intégration, qu'autour d'une nouvelle
thématique de la reconstruction de Port-au-Prince. Ces
différentes orientations peuvent être utilisées par
d'autres chercheurs. Elles faciliteront la mise en oeuvre d'une prise en compte
minimum de participation jeune, itinérant, déviant.
Cette recherche devrait être la représentation
d'un ensemble d'efforts réalisés en vue d'appréhender la
situation de marginalisation des jeunes des quartiers populaires.
Cette enquête n'a nullement l'ambition de
prétendre identifier de fond en comble les différents
problèmes de cette nouvelle réalité `?post-
séisme??, mais plutôt d'être soucieux de partager cette
compréhension, sous un oeil alarmant d'une société qui
continuellement se désagrège.
Nous avons choisi les jeunes de 15 à 25 ans,
principalement ceux dans les quartiers populaires, en raison, du fait que le
milieu social de comportement à risque élevé est plus
approprié de saisir le sens de cette thématique à la
faveur de sa structure sociale.
L'objet de cette recherche est d'étudier le
phénomène de la marginalité des jeunes à
Port-au-Prince, en fournissant des éléments d'explication pouvant
servir de possibilités politico-sociales en matière
d'intégration. Egalement, expliquer et analyser le
phénomène de la marginalité juvénile dans des
quartiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, en fonction de la
trajectoire scolaire de ce dernier, compte tenu de leur histoire de vie.
La démarche utilisée se chevauche entre la revue
documentaire et l'enquête de terrain. La revue documentaire nous a permis
d'abord de fixer les concepts et cerner l'orientation de la recherche, ensuite
de compiler des informations complémentaires (statistiques,
études, programmes ou projets...) sur la problématique en
question.
La méthode privilégiée est celle de
l'analyse qualitative. Celle-ci établit des liens entre les informations
recueillies, dans le but de comprendre la structure ou les processus
sous-jacents. Et elle permet également via l'analyse de contenu la
description objective systématique et qualitative. Ainsi, elle est de
contenu manifeste des communications ayant pour but d'interpréter les
informations du dire des acteurs ou de leur effet de parole.
Ce document contient trois parties :
- La première partie comporte trois chapitres qui sont
consacrés à la partie théorique et conceptuelle de la
recherche. il sera question du
contexte dans lequel se place notre grand thème, la marginalité
juvénile. Dans le premier chapitre nous exposons un ensemble de
réflexions liées aux problèmes soulevés dans
l'étude, ainsi que l'hypothèse établie. Le deuxième
chapitre contient la particularité d'établir de
manière systématique les concepts qui sont
utilisés dans cette étude. Le troisième
chapitre expose différentes réflexions sur la
marginalisation dans le monde.
- La deuxième partie du mémoire consistera
à la présentation du quatrième chapitre qui sera une mise
en contexte du travail de recherche pour son attrait distinctif à
définir le cadre approprié de la recherche, par rapport à
la situation sociodémographique et même sociographique de la
population choisie. Le cinquième chapitre contient le cadre
méthodologique qui constitue le type de stratégie pour la
collecte des données que nous allons utiliser pour la recherche.
- Enfin la troisième et dernière partie sera
consacrée à l'analyse et l'interprétation des
résultats de la recherche. Il s'agit concrètement d'abord de
répondre à des questions que nous nous étions
posées et objectifs que nous nous étions assignés au
préalable et ensuite de voir si les résultats obtenus sont
à méme d'expliquer le phénomène de la
marginalité juvénile.
Que cette étude puisse répondre au besoin pressant
de ce changement urgent de la situation d'exclusion des jeunes de notre pays
vers l'instauration de la dignité d'un lendemain qui chante.
PREMIÈRE PARTIE: CADRE THÉORIQUE
ET CONCEPTUEL DE L'ÉTUDE
CHAPITRE I: LE CADRE THÉORIQUE DE
L'ÉTUDE
Introduction
Dans ce premier chapitre, nous allons essayer de poser le
problème de la marginalité juvénile en fonction de ces
différents paramètres présentés dans un
mémoire de recherche qui rentre dans le cadre d'un travail
académique. Les idées développées sont les
suivantes : la problématique de la marginalisation des jeunes, les
objectifs de la recherche, la justification du sujet, les hypothèses de
la recherche, les délimitations, les intérêts de ce
travail, ainsi une analyse théorique.
1. Problématique de la marginalisation des jeunes
1.1. L'ampleur du phénomène
En Haïti, les conditions de vie de la majorité de
la population se sont grandement détériorées et
l'élément fondamental composant cette majorité s'appelle :
« la jeunesse », issue de toute part,
victime de la grossesse précoce qui accélère la croissance
démographique. En effet, l'étroitesse du marché du
travail, la faiblesse du revenu et les difficultés d'accès aux
services sociaux de base tels que : le logement, l'éducation, la
santé posent de façon aiguë le problème de la
satisfaction des besoins essentiels d'une population de jeune toujours dans
l'attente.
1.2. Les dimensions du phénomène
Par définition, la problématique de la
marginalisation de la jeunesse peut s'entendre comme une sorte de
pauvreté à double volet : culturel et économique. Ce qui
la met, dans une condition de soumission et de dépendance, plus
conventionnellement par rapport à une certaine systématisation de
l'incapacité dans les sphères sociales ou d'immaturité
comme préjugé.
Voilà pourquoi, avec la responsabilité de la
nouvelle génération d'homme et de femme sur le plan politique,
depuis les vingt dernières années, la jeunesse devant une
réalité autre que la soumission ou la dépendance envers
ses prédécesseurs opte pour la mission de la libération
nationale, en pleine économie libérale. L'essence de cette
jeunesse est caractérisée par l'exclusion, le chômage et un
dégout du patriotisme sous forme de conflit de génération.
Le rapport de (L'IHSI/RGPH, 2003) nous dit que la jeunesse représente
plus de 50% de la
population haïtienne, dont 2/3 d'entre eux n'ont pas
d'accès à l'éducation et la formation
professionnelle.1
Cette situation marginale renvoie à une certaine
méconnaissance de soi, ou même à un dépaysement,
quand bon nombre de jeunes se migrent vers l'étranger. Cet état
de fait est dü à un problème interne de l'emploi, ou
familial. C'est pourquoi en Guyane française le rapport au flux
migratoire des jeunes haïtiens nous permet de saisir, « comment
les jeunes migrants à la croisée du familial et du
générationnel se recompose en combinant identité et
appartenance ».2
En fait, sur une population urbaine des Jeunes, 1.795.267
individus à Port-au-Prince (2003), soit 21%, du département de
l'Ouest, plus de 50% des 15 à 34 ans sont dans le chômage, leur
pouvoir d'achat est très faible, sans compter la moitié des
jeunes filles qui sont tombées dans la prostitution et dans le
plaçage précoce. Un fort taux de
séroprévalence au VIH/ SIDA est enregistré chez les jeunes
de 15 à 34 ans, puisque les 59% dès, premières naissances
sont enregistrées dans la catégorie des jeunes filles/ femmes de
14 à 34 ans (ECVH-2001). Sans oublier, les cas récurrents
d'avortement dans les hôpitaux ou du moins des cas de bébés
innocemment jetés dans les trous égouts de la capitale.
Ces difficultés nous rappellent que toutes
sociétés ont leurs problèmes et ils ne datent pas d'hier.
Le phénomène de la marginalité juvénile est une
pathologie sociale qui a ses racines au sein même de la structure et de
l'organisation de la société. Après le tremblement de
terre du 12 janvier 2010 qui a profondément saccagé le
département de l'Ouest, des nouveaux territoires de sans-abris ont
été créés. Le niveau de consommation de drogues,
d'alcool et autres accoutumances chimiques augmente de plus en plus dans cette
catégorie sociale.
Les quartiers font la une des journaux, envahis par les ONG et
les autres organismes tant publics que privés. Les plus
vulnérables sont accusés de tous les maux du monde, dès
fois appelés « zone de non droit ». La question de « la
marginalisation des jeunes dans les camps » devient une nouvelle
catégorie d'analyse centrale des problèmes sociaux en Haïti.
A cet effet, l'on peut se demander: Les jeunes ont-ils consciences
qu'ils sont exclus de l'organisation du pouvoir politique ? Leurs trajectoires
sociales les rendent-ils marginaux ? Et quel est le sens de ce
1 Voir IHSI, Caractéristiques
socioéconomiques des jeunes en Haïti, Port-au-Prince, 2009
P10-30
2 Calmont, André, Trajet socio-identitaire chez
les jeunes issus de la migration haïtienne en Guyane, Cuadernos
interculturales, ano 5no 9 2007, P9
concept ? Pourquoi y a-t-il des jeunes qui sont
tantôt d'un endroit, soit en province ou en ville, ou tantôt dans
un autre ? Pourquoi cet état de chose? Quels peuvent être les
facteurs explicatifs d'un tel phénomène? Est-ce que la cause de
ce phénomène est à rechercher dans les
représentations sociales de ces jeunes, dans leurs discourä leurs
façons de parler, de vivre ou dans les conditions de vie ? En
somme, il s'avère méthodique de nous situer en fonction d'une
interrogation cruciale de recherche : Comment expliquer la
marginalité des jeunes dans l'Aire Métropolitaine de
Port-au-Prince, particulièrement dans les quartiers
défavorisés ?
1.3. Hypothèse fondamentale
La marginalisation des jeunes dans les quartiers
défavorisés est due consécutivement à leur
trajectoire scolaire mouvementé et difficile. En fonction de leur milieu
d'origine sociale certains de ces jeunes ont connu le décrochage qui a
son tour les empêchent d'intégrer d'autre structure de la
société. Ne pouvant continuer leur processus de socialisation,
d'autres deviennent, soient des déviantä soient des
délinquants asservis par les normes des groupes auxquelles ils
appartiennent. Cette marginalité des jeunes dans l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince s'explique par leur condition de vie,
de sous-culture et de précarité économique.
1.4. Les objectifs de la recherche
Objectif général
Étudier le phénomène de la
marginalité des jeunes à Port-au-Prince, en fournissant des
éléments d'explication pouvant servir de possibilités
politico-sociales en matière d'intégration.
Objectifs spécifiques
Dresser un inventaire en analysant le phénomène
de la marginalité juvénile dans des quartiers de la zone
métropolitaine de Port-au-Prince, en fonction de la trajectoire scolaire
de ce dernier, compte tenu de leur histoire de vie.
1.5. Justification
Notre présent travail s'inscrit dans le cadre d'une
importante contribution à la réalisation d'un problème
exaspérant, tant dans les pays pauvres ou sous-développés
que dans les pays riches ou avancés. Ici, dans un pays comme Haïti,
la marginalisation des jeunes fait l'objet d'une vive précarité
à double volet : culturel et économique. En effet, la
façon de penser est devenue différente : les jeunes se trouvent
en face d'une nouvelle mode de socialisation c'est ce que l'on appelle ; une
socialisation marginale, d'où ils trouvent leur propre
solidarité.
En outre, dans une situation caractérisée par la
forte précarité, les jeunes inventent leur propre culture et
s'identifient à leur propre catégorie. Par rapport, à la
norme conventionnellement admise, il s'agit d'une entité pris dans un
contexte situationnel et conjoncturel. De ce fait, les jeunes ou encore les
jeunes jugés « marginaux » font partie d'une catégorie
spécifique. Aujourd'hui, le sujet est justement ressenti et
analysé comme si les recherches méritent d'être poursuivies
et diffusées de manière systématique. Selon la logique
optimiste du postulat scientifique : « un problème identifié
est à moitié résolu ». Disons de l'ampleur de ce
phénomène que toutes les conditions sont réunies pour une
mise en oeuvre concrète et efficace de projets en faveur d'une vie
harmonieuse des jeunes dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. Ce
qui justifie le choix de ce sujet est lié au fait que nous aimerions
voir que ces jeunes intègrent la société.
Il reste à joindre la dimension d'une politique
concertée et coordonnée qui s'inscrit dans la durée, en
fonction du temps de l'échelle des jeunes. Notre intérêt,
ici est de penser à une intégration totale dans cette
société en créant des centres ou institutions
spécialisées ou en essayant de faire ce qui les aide par la suite
à construire leurs citoyennetés.
1.6. Les intérêts de l'étude
Considérons ces deux points comme l'objet de cette partie
: intérêt académique, intérêt scientifique.
Intérêt académique
Sans nul doute, ce travail que nous construisons rentre dans
l'obligation de notre mémoire de sortie à la Faculté
d'Ethologie pour l'obtention de la licence. Pour y parvenir, nous avons fait
d'importantes acquisitions ou de sérieux enrichissements
intellectuels. Il s'agit d'une exigence académique.
Intérêts scientifiques
A cet effet, il est très relatif de préciser que
la marginalisation des jeunes dans l'aire métropolitaine de
Port-au-Prince, comme tout autre phénomène social doivent
s'étudier dans ses différents compartiments. Il est d'une
évidence que la sociologie nous permettra de cerner un tel
phénomène, en vertu de quelques-unes de ses théories,
jusqu'ici utilisées dans le but de saisir son impact réel au sein
de la société globale. De quelques recherches faites
jusque-là, en la matière ne nous permettrait pas de les taxer de
systématique, en rapport à la marginalité dans l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince. C'est dans cette optique que, nous
nous sommes donnés la peine de construire un inventaire du
problème, tout en contribuant à apporter un type d'explication
sociologique lié à ce phénomène pris dans son
contexte actuel.
1.7. Délimitation du sujet
Il faut préciser que notre travail s'inscrit dans le
cadre général de la sociologie politique. Ce qui veut dire
qu'elle se borne à saisir la dynamique d'interaction entre les jeunes et
leur trajectoires sociales, en tenant compte des autres paramètres
sociopolitiques susceptibles d'expliquer le malaise des jeunes par leurs
stratégies de vie, des acteurs au sein du milieu dans lequel, ils
évoluent : vie de précarité sous toutes ses formes. Notre
délimitation se situe au niveau géographique. Il est pratiquement
impossible pour qu'un travail d'une telle envergure académique et au
niveau de licence puisse couvrir toute la superficie de la République
d'Haïti s'élevant à 27. 750km2. Et aussi, il est
également impossible de couvrir toute la zone métropolitaine.
Pour ce faire, nous sommes bien obligés de mener notre étude dans
les limites de l`aire métropolitaine de Port-au-Prince notamment sous
l'angle de deux quartiers séparément choisis en fonction de leurs
asymétries, à savoir : cité Neuf et poste Marchand.
1.8. Les causes de la marginalité
juvénile
Le rapporteur des Nations unies, Gumisai MUTUME, (Grand
rapports de l'ONU] [Liens de l'ONU pour l'Afrique] explique qu'en Afrique, le
problème du chômage des jeunes est plus complexe que dans d'autres
régions du monde3. Selon le Président du Kenya, Mwai
Kibaki :
« Les économies dont la croissance est lente
ne peuvent créer suffisamment d?emplois pour absorber le grand nombre de
jeunes diplômés qui arrivent sur le marché chaque
année ».
À cet effet, cette population marginale ne fait que se
jeter dans une logique de stratégie de survie, puisque les trajectoires
sociales par rapport à l'éducation, l'emploi et la misère
extreme, mettent leur vulnérabilité à nue et obstruent
encore leur avenir. De ce fait, une photographie d'un des pays du Sud est
pareille à n'importe quel coin de rue de la capitale d'Haïti ; la
ministre Nigérienne et l'OIT n'en ignorent pas. En 2003, Mme. Ngozi
Okonjo-Iweala, ministre des finances du Nigeria dit que : «Des jeunes
hommes et des jeunes femmes traînent dans les rues sans avoir grand-chose
à faire, conduisent des taxis-motos ... et dans certains cas se livrent
à des activités criminelles» D'après
l'Organisation internationale du Travail (OIT, 2006), si l?on
réduisait de moitié le taux de chômage des jeunes dans le
monde, l?économie mondiale pourrait s?accroître « de 2 200
à 3 500 milliards de dollars ».
C'est pourquoi, l'étude de la marginalisation des
jeunes en milieu urbain, bidonvillisé, rurbanisé,
phénomène encore plus criant surtout après le passage du
séisme dévastateur de l'année de 2010, interpelle la
conscience scientifique qui nous permet d'expliquer ce problème, en tant
que fait social, à part entier, pris dans un contexte juvénile ou
sous l'angle de leur trajectoire sociale. La zone métropolitaine de
Port-au-Prince est bel et bien envahie par différentes catégories
de la population, spécifiquement les jeunes, en état de
vulnérabilité, vivant sous les tentes, sous les places publiques,
dans des conditions de vie précaire, des quartiers
dévastés. En outre, le problème de cloisonnement d'fige
qu'il y a eu entre les jeunes et les vieux parait etre encore plus crucial de
l'étudier.
3 Afrique Renouveau, Vol. 20#3 (Octobre 2006) article,
« jeunesse africaine cherche emploi, à la recherche des
solutions urgentes pour des raisons armées des jeunes chômeurs
» P.6
1.9. Proportions du phénomène
La marginalisation des jeunes, spécifiquement dans les
quartiers populaires ou les zone dites sensibles, les quartiers dits difficiles
dans l'aire Métropolitaine de Port-au-Prince, s'explique par les
éléments classiques suivants : les jeunes des rues, les jeunes en
condition de vie difficile, la déviance, la délinquance et enfin
les marginaux s'imposent véritablement comme un « problème
social ».
La précarité économique et la forme
d'invention de stratégie de survie, de sous culture de ces
catégories (des jeunes) nous interpelle la conscience. Ainsi cette
perspective d'appréhension est conçue comme un état de
délabrement social. En effet, les différents quartiers de la zone
métropolitaine, la bidonvilisation et autre forme de prostration sociale
nous met en face d'une nouvelle réalité de
contre-société ou une sorte de haine de notre propre
société.
Le problème des jeunes parait être tellement
profond, autant qu'il sape méme les bases des institutions
établies. Ce phénomène ne cesse pas de prendre
différente tournure et ceci sous une vague vertigineuse, tel que : les
enfants des rues, les jeunes aux comportements déviants, les gangs
armées, les jeunes qui abandonnent leur maison ou leur famille, les
bandits, les assassins, les tueurs à gages, la prostitution des
mineures, etc. Bref, les jeunes en difficultés tout court...
1.10. ANALYSE THÉORIQUE
Depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, la
jeunesse s'entend au sens d'immaturité ou du symbolisme les
qualités de la maturité et ce n'est qu'à la fin du
16ème siècle que l'on commence à le
définir comme celui qui a gardé les caractères physique et
moraux de la jeunesse. Bien qu'il soit toujours associé aux notions
d'irresponsabilité, d'étourderie, de folie, etc.
Selon Philipe Ariès, le premier qui a livré une
réflexion à la fois historique et Anthropologique de l'enfance
dans les sociétés traditionnelles occidentales ; estimant que
celle-ci se représentait mal cet age de la vie, l'assimilant très
rapidement au monde adulte. Le passage de l'enfance à l'age adulte se
faisait selon lui très tôt sans qu'une étape puisse
être qualifiée de jeunesse.4
4 Ariès, Philipe, L'enfant et la vie familiale
sous l'ancien régime, Paris, éditions Seuil, 1975, P316.
19 Donc, la définition inspirée des textes de
l'Antiquité enfance, jeunesse et vieillesse commencent par s'imposer. Au
tournant du 16ème siècle, il semble qu'au niveau de la
représentation des âges, il y a plusieurs tranches. l'on se
réfère souvent aux textes de l'Antiquité pour distinguer
six ages différents : l'enfance (jusqu'à 7 ans), la
pueritia ( jusqu'à 14 ans), le tiers age aussi
appelé l'adolescence (jusqu'à 21 à 28 ans, à en
croire les sources), la jeunesse ( jusqu'à 45 ou 50 ans), la
senecté et la vieillesse.
Là, les considérations psychologiques
liées à l'individu ne sont pas examinées puisqu'il s'agit
des définitions fondées sur le cycle vital. La jeunesse n'est
qu'une phase d'attente, de dépendance, d'incertitude et les jeunes sont
vus souvent comme des errants et des impatients. Il faut dire qu'ici, c'est une
conception des familles riches, où il y a effectivement une logique de
transmission des biens du père au fils, alors que dans les familles
populaires la jeunesse n'a pas d'existence pratique, puisque les enfants sont
soumis précocement au travail du père ou du maitre jusqu'à
l'age adulte.
La fin du 17ème siècle a
été pour la jeunesse une nouvelle façon de vivre par
rapport à la constitution majeure du rôle que l'éducation
en a joué dans le souci de tempérer les passions en faisant tenir
leur rang à ceux qui occupent une position privilégiée
dans la société, vu ses emportements et ses excès. C'est
pourquoi, à la fin de ce siècle, il y a eu un changement
considérable du point de vue, de ce que représentent les jeunes,
les premiers signes d'une évolution du sentiment parental avec une
augmentation de la tendresse familiale et de la discussion entre sphère
publique de représentation et sphère privée
d'intimité. C'est ce qui va contribuer à fonder la forme moderne
de la jeunesse sur l'idée de l'éducation de l'enfant, par le
biais de la famille. En effet, cet idéal pédagogique n'arrive pas
à imposer, au-delà de l'idéal mondain, que le
mérite puisse supplanter la naissance.
Pour introduire à ce siècle (le
18ème siècle), Olivier Galland peint cette
période comme une hymne à la jeunesse :
« Malgré les écarts de la jeunesse [w]
c?est toujours l?ige le plus aimable et le plus brillant de la vie ; n?allons
donc pas ridiculement estimer le mérite des saisons par leur hiver, ni
mettre la partie la plus triste de notre être au niveau de la plus
florissante.[~] ceux qui parlent en faveur de la vieillesse, comme sage, mure
et modérée, pour faire rougir la jeunesse, folle et
débauchée, ne sont pas des justes appréciateurs de
20 la valeurs des choses ; car les imperfections de la
vieillesse sont assurément en plus grand nombre et plus incurables que
celles de la jeunesse »5.
Dans « l'Encyclopédie » de Diderot (1751), un
renversement significatif s'opère bien que l'on continue à
attribuer à la jeunesse des tendances à la
légèreté et au manque de réflexion. Il y a tout un
passage entre l'éducation mondaine et l'éducation nationale qui
met l'accent sur les compétences individuelles avec les besoins d'un
pays. Ce nouveau projet d'éducation qui remet en cause le
privilège du sang et la qualité individuelle et sociale,
là où l'idéologie du mérite va connaitre une
véritable progression. Il faut préciser qu'au cours de cette
période que c'est pour la première fois que la jeunesse est
perçue comme force de progrès, où l'aspiration du
changement est manifeste. Rappelons bien l'invention de la machine à
calculer par Blaise Pascal à 16 ans.
Le 19ème siècle a vu
l'émergence de la juvénilité et la mise en place dans les
sphères publiques et privées d'un fort dispositif d'encadrement
de jeunes. En 1830, il y a eu un bouleversement à la fois social et
géographique qui accélère la constitution d'une nouvelle
forme d'indépendance de la jeunesse qui se manifeste dans une agitation
sociale entretenue par des particules, telles : étudiants, jeunes
diplômés et employés. Face aux mouvements de jeunesse, tout
au long de ce siècle, les détenteurs de la morale bourgeoise
(homme politique, notables, religieux, médecins) discutent sur la
démoralisation de la jeunesse et la nécessité de
l'encadrer. D'autres parts, l'on voit la jeunesse comme la jeunesse comme un
personnage collectif incarnant simultanément les craintes et les espoirs
de la société, le signe d'une menace pour l'ordre social et d'un
renouvellement de la jeunesse pour la promotion d'un nouvel idéal.
Au début du 20ème siècle, une
nouvelle réalité se présente pour la jeunesse. Les jeunes
sont victimes d'un excès d'idéalisme, insatisfaits,
frustrés et mélancoliques. Face à tout ce constat, la
psychologie, en tant que science naissante, va se donner pour objectif
d'analyser les émois et les débordements de l'adolescence ce qui
va renouveler sa façon de penser. Pour la première fois, elle est
reconnue scientifiquement comme phase de vie, différenciée de
l'enfance mais non assimilée à cet état d'adulte
inaccompli que qualifiait l'ancienne notion de jeunesse. A travers les lectures
de ce siècle, il parait que la jeunesse n'est plus pensée comme
une simple catégorie mais comme un processus de maturation psychologique
et de socialisation.6
5 Galland, Ollivier, Sociologie de la jeunesse, Paris,
Armand Colin, 2001, P24
6 Ibid.P28.
21 Avec le 21ème siècle, Qui nous met
en face d'une société fondée sur la technologie et le
développement économique, Marcel Rioux a fait de la jeunesse une
préoccupation au centre de sa réflexion, c'est pourquoi, il
s'interroge sur les groupes sociaux, qui par leur action, vont faire changer la
société et qui ont déjà commencé à le
faire changer ? Dans son hypothèse étayée par les
arguments conceptuels de classe sociale et de génération sociale
; il nous montre que la classe ouvrière a perdu son pouvoir de
contestation à mesure qu'elle a réussi à intégrer
la nation pour laisser l'affaire à une autre catégorie qu'est la
jeunesse, sous sa forme de conflit génération sociale. Dans sa
perspective de rapprochement des jeunes, des ouvriers, il montre qu'ils luttent
tous, pour une meme conception de l'homme et la société,
différente de celle des adultes. C'est pourquoi, la révolte des
jeunes et leurs frasques dans la délinquance juvénile et comme il
se devait d'associer ce type de déséquilibre social à la
pauvreté et à la misère.7
Les conflits de génération dans les
sociétés industriellement avancées, est de moins en moins
un conflit d'intéret. Dans les sociétés traditionnelles,
l'éducation des adolescents était assez simple. Or, dans les
sociétés contemporaines, ces rôles sont sans cesse
redéfinis. Bon nombre d'adulte ressemble à la jeunesse. Les
jeunes ne voulant pas se joindre trop vite à la guerre au couteau qui
livrent les adultes inventent d'autres stratégies à
caractères marginal:
L?inadaptation de la jeunesse à la vie collective,
son opposition aux conditions de l?existence dite <<adulte>> se
manifestent dans les pays les plus industrialisés du monde contemporain.
Un peu partout dans le monde, une minorité de jeunes, réunis en
groupe <<informel>>, vit en marge, développe des conduites
agressives, attire l?attention du public et des observateurs par voies qui se
situent en dehors de l?ordre établi. On consacre des conférences
au malaise de la jeunesse, à sa révolte<< sans
cesse>>.tout se passe comme si la société en était
réduite à constater le malaise et à mettre au point des
moyens de répression.8
John Barron Mays interprète des similitudes dans leurs
conduites d'un état d'esprit commun aux jeunes et qu'on a
qualifié consciemment hostile et dépressif. De ces deux groupes
qui sont entré en conflit en fonction des critères d'antan,
distinguant l'adulte de l'adolescence, apparaissent ces critères : 1) de
même que l'adulte se reconnait par le métier et la profession, une
grande proportion d'adolescents possèdent déjà une
activité économique ; 2) la responsabilité
7 Rioux, Marcel, Jeunesse et société
contemporaine, collection les classiques, les classiques en sciences, PUM,
Montréal no 6 P50
8 Ibidem
politique et la capacité d'adaptation sont à la
fois l'apanage des deux ; 3) la question d'autonomie n'est plus seulement
l'affaire des adultes ;4) les étudiants tout comme les adultes se
marient et mènent une vie sexuelle légitime. Cette tendance
juvénile à enfoncer la ligne de démarcation entre l'adulte
et la jeunesse en contribuant à construire une sous-culture.
1.11. Que signifie la jeunesse dans « les pays du
Sud » ?
Il est possible que les données des pays du Sud, en la
matière se révèlent beaucoup plus pauvre que pour le
contexte occidental. Penchons-nous tout simplement sur le panorama du
20ème siècle, puisqu`après nous allons donner
les détails liés à la définition de la jeunesse,
tout en précisant son sens au contexte propre dans la zone
métropolitaine de Port-au-Prince, dans les quartiers populaires.
A partir des années 1960 à 1970, pour la
majorité des anciennes colonies, sauf l'Afrique du Sud où la
mission d'avant-gardiste nationaliste de la jeunesse a duré jusqu'aux
années 1990. Il faut préciser que les sociétés du
Sud sont des sociétés à forte hiérarchies, ce qui
veut dire qu'elles s'organisent en fonction des classes d'age bien
défini. Bien avant l'émergence d'une catégorie de jeunes
dans le cadre de la construction des nations filles du colonialisme ou de
l'impérialisme, la jeunesse est assimilée à l'enfance, par
opposition à l'age adulte.
Selon Mamadou Diouf et René Collignon dans le contexte
de la guerre froide et de division du monde en deux camps, la mission
historique de la jeunesse se confirma, agir au nom de l'ensemble de la
société pour porter un discours de rupture et la promesse d'un
lendemain meilleur9.
La jeunesse en tant que groupe social a émergé
de l'opposition aux puissances hégémoniques et, suite à la
baisse d'intensité de cette opposition, les fondements de la jeunesse
sont apparus pluriels et instables. Elle est pratiquement en pleine
recomposition. Acteurs de leur propre construction en tant que groupe social
ayant des fondements indépendants d'un quelconque contexte social,
historique ou politique.
9Mamadou Diouf / René Collignon, Les jeunes du
Sud et le temps du monde : identité et conflit et adaptation, in
autrepaart, no 18, 2011P.7
Pour certains, il y a une certaine similitude entre la
difficile émergence de la jeunesse en tant que catégorie sociale
bien différencié au « nord » comme au « sud
», puisqu'il y a une difficulté de reconnaissance de la jeunesse,
en tant qu'objet de recherche légitime.
1.12. Difficulté naissante d'analyse
scientifique de la jeunesse
L'ouvrage collectif sur les jeunes en Afrique dirigé
par H. d'Almeida-Topor, C. CoqueryVidrovitch et O. Georg illustre
l'intér~t de l'anthropologie en la matière. La jeunesse en soie a
été vue comme un mauvais objet :
« Les jeunes n?étaient pas en eux-mêmes
un champ d?études intéressant Les Anthropologues ont eu tendances
à se plier à cette tradition et, recevant leurs informations des
vieux, se sont eux-mêmes bien peu préoccupés de prendre les
jeunes comme objet d?étude d?observation. La plupart de chercheurs ont
négligé les jeunes en tant que tels, comme sujet en somme
négligeable, peu important sur le plan politique comme celui de la vie
quotidienne. D?où le retard pris en ce domaine. »
A partir des examens d'étude sur la question de la
jeunesse, on observe des déséquilibres dans l'intéret
porté par les différentes disciplines à cette
catégorie de population. Que ce soit l'Histoire, l'Anthropologie et la
Sociologie chacune de ces conceptions peuvent servir à aborder la
jeunesse que dans le cadre des travaux consacrés à
l'éducation, à la démographie, à la famille,
à la santé, l'intégration des enfants au sein des classes
d'ages, l'emploi et la délinquance.
1.13. Naissance d'une sociologie de la jeunesse aux
Etats-Unis
De manière progressive la sociologie de la jeunesse aux
Etats-Unis postule que cette étape du cycle de vie constitue un moment
différencié de socialisation en fonction des groupes sociaux.
L'Anthropologue américaine Margaret Mead peut etre
considérée comme l'une des pionnières des recherches sur
la jeunesse, alors qu'elle s'intéressait déjà, à ce
que devint l'un des termes centraux de l'école culturaliste : l'analyse
de la personnalité sociale de l'adolescent dans des sous-groupes
culturels donné avec une différenciation selon le sexe.
C'est autour de la question de la délinquance
juvénile que se produit l'ouvrage le plus significatif de la
sociologie de la jeunesse. C'est ce qui fait que les concepts de sous-
culture délinquante, de personnalité ont pu
s'imposer d'un cadre d'élargissement, notion à laquelle furent
attribuées des définitions diverses. Selon le sociologue
Américain Talcott Parson, la youth culture combine des
éléments appartenant à l'adolescence et d'autres
appartenant à l'adulte et que ce serait dans
l'incertitude découlant de la confrontation avec les
adultes et la société que les jeunes adopteraient une culture
relativement différenciée comprenant un système distinct
de relations sociales et de comportements.
Les hypothèses analytiques de S.N. Eisenstadt, sur la
sociologie de la Jeunesse, sur la place de ce groupe dans la
société, dépendent de deux facteurs de base :
· L'organisation de la division du travail (plus elle est
simple, plus l'age sera un critère influent dans l'allocation des
rôles) ;
· Et la qualité sociale valorisée (sagesse,
expérience, force, vigueur, etc.), incarnée symboliquement par un
âge ;
En fait, il pense que les groupes d'age se développent
quand la famille ou les groupe de parenté ne constituent pas
l'unité de base de la division du travail et ne garantissent pas
l'accès à un statut social de plein exercice10.
1.14. La France en matière de la sociologie de
la Jeunesse
Méme si, c'est aux Américains que l'on doit, le
développement du courant de la sociologie de la jeunesse. Il fallait
faire un coup de pied en France pour saisir le sens de son développement
bien que tardivement.
Le premier qui a défini l'éducation comme
processus de socialisation de la jeunesse est le célèbre Emile
Durkheim, à partir des années 1922. Tout en ignorant la
réalité juvénile. Puis il a a donné à la
psychologie le droit de comprendre la nature infantile ou juvénile de ce
phénomène.11 Les auteurs français ont eu une
telle attitude, il faut dire que c'est qu'ils ont été
formés à l'école de psychologie et peu enclins à
développer des approches sociologiques, la sociologie Américaine
de la jeunesse les dépasse dans ce domaine. Pour Jean-Claude Chamboderon
(1966 :51), il faut dénoncer les deux illusions qui entourent la
question juvénile en contribuant à alimenter la
spéculation autour de la question des jeunes :
· D'abord, l'illusion de la nouveauté qui veut faire
croire à l'avènement d'une nouvelle génération et
de nouveau comportements ;
· Ensuite l'illusion culturaliste qui veut faire
croire au caractère extensif et homogène de la culture
juvénile ;
Pour Jean-Claude, cette culture jeune n'est qu'un conformisme
adopté pour vivre une indétermination statuaire alors que pour
les culturalistes il s'agit de l'expression symbolique d'un système de
valeurs et d'une échelle de prestige en rupture avec les normes et les
rôles adultes. L'auteur précurseur d'un ensemble de thèmes
de la culture ou de la sous-culture juvénile, avança
l'idée que la culture juvénile pouvait orienter la culture de
masse et surtout l'infiltrer en rajeunissant les modèles dominants
(EDGARD Morin 1962 :52). Selon le sociologue Français E. Morin, la
promotion de la culture juvénile constituerait donc une
réorientation du système de valeurs vers les thèmes de
changement culturel et de la modernité. Les approches de Chamboderon et
de Morin semblent soulever la question de la pertinence sociologique de la
catégorie des jeunes en se demandant s'il s'agit réellement d'un
groupe social doté d'une certaine unité de représentation
et d'attitudes directement liées à l'age. Ne déniant pas
sa valeur d'analyse sociologique des questions d'age mais limitant celle-ci
à une étude des luttes de classement. Pierre Bourdieu (1984 :277)
semble vouloir répondre par sa célèbre formule : « la
jeunesse n'est qu'un mot ». Plus loin, à partir des années
80, c'est le sociologue Français Olivier Galland qui a posé les
problématiques de la jeunesse les plus novatrices en vue de comprendre
cette catégorie sociologique de fond en comble. Le modèle
traditionnel entre dans la vie d'adulte à la rupture de celle-ci, la
désynchronisation de l'étape classique du cycle de vie, le
problème de l'allongement de la jeunesse découlant de
l'instabilité professionnelle (chômage, l'allongement de la
durée des études, précarisation économique, etc.)
l'instabilité personnelle ( retardement de l'age du mariage,
augmentation du concubinage, difficulté d'accès à
l'autonomie personnelle, etc.) et parallèlement selon Olivier se sont le
développement des activités culturelles et sportives, des
réseaux de sociabilités qui occupent une place propre à
cette phase dans le cycle de vie des individus.
I. Conclusion
Les points de départ que nous venons de passer en revue
constituent le socle théorique de la position d'un problème
à étudier. Nous essayerons d'énumérer toute une
typologie de réalités, tout en soulevant un ensemble de
problèmes que confrontent les jeunes dans les quartiers populaires.
CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL
I. Introduction
Dans ce chapitre on entend définir un ensemble de
concepts liés à notre objet d'étude. Une partie de ces
concepts sert de support théorique dans le cadre de cette étude.
L'autre partie semble définir l'attrait empirique du cadre
méthodologique et empirique envisagé. Ainsi constitué,
nous voulons opter pour une recherche impliquant les déterminants des
critères objectifs que nécessite toute recherche sociologique.
1. Cadre conceptuel
On entend par concept12 une abstraction, une
pensée, un moyen de connaissance qui n'est autre un domaine de
connaissance lié au réel. Deux mouvements caractérisent
donc un concept. D'une part, quand celui-ci touche l'activité pratique,
sensible au moyen des êtres singuliers. D'autre part, quand il atteint
par abstraction l'universel en délaissant les aspects particuliers,
contingents. C'est ce que Lefebvre entend par la formation d'un concept que
l'on a pénétré au-delà de l'immédiat
sensible, de l'apparence, du phénomène dans un degré
supérieur d'objectivité.
La logique d'un concept est une logique de l'essence de la
qualité essentielle. Il va sans dire que le terme Concept abrite des
oppositions et nourrit des conflits entre les empiristes et les nationalistes.
Pour les premiers, la généralité du concept résulte
de la somme d'expérience, des situations, des frustrations
observées, d'où l'on abstrait certaines propriétés
qui leur étaient communes. Au contraire, pour les seconds, la
généralité du concept résulte dans sa
définition méme, c'est-à-dire dans l'existence d'une
propriété essentielle, abstraite, commune à toutes les
situations qui relèvent du concept.
1.1 Socialisation
Pour Elias Nobert, la socialisation est le processus
d'intériorisation des normes du milieu. Pour P. Bourdieu, la
socialisation s'effectue à travers les habitus de classe. Mais contre
cette conception sur-socialisée de l'homme, qui depuis Emile Durkheim
jusqu'à Talcott Parsons, il est
12 GRAWITZ, M. Méthode des sciences sociales.
Paris Dalloz, 10e éditions. 1990.p.17
envisagé que l'individu est un idiot culturel totalement
prisonnier des cadres de socialisation, la sociologie contemporaine met en
avant une conception plus complexe de ce concept13.
1.2. Sous-développement
État d'une économie dans laquelle il n'y a pas
eu un accroissement cumulatif de la richesse par tête. Selon l'expression
de F. Perroux les coüts de l'homme (alimentation, instruction,
santé) ne sont pas satisfaits.14
1.3. Exclusion Sociale
La notion d'exclusion sociale recouvre tout un ensemble de
phénomènes qui ont fait l'objet d'étude dans de nombreuses
recherches. Le terme d'exclusion sociale fait son apparition en 1974 et
désigne alors les dernières poches de grande pauvreté qui
subsistent dans une société qui s'enrichit. La catégorie
s'élargit au cours des années 80 avec l'apparition du
chômage de longue durée, des difficultés d'insertion des
jeunes et des problèmes des banlieues dite difficiles. Ce débat
montre tout d'abord que l'exclusion sociale ne se conçoit plus à
côté de la société, dont l'origine doit être
cherchée chez l'individu.
1.4. Marginalité
Du point de vu étymologique, la marginalité se
définit comme la situation d'un individu ou d'un
groupe d'individus se trouvant en marge de la
société dans laquelle ils vivent. Ce concept s'inscrit dans le
binôme normalité/déviance.
Les définitions attribuées à la
marginalité, sont équivoques et suscitent un intérêt
fondamental. La marginalité revêt donc une double dimension
d'auto-mise à l'écart soit volontaire ou involontaire dans la
société.
· La première est d'ordre à se lier
à la notion de déviance désignant le
phénomène touchant les personnes ayant un comportement qui
s'écarte des règles admises de la société. Les
individus déviants ne sont alors pas vus comme subissant leur
marginalité mais comme acteurs centraux de celle-ci. Howard Becker(1963)
a parlé de « carrière »
13 D.Wrong, over socialised conception of man in
modern sociology, American sociological review, vol.26 no 2, 1961
14 Frédéric, Teulon, Vocabulaire
économique, PUF, #2624 1991, P114
concernant la marginalité qui s'apparente alors
à une sorte de contre-culture et/ou à un contrepouvoir qui peut
prétendre à une centralité nouvelle ou disposition
opposée et volontaire.
? La deuxième renvoie plus à la notion
d'exclusion définie comme la mise à l'écart de certaines
catégories de personnes qui vivent en dehors des conditions d'existence
dans la société identifiée comme normale et qui subissent
donc cette marginalité ;
Le choix d'un recours à la notion de marginalité
dans le cadre de cette étude dans les quartiers populaires dans la zone
métropolitaine de Port-au-Prince, ou en milieu urbain n'est
indépendante des conditions de production de celle-ci.
En effet, cette notion a été forgée pour
les besoins de la réflexion urbaine moderne, afin de comprendre ce qui
n'entre pas dans la norme et identifier ce qui constitue tant un symptôme
social qu'une problématique individuelle. Le diagnostic de
marginalité s'impose à la fois aux marginaux et à leurs
témoins et un lien s'opère car le sentiment de marginalité
vécu après l'individu est entretenu par le regard social qui se
pose sur lui.
Ceci-dit, par bien des aspects, l'on peut être
amené à penser que la marginalité est une notion vague
bien plus qu'un concept car elle englobe des figures sociales diverses,
présentes ou passées.
Nous pensons que, dans des conditions bien précises,
celle-ci est à même de participer à notre réflexion
sur la jeunesse urbaine, dans les quartiers populaires de l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince, car comme le note Marc Verniere (1973
:587-605), la marginalité comporte deux idées fondamentales :
1. Son caractère relatif (un phénomène
n'est marginal que par rapport à un autre qui constitue la
référence de base) ;
2. Et le nombre infini de degrés dans cette situation
marginale, plus ou moins éloignée de la limite
normale15 ;
Ces deux dimensions sont très importantes pour nos
recherches étant donné que la première
(sa relativité) établit un lien très clair avec la
définition d'une norme qui est souvent celle des
15 Vernière, Marc, à propos de la
Marginalité, réflexion illustrées par quelques
enquêtes en milieu urbain et suburbains africain, In Cahier
d'études Africaines, no 51,1973, P587-605
dominants et que la deuxième (sa gradation) va nous
permettre de juger de la validité du paradigme de crise de la
jeunesse.
Cependant, la notion de marginalité recouvre des
réalités multiples, renvoyant à des situations qui
semblent difficilement comparables. Les catégories sociales
concernées sont donc aussi nombreuses qu'il y a d'espaces sociaux
différenciés, ce qui rend les choses d'autant plus complexes dans
un milieu urbain en changement constant et accéléré.
1.5. Déviant
Le déviant peut se définir comme un membre d'un
groupe déterminé qui seul ou en compagnie d'une minorité,
choisit plus ou moins délibérément de transgresser les
normes de ce groupe sur le plan pratique ou sur le plan idéologique, en
provoquant contre lui les réactions plus ou moins violentes de la
majorité conformiste. Talcott parsons distingue deux sorte de
déviance par excès de conformité (l'une passive,
ritualiste, taillonne ; l'autre active, perfectionniste), et deux sortes de
déviance par manque de conformité (l'une passive comme celle du
clochard, l'autre active comme celle du rebelle)16.
1.6. Délinquant
Celui, celle qui a commis une infraction (crime, délit ou
contraventionnelle). Délinquant primaire, celui qui, pour la
première fois, a été convaincu de délit.
1.7. Urbanisation
L'urbanisation est un processus de transformation d'une
population rurale en une population urbaine, en un changement de mode de vie.
C'est un changement démographique et spatial ayant des impacts sur la
vie de la société en général du point de vue
culturel, politique, social et économique. Elle est censée suivre
le processus d'industrialisation qui exige un minimum d'agglomération
urbaine pour satisfaire ses besoins en main d'oeuvre.
Selon les géographes, l'urbanisation est
considérée comme un processus par lequel se structure un ensemble
d'habitats.
16David Vitoroff , Dictionnaire de la psychologie
sociale, 1970
1.8. Zone marginale
La notion de zone marginale est utilisée pour
décrire un espace géographique écologiquement pauvre ne
bénéficiant pas d'infrastructures et de services urbains, c'est
une zone d'exclusion dans l'armature urbaine. Les maisons sont de très
bas standard, ce sont des taudis, des ajoupas, mal équipés et se
caractérisent par l'insalubrité des terrains parfois
marécageux ou exposés au bord des ravines sur lesquels sont
érigées des maisons de fortune habitées par des gens
à faible revenu.
1.9. Aire métropolitaine
La notion d'aire métropolitaine se réfère
à l'extension des villes dans l'espace physique du territoire. Elle est
souvent utilisée pour expliquer l'expansion rapide d'une grande ville
sur des aires contiguës qui reçoivent une utilisation urbaine du
sol. C'est une zone plus ou moins étendue qui embrasse la capitale d'un
pays, la métropole d'une région ou une grande ville.
L'aire métropolitaine est aussi une partie d'espace
bi-dimentionnel comprenant plusieurs sous- régions de second rang du
point de vue administratif (communes et sections communales). Une grande ville
est considérée comme métropole dans la mesure où
elle présente des fonctions complexes et un certain niveau
économique et social par rapport au reste de la région. Elle
comprend un noyau central qui peut être une ville, une métropole
régionale ou la capitale d'un pays ayant le monopole politique,
administratif, industriel et commercial d'une part et d'autre part plusieurs
autres agglomérations urbaines de rang inférieur. La population
de l'aire métropolitaine s'est constituée à partir de la
migration campagne-ville et compte au moins 400.000 habitants. Cette population
est souvent confrontée à des problèmes de toutes sortes
dont logements, services sociaux et équipements urbains.
1.10. Bidonville
C'est une agglomération d'abris, de construction
sommaires réalisées à partir de matériaux de
récupération (bidons, tôles, etc.) et dont les habitants
vivent dans des conditions difficiles et peu hygiéniques, notamment
à la périphérie des grandes villes (dict. Larousse
illustré 1977).
1.11. Integration sociale
L'intégration sociale désigne un processus
d'adaptation d'un individu à une structure sociale donnée. D'un
point de vue social, c'est une insertion signifiant que les individus
concernés ont accès à l'emploi, au logement, à la
protection sociale. L'intégration sociale s'oppose donc à la
marginalisation et à la ségrégation. Il s'agit
d'accéder à un certain droit, sans remettre en cause leurs
spécificités culturelles.
Conclusion
L'ensemble de ces concepts que nous évoquons dans cette
étude constitue le cadre approprié de théorisation de
l'objet d'étude. Ainsi définis, ces concepts traduisent notre
approche compréhensive du phénomène de la marginalisation
dans les quartiers populaires. Quand la spécificité touche
surtout les cités poste Marchands et cité Neuf. Donc, la
consistance de cette recherche trouve toute sa contenance dans l'ampleur et
l'observation des groupes marginalisés.
CHAPITRE III : DE LA MARGINALITÉ,
ÉTATS-UNIS, LA
FRANCE, AMÉRIQUE LATINE : PERSPECTIVE
THÉORICO-
HISTORIQUE
Introduction
Plus d'un admet que chaque discipline a sa conception de la
marginalité, puisqu'elle est en fait, une réalité des
sociétés. Pour Fassin (1996 :246), la marginalité est
conçue comme une notion différente de la pauvreté qui est
considérée comme un état de fait ne préjugeant les
mécanismes qui la produisent. En effet, comment cette notion nous
permettrait-elle de comprendre et de mieux interpréter la situation des
jeunes dans l'aire Métropolitaine de Port-au-Prince,
particulièrement dans les quartiers défavorisés ? Tout au
long de ce chapitre nous envisagerons de répondre à cette
question.
1. Perspective
Selon Fassin (1996) les populations décrites comme
marginales représentent la majorité de la population des villes,
par la mise à l' écart du marché formel de l'emploi, leur
exclusion des dispositifs de protection sociale, leur position excentrée
dans la géographie urbaine. Au début des années 90, Fassin
montre qu'il y a trois conceptions de la marginalité, en raison de la
nuance sociopolitique. D'où l'on diversifie les notions pour qualifier
un méme phénomène. Underclass aux États-Unis,
exclusion sociale en France et marginalidad dans les pays d'Amérique
latine ce qui renvoie à la résultante de ces trois
configurations: haut/bas, dedans/dehors, centre /périphérie.
1.1. Marginalité avancée,
débrouillardise et survie quotidienne
Aux États-Unis, le concept de marginalité prend
le nom de <<underclass>>, le concept trouve son origine
chez Gunnar Myrdal, d'où son étymologie suédoise,
<<onderklass>> désignant dans la langue
littéraire du 19eme siècle, la classe inférieure et
marquait l'opposition entre le haut et le bas de l'échelle
sociétale, qualifiée (Wacquant, 1960). La société
Américaine a été nourrie d'une fiction libre ouverte
où chacun peut atteindre la mobilité sociale pourvu qu'il soit
animée d'une simple volonté, (Myrdal 1963 :38) démontrant
qu'une bonne partie de la classe ouvrière est hors de portée, par
la combinaison des progrès continus de la productivité avec la
généralisation de l'enseignement supérieur. Selon Myrdal,
il y a une affectation des politiques sociales en matière de logement,
de couverture sociale et d'aménagement social, donc ce qui le
conduit à dire que l?underclass est à
la fois blanche et noire, rural et urbaine. Aulletta (1982) place dans
l'univers de l?underclass quatre catégories de gens qu'il
appelle les <<ratés sociaux>>. Il cite les pauvres qui
cherchent de l'aide sociale, les criminels des rues qui terrorisent la plupart
des villes, les vagabonds, les sans domiciles fixes et les malades mentaux. Il
faut préciser que l'analyse portait beaucoup plus sur le comportement
des individus et non à titre d'objet de croyance collective à
élucider comme le rappelle Loïc Wacquant (1996 :248-249),
l'underclass est plus qu'un catégorème au lieu d'une
catégorie sociologique, c'est-à-dire un instrument d'accusation
publique. C'est un agrégat bigarré composé de
catégorie foncièrement hétéroclite, sa perception
est comme une menace, physique, morale et fiscale, à
l'intégrité de la société humaine.
Les thématiques abordées par Wacquant (2006:243)
sont des propositions de types idéaux, telles qu'elles sont : le
salariat, la croissance économique, la stigmatisation territoriale, la
perte de lien avec les lieux de résidence, la disparition des moyens de
subsistance collective, et la fragmentation sociale. C'est pourquoi, il parle
de <<la marginalité avancée>> pour
qualifier notre société contemporaine (les grands pays du Nord)
différente de celle observée dans les pays du Sud. Selon lui,
c'est une désocialisation insidieuse de la masse salariale. La logique
de la marginalité avancée que parle Wacquant est une nouvelle
marginalité qui est différente du modèle de la
marginalisation dans le cadre des pays de la périphérie,
caractéristique de son inadaptation et son arriération
économique. Elle est plutôt une sorte de dualisation des
sociétés occidentales comme la France et les États-Unis,
mais pas au même titre que la théorie du structuro-fonctionnalisme
d'années 1960, de T. Parson, qui postulait le changement à
travers le passage d'une société traditionnelle
précapitaliste à une société capitaliste moderne
capable d'intégrer déviant et marginaux.
Cesari dans son essai portant sur la situation
économique de certaines villes des pays industrialisés
démontre comment la croissance des inégalités est à
la base de l'utilisation de la violence comme stratégie de subsistance
et de fragmentation territoriale urbaine. Abordant la fonction du gang dans les
ghettos, Cesari affirme qu'il était l'une des formes les plus anciennes
d'organisation sociale de la communauté urbaine pauvre aux
États-Unis. Les trafics illégaux sont devenus un moyen de survie
économique (Cesari, 2003 :119). L'individu qui entre dans une
gang est motivé par des raisons économiques ; un
moyen de gagner l'argent le plus rapidement que possible.
1.2. Marginalité et exclusion
La trajectoire des marginaux dans l'histoire française
est souvent caractérisée par la débrouille, et la combine.
Par ailleurs, le sens actuel de ce mot remonte aux années post 1968.
Donc ce sont les populations qui avaient le mode de vie marquée par le
vagabondage, la mendicité, la criminalité et les métiers
infâmes qui portent cette étiquette (Castel, 1996 :33). Selon
Castel, il existe trois situations qui se présentent comme
qualitativement différente, puisque le facteur de pauvreté n'est
pas déterminant dans le processus de la marginalité :
> La pauvreté intégrée qui est une
pauvreté travailleuse, c'est-à-dire des personnes en dépit
du fait de ne pas être au chômage peuvent être
considérées comme pauvre ;
> L'indigence imprégnée qui relève
des secours, liée à l'insertion communautaire, en d'autres
termes, toutes ces populations qui subsistent à partir des organismes
communautaires ;
> L'indigence désaffiliée, marginalisée
ou exclue, qui ne trouve une place ni dans l'ordre du travail, ni dans l'ordre
communautaire.
Thomas, dans cette même perspective des exclus en
France, émet la thèse que le concept d'exclusion a
été utilisée au point de remplacer celui de la
pauvreté, elle est une notion résultant de la combinaison des
théories sociologiques et économiques de tendance diverses. Selon
Thomas (1997 :15) :
« la notion d?exclusion englobe des formes de
description, d?analyse et d?explication des phénomènes de
pauvreté variée. Celles-ci sont issues d?une part, d?approches
sociologiques diverses de la tradition des enquêtes de médecins
hygiénistes à celles de budget et aux travaux ethnographiques.
D?autre part, elles s?appuient sur diverses théories économ iques
: des visions classiques et néoclassiques en termes de résidu aux
formes marxistes et néomarxistes en termes de sous prolétariat
».
Dumas et Séguier (1999), pour identifier les
populations marginalisées, se référent aux individus et
aux groupes qui ne parviennent pas à respecter les systèmes de
conduite en vigueur à la société. En outre, ces auteurs ne
confondent pas marginalisation avec exclusion ou pauvreté.
Marginalisation ou population défavorisée, dans la logique
Castelienne, même repoussoir n'est
synonyme d'exclusion. Ce qui est différent pour d'autre
région du monde : les États-Unis et Amérique Latine.
1.3. Pauvreté marginale, inclusion à la marge
et stratégie de survie
Les déterminants de la marginalisation, dans ce sens,
sont plus externes et s'expliquent à travers les rapports de l'Etat avec
ces populations. Aumercier (2003) utilise le concept<<enfermer
dehors>> pour décrire les rapports entre ces personnes et le
<<SAMU social>> dont la mission consiste a opéré des
interventions d'urgence auprès de cette population. Le sujet est
enfermé dans son refus on ne peut lui reconnaitre sa capacité
subjective de définir ses propres besoins et de les exprimer. Selon lui
: une inclusion forcée comme individu drapé dans son refus, dans
son dédain, dans sa belle marginalité ou dans l'une des multiples
identités nationales, ethniques ou religieuses disponible sur le
marché (Aumercier, 2004 :125,127).
Paugam, dans une perspective plus large, parle de
<<rapports sociaux à la pauvreté>> par rapport
à l'exclusion. Il distingue trois types de rapports sociaux à la
pauvreté : pauvreté intégrée, pauvreté
marginale, et pauvreté disqualifiante. Il ne met pas vraiment accent sur
la notion de la marginalité, c'est pourquoi nous allons seulement
considérer son concept de pauvreté marginale, par souci de
précision et d'accentuation. Paugam (1996 :396), le type de rapport
social à pauvreté connu sous la dénomination
pauvreté marginale est lié à deux catégories
sociales : une petite frange de la population constituée au niveau de la
conscience collective inadaptée à la civilisation moderne. Pour
Simmel (1984), les catégories sociales marginalisées ou exclues
peuvent être perçues comme des étrangers ou des intrus
chaque fois qu'elles désirent intégrer les groupes dominants dans
leur territoire ou accéder à leurs intéréts. Pour
ces auteurs Bourdieu(1993), Merrien (1997), Paugam(1996, McAll(1996), les
populations marginalisées sont constituées des démunies
notamment des gens qui dépendent de l'aide sociale pour leur
subsistance.
La vie de famille des populations pauvres touche à bien
des activités illicites comme la prostitution, la drogue, les
évasions fiscales, ce que l'on appelle majoritairement : les
activités informelles. De Bellaing (2003), relève diverses
catégories de populations constituant les pauvres et les
misérables en mettant l'accent sur les stratégies informelles de
survie qu'elles développent, dans son essai portant sur
l'économie de la pauvreté et économie de la misère
en France. L'auteur affirme que pour subsister, particulièrement dans
des banlieues qui sont parfois
la scène de violence, les populations pauvres
pratiquent le don, qui, selon lui, n'est pas économique. L'autre donne
à son voisin un peu d'huile, un peu de soupe, etc ; il les reçoit
et il les lui rend. Selon lui, cet échange réciproque assure la
survie, d'où l'expression d'<<assurance de survie>>.
1.4. Informalité, masse marginale et
déséquilibre systémique
Les populations marginalisées pour subsister, peu
importe le pays dans lequel elles se trouvent, recourent à des
activités informelles de subsistance. Cependant, l'informalité ne
veut pas pour autant dire marginalité. Tout au début des
années 1990, les catégories d'analyse utilisées pour
expliquer l'informalité ont été, entre autre, la
dépendance des pays de la périphérie par rapport à
ceux du centre, la pénétration du capital dans le secteur rural,
la faiblesse du capitalisme latino Américain qui absorber
l'excédent de main d'oeuvre et la formation d'une armée de
réserve industrielle. De nos jours, l'ensemble des activités
informelles est attribuée moins au capitalisme qu'à la
mondialisation qui provoquerait des effets encore pires que le capitalisme des
décennies écoulées telles : la croissance des
inégalités entre le travail et capital. Ces populations vivant
des activités informelles et marginalisées en fonction des
rapports sociaux et économiquement dominants, disposent toujours de leur
force de travail, qui est selon Chevalier (1990), l'unique source de revenu
familial.
Stavenhagen (1973), traitant sept thèses
erronées sur l'Amérique Latine au cours des années 70
affirme qu'à l'origine, le terme de population marginale était
utilisé pour désigner les habitants des bidonvilles qui vivent
dans des baraquements à la périphérie des principales
cités d'Amérique Latine. Ainsi, il évoque trois
critères pour définir la marginalité en Amérique
Latine :
> Etre marginal ne signifie pas être à
côté ou en dehors du processus de développement
économique, et le terme ne s'applique pas à des populations qui,
simplement sont restées à la merci des secteurs modernes, comme
le voudraient certaines théories dualiste à la mode.
> La marginalité ne tend pas disparaitre avec le
développement de l'agriculture, de l'industrie et de l'économie
en général ;
> La marginalité est au contraire un
phénomène inséparable du genre de développement que
connait l'Amérique Latine, elle est méme engendrée par ce
développement, et en constitue donc un sous-produit.
Vekemans et Fuenzalida, (1969) ont défini les
populations marginalisées en Amérique Latine comme étant
des populations qui ne sont pas intégrées ou qui sont
reléguées au dernier rang de l'échelle sociale ou qui y
sont exclues. Dans cette même logique F. Dubet (1989), affirme que les
vieux problèmes de la marginalité a été
relégué au rang de théorie à moyenne portée
en Amérique. Il parle de préférence en lieu et place de
marginalisation « d'intégration fragmentée
»17. Il touche dans sa recherche deux grands axes
théoriques de la marginalité : la théorie dualiste
liée au secteur traditionnel qui est menacée de
désorganisation et les théories de la polarisation qui est
rattachée au secteur moderne, plein de développement.
Lomnitz(1975), oppose à la thèse de Lewis (1966) traitant ce
phénomène comme étant la culture de la pauvreté,
explique par la faiblesse des liens sociaux sous ses différents
paramètres. Pour elle, au lieu de la culture de la pauvreté,
c'est plutôt la condition de l'insécurité chronique de
l'emploi et du revenu qui constitue le facteur déterminant de
l'existence des marginaux. Elle (Lomnitz, 1975 :29), définit le pays
comme un écosystème, c'est-à-dire un système global
de ressources et de conditions de vie ou toute évolution
déséquilibrée, telle l'industrialisation
accélérée, provoque des tensions économiques et
démographiques internes susceptibles d'engendrer des processus
migratoires, ce qui marginalise certaine couches de la population.
Conclusion
La perspective historique de cette recherche est liée
à ses différents travaux déjà
développés à ce sujet. Ainsi construit, nous envisageons
de définir ces aspects dans les parties qui suivront ce chapitre. Car,
il sera nettement défini en fonction des outils empiriques qui
permettront d'envisager la possibilité d'expérimenter l'ensemble
des observations que nous avons choisies.
17 Dubet, François, la Galère : Jeunes
en survie, Paris Editions, Fayard
DEUXIÈME PARTIE : CADRE
MÉTHODOLOGIQUE
CHAPITRE IV : MISE EN CONTEXTE
La jeunesse en tant que catégorie à part
entière a fait l'objet d'une difficile reconnaissance sociale et
scientifique dont l'analyse nous permet de dégager certains postulats de
base pour une étude ayant cette catégorie sociale comme objet.
Dans ce chapitre nous voulons faire la contextualisation tout en postulant que
notre recherche s'inscrit dans un contexte géographique bien
spécifique.
1. La jeunesse urbaine des quartiers populaires dans
l'aire Métropolitaine de Port-au-Prince
Le choix des quartiers populaires de la zone
Métropolitaine de Port-au-Prince, nous rappelle quelques données
générales à ce sujet qui constitue autant de
repères nécessaires au fil de cette analyse. Ainsi en envisageant
des jeunes des quartiers populaires, nous éperons aboutir à un
ensemble de résultats pouvant nous aider à
réfléchir sur la marginalisation des gens dans les quartiers.
1.1. La jeunesse comme objet d'étude
La notion de « jeunesse », renvoie à une
pluralité de représentations sociales et scientifiques, dont il
nous faut retracer les principales lignes de force afin de soulever certains
postulats quant à la conception sous-jacente de notre recherche. Nous
allons choisir comme représentation formelle, une distinction entre la
reconnaissance sociale de leur mode de vie et l'analyse scientifique de la
jeunesse. Dans ce cas, il est pratiquement certains que la jeunesse doit
être analysée avec les mêmes outils théoriques «
au nord comme au sud », sans l'aborder sous une forme de division.
1.2. De la jeunesse à la difficulté de
reconnaissance sociale
En tant que catégorie sociale à part
entière, la jeunesse constitue l'aspect historique d'une
génération qui se renouvelle au fil du temps. Il faut rappeler
les principaux détours des façons de penser la jeunesse,
c'est-à-dire par l'étude de l'évolution du concept et de
son contenu social. Ce qui nous permettrait aujourd'hui de mieux cerner les
représentations actuelles de la jeunesse. Puisqu'il s'agirait de
différente conception s'inspirant les unes des autres. Les
représentations
actuelles sont le fruit du croisement entre les multiples
conceptions de leur existence que nous devrions détailler très
brièvement.
1.3. Recherche sur la jeunesse en Haïti
L'enquête sur la Jeunesse réalisée par
FAFO/IHE en 2009 et le fonds des Nations-unies en Haïti
pour la population (UNFPA), nous laisse certains indicateurs
de compréhension explicite sur la question. La croissance
démographique chez les Jeunes a été
particulièrement accélérée en milieu urbain
à plus de 6% l'an. A ce rythme, la population urbaine des Jeunes,
1.795.267 individus en 2003, devrait doubler d'ici en 2015. Le poids de la
population des Jeunes (15-24 ans révolus), après avoir atteint un
sommet en 2005 (21,9%) a amorcé une tendance à la baisse. selon
les estimations de projections de population (IHSI-CELADE), où il sera
de 20,9 % à 15% en 2050. La concentration urbaine est
plus forte chez les Jeunes qu'au niveau de la population totale : 1)
Près de la moitié des Jeunes, soit 48,9%, réside en milieu
urbain contre 40% dans l'ensemble de la population. 2) Plus de 60% de la
population urbaine chez les Jeunes se retrouve dans le département de
l'Ouest contre 53 % dans l'ensemble de la population. Les Jeunes filles
représentent un pourcentage de 52,9% de la population des Jeunes de 15
à 24 ans. Un tiers des Jeunes de 15 à 24 ans révolus, soit
33,1%, vit dans le plaçage. Un peu plus d'un dixième, soit 12,3%,
dans le mariage et 4,6%, dans le « Vivavèk » (Vivre avec). Le
pourcentage de Chefs de ménages s'élève respectivement
à 1,7% chez les Adolescents (es) de 15 à 19 ans révolus et
à 10,4 % chez les Jeunes de 20 à 24 ans révolus. Plus de
la moitié des jeunes a déménagé au moins une
fois.
La fécondité des Adolescentes est plus
faible en Haïti que dans d?autres pays comme le Guatemala, le Nicaragua
et, plus près de nous, la République Dominicaine, ainsi que le
révèlent les enquêtes récentes de type DHS. Cette
considération demeure tout aussi bien valable quant à la
contribution relative des Adolescentes dans la fécondité totale,
comparativement aux autres pays de la région.
La contribution relative des Jeunes femmes de 15 à 24
ans dans la fécondité totale varie de 30,9 à 28,9% dans
l'Ouest et l'Aire Métropolitaine de Port-au-Prince, elle se situe
à 26%. Le poids de la fécondité des Jeunes dans la
fécondité totale se révèle, en conséquence,
suffisamment stable (27 à 28 % dans l'ensemble), malgré une
légère baisse observée dans l'EMMUS II (1994-1995). Un
pourcentage moindre de Jeunes, 33%, soit un tiers, est scolarisé en
milieu rural contre plus de
la moitié, soit 53%, en milieu urbain. Près de
20 %, soit 18,1%, des Jeunes de 15 à 24 ans révolus, n'ont aucun
niveau d'instruction. Un peu plus d'un tiers (37,5%) se retrouvent au niveau du
primaire et 42,8% au niveau du secondaire. La part relative des Jeunes à
l'Université est insignifiante : moins de 1%. De la population en age de
travailler: 59% dans l'ensemble, mais 67% en ville et 55% en campagne se
trouvent dans la classe 15 à 64 ans. 35% des jeunes de 15 à 24
ans sont au chômage. Le taux de chômage est plus
élevé dans les villes et chez les femmes. Le chômage
(ouvert et occulte) est de 51%. 1/3 des jeunes occupés sont dans le
commerce et 1/3 dans l'agriculture. Plus de la moitié des jeunes entre
15 et 24 ans travaillent à leur compte, avec 17% de plus qui travaillent
pour l'entreprise familiale. 18% des jeunes de tous ages (10-24 ans) ont des
activités générant des revenus. 60% des jeunes actifs
travaillent à plein temps. Des grossesses non désirées
dont les impacts du point de vue sociétal s'étendront sur le long
terme (le cas des enfants de la rue très fortement exposés
à la délinquance juvénile) - la fréquence des
décès maternels liée à l'immaturité
physiologique des Adolescentes, l'infection aux IST dont le VIH/SIDA due
à des comportements sexuels atypiques de la part des Adolescents (es) et
des Jeunes ( par exemple, la non utilisation à volonté de
préservatifs lors de rapports sexuels), des avortements pratiqués
dans des conditions irrégulières, l'abandon scolaire
associé à la maternité précoce ou à
l'attention soutenue que la jeune mère devra accorder à son
enfant, cette déperdition scolaire expliquant aussi la perte de
certaines années de vie active. Le taux de séroprévalence
du VIH/Sida indique que 2,3% des jeunes filles de 20 à 24 ans
révolus seraient séropositives ainsi que 0,9 % des adolescentes
de 15 à 19 ans révolus. Dans l'ensemble, le taux de
séropositivité serait de 1,5 % chez les Jeunes filles de 15
à 24 ans révolus et se situerait en-deçà du niveau
observé chez l'ensemble des femmes en age de procréer (2,3%).
Comparativement au sexe masculin, la séropositivité serait plus
élevée chez les Adolescentes de moins de 20 ans et les femmes de
20 à 24 ans révolus : 0,9% contre 0,1% dans le premier cas et 2,3
% contre 1,1 % dans le second cas. La différenciation est forte, tant du
point de vue de la connaissance complète que de celui de la
prévalence du VIH/SIDA chez les Jeunes, en regard des critères
comme le quintile de bien-être économique, le type
d'activité économique, le niveau d'instruction et le secteur de
résidence. Le degré de confiance chez la jeunesse haïtienne
est généralement faible : 28% pensent qu?ils peuvent faire
confiance à la plupart des gens. Des différences nettes
entre les filles et les garçons : 23% contre 32%. Des différences
nettes entre les zones urbaines et rurales: 18% contre 35%. 58% de la
population haïtienne ont accès à une source d'eau
améliorée.
(OMD). De grandes différences entre les zones urbaines
et rurales : 93% contre 41%. 1/4 de ménages utilisent des
infrastructures d'assainissement améliorées, soit deux fois plus
dans les zones urbaines (35%) que dans les zones rurales (17%) (OMD). Moins de
la moitié des ménages haïtiens vivent dans un quartier
doté d'un réseau électrique, soit 88% dans les zones
urbaines et 18% dans les zones rurales. Plus d'une personne sur quatre dispose
d'un téléphone portable. Dans les zones urbaines, 42% des
interrogés ont un cellulaire contre 18% dans les zones rurales. (OMD).
Une personne sur trois dans les zones urbaines mentionne avoir accès
à l'internet contre 4% dans les zones rurales. Au total, 14% de la
population haïtienne ont accès à l'internet. (OMD). Donc,
nous avons essayé systématiquement de relever un inventaire et de
traiter les différents aspects du problème de la
marginalité des jeunes par rapport à ses moyens existentiels et
de ses conditions de survie. Toujours est-il, que nous allons confronter ses
relevées théoriques à la réalité actuelle du
terrain lié à notre cadre opératoire de
réflexion.
1.4. Des débats contradictoires autour de la
définition du concept de jeunesse
Dans le contexte actuel, il est certain que la
définition de la jeunesse actuelle en Haïti semble se conformer
à la définition que veut lui accorder le sociologue
français, Pierre Bourdieu : « la jeunesse est une construction
sociohistorique qui apparait comme une catégorie sociale dans le
contexte d?une idéologie, d?un nationalisme ou d?une disposition
nationaliste, d?une éducation ». Plus loin, il nous dit avec
précision, que les inégalités chez les jeunes
génèrent des approches du concept très
différente.
L'histoire de la jeunesse ou des jeunes a toujours
été prise en comparaison avec la vieillesse ou les vieux. Il
s'est toujours présenté sous un angle purement dichotomique :
jeunes/vieux et jeunesse/ vieillesse. Sans pour autant vouloir effectivement
établir une différence entre jeune/jeunesse et
vieux/vieillesse.
La jeunesse est la période de la vie qui s'étend
de l'enfance à l'age adulte. Cette définition correspond moins
à une étape du développement physique et psychologique
qu'à un statut social. En fait ce qu'on nomme la jeunesse varie
considérablement d'un type de société à l'autre,
d'un groupe à l'autre et elle n'est devenu un fait social massif que
depuis quelques décennies.18 Dans
18 Philipe, Ariès, L'enfant et la vie familiale
sous l'ancien régime, Paris Editions Seuil 1975.
les sociétés traditionnelles, la jeunesse
désigne une période brève et précise de la vie,
scandée par rites de passage et des cérémonies
initiatrices qui donnent aux sujets des statuts clairs et reconnus.
Dans le langage courant on parle des « jeunes » pour
désigner des adolescents ou des jeunes adultes. Mais cela ne nous
éclaire pas sur ce groupe d'individus.
Parler de la marginalité chez les jeunes renvoie
à la question : « de quels jeunes s'agit-il ? » Car dans
toutes les classes sociales nous trouvons des jeunes marginaux, des
délinquants, des toxicomanes et même des assassins.
1.5. Présentation de l'aire Métropolitaine :
son contenu socio démographique
Remarque d`ensemble
Haïti vit en ce début du siècle, une
pression démographique énorme, compte tenu des ressources
disponibles. Avec un taux de croissance qui s`est passé de 1,42%
à 2,08% en l`an 2000, la croissance de la population s`est nettement
accélérée au cours de ces vingt(20) dernières
années pour atteindre un effectif de plus de 8(huit) million d`habitant
aujourd`hui. En effet, la spatialité a été répartit
comme suit :
« Au Recensement Général de la
Population et de l?Habitat de 2003, Haïti compte une population de 8 373
750 habitants. Moins de 2/5 de cette population (37 %) habitent l?Ouest,
département où se trouve la capitale du pays. L?Artibonite (16 %)
et le Nord (10 %) représentent après l?Ouest les
départements les plus peuplés de l?ensemble du pays Le poids de
chacun des autres départements se situe entre 4% et 7% de l?ensemble.
Près de soixante pour cent de la population de l?ensemble du pays (59,2
%) vivent en milieu rural. Moins de 2/3 de la population urbaine de l?ensemble
du pays (évaluée à 40,8%) résident dans le
département de l?Ouest ».
Figure I : Répartition de la population totale de
l'Ensemble du Pays
So
urce : RGPH - 2003
Au taux de croissance actuelle et en l`absence de politique
publiques conséquente, Haïti comptera, selon les projections,
près de 20(vingt) million d`habitants d`ici l`an 2040. Haïti a
l`une des populations les plus jeunes au monde, avec 40% de la population
âgée de moins de quinze (15) ans. Selon IHSI(2003), la structure
pyramidale totale se répartit comme suit :
« La population haïtienne présente une
structure jeune. Plus de la moitié de la population a moins de vingt et
un (21) ans. Les personnes âgées de moins de quinze (15) ans
représentent 36,5 % de la population, celles de 15 à 64 ans 58,3
%, tandis que la population âgée de 65 ans et plus est de 5,1 %.
La moitié de la population de l'ensemble du pays est constituée
de femmes. Cette légère différence s'observe aux
âges actifs particulièrement entre dix (10) et trente neuf (39)
ans. Au niveau des milieux de résidence, cet excédent est
beaucoup plus prononcé ot) l'on compte 86 hommes pour 100 femmes en
milieu urbain et 98 hommes pour 100 femmes en milieu rural ».
Figure II : Pyramide des âges de la population
totale de l'Ensemble du Pays en 2003
Structure par âge et sexe
Source : RGPH - 2003
Les jeunes âgées de moins de 20 ans
représentent plus de la moitié de la population, soit 52%
environ, et ceux de moins de 25 ans près de 62%. Considérons
l`exemplification de ce tableau d`approximation :
Tableau I : structure d`âge de la population
Haïtienne
Groupe d`âge
|
% de la population
|
% cumulé
|
0-14
|
39.9
|
39.9
|
15-20
|
11.8
|
51.7
|
21-25
|
10
|
61.7
|
26-30
|
8
|
69.7
|
31-35
|
5.8
|
75.5
|
36-64
|
20.7
|
20.7
|
65 et +
|
3.8
|
100
|
Source : tableau construit à partir des
données provisoires de EBCM 99-00 de l`IHSI
Cette structure met exergue la grande jeunesse de la
population haïtienne. Elle permet déjà de voir l`impact
qu`aura le facteur démographique sur l`effort à consentir pour le
développement économique et social lorsqu`on tient compte de la
charge énorme que représentent les jeunes de 0- 25 ans (40%- 52%
de la population) pour les pouvoirs publics et la société civile.
L`indice de dépendance démographique, calcule en tenant compte
des jeunes seulement, s`établit à 0.70, soit 70 inactifs pour
chaque 100 actifs.
Ce rapide survol de la situation démographique met en
évidence non seulement la richesse potentielle du pays que constitue sa
jeunesse, mais également les menaces pour le développement
économique et social dans le cas du maintien du statu quo -
caractérisé par le chômage, le sous-emploi, la faiblesse
des revenus, la pauvreté et le manque criant d`opportunités
économiques - lequel risque d`affecter irrémédiablement la
capacité de la société Haïtienne de se reproduire et
de croitre. Il indique surtout les défis à relever, des
maintenant, quant aux investissements publics à consentir dans
l`éducation du groupe d`âge 0-25 ans, quand l`initiation d`une
politique économique opportune d`augmentation de revenu national par la
création de nouvelles richesses.
Tableau II : répartition de la population
Haïtienne par groupe d'âge de (2009-2010)
Groupe d'âge
|
2009
|
|
2010
|
|
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
0-14 ans
|
3 600 697
|
36,3
|
3 617 279
|
35,8
|
15-64 ans
|
5 894 095
|
59,4
|
6 028 527
|
59,8
|
65 et plus
|
428 451
|
4,3
|
439 458
|
4,4
|
Ensemble
|
9 923 243
|
100,0
|
10 085 214
|
100,0
|
Source : IHSI, décembre 2009
Entre les phénomènes démographiques
(fécondité, mortalité, migration) et les divers facteurs
du développement socioéconomiques, il existe, en effet, tout un
réseau de relation multiples et réciproques : le volume, la
composition, la distribution géographique et la croissance de la
population ont des implications directes sur les niveaux et les structures de
production, de consommation d`épargne, d`investissement et jouent par
conséquent une influence déterminante sur les variables de
croissance et de développement. D`un autre côté, les
structures économiques, c`est à dire les modes de production et
de reproduction des conditions matérielles d`existence et
les niveaux de vie qui en découlent, expliquent dans
une très large part les patrons socio culturels, les probabilités
de survivre ou de mourir, les schémas et comportements vis-à-vis
de la procréation, ainsi que la concentration relative et la
mobilité spatiale de la population.
L`impact de la croissance démographique se fait sentir
avec le plus évident acuité à Port-au-Prince : absence de
planification urbaine, occupation anarchique de l`espace, conversion des rues
et des chaussées en marchés publics, insalubrité
générale, bidonvilisation accélérée de
presque tous les quartiers à vocation résidentielle, manque
d`espace vert, des parcs récréatifs et de centres sportifs,
faiblesse criantes de infrastructures de drainage, d`évacuation des eaux
usées, de collectes des résidus solides, de distributions d`eau
potable, tout contribue à une nette impression de surpopulation.
Port-au-Prince a environ un demi-million de personne de
l`effectif de la population, victime du séisme du 12 janvier. Plus de
trois cent mille sont mort officiellement, sous les décombres, des
milliers de personnes sont amputées, des centaines de milliers sont
déplacés, des maisons, des hôpitaux, des écoles, des
cathédrales, des édifices publics détruits.
En effet, nous subdivisons ce chapitre de l'air
métropolitain de Port-au-Prince en deux sections sous formes de
configuration.
· Configuration sociohistorique
· De la relativité de Port-au-Prince
1.6. Configuration sociohistorique de la yille de
Port-au-Prince
L'actuelle capitale de la République d'Haïti,
Port-au-Prince est dévastée par le séisme du 12 Janvier
2010. Situé dans le département de l'ouest de l'ile d'Haïti
des Grandes Antilles, au fond du golfe de la Gonâve, au carrefour des
voies maritimes et terrestre reliant le Nord et le sud du Pays. Moreau de Saint
Mery nous rappelle que le commandant du Vaisseau le Prince, sous les ordres
d'Oberville arrive à l'ile Anglaise de Nieves, jeta l'ancre dans un port
appelé communément l'Hôpital, qu'il nomma plus tard du
méme nom du vaisseau : Port-au-Prince.
· En 1749, effectivement on a fondé
Port-au-Prince, tout comme son nom, son architecture a changé plusieurs
fois sous le coup des intempéries à la seule différence
son nom aujourd'hui reste encore le même. Elle a passée de la
ville en pierre à la ville
en bois, de la ville en bois à la ville en
béton et de la ville en béton pour une architecture plus
sécurisante. Elle a connu aussi plusieurs types de plan, tels : le plan
en Damier et la ville Royale. Alors, Port-au-Prince est devenu Port-au-crime,
suite à une résolution du club des amis de la convention en
janvier 1793. A l'occasion de la de la signature de la déclaration de la
liberté des noirs, le commissaire civil Polvérel dénomma
la capitale Port-Républicain au mois de septembre de sa fonction dans la
colonie.
· En 1804, la capitale a repris son nom de
Port-au-Prince et un an après avec la montée de Rivière
Hérard au pouvoir, encore elle est devenue Port-Républicain. A
cette époque- là, Port-au-Prince ne comptait que deux grands
quartiers : Morne à Tuff, la ville du Roi, les militaires et le
gouverneur et Bel-air, la ville de l'intendant et le négoce.
· De 1879 à 1953, les autres quartiers et ville
d'ordre d'importance se dessine à Port-au-Prince. Selon Jean Claude
Orphée (1997 :28), l'année de 1960 marque le processus de la
bidonvilisation de Port-au-Prince et le phénomène de morcellement
anarchique des grandes propriétés. Cette structure de zonage de
Port-au-Prince nous conduit a identifié l'existence de trois
catégories des groupes sociaux : haut, moyen, bas, les unes plus
aisées que les autres.
· Les gens aisés19, les grands
commis de l'Etat, les entrepreneurs et grands commerçants qui ont de
très grands revenu mensuels.
· Les éléments de la couche
moyenne20, parfois aises et aussi de la masse, qui sont ; cadre
moyens, les intellectuels, certains politiciens, profession libérale,
etc....
· Les gens de la masse21 qui ne
peuvent même pas subvenir à leur besoins fondamentaux. Ils sont
majoritairement des chômeurs et menant des activités
économiquement insignifiant sans prestiges.
<< (...), La ville accapare tous les avantages
économiques et commerciaux au détriment des métropoles
régionales qu'elle contribue à faire dépérir. Elle
bénéficie les grosses infrastructures modernes :
aéroport, Wharf, parc industriel. Cet à Port-au-Prince, en effet
s'installe, la plupart
19 Cette première catégorie habite
à Montagne Noire, Kenskoff, Laboule, Thomassin, Pétion-ville,
Musseau, morne Hercule, Montana, bourdon etc....
20 Cette deuxième catégorie habite
à Ravine pintade, Carrefour, Côte-plage, Lalue, Thorlande
21 Cette catégorie purement marginale habite
carrefour feuille, Martissant, poste marchand, champs-de-Mars, belair, cite
soleil, la saline, cité-l'Eternel, cité-liberté etc....
des institutions de service les plus importantes :
électricité d'Haïti (EDH), centrale autonome
métropolitain d'eau, potable, télécommunication,
hôpital de l'université d'Etat d'Haïti, université
d'Etat d'Haïti, les principaux d'hôpitaux privés, les
principales cliniques, les collèges les plus réputés, les
principales écoles professionnelles et techniques, etc....Jean Michel
Gabriel (1995 : 96-97)>>. En outre, malgré ces facteurs limitatifs
au progrès du pays reste encore le centre par rapporta la
périphérie. A ce niveau limitatif et de concentration à
outrance des institutions à Port-au-Prince constitue l'exode rural, la
majeure partie de la population vient se réfugier à
Port-au-Prince, en dépit des déboires, l'ensemble de la main
d'oeuvre salarial se concentre à port au prince. Puisque Port-au-Prince
a toujours joue au détriment de la population des provinces à
cause de ses poids culturel, politique et socioéconomique, la croissance
démographique propulse à un rythme sans pareil, à en
croire ce tableau :
Tableau III : Croissance de la population urbaine de
Port-au-Prince de (2000-2010)
Milieu de
résidence
|
Population/année
|
|
|
Taux moyen annuel en % par
année
|
|
Variation relative en % par année
|
|
|
2000
|
2005
|
2010
|
2000-05
|
2005- 10
|
2000-05
|
2005- 10
|
Urbain
|
3 346671
|
4018159
|
4817666
|
3,72
|
3,73
|
20,1
|
19,9
|
Total
|
3 346671
|
4018159
|
4817666
|
____
|
___
|
___
|
___
|
Source : IHSI, décembre 2009
Chapitre v : Le cadre méthodologique22 de
l'étude
Introduction
Dans ce chapitre, nous allons préciser la
méthodologie et le type de stratégie pour la collecte des
données que nous allons utiliser pour la recherche. C'est pourquoi, nous
avons divisé notre cadre méthodologique en trois parties : une
première qui contient la délimitation du champ de l'étude,
c'est-à-dire identifié le type de population ciblée, les
quartiers retenus pour l'enquête. Une deuxième partie qui tient
compte de la documentation, le questionnaire, la collecte des données,
les entretiens, les histoires de vie et l'analyse de contenu. En dernier lieu,
nous avons pu procéder au traitement et analyse des données
collectées, limites et difficulté de l'étude.
1. Délimitation du champ de l'étude: la
population ciblée, les quartiers retenus pour l'enquête
Le cadre représentatif de cette recherche est une
stratégie théorique de recherche, qui n'a rien à voir avec
l'analyse des méthodes quantitatives, mais de préférence,
il nous permet de construire une analyse interprétative en vertu de
l'histoire de vie des jeunes de Poste-marchand et Cité neuf. Cet
échantillon comprend deux dimensions : la délimitation du champ
de la recherche et la population d'étude.
Etudier le phénomène de la marginalité
des jeunes dans les quartiers populaires dans la zone métropolitaine de
Port-au-Prince se révèle être une tâche difficile par
rapport au vaste champ de la recherche. Donc, nous essayons de délimiter
comparativement notre travail de recherche aux habitants de poste-Marchand et
de cité neuf.
22 Pour réaliser cette étude nous
avons utilisé un ensemble de recherche documentaire pour mieux saisir le
thème, tout en construisant une revue de littérature et de cerner
la problématique de la marginalité des jeunes. Nous avons aussi
effectué des travaux de terrain ; ce qui nous a permis de saisir le sens
de l'analyse sociologique, en vertu de l'histoire de vie de ces jeunes qui sont
sans abris. En effet, le contenu de cette recherche a été
objectivé par le biais de ces différents outils, liés
à la démarche qualitative : la documentation, le questionnaire,
l'entretien individuel et approfondis, l'histoire de vie et l'analyse de
contenu. Il faut préciser que notre méthodologie est
constituée d'un enchevêtrement dialogique de fond et de forme.
1.1. Population ciblée
Ce sont donc les jeunes de 15 à 25 ans des quartiers
populaires qui nous intéressent dans le cadre de cette recherche.
Compte tenu de l'ampleur de l'étude et le choix de
terrain, nous avons opté pour un entretien de taille réduite.
Nous avons enfin divisé le quartier trois tranches où l'on a fait
circuler un questionnaire sur un total de neuf personnes en raison de trois
personnes par tranches.
1.2. Les observations de terrains
Les observations effectuées dans les quartiers de
poste- Marchand et de cité neuf nous ont permis d'établir une
certaine différence de formes entre l'ensemble des quartiers de la zone
métropolitaine de Port-au-Prince et de ceux sous-étude. Elles ont
été conduites sous forme de question et réponse avec les
jeunes habitants les quartiers. Cet exercice d'observation de terrain est
construit sur la présentation de deux quartiers retenus faisant partie
de l'enquête. Il est reparti comme suit :
1.3. Présentation des quartiers retenus pour
l'enquête
Localisation des deux quartiers choisis et situation
générale. Les quartiers de Poste-Marchand et de Cité Neuf
appartiennent respectivement aux communes de Port-au-Prince de la région
Métropolitaine.
A côté de la situation générale de ces
quartiers, il y a la base de critères précis de choix de ces
derniers que nous avons adopté pour l'élaboration d'une
démarche :
1. Construire une vision large de la situation marginale des
jeunes dans le sens de la recherche d'une certaines
hétérogénéité
2. Ces quartiers-là, à première vue
peuvent être considérés comme des sous-quartiers ou de la
résultante des autres quartiers aussi précaire qu'eux, les
entourant. En fait, c'est une manière stratégique de pouvoir
trouver une sorte de synthèse d'idée du dire des habitants.
Supposons que ces quartiers participent dans une espèce d'amalgame ou
subir méme les effluves de ces abords.
3. Identification des paramètres en fonction de l'objet
de étude, des jeunes sans initiative aucune ; la marginalité par
rapport à leur trajectoire scolaire.
4. Visites, observations de la situation de ces deux quartiers et
repérage d'informant-clé pour la réalisation des entrevues
de groupe
Dans le cadre d'une approche succincte d'histoire de vie des
jeunes liées à un domaine de vie spécifique : la
trajectoire scolaire, nous avons réduit notre terrain de recherche le
plus simple que possible, pour en faire une déduction qualitative dans
une dynamique d'interprétation de ceux que ces jeunes voient et pensent
d'eux-mêmes. Ce qui en réalité traduirait leur état
de marginalité par rapport à la société. Notre
préoccupation première est pouvoir trouver des jeunes, de
manière aléatoire, qui peut en fait expliquer leur propre
histoire dans le sens du vécu au quotidien.
De la situation générale de ces deux quartiers :
Poste-Marchand est situé à quelque mètre de Fort-National
et se trouve en plein coeur de l'ancienne ville sur les collines surplombant la
baie de Port-au-Prince. Il s'agit d'un quartier dégradé et dense
du centre-ville, phénomène courant observé dans le
processus de mutation socioéconomique issues de l'urbanisation
accélérée.
Cité Neuf, il est sur les piedmonts du Morne
l'Hôpital massif de la selle, soit dans la zone d'extension du sud-est de
l'aire Métropolitaine. De par leur position périphérique,
ce type de quartier est généralement mal raccordé à
l'ensemble des réseaux existants tel le drainage, système
d'adduction d'eau, la voirie etc..., la présence des failles et la
proximité des ravines le sur-plantant pas mal de danger.
Bref, très généralement, les jeunes de
ces quartiers sont extrêmement distants de leur propre environnement et
de leur voisins, ils ne font pratiquement confiance à personne et leur
trajectoire scolaire c'est d'aller vers un autre monde que celui de les leur,
en construire une autre structure d'accueil, s'étendre vers un autre
horizon.
2. La documentation: le questionnaire, la collecte de
données, les entretiens, les histoires de vie et l'analyse de
contenu
2.1. La documentation
Par la consultation des archives et des publications
officielles, et des ouvrages traitant la question et des questions connexes,
nous avons pu recueillir des informations de base sur notre
sujet, dépasser la question d'age comme fait social stable pour
laisser parler le vécu des acteurs,
comprendre la réalité des jeunes par rapport de vie
particulière, sans pour autant omettre leur histoire en propre.
Cette partie de recherches, nous a permis, d'une part, d'avoir
un dépouillement préalable de la plupart des documents
écrits existant sur le sujet, d'autre part, d'aborder un vaste cercle de
problèmes un bon nombre de questions historique jeunesse y relative,
dans l'espoir de parvenir à tirer au clair tous les faits et à
comprendre dans ses fondements mêmes la dialectique du
phénomène. Enfin, de situer les thèmes à
évoquer, de les recenser, et de les définir pour mieux orienter
les demandes de précision à la phase de l'observation des faits.
Ce processus a été fait dans la consultation
régulière dans les bibliothèques y compris les
propositions ou les recommandations de lecture du Directeur de mémoire.
Cela nous permet de mieux fonder les bases théoriques d'analyse et de
l'interprétation de notre recherche
2.2. La collecte des données
Pour ce faire, deux techniques de cueillette ont
été utilisées : le questionnaire et l'entretien individuel
et approfondis.
2.3. Le questionnaire
Technique d'enquête qui permet de recueillir des
informations en interrogeant les sujets. Le questionnaire répond
à la nécessité de construire, à partir d'un
ensemble de réponses des indicateurs préalablement définis
en fonction de la méthodologie de recherche. Il s'agit d'un
questionnaire semi-ouvert ; juste pour permettre aux gens qu'on va interviewer
d'être vraiment dans leur assiette et être plus à l'aise
à nous raconter leur vie. Nous pensons que le fait qu'il s'agit des
questions à moitié ouverte, il y aura quand une
possibilité de bien pouvoir s'accommoder aux interviewés et on
laisse le choix et que la personne ne sent pas trop gêné.
2.4. Des entretiens individuels
Méthode de collecte de l'information dans laquelle
l'enquêteur interroge en face à face le sujet. La collecte peut
être exhaustive (on enregistre exactement tout ce que dit le sujet) ou
precodée (on ne retient que des éléments de discours
définis à l' avance par le protocole de recherche.
2.5. L'histoire de vie
Cette méthode ou technique est une stratégie
nous permettant de constituer les trajectoires de vie de l'acteur en vertu de
son histoire sociale et vie au quotidien. Pour amasser des informations en
profondeur sur un aspect du vécu des jeunes, nous avons opté pour
cette technique. Particulièrement, ce qui nous préoccupe en
dehors des faits, c'est la façon dont les jeunes vivent, la question de
la trajectoire scolaire des jeunes. Elle permet de prendre tous les
détails, de récupérer certaines particules du passé
de l'acteur dans son présent pour en construire une hypothèse
d'interprétation de la condition du jeune marginal.
2.6. L'analyse de contenu
L'analyse de contenu est une technique de recherche pour la
description objective systématique et quantitative. Elle est de contenu
manifeste des communications ayant pour but d'interpréter les
informations du dire des acteurs. Précisément cette analyse
s'articulera autour de la méthode qualitative.
3. Traitement et analyse des données
collectées : limite et difficulté de l'étude
3.1. Traitement et analyse des données collectes
Les informations collectées sur le terrain au cours des
entretiens individuels et approfondis par le biais d'un questionnaire ont
été enregistré sur un magnétophone, dans le souci
d'une reproduction, tel quel. Au cours des entrevues, nous avons pris des notes
; ce qui a permis d'élaborer un journal de terrain, après chaque
interview. En fait, l'analyse de contenu se fait sur les notes prises du
journal de terrain et, aussi, sur l'enregistrement de certaines données.
Etant donné qu'il est du ressort de l'analyse qualitative ; cela va se
faire d'un raisonnement par induction : à partir des faits
observés et notés, où l'on dégagera les
idées générales qui peuvent mener à un
modèle d'explication. Par conséquent, nous allons les regrouper
comme suit :
- Considérer toutes les sources d'informations, mettre par
écrit, les notes personnelles, mot à mot, une entrevue
informelle.
- Situer dans leur contexte, selon le milieu duquel, elles sont
tirées.
- Souligner les indices qui viennent en confirmation aux
informations retenues.
Puisque pour ce travail de recherche, nous utiliserons que le
logiciel Microsoft Word. Donc notre analyse va se porter sur une certaines
combinaison vers l'horizontal, ce qui veut dire classer les informations
semblables en fonction de leurs pertinences.
3.2. Les limites de la recherche et les difficultés
rencontrées
Notre démarche peut se révéler
insignifiant pour interpréter toutes les dimensions de la condition de
vie des jeunes en situation de Marginalité. Puisqu'il s'agit seulement
d'une histoire de vie de quelque jeune dans une population en état de
vulnérabilité. Certes, c'est une analyse de fond et de forme de
marginalité, mais il se fait dans un contexte de forte
précarité, sur des catégories sociales qui sont des jeunes
de 15- 25 ans et seulement sur des données recueillis liés
à des outils spécifiques. Il est évident que l'on
mentionne qu'il n'y a pas vraiment de travail de recherche
réalisée dans cette même perspective,
particulièrement par nos écrivains haïtiens de nos
universités haïtiennes. De plus, les activités de recherches
dans les quartiers, surtout en milieux de haute sensibilité et à
précarité ouverte, les difficultés d'aborder les gens sur
des thèmes scientifiques, sans que l'on ne leur apporte pas à
manger, où à se loger sont encore très difficiles.
Conclusion
Donc, le cadre méthodologique de la recherche nous a
permis de mieux situer notre pensée sur le sujet en question et
d'expliquer en méme temps l'outil technique utilisé pour
l'analyse et l'interprétation.
TROISIÈME PARTIE : DES PRINCIPAUX
RÉSULTATS DE L'ENQUETE AUX
INTERPRÉTATIONS DES RÉSULTATS DE
L'NALYSE
CHAPITRE I: LES PRINCIPAUX RÉSULTATS DE
L'ENQUETE
Introduction
Dans ce chapitre nous avons fait le choix de présenter
trois typologies d'entretien provenant du Focus groupe réalisé
à Poste-Marchand et à Cité Neuf. Ces entretiens ont
été choisis en raison de leur profil et de leur caractère
distinctif, car chacun des participants provient d'une typologie de famille
différente, ensuite leur tranche d'age n'est pas similaire. Ainsi que
leur condition de vie. La présentation d'un tableau donnera suite
à ce travail.
1. Profil des sujets de l'enquête
Pour la réalisation de cette enquête nous avons
fait le choix d'un cadre méthodologique pouvant étudier la
trajectoire des jeunes qui vivent dans les quartiers populaires,
particulièrement dans les quartiers de Poste Marchand et de cité
Neuf. Ces jeunes sont identifiés en fonction d'un critère d'age
de 15 à 25 ans.
2.1. Analyse qualitative
Il s'agit là de faire une précision. Nous
n'allons pas étendre notre recherche sur tous les jeunes dans les
quartiers populaires de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. En
fonction du discours et de ce que représentent ces jeunes au sein des
communautés, nous nous efforçons de les étudier avec leur
effet de parole. Malgré tout, Nous nous sommes heurtés à
des difficultés de tailles, il n'est pas du tout facile pour ces jeunes
de raconter leur propre histoire de vie, surtout s'ils font partie d'un groupe
organisé. Et de plus, il est très rare aussi de rencontrer des
jeunes disponibles pour une telle conversation s'il fait partie d'un groupe
dans les quartiers dont nous avons visités. Par conséquent, il
est venu à l'esprit d'utiliser une démarche nous servent à
considérer environs une douzaine de jeunes des deux quartiers. Mais nous
devons préciser que nous présenterons que les histoires de vie
qui correspondent le mieux à notre objet d'étude.
2.2. Impact du phénomène de la
marginalité juvénile sur la société de
Port-au-Prince
Si l'on considère la population des jeunes dans toute
son intégralité qui ne jouit d'aucun développement
physique, de loisir et de développement psychosocial congruent à
cause des conditions socioéconomiques précaires de leurs parents
et familles, il n'est pas exclus qu'on pose le problème des trajectoires
scolaires difficiles. Le trouble et le retard accumulés dans le cadre
d'un développement physique et psychologique de
l'individu dü à une trajectoire scolaire difficile, ont un impact
majeur sur la société. Sous quelque forme que ce soit, cette
société ne peut prétendre ignorer ou ne pas subir ces
problèmes qui affectent les jeunes. La société subit ce
problème surtout quand on pense à tous ces jeunes, consciemment
ou inconsciemment qui vivent en marge d'elle. Elle est appelée à
leur vivre davantage encore, quand ces jeunes ne pourront remplir valablement
leur rôle au sein du corps social et deviendront assurément un
lourd fardeau pour la société en générale.
Tableau #1 -Présentation du contenu des Conditions
de vie des jeunes de l'entretien
Conditions de vie des jeunes Typologie de famille
Dispositifs Milieu social Age
matériels
|
Personnages
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cassandre
|
|
|
Famille élargie Débrouillard Poste-Marchand
25ans
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Valdemara
|
|
|
Monoparentale Débrouillard Cité Neuf 19 ans
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Janina
|
|
|
|
Nucléaire Fonctionnaire Cite Neuf 20 ans
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Enquête par entretien provenant d'une recherche
qualitative
2.3. Présentation de l'Histoire de vie de
Cassandre
Cassandre est une jeune fille de 25 ans qui habite dans la
cité de poste-marchand à quelques mètres du Fort National,
un autre quartier populaire dans la méme zone. C'est là qu'elle
est née. Elle a fait ses études primaires et secondaires dans la
zone. Elle entretient de très bonne relation avec les gens du quartier.
Elle est très respectée. Elle vit en famille avec sa mère
et sa grandmère bien entouré. Elle s'est fait inscrire à
l'école de droit pour qu'elle puisse devenir juriste. Ii
arrive que son choix soit vraiment original par rapport au
reste de la famille, qui elle, majoritairement ne connait que des comptables et
des gestionnaires. Voilà, pourquoi, sa mère compte sur elle pour
défendre la famille dans une société remplie
d'inégalité et d'injustice.
Ses grands parents viennent d'Anse-à-vau. Son
père vient de Léogane et sa mère de Thomassin. Ils se sont
installés dans la cité depuis plus de vingt ans. Et c'est bel et
bien là, qu'elle a grandi dans le sein de sa mère et de sa
grand-mère. Elle nous a avoué, quand elle laissera la
cité, elle partira pour vivre soit à Thomassin ou à
Pétion ville, dans un quartier où il fait beau de vivre. Plus de
scandale ou de bruit. Là où, il y a plus ou moins de
tranquillité et de calme. Cassandre est élevée dans une
famille Catholique. Et pourtant, elle fréquente plutôt
l'église des Pentecôtistes. C'est là qu'elle nous dit
qu'elle se sent plus à son aise. Cassandre est croyante, elle croit
fermement en Dieu, son Dieu est celui qui peut tout faire pour lui. A son avis,
c'est grace à lui qu'elle est arrivée là, aujourd'hui
étudiante à la Faculté de Droit de Port-au-Prince, car
elle vient d'une cité. Selon elle :
« Tout ce que je demande à Dieu, il le fait
pour moi. Dieu m?a fait réussir mon examen du Baccalauréat et il
m?a permis de trouver un petit boulot et c?est lui qui m?a fait rentrer
à une Faculté, où je suis en train de faire mon
étude de Droit ».
Cassandre est une jeune demoiselle très active dans sa
communauté, elle fait partie de deux organisations de base de la zone.
L'une d'entre elles est une organisation féministe, connue sous le nom
de (OFLP), organisation des femmes en lutte pour le progrès. Cette
organisation est située à Fort-National, une localité non
loin de Poste-Marchand. Et l'autre est (PSA), Pépinière des stars
en action. Ainsi, elle nous dit que son organisation féministe est
légèrement politique, où l'on discute des idées
politiques et fait aussi des services communautaires, tandis que l'autre est
plus à caractère sociale. Drôle de compréhension
pour une femme comme Cassandre qui fait partie des organisations
communautaires, elle n'a pas beaucoup d'ami ou presque pas. Elle nous dit
qu'elle ne raconte pas ses affaires à quiconque. Car, on ne peut faire
confiance à personne. Selon elle, quand on raconte quelque chose
à quelqu'un, au lieu de vous comprendre et de vous apporter une aide
quelconque. On vous dénigre et vous dire des médisances. «
C?est pourquoi, je préfère être seule et ne rien
raconter à quiconque. Si ce n?est pas pour une affaire plus ou moins
objective comme ce que nous faisons-là. » Entre autres, elle a
une seule amie fille, jusqu'à
preuve du contraire elle est sa vraie amie d'enfance et de
camarade de classe, depuis à l'école en classe de neuvième
secondaire. Sa vie a connue des chocs et des entre-balancements
perpétuels, comme celui d'avec son ex-petit ami, qui l'a
abandonnée comme un ennemi, pour des intérets
égoïstes. Cette triste situation est due à la campagne
électorale de Jude CELESTIN, où il a rencontré quelqu'un
qui a de l'argent qui habite dans les hauteurs. Comme stratégie, il a
dii etre jaloux d'elle, pour n'importe quoi (...), c'est le monde à
l'envers. De cette simagrée, elle était obligée de prendre
une décision par rapport à tout cela. Bien heureusement pour
elle, elle n'avait pas eu d'enfant avec lui. « Comme cela, on se quitte !
» Cependant, selon elle :
« Je ne peux m?empêcher de reconnaitre que
c?est grace à lui que je travaillais à l?USAID. En fait, le
contrat a pris fin, je ne travaille pas pour l?instant. Je me consacre
à l?étude universitaire. Toutefois, je suis à la recherche
d?un boulot pouvant me permettre de reproduire ma vie. Je fais la
communication
J?avais fait aussi un stage dans le temps à
Télé-Timoun, qui n?a pas en effet, débouché sur de
l?emploi. »
Manifestement nous devons comprendre que l'enquete par
entretien exige beaucoup plus l'effet de parole du sujet avec la
possibilité de diriger le travail vers ces différents objectifs
choisis. Et lorsque nous avons demandé à Cassandre de nous
exposer l'histoire de sa vie, son parcours individuel, elle nous a
raconté ceci :
Quand j?étais enfant et jusqu?à l?age de
l?adolescence, je jouais la pratique du jeu de « Marelle, Pinche et aussi
j?aimais sauter à la corde », sorte de jeu d?enfance ou de loisir
enfantine pour se distraire ou construire sa propre autonomie du sujet. J?ai
vécu toute ma vie avec ma mère elle représente tout pour
moi ! C?est elle qui m?a appris les notions élémentaires de la
vie. La bienséance, la politesse, aimer les gens même s?ils ne
vous aiment pas. Apprendre à dire bonjour et au revoir. A l?age de douze
ans, un chagrin m?était tombé dessus, drôle explication,
mais, il s?agit de la séparation scolaire entre les camarades de classe
et les promotions. Ma première communion, est un geste noble et d?une
très grande importance. C?était la première fois que l?on
m?a fait une fête d?une telle envergure (.) En grandissant, il m?est
arrivé une très grosse inquiétude de vie, en classe
terminale. Je devrais trouver ma fiche d?examen du Baccalauréat à
l?école là où
j?étais. Mais puisqu?il s?agit d?une école
privée (..), alors que je n?avais pas encore payé le mois, j?ai
failli rater mon examen de Baccalauréat.au Collège. A cette
époque-là, c?était mon plus gros cauchemar. Très
personnellement, je suis respectueuse et sage en meme temps. Je
m?intéresse toujours à mes amies, à l?école
surtout. Je conseille les rappelle souvent que j?ai grandi avec ma mère
et non avec mon père. » Pour savoir si elle entretenait differentes
relations avec des ONG, ou l?Etat, elle nous répondit :
« Particulièrement, j?ai
développé une forte passion pour l?école dès ma
toute petite enfance. Et je crois que c?est par là que doit commencer le
changement de ce pays. Pour assurer ma survie, j?étais obligée de
chercher un boulot, en meme temps j?allais à l?école. Je
travaillais au Ministère condition féminine comme agent
brigadière pour la sensibilisation des gens dans les camps des
sans-abris. Quelques temps après la fin de ce contrat, j?ai
travaillé comme « dispacher », dans une compagnie de
sécurité, de distribution pour organiser la
sécurité. Aujourd?hui, mon aspiration est de devenir une grande
personnalité de ce pays, une grande juriste. Ce choix est
déterminé par un ensemble de constat de maltraitance du sexe
féminin. Je déteste énormément la manière
dont on traite les femmes. Et le pire en Haïti, si on n?a pas d?argent on
est rien du tout. Car, seul l?argent qui compte.
En fait, Je n?ai eu aucune relation particulière
avec les grands commis de l?Etat, de l?ONG, peut-être dans le
gouvernement précédent du Président René
Préval. En termes de rapport externe, l?ancienne ministre de la
condition féminine a eu une troupe de Danse, où je savais danser
pour elle. Je dansais le folklore. Bien évidemment, cette relation est
caractérisée par la danse rien que de la danse. Je souhaite
trouver un travail stable dans une bonne institution me permettant de changer
de quartier. Plus simplement, je n?aime pas mon quartier ; un dicton
créole nous dit : « le quartier où n?élève, on
n?évolue pas là-dedans ».
Si je dois faire un bilan de ma vie entre 15 ans à
25 ans, j?ai eu une expérience de travail vraiment instable. Le respect
de ma personnalité dans le quartier que j?ai grandi. Je suis
fière de ma mère, elle qui m?a donné les premiers
rudiments de l?éducation. Elle a quatre enfants, deux filles et deux
garçons. Moi, je ne suis pas de meme père qu?eux. Nous vivons
à Poste-Marchand, c?est là se trouve notre Maison de famille. Le
tremblement de terre du 12 janvier 2010 est un
évènement majeur marquant tout le monde,
surtout les couches les plus vulnérables de la société
haïtienne. A ma connaissance, mes parents savent lire et écrire. Ma
mère était à l?école de la République du
Panama. Elle a eu le niveau de troisième secondaire. En fait, mes
parents ont reçu une éducation familiale. La dernière
enfant de ma mère est en élémentaire I. Ma Mère est
commerçante, elle vend du petit commerce, un marchand détaillant.
Notre famille est plus ou moins unie même si mon Père est
pratiquement absent de la maison. Ma Mère a eu un autre mari. Dans le
temps ma mère travaillait dans une compagnie privée et elle
été révoquée en 1996. De la « factorie »,
elle ne travaille plus sous des rémunérations Mon Père
m?envoie de l?argent que rarement, c?est juste pour dire que je ne l?entends
presque plus Bref, ma famille a une maison, une grande maison. Certes notre
maison est plus spacieuse que les autres de la même impasse. Là,
je suis de la famille Placide. Notre maison est en toiture de tôle, elle
est en mur, elle a une cuisine et des toilettes. Il y a trois barrières
de la cour de la maison à trois endroits différents. Ce qui me
plait bien évidemment, c?est que toute ma famille tant bien que mal me
soutient, en tant jeune fille, et respecte aussi mon choix d?étudier le
droit D?ailleurs, elle croit je serai la seule à pouvoir la
défendre .
Ma première rentrée scolaire se faisait
à l?~ge de trois ans, je suis allée à l?école de
très tôt et je suis encore à l?école, à
l?université, bien sr. Ma première classe contrairement aux
autres était la Kindergaten à Saint Nicolas, et j?étais
à l?école Nationale Horace et Théard avenue Pouplard.
Après mon certificat j?étais aux brevets du Chili. Après
quoi, je devais laisser cet endroit pour rentrer au Collège de la
Renaissance. J?ai étudié la communication à la fondation
Aristide pour la Démocratie. Je crois que j?apprécie ce
métier de communication, puis j?ai trouvé la formation gratuite.
Ma seule motivation dans la vie est que mes enfants, si j?en aurai, ne
souffrent pas comme j?en ai souffert moi-mrme. Pour moi, rien n?est plus jolie
qu?aller à l?école. L?école est une belle chose. Quand
quelqu?un va à l?école, il a du respect, gr~ce à cela il
est possible qu?il soit accédé à un poste de haut niveau
social.
Ce qui m?intéresse particulièrement, c?est
d?accéder à une classe sociale : la mobilité sociale. En
tant que jeune, je peux dire que je suis l?avenir de mon pays Dans dix ans
j?espère ltre l?une des plus grandes cheffes de ce pays L?une des plus
grand-chose que j?ai reçu, c?est l?éducation que ma mère
m?a donné : parler en français, qui me donne l?aspiration d?rtre
parmi les grands L?école est le premier besoin de socialisation de tout
individu dans la société La société
haïtienne est corrompue. Pour un simple boulot, on
propose de d?entrer en rapport sexuel, ce que l?on appelle de
l?immoralité des gens, à la jeunesse. Moi, je ne travaille pas,
ce sont mes parents qui me donnent de l?argent On n?aime pas vraiment les gens
dans cette société Ici, les gens détestent sans le savoir
la question du progrès A mon sens, j?ai finalement compris que tous les
jeunes du pays n?ont pas les mêmes facteurs de chance. Et je m?explique :
certains n?ont pas d?encadrement ; d?autres se sont livré, à
eux-mêmes ; Les gens qui ne vont pas à l?école verront leur
échec, après au moins cinq (5) ans à dix (10) ans Il n?y a
plus de confiance, de vrais amis Quelqu?un qui est jeune est à la fleur
de l?~ge. Tout ce que l?on a à réaliser, on le fait pendant que
l?on est jeune, au moment de la vieillesse, on n?y peut rien. Pour moi, c?est
le facteur d?~ge qui différencie un jeune d?un vieux, ce n?est ni le
discours, ni la somme d?argent que l?on possède. Certes, le discours des
jeunes est différent du discours des vieux En fait la jeunesse dit : les
vieux ont échoué et les vieux répondent que le temps s?en
va sans possibilité de retour~ »
A cet effet, Cassandre propose tout simplement de construire
des écoles professionnelles permettant aux jeunes d'accéder
à l'emploi. Il faut encadrer les jeunes, les apprendre á penser
á mieux réfléchir et l'État a un très grand
rôle á jouer dans cela.
2.4. Présentation de l'Histoire de vie de
Valdemara
« Je suis Valdemara. J?ai 19 ans J?habite à
cité Neuf, Carrefour. Mes parents viennent de la province, ma
mère de Jacmel et mon père de Miragoane. J?ai l?habitude d?aller
à Jacmel, mais je n?ai jamais eu la chance d?aller à Miragoane.
Je suis de croyance protestante, je marche dans les assemblées de
Pentecôtiste. J?adore faire des débats entre amis, sans pour
autant être membre de groupe ou de quelconque parti de la
communauté. Les trois quart du temps, on s?assoit en famille pour
partager nos rêves, nos aspirations et nos visions de la
société. Moi et ma famille, nous sommes très
rapprochés, puisque ma mère a toujours pris du temps pour
m?inculquer certaines choses que je ne maitrise pas encore. Ma mère est
une conseillère pour moi. La chose est le fait que mon père, lui,
il n?est pas avec nous Mais cela ne nous empêche pas d?rtre très
proche.» C'est ainsi que cet adolescent commença á nous
raconter le 8 octobre dans la Zone de cité Neuf au milieu de la
matinée son parcours en relatant sa trajectoire sociale et ses
appartenances religieuses dans son milieu social. Pour nous expliquer son
parcours individuel il nous déclara avec effroi qu'il n'avait pas
d'amis, à qui partager ses idées. Il ne considère que
son camarade qui était en classe terminale avec lui comme
son meilleur ami. Pour connaitre l'évolution de ses activités
amoureuses et son parcours individuel il nous confia que :
« Je ne suis pas marié ni placé.
Difficile pour le moment de parler de ma situation amoureuse, puisque je n?ai
pas de petite amie. En termes d?activités, j?ai l?accoutumance d?aider
mes camarades à résoudre leur devoir de classe. Je suis toujours
disponible pour aider les gens de mon quartier, même si ordinairement je
ne participe pas vraiment dans les activités de la zone. Il m?est
pratiquement difficile, de gagner de l?argent puisque je viens à peine
de terminer mes études classiques. Pour l?instant je vis au frais de mes
parents. C?est eux qui me donnent de l?argent Tout ce que je sais faire de
manière particulière, c?est ce que j?appellerai mon engouement
pour travailler les notes de cours, en état de solitude.
Ce que je retiens de mon enfance comme souvenir c?est que
quand j?avais l?~ge de trois ans Alors que mes frères allaient à
l?école, ma mère ne pouvant me laisser seul à la maison,
elle m?emmenait avec elle, à cause de son petit commerce.
A l?école, on savait beaucoup fouetter les
élèves, c?est pourquoi je travaillais dur avec l?idée de
ne jamais me laisser fouetter par les professeurs. Pour se faire, j?ai d
travailler dur, en plus je nourris toujours le rêve de devenir
médecin bientôt Et c?est pour cela que je lutte, je dirais. Je
suis un jeune homme, simple, sympathique, cool, positif J?aime le
progrès et je déteste les choses négatives. A partir de 15
ans, je commence par laisser de côté mes vieilles habitudes (la
négligence avec mes sacs d?école) pour voir la
réalité autrement. Je me suis résolu à comprendre
qu?il y a un seul issu pour moi : c?est l?école. C?est pourquoi, je
donne tout mon temps à cela. Et je crois aussi, que c?est par le moyen
de l?éducation que je peux réaliser ma vie.
En classe de philosophie, nous avons eu la chance d?avoir
comme parrain de graduation le commissaire Senatus, avec qui nous avons fait
une très bonne liaison sociale. Pour moi, il est considéré
comme une sorte de pont entre nous et la possibilité de pouvoir
continuer nos rêves d?études et de pouvoir intégrer la
société vraiment.
Ma famille a quatre enfants, ils sont tous des
garçons. Ils ont tous terminé leur étude classique. Ma
famille est séparée. Mon père vit seul dans une maison
à Delmas et ma mère vit avec nous dans la cité. Il vient
nous voir rarement. Mon père n?était jamais là pour nous
Dans le temps, il travaillait à Ouanaminthe, il est toujours dehors,
donc il est resté comme cela. Voilà pourquoi,
je ne connais pas grand-chose de lui, il est plus facile
pour moi de parler de ma mère. Comment ils se sont croisés
à Port-au-Prince. J?ai souvent entendu ma mère dire ; qu?elle
était venue habiter chez sa tante en ville et de là il a
peut-être rencontré mon père. Ma mère a
été adoptée par sa tante. Après la distance qui
sépare ma famille, l?évènement le plus cruel qui l?a
marquée est le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Mes parents
savent lire et écrire. Comme profession mon père est contremaitre
et ma mère est commerçante. Ma famille a une maison qui a
été saccagée lors du séisme. Ma famille est plus ou
moins stable. Pour survivre, ma mère pratique le petit commerce.
C?est à l?~ge de trois que je suis allé
à l?école pour la première fois, j?étais au
Kindergaten. J fais mes études primaires au collège mixte la
Trinité, le secondaire au lycée Antenor Firmin. J?étais au
collège éducatif d?Haïti, puis au lycée de carrefour
feuille. Il ne m?est jamais arrivé de refaire les classes. Deux choses
me marquent quand j?étais écolier : j?ai été
motivé en classe par l?amour d?une jeune fille, l?enjeu c?est que
lorsqu?on aime une jeune fille qui est dans la mrme école que toi, il
faut s?évertuer davantage pour réussir les classes, sous peine de
ne pas perdre la relation. Le malheur je jouais beaucoup en classe au Morpion
ce qui m?a valu la peine d?être expulsée un beau jour.
Les diplômes ou les scolarités secondaires
veulent dire beaucoup pour moi. Premièrement cela signifie que mes
efforts n?étaient pas vain et deuxièmement, cela symbolise le
point de départ de mes rêves à concrétiser.
Maintenant si je rentre à l?université, j?ai en main mes deux
papiers à remettre. Je souhaite vivement continuer à
étudier, terminer la classe de philo n?est que le commencement.
En tant que jeune, il est important de cultiver une
attitude positive en ce qui a trait à la vie et la société
Dans les décennies qui suivent je me vois médecin. En
général, pour qu?on soit quelqu?un dans la vie, il fallait avoir
été à l?école sous quelque forme que ce soit En
outre, la jeunesse devrait se comporter comme étant le modèle de
la société. Pour cela, elle devrait trouver l?encadrement des
plus anciens et de pouvoir à une étude supérieure. Il
fallait qu?il y ait des universités accessibles, des possibilités
de canalisation dans des choses positives.
2.5. Présentation de l'histoire de vie de
Jannina
Bazile Janina a vingt ans. Elle habite à cité
Neuf. Elle vit en famille avec ses parents et elle est casanière. Elle
sort seulement pour aller à l'école ou pour aller à
l'église. Ses parents veillent sur elle, en gros on a toujours un oeil
fixé sur sa personne. Donc, elle n'est pas vraiment libre. Elle n'aime
pas trop parler de la religion c'est trop controversée. En effet, elle
croit qu'il y a un créateur à qui l'on doit respect et adoration
tout simplement, sans pour autant admettre l'importance d'une religion ou d'une
autre. Pour plaire à ses parents, elle est obligée de suivre la
voix de ce l'on appelle les protestants. Elle ne fait partie d'aucun groupement
qu'ils soient politiques, syndicales, ou sociaux.
En termes de rapports familiaux et/ou interpersonnels, elle
nous dirait qu'elle est très personnelle presque dans tous le sens. Elle
est tres méfiante ce qui veut dire elle ne fait presque confiance
à personne. Elle n'est pratiquement pas à l'aise avec ses amis y
compris sa famille. Pour elle, elle ne vit pas dans une vraie famille. A aucun
moment, elle n'a pas eu un pere ou une mere qui s'assoit avec elle pour lui
partager des idées entre enfant et parent. Tout simplement on est
là, on vit. C'est comme-ci on était dans l'armée. Elle n'a
pas d'ami dans le quartier où elle habite. Tout uniment, elle a
quelqu'un à qui elle savait partager des idées et demander des
conseils, cependant elle n'habite pas le quartier. Elle est du
côté de Torcell. Elle est un peu tres directe, tres soucieuse en
meme temps très catégorique. Elle n'est ni mariée ni
placée. Elle n'a pas d'enfant et non plus elle n'a pas de situation
amoureuse. Elle avait déjà fait une première
expérience qui n'a pas réussi. Dieu seul connait ses rêves
et peut les faire réussir. Elle ne participe à aucune
activité au sein de la communauté. Tout ce qu'elle fait, c'est
rester chez soi, fait souvent la télévision, la musique,
étudier ses leçons de cours et aller à l'église.
Rien d'autres ! Pour gagner de l'argent, elle ne fait rien, elle vit aux
dépens de ses parents. Tout ce qui l'intéresse pour l'instant
c'est pouvoir entrer à l'université De manière toute
spéciale, je travaille de la broderie, les crochets, une sorte de
pratique artisanale.
Voilà comment elle nous a relaté son parcours
individuel :
« Quand j?étais gosse, je savais jouer
beaucoup la marelle, le saut à la corde, monté à la
bicyclette, faire le largo, etc~Je voulais vivre et partager mes aspirations
avec mes parents. Mon plus grand rêve, c?était de les voir voyager
à l?étranger, avec mes cousins et cousines. A
l?rge de vingt, jétais quelqu?un qui cherchait à
comprendre ce
que c?était la vie, l?organisation même de la
société en général. Je me suis fait inscrire dans
plusieurs facultés, cependant mon plus grand rêve c?est de me voir
un médecin ou un architecte. Je n?ai aucun espoir de réussir
à un quelconque concours, il y a, à mon avis, beaucoup trop
d?adversaires qui cultive le même objectif que moi. Je suis fière
de moi, mes temps ne se passent pas dans la rigolade comme c?est le cas pour
certaines filles. Je peux dire que j?ai une jeunesse réussie. De
l?enfance à l?adolescence, c?est pratiquement la même chose,
hormis qu?à un certain moment, je ne vivais pas avec ma mère,
elle m?a laissé entre les mains de mon père. Cette courte
séparation m?a profondément dominée, mais ils se sont
repris, pour l?instant c?est pratiquement différent et c?était
comme un choc pour moi ».
Pour ce qui est de ses relations sociales, il y a son parrain
qui était le substitut du gouvernement à qui elle avait
l'habitude de parler de la politique. Ce qui caractérisait ce genre de
relation était à la fois familial et politique. Jannina nous
expose sa trajectoire de familiale et scolaire ainsi
:
« Ma famille a deux enfants
légitimes. Moi, personnellement, je vis en famille. Je ne pose toujours
pas la question, comment ils se sont arrivés ici, à
Port-au-Prince. L?un des évènements le plus fatal qui a
marqué ma vie et ma famille entière est la disparition de nom
oncle. Je me souviens, j?étais enfant à l?ege de six ans, mon
oncle était sorti pour un petit tour en ville ; et jusqu?à
présent il n?est jamais revenu, et personne ne sait où il est
pour l?instant. Mes parent savent lire et écrire, mon père
était au lycée Anténor Firmin et ma mère au
lycée des jeunes filles. Leur niveau d?étude est de
3ème et seconde. Les enfants de ma famille sont toutes
allées à l?école. Ma mère est couturière et
mon père travaille à l?ONU. Ma famille est stable et ne se
déplace pas de temps en temps. Ma
Je suis allée à l?école pour la
première fois à l?ege de trois ans. J?étais rentrée
au Kindergaten. Je viens à peine de terminer mes études
classiques, j?étais au collège CIM, Coeur immaculé de
Marie. Il s?agit d?une école Congréganiste. C?est à
l?école des soeurs que j?ai appris la broderie et le crochet. Ce qui me
parait comme un objet de motivation dans la vie est la façon dont mes
parents ont vécu difficilement, que je ne souhaite pas vivre. C?est ce
qui me pousse moi-même à conjuguer des efforts afin de pouvoir
faire mieux. Mon centre d?intérêt personnel, c?est de
pouvoir apprendre davantage les matières que l?on
dispense en classe. De primaire, j?étais aux collèges Sainte-Anne
à notre dame de lourdes, de secondaire, j?étais au Marianne au
CIM.
Je n?ai pas refait les classes, pourtant j?ai perdu une
année scolaire, pas à cause de la
médiocrité, mais plutôt à cette
époque en classe, il y avait une question de caisse d?épargne.
Quand mes parents me donnent de l?argent au moment des recréations, je
les épargne. Puis un beau jour, je suis tombée malade à
cause de la malnutrition. Ce qui m?a valu le prix d?une année à
l?hôpital. »
Du point de vue de ses représentations sociales,
Jannina est à la fois objective en même temps.
Elle pense couramment qu'elle est l'avenir du pays. Dans les
décennies qui suivent, elle se voit comme un médecin, quelqu'un
qui est utile à sa société. Du point de vue de
l'éducation, elle pense il y a ses bons et ses mauvais
côtés : on fait de nouveaux amis, des nouvelles connaissances,
mais dès fois, l'école ne donne aucune possibilité pour
pouvoir aller plus loin dans nos études. La jeunesse se dégrade
au jour le jour en Haïti, il est certains qu'aucune disposition n'est
prise pour l'aider en tant qu'avenir du pays. Pour cela, elle doit d'abord etre
encadrée par la famille, et l'état.
Conclusion
La présentation des histoires de vie des jeunes dans ce
chapitre constituent pour nous dans cette recherche le point central sur lequel
l'on doit se positionner pour admettre l'attrait empirique d'un travail qui
nous a suscité l'effort d'expérimenter les formes de
marginalisation de la société. Nous savons maintenant la position
de certains d'entre eux en raison d'un fait alarmant, c'est qu'ils attribuent
à l'Etat la responsabilité d'intégrer la
société.
CHAPITRE II : DE L'ANALYSE DES RÉSULTATS
Introduction
Les idées qui sont exposées dans ce chapitre
nous permettent de dresser un inventaire provenant de l'enquête que nous
avons menée dans les zones de postes Marchand et de cité Neuf.
Une autre partie du travail se situe sur les caractères distinctifs des
objectifs que nous avons fixés dans notre étude. La
particularité de l'inventaire c'est qu'il nous donne l'impression de
déterminer les rapports de marginalité sous la forme d'une
coercition interne qu'exerce la société sur les individus.
1. Situation de marginalité au processus de
marginalisation
Le seuil de marginalités donc fonction de « la
norme » propre à chaque espace social ce qui révèle
la difficulté de raisonner en termes de marginalité(en tant
qu'état). De ce fait, comme le verrons plus en détails par la
suite, il nous semble beaucoup plus porteur d'analyser la marginalisation (en
que processus) car celle-ci revêt des dimensions communes à
l'ensemble des sociétés, quel que soit le conteste et les espaces
sociaux différenciés qui la composent. Essayons de ne pas centrer
notre réflexion sur le résultat (la marginalité) mais sur
le processus qui mènent à cette situation (la
marginalisation).
1,1, Inventaire de la recherche
Tableau#2
Zone de l'Enquête
|
Personnages
|
Sexe
|
Age
|
Trajectoire Scolaire
|
Typologie
|
Poste- Marchand
|
Myriam
|
Féminin
|
21 ans
|
CIM (Coeurs Immaculés de Marie)
|
Monoparentale
|
Poste-Marchand
|
David
|
Masculin
|
21 ans
|
Collège Ronsard
|
Famille reconstituée
|
Poste Marchand
|
Hilaire
|
Masculin
|
23 ans
|
Lycée Anténor Firmin
|
Monoparentale
|
Poste Marchand
|
Mica
|
Masculin
|
25 ans
|
Lycée Toussaint/ Décrochage scolaire
|
Famille reconstituée
|
Poste marchand
|
Cassandre
|
Féminin
|
25 ans
|
Collège René Descartes
|
Famille élargie
|
Cité Neuf
|
Alex
|
Masculin
|
19 ans
|
Collège de l'espoir
|
Monoparentale
|
Cité Neuf
|
Vanessa
|
Féminin
|
17 ans
|
Coeurs-Unis Lycée Jean Jacques
|
Monoparentale
|
Cité Neuf
|
Martineau
|
Féminin
|
21 ans
|
Lycée Jacmel
|
Famille élargie
|
Cité Neuf
|
Jhonny
|
Masculin
|
25 ans
|
Lycée Daniel Fignole/ Bacc I Décrochage
scolaire
|
Famille reconstituée
|
Cité Neuf
|
Jason
|
Masculin
|
20 ans
|
Collège les Philosophes réunis
|
Famille élargie
|
Cité Neuf
|
Janina
|
Masculin
|
20 ans
|
CIM Coeur Immaculés de Marie
|
Nucléaire
|
Cité Neuf
|
Valdemar
|
Masculin
|
19 ans
|
Lycée Anténor Firmin
|
Monoparentale
|
Feuille de codage 5 :
Du profilage social des jeunes
Solidarité Fermé/ouvert
Profilage social Zone prédilection
Sentiment
d'appartenance religieuse
Rapport interpersonnels Relations sociales
Provenance sociale Croyance religieuse ou
type de croyance
Éléments de contenu
Née dans la cité Protestant Entre famille
Fermé
Province Protestant Entre famille Fermé
En ville Catholique Entre famille Ouvert
En ville Protestant Entre famille Fermé
Province Croyant Entre ami Fermé
Province Entre famille Fermé
En ville Croyant Entre ami Ouvert
Conception profondément chrétienne
Approche
Personnages
Vanessa
Alex
Cassandre
Jannina
Jason
Jhonny
Hilaire
Total
Remarques
1.2. Interprétation et résultat des Focus
Groupes
Ordinairement, l'interprétation des résultats de
l'enquête se fait tout d'abord au niveau de la typologie de famille que
nous avons retrouvée. Cinq des jeunes interrogés proviennent de
famille monoparentale, les autres sont de types nucléaires ou
élargie. Cela traduit l'idée beaucoup d'entre eux ont
été grandis soit par leur mère après avoir
été abandonné par leur père ou par leur membre de
famille qui s'en soucie de leur formation. Les jeunes dans les quartiers
populaires qui ont eu le peu de moyen d'aller à l'école ne
peuvent se permettre d»étudier dans une école de la
communauté, et cela implique plusieurs raisons: peur d'avoir le
méme comportement des autres jeunes de la zone qui eux-mémes
n'ont eu cette chance ; pouvoir accéder à un esprit de
mobilité
sociale ; faire des amis qui ne sont pas de la méme
classe qu'eux ; La description de ce premier tableau des trajectoires scolaires
nous permet de saisir un élément fondamental qui est de
comprendre le niveau du déterminisme culturel de ces jeunes et de ces
acquis dans une société ou la reproduction scolaire implique des
inégalités. Le tableau #2 présente une haute variation des
jeunes d'une école à une autre et ils sont tous pratiquement
arrivés au niveau secondaire, sauf Cassandre. Et la feuille de codage
nous montre que tous ils sont croyants, partageant une croyant en un être
suprême.
1.3. Des conditions de vie précaires ou la nature
même de cette
marginalité
La jeunesse en Haïti est confrontée à de
sérieuses difficultés, particulièrement les jeunes qui
vivent dans les quartiers populaires. Pour ce qui fait partie
de notre interview, il est dit dans le deuxième tableau, de
manière descriptive la nature même de cet état de
marginalité. Laquelle est expliqué par rapport une condition de
vie précaire :
· Famille monoparentale
· Sentiment quotidien de méfiance
· Vivre avec une pensée en dehors du quartier
commun, ne participant pas à des activités de la
communauté.
· Se trouvant sans emploi
A cet effet, l'explication la plus simple est le fait qu'il
s'agit d'un état de vie instable où le sujet se trouve
incessamment à refaire la même chose, stagner, sans compter les
trois quart de réflexion ou de décision ne dépendent pas
du sujet en question.
1.4. Des activités juvéniles ou
éléments caractérisant cette mise à
l'écart
Le schéma du troisième tableau présente
empiriquement les détails non seulement prouvant le cadre limité
des activités jeunes pris dans son contexte de marginalité de
vision limité. Pour certains jeunes, ce qui nous définit au sein
de la communauté en dépit des problèmes sont plutôt
simple :
· Créer des petites fêtes de vacances ;
? L'esprit de partage et la participation de tout le monde ? La
cotisation du peu que l'on a
Les séries d'activités sont le foot, la lecture,
la télévision, avoir l'accoutumance d'aider ses camarades
à résoudre leur devoir de classe. D'autres, tombent dans la
drogue ou l'alcool dans l'idée de fuir leur milieu.
Conclusion
Le dernier tableau nous montre que les jeunes acceptent
l'influence qu'exerce la société sur eux surtout dans
l'application des normes de coercition qui les permettent de s'adapter aux
différents principes établis. Pour eux la solution à leur
problème d'intégration sociale est donc
répréhensiblement liée au manque de l'organisation de
l'Etat.
Conclusion Générale
L'objectif de cette recherche était d'étudier le
phénomène de la marginalité des jeunes de Port-au-Prince,
en fournissant des éléments d'explication pouvant servir de
possibilités politicosociales en matière d'intégration
sociale. De façon plus claire, nous avons essayé d'expliquer et
d'analyser le phénomène de la marginalité des jeunes dans
des quartiers de la zone métropolitaine de Port-au- Prince, en fonction
de leur trajectoire scolaire.
En rapport avec l'analyse des données recueillies lors
des enquêtes par entretiens et celle fournie par le questionnaire des
histoires récit de vie de ces jeunes, nous avons trouvé bon
nombre d'éléments qui confirment nos présupposés de
départ. L'étude montre que ces jeunes se sentent dans une
réalité de dépendance de leur prédécesseur,
parents, amis et autres. Donc, le critère du milieu social joue un
rôle fondamental, puisqu'ils sont tous en constante réalité
d'évasion. Ainsi, la marginalité est déterminée par
le mode de condition de vie et de la manière dont ils s'entendent
à l'école. Si le problème est posé en termes
d'intégration dans la société, la recherche se focalise
plus particulièrement sur les individus ou les groupes marginaux.
Les sociologues ont tenté de définir le
phénomène de la marginalité, en s'appuyant sur les
concepts de déviance ou de contrôle sociale. Ainsi, la
marginalité est :
> Conçue par rapport à une norme, ce qui n'est
pas sans poser des problèmes épistémologiques.
> Elle correspond à une situation perçue
négativement au niveau de l'individu du groupe et de la
société.
Cette dimension que revêt l'approche spatio-temporelle
du concept de marginalité dans notre étude constitue pour nous
son caractère distinctif. En effet, le marginal est perçu comme
un individu en interaction dynamique avec son environnement socioculturel
constituant à la fois les membres de son groupe d'appartenance et ceux
du hors-groupe.
Compte tenu des problèmes jusque-là
énumérés et des facteurs qui rendent possibles la
marginalité juvénile, il devient par conséquent,
nécessaire de prendre des mesures tout à fait appropriés
en vue de pallier cette condition précaire de vie des gens au sein des
quartiers, surtout quand il s'agit des jeunes. Toutefois, l'enquête nous
aurait permis aux décideurs de s'inspirer de cet ensemble de
propositions les plus fréquents. Pour ce faire :
> Encadrer les jeunes au sein méme de leur famille
d'origine de sorte qu'ils ne trouvent errant à l'intérieur de ces
communautés
> Mettre sur pied des structures d'accompagnement
juvénile
> Redéfinir les ordres des priorités
liés à la culture et à l'économie, puisque selon
certains le carnaval pourrait un espace de moralité où l'on
pourrait parfaire certains maux qui rongent notre société
> Repenser l'éducation dans une perspective de jeunesse
et aussi en fonction de leur milieu social approprié
> Intégration sociale des jeunes par la culture de
masse, le loisir et l'emploi communautaire
Notre hypothèse de départ a subi pas mal de
variation qui pourrait nous envoyer à une certaine considération
préliminaire. Il s'agissait d'expérimenter l'idée que la
marginalisation des jeunes dans les quartiers défavorisés
était due consécutivement à leur trajectoire scolaire
mouvementée et difficile. En fonction de leur milieu d'origine sociale
certains de ces jeunes ont connu le décrochage qui a son tour les
empéchent d'intégrer d'autre structure de la
société. Comme c'est le cas de Mica et de Jhonny. Pour les autres
qui ne peuvent pas continuer leur processus de socialisation, ils deviennent,
soient des déviants, soient des délinquants asservis par les
normes des groupes auxquelles ils appartiennent. Cette marginalité des
jeunes dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince s'explique par leur
condition de vie, de sous-culture et de précarité
économique.
Le problème de la marginalité des jeunes au sein
des quartiers populaires de la zone métropolitaine de Port-au-Prince,
victime du séisme du 12 janvier 2010, constituait pour nous le cadre
d'observation sur laquelle nous sommes partis pour justifier le choix du cadre
spatiotemporel dans lequel s'inscrit cette receherche. Nous avons essayé
dans une certaine mesure, de faire apparaitre l'espace social et la famille
comme des agents responsables de cette marginalité due aux trajectoires
scolaires. Considérons à ce niveau trois éléments
d'analyse :
1) Le milieu social, l'environnement
> Vivre en dehors de la communauté
> Avoir une perception que le milieu où l'on
construirait les élémentaires de la socialisation est mauvais
> Des pratiques illicites au vu et au de su des jeunes
2) La famille ou le cadre de vie
> N'avoir aucune discussion sur l'avenir pouvant encourager
la jeunesse entre parents et enfants
> L'insolvabilité, le non-emploi, l'irrespect entre
père et mère
> Etre seul à pouvoir prendre une décision,
sans le support de ses plus proches
3) Le cadre de l'apprentissage
> Une formation qui ne prend en compte, les conditions
d'évolutions, de vie de l'apprenant
> Des discours lui faisant croire que là où il
vit est mauvais, anormal et il doit partir loin de chez soi
Rappelons à ce sujet l'approche sociologique de la
marginalité qui a été introduite pour la première
fois en sociologie par R. Park (1928), qui considère la structure de la
personnalité du marginal sur la marginalité sociale ou processus
de marginalisation. E.V. Stonequist (1937), tenta d'inventorier les divers
traits caractéristiques d'une personnalité marginale. En effet,
ces deux auteurs considèrent le changement social comme des conditions
essentielles de la marginalité. Leurs travaux de recherche
étaient donc portés sur l'inadaptation ou l'adaptation des
individus aux structures sociales globales.
Actuellement, il est généralement admis que la
marginalisation et la marginalité sont liées par des rapports
dialectiques autre que l'étude de la personnalité marginale et
focalisant ses travaux sur la situation marginale. Lucchini (1977), s'appuyant
sur les travaux du Dr. Lockwood (1964) qui établit la différence
entre intégration sociale (intégration dans la
société) et intégration systémique
(intégration de la société qui renvoie au concept de
cohésion sociale). Lucchini rappelle que la situation marginale d'un
groupe social ou d'un individu est elle-même un facteur
de maintien des processus de marginalisation. Le sociologue
Latino-Américain T. Vascino (1976) distingue deux approches
complémentaires de la marginalité.
Si le problème est posé en termes
d'intégration de la société, la recherche porte
essentielle sur la structure de la société globale et la notion
de pouvoir et de domination sont alors des concepts centraux. Le fondement du
problème est plus complexe que l'on puisse l'imaginer, nous avons
espéré que ce travail à contribuer à
l'élargissement d'un dialogue nécessaire entre tous ceux qui
s'intéressent à la problématique de la trajectoire des
jeunes dans ce pays.
.
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réflexion illustrées par quelques enquêtes en milieu urbain
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587-605.
Les textes subsidiaires utilisés
PNUD/ministère de la planification et de la
coopération externe << projet d`assistance préparatoire
pour la promotion d`emplois productifs et la lutte contre l`exclusion
sociale>>. P 81-82
Ministère de la planification et de la coopération
(avril 1996) ? proposition d`une stratégie de lutte contre la
pauvreté. P. 19
ANNEXES
Liste des acronymes
TDT : tremblement de terre
IHSI : institut haïtien de statistique
CELADE : Centro américano de demografia
EMMUS : Enquêtes Mortalité, morbidité et
utilisations des services IST : Infection sexuellement transmissible
VIH : Virus inmunodefiscience humaine
SIDA : syndrome inmunodéficience acquis
OMD : organisation mondiale de développement
RGPH : répartition de la population totale de l'ensemble
du pays EBCM : Enquête budget consommation des ménages
EDH : électricité d'Haïti
ECVH : Enquête sur les conditions de vie en Haïti
USAID: United states Agency international development ONU :
Organisation des nations unis
OIT : organisation internationale du travail
ONG : organisation non gouvernementale
IHE : institute of Health Economics
UNFPA : fonds des nations unis pour la population
Guide d'entretien
Trajectoire sociale des jeunes de cites et de la
rue
Les objectifs de l'étude: La
présente étude vise à expliquer la marginalisation des
jeunes dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, en fonction de
leurs trajectoires sociales de vie et de leurs conditions sociales de bases. Et
spécifiquement, nous allons identifier les paramètres explicatifs
de cet état de marginalisation par rapport au logement, l'emploi et
l'éducation, tout en retraçant l'histoire de vie de ces
jeunes.
A. Biographie (histoire de vie)
1. Milieu d'origine
I. Zone de résidence
a. Quelle est votre zone de résidence ou vous êtes
originaire quelle zone du
pays ?
II. Zone de provenance
b. D'où venez-vous, dans quelle province?
III. Zone d'habitation
c. Où est ce que vous vivez vraiment ? quelle est votre
habitation ?
IV. Zone de prédilection
d. Quelle zone que vous aimez le plus ou dans quel endroit passez
beaucoup plus de temps ?
2. Milieu social
I. Appartenance (religion, sociale, politique)
a. Vous appartenez à quelle religion ou quelle secte
religieuse ?
b. Êtes-vous membres d'un groupe quelconque, politique,
sociale,
développement, loisir, syndicat, etc. ?
II. Rapport interpersonnel (amis, famille, proche, petit ami)
c. Quel genre rapport que vous établissez avec votre
famille, vos proches, et vos amis dans le milieu?
d. Avez-vous des amis, des personnes à qui vous partagez
des idées, blagues, etc. ? êtes-vous mariés ou
placés ?
e. Comment évolue votre situation amoureuse, avez-vous
des enfants ?
f. Donnez-nous une idée de tes relations
interpersonnelles ?
III. Activité (emploi rémunéré,
bénévolat)
g. Qu'est-ce que vous pratiquez comme activité ?
qu'est-ce que vous faites pour gagner de l'argent ? est-ce que vous travaillez
? saviez-vous participer à des activités de la zone ?
h. Savez-vous faire quelque chose de particulier ?
IV. Parcours individuel (enfance, adolescence, jeunes)
i. Où étiez-vous quand vous étiez enfant ?
qu'est-ce que vous saviez faire à cet âge-là ? avec qui
vous étiez ? qu'est- ce qu'on vous a appris ? vous aviez vécu
où ?
j. Vous vous rappelez quand vous aviez douze ans ce que vous
saviez faire ? quel est votre plus grand souvenir ?
k. Parlez-nous de vous maintenant ? qu'est-ce que vous faites
vraiment comme jeune ? aimez-vous quelque chose de particulier ? quelle est
votre aspiration en tant que jeune ? À présent, faites nous un
petit bilan de votre jeune âge à aujourd'hui, c'est-à-dire,
à partir de 15 ans ?
V. Relations sociales (groupe, l'état, ONG, autres)
l. Avez-vous une relation particulière avec quelqu'un ?
dans un groupe, avec l'état ou une personne de l'état, avec un
ONG ou autres ?
m. Comment est cette relation et qu'est ce qui
caractérise cette relation ?
V. Langue parlée
a. Combien de langue que vous parlez ?
3. Trajectoire familiale
I. Famille et origine
b. Pouvez-vous nous parler un peu de vous et de votre famille
?
c. Vous vivez en famille, père et mère ? est-ce que
votre père vit avec votre
mère ?
d. D'où vient votre famille, votre père et votre
mère ?/ et comment ont-ils pu établir, ici ?
e. Y a-t-il un événement qui vous a marqué
vous et votre famille ?
II. Famille et éducation
f. Votre père et votre mère savent lire et
écrire ? ont-ils été à l'école ? où
ont-ils été à l'école ? quel est leur niveau
d'étude ?
g. Quels genres d'éducation ont reçu vos parents
?
h. Combien d'enfant a votre famille ? sont-ils tous allés
à l'école ? ils ont en quel niveau ?
III. Famille et emploi
i. Que faire votre famille pour subvenir à ses besoins ?
est-elle riche ou
pauvre ? Vos parents ont-ils un job ou déjà
été révoqué d'un job ? depuis quand ?
ii. combien d'argent gagne votre père ou mère dans
son emploi ?
IV. Famille et logement
iii. Est-ce que votre famille a une maison ? combien de chambre
elle a ?
iv. Est-ce que cette maison a une cuisine, des toilettes ?
dis-nous en peu de mot l'architecture de cette maison ?
v. Votre famille est-elle nomade ou sédentaire ? a-t-elle
déjà été déplacée d'un endroit
à un autre ?
V. Famille et pratique quotidienne
vi. Que faire votre famille comme activité quotidienne de
survie ?
vii. Quelle est votre situation personnelle dans votre famille
et votre entourage ?
4. Trajectoire scolaire
I. Rentrée scolaire
a. Etes-vous ou étiez-vous à l'école ?
b. A quel age vous étiez allés à
l'école pour la première fois ?
II. Classe d'accueil et formation académique,
professionnelle
c. Quelle a été votre première classe ?
d. Vous étiez en Kindergaten ?
e. Quel est votre niveau scolaire ?
f. Étiez-vous dans quel type/genre d'école ?
g. Qu'est-ce que vous avez appris comme profession ?
III. Mode d'apprentissage
a. Qu'est-ce que vous avez appris et qui l'avez-vous appris ?
b. Avez-vous aimez ce que vous avez appris ? comment
était cet apprentissage ? pourquoi l'avez-vous appris ?
IV. Centre d'intérêt
c. Qui vous motive dans la vie ? qu'est-ce que vous aimez
vraiment à l'école? quel est votre centre d'intérêt
personnel ?
V. Parcours scolaires
d. Faites nous un petit bilan de votre parcours scolaire et
d'apprentissage (primaire, secondaire, etc.,) ?
e. Y a-t-il des écoles dans cette dans ce quartier ?
VI. Décrochage scolaire
h. Vous refaites souvent votre classe ou vous interrompez votre
classe ? Combien de fois allez-vous à l'école et combien
d'école avez-vous passez dans votre vie?
VII. Diplômes et scolarité reconnue
f. Avez-vous un diplôme ou une scolarité quelconque
? que signifie pour vous ce papier ?
g. Souhaiteriez-vous continuer vos études ? comment et
pourquoi ?
5. Représentations sociales
I. Ce que les jeunes pensent d'eux-mêmes (éducation,
emploi)
a. Qu'est-ce que vous pensez de vous-même ? comment vous
vous concevez vous dans dix ans ?
b. Qu'est-ce que vous pensez de votre éducation, de votre
façon de voir les choses, la réalité ?
c. Qu'est-ce que vous pensez de ce vous faites pour votre survie
? avez-vous un emploi qui vous donne de l'argent ?
II. Ce que les jeunes pensent des autres (les jeunes et les
vieux)
d. Qu'est que vous pensez des autres par rapport à vous
?
e. Quelle différence y a-t-il entre un jeune et un adulte
ou qu'est qui vous différencie des vieux ? vous pensez que c'est
l'argent, l'âge ou le discours qui vous différencie des vieux ?
III. Ceux que veulent et proposent les jeunes
f. Pouvez-vous nous dire ce que veulent les jeunes par rapport
à ce qu'ils sont ?
g. Proposez deux ou trois petites choses de ce que veulent les
jeunes, par rapport à la culture et l'économie ?
h. Qu'est-ce que vous pensez en tant que jeune de nos
institutions, de l'état, des ONG(s), des jeunes, des vieux et de la
politique ?
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