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La "zinneke parade " :objectifs, moyens, difficultés et résultats

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par Amandine Dooms
Université libre de Bruxelles - Licénciée en information et communication, médiation socio- culturelle 2003
  

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INTRODUCTION 4

INTÉRÊT DE L'ÉVÉNEMENT 4

SUJET D'ÉTUDE ET MÉTHODE DE TRAVAIL 4

CONTEXTE URBAIN 6

DÉVELOPPEMENT CULTUREL URBAIN À BRUXELLES 7

1. INFORMATIONS GÉNÉRALES 9

1.1. HISTORIQUE 9

1.1.1. Le carnaval de Mirko Popovitch 9

1.1.2. Bruxelles 2000 11

1.1.3. Inscription dans la continuité 12

1.2. ORGANISATION 14

1.2.1. L'asbl 14

L'Assemblée Générale 14

Le Conseil d'Administration 15

L'équipe 15

Le groupe pilote 16

Le réseau artistique 16

Le réseau de coordination des agents Z 17

1.2.2. Les zinnopôles 17

Répartition géographique 17

Organisation 18

Coordination artistique 19

1.2.3. Les zinnodes 20

1.2.4. Les associations 25

1.2.5. Les participants 28

2. LES OBJECTIFS 30

2.1. AU NIVEAU DE L'ASBL 30

2.1.1. Les objectifs politiques 30

2.1.2. Les objectifs concrets 31

2.2. AU NIVEAU DES ZINNOPÔLES 32

2.2.1. Objectifs des équipes de coordination 32

2.2.2. Différences entre les zinnopôles 33

2.2.3. Objectifs des associations porteuses de zinnopôle 34

2.3. AU NIVEAU DES ASSOCIATIONS 35

2.4. AU NIVEAU DES PARTICIPANTS 35

3. LES MOYENS 37

3.1. AU NIVEAU DE L'ASBL 37

3.1.1. Subventions 37

3.1.2. Le réseau 40

3.1.3. Réunions et résolution des conflits 41

3.1.4. Bara 42

3.1.5. Les coordinateurs artistiques 43

3.2. AU NIVEAU DES ZINNOPÔLES 44

3.2.1. Méthodes et moyens globaux 44

Coordinateurs associatifs 45

Producteurs 46

3.2.2. Différences entre les zinnopôles 48

3.2.2.1. Différences d'organisation entre les zinnopôles 48

3.2.2.2. Différences dans le travail de pôle des coordinateurs artistiques 53

3.3. AU NIVEAU DES ASSOCIATIONS 63

3.4. AU NIVEAU DES PARTICIPANTS 65

3.5. LES RELATIONS INTERNATIONALES 65

3.6. LE JOUR Z 68

4. LES DIFFICULTÉS 70

4.1. SUBVENTIONS 70

4.2. PARTICIPATION 73

4.3. ARTISTIQUE 75

4.4. COLLABORATION 81

4.5. COMMUNICATION 87

4.6. LE RÉSEAU 88

5. LES RÉSULTATS 93

CONCLUSION 96

BIBLIOGRAPHIE 101

SITES INTERNETS 102

LISTE DES INTERVIEWS (PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE) 103

ANNEXES 105

INTRODUCTION

Intérêt de l'événement

« La Zinneke fait partie des choses qu'on doit avoir faites en tant que bruxellois ». Voilà ce qu'on peut désormais entendre dans les rues de la capitale. La Zinneke Parade est en quelques années devenue un événement bruxellois important et reconnu. En effet, elle rassemble plus de 250 associations de Bruxelles et au-delà et regroupe plus de 3500 participants qui travaillent pendant au moins 6 mois à la préparation du jour Z. La Parade regardée par plus de 200.000 spectateurs et bien plus encore de téléspectateurs. L'événement prend donc de l'importance par son ampleur, mais aussi par sa qualité : une trentaine d'artistes tentent d'en faire une oeuvre d'art qui prend une importance symbolique par la prise de possession de la ville littéralement envahie en son centre par ce large événement socio-artistique. L'occupation de l'espace urbain d'habitude réservé au monde des machines réhumanise la ville l'espace de quelques heures. Plus qu'une simple fête, on assiste alors à une réelle affirmation politique (Cf. : 2.1.1.).

Sujet d'étude et méthode de travail

Le 25 mai 2002, je me trouvais sur le boulevard Anspach, malgré le début de la session d'examen, pour ne pas rater une deuxième fois la fameuse Zinneke Parade. Le temps m'était compté, j'ai donc remonter le cortège afin d'en voir une majorité. Cette urgence n'a pas suffi à dissiper les sentiments d'admiration et d'émerveillement que j'ai pu ressentir face à ce spectacle. De quoi motiver une étude du sujet...

Au début de mon étude, je pensais me concentrer sur la parade de 2002. Il me semblait en effet difficile d'étudier pour le 15 mai (date de remise de la première session) une parade ayant lieu une semaine plus tôt. Mais au cours de mes observations, je me suis rendu compte que les informations récoltées au sein de l'action étaient primordiales pour une bonne compréhension du processus. J'ai donc réorienté mon étude sur un fonctionnement général de la Zinneke, reprenant des informations concernant la Zinneke de 2002 sur laquelle a porté une partie

importante de mes interviews et sur celle de 2004 que j'ai pu vivre en direct pendant plus de 4 mois.

Mon étude est donc basée d'une part sur des interviews individuelles d'organisateurs, d'artistes et de participants et d'autre part sur mon observation participante du 18 janvier au 20 mai au sein de l'équipe de coordination du zinnopôle sud-ouest d'Anderlecht. Je me suis également basée sur quelques écrits et sur le web pour trouver des informations supplémentaires mais les documents pertinents ne furent pas nombreux.

Les interviews se sont passées pour la plupart en tête à tête lorsqu'il s'agissait de récolter des informations narratives sur l'histoire de la parade et son déroulement actuel. Ces interviews furent enregistrées sur MD afin que je puisse me concentrer sur la discussion et les points à approfondir. Bien sûr, je n'ai pas échappé au coup classique de l'enregistrement raté et j'ai dû tantôt refaire une interview tantôt me fier à ma mémoire. Certaines interviews ont eu lieu par e-mail ou téléphone faute de temps de la part de mes interlocuteurs.

Il est évident que l'interprétation des faits par mes interlocuteurs est subjective et qu'ils ont parfois pu vouloir faire bonne figure ou avoir un discours plus en corrélation avec les idéaux à atteindre que la réalité des faits. Il me semble particulièrement difficile de toujours déceler ces biais. J'ai essayé d'approcher une certaine objectivité par le recoupement d'interviews et la confrontation des déclarations à la réalité que j'aie pu moi-même observer. Cependant, mon observation ne fut intense qu'au sein du zinnopôle sud-ouest. Les informations concernant les autres zinnopôles sont donc principalement basées sur le contenu des interviews sans que j'ai pu faire cette vérification sur le terrain. Cependant, ces informations n'ont été utilisées dans l'étude qui suit que lorsqu'elles me semblaient suffisamment pertinentes et, de préférence, répétées par plusieurs sources.

J'ai également fait des interviews collectives de participants au cours des ateliers, des répétitions et le jour Z afin de récolter leurs impressions et leurs envies.

Au cours de mon stage, j'ai participé aux diverses réunions : celles de l'asbl regroupant tantôt uniquement les agents Z, tantôt seulement les artistes des zinnopôles, tantôt les deux ainsi que les directeurs d'association porteuse de zinnopôle ; celles ayant lieu au sein zinnopôle sud-ouest soit avec juste le staff de coordination, soit tous les porteurs de zinnodes, soit encore les représentants de la zinnode E-volution@bru.be. (Cf. : 1.2.2.). J'ai également assisté aux différents

ateliers du zinnopôle ainsi qu'aux répétitions générales. Toutes ces heures d'observation m'ont permis de bien comprendre le fonctionnement de l'organisation et d'y déceler quelques dysfonctionnements et contresens que j'ai alors pu aborder dans mes interviews.

Dans le texte qui suit, les références aux personnes interviewées sont présentes lorsque l'information est un avis original ou se rapporte à un événement précis que je n'ai pu observer personnellement. Cependant, j'ai évité de nommer la source lorsque l'information ou la critique donnée pouvait causer du tort à l'interviewé dans ses relations de travail ou lorsque l'anonymat a été clairement demandé1.

J'ai tenté au cours de cette étude de cerner les objectifs des différents niveaux d'organisation de la Zinneke Parade, de comprendre par quels moyens ils tentaient de les atteindre et avec quelles difficultés et enfin de confronter ces objectifs avec les résultats.

Contexte urbain

La Zinneke Parade s'inscrit dès l'origine dans la ville de Bruxelles. Elle se base sur sa mixité et sur sa géographie. En effet, Bruxelles 2000, cadre dans lequel se développe la parade, met un accent particulier sur la ville, sa structuration sociale et urbanistique.

Bruxelles correspond d'ailleurs bien à la Zinneke. Son histoire de centre de commerce et d'administration ne lui a que peu permis de développer une culture populaire propre ce qui n'encouragea pas les immigrants à se détacher de leurs racines ethniques. La population de Bruxelles est en effet fort diversifiée et l'immigration s'est faite en plusieurs vagues avec les rotations de main-d'oeuvre étrangère et le développement de la ville comme centre de l'UE.2 On a donc maintenant une population bruxelloise d'environ 990000 habitants dont 28,4 % sont d'origine étrangère, la majorité d'entre eux étant marocains (69000) suivi des français (38200), des italiens (28300), des espagnols (20700) et des turcs (19600) 3 ,.... Les habitants originaires des pays du bassin méditerranéen se

1 On ne m'a que très rarement demandé l'anonymat et seulement sur quelques réponses données pendant l'entretien, jamais sur l'entièreté de l'interview.

2 Delforge F. La zinneke parade 2002, P.30

3 http://www.eurobru.com/populext.htm «les bruxellois venus d'ailleurs » INS 2003

concentrent plus dans le centre alors que les eurocrates, les américains et les japonais, plus nantis, sont plus répandus avec une préférence pour le sud-est de la ville. 40 % des ménages bruxellois habitent des quartiers défavorisés alors même que la Région Bruxelles-Capitale est une des plus riches de l'UE4.

Face à cette diversité, il serait intéressant de construire une politique multiculturelle commune permettant le respect de chacun et les interactions collectives. Malheureusement, Bruxelles est soumise à une configuration politique des plus complexes entre la Région Bruxelles-Capitale et les Commissions Communautaires francophone et néerlandophone, sans parler de la division en 19 communes érigées comme « autant de baronnies locales perpétuant les scissions spatiales de l'inégalité sociale >> 5 . La présence d'un nombre impressionnant d'associations socioculturelles sur le territoire bruxellois ne simplifie pas non plus la situation tant les acteurs sont diversifiés et nombreux.

Développement culturel urbain à Bruxelles

Dans les années 60, Bruxelles a connu, selon Marcel Rijdams, une période triste de démolition et d'expulsion, avec un développement immobilier de bureau qui tuait progressivement la vie culturelle bruxelloise. La gestion urbanistique de Bruxelles proche de celle qu'on trouve dans « les républiques bananières, menée par des escrocs se remplissant les poches >>6 a stimulé un mouvement de révolte qui a mené au développement d'initiatives locales de défense du quartier. Ces associations se sont développées donnant petit à petit naissance à une réelle action sociale mais qui fut jusqu'aux années 90 sans résultats probants. A ce moment, s'est en effet développé un certain réveil politique qui a mené à des décisions de changements vers 1995.

Depuis, de nombreuses initiatives culturelles prennent de l'ampleur et redonnent à la ville de Bruxelles la notion de fête qu'elle mérite7.

Ainsi, il suffit de regarder l'agenda culturel de cet été pour réaliser à quel point
l'espace urbain est réinvesti par le culturel : l'Euroferia Andaluza, qui en est à sa

4 Delforge F. op.cit. 2002, P.30-31

5 Delforge F. op.cit. 2002, P.32

6 Interview de Marcel Rijdams du 27/04/04

7 Idem

douzième édition, investit le parc de la basilique de Koelkelberg avec des spectacles et des concerts folkloriques andalous dans des bonnes odeurs typiquement espagnoles. La Lesbian and Gay Pride investit les mêmes boulevards que la Zinneke Parade avec ses 15000 participants plus ou moins revendicatifs ou jouant le jeu de la provocation. Bruxelles-les-bains propose depuis l'année passée une plage sur les bords du canal avec des nombreux et divers concerts et des activités balnéaires. Le Jazz Marathon (9 éditions) propose un week-end de concerts intérieurs et extérieurs dans tout Bruxelles. Eur'ritmix fait de même sur les places du centre pendant quatre jours. Le Cambre Music festival propose de la musique classique et jazz quatre dimanche de suite au milieu du bois de la Cambre. Le cinéma Nova organise projections et concerts au cours de son plein open air dans la cité administrative. Le concept de nuit blanche fait son chemin en voulant réconcilier les citadins avec le monde de la nuit et réduire la crainte de l'insécurité nocturne en animant les rues8. Carl de Moncharline lance des opérations destinées à favoriser les relations entre bruxellois avec sa Roller Parade qui permet à tous les patineurs de se retrouver les vendredis soirs d'été pour parcourir ensemble les boulevards sur 20 km, et avec « les immeubles en fête » qui encouragent les voisins de rue à boire un verre en discutant sur leur trottoir l'espace d'une soirée. On retrouve aussi les appels et propositions des Espaces Speculoos pour développer les arts de la rue dans le centre pendant l'été. A cela s'ajoutent tous les festivals particulièrement florissants, ainsi que les initiatives toujours plus nombreuses des établissements culturels tels que le Beursschowburg, le palais des Beaux Arts, le Théâtre National,... Difficile de tout citer, tant les exemples sont nombreux. Evidemment, dans ce melting-pot d'événements culturels, certains sont plus reconnus, plus sociaux ou plus efficaces à long terme que d'autres. Certains ne visent que le divertissement, d'autres pensent aux enjeux socioculturels qu'ils véhiculent. Mais tous animent la capitale et la rendent plus festive que jamais.

8 La nuit blanche qui a eu lieu en 2002 et 2003 a malheureusement essuyé un déficit dont elle semble ne pas encore se relever, par contre, le concept a été repris notamment à Woluwe-Saint-Lambert.

1. INFORMATIONS GÉNÉRALES

Il me paraît important de situer globalement la Zinneke Parade avant d'en étudier les objectifs et les résultats. Ainsi suivent un historique de la parade et une explication de son organisation.

1.1. Historique

1.1.1. Le carnaval de Mirko Popovitch9

L'origine de la Zinneke Parade repose principalement sur un projet d'un professionnel de l'animation socioculturelle, Mirko Popovitch, directeur du Centre Culturel La Vénerie. Ce belge d'origine yougoslave depuis longtemps passionné par les problèmes d'identité a vu dans Bruxelles 2000 un bon moyen de réaliser un projet qu'il mûrissait depuis une petite dizaine d'années : un carnaval d'été. Cette idée remonte au début des années nonante lors des stages qu'a suivis Mirko Popovitch à Montbéliard avec Jacques Livchine. Ce dernier pratiquait alors au sein du Théâtre de l'unité une remise en question artistique du quotidien des habitants de la bourgade avec pour but de casser la mise en condition sociale des gens par une interpellation artistique forte.

Mais le projet de carnaval d'été tire surtout son essence du réveillon des boulons organisé par ce même artiste. Cet événement a pour but de faire descendre dans la rue tous les gens qui n'ont pas les moyens de s'offrir une saint sylvestre digne de ce nom afin qu'ils défilent ensemble dans une parade artistique et festive au lieu de marquer leur mécontentement par des activités aussi enrichissantes que, par exemple, brûler toutes les voitures du quartier. Le réveillon des boulons est précédé de plusieurs mois de préparation lors d'ateliers donnés de préférence par des artistes au cours desquels la relation à la société dans sa complexité historique et interculturelle est transformée en créations artistiques diverses.

Mirko Popovitch a vécu la naissance du réveillon des boulons comme une sorte de
révélation. Un questionnement sur l'identité belge s'en est suivi, une identité

9 Interview avec Mirko Popovitch du 16/02/2004

complexe dans ses divisions communautaires, régionales et culturelles. L'appel à projet lancé pour Bruxelles 2000 lui apparaît comme l'occasion en or pour développer un travail inspiré du réveillon des boulons sur Bruxelles. Des recherches commencent dès 1996 et l'idée de créer un grand carnaval d'été créatif avec la participation d'artistes et de Monsieur tout le monde défilant sans amplification sonore est clairement formulée en 1997. Mirko Popovitch réunit alors d'autres spécialistes des arts de la rue pour développer les principes fondamentaux du projet. Marcel de Munnynck se joint à ce << groupe-moteur >> en tant que chargé de mission pour l'aspect socio-éducatif de Bruxelles 2000.

L'idée de carnaval d'été rencontra deux autres idées pour devenir la zinneke parade. Tout d'abord, il y eut un projet de mise en place de pôles culturels de quartier ayant une méthode de travail qui relie le socio-éducatif à l'artistico-culturel et créant également des liens dans le sociétal au sens large. Cette idée de Marcel de Munnynck a trouvé dans le carnaval de Mirko Popovitch un contenu idéal10. Ensuite, s'ajouta le projet de Marcel Rijdams, intitulé << cinq passerelles pour le pentagone >>, de créer des ponts symboliques et multiculturels entre l'intérieur de la petite ceinture de Bruxelles et les quartiers extérieurs11.

La fusion des trois idées eut lieu au cours de réunion notamment avec l'aide de Michel Crespin, metteur en scène de rue marseillais, qui proposa la notion de << parade >> qui associée au nom typiquement bruxellois de zinneke donna au projet le nom qu'on lui connaît maintenant. Le terme de << parade >> fut préféré au terme de << carnaval >> pour « mieux évoquer l'envie de montrer les différentes cultures des habitants de Bruxelles dans un vaste spectre collectif et déambulatoire »12. Le terme Zinneke, lui, désigne la Petite Senne, rivière de Bruxelles aujourd'hui recouverte dans laquelle on jetait les chiens bâtards. De là découle l'extension de la signification de zinneke aux bruxellois qui sont tous des << bâtards >> mais sympas, curieux et résistants 13 . Voilà qui met encore plus en évidence la volonté

10 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04

11 Interview de Marcel Rijdams du 27/04/04

12 Wieland C. La rue est a nous. Zinneke, une parade créative à Bruxelles, Bruxelles, 2002, La vénerie et fondation Jacques Gueux. p.24

13 Interview de Marcel De Munnynck du 9 septembre 2003

multiculturelle de la Zinneke Parade : mélangeons les cultures puisque nous sommes tous le fruit de mélanges.

La volonté de qualité artistique du projet s'est concrétisée dès la préparation par l'engagement de Jean-Claude de Bemels, professeur de scénographie à la Cambre, comme coordinateur artistique. Il amène l'idée fondamentale de travailler non seulement sans amplification sonore mais également sans moteur, ce qui oblige par exemple un travail collectif pour pousser des chars.

1.1.2. Bruxelles 2000

Bruxelles 2000 s'inscrit dans le projet de l'Union Européenne de << Capitales européennes de la culture >> existant depuis 1985. Ce projet a pour but de favoriser l'épanouissement des cultures européennes tout en respectant la diversité de chaque pays à travers deux types d'actions :

-<< la ville européenne de la culture >> qui met une ville en évidence pendant une année par ses particularités culturelles. C'est dans ce cadre qu'eut lieu Bruxelles 2000.

- << le mois culturel européen >> qui valorisent des villes extérieures à l'UE en son sein et notamment d'Europe centrale et orientale.

<< La ville européenne de la culture >> consiste principalement en une aide financière à la ville désignée pour organiser des manifestations d'envergure nationale et européenne telles qu'expositions, concerts, spectacles, conférences... Les villes sont désignées par le Conseil de l'Union européenne, sur proposition des gouvernements des Etats membres et après avis de la Commission européenne et du Parlement européen. Pour l'an 2000, neufs villes furent sélectionnées : Avignon, Bergen, Bologne, Bruxelles, Cracovie, Helsinki, Prague, Reykjavik et Saint-Jacques de Compostelle. Un organisme culturel désigné par l'Etat est responsable de l'action. Les subventions vont de 200 000 à un million d'Euros par projet14.

En 2004, ce sont les villes de Gênes et de Lille qui ont été désignées.

L'appel d'offre de Bruxelles 2000 concernait des projets attachés aux 6 grands
thèmes suivants : la ville en fête, Imag(in)er la ville, ville passage, la ville
laboratoire, ville et créations et ville et patrimoine. Le but était de créer une plate-

14 http://www.info-europe.fr/europe.web/document.dir/fich.dir/qr000714.htm

forme qui offre aux habitants la possibilité de redécouvrir leur ville et aux artistes professionnels ou amateurs de réinterpréter l'espace urbain15.

Bruxelles 2000 a été pris très au sérieux mais n'a pas toujours été heureusement géré. C'est un irlandais `Robert Palmer' qui a été désigné intendant pour gérer Bruxelles 2000 vu les disputes communautaires inhérentes à la Belgique qui empêchait la désignation d'un belge. A part la Zinneke Parade qui a remporté un grand succès et s'est inscrite dans la continuité, la majorité des projets ont été très éphémères.

Une quantité impressionnante d'argent est parti dans les frais de l'infrastructure titanesque qui coordonnait l'ensemble16. Certains projets proposés se sont retrouvés sans autres possibilités que de s'insérer au projet Zinneke qui a remporté le jackpot de Bruxelles 200017.

1.1.3. Inscription dans la continuité

Bruxelles 2000 était temporaire. La Zinneke, elle, se veut dès sa conception en 1997 inscrite dans la durée. C'est notamment pour ça que fin 199918, l'association de fait qu'est alors le groupe organisateur de la Zinneke se trouve une double personnalité juridique dans l'asbl Zinneke vzw. La volonté bilingue est alors évidente pour tous et la solution choisie est celle de créer une association par langue de façon à rendre plus faciles les subventionnements par les différentes entités fédérées belges. Une équipe, un projet, une AG mais officiellement deux associations. Marcel de Munnynck en est devenu le directeur général. Il est aidé par Nathalie Bücken dans sa tâche de coordinateur du réseau.

L'écriture d'une charte répondait au désir de Mirko Popovitch de construire la Zinneke Parade sur une base conceptuelle solide. Un texte de synthèse fut donc écrit par Marcel De Munnynck pour la parade de 2000. Ses points primordiaux sont les suivants19 :

15 Bruxelles/Brussel 2000, yille européenne de la culture de l'an 2000, de A à Z, Bruxelles 1999

16 http://www.idearts.com/magazine/flash/flash24.htm

17 Interview avec Nik Honinckx du 18/02/2004

18 Interview avec Marcel De Munnynck du 19/09/2003

19 Marcel De Munnynck Charte de la zinneke parade 2000


· Un projet rassemblant de nombreuses initiatives plus ou moins importantes, diversifiées et souvent locales dans un encadrement spectaculaire. Un projet qui crée ainsi un réseau associatif sans frontière.

· La volonté de qualité artistique ralliant amateurs, animateurs et artistes dans une effervescence créative pour trouver une unité de la parade à travers la multiplicité de ses esthétiques.

· L'importance de la phase de préparation par rapport au jour Z au cours de laquelle les gens travaillent ensemble dans un échange émotionnel intense et prolongé qui alimente la création.

· Ne pas reproduire des personnages connus ou traditionnels mais de nouveaux mythes en revisitant les traditions avec un regard multiculturel contemporain et créatif. Bref « dire autre chose autrement ».

· Partir des cinq points cardinaux pour rejoindre le centre en passant les portes de Bruxelles

· Pas de moteurs à explosion ni amplification sonore électrique afin de pousser à un rassemblement des énergies humaines suivant le principe que l'union fait la force.

· Utiliser des matériaux légers et axer la construction sur les liens entre les éléments comme ils se créent entre les individus, entre les groupes, entre le cortège et les habitants.

Cette charte reprend aussi les questions d'organisation du réseau et des ateliers ainsi que les cadres techniques et budgétaires. Mais ceux-ci seront repris plus loin dans l'étude dans leur version actualisée.

A ce stade, les bases sont donc présentes pour construire la Zinneke. De nombreux partenaires sont alors intégrés au projet, certains comme porteurs de zinnopôles, d'autres comme porteurs de zinnode. La première parade eut lieu le 27 mai 2000 : elle fut une grande réussite malgré ses défauts et ses inégalités. L'idée de faire venir les groupes des quartiers et de les réunir sur le boulevard Anspach créa de gros problèmes de logistiques avec un trou de plus d'une heure au milieu du Boulevard. Ce fut, d'ailleurs, le principal élément changé pour la parade suivante.

1.2. Organisation

La Zinneke Parade est organisée dans une structure complexe à plusieurs niveaux qui se veut en réseau plus qu'en structure hiérarchique. Cette structure en réseau implique une communication permanente entre tous les partenaires et une vue commune du projet. Ce qui parfois fait défaut (Cf. : 4.5.)

L'asbl zinneke vzw coordonne 5 zinnopôles qui eux-mêmes coordonnent des zinnodes, unités de la parade qui rassemblent souvent plusieurs associations dans un projet commun regroupant théoriquement environ 100 participants.

1.2.1. L'asbl20

Construite légalement en une asbl et une vzw, Zinneke présente néanmoins une seule AG, un CA et une équipe de gestion journalière. Par contre, elle a deux présidents : un de l'asbl, actuellement Ali Benabid, et un de la vzw : Marcel Rijdams. Chacun est vice-président de l'autre. Comme susnommé, cette construction double a pour principal intérêt la facilitation des subventionnements par les deux communautés fédérales. En outre, elle affirme la volonté bilingue de l'association bien que, sur le terrain, la grande majorité des partenaires soient francophones.

L'asbl fonctionnent également par le groupe pilote, le réseau artistique et le réseau des agents Z.

L'Assemblée Générale

L'assemblée générale, comme dans toute asbl, a un rôle de contrôle et de décision de fond sur l'avenir de l'association. Réunie tous les ans, sauf demande exceptionnelle, elle approuve les comptes, élit le CA, engage l'équipe, fixe et modifie les statuts, etc...

La dernière réunion de l'AG fut importante car l'entièreté du CA a été renouvelée.
En effet, la présence au sein du CA de personnes qui avaient d'autres
responsabilités dans la parade créait des risques de conflits d'intérêt. Le nouveau

20 Ce chapitre est basé sur mes observations personnelles, sur les interviews ainsi que sur les statuts et le document du CA du 7 mai 2003 définissant les fonctions et rôles des différentes instances de la Zinneke Parade.

CA ne contient donc plus de gens qui travaillent parallèlement pour la parade mais entre autres des chercheurs en urbanisme, en sociologie et en agogie21, ainsi que des spécialistes de l'animation socioculturelle comme Michel Crespin. Ce changement d'orientation dans la composition du CA a créé des conflits au sein des membres de l'AG car certains regrettent l'absence de spécialistes bruxellois de terrain qui permettent un contact entre le CA et la réalité socio-artistique bruxelloise.

Le Conseil d'Administration

Le CA qui se réunit tous les deux mois a un rôle de contrôle direct du respect des statuts, de la Charte et des décisions de l'AG par l'équipe et les autres membres de l'association. Avant l'AG, il approuve les comptes et le budget annuel. Il pilote et supervise l'équipe permanente, peut arbitrer les conflits et faire une analyse critique du fonctionnement de l'association de par le caractère extérieur et hétérogène de ses membres. Le CA cherche aussi à utiliser la notoriété de ses membres afin d'inscrire la Zinneke dans un projet citoyen en relais avec les autres milieux tant d'un point de vue communautaire qu'international. Le CA fait ainsi des propositions à l'AG sur l'évolution de la Zinneke Parade dans une perspective à long terme.22

L'équipe

L'équipe de gestion journalière de l'asbl était à l'origine composée de 2 personnes, elle en contient maintenant 7 : Marcel De Munnynck pour la direction générale ; Alain Zinzen pour la gestion et la production assisté par Guislain Zobiyo; France Gilmont pour la direction artistique ; Nathalie Bücken et Myriam Stoffen pour la programmation et la coordination réseau et enfin An Mertens chargée de la communication et du sponsoring. Plusieurs d'entre eux ont une expérience du terrain socioculturel bruxellois.

Leur tâche principale est la coordination, la continuité et le développement du réseau zinneke. Ainsi, ils encouragent les solidarités entre les associations pour les aspects culturels, sociaux et éducatifs ainsi qu'entre les différentes branches spécialisées (artistique, logistique, animation, technique et production). Ils

21 L'agogie est une sorte de pédagogie pour adulte à la frontière de plusieurs disciplines, le terme n'est pas encore vraiment utilisé en français mais son utilisation en anglais et en néerlandais vont probablement mener à une propagation du terme en français dans le milieu scientifique. C'est pourquoi je l'ai utilisé ici.

22 Interview de Ali Benabid du 13/05/04

recherchent également des moyens pour alimenter le réseau, permettre un salaire correct des artistes et un fonctionnement des associations un peu libéré des contraintes financières. Ils décident dans toutes les matières qui ne sont pas de la compétence du CA et de l'AG pour la gestion de la Zinneke dans le respect de la charte et des statuts.

De manière concrète, leur année sans parade est consacrée à la recherche de financement et à l'entretien et le développement du réseau. Ils contactent des associations dans le monde entier (échange avec le Japon, le Brésil, La république du Congo, la France, le Luxembourg...) et en Belgique et redirigent les associations qui sont spontanément intéressées vers le zinnopôle adéquat.

L'année avec parade, leur travail consiste plus à vérifier le bon avancement des ateliers et des projets et à assurer le contact entre les associations et le bon déroulement logistique des répétitions et du jour Z ainsi que sa publicité.

Le groupe pilote

Le groupe pilote est le moteur créatif de la parade. Il rassemble autour de la table les membres de l'équipe, les agents Z23, les coordinateurs artistiques et les directeurs des associations porteuses de zinnopôle. A l'approche de la parade, les réunions ont lieu une fois par mois, sinon, elles sont moins fréquentes.

C'est au sein de ce groupe que se prennent les décisions sur les aspects artistiques et participatifs de la création zinneke : comme le choix du thème, la composition des zinnodes, les affiches, le parcours ainsi que l'évaluation biennale du fonctionnement de l'association. Le pilote permet aussi aux acteurs des zinnopôles d'avoir une vue d'ensemble sur la parade et de ne pas se refermer sur leur simple partie de parade de zinnopôle. Les échanges qui ont lieu au sein du pilote orientent pour une grande part le développement de la Zinneke Parade.

Le réseau artistique

Le réseau artistique réunit les coordinateurs artistiques autour d'un domaine tel que la chorégraphie, la scénographie, la musique et la mise en scène qui sont les quatre grands secteurs artistiques concernés par la Zinneke Parade. Les artistes discutent alors des problèmes qu'ils rencontrent dans leurs activités ainsi que de la conception de leur travail au sein de la Zinneke. Des idées, des méthodes sont échangées afin

23 ACS engagés par les porteurs de zinnopôle pour effectuer la coordination et la production zinneke. (Cf. : 1.2.2)

d'enrichir le travail de chacun. Ces réseaux artistiques sont souvent un lieu d'autocritique important où les limites artistiques de la Zinneke Parade sont mises en évidence et où l'on cherche à les dépasser. Elles sont cependant assez rares puisqu'il y en a une par discipline. Par contre des réunions destinées à réfléchir sur l'orientation artistique globale de la parade rassemblent trois artistes et la directrice artistique de façon plus fréquente.

Le réseau de coordination des agents Z

Le réseau des agents Z réunit ces derniers avec l'équipe de l'asbl afin de discuter de l'évolution du projet en plus petit comité. Les agents Z ont souvent une lourde responsabilité dans le maintien du projet au sein du zinnopôle et ces réunions leur permettent de s'exprimer plus librement sur les difficultés qu'ils rencontrent et de sentir le soutien de la structure. En effet, au cours du pilote, leurs employeurs sont présents et il ne leur est pas toujours facile de s'exprimer.

1.2.2. Les zinnopôles

Répartition géographique

Il existe cinq zinnopôles répartis géographiquement dans Bruxelles : les zinnopôles nord-ouest, nord, est, sud et sud-ouest, mais leur fonctionnalité géographique n'est pas restrictive : il peut arriver qu'une association située sur Anderlecht (pôle sudouest), par exemple, préfère travailler avec le zinnopôle Nord sans que cela ne crée de conflits.

Le zinnopôle Est reprend les communes de Ixelles, Etterbeek, Evere, WoluweSaint-Pierre, Woluwe-Saint-Lambert, Auderghem, Watermael-Boisfort. Il est pris en charge par le Gemeenschapscentrum Elzenhof et par l'Espace Senghor.

Le zinnopôle Sud reprend les communes bruxelloises de Saint-Gilles, Forest et Uccle. Il est pris en charge par le Centre Culturel Jacques Franck.

Le zinnopôle Sud-Ouest couvre Anderlecht et ses environs. En 2004, des associations provenant de Genk, Gembloux, Chapelle-lez-Herlaimont, Anvers, Woluwé-Saint-Lambert, Bruxelles Centre étaient également coordonnées au sein de ce zinnopôle. Le Gemeenschapscentrum De Rinck et la Boutique Culturelle de Cureghem le portent conjointement.

Le zinnopôle Nord-Ouest, porté par le Gemeenschapscentrum De Vaartkapoen et par le centre d'expression et de créativité Idéal Stand'art, reprend la commune de Molenbeek et ses environs.

Et enfin, les communes de Schaerbeek, Saint-Josse, Laeken et leurs environs sont coordonnés par le zinnopôle Nord sous la responsabilité d'Infor Jeunes et du Magic Land Théâtre.

Les associations venant de l'extérieur de Bruxelles sont souvent dirigées vers l'un ou l'autre zinnopôle par l'asbl centrale selon les besoins dans les pôles et les envies et méthodes de travail des associations.

Organisation

Les zinnopôles travaillent donc sur une zone plus restreinte que l'asbl et avec des relations déjà plus proches des participants.

Un zinnopôle est idéalement pris en charge par deux associations socioculturelles fortes avec de préférence une néerlandophone et une francophone. En fait, les zinnopôles Sud et Nord ne répondent pas à ce critère. Les centres culturels sont souvent bien placés pour assumer cette tâche de porteur de zinnopôle vu leur stabilité, leur fonction et leur collaboration avec de nombreuses petites associations24. Cependant, il arrive que l'asbl porte son choix sur des associations plus petites mais prometteuses qui se sentent le courage de jouer ce rôle et pour qui la Zinneke Parade devient alors un puissant levier pour prendre de l'importance au sein du milieu socioculturel bruxellois25.

Chaque zinnopôle gère environ entre 5 et 10 zinnodes, chacune étant une entité supposée cohérente d'une centaine de défilants. Chaque zinnode est normalement capable d'assumer un travail artistique et associatif en son sein mais il peut faire appel au pôle en cas de manque.

Le ministre Tomas de l'emploi subventionne deux ACS au sein de chaque zinnopôle pour assurer le travail zinneke de coordination associative et de production, ils sont appelés au sein de l'organisation « Agent Z ». Actuellement, ces agents Z sont employés par les porteurs de pôle pour gérer la Zinneke. Une interprétation différente de cette forme de subventionnement crée parfois des situations difficiles pour ces employés. En effet, l'asbl Zinneke considère les agents Z comme une forme de subventionnement à la Zinneke Parade alors que les

24 Bien que l'histoire d'Escale du Nord comme porteur du zinnopôle sud-ouest en 2002 en est un exemple contraire (Cf. 4.4.)

25 Interview de Marcel de Munnynck du 9/09/03

directeurs des associations porteuses de zinnopôle ont parfois tendance à les considérer plutôt comme des subventions à leur institution destinés à faire entre autres le travail Zinneke. Certains agents Z se retrouvent alors avec des attentes différentes de la part de l'asbl et de leur employeur direct et se retrouvent avec un travail trop important à assumer. Le malaise qu'ils peuvent ressentir finit par créer des tensions entre l'asbl et les porteurs de pôle et nuit au travail commun.

Théoriquement, un des agents Z du zinnopôle est chargé de la coordination associative et l'autre de la production. Il n'en va cependant pas comme ça dans chaque pôle (cf. 3.2.2.1). Le rôle de coordinateur associatif consiste à enrichir et renforcer le réseau d'association du zinnopôle en encourageant l'écoute et les échanges entre partenaires et en motivant de nouveaux groupes à se lancer dans l'aventure. L'idéal est un réseau uni qui recoupe la diversité du milieu socioartistique de la région concernée et au-delà. Le producteur par contre doit s'assurer de trouver des ressources financières complémentaires à celles fournies par l'asbl, via des subsides inexplorés, des sponsors privés ou des aides en nature. Il doit également gérer les moyens du zinnopôle et les répartir entre les zinnodes selon leurs besoins tout en récoltant les justificatifs de dépenses. Le producteur se charge également de la planification du projet avec les échéances et solutions nécessaires au bon déroulement des projets. Il doit savoir mettre des limites tout en faisant son maximum pour permettre la réalisation des envies et rêves des groupes26. En 2004, le travail de production comme recherche de moyens a été quasi absent dans les zinnopôles (sauf dans le zinnopôle sud-ouest) ce qui explique en partie les problèmes financiers que connaît actuellement la Zinneke Parade27.

Coordination artistique

Trois artistes par zinnopôle sont engagés par l'asbl Zinneke vzw pour s'assurer du caractère artistique de la parade. Il sont là pour assurer une certaine cohérence artistique au sein du zinnopôle ainsi que pour intervenir dans les ateliers et les zinnodes où ils sentent une faiblesse artistique. Ils y apportent alors des suggestions, suscitent des idées nouvelles et des méthodes de travail permettant de pallier ces manques et de faire venir la création des participants eux-mêmes. Tel est le

26 Interview de France Gilmont du 14/05/04

27 L'asbl zinneke doit remplir un déficit d'environ 110000€ d'ici la fin de l'année 2004 pour rentrer dans ses frais. (Comité d'accompagnement du 9 février 2004)

comportement idéal des coordinateurs artistiques mais ils sont loin de tous agir de la sorte en pratique (cf. chap. 3.1.5.)28.

1.2.3. Les zinnodes

Les zinnodes sont idéalement des entités d'une centaine de personnes qui travaillent à une création cohérente pour la Zinneke. Ce sont les unités narratives de la parade. Elles sont parfois le fruit d'une seule association, mais de préférence issues d'une collaboration. Elles sont normalement indépendantes artistiquement et capables de s'organiser. Elles doivent présenter un projet artistique original regroupant les différentes disciplines travaillées avec soin. Cependant, les coordinations artistique et associative du zinnopôle sont là pour les soutenir en cas de besoin29. Les zinnodes sont de préférence bruxelloises. Les groupes extérieurs sont néanmoins les bienvenus à condition qu'ils ne suscitent pas l'aide financière du zinnopôle30.

Au sein du zinnopôle sud-ouest31, la taille idéale de chaque zinnode a été ignorée pour respecter les collaborations spontanées qui se sont mises en place dès la remise des projets pour la parade 2004. On retrouve donc de 35 à 270 personnes par zinnode ce qui n'a pas été sans créer de problèmes.

Ce zinnopôle s'est composé de 6 zinnodes et comportait environ 550 participants de tout bord et tout horizon.

Le monde est un village

La première zinnode est « le monde est un village » portée par le CEC Pré en Bulle de Chapelle-lez-Herlaimont. Elle montre les différents corps sociaux qui composent la ville : les corps mobiles du jour et de la nuit représentant les travailleurs toujours pressés, stressés et en équilibre instable, le corps arc-en-ciel représentant la mutliculturalité urbaine, les chapardeurs et les gens de l'ombre représentant les

28 Interview de France Gilmont du 14/05/04

29 Cahier des charges zinneke (annexe 2)

30 Interview de Katy Pylyser du 26/07/04. Il y a cependant des exceptions à la règle, comme à la majorité des règles zinnekes.

31 Je me suis ici concentrée sur le zinnopôle sud-ouest que je connais mieux de par mon observation participante.

marginaux, tous surveillés et manipulés par les maîtres de la ville et leurs serviteurs qui règnent du haut de leurs échasses. Les techniques utilisées sont la jonglerie, le monocycle, les échasses, la pyrotechnie et les percussions.

Le groupe avait participé à la Zinneke Parade 2000 au sein d'une collaboration avec une association de La Louvière. L'entente entre les deux associations s'était fortement érodée au cours de la préparation et c'est dans un contexte de grande tension que s'était déroulée la parade... de quoi couper l'envie de toute nouvelle tentative Zinneke. Mais un artiste du groupe a travaillé seul dans un autre groupe pour la parade suivante et les multiples possibilités offertes par la Zinneke l'ont convaincu que << le Pré en bulle » ne devait pas se décourager à cause d'une première mauvaise expérience. La collaboration en 2003-2004 avec le zinnopôle sud-ouest convint mieux au fonctionnement de l'association : écoute et respect de la créativité de chacun, échange de groupe...C'est finalement très satisfaits de leur deuxième Zinneke que les animateurs et participants du Pré en bulle ont rejoint Chapelle-lez-Herlaimont le 8 mai.

Suite à sa parade 2000, le groupe a préféré mener un projet sans collaboration directe avec d'autres associations. L'éloignement géographique est de plus un handicap pour les coordinateurs associatifs du zinnopôle qui ne connaissent que le milieu culturel de Bruxelles voire de leurs quartiers et ne peuvent donc susciter des alliances en province.

Ordre et désordre

La deuxième zinnode est << ordre et désordre » du CEC Ecole du Cirque de Gembloux et du CEC Atelier Sorcier de Lonzée en partenariat avec le CC du Cinéma royal de Gembloux. Ils ont traité le thème du corps dans la ville par l'utilisation d'une tête géante séparée en deux profils qui subit le cycle du réveil, de l'attaque des bactéries urbaines, du grand nettoyage puis du sommeil. La collaboration entre l'Ecole du Cirque et l'Atelier Sorcier a donné lieu à un échange de techniques et de connaissances entre les circassiens et les plasticiens pour aboutir à la réalisation d'un spectacle commun. Les deux associations ont donc gardé leur public habituel mais ont élargi leurs activités. Des jongleurs se sont ainsi retrouvés à faire du papier mâché et des peintres du diabolo, chacun devant se surpasser pour arriver à un niveau commun. Cette émulation est bénéfique car elle repousse les

limites des capacités individuelles tout en confirmant chacun dans la technique qu'il maîtrise le mieux.

Movimiento de ida y vuelta

La troisième zinnode se nomme « movimiento de ida y vuelta », « mouvement d'aller-retour ». Elle est portée par l'asbl Effusions de Culture et un grand nombre de partenaires : les écoles communales P18 et P21, l'institut technique Marius-Renard, les asbl Tonada, Mandacaru, Matalumbo, Couleurs Parents et Un Pont plus loin ainsi que le Centre Espagnol de Formation et d'Action et la fanfare Nuevo Horizonte. Sont ainsi regroupées des institutions qui ont un public intéressé par une participation à la Zinneke et différentes asbl d'artistes qui ont menés des ateliers ouverts à tous ou dans les institutions précitées. Le projet correspond tout à fait à la logique zinneke qui consiste notamment à créer des rencontres et à amener les artistes aux gens qui n'y ont pas forcément accès.

L'idée narrative est une reprise des carnavals andins dans un mélange culturel des esprits mythiques européens et latino-américains. On retrouve ainsi, autour des pèlerins percussionnistes, des diables-guerriers danseurs, des sorciers et sorcières, des elfes et des arlequins. Sont utilisées les techniques de danses andines, de commedia dell'arte, de flamenco, de bombos et aussi des créations vestimentaires. Cette zinnode fut une grande source de soucis pour l'équipe de coordination au cours du processus. En effet, outre des tensions dues à une histoire commune assez houleuse et à des influences politiques (cf. 4.4.), le projet a mis énormément de temps à se mettre en place surtout par manque d'un coordinateur artistique au sein de la zinnode.

Cette zinnode est en fait assez paradoxale. D'une part, elle a atteint le nombre idéal d'une centaine de participants, a lancé des ateliers ouverts dans lesquels le processus de rencontres zinneke sont souvent les plus forts, a fait travailler les artistes directement avec les participants : autant de points qui font partie des objectifs de la Zinneke et n'ont été réalisés au sein du zinnopôle sud-ouest presque que dans cette zinnode et la zinnode E-volution@bru.be. D'autre part, ils n'ont que très peu respecté le travail sur le long terme, la communication du projet aux partenaires pour une compréhension globale, l'éveil de la créativité des participants, la collaboration des participants aux différents préparatifs dont les costumes... autant

d'autres idéaux de fonctionnement qu'affectionne particulièrement le zinnopôle sud-ouest.

Recirqu'lâge

La quatrième zinnode est << recirqu'lâge » de Cirqu'conflex en partenariat avec le CEC La Maison des Enfants, Le Cactus, Le TCC Accueil et l'Ecole Marius-Renard. Ce groupe a voulu mettre en évidence le cycle de la consommation, de l'utilisation brève et frénétique au recyclage en passant par le ramassage des ordures. Tout cela autour d'une planète bleue un peu perdue qui tente tant bien que mal de reprendre le dessus. Les techniques utilisées sont les percussions, la jonglerie, le monocycle, l'équilibre sur boule, les échasses et la capoeira.

L'association Cirqu'conflex participe à la Zinneke Parade depuis la première édition. Son parcours n'a pas toujours été facile : en 2000, ils ont participé à un projet très ambitieux regroupant beaucoup d'associations au sein du zinnopôle sud et pour lequel ils ont eu l'impression de consacrer trop de temps et d'énergie aux détriments de leurs autres activités. En 2002, ils ont recommencé suite aux nombreuses demandes de leurs participants dans un projet cette fois beaucoup plus modeste et sans collaboration avec d'autres associations pour leur zinnode. En 2004, ils ont gardé ce modèle restreint mais en l'ouvrant un peu aux collaborations : celles qu'ils ont de manière récurrente au sein de leur association comme l'école Marius Renard ou le TCC accueil mais aussi à d'autres comme le Cactus et la maison des enfants.

E-volution@bru.be

La cinquième zinnode est la plus grande et la plus complexe, elle contient à elle seule 270 personnes soit la moitié des participants de tout le zinnopôle sud-ouest. Nommée << E-volution@bru.be », elle regroupe 18 associations bruxelloises et majoritairement anderlechtoises dans un même projet. Il s'est avéré que ce projet

était trop ambitieux et que ce sont deux voire trois zinnodes qui auraient remplacer cette zinnode unique.

Cette zinnode est celle du zinnopôle, la Boutique Culturelle et de Rinck l'ont donc coordonnée avec les trois coordinateurs artistiques. La méthodologie des artistes consiste à tout d'abord essayer de savoir ce que les participants veulent dire (et non faire), il fut donc difficile voire impossible d'avoir un projet réellement commun. Ainsi, le début de la zinnode continuait sur l'idée de recyclage des zinnodes

précédentes alors que la suite était plus tournée vers une reconquête frontale de la ville.

Les associations concernées sont Giebus animatie mime groep (deux personnes pratiquant le mime de façon professionnelle), vzw Alhambra (Ecole au devoir), Méli-mélo (chorale multiculturelle), Gemeenschapcentrum de Markten (prêt de locaux de répétition), vzw De buiteling (école des devoirs), vzw De Kapruin (réunion de psychotiques), Riso Peterbos (maison de jeunes), Four you Dance (école de breakdance pour jeunes des quartiers difficiles), Black&White Band du Crit&Code (thérapie de handicapés mentaux par le djembé), asbl les Vraies Richesses (centre de jour pour handicapés mentaux), asbl Facere (centre pour handicapés moteur-cérébraux), Brazil Attitude (danse brésilienne), vzw Mandacaru (percussions brésiliennes), le CEFA d'Anderlecht (avec l'atelier de constructions plastiques), Gemeentelijk Atheneum van Anderlecht (avec l'atelier de photographie), Vlaams Centrum voor Amateurkunsten (prêt de locaux) et Sint-guido Instituut.

Des interactions complexes ont émergées entre certaines de ces associations notamment via des répétitions communes. Des rencontres mensuelles ont également eu lieu entre les responsables d'ateliers et l'équipe du zinnopôle sud-ouest afin d'organiser ces collaborations et de se diriger au mieux vers un projet réellement commun.

Cette zinnode est extrêmement diversifiée tant au niveau des types d'associations impliquées que du travail qu'elles y ont fait et de leur implication.

Yawar

La sixième et dernière zinnode est « yawar » supportée par le groupe du même nom situé à Genk. C'est une association proposant du théâtre de rue aux enfants du quartier difficile et mixte des HLM. La question posée est de savoir si l'homme n'est pas en train de se faire emprisonner par la machine. Huit mobiles ont été fabriqués représentant l'homme-malade et enfermé dans ses phobies, dans un narcissisme aigu ou une sorte de cannibalisme. Sont aussi représentés les fameux HLM et la vie quotidienne (les voisins, le bruit...) ou moins quotidienne (un incendie au cours duquel les bébés sont jetés par la fenêtre). Manquant de moyens et surtout de temps pour faire les déplacements, les contacts réguliers avec cette zinnode n'ont été que virtuels (e-mail).

Si cette zinnode est la plus petite du zinnopôle sud-ouest avec ses 35 participants, elle n'en est pas moins une des plus fortes de par l'atmosphère impressionnante et macabre qu'elle dégage.

C'est surtout une relation de confiance unissant les coordinateurs du zinnopôle avec le responsable de l'association qui permet la collaboration à distance et ce d'autant plus que les méthodes de travail de l'association sont tout à fait en corrélation avec les objectifs de la Zinneke Parade.

Yawar participe à la Zinneke depuis la parade de 2000 et n'a jamais manqué de force ni de créativité.

1.2.4. Les associations

Différents types d'associations participent à la Zinneke Parade. Elles se distinguent à la fois par leur importance et leur stabilité ainsi que par leurs activités habituelles. Ainsi, on peut retrouver des petites associations naissantes regroupant deux ou trois personnes n'ayant même pas forcément de locaux ou de reconnaissance légale autant que des grandes écoles ou des centres culturels bien établis. Les associations sont tantôt destinées à des activités socioculturelles ou socio-artistiques tantôt plus généralement à l'enseignement ou l'intégration sociale. Quelques partenaires sortent de la sphère dite culturelle comme les associations de commerçants ou un hôpital32 par exemple mais les liens avec des associations vraiment déconnectées de la sphère socioculturelle sont souvent plus difficiles à établir. Prenons, par exemple, la tentative vaine du zinnopôle nord cette année d'introduire un groupe de pompiers dans la parade.

Outre les différents types d'association, c'est surtout les types de participation des associations qui diffèrent. Plusieurs axes permettent de les distinguer :

? L'existence préalable ou pas du groupe de participants : les ateliers ouverts sont l'exemple type où le groupe se forme pour la Zinneke Parade. Les gens se rencontrent et travaillent ensemble dans l'optique de la parade même s'il

32 Dans le zinnopôle sud, l'hôpital Saint-Pierre a initié un projet zinneke avec le musicien Bob Vanderbob auxquels plusieurs personnes du personnel ont participé. Le projet initial devait utiliser la technologie wi-fi pour connecter les patients de l'hôpital avec le boulevard et leur permettre une interaction avec le public depuis leur lit d'hôpital mais cette partie du projet n'a pas pu être réalisée.

arrive que certains groupes continuent leur travail et se produisent alors dans d'autres événements comme c'est le cas pour l'atelier ouvert de fanfarah, fanfare créée pour la parade 2000 et qui est maintenant un groupe semiprofessionnel. Les autres associations ont souvent un public récurrent mais dont les participants se renouvellent en partie chaque année. Certaines associations créent des ateliers zinnekes qui rassemblent des participants de différents ateliers de la même association33. Certains groupes de la Zinneke Parade sont même fermés34 aux nouveaux participants mais idéalement pas alors à des interactions avec d'autres associations.

· L'existence préalable ou pas de l'activité ou des activités pratiquées pour la parade. Certaines associations créent des ateliers destinés au besoin de leur projet zinneke sans que les participants aient l'habitude de pratiquer cette activité. De même, certains groupes s'occupent de tous les aspects de leur spectacle (chorégraphie, musique, mise en scène et costume). Dans cette approche, l'association doit s'ouvrir à de nouveaux horizons, faire appel à de nouveaux spécialistes et gérer de nouvelles techniques, ce qui s'avère dans la plupart des cas des plus enrichissants. Cependant, un bon nombre d'ateliers se cantonnent à leur activité initiale en négligeant les autres aspects du spectacle ou en les confiant à d'autres mains. Cela permet certes aux participants de se spécialiser dans leur discipline propre et d'y consacrer tout leur temps de préparation, mais on passe alors à côté d'une ouverture intéressante à autre chose.

· L'importance de l'intervention d'un ou de plusieurs artistes. Entre autres choses, la Zinneke se veut un lieu de rencontres entre artistes et amateurs. Les coordinateurs artistiques sont pour cela présents au sein de chaque zinnopôle. Cependant, leur intervention directe dans les ateliers est souvent relativement réduite. Ainsi, selon les associations, des artistes sont engagés pour mener des ateliers à la place ou avec les animateurs et renforcer alors cette rencontre.

33 Comme ce fut le cas pour Cirqu'conflex

34 Des fanfares et des chorales par exemple comme la chorale Méli-Mélo qui a participé à la zinnode E-volution@bru.be.


· L'implication d'un animateur isolé jusqu'à celle de toute l'association y compris la direction. En effet, les associations reconnues comme partenaires ne sont pas toujours réellement engagées dans le processus zinneke. Beaucoup d'ateliers sont menés uniquement par l'animateur d'une association qui a décidé de lui-même de consacrer son atelier à la Zinneke Parade. Ces animateurs doivent alors faire preuve de beaucoup de force et de persévérance pour mener un groupe sans le soutien de leur association. Fort heureusement, ce n'est pas le cas de tous les partenaires et certaines associations s'impliquent profondément dans le projet.

· L'intensité de la collaboration avec d'autres associations. Selon les envies et modes de travail, une association va mener un projet seule ou en collaboration avec d'autres. La collaboration, qui se rapproche plus des objectifs zinnekes, implique des rapports plus complexes avec des processus de décisions de groupe d'écoute et de respect pour que les partenaires s'y retrouvent tous.

· Le pouvoir moteur de l'association au sein du projet. Certaines associations sont plus engagées dans la Zinneke Parade et déploient une énergie motrice qui fait avancer le projet et motive partenaires et participants. D'autres, par contre, doivent être constamment soutenues et encouragées pour avancer.

· L'importance donnée au projet zinneke. Liée au pouvoir moteur, elle influence beaucoup le travail fait au sein du groupe, les efforts de respect des objectifs, les moyens déployés et le temps consacré au projet.

Malgré toutes ces différences, les associations travaillent ensemble à la réalisation de la Zinneke Parade.

La participation à la Zinneke Parade peut tantôt booster l'association tantôt la faire sombrer par un investissement trop long et trop lourd dans cet événement à sans cesse renouveler35.

35 Marcel de Munnynck discussion du 16/01/04. Ainsi, le CC Escale du Nord choisie comme porteuse de zinnopôle sud-ouest pour la parade de 2002 a totalement sombré suite à cette activité (mais aussi pour des raisons qui dépassent l'effet de la Zinneke Parade).

1.2.5. Les participants

On peut d'abord distinguer trois grands types de participants : ceux qui participent dans le cadre d'une institution de jour, ceux qui participent dans le cadre d'une association de loisirs ou de formations et ceux qui se présentent spontanément aux ateliers ouverts zinnekes.

Les premiers sont principalement des gens en décalage avec la vie sociale commune, comme des handicapés physiques ou mentaux, qui sont encadrés par une institution chargée de s'occuper d'eux en leur rendant si possible la vie plus agréable. Un certain nombre d'associations de ce genre participent à la Zinneke pour permettre à leurs pensionnaires de montrer leur capacité au grand jour et de collaborer avec des gens << normaux >>. Ces échanges devraient conduire à une meilleure intégration des marginaux dans la société. Les participants venant de ce genre d'institutions sont informés sur la Zinneke et les possibilités qu'elle leur offre et choisissent de participer à la préparation et / ou à la parade. Ils ont des possibilités plus ou moins grandes d'investissement dans la parade selon les dispositions prises par leurs animateurs. Il en va de même pour les enfants qui ont un atelier zinneke dans le cadre de leurs cours.

La deuxième catégorie de participants se distingue de la première par le fait que ses activités dans l'association sont parallèles à une << vie active >> autant pour les enfants qui font ça dans leurs activités extrascolaires que pour les adultes qui y participent pendant leur temps libre. Ils ont pour particularité d'être intégrés généralement à l'année à une association qui leur propose à un moment donné une participation à la Zinneke Parade. Ils ne sont donc pas dans l'association pour la Zinneke Parade ce qui les distingue de la troisième catégorie de participants qui eux répondent à un moment donné à une annonce zinneke.

Ces annonces sont elles aussi diversifiées puisqu'elles interviennent à différents moments du processus zinneke selon les besoins d'organisation. Ainsi, un peu moins d'un an avant la parade, sortent des annonces pour créer des ateliers orientés sur la musique, le théâtre, la danse ou la création plastique pour participer à la Zinneke Parade après un long travail de préparation de groupe. Ces annonces sont renouvelées jusqu'à ce que les ateliers aient atteint le nombre nécessaire de participants. Plus tard, disons deux, trois mois avant la parade, apparaissent souvent des annonces pour aider à la réalisation des costumes et autres éléments

scénographiques souvent nécessaires en grand nombre. Viennent ensuite les demandes de bénévoles pour aider à l'organisation logistique du jour Z comme le transport de matériel, les vestiaires, le maquillage des défilants...ou même le remplacement en dernière minute de défilants indispensables mais absents36. Il est évident que les participants ont une implication bien différente dans la Zinneke selon le type d'annonce à laquelle ils répondent.

36 Ainsi six personnes sont arrivées au lieu de préparation du zinnopôle sud-ouest le 8 mai suite à un appel de bouche à oreille pour pallier au désistement d'un petit groupe important dans la narration. Ils ont pris leur rôle à coeur lors de la parade et y ont pris beaucoup de plaisir. Ils se sont d'ailleurs promis de participer au sein d'un atelier pour l'édition prochaine.

2. LES OBJECTIFS

Certains objectifs transparaissent déjà dans le chapitre précédent, mais il convient de les exposer clairement afin de mieux comprendre les motivations des différents acteurs de la Zinneke Parade.

Le problème de ce chapitre sur les objectifs est que, dans la pratique, au plus on descend dans les niveaux de l'organisation au moins les objectifs sont clairement définis. Ainsi, ils sont clairement exposés par l'asbl Zinneke vzw, mais sont déjà plus flous au niveau des zinnopôles. Il semble que plus on s'approche du terrain plus les objectifs sont concrets. Il est cependant évident que dans tous les niveaux, certaines personnes ont plus tendance à l'autoréflexivité et à la conceptualisation, ce qui est évidemment intéressant pour une recherche comme celle-ci. Malheureusement, je ne les ai pas toujours trouvées.

2.1. Au niveau de l'asbl

On peut distinguer des objectifs dits << politiques » vu leur ambition quant à un changement du monde et du comportement social dans notre pays, des objectifs plus << concrets » qui portent sur le processus de préparation de la Zinneke Parade et la parade elle-même.

2.1.1. Les objectifs politiques37

<< La Zinneke Parade touche à la diversité socioculturelle bruxelloise à partir d'une action artistique en cassant la fragmentation typique de la société ». Dans cette phrase de Myriam Stoffen, chercheuse en agogie à la VUB et coordinatrice au sein de l'équipe zinneke, sont repris trois objectifs importants de la Zinneke Parade :

· Toucher à la diversité bruxelloise malgré les divisions politiques et administratives par un projet interculturel.

· Partir d'une action artistique qui stimule l'autre langage qu'est celui de la créativité aidant à sortir du chemin classique d'expression. Elle permet aussi

37 Principalement basé sur l'interview de Myriam Stoffen du 11 février 2004. C'est en effet elle qui a été le plus loin dans l'explication des buts politiques de la Zinneke Parade.

de s'extraire du schéma paternaliste de service et soutien de l'Etat qui empêche la prise de pouvoir et le choix individuel.

· Casser la fragmentation sociale et tendre vers la création d'un cadre de

référence partagé sur lequel se base la vie ensemble dans la diversité.

La Zinneke Parade doit être un exercice d'une forme de démocratie basée non sur l'échange marchand mais sur le don et contre-don non commercial. Ce projet politique vise alors un mode de fonctionnement où chacun devient acteur et producteur au lieu de consommateur passif.

Nous sommes donc face à une volonté de changer profondément le monde actuel principalement basé sur l'échange marchand qui, dans sa logique poussée à l'extrême, déshumanise la société.

Ce dernier objectif n'a été clairement exprimé que lors de mon entretien privé avec Myriam Stoffen et n'est jamais apparu aussi clairement dans les réunions même celles axées sur les buts de la Zinneke. Par contre, les volontés d'émancipation et de rencontres interculturelles sont reprises à l'unisson au sein de l'équipe et de l'asbl en général (AG, CA).

2.1.2. Les objectifs concrets

On peut se rattacher à la charte zinneke pour comprendre les objectifs concrets de la Zinneke Parade (cf. annexe 1).

Deux idées principales en ressortent : la Zinneke Parade est une fête et une création. Une fête reflétant les multiples identités de Bruxelles et la vision multiple et onirique de l'avenir de la ville en partant des quartiers et de ses actions locales pour une réappropriation au cours du jour Z de l'espace urbain enfin libéré de ses moteurs à explosion et ses nuisances sonores.

Une création, fruit d'une collaboration entre artistes et débutants et entre tous les types d'associations populaires à travers l'utilisation des différents domaines des arts du spectacle, qui réinvente les traditions dans un échange interculturel.

Plus clairement, on va retrouver dans les objectifs :

· Une volonté d'appropriation de l'espace urbain sans moteur à explosion ni amplification sonore.

· Une revitalisation des quartiers via un développement local avec une collaboration entre associations et une mise en évidence des petites actions

locales. La mise en place d'un réseau d'associations couvrant tout Bruxelles

pour la Zinneke Parade mais aussi pour d'autres actions collectives.

· Un échange entre artistes et débutants et artistes et animateurs pour une découverte créative de nouveaux moyens d'expression et une créativité suscitée directement à la base, c'est à dire au sein des participants.

· Une volonté de collaboration interculturelle avec réappropriation des différentes traditions en une création contemporaine.

· L'inscription du projet dans la continuité de façon à repartir toujours sur des bases de travail plus solides et avec l'enseignement tiré des erreurs passées.

· Un financement suffisant pour payer honnêtement tous les artistes, soutenir les projets des associations et les réaliser matériellement sans toujours se contenter de bouts de ficelle.

En ce qui concerne non plus le processus zinneke mais son expression publique, à savoir le jour Z, les objectifs sont les suivants :

· Faire un spectacle artistique en tant que tel, avec une ouverture et une fin.

· Permettre une certaine compréhension des projets et des volontés narratives par le public avec l'aide, si nécessaire, d'un descriptif imprimé.

· Avoir une interaction avec le public, le faire intervenir, susciter chez lui des émotions de joie, de bonheur mais aussi parfois de peur ou de tristesse.

· Montrer la possibilité du travail en commun au-delà des différences, prouver les bienfaits d'une interculturalité enrichissante.

· Envahir l'espace public

· Rester dans des limites qui permettront de recommencer deux ans plus tard.

2.2. Au niveau des zinnopôles

Il est important de distinguer l'équipe du zinnopôle s'occupant réellement de la Zinneke Parade de l'association porteuse de zinnopôle car leurs objectifs dans la Zinneke peuvent différer.

2.2.1. Objectifs des équipes de coordination

Les équipes des zinnopôles ont un discours qui s'approche de celui de l'équipe
centrale. Les échanges et réunions fréquentes ont d'ailleurs aussi pour but de

partager des objectifs communs. Mais ce sont souvent des préoccupations plus concrètes encore dont se soucient les zinnopôles.

Il faut néanmoins préciser que ces équipes ne se fixent pas d'objectifs clairs à atteindre et qu'ils sont souvent restés sans voix pendant un certain moment face à ma question réfléchissant à ce que pouvaient bien être leurs objectifs.

Cependant, au sein des équipes de coordination, chaque rôle implique des objectifs un peu différents. Ainsi, la redynamisation des quartiers, la persévérance des partenaires pour faire aboutir leur projet et la collaboration effective et de préférence à long terme entre plusieurs groupes importent particulièrement à la personne chargée de la coordination associative.

La limitation des projets à la réalité du budget disponible et le soutien financier des associations en besoin, le respect des conventions préoccupent plutôt le producteur du zinnopôle.

La coordination artistique va, elle, s'attacher à la cohérence artistique de la parade, l'éveil de la créativité des participants, l'atteinte d'un certain niveau artistique et l'approche des différents aspects des arts du spectacle pour le développement d'un projet complet.

Ces différents objectifs doivent évidemment être équilibrés entre eux pour la mise en place du projet commun, cela est d'autant plus facile si l'équipe est soudée et communique beaucoup.

2.2.2. Différences entre les zinnopôles

En fait, il n'y a pas de différences importantes d'objectifs entre les zinnopôles. Me basant là principalement sur les interviews que j'ai eu avec les agents Z38, les différences se manifestent plus dans l'importance relative donnée aux différents objectifs. Cependant, ces dernières ne doivent, me semble t'il, pas être prises au pied de la lettre puisque elles sont influencées par les contextes des interviews : la personne parle en premier de ce qui la préoccupe plus au moment de l'interview. Lorsque j'ai essayé de mettre en évidence un objectif plus qu'un autre, ils m'ont tous fait comprendre qu'il s'agissait plus d'équilibre que de hiérarchie.

38 Je n'ai en effet pas interviewé les 15 coordinateurs artistiques, ayant déjà fait plus d'une vingtaine d'interviews. Il m'est donc difficile de distinguer les différences d'objectifs artistiques entre les zinnopôles d'autant plus que chaque artiste a sa façon personnelle de voir les choses.

Cependant, la corrélation entre ces éléments et les résultats observés met en évidence des différences nettes entre les zinnopôles qui seront traitées plus tard.

2.2.3. Objectifs des associations porteuses de zinnopôle

Les principaux objectifs des associations porteuses de zinnopôle sont :

· Faire partie et soutenir activement le grand projet qu'est la Zinneke Parade et s'intégrer dans son réseau associatif en y introduisant le réseau propre de l'association.

· Générer pour la Zinneke des nouveaux ateliers et de nouveaux projets financés en partie par les subsides zinnekes.

· Revitaliser le quartier

· Susciter la création

Il faut aussi savoir que les associations porteuses de zinnopôle doivent depuis cette édition 2004 signer un cahier des charges avec l'asbl Zinneke vzw ainsi qu'une convention où elles s'engagent à opter pour un certain mode de travail (cf. annexes 2 et 3)39. Les objectifs qui ressortent de ces textes sont l'appropriation collective du projet par toutes les composantes de la population des quartiers et la relation directe des artistes avec les participants zinnekes au sein des ateliers. Il est intéressant de constater que ces conventions parlent peu des objectifs pour se concentrer sur la réalisation pratique de l'organisation du projet. Certes, vérifier le respect de ces consignes d'organisation est bien plus facile que de voir si les objectifs fixés sont les mêmes, mais une clarification nette des objectifs de la parade ne serait pas superflue.

Il semble que ce soit surtout les institutions présentes en tant que porteuses de zinnopôle depuis l'origine de la Zinneke Parade qui s'implique plus dans l'organisation de l'événement : le Magic Land Théâtre, Infor Jeune, Le CC Jacques Franck ou Idéal Stand'art. Ils semblent avoir une conscience plus développées des enjeux et objectifs globaux de la Zinneke Parade mais aussi des exigences plus nettes et une interprétation plus personnelle des règles communes.

39 Il faut savoir que toutes les associations n'ont pas accepté de signer ce texte sans y faire des changements.

2.3. Au niveau des associations

Les objectifs des associations ressortis de mes interviews et des réunions furent principalement :

· De participer à un grand projet commun important dans la vie culturelle bruxelloise.

· D'avoir une occasion de montrer les capacités de l'association et de ses participants en plein centre de Bruxelles en prenant ainsi possession de la ville.

· De travailler en collaboration étroite avec d'autres associations et avec des artistes permettant ainsi de réaliser des projets d'envergure.

· De continuer le travail de l'association dans un contexte motivant pour tout le monde, permettant de se dépasser et d'évoluer.

Dans le cadre des associations pour marginaux et handicapés, l'objectif principal est l'intégration des participants dans un contexte incluant tous les types sociaux pour faire accepter l'idée que ces marginaux ont des capacités et peuvent s'intégrer dans la vie sociale de la ville.

2.4. Au niveau des participants

On retrouve chez les participants les objectifs suivants :

· Participer à la fameuse Zinneke Parade.

· Se divertir dans un atelier après le travail (l'école).

· Rencontrer des gens plus ou moins différents de nous.

· Travailler avec des artistes.

· Apprendre de nouvelles techniques ou approfondir une technique que l'on connaît déjà.

· Se dépasser et se prouver que moi aussi je peux y arriver.

· S'exprimer à travers un projet qu'on montre ensuite en ville.

Selon leur intégration dans un atelier ouvert ou dans une association, l'importance donnée à la participation à la Zinneke Parade varie. Dans les ateliers ouverts, on retrouve plus de gens qui viennent avant tout pour ça. Dans les associations, cela dépend si le groupe a été formé pour la Zinneke ou pas et à la demande des participants ou pas.

On constate que les ateliers ouverts zinnekes ont beaucoup de mal à trouver un public récurrent et stable au long du processus. En effet, beaucoup d'ateliers ont eu du mal à atteindre un nombre intéressant de participants. Les gens curieux viennent voir une, deux, trois fois puis s'en vont, faute de motivation, d'implication et d'attrait. De plus, ils ne s'intéressent souvent à la Zinneke Parade que relativement tard (2,3 mois avant le jour Z40) dans le processus de développement ce qui laisse bien peu de temps de préparation. L'attrait d'un atelier réside souvent dans la force du projet ainsi que dans la présence d'un animateur capable de maintenir un certain ordre dans une atmosphère agréable et d'un artiste capable de toucher les gens plus profondément en leur donnant accès à de nouveaux moyens d'expression. L'idéal est peut-être une personne combinant ces deux qualités ce qui évite en plus des conflits animateur-artiste41 (Cf. chap. 4.2).

40 C'est aussi souvent le cas des petites associations.

41 Interview deThierry Van Campenhout du 12/05/04

3. LES MOYENS

J'entends par moyens les procédures et mécanismes mis en place pour parvenir à atteindre les objectifs.

3.1. Au niveau de l'asbl

3.1.1. Subventions

Les subventions et sponsors sont primordiaux pour le bon fonctionnement du projet, même quand on veut mettre en évidence des échanges non marchands.

La principale source de revenus de la Zinneke Parade est le subventionnement d'Etat.

Les subventions viennent de nombreux ministères et départements, francophones et néerlandophones, fédéraux, régionaux et communautaires...de quoi attraper des migraines.

La Zinneke est subventionnée plus ou moins à hauteur de 2 millions d'euros tous les deux ans par les divers gouvernements et administrations. Les différentes associations préparent elles-mêmes les dossiers de demande de subvention qui transitent par l'asbl pour être considérées comme appartenant au projet Zinneke par les pouvoirs publics. Cependant, certaines associations ne passent pas par cet intermédiaire ce qui complexifie encore plus la compréhension globale des subventionnements et empêchent l'asbl de conserver un contrôle sur les projets proposés en leur nom.

De façon résumée, la Zinneke est principalement soutenue par la région bruxelloise qui lui donne 770000€ plus 12 ACS (qui coûtent 670000€), la COCOF 102590€, la VGC 134766€, les communes 168167€, la région flamande 125000€, la communauté française 338626 €. Les premières subventions viennent de la Région Bruxelles-Capitale, principalement du programme de Revitalisation des quartiers qui offre une enveloppe renouvelée tout les ans à l'asbl Zinneke et du programme « image de Bruxelles » qui donne aussi une enveloppe annuelle, mais en baisse constante, destinée à la communication de la Zinneke42.

42 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04

En ce qui concerne les aspects artistiques et culturels de la parade, l'équipe de l'asbl essaie depuis plus de deux ans de signer une convention avec la Communauté Française qui lui assurerait un subventionnement en progression sur 4 ans, notamment pour les salaires des coordinateurs artistiques, associé à une intervention systématique au bénéfice des groupes demandant des subsides au nom de la Zinneke Parade. Cet accord n'a pas encore été signé, suite notamment aux changements successifs de ministres. La présence d'un nouveau gouvernement implique maintenant une négociation reprise à la base. Si ce contrat de longue durée n'a pas pu être appliqué, la Communauté Française a quand même subventionné la Zinneke Parade a travers une aide au paiement des artistes et une intervention systématique sur les dossiers zinnekes. Mais sans le contrat, la hauteur de ces aides est renégociée chaque année43. On pourrait penser qu'un événement tel que la Zinneke Parade devrait être nettement plus soutenu par la Communauté que par la Région de part son côté clairement culturel relevant des fonctions de la Communauté. Mais les aides importantes sont surtout question d'affinités politiques avec le projet et ses porteurs, ainsi le Ministre Tomas soutient particulièrement le projet alors que les ministres successifs des Arts ne voient pas la Zinneke Parade d'un si bon oeil. Le représentant de Ducarme a d'ailleurs clairement dit que le ministère des Arts et des Lettres considérait que les artistes de la zinneke « ne sont pas vraiment des artistes »44

La présidence de la COCOF45 octroie une intervention annuelle à l'asbl, son service de la culture subsidie pour une somme relativement basse le caractère artistique. Les affaires sociales ont apporté une aide en 2003 non renouvelée46.

Du côté flamand, la Vlaamse Gemeenschap apporte des aides par ses services des affaires bruxelloise et socio-artistique qui sont rediscutées chaque année. La Vlaams Gemeenschap Comitie aide les zinnopôles via une subvention aux 3 centres culturels flamands et subsidie l'asbl à travers le budget de revitalisation de la ville47.

43 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04

44 Commentaire de M. Deprey, représentant de Ducarme avant sa démission, au cours du comité d'accompagnement réunissant les pouvoirs subsidiant et l'équipe zinneke du 9/02/04.

45 Tenue par le ministre Tomas...

46 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04

47 Idem

Les subventions qui arrivent à l'asbl sont utilisées pour les frais de fonctionnement de l'asbl, pour la communication, pour payer les artistes et pour les frais de production des zinnopôles qui eux-mêmes peuvent redistribuer aux différentes zinnodes selon leurs besoins48. Les porteurs de zinnodes ainsi que les zinnopôles sont néanmoins censés rentrer des dossiers de subsides auprès de ministères qui ont des accords avec l'asbl, comme la communauté française ou certains fonds fédéraux mais qui là dépendent d'un soutien communal. Ils sont également censés chercher des fonds dans d'autres programmes de subventions (cf. chap. 4.1).

Ce qui semble à première vue une grosse somme ne suffit pas à faire fonctionner la Zinneke comme ses dirigeants le désirent.

De manière générale, les subventionnements ne cessent de diminuer depuis la première parade alors que les besoins augmentent. Si ce schéma continue, les objectifs et l'ampleur du projet devront clairement être revus à la baisse et la Zinneke risque fort d'y perdre en qualité. On se retrouve ici dans une difficulté commune à la quasi entièreté du monde socioculturel qui doit constamment survivre avec des bouts de ficelle et qui, quand il atteint malgré cela une certaine qualité, se voit rétorquer l'argument que puisqu'il y arrive comme ça, il n'a pas besoin de plus...

Du côté des sponsors, la situation est encore bien plus dramatique. En fait, aucune société privée n'a accepté de financer la Zinneke Parade. Les contreparties proposées par l'équipe ne leur semblaient pas suffisamment avantageuses et sans doute l'équipe elle-même n'a pas fait suffisamment de concessions pour parvenir à un accord. Cependant, quelques échanges de services ont tout de même été conclus : la publication du magaprogramme zinneke49 dans plusieurs journaux de la capitale, la retransmission du jour Z et des reportages sur la préparation sur Télébrussel, des réductions dans des magasins de matériel...Ce sont là des échanges pratiques, certes, mais pas suffisants pour combler les manques de ressources sonnantes et trébuchantes de la Zinneke Parade (Cf. 4.1.).

48 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04

49 Le magaprogramme zinneke reprend la composition de chaque zinnopôle avec des éléments narratifs et des dessins permettant au spectateur de reconnaître ce qui passe sous ses yeux le jour de la parade.

3.1.2. Le réseau

La principale façon dont les fondateurs de la Zinneke Parade ont voulu répondre à leurs objectifs de collaboration entre associations et de travail commun fut la mise en place d'un réseau.

Ce réseau d'association se veut non hiérarchique et non centralisé. Cependant, son observation montre un schéma assez pyramidal contraire à cette volonté de réseau. L'étude plus approfondie de la situation montre qu'une évolution du réseau initial tend implicitement vers un schéma pyramidal50, évolution qui est détaillée dans le chapitre des difficultés (cf. 4.6.) car elle cause des conflits non négligeables.

Cependant, il convient de décrire le réseau comme il a été pensé au départ et comme il fonctionne encore partiellement aujourd'hui.

L'idée de base est que les associations sont reliées entre elles notamment par des réunions de porte-paroles pour travailler au projet commun qu'est la Zinneke Parade. Mais comme ces associations sont trop nombreuses (environ 250), elles sont divisées en 5 zinnopôles, pôle de développement culturel de quartiers, qui récoltent et échangent les informations, eux-mêmes en relation à travers l'équipe centrale qui coordonnent le tout et s'occupe des relations d'ensemble avec l'extérieur. Ce schéma axé sur une action volontaire de la base n'est que partiellement réaliste. En effet, les zinnopôles suscitent aussi pas mal de vocations zinnekes auprès des associations locales, les encouragent et les aident à faire aboutir les projets. De même, la place de l'équipe dirigeante ne fait que s'accroître.

Afin d'assurer une certaine cohérence au réseau, les agents Z ont été formés par l'équipe à leur arrivée dans la structure et des documents comme les conventions et le cahier des charges assurent un travail similaire (cf.annexe 2-5).

En fait, on voit qu'à la base les fondateurs de la Zinneke se sont retrouvés porteurs de zinnopôle ainsi que dans l'AG et le CA de l'asbl zinneke vzw. L'équipe n'était, elle, constituée que de deux personnes : Marcel De Munnynck, arrivé à la Zinneke en tant que chargé de mission pour Bruxelles 2000 et donc profondément impliqué

50 Ne voulant pas arriver à un tel schéma, l'asbl et l'équipe devraient prendre des mesures pour revenir à un schéma donnant plus de responsabilités aux partenaires. Ces allers-retours entre la forme pyramidale et le réseau horizontal font partie de la recherche d'un équilibre difficile à obtenir. (Cf. chap. 4.6 ; Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04)

dans la mise en place du projet et Nathalie Bücken, tous deux soutenus par la structure de Bruxelles 2000.

Dans cette structure à plusieurs niveaux, le travail en réseau est défendu par rapport à un travail hiérarchique car il n'y a pas de subordination et d'obéissance en tant que telles. Les décisions sont prises lors de réunions suite à des discussions où tout le monde peut donner son avis. Il est cependant évident que certaines personnes sont plus aptes à se faire entendre que d'autres.

Pour atteindre ses objectifs de collaboration sans frontières, tous les types d'associations sont les bienvenues dans la Zinneke tant qu'elles sont prêtes à respecter le cahier des charges (cf. annexe 2). Il est même demandé aux coordinateurs associatifs de zinnopôle d'essayer de diversifier un maximum leurs partenaires pour couvrir l'ensemble des types d'associations de Bruxelles.

3.1.3. Réunions et résolution des conflits

Pour maintenir un réseau efficace, l'asbl zinneke organise de nombreuses réunions déjà décrites au chapitre 1.2.1. Les réunions permettent de lier les zinnopôles entre eux car chacun est conscient de ce qui se passe à côté et peut donner son avis sur les problématiques des autres. Dans l'idée d'un travail commun, les réunions organisées au sein de l'équipe sont les seuls endroits où les zinnopôles ont des relations entre eux. Elles sont donc primordiales. Il est évident que les 120 associations de terrain n'ont pas toutes des relations entre elles et que le travail commun ne se fait donc pas sur le terrain mais par la définition de conduites et d'objectifs idéalement communs. Cependant, des synergies se produisent dans les petites collaborations de terrain qui sont assez nombreuses.

Les réunions de l'asbl, qui ne rassemblent qu'exceptionnellement des représentants d'associations autres que porteuses de zinnopôle51, aident également l'équipe à avoir connaissance des avancées et difficultés des zinnopôles eux-mêmes et des associations regroupées en leur sein. De cette façon, ils peuvent donner des conseils pour arranger les conflits et orienter les décisions dans le sens qui leur semble le plus « zinneke ».

51 Pas les porteurs de zinnode et encore moins les représentants des petites associations de base.

Si les conflits sont trop importants ou les situations trop critiques, des réunions sont organisées avec tous les gens concernés, parfois un peu trop tard d'ailleurs. Les membres de l'équipe peuvent ainsi entendre les différentes versions de l'histoire et tâcher de résoudre le conflit au mieux.

3.1.4. Bara

Depuis plusieurs années, le projet de trouver un grand espace commun pour organiser une partie des ateliers zinnekes occupe les esprits. Ce projet se concrétise dans le déménagement prévu avant 2005 de l'équipe dans un grand bâtiment de la rue Bara où de nombreuses pièces sont disponibles pour les ateliers.

Les effets de ce genre d'endroit ont déjà pu se sentir dans l'utilisation d'un bâtiment de la rue du Brochet à Ixelles proposé par la commune au zinnopôle est en 2004. Ce zinnopôle a alors ouvert ses portes à d'autres et des synergies se sont créées notamment avec le zinnopôle nord car les participants ont pu directement voir ce qui se passait dans d'autres ateliers zinnekes. Des échanges de techniques, d'idées ont émergés de ces rencontres ainsi qu'un sentiment beaucoup plus fort chez les participants de faire partie d'un grand projet commun.

Les locaux de Bara, plus spacieux, devraient permettrent à des zinnekes de tout bord de se rencontrer, renforçant de manière significative les objectifs de rencontres entre personnes de toutes cultures, générations, classes sociales alors que le travail actuel « chacun dans son coin » ne permet ces rencontres qu'au sein d'un même atelier.

Nick Honinckx (ancien organisateur de la zinneke parade avec qui la fin de collaboration de s'est pas fait sans accro (Cf. chap. 4.4.) mais qui était présent dès Bruxelles 2000) met lui en évidence le fait qu'un endroit commun est contradictoire avec l'idée d'un réseau décentralisé et qu'on perçoit dans cette idée les volontés implicites de centralisation et de pouvoir sur les projets par l'équipe de l'asbl. La logique zinneke veut une forte implantation dans les quartiers et des échanges où l'un va chez l'autre, et pas tous dans des locaux centraux 52

Si ce point de vue n'est pas injustifié, les intérêts qu'apporte un tel lieu commun
répondent à des objectifs plus importants que ceux qui justifient une décentralisation.

52 Interview de Nick Honinckx du 18/02/04 en partie confirmée par l'interview de Patrick Chaboud du 23/06/04. A la différence près que Patrick Chaboud a toujours voulu un lieu de rencontre commun mais pas sous la main mise de l'équipe.

En effet, sa présence serait sans doute des plus bénéfiques à la conscience de projet commun des participants qui fait actuellement partiellement défaut. (Cf. chap. 4.5), d'autant plus quand on voit les évolutions structurelles de l'organisation qui tendent vers une centralisation. (cf. chap. 4.6.).

3.1.5. Les coordinateurs artistiques

Les coordinateurs artistiques sont engagés par l'asbl Zinneke vzw53 afin de parvenir à faire du projet un projet artistique se différenciant d'un simple carnaval par ses volontés de créativité et d'originalité suscitées chez les participants, ainsi que pour assurer un spectacle complet reprenant des éléments de scénographie, de mise en scène, de chorégraphie et de musique.

Si lors des deux premières parades, un seul coordinateur artistique était attaché au pôle, ils sont maintenant trois. Ce renforcement de l'équipe artistique est lié à une volonté nette de l'asbl et de ces instances de donner plus d'importance au côté artistique de la parade. Ce changement est également dû aux constatations de 2002 : les coordinateurs artistiques étaient submergé de travail et ne pouvaient pas assumer pleinement leur tâche. Soit ils essayaient de partager leur travail avec d'autres artistes mais les fonds disponibles étaient assez limités, soit ils ne faisaient leur travail qu'à moitié et laissaient une grande part des responsabilités artistiques aux animateurs d'ateliers. Les nouvelles équipes ont donc été conçues autour d'un artiste travaillant au sein du zinnopôle pour la parade précédente pour qu'il puisse communiquer son expérience de la Zinneke Parade aux autres artistes et qu'il oriente la coordination artistique du zinnopôle. De plus, ces artistes ont pu réaliser leurs faiblesses au cours de l'édition précédente et composer une équipe artistique les complétant au mieux. Ainsi, par exemple, un metteur en scène maîtrisant aussi un peu la chorégraphie va plutôt s'entourer d'un scénographe et d'un musicien. La présence de trois artistes de spécialités différentes au sein de chaque zinnopôle permet alors une diversité d'approche qui n'était pas présente pour les éditions précédentes. Si les moyens sont disponibles, la directrice artistique de la parade

53 Et ce contrairement aux agents Z ce qui évite les problèmes évoqués au chap. 1.2.2. où les agents Z sont souvent assis entre deux chaises.

envisage une équipe artistique de 4 ou 5 artistes par zinnopôle pour les prochaines éditions, afin de vraiment couvrir toutes les disciplines artistiques du spectacle54.

Le profil recherché de ces coordinateurs artistiques est complexe. La définition de l'artiste est ici prise dans son sens syndical : l'artiste est celui qui vit de son art, et il est préférable qu'il soit expérimenté et reconnu dans le milieu où il professe. Outre ses capacités créatives, il doit savoir mener un groupe d'amateurs en suscitant la création chez eux sans imposer ses propres idées. L'artiste doit être capable de maîtriser les échéances et le processus dont les amateurs n'ont généralement que peu conscience. Il est évident que ce type d'artiste ne court pas les rues. Le choix des artistes de la Zinneke Parade n'est pas facile et il peut arriver qu'il s'avère finalement peu judicieux (cf. : 4.3.).

Le travail que l'asbl attend de la coordination artistique consiste à avoir vu et suivi tous les projets de son zinnopôle et comprendre les différentes volontés. Elle doit également lancer des petites pistes stimulant la création au sein des groupes et suivre leur effet. Elle doit pouvoir identifier les manques artistiques dans les différents groupes et trouver des solutions en impliquant au maximum les participants. Elle doit à la fois intervenir et transmettre son savoir à l'intérieur d'un atelier quand cela s'avère nécessaire et également apporter une certaine cohérence à l'ensemble du zinnopôle à travers un concept centralisateur des différentes expressions des zinnodes.55

3.2. Au niveau des zinnopôles

3.2.1. Méthodes et moyens globaux

De manière générale, comme évoqué plus haut, chaque zinnopôle est soutenu par deux associations, une francophone et une néerlandophone. Deux agents Z y travaillent avec trois coordinateurs artistiques. L'institution porteuse de zinnopôle fournit à son agent Z un bureau avec tout le matériel nécessaire, notamment un

54 Interview de France Gilmont du 14/05/04

55 Définition du rôle de la coordination artistique au cours du réseau d'Agent Z du 16 février 2004 par Marcel De Munnynck et France Gilmont.

ordinateur connecté et le téléphone pour assurer la communication indispensable à son rôle de coordinateur.

Les rôles des agents Z sont assez complexes, d'autant plus qu'ils ont été mal définis au départ laissant place à trop d'interprétations que les précisions de plusieurs textes postérieurs (Cf. annexe 4) n'ont pas pu corriger dans le chef de certains porteurs de zinnopôle (Cf. 3.2.2.1).

Coordinateurs associatifs

Selon l'annexe 1 de la convention entre l'asbl et les associations porteuses de zinnopôle (cf. annexe 4), le coordinateur associatif56 doit se charger de l'information, la sensibilisation, la mobilisation et l'appel à projets auprès des différents acteurs locaux. La convention précise que le coordinateur doit travailler en étroite collaboration avec le reste de l'équipe du zinnopôle à savoir l'agent Z chargé de la production et les trois coordinateurs artistiques.

Pour atteindre ses objectifs, le coordinateur associatif va donc organiser des réunions entre les différentes associations porteuses de zinnodes et parfois aussi toutes les associations du zinnopôle. Ces réunions permettent des rencontres et des échanges qui peuvent donner naissance à des collaborations entre différents groupes, et ce surtout au cours de l'année sans parade car c'est à ce moment que les projets apparaissent et que se discute l'éventuel thème du zinnopôle.

L'agent Z doit connaître suffisamment les associations pour deviner lesquelles pourraient travailler ensemble de façon enrichissante et encourage ces collaborations selon la proximité, des envies de chacun et de façon à ce que les projets correspondent à la philosophie zinneke.

Lorsqu'une association perd confiance en son projet, le coordinateur associatif doit pouvoir le motiver en mettant en avant les points positifs de son groupe et en lui donnant des pistes de travail qui l'aideront à continuer. Il doit également pouvoir mettre en garde un groupe oubliant les échéances des difficultés qu'engendre le travail de dernière minute et lui rappeler les objectifs de travail de long terme. Ce fut par exemple le cas pour la zinnode Movimiento de ida y vuelta du zinnopôle sud-ouest qui a mis énormément de temps pour se mettre en route et qui a finalement réalisé le travail sur deux mois alors qu'il devait en prendre au moins six, avec certes un résultat final assez extraordinaire.

56 Appelé dans le texte coordinateur à la participation.

Pour soutenir les projets au mieux, le coordinateur associatif doit être constamment à l'écoute des partenaires, repérer les problèmes implicites ou explicites et tenter d'y répondre par des conseils pratiques ou une aide concrète. Il doit informer les partenaires dès les premiers contacts des attentes et objectifs de l'organisation, afin que ceux-ci ne se voient pas reprocher des manques sur des points dont ils n'avaient jamais rien entendu. Ceci demande alors une définition claire des objectifs et méthodes de la part des zinnopôles et de l'asbl. Cette définition a parfois manqué pour la préparation de la parade de 2004 : la coordination associative du zinnopôle sud-ouest s'est vu reprocher quelques semaines avant la parade l'absence de communication avec les commerçants du quartier alors qu'on ne les avait jamais informés clairement de cette nécessité ; la coordinatrice du zinnopôle sud, elle, a donné des nouveaux objectifs venant de l'asbl à ses partenaires en cours de préparation ce qui ne leur a que peu plu puisqu'une partie du travail a dû être redéfini en cours de route57.

Producteurs

Toujours selon cette annexe de la convention, « la production comprend toutes les démarches nécessaires à la concrétisation des projets et idées, y compris les relations aux autorités publiques, les budgets particuliers et globaux, la recherche des moyens financiers, logistiques et pratiques, la recherche et la gestion de lieux de travail et de répétition » (Cf. annexe 4).

Le producteur du zinnopôle doit donc théoriquement trouver des subsides pour apporter plus de financements que ceux qui viennent des dossiers zinnekes envoyés aux pouvoirs subsidiant d'office le projet. En effet, les départements gouvernementaux et administratifs sont tellement divisés et le projet tellement large qu'il est possible de rentrer des dossiers dans un nombre insoupçonnable de programmes financeurs. Ainsi, le zinnopôle sud-ouest a réussi à trouver des subsides supplémentaires auprès du pouvoir fédéral dans le cadre de la politique des grandes villes. Mais l'équipe du zinnopôle sud-ouest était à ce moment là encore aidée par Jacques Coune, détaché de la commune d'Anderlecht, qui a une grande

57 Interview de Virginie Noël du 1/07/04

connaissance des fonctionnements ministériels et administratifs et est très au courant des différentes possibilités de subsides (Cf. chap. 4.4.)58.

Le producteur suit également les rentrées des projets au cours de l'année sans parade afin de vérifier que leurs ambitions soient matériellement réalisables. Il va donc discuter avec les associations pour connaître comment ils ont imaginé la réalisation de leur projet et leur faire comprendre les limites du budget et la nécessité de rester dans des rêves réalisables. Il va ensuite participer à la rédaction des dossiers remis aux pouvoirs subsidiants.

Pendant la réalisation des projets, le producteur est sollicité pour répondre à des problèmes pratiques souvent urgents majoritairement liés à un manque de matériel ou de services pour faire aboutir le projet. Il doit donc souvent pouvoir fournir des lieux de répétitions et d'entreposage, aider à fournir des liquidités, organiser des achats collectifs de matériel59...

Le producteur est aussi celui qui fait signer le cahier des charges (annexe 2) et les conventions aux associations partenaires. Il est intéressant de voir que certains des points repris dans les contrats sont délibérément ignorés par les zinnopôles et leurs partenaires. Ainsi, la coordination du zinnopôle sud-ouest estime que plusieurs éléments de ces contrats doivent être pris comme des indications plus que comme des injonctions comme, par exemple, le nombre de minimum 100 personnes par zinnode ou le travail en collaboration au sein de chaque zinnode. En effet, Katy Pylyser, agent Z du zinnopôle considère que certains de ces éléments sont travaillés sur le long terme et qu'imposer le respect absolu des contrats risque d'empêcher certains partenaires de participer alors qu'ils auraient pu atteindre ces différents points suite à deux ou trois parades60.

58 Si Jacques Coune a permis d'ouvrir les portes, les agents Z du zinnopôle sud-ouest ont néanmoins réussi à les garder ouvertes malgré les exigences formelles strictes du pouvoir subsidiant en question à savoir le programme fédéral de politique des grandes villes (interview de Katy Pylyser du 26/07/04).

59 En 2004, ce travail a été partiellement réalisé au niveau de l'asbl car un membre de l'asbl Bricoleurs sans frontière a travaillé au sein de l'équipe zinneke. Il a trouvé du matériel moins cher à travers des accords avec des magasins pour obtenir des réductions lors d'achats collectifs et a découvert du matériel de récupération à très bas prix voire gratuit.

60 Interview de Katy Pylyser du 26/07/04

Une réunion interpôle de production organisée pour discuter entre zinnopôle sans la présence de l'équipe a réuni les zinnopôle nord, nord-ouest et sud, les autres zinnopôles jugeant que cette réunion n'avait pas lieu d'être. Il y a été déclaré que l'agent producteur n'avait pas à chercher des moyens supplémentaires mais avait simplement un travail de gestion et de coordination. Ce point de désaccord est la source de nombreuses tensions avec l'équipe zinneke. Ils réclament << un seul lieu décisionnel de production général >> auquel les zinnopôles peuvent chacun participer << selon leur mode organisationnel >>61.

Le mode de fonctionnement de la coordination artistique a été développé au cours du chapitre précédent car ils sont directement engagés par l'asbl. J'ai cependant détaillé leurs différences de fonctionnement au sein des zinnopôles dans le point 3.2.2.2.

Un calendrier de coordination des zinnopôles (Cf. annexe 5) a été mis au point par l'équipe de façon à ce que les agents Z et la coordination artistique aient une idée claire de l'avancée supposée du processus. Ces échéances sont rarement faciles à respecter.

3.2.2. Différences entre les zinnopôles

3.2.2.1. Différences d'organisation entre les zinnopôles

Le zinnopôle Sud a la grande particularité de n'être porté que par un seul centre : le CC Jacques Franck. Cette particularité remonte aux origines de la parade lorsque Thierry Van Campenhout, directeur du centre fut appelé par Mirko Popovitch en 1997 pour développer le projet de Carnaval d'été, avant qu'il ne devienne le projet Zinneke. C'est << par hasard >> que le CC Jacques Franck s'est retrouvé seul porteur du pôle Sud en 2000, aucune autre institution ne s'étant portée volontaire. Le situation se perpétua à l'identique en 2002, si ce n'est qu'entre-temps les deux ACS avaient été engagés au sein du Jacques Franck, avec la particularité qu'un d'eux s'occupait de la coordination associative alors que l'autre était là comme coordinateur technique pour apporter une aide pour la construction matérielle de la parade. La production était et est toujours prise en charge par Thierry Van Campenhout lui-même. Le poste de coordination technique s'est finalement avéré

61 P.V. de la réunion de production de 01/04

peu efficace car l'aide technique n'est importante dans la Zinneke qu'en fin de parcours lors de la réalisation concrète des chars et autres constructions déambulatoires. L'agent Z se retrouvait donc à travailler comme régisseur du Jacques Franck pendant la grande majorité de son temps et son investissement dans la parade fut trop faible et superficiel62.

En 2003, une proposition a été faite par l'asbl Zinneke au Pianofabriek pour être le second porteur du zinnopôle sud et ce sans concertation avec le CC Jacques Franck. Les négociations ont finalement échoué car le Pianofabriek voulait le poste de coordinateur technique du CC Jacques Franck qui lui ne voulait pas le céder sans une redéfinition du poste. Vu le manque de spontanéité du Pianofabriek pour porter le zinnopôle, Thierry Van Campenhout et son CA ne voulait pas d'une collaboration principalement basée sur l'envie du Pianofabriek d'avoir un régisseur presque gratuit. Ils demandaient donc la création d'un nouveau poste ou une redéfinition du poste pour que l'ACS cédé ait un rôle plus important dans la Zinneke que celui assez limité de régisseur. Donc, finalement, c'est encore seul que le CC Jacques Franck a porté le zinnopôle sud pour la troisième parade63.

Les autres pôles sont portés par deux institutions, une francophone et l'autre néerlandophone sauf dans le cas du zinnopôle nord où les deux institutions (Infor Jeune et le Magic Land Théâtre) sont francophones. Cette particularité est justifiée par l'implication spontanée de ces deux institutions dès l'origine du projet zinneke alors qu'aucune association néerlandophone ne s'est proposée pour supporter ce rôle important de porteur de zinnopôle. Patrick Chaboud, directeur du Magic Land Théâtre, met d'ailleurs en évidence le caractère absurde d'une telle parité bilingue alors que la Zinneke et la ville de Bruxelles elle-même sont très largement francophones64.

62 Interview de Thierry Van Campenhout du 12/05/04

63 Interview de Thierry Van Campenhout du 12/05/04

64 Interview de Patrick Chaboud du 23/06/04. En effet, toutes les réunions auxquelles j'ai assisté, à part l'assemblée générale et une visite du zinnopôle sud-ouest auprès de la zinnode Yawar de Genk, étaient francophones, les partenaires néerlandophones étant de toutes façons bilingues à Bruxelles. Cependant, tous les papiers officiels de la Zinneke Parade doivent exister dans les deux langues traduisant ainsi une volonté d'officialité bilingue plus qu'une réalité pratique.

Un autre axe de différence entre les zinnopôles est l'implication des directions des centres dans le travail zinneke.

Au zinnopôle sud-ouest, les directions laissent les agents Z se débrouiller pour gérer le zinnopôle65 et n'interviennent que pour libérer des liquidités ou mettre des bâtiments à disposition. Le travail des agents Z est du coup assez considérable puisqu'ils portent le projet à deux sans conseil ni soutien. Certes, l'équipe de l'asbl est à leur disposition mais vu la quantité de travail qui les accapare également, ils n'ont pas toujours le temps d'aider ou de vérifier que rien n'a été oublié. Le choix des agents Z s'est posé sur des gens qui n'ont pas forcément une expérience dans le genre de tâches qui leur sont demandées telles que la communication avec les différents acteurs de la commune66 ou la production. Si cela permet de former des jeunes à ce genre de travaux, c'est aussi prendre le risque que malgré la meilleure volonté, le travail ne soit que partiellement fait et ce d'autant plus quand ces agents Z ne sont pas soutenus par les directions des associations porteuses de zinnopôle. Ce manque d'implication des directions remet aussi en question le point fondamental du réseau associatif à responsabilité partagée (cf. 4.6).

Dans d'autres pôles, comme le zinnopôle nord, les directions sont beaucoup plus impliquées et considèrent le projet zinneke comme un projet de l'association à part entière. Cette implication soulage le travail des agents Z mais à pour aspect négatif de rendre leur travail plus contraignant. On se retrouve ici dans une problématique complexe où d'un côté, le réseau zinneke suppose une implication profonde des différentes associations mais en même temps, où de trop fortes implications nécessitent une même vue du projet et de ces objectifs ce qui n'est pas toujours facile à atteindre. Si, par exemple, l'association porteuse de zinnopôle et l'asbl n'ont pas la même façon de concevoir le fonctionnement idéal du processus zinneke et

65 Il faut préciser qu'au moment de mon stage, la directrice de De Rinck était en congé de maternité et que sa remplaçante a montré un manque d'intérêt rare envers la Zinneke. La directrice de De Rinck s'intéresse elle beaucoup au projet même si la confiance qu'elle porte en Katy Pylyser motive le peu d'intervention qu'elle fait dans la gestion zinneke. Par contre, la Boutique Culturelle a rencontré des gros problèmes d'organisation puisque l'agent Z s'est retrouvé seul membre permanent de l'équipe pendant plusieurs mois, le soutien n'a donc pas été des plus évidents.

66 Outre bien évidemment les associations socio-artistiques, le zinnopôle doit être en relation avec les différents échevinats communaux et les associations de marchands.

que l'association porteuse s'implique dans le travail du zinnopôle, l'agent Z se retrouve tiraillé entre deux lignes directrices par toujours conciliables.

Les zinnopôles peuvent également s'organiser différemment en ce qui concerne la répartition du travail entre les deux associations porteuses. Dans certains cas, comme au zinnopôle sud-ouest, les agents Z travaillent main dans la main pour tout. La répartition des tâches et des relations aux partenaires ne se fait qu'au niveau le plus pratique. La concertation est permanente. Cela permet une plus grande cohésion de l'équipe du zinnopôle, d'autant plus que cette volonté de concertation est présente à tous les niveaux du travail du zinnopôle, aussi bien entre les deux agents Z qu'avec les coordinateurs artistiques et les partenaires. Cette manière de travailler, si elle ne pousse pas à la productivité avant tout et fait parfois perdre du temps, donne un réel sentiment de travail commun et de création collective.

Dans d'autres cas, les partenaires sont répartis entre les deux associations selon l'appartenance communautaire pour la coordination associative. Le travail de production, comme je l'ai signalé, a été quasi inexistant au niveau des zinnopôles en ce qui concerne la recherche de subsides. Par contre, la gestion de l'argent est soit pris en charge par la direction des associations, soit conjointement par les deux agents Z, soit les liquidités sont réparties entre les deux associations et chacun gère sa part, soit encore elles sont entièrement confiées à une des deux associations67. En théorie, on a toujours une des deux associations qui s'occupe de la production et l'autre de la coordination associative (cf. annexe 3).

La fréquence des réunions au sein du zinnopôle diffère aussi beaucoup d'un pôle à l'autre. Le zinnopôle sud-ouest, que je connais le mieux, organise des réunions hebdomadaires du staff, à savoir les deux agents Z et les trois coordinateurs artistiques, des réunions d'abord bimestrielles puis mensuelles des partenaires de la zinnode E-volution@bru.be qui est coordonnée directement par le zinnopôle (Cf. : 1.2.3.) et des réunions également d'abord bimestrielles puis mensuelles de pôle rassemblant les représentants des différentes zinnodes du zinnopôle sud-ouest. Toutes ces réunions servent de façon générale à partager les impressions sur le

67 Comme ce fut le cas pour le zinnopôle sud-ouest pour la parade de 2002, où l'ensemble de la production fut confié à Escale du Nord qui la géra d'ailleurs de façon assez catastrophique.

processus de développement des projets et leur avancée, à prendre des décisions communes et à s'échanger des informations venant de l'asbl Zinneke vzw ou des différentes associations.

Le zinnopôle nord-ouest comme au sud-ouest fixe des réunions de zinnopôle une fois par mois à l'approche de la parade (plutôt une tous les deux mois l'année sans parade). Les deux agents Z sont constamment en relation (deux, trois appels par jour) mais travaillent quand même de façon un peu moins symbiotique qu'au zinnopôle sud-ouest. Ils se divisent, d'ailleurs, les projets selon les affinités qu'a l'un ou l'autre avec les responsables de zinnodes. Des réunions d'équipe regroupant les deux agents Z et la coordination artistique se font selon les besoins, une à deux fois par semaine, parfois moins. Des groupes de travail réunissant des membres de l'équipe selon les besoins et quelques responsables de zinnodes ou d'association ont lieu face à des problématiques particulières qu'il semble important de discuter en groupe68.

Au zinnopôle est, les deux agents Z ont beaucoup travaillé ensemble, se répartissant les tâches selon les affinités de chacune. Finalement, une a pris en charge la production et l'autre la logistique et la coordination associative. Des réunions de zinnopôle ont été organisées en début de processus afin de déterminer le thème du zinnopôle et les projets de chacun. Ensuite, les réunions se faisaient par zinnode69. Il semble qu'il n'y ait pas de réunions régulières d'équipe mais la découverte d'un lieu commun de travail d'atelier à la rue du Brochet faisaient se rencontrer souvent les différents partenaires du zinnopôle. En fait, une grosse tension entre deux des artistes a empêché un travail d'équipe réunissant tout le monde de façon efficace (Cf. chap. 3.2.2.2).

Au zinnopôle nord, la production aurait dû être prise en charge par le Magic Land Théâtre mais c'est finalement le directeur d'Infor Jeunes qui s'en est chargé. Les agents Z ont travaillé à deux à la coordination associative, réellement ensemble pour des travaux tels que l'évaluation, sinon l'un se chargeait plus des PV, courrier et de l'organisation tandis que l'autre se rendait plus sur le terrain allant même jusqu'à assumer un travail de chorégraphe à certains moments70. Pour cette édition, les

68 Interview de Rik Staelens du 17/03/04

69 Interview de Nasha de Winne du 5/07/04

70 Interview de Sylviane de Ribaucourt du 23/06/04

réunions avec les partenaires se sont mieux passées que précédemment, les tensions ayant diminuées. Mais le manque d'argent est toujours une source importante de problèmes, comme dans la majorité des zinnopôles71

Au zinnopôle sud, la production a d'abord été prise en charge par un coordinateur artistique qui a finalement arrêté de s'en occuper en octobre 2003. La production a donc été reprise par le directeur. Parmi les deux agent Z du centre, un s'occupe de la coordination technique et n'est donc que peu occupé avant l'arrivée de la parade et l'autre de la coordination associative. Cette dernière assume ainsi un rôle d'assistante de production sans pouvoir de décision, le directeur du Jacques Franck n'ayant pas le temps de s'occuper des petits problèmes de production. Les réunions d'équipe avec la coordination artistique ne furent pas régulières vu l'emploi du temps trop chargé des artistes. Seules les situations d'urgence ont mené à ce type de réunion. Néanmoins, une réunion de zinnopôle était tenue par mois72.

3.2.2.2. Différences dans le travail de pôle des coordinateurs artistiques

Les coordinateurs artistiques aussi travaillent de façons différentes selon les zinnopôles : tantôt ils travaillent ensemble et avec les agents Z, comme au zinnopôle sud-ouest, tantôt ils travaillent plutôt chacun de leur côté dans le domaine qui les concerne avec peu d'échange entre eux, tantôt ils combinent ces deux extrêmes. Leurs relations aux participants et aux ateliers sont également diversifiées surtout dans leur ingérence plus ou moins forte dans la création et leur assiduité. Les relations avec les agents Z elles dépendent beaucoup des personnalités de chacun et de la capacité des artistes à prendre conscience des limitations budgétaires.73

Il semble que le rôle de la coordination artistique n'ait pas été clairement défini ou en tout cas mal communiqué lors de l'engagement des artistes. Du coup, ils ont un peu chacun interprété leur rôle à leur façon, ce qui ne fut pas sans créer de problèmes (cf. chap. 4.2.).

71 Interview de Carlos Da Mata du 29/04/04

72 Intervioew de Virginie Noël du 1/07/04.

73 Réunion des agents Z du 16/02/04

Zinnopôle sud-ouest

Au sein du zinnopôle sud-ouest, la coordination a travaillé de concert avec les agents Z. En effet, des réunions hebdomadaires les réunissaient autour de la table pour parler de l'évolution des partenaires et des observations de chacun. De plus, ils étaient toujours tous présents lors de toutes les réunions de la zinnode Evolution@bru.be et celles du zinnopôle. Une équipe soudée donc, si ce n'est que le chorégraphe initialement prévu leur a fait faux bond, la troisième coordinatrice artistique, chorégraphe, n'est arrivée donc que début mars.

C'est d'abord à deux74, que les coordinateurs artistiques ont commencé leur travail de prospection au sein des associations du zinnopôle afin de savoir ce que les gens voulaient « dire » plus que ce qu'ils voulaient « faire ». A partir de ces informations, ils ont mis au point un scénario général du zinnopôle censé apporter une cohérence à ces idées disparates. Ce scénario, établi à la mi février, devait orienter les décisions des zinnodes par leur insertion dans un schéma narratif afin qu'il fasse évoluer leur projet dans le respect de ce schéma. Cependant, beaucoup ont développé leur projet selon des soucis pratiques de réalisation et le schéma global est devenu de plus en plus éloigné des réalisations de terrain. Cette tentative de fil rouge au long du zinnopôle a donc partiellement échoué.

Ensuite, ils ont suivi l'évolution des groupes apportant une aide et des conseils là ils détectaient une faiblesse. Dans la zinnode E-volution@bru.be, les coordinateurs

ont amené une aide directe sur le terrain en animant partiellement des ateliers pour développer des aspects artistiques que ne maîtrisaient pas les meneurs d'ateliers. Cependant, ils ont finalement concentré leurs efforts principalement sur la zinnode E-volution@bru.be qui avait la particularité d'être coordonnée directement par le zinnopôle. Il est vrai que trois zinnodes sur six étaient non bruxelloises75, la distance rendant plus difficile l'intervention directe de la coordination artistique. La zinnode Movimiento de ida y vuelta, bruxelloise, mit tellement de temps à démarrer que les artistiques ne voyaient pas trop comment intervenir si ce n'est en insufflant des idées narratives et des pistes sur la façon de travailler. Aussi bruxelloise, la zinnode

74 Sonia Saurer, scénographe qui a été l'unique coordinatrice de zinnopôle sud-ouest pour la parade 2002, et Marc Bultereys, metteur en scène.

75 Venant de Genk, Gembloux et Chapelle-lez-Herlaimont, certaines auraient eu besoin d'un peu de soutien artistique.

Recirqu'lage fut, elle, très autonome sans qu'aucun manque artistique ne se fasse sentir. Ils n'auraient peut-être donc pas agi différemment si la zinnode Evolution@bru.be n'avait pas dépendu directement du zinnopôle. Cependant cette implication des coordinateurs du zinnopôle comme coordinateur de zinnode confère un double rôle difficile à gérer et qui complexifie un investissement idéalement égal76 dans toutes les zinnodes.

Des ateliers costumes ont également été mis en place pour la zinnode Evolution@bru.be afin que chacun puisse réaliser lui-même son costume sur une base commune à son groupe et en présence d'un artiste capable de le conseiller.

Un autre problème qu'a connu la coordination artistique de ce zinnopôle fut qu'un des artistes s'est révélé incapable d'assurer ses rôles. En effet, si ses qualités de meneur d'ateliers étaient indéniables, il s'est révélé assez peu apte à travailler sur des concepts et à trouver des idées intéressantes pour faire évoluer les projets. De plus, il a fait parfois preuve d'un manque de diplomatie auprès des partenaires ce qui est particulièrement dangereux dans un système de collaboration en réseau comme celui-ci. Cependant, le climat de bonne entente régnant au sein du zinnopôle a retenu les autres membres de l'équipe de critiquer ouvertement son comportement, considérant que cette erreur de choix serait résolue par un changement d'artiste pour la prochaine édition. Les tensions ont ainsi été évitées et il a été amené à prendre part à des mises en scène de déambulation de groupes de la zinnode Evolution@bru.be en participant directement aux ateliers.

Zinnopôle sud77

Le zinnopôle sud comportait un musicien, un metteur en scène et une scénographe. Ils ont envisagé leur rôle comme un travail de consultant, donnant des conseils à ceux qui en demandaient, rendant des visites qui furent souvent perçues comme de l'inspection dans les zinnodes et les ateliers.

En fait, toutes les zinnodes du pôle ont directement engagé des artistes pour aider à
la conception et la réalisation des projets. Les coordinateurs se retrouvaient

76 « égal » dans le sens que chacun doit recevoir une aide selon ses besoins.

77 Informations tirées des interviews de Virginie Noël du 1/07/04, de Thierry Van Campenhout du 12/05/04 et de France Gilmont du 14/05/04. Je n'ai malheureusement pas pu interviewer directement les artistes.

d'ailleurs tous les trois dans un projet de zinnode, ce qui les a encore un peu plus éloignés de leur travail de coordination.

Dans leur rôle de coordinateurs artistiques, les artistes ont parfois pris une position de juge de la qualité artistique des projets. Ainsi, au cours de la répétition générale, ils ont remarqué une qualité moindre dans quelques associations qu'ils ont alors critiquées plus ou moins ouvertement au risque de froisser les animateurs et les participants. Ce type de critiques, bien peu constructives à deux semaines de la parade, ne doit normalement pas faire partie de leur travail. Thierry Van Campenhout met en évidence le fait que le caractère artistique de la Zinneke Parade ne peut en aucun cas devenir un critère d'exclusion de groupes qui n'atteindraient pas une certaine qualité, d'autant plus que des projets parfois fragiles au cours de préparation se révèlent très forts le jour de la parade78.

Virginie Noël, coordinatrice associative du pôle, distingue deux types de projets : ceux conçus par un artiste et ceux conçus par une association, les deuxièmes étant souvent plus proches des participants. Dans le cadre des projets développés par un ou plusieurs artistes, la capacité de l'artiste à faire évoluer son projet en fonction des associations qui s'y insèrent et de leurs désirs influence beaucoup les possibilités d'intégration des associations dans les projets. En effet, se retrouver à jouer un rôle prédéterminé par un artiste sans pouvoir réellement y apporter une touche personnelle crée une distance par rapport au projet et empêche un réel investissement.

Il en allait de même pour les costumes qui dans la majeure partie des zinnodes furent conçus et réalisés sans aucune intervention de la part des participants. Certains enfants furent d'ailleurs, le matin de la parade, très réticents à enfiler ces costumes qu'ils n'avaient jamais vus.

Zinnopôle Nord79

La particularité de la coordination artistique du zinnopôle nord est qu'un de ses artistes n'est autre que Patrick Chaboud lui-même, directeur du Magic Land Théâtre qui porte le zinnopôle avec Infor Jeune. La position comme artiste engagé par l'asbl est ici complexifiée par cette situation d'autant plus que Patrick Chaboud fait partie

78 Le contraire arrivant d'ailleurs aussi, souvent par manque de participation.

79 Interviews de France Gilmont du 14/05/04, de Carlos de Mata du 29/04/04, de Sylviane de Ribaucourt et de Patrick Chaboud du 23/06/04

de la Zinneke Parade depuis ses débuts. A ceci s'ajoute son départ à l'étranger du mois de janvier au mois de mars 2004 déstabilisant l'équipe artistique dont il était le pilier central. Son retour à l'heure des répétitions générales a néanmoins reboosté les groupes car il fut capable très rapidement de déceler les manques et d'y apporter des solutions pratiques bien qu'un peu tardives.

La coordination artistique fut donc sous les mots de France Gilmont, « un grand capharnaüm ». Le travail des artistes aurait aussi commencé trop tard mais c'est le cas dans tous les pôles puisque les artistes sont théoriquement engagés de septembre à septembre suivant la parade et ratent donc tous les périodes de conception des dossiers de subsides élaborés au cours de l'année sans parade dans les délais imposés par les ministères.

Cependant, la coordination artistique s'est tenue aux objectifs de l'asbl en tâchant de susciter la création directement chez les participants au sein des associations locales de quartiers avec le risque parfois de ne pas atteindre un niveau artistique suffisamment élevé80 . Ce problème a aussi été rencontré par la coordination artistique du zinnopôle sud-ouest. L'apport d'un fil rouge cohérent fut apporté par le thème du zinnopôle choisi par les artistes au début du processus de création qui fut « les corps de métiers de la ville ». La présence récurrente de personnes représentant les murs de la ville structura leur parade de façon visible pour le spectateur.

Zinnopôle Nord-Ouest81

La coordination artistique du zinnopôle nord-ouest fut construite autour du musicien Luk Mishalle déjà coordinateur artistique de la zinneke parade à deux reprises. Il s'est entouré d'une chorégraphe, Mariam del Valle, qui l'avait déjà assisté en 2002 ainsi que d'un plasticien, Olivier Wiame, ayant également participé à la Zinneke Parade précédente mais dans un petit groupe.

80 Un jugement des résultats artistiques apparaît de façon plus ou moins explicite de la part de l'équipe de l'asbl zinneke face aux résultats des différents groupes lors des répétitions générales et du jour Z. Ces jugements relèvent principalement d'un point de vue subjectif dont les critères sont des plus flous : on parle souvent de «bricolage ». Les efforts mis en place pour développer le caractère artistique de la parade poussent à une plus grande exigence sur les résultats mais les objectifs de travail avec des débutants en limitent les possibilités (Cf. chap. 4.3.).

81 Interview de France Gilmont du 14/05/04, de Rik Staelens du 17/03/04, de Marian del Valle et de Véronique Thirion du 3/10/03 et du Luk Mishalle du 1/04/03.

Leur mode de fonctionnement fut de visiter les partenaires pour connaître leurs projets suite à la réception du thème de la parade 2004, et de les aider à y amener des aspects artistiques le plus tôt possible. Connaissant les envies de chacun, ils ont pu, avec la coordination associative, regrouper les associations entre elles selon les convergences. Les associations proposèrent aussi spontanément des collaborations.

Chaque zinnode est censée avoir un artiste choisi de manière interne avec parfois une proposition de la part du zinnopôle. Le niveau de ces artistes n'est dès lors pas toujours évident : certains animateurs ont tendance à se considérer comme artiste parce qu'ils maîtrisent plus ou moins une technique mais si la << vision artistique » leur fait défaut, ils ne peuvent que difficilement dépasser un résultat médiocre82.

Les coordinateurs artistiques tentèrent donc de superviser les projets et d'apporter leur aide là où elle leur semblait nécessaire. La méthode choisie au sein du zinnopôle fut une répartition des projets en trois avec des prises de décisions collectives impliquant des réunions fréquentes (2 à 3 fois par mois). Chaque coordinateur fait évidemment appel à un autre si le problème qu'il détecte dans << ses » projets relève d'une autre spécialité artistique que la sienne et qu'il ne se sent pas capable de le gérer seul.

France Gilmont met en évidence le fait que certains projets n'ont pas pu exploiter suffisamment leur potentiel pour des raisons bien plus liées à des problèmes de production au sein du zinnopôle qu'au fonctionnement de la coordination artistique83.

Zinnopôle Est84

C'est autour du metteur en scène Yves Coumans que s'est faite la coordination artistique même si les deux autres artistes, Matteo Segers , scénographe et Gabriella Koutchoumova, chorégraphe, avaient déjà participé aux Zinnekes précédentes. Selon France Gilmont, la coordination de ce zinnopôle fut la plus catastrophique à cause du désinvestissement de l'artiste central. Du coup, la chorégraphe fut mal informée quant au rôle qu'elle avait à jouer en tant que coordinatrice artistique, son

82 Interview de Luk Mishalle du 1/04/04. Ce problème est présent dans toute la Zinneke et dans le milieu socio-artistique en général et est souvent à la source des problèmes de collaboration entre animateurs et artistiques (Cf. 4.4.).

83 Interview de France Gilmont du 14/05/04

84 Interview de France Gilmont du 14/05/04, de Matteo Segers du 21/01/04, de Yves Coumans du 8/07/04 et une interview téléphonique de Nacha de Winne du 5/07/04.

caractère empêchant un bon contact avec France Gilmont qui aurait pu mieux l'orienter. C'est donc un seul artiste qui a réellement fait son travail en tentant de coordonner au mieux la parade.

Le point de vue d'Yves Coumans est très différent voire incompatible avec cette version des faits. Il affirme avoir visité la majorité des ateliers, apportant des conseils là où ils semblaient nécessaires, discutant avec les partenaires de leurs volontés, tout cela sans tenir compte des distances parfois très longues à parcourir vu les collaborations du zinnopôle éparpillées dans toute la Belgique. Il explique les tensions par le fait qu'une collaboration hors Zinneke avec Matteo Segers a pris fin avant l'engagement pour la parade 2004 et qu'ils n'ont finalement pas pu s'entendre. Le franc-parler d'Yves Coumans ne lui a pas attiré la sympathie de France Gilmont qu'il considérait comme trop absente du terrain et des réunions de zinnopôle.

Bref, deux versions très différentes d'une histoire qu'il ne m'a pas été possible de résoudre mais qui montrent bien les diversités de perceptions d'une même réalité et la complexité du travail collectif entre personnalités fortes. La différence fondamentale de perception du rôle de coordinateur artistique entre Yves Coumans (un regard sur les projets avec des interventions si nécessaire) et celle de Matteo Segers (une intervention plus axée sur le terrain en mettant directement la main à la pâte) a, semble t'il, fortement alimenté les tensions et le malaise qui se sont installés dans l'équipe.

Selon Matteo Segers, la parade de 2004 au sein de son pôle fut plus sociale mais moins artistiquement réussie qu'en 2002 à cause de ce problème de coordination mais aussi d'une diminution des ressources financières entraînant des projets moins ambitieux et moins spectaculaires. De plus, de très mauvaises conditions de défilé du pôle en 2002 ont dégoûté de nombreux partenaires85.

Il est intéressant de voir comment les artistes du zinnopôle est ont une assez
mauvaise image auprès des autres artistes de la Zinneke. En effet, le choix en 2002
d'un zinnopôle présentant les différentes phases de la vie d'un homme a été vu

85 En effet, un des gros problèmes de 2002 fut une mauvaise gestion des groupes et du public qui entraîna un trou de plus d'une heure au milieu du défilé, obligeant des groupes à attendre sous la pluie pendant trop longtemps. Le zinnopôle est étant en fin de défilé, une bonne partie du public était parti et ceux qui restaient avaient envahi le boulevard, rendant le passage des zinnekes particulièrement difficile.

comme une imposition stricte d'un thème aux partenaires, ce qui est contraire à la volonté zinneke de laisser les participants s'exprimer directement. Matteo Segers, notamment, a dès lors été classé comme un artiste qui impose son projet à des participants qu'il prend comme matière de réalisation de son oeuvre plus que comme potentiel créatif. Ces rumeurs sont niées par France Gilmont qui suit le travail de cet artiste depuis son arrivée dans la Zinneke. Lui-même décrit son travail comme une création où des gens sont ses outils mais des outils capables de s'exprimer et d'avoir quelques idées et que lui artiste va « manipuler >> afin qu'ils trouvent des idées qui vont dans le sens du projet global. Lui et la coordination artistique sont là pour donner un cadre de travail assurant une trame narrative cohérente au sein du zinnopôle dans laquelle les gens s'expriment comme ils le ressentent. Les artistes apportent aussi les éléments manquants, comme des costumes ou une chorégraphie, dans un groupe ayant travaillé la musique ou à la réalisation d'un char.

Il est cependant a signalé que la délimitation d'un cadre de création plus restreint pour les associations ne les empêche pas de faire preuve de créativité. Au contraire, le cadre restreint centre la créativité sur les éléments distinctifs des différentes zinnodes et ne se perd pas dans un cadre trop large où la moindre idée crée déjà la différence. D'ailleurs, les partenaires s'y retrouvent généralement bien. En 2004, le zinnopôle nord a décidé de définir lui aussi un cadre plus restreint que le thème général avec ses « corps de métiers de la ville >>86.

En tant que coordinateurs artistiques, Matteo Segers et Yves Coumans ont également coordonné des artistes87 de leur branche au sein des différentes zinnodes qui y apportaient un soutien direct de terrain. Des réunions entre les artistes de même branche et leur coordinateur artistique étaient alors organisées pour que le coordinateur puisse connaître l'évolution artistique des différents projets et conseiller ses artistes en cas de besoin.

86 Choix qui est d'ailleurs également critiqué par les responsables de zinnopôle qui ne travaillent pas de cette façon.

87 Ces artistes ont en fait été tantôt conseillés par les coordinateurs auprès des zinnodes, tantôt directement choisis par les responsables de zinnodes.

On voit donc que de nombreuses différences de fonctionnement distinguent les zinnopôles. Jusqu'ici, tant que les objectifs sont atteints, aucune façon de travailler n'est donnée en exemple comme le modèle à suivre. Il est cependant vrai que certaines différences sont considérées comme des dysfonctionnements, mais les publics des différents quartiers de Bruxelles nécessitent clairement des types de fonctionnement différents. Il semble d'ailleurs que les quartiers plus populaires, comme dans les zinnopôles nord, nord-ouest et sud-ouest n'acceptent que difficilement de travailler dans un carcan trop serré où leur expressivité serait limitée. Les zinnopôles sud et est qui travaillent dans des quartiers un peu plus aisés, peuvent donner moins d'espace aux associations et aux participants sans que cela ne pose de tensions insurmontables. Il est cependant clair que cette situation ne doit pas être généralisée puisqu'il s'il s'agit d'une simple constatation que je n'ai pas cherché à ériger en loi par une étude statistique approfondie (cela pourrait clairement faire un sujet de mémoire à part entière).

Tableau récapitulatif des différences de fonctionnement entre les zinnopôles88

 

Zinnopôle nord

Zinnopôle nord- ouest

Zinnopôle sud- ouest

Zinnopôle sud

Zinnopôle est

Porteurs

1.Infor-jeunes (fr), 2.Magic Land Théâtre (fr)

1.Idéal Stand Art (fr), 2.De Vaartkapoen (nl)

1.La Boutique Culturelle (fr), 2.De Rinck (nl)

CC Jacques Franck (fr)

1.GC Elsenhof (nl), 2.CC

Espace Senghor (fr)

Implication des porteurs

1.+ +
2.+ +

1. +

2. +/-

1. - -

2. -

+

1.+/-

2.+

Répartition des tâches

1.production

par le

directeur/ associatif

2. associatif plus de terrain

Problème de production. Division des partenaires entre agents Z pour associatifs.

1. officiellement production.

En fait, les deux agents Z font

tous ensembles

Production par directeur.

Agent Z associatif et un technique

1. production

2. Associatif travail commun au début du processus

Composition de la

Coordination artistique

Metteur en scène, chorégraphe, scénographe

Musicien, plasticien, chorégraphe

Scénographe, metteur en

scène, chorégraphe (arrivée tardivement)

Metteur en scène,

Musicien, scénographe

Metteur en

scène, scénographe , chorégraphe

Travail de Coordination artistique

Création

depuis la base Problème de l'absence d'un des artistes

Division des zinnodes entre artistes avec aide supplémentaire si besoin.

Travail collectif à partir de la base. Problème d'implication surtout dans une zinnode

Travail de consultance au niveau du pôle et implication personnelle chacun dans une zinnode

Soutien et consultance, travail sur le terrain.

Problème de mésentente entre deux artistes.

88 J'ai attaché à chaque institution de zinnopôle un 1. ou un 2. afin de ne pas devoir reprendre le nom entier dans chaque case. Une échelle de valeur allant de ++ à - - qualifie l'intensité d'implication dans le projet.

3.3. Au niveau des associations

A ce niveau, j'ai surtout pu comprendre le fonctionnement au sein du zinnopôle sud-ouest, bien que quelques informations aient parfois porté sur le sujet lors d'interviews avec des acteurs d'autres zinnopôles.

Au sein du zinnopôle sud-ouest, la structuration en zinnode s'est faite assez
spontanément. Cinq zinnodes sur six sont venues avec un projet prêt (qui a bien sûr

évolué) et avec des partenaires. La sixième zinnode étant E-volution@bru.be toutes les petites associations s'adressant au pôle ont été intégrées.

Pour participer au projet zinneke, les associations doivent organiser leur temps et leurs moyens pour les investir en partie dans la préparation du projet, notamment dans les réunions. Dans le cadre de petites collaborations, c'est souvent un animateur ou un artiste voire un professeur89 qui s'implique sans forcément recevoir de soutien de la part de l'association qui l'héberge. Il décide simplement d'impliquer les participants de son atelier ou les élèves de sa classe à la Zinneke Parade. Il ne réalise d'ailleurs pas toujours le travail et l'investissement qui leur est ensuite nécessaire pour parvenir à mener leur participation à bien. Ce type de figure se complique encore plus lorsque les participants sont des enfants car les responsabilités de l'animateur ainsi que les précautions à prendre sont décuplées et difficile à assumer seul.

Les ingrédients de réussite sont la capacité de l'animateur à passionner son public et à toujours lui donner l'envie de continuer. Pour une bonne collaboration avec d'autres associations, le responsable de projet zinneke doit savoir faire preuve de qualités de communication : sans respect, écoute et concession, il est difficile de faire un travail commun. De plus, ce projet collectif nécessite souvent plus de temps qu'un travail sans collaboration, à la fois pour les rencontres entre animateurs, les discussions et prises de décisions pour l'évolution du projet et pour l'organisation de répétitions rassemblant les groupes.

89 Ce qui n'a malheureusement pas été le cas pour E-volution@bru.be. En effet, les trois ateliers ouverts par le zinnopôle dans les écoles ont échoué faute de soutien de la part des directions ou de professeurs (Cf. 4.2.). Par contre, Cirqu'conflex a organisé un atelier de jonglerie avec l'école Marius Renard qui s'est déroulé pendant le cours de gym avec le soutien du professeur et qui a très bien fonctionné.

L'animateur doit aussi être prêt à travailler avec un artiste, ce qui n'est pas sans difficultés (cf.4.4.)

Du point de vue pratique, l'association doit disposer de lieux où organiser les ateliers et les échanges avec d'autres groupes. Pour la prochaine édition, les locaux de Bara seront disponibles pour ceux qui n'ont pas ces facilités.

Au sein des associations qui veulent assumer un rôle de porteur de zinnode, les personnes chargées de s'occuper du projet zinneke doivent à la fois pouvoir coordonner les différentes associations qui participent à la zinnode et assumer le travail administratif et de production. En effet, ce sont généralement les associations porteuses de zinnodes qui rentrent les dossiers de demandes de subsides liées à la Zinneke. Elles doivent dès lors mettre les projets au point avec leurs partenaires près d'un an et demi avant la parade, puis se charger de redistribuer ces subsides. Elles doivent également envoyer un représentant aux réunions du zinnopôle et organiser elles-mêmes des réunions entre les différents partenaires de la zinnode. Elles veillent aussi au respect des exigences venant du zinnopôle et de l'asbl zinneke, comme les échéances, la participation aux répétitions générales, le respect du cahier des charges, l'engagement d'artistes pour coordonner leur zinnode... Tout ce travail supplémentaire est parfois jugé trop lourd et peut décourager certaines associations, d'autant plus si les collaborations se passent mal.

Cependant, au sein du zinnopôle sud-ouest, toutes les associations porteuses de zinnopôle semblent avoir bien vécu ce rôle et les collaborations se sont bien passées, si ce n'est une collaboration entre Cirqu'conflex et le cactus (travail avec les femmes issues de l'immigration du quartier de Cureghem). Le cactus a été intégré dans la zinnode de Cirqu'conflex tôt dans le processus pour que les participantes de cette association réalisent les costumes de la zinnode. Une réelle collaboration des deux associations a été imaginée par des séances de discussion communes entre participants pour imaginer les costumes et bien communiquer le projet et par des ateliers où les femmes du Cactus étaient invitées à venir essayer les techniques de cirque utilisées par les participants de Cirqu'conflex pour la parade. Cependant, l'animatrice du Cactus a manqué d'enthousiasme et d'initiative et les costumes ont finalement été réalisés à la chaîne en dernière minute par les femmes du Cactus, créant une atmosphère tendue entre les deux associations.

3.4. Au niveau des participants

Les moyens mis à disposition des participants pour leur permettre de réaliser leurs objectifs dépendent avant tout de leur investissement personnel dans le projet et du contexte de l'atelier.

En effet, les objectifs tels que << participer à la Zinneke Parade », rencontrer des gens dépendent avant tout de l'assiduité du participant à l'atelier et de son ouverture d'esprit face aux autres. Si l'atelier mélange des gens de tout milieu, le participant devra mettre de côté ses a priori pour aller à la rencontre de personnes qu'il n'a pas l'habitude de fréquenter. Il doit également faire preuve d'humilité et d'écoute pour que la création puisse se faire ensemble, dans le respect de chacun.

Il est évident que la qualité de l'animateur ou de l'artiste est primordiale pour permettre aux participants de s'impliquer dans le projet. En effet, l'animateur doit à la fois permettre au gens de s'exprimer mais également maintenir une certaine organisation et un certain ordre pour faire avancer le projet tout en gardant une atmosphère de détente. Sa maîtrise de la technique pratiquée au sein de l'atelier et ses capacités d'enseignement vont permettre aux participants d'apprendre et d'atteindre un résultat de groupe dont ils seront fiers.

Nombreux sont les participants qui n'ont pas continué un atelier pour des raisons telles que : << c'était trop le bordel », << j'aimais pas l'ambiance », << j'en avais marre de toujours devoir reprendre le travail au début parce que des nouvelles personnes arrivaient »...

L'engagement dans le projet vient souvent progressivement, mais les premières impressions sont primordiales, équilibrées par la réelle envie de participer. L'implication des participants dans la création même du projet est souvent un grand stimulant qui permet une réelle appropriation et un sentiment de réalisation commune.

3.5. Les relations internationales

La Zinneke Parade ne veut pas s'enfermer dans son cocon belgo-bruxellois et essaie de développer au maximum les relations avec des événements plus ou moins similaires qui se passent hors de nos frontières. Des échanges avec des associations culturelles étrangères sont également mis en place avec plus ou moins de succès.

Ainsi les différentes initiatives qui ont été réalisées à ce jour sont90 :

· La collaboration avec les responsables de la Biennale de la danse de Lyon dont « le défilé » s'apparente beaucoup à la Zinneke Parade. Ce défilé s'insère dans un contexte cependant assez différent puisque la Biennale de Lyon est un événement pointu dans la chorégraphie contemporaine largement reconnu dans le monde artistique. Il a par ailleurs des ressources trois ou quatre fois plus élevées que celle de la Zinneke Parade. Il est prévu qu'un groupe zinneke prenne part au prochain défilé.

· La parade Par TôT de Bologne est ce qu'on pourrait appelé un enfant de la Zinneke Parade puisque c'est suite à un stage au sein de l'asbl lors de la préparation de 2000 que son initiateur a décidé de tenter une parade dans le même esprit dans sa propre ville : Bologne. Cette parade en est à ses débuts et est actuellement entièrement bénévole.

· Des relations malheureusement actuellement rompues sans raisons apparentes ont été initiées par l'équipe zinneke auprès des organisateurs du Carnaval de Luxembourg. Ce carnaval travaille dans une autre optique de la Zinneke puisqu'il est composé de différents groupes traditionnels défilant côte à côte sans la volonté d'échange interculturelle et de création d'une culture commune que véhicule la Zinneke.

· L'équipe était également en contact avec un groupe de Belfast qui organisait un événement plus ou moins similaire à la Zinneke. Ses responsables sont d'ailleurs venus assister à la parade. Malheureusement, cet événement est interrompu faute de moyens.

· Un échange a eu lieu en 2000 et en 2002 avec un groupe japonais qui est venu participer à la parade. Leur première participation s'est faite grâce au soutien d'une association japonaise de Vilvoorde qui a pour but de faire connaître la culture japonaise en Europe. Malheureusement, leur participation resta une démonstration traditionnelle de leurs talents en Taiko et danse du lion sans intégration ni échange culturel avec d'autres groupes zinnekes. En vu de la parade suivante, Marcel de Munnynck et Jean-Claude de Bemels se sont donc rendus au Japon pour expliquer ce principe de création interculturelle. Suite à cette visite, un maître de Taiko est venu

90 Interview de France Gilmont du 14/05/04

donner un atelier à Bruxelles pour la zinnode Fuga en collaboration avec un groupe de Taiko de Louvain La Neuve, des élèves de la Cambre et un artiste dont la spécialité est l'emballage de personnes dans du plastique. Si la préparation promettait un résultat des plus zinnekes, l'arrivée impromptue en dernière minute d'un groupe de Taiko japonais à fait capoter la chorégraphie mise en place pendant toute la préparation et a pris le rôle de la vedette au grand dam des organisateurs et des participants. Le meneur d'atelier qui avait donné les cours pendant plusieurs semaines a obéi sans broncher à son maître de Taiko qui faisait partie des nouveaux arrivants car, selon leur code de conduite, il lui doit obéissance91.

Ils ne sont plus revenus en 2004 faute de financement pour payer les billets d'avion.

· Par une suite de rencontres, une association congolaise de Kinshasa qui recueille des jeunes filles et travaille à leur réinsertion sociale par le biais de la danse (majorettes) et de la musique s'est trouvée en contact avec la Zinneke. La zinnode tribu Zumbi fusion avec le groupe BréZinneKin, Brésil-Zinneke-Kinshasa, prend naissance dans un projet de collaboration international géré par le zinnopôle est avec le soutien de l'équipe de l'asbl. Les organisateurs bruxellois ont fait un séjour de deux semaines là-bas pour rencontrer le groupe, lui expliquer la Zinneke et prévoir une collaboration concrète. Le groupe de majorettes a donc commencé un atelier de samba et de capoïera dans une optique d'échange culturel. L'équipe a également rencontré le ministre congolais de la culture et des arts. En définitive, 25 congolais auraient dû venir peu avant la parade pour répéter rapidement avec les autres groupes et défiler sur les boulevards bruxellois. Le suspens fut entier jusqu'à la dernière minute lorsque la décision définitive de l'office belge des étrangers est tombée : pas de visas pour les majorettes congolaises. Beaucoup d'efforts pour une déception finale donc, mais ce ne fut qu'une bataille perdue, pas la guerre...

· Dans le cadre de BréZinneKin, un groupe de Récif de travail avec les enfants de la rue a participé à la parade dans un travail qui malheureusement fut bien moins de collaboration et d'échange culturel qu'à Kinshasa.

91 Interviews de Catherine Simon du 17/12/03 et de Jean-Claude de Bemels du 21/01/04

On voit donc ici que deux types de relations internationales lient la Zinneke au reste du monde. D'une part, des contacts parfois concrétisés par des échanges avec des événements apparentés et, d'autre part, des collaborations concrètes avec des groupes étrangers qui s'insèrent dans un projet de zinnode. Des difficultés particulières s'attachent à ce deuxième type de relations telles que le coût des voyages, les trop grandes différences culturelles ou les frontières administratives...Mais ce type de collaborations renforce sans aucun doute les échanges culturels et répand hors des frontières belges la notion d'interculturalité créative92.

3.6. Le jour Z

Le jour-même de la parade est un élément très important dans le processus zinneke, malgré le fait que l'on puisse souvent le qualifier de prétexte. Car en effet, le jour Z n'est pas le but de la Zinneke. Ses objectifs sont décrits dans le chapitre 2 du même nom et le jour Z n'en fait clairement pas partie en tant que tel dans le chef des organisateurs. Par contre, il est une étape essentielle du processus et ce, pour plusieurs raisons :

· Le jour Z donne un objectif concret aux nombreuses interactions et collaborations. C'est en vue de ce jour que se conçoivent les projets comme autant de messages à faire passer au public et c'est autour de la réalisation de ces projets que se rencontrent les groupes et les individus.

· Le jour Z est l'occasion de prendre possession de la ville. C'est le jour où les zinnekes sont libres d'envahir les boulevards et les rues de leur quartier dans une ambiance festive.

· La présence du public est la preuve d'une reconnaissance du travail accompli pendant plusieurs mois et permet un échange supplémentaire, une communication ouverte à la masse de gens qui d'habitude nous ignore et aujourd'hui nous regarde avec attention.

· Le public et le contexte de spectacle donne une occasion en or pour se surpasser une dernière fois. Ils stimulent une énergie particulière qui permet

92 Cela sans, bien entendu, que je considère ce concept comme typiquement belge...

de danser, chanter, porter un djembé pendant plus d'une heure sans s'arrêter93.

· Les émotions fortes ressenties pendant ce jour particulier unissent les groupes de façon encore plus intenses amenant, selon Mirko Popovitch, une meilleure cohésion sociale94.

· Le jour Z est l'image de la Zinneke, une image de grande fête créative des gens de toutes sortes s'unissent pour réaliser un grand projet commun.

La réduction de la Zinneke au jour Z est cependant un travers contre lequel luttent les organisateurs, notamment auprès des pouvoirs subsidiants. En effet, le manque de succès que pourrait avoir un jour la parade même, par exemple à cause d'un climat que personne ne voudrait affronter, pourrait être utilisé comme un bon prétexte pour diminuer encore un peu plus les subventions95.

· Pour les spectateurs, il est souvent émouvant de voir des gens proches d'eux (on y vient d'ailleurs souvent voir telle ou telle connaissance qui en fait partie) qui parviennent à surmonter les différences pour travailler collectivement sans conflit raciaux, de générations ou d'intolérance96. Il est tout aussi émouvant de constater qu'ensemble, ils font preuve avec des choses simples d'une créativité impressionnante qui tranche particulièrement avec la culture commerciale et surfaite que servent quotidiennement les médias populaires.

93 Au cours des éditions précédentes, le trajet et donc le temps de parade étaient beaucoup plus long et c'est parfois 4,5 heures non stop que les gens faisaient continuer le spectacle.

94 Interview de Mirko Popovitch du 16/02/04

95 Interview de Marcel Rijdams du 27/04/04

96 Idem

4. LES DIFFICULTÉS

4.1. Subventions

La principale difficulté actuelle de la Zinneke Parade est le financement. Ceci est tellement vrai que l'asbl aura beaucoup de difficultés pour boucler le budget 2004 et prévoit actuellement un déficit de 150 000 €97. Cette situation s'explique à la fois par la diminution des subsides annoncés et l'augmentation des frais de la parade. En effet, les exigences artistiques coûtent très chères quand on veut payer honnêtement les artistes (qui font en plus beaucoup d'heures supplémentaires bénévoles) et le choix d'engager quinze coordinateurs artistiques est une des principales raisons de l'augmentation des dépenses. Il en va de même quand on travaille aussi avec des associations qui ont du mal à boucler leur budget et qui ont besoin de soutien et pas seulement avec des groupes stabilisés et largement subventionnés par ailleurs, et quand on essaie de réaliser des rêves sans trop les laisser se faire raboter par des soucis financiers ( certes en restant dans des limites raisonnables)...

La baisse de financement correspond à la politique budgétaire des entités gouvernementales. On voit en effet que les investissements dans l'expérimentation urbaine diminuent, tout comme le soutien des projets à long terme comme le développement durable. C'est d'autant plus problématique que, contrairement à l'Etat, le marché économique a compris les potentialités du secteur culturel et en prend de plus en plus les rênes en ayant pour objectif principal son insatiable profit.98 Il est assez surprenant de constater que les politiciens francophones de tous partis sont d'accord pour dire que la culture est importante et mérite une grande attention et une aide financière de la part de l'Etat99 mais que les décisions ne suivent pas.

97 Ce déficit est actuellement partiellement couvert par une aide exceptionnelle de la Région Bruxelles-Capitale. L'équipe cherche toujours des fonds pour combler le reste et pourrait bien couper dans leur salaire afin de limiter les dégâts au maximum (Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04).

98 Interview de Myriam Stoffen du 11/02/04

99 Conférence du 5/05/04 organisée par Culture et Démocratie sur les politiques culturelles en Belgique regroupant entre autre Joelle Milquet, Elio di Rupo, Jean-Marc Nollet et Olivier Chastel.

Du point de vue du sponsoring, l'<< arrogance >> 100 grandissante des sociétés commerciales mécènes d'événements culturels est telle qu'aucun accord de sponsoring n'a pu être conclu pour la parade 2004. En effet, les contreparties proposées par l'équipe contre financement n'ont pas su contenter les exigences des sociétés. Face à l'exemple de la << roller parade Lipton Ice101 >> de 2003, l'équipe zinneke a refusé de se vendre de façon si flagrante. Ils excluaient donc non seulement de travailler avec des sociétés dont les méthodes de travail allaient trop à l'encontre de leurs objectifs102 mais aussi de permettre à une entreprise d'afficher son nom en grand à l'intérieur de la parade. Leurs propositions se sont limitées à la présence du logo du sponsor sur les publications ou les bords de la parade, comme des possibilités de distribution d'échantillon103. Ce manque d'accord privé déplait aux pouvoirs publics qui sont seuls à financer la Zinneke.

Une autre raison du manque de financement est le travail de production raté au sein des zinnopôles. En effet, l'équipe zinneke conçoit la collaboration avec les associations porteuses de zinnopôle comme une co-production et non une commande104. Ces institutions sont donc censées apporter des ressources financières, ce que toutes ne font pas. A l'avenir, elles seront sans aucun doute obligées de le faire afin d'éviter ce problème de déficit.

Un agent Z par zinnopôle est normalement chargé de la production105 et l'autre de la coordination artistique. Cependant, comme je l'ai déjà mentionné à plusieurs reprises, leur travail de production n'a pas été bien réalisé. Le principal manque se situe dans la recherche de subsides qui doivent compléter les financements zinnekes.

100 Interview de Myriam Stoffen du 11/02/04

101 Depuis rebaptisée de façon moins ouvertement récupérée par le secteur commercial.

102 Les multinationales telle que Coca-cola considérée comme imposant une culture uniforme et ayant des méthodes trop axées sur les profits au détriment de l'humain.

103 Distribution publicitaire qui a d'ailleurs eu lieu sans l'autorisation de l'équipe.

104 Interview de France Gilmont du 14/05/04

105 Actuellement, comme susmentionné, plusieurs associations nient que cela fut aussi clairement défini au moment de l'engagement des ACS et refusent de se voir critiquées pour le non respect d'une règle qui n'a selon eux jamais été claire : Interviews de Thierry Van Campenhout du 12/05/04 et de Patrick Chaboud du 23/06/04. Si Marcel de Munnynck avoue que la définition originale des postes a été mal faite, il a précisé ces rôles à plusieurs reprises dans des textes officiels et notamment dans les conventions. Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04.

En effet, seul le zinnopôle sud-ouest a fait une recherche active de subsides. La principale raison semble être le manque de qualification des agents Z pour assumer ce travail : aucun ne connaît suffisamment les méandres des ministères pour y dénicher des possibilités supplémentaires de subventions. Selon France Gilmont, le profil idéal du producteur de zinnopôle est quelqu'un qui connaît non seulement les subventions et différentes aides-services disponibles mais aussi tous les partenaires et leurs besoins et ressources respectifs ainsi que les différentes disciplines artistiques. Il doit être comptable dans le non-marchand et pouvoir faire en sorte que l'artistique soit possible63. Beaucoup de qualités qui n'ont que peu orienté le choix initial des agents Z. La plupart d'entre eux étaient néanmoins disposer à apprendre mais personne, ni dans les associations qui les engageaient ni au sein de l'équipe de l'asbl, ne les a réellement formés. Ils n'ont donc pas trouvé de subsides complémentaires et le manque de financement s'est fait sentir dans tous les zinnopôles sauf au zinnopôle sud-ouest où leur recherche a été plus fructueuse grâce à une aide extérieure et où les projets ne furent pas trop ambitieux. Une des solutions envisagées par l'asbl serait de mettre fin aux contrats d'ACS dédiés à la production et que l'asbl engage directement des producteurs avec une obligation de résultats106. Cependant, cela impliquerait une centralisation encore plus poussée de la structure, ce que tout le monde, y compris dans l'équipe, ne souhaite pas (cf. 4.6).

De plus, le projet Zinneke s'attire quelques antipathies car il reçoit une partie non négligeable du budget dédié à la Culture en Communauté Française107 ainsi que du programme de revitalisation de quartier. L'équipe de la Zinneke Parade a pourtant l'avantage, par l'importance de l'événement, de pouvoir centraliser et redistribuer des subsides à leurs partenaires dont des associations qui ne parviennent que très difficilement à obtenir des subsides hors de ce contexte. Les critiques contre la Zinneke arrivent cependant aux oreilles des ministères qui y trouvent de bonnes justifications pour diminuer les subsides.

106 Interview de France Gilmont du 14/05/04

107 Sachant que la plus grande partie de ce budget part dans l'audiovisuel (RTBF) et dans le programme d'alphabétisation « Lire et Ecrire » qui renforce beaucoup d'institutions déjà en place en négligeant les associations émergeantes. (Interview de Myriam Stoffen du 11/02/04)

Certaines personnes au sein de l'organisation critiquent le coût de l'infrastructure zinneke et certains salaires du personnel de l'asbl, ainsi que le flou qui règne autour de ces informations. N'ayant moi-même pas eu accès à ces renseignements, je ne peux pas porter de jugement. D'autres personnes de la Zinneke jugent que les salaires sont justifiés par les responsabilités de l'équipe et les sommes qui transitent via l'asbl. Il semble que nous soyons ici dans un problème inhérent à notre société où l'idée de « responsabilité » peut justifier des salaires démesurés par rapport au reste de l'entreprise. On touche ici à une question presque idéologique en lien avec la redistribution des richesses. Il est cependant évident que ce qui se passe au niveau de la Zinneke n'a rien à voir avec ce qui ce passe dans certaines entreprises commerciales tant les proportions sont ici réduites. Cependant, la logique et le questionnement de base restent les mêmes.

4.2. Participation

La participation est l'essence même de la Zinneke Parade. En effet, sans participants, l'organisation aussi élaborée soit-elle n'a aucun lieu d'être. A travers ses nombreux partenaires de terrain, la Zinneke fait participer environ 3500 personnes plus toutes celles qui aident sans défiler. Une participation donc assez conséquente. Cependant, quelques projets et ateliers zinnekes souffrent d'un manque de participants et en particulier quand ils sont créés spécialement pour la parade. En effet, les associations qui orientent leurs ateliers dans une optique zinneke ont généralement déjà un public fidèle avec lequel ils se mettent d'accord sur cette participation à la Zinneke. Cirqu'conflex par exemple a renouvelé son partenariat suite à la demande de son public qui voulait renouveler l'expérience. Ce type d'atelier a l'avantage d'exister hors de la zinneke donc il continue à fonctionner indépendamment de la parade.

Par contre, les ateliers spécial zinneke sont souvent ouverts sur une période limitée, généralement les six à huit mois avant la parade. Ce côté temporaire implique un effort d'approche renouvelé à chaque édition. Il me semble en effet que l'arrivée dans un atelier est une étape difficile à passer : non seulement il faut trouver des informations sur les ateliers existants, choisir celui qui convient, concrétiser l'envie de participer en se rendant réellement à l'atelier malgré la crainte de l'inconnu et ensuite parvenir à s'insérer dans le groupe en s'ouvrant à des inconnus, confronter

ses attentes avec la réalité de l'atelier pour finalement décider de revenir. Toutes ces étapes, comme autant de risques de laisser tomber, se retrouvent beaucoup moins lorsqu'on est inséré dans l'atelier continu d'une association où l'on retourne chaque année. Dans l'atelier ouvert, cette approche est à refaire à chaque édition de la parade et on a chaque fois un an et demi pour finalement décider de ne pas reparticiper.

Une fois arrivé à l'atelier, la qualité d'artiste et d'animateur du meneur influence beaucoup l'envie de rester (Cf. chap. 2.4). S'ajoute à cela l'aisance que l'on ressent avec les autres membres de l'atelier fraîchement rencontrés, la disponibilité pour revenir chaque semaine... Enormément de paramètres jouent sur l'assiduité des participants et il ne m'est pas possible de les étudier tous ici. Pour pallier à ces difficultés de participation, les zinnopôles essaient de faire continuer les ateliers zinnekes entre les parades, ainsi un groupe fort peut se constituer et aucune pause trop longue ne vient remettre en cause son existence. Plusieurs ateliers ouverts ont ainsi donné naissance à des groupes soudés qui ne cessent de s'améliorer, ainsi la bandaka (percussion et danse brésilienne) ou fanfarah par exemple durent depuis 2000. Ces groupes spécialisés entrent d'ailleurs dans une dynamique complexe à partir du moment où ils font des prestations rémunérées pour différents événements. La logique de base qui fait de la Zinneke un atelier gratuit car les subventions rémunèrent l'artiste se transforment en une logique plus commerciale où les participants se considèrent comme artistes en prestation méritant rémunération. Ce changement crée des tensions au sein du groupe et emmène le groupe dans un mode de fonctionnement qui ne correspond plus à la Zinneke et peut entraîner la fin du soutien zinneke à l'atelier.

Contrairement à certains ateliers pour enfants, les ateliers pour adultes ont cependant l'avantage d'attirer des gens qui ressentent une réelle envie de participer. En effet, les ateliers zinnekes pour enfants, spécialement dans les écoles, souffrent d'un manque encore plus net de participants réguliers. Lorsqu'ils sont organisés comme activités extrascolaires, donc en dehors des horaires de cours, ces ateliers sont peu suivis par des enfants qui ressentent une envie spontanée d'y participer mais plus par des enfants inscrits par leurs parents. Et même lorsqu'ils se sont spontanément proposés pour le stage, le déroulement de l'atelier à l'heure de la garderie les laisse chaque semaine devant le choix entre suivre l'atelier ou jouer dans la cour. Un atelier est d'ailleurs d'autant plus difficile à mener si le public n'est

pas régulier. Il semble en fait que les ateliers dans les écoles ne fonctionnent que lorsqu'une autorité propre à l'école, et reconnue comme telle par les enfants, participe au projet. Ainsi, les ateliers organisés avec le soutien d'un professeur ou d'un éducateur et de préférence aussi l'appui de la direction ont nettement plus de chance d'aboutir que ceux qui ne profitent d'aucun soutien intérieur. Ainsi, les différents ateliers lancés dans les écoles par le zinnopôle sud-ouest pour la zinnode E-volution@bru.be ont tous échoué par manque de public et on constate qu'aucune personne de l'école n'a soutenu le projet.

Une autre source d'échec est l'inscription d'un groupe à la Zinneke sans demander l'avis des participants. Ainsi, en 2002, un groupe de jeunes filles a été amené à faire de la scénographie alors que toutes étaient bien plus passionnées par la danse version star académie. Suivant l'atelier avec bien peu d'enthousiasme, elles ont fini par déambuler sans les objets qu'elles avaient fabriqués, les trouvant trop ringards. Il semble évident que si on leur avait posé la question, elles auraient choisi de faire un atelier de danse qui les aurait beaucoup plus intéressées108.

4.3. Artistique

La volonté artistique est très claire au sein du projet zinneke mais de nombreuses difficultés en découlent.

Le principal investissement qui a été réalisé pour assurer un résultat artistique fut l'augmentation de l'équipe de coordination artistique. La réussite de ce choix s'est avérée très inégale selon les zinnopôles (Cf. chap. 3.2.2.2.). Plusieurs éléments sont intervenus :

? Le choix des artistes ne s'est pas toujours avéré judicieux. Il est important de rappeler qu'aucun appel d'offre n'a réellement été lancé pour choisir les coordinateurs artistiques. Une grande partie d'entre eux ont été appelés par le coordinateur artistique de chaque zinnopôle de la parade précédente, participant lui-même au projet à la suite de rencontres plus ou moins fortuites.

La coordination artistique nécessite pourtant un grand nombre de
qualités déjà décrites au point 3.1.5., à la fois artistiques et relationnelles
qu'il n'est pas facile de trouver chez une même personne. De fait, plusieurs

108 Interview de Sonia Saurer du 2/02/04

artistes se sont révélés mal choisis pour accomplir ce travail de coordination
tantôt par un manque d'écoute des participants et de flexibilité, tantôt par
manque de créativité, tantôt par un caractère trop lunatique qui convient

difficilement au travail de groupe ... La sélection aurait sans aucun doute être prise plus au sérieux, même si les artistes acceptant de s'investir dans ce

type de travail pendant un an voire plus ne courent pas les rues. Il est en effet important de signaler que les artistes restent dans le zinneke pendant une ou deux éditions mais rarement plus car ils ont souvent besoin d'exprimer leur créativité de façon plus directe et satisfaisante. Ce renouvellement des équipes, s'il n'est pas facile à gérer, permet d'apporter toujours du sang neuf à la Zinneke et d'éviter les risques de routine, folklorisation et perte de créativité liés au maintien d'une même équipe109.

· Il est évident que le travail de coordinateur artistique n'est pas facile à gérer pour un artiste. Sa condition difficile d'artiste l'oblige à garder un pied dans le milieu artistique où il travaille habituellement. Il doit donc souvent s'engager parallèlement dans d'autres projets que la Zinneke pour ne pas sortir du circuit. De plus, il travaille dans un projet qu'il ne maîtrise pas vraiment, devant générer la créativité chez d'autres personnes souvent peu avancées artistiquement. Sa position de coordinateur artistique l'éloigne du terrain de la création : il doit écouter les nombreux projets et les tirer artistiquement vers le haut par la suggestion d'idées, mais en peu de temps et sans rien imposer. Certains artistes se sentent cependant mieux dans l'articulation des éléments à leur disponibilité que dans la création même de ces éléments, ces artistes, malheureusement plutôt rares, trouvent dans la Zinneke Parade un très bon contexte de travail.

· L'artiste doit également mettre un concept global au point à partir des projets et assumer la frustration que le résultat final n'ait plus grand-chose à voir avec ce concept. L'artiste est donc souvent frustré de ne pas diriger l'évolution des projets ni de pouvoir s'investir réellement dans un projet.

· Face à cette frustration, plusieurs coordinateurs se sont investis dans la mise en place d'une zinnode parallèlement à leur travail de coordination. Ce fut une source de problème car les artistes n'avaient à l'approche de la parade

109 Interviews de Luk Mishalle du 1/04/04 et de Myriam Stoffen du 11/02/04

plus le temps de se consacrer à la coordination du zinnopôle tant ils étaient absorbés par la réalisation concrète de leur zinnode avec ses problèmes techniques et ses surprises de dernière minute. Leur rôle consistant à trouver des solutions aux faiblesses artistiques des autres zinnodes n'a pas pu être correctement tenu.

· Le point qui met tout le monde d'accord est la nécessité de faire intervenir les artistes pendant la préparation des dossiers. En effet, c'est à ce moment clé que les projets se mettent en place dans la tête des partenaires et l'intervention d'artistes permettrait de surélever artistiquement les projets dès leur conception initiale. Les artistes employés de septembre à septembre arrivent actuellement après l'écriture des dossiers. Un engagement, même sur une courte période, plus tôt dans le processus n'a pas encore eu lieu faute de moyens. L'équipe de l'asbl, sa directrice artistique en tête, estime maintenant ce besoin trop évident pour passer une fois de plus à côté et les moyens doivent être trouvés pour la prochaine édition de la parade afin d'y remédier.

· C'est également par manque de communication claire que plusieurs coordinateurs n'ont pas bien accompli le rôle qui leur avait été attribué. Vu les affirmations divergentes, je ne peux dire si l'explication du rôle au moment de l'engagement n'était pas claire ou si plusieurs artistes ont interprété le rôle à leur manière. Peu importe la cause, le résultat fut le même : plusieurs artistes sont complètement passés à côté du travail que l'on attendait d'eux. Les différentes réunions ayant pour but de clarifier leur rôle n'ont eu qu'un effet limité ou sont arrivées trop tard. Il ne fut pas des plus judicieux que la réunion la plus explicite sur la définition du poste ait été faite en l'absence des artistes au cours d'une réunion d'agent Z. Il est cependant clair que les agents Z n'ont pas toujours un pouvoir sur des artistes qui non seulement sont engagés directement par l'asbl et pas par le zinnopôle mais ont souvent une dizaine d'années voire une vingtaine de plus qu'eux.

· Un certain manque de décision s'est fait nettement sentir au cours du processus (cf. 4.6.). En effet, malgré les avertissements des agents Z sur les dysfonctionnements de certains coordinateurs artistiques, l'équipe n'a pas

proposé de solutions concrètes ou alors trop tard110. Le manque d'autorité de l'équipe a permis à un coordinateur artistique engagé par l'asbl de partir en plein milieu du processus et son absence s'est révélée difficile à gérer pour le reste du zinnopôle. Laisser ainsi les artistes faire à leur guise en se disant que l'on règlera les problèmes lors des évaluations n'est sans doute pas la meilleure façon d'aborder les difficultés : les tensions sont ressenties par les partenaires et les agents Z et ils risquent de se décourager et de ne pas renouveler leur participation.

Si des différences dans le mode de travail de la coordination artistique sont normales111, certains fonctionnements ont réellement posé des problèmes.

Ainsi, le comportement extrême de se placer uniquement en consultance, ne veillant qu'à une cohérence d'ensemble du zinnopôle, comme ce fut le cas au sud, eût pour conséquence une très mauvaise intégration des coordinateurs artistiques au sein des zinnodes112. Ils y furent considérés comme des inspecteurs un peu hautains se permettant de juger des projets qu'ils n'avaient absolument pas soutenus. Le manque de solutions pratiques aux problèmes qu'ont pu rencontrer les partenaires de terrain a également contribué à une mauvaise interaction avec les coordinateurs artistiques. Au sein de ce zinnopôle, ce sont les artistes de terrain engagés dans chaque zinnode qui ont permis un niveau artistique fort mais ils n'ont cependant que peu suscité la créativité de la base. Ces artistes ont été souvent mal payés vu le manque de moyens de associations et ont eu une reconnaissance bien moindre par rapport à la coordination artistique au sein des médias et des publications zinnekes113. C'est face à ces problèmes que l'idée qu'une enveloppe artistique soit à la disposition du zinnopôle à la place des trois coordinateurs artistiques peut-être

110 Interview de Virginie Noël du 1/07/04, de Sylviane de Ribaucourt du 23/06/04 et de Nasha de Winne du 5/07/04

111 Ces différences sont à la fois liées aux différentes personnalités des artistes et aux différents partenaires avec lesquels ils travaillent. L'équipe de l'asbl ne veut d'ailleurs pas imposer un mode de fonctionnement défini, se satisfaisant des diverses méthodes tant qu'elles atteignent les objectifs de la Zinneke.

112 A part bien sûr celles qu'ils dirigeaient directement en tant que meneur de projet

113 Interview de Virginie Noël du 1/07/04

vue comme une bonne solution pour assurer la présence d'artistes selon les besoins spécifiques de chaque zinnopôle aux différentes étapes de préparation114.

La définition du projet comme artistique, tout en voulant le faire venir d'un travail social, pose le problème de savoir à quel point l'artistique peut servir de critères d'exclusion. En effet, plusieurs groupes, chaque année, ont un niveau artistique plus faibles que les autres. Au milieu des répétitions générales et de la parade, ils s'en rendent souvent compte eux-mêmes. Cela peut les motiver à intensifier leur travail artistique et la collaboration avec la coordination dans le peu de temps qu'il leur reste avant la parade ou pour la Zinneke prochaine. Plusieurs groupes ont en effet étonnamment surpris les coordinateurs en progressant de façon assez extraordinaire sans que rien n'ait pu le laisser deviner. Par contre, certains groupes, réalisant leur faiblesse perdent courage et défilent avec une certaine honte qui gâche tous les efforts qu'ils ont fait pour préparer la parade. D'autres encore atteignent un niveau dont ils sont fiers alors que leur projet est considéré comme faible par la coordination artistique et l'équipe de l'asbl Zinneke.

Ces réactions diverses posent la question de savoir si, à un moment ou un autre, certains projets peuvent être arrêtés par la coordination artistique ou l'équipe à cause de cette faiblesse artistique. Cette volonté se justifie par l'affirmation artistique de la parade et les investissements pour mieux développer cet aspect qui risquent de pâtir de la présence de projets faibles le jour de la parade 115.

La combinaison de l'artistique et du social, sans volonté de faire passer l'un avant l'autre116, créent ces problèmes de choix particulièrement difficiles à résoudre puisque exclure une association de la Zinneke Parade lui retire, à moins d'une humilité rare, toutes possibilités de s'améliorer au sein de la structure qu'il quitte avec une certaine rancoeur. C'est aussi prendre le risque de faire se détourner l'association de tout travail socio-artistique face à l'échec retentissant ayant poussé à leur exclusion du projet. Dire à des amateurs qu'ils sont artistiquement nuls me semble en effet très dangereux. Il est évident par contre que les exclusions de

114 Interview de Carlo Da Mata du 29/04/04

115 En effet, le jour z est un moment clé où l'asbl zinneke peut justifier ses dépenses face aux pouvoirs subsidiants (Cf. chap. 3.5.).

116 Interview de Marcel de Munnynck du 9/09/03

groupes pour des réels problèmes de collaboration et d'investissement sont nettement plus justifiables.

A cette question de l'image artistique de la parade est également lié l'équilibre entre l'apport créatif des participants et celui des artistes. En effet, la volonté de faire venir la création de la base s'exprime différemment au sein de la parade. Certains zinnopôles, comme le zinnopôle sud-ouest, tentent de susciter la créativité des participants sur tous les domaines artistiques de la parade, à savoir aussi bien en chorégraphie, scénographie, musique et costumes. La tâche n'est certes pas simple et c'est généralement un aspect plus que les autres qui est approfondi au cours des quelques mois de préparation. Par exemple, le groupe se concentre sur la musique ou sur la danse. Le risque est alors grand d'avoir un résultat visuel, le jour de la parade, qui soit d'un niveau artistique relativement bas. En effet, si un groupe consacre la majorité de ses répétitions à son activité principale, par exemple la musique, il reste très peu de temps pour que les participants créent eux-mêmes chorégraphie et costumes. Faire faire des costumes en deux-trois jours à des gens qui ne pratiquent que peu voire pas du tout l'art plastique a peu de chance de donner des résultats artistiquement forts. Par contre, cela aura des résultats « sociaux » sur la façon dont l'individu perçoit ses propres capacités et lui permet de présenter le jour de la parade un personnage qu'il a lui-même composé et qu'il pourra donc mieux investir. Dans plusieurs zinnodes donc, l'implication artistique se concentre sur leur activité principale et les autres facettes artistiques sont prises en charge par un autre groupe mené par un artiste pour les costumes et objets de la parade ou l'artiste imposant ses idées en ce qui concerne la musique ou la chorégraphie. De préférence, les participants seront consultés au moment de la conception des costumes pour éviter une découverte des costumes le jour Z avec le risque qu'ils ne les apprécient pas. La réalisation des costumes, par exemple par un artiste, permet souvent une puissance visuelle le jour de la parade qu'il est difficile d'atteindre quand le même groupe se charge de tout. Le choix de la méthode de travail relève donc encore du choix entre une création totale par les participants qui a des implications sociales plus importantes ou l'option de s'assurer une certaine apparence artistique en confiant certains éléments directement à des artistes.

La question de la reconnaissance artistique extérieure du projet est intimement liée
aux deux questions précédentes. Actuellement, on juge de la qualité artistique d'un

événement plus par la reconnaissance de la part du milieu artistique que par l'opinion personnelle de quelques spécialistes extérieurs. La Zinneke Parade est reconnue internationalement dans le monde des arts de la rue (cf. chap. 3.5.). L'ampleur de son succès au sein des associations socio-artistiques est indéniable vu son nombre grandissant de collaborateurs. De plus, des organisateurs d'événements plus ou moins similaires reconnaissent la qualité de la Zinneke Parade, par exemple, les organisateurs du défilé de la Biennale de la danse de Lyon, ou encore Michel Crespin, spécialiste marseillais des arts de la rue. De plus, sa reconnaissance auprès du public comme événement culturel bruxellois est indéniable : 200.000 personnes se pressent à chaque parade sur les boulevards pour la voir passer.

Par contre, dans le monde Artistique plus large ainsi qu'institutionnel, la reconnaissance du projet d'un point de vue artistique n'est pas vraiment acquise. Cela tient principalement au travail avec des amateurs qui ne peut que difficilement présenter un résultat exceptionnel et ce d'autant plus qu'il y a un nombre énorme de participants par rapport au nombre d'artistes. Difficile d'atteindre un niveau artistique avec un engagement qui se limite à un soir par semaine pendant plus ou moins six mois avec, quand ils ont de la chance, un artiste s'occupant de vingt personnes. Dans la plupart des cas, ce sont les animateurs qui s'occupent directement des groupes et les artistes qui coordonnent ou donnent quelques idées. Ce manque de reconnaissance pose un problème aux artistes qui s'investissent dans la Zinneke Parade car ils risquent de se dévaloriser au sein de la communauté artistique, surtout qu'il ne leur est pas toujours possible de continuer d'autres activités pendant les mois proches de la parade. De plus, n'ayant qu'un pouvoir limité sur la réalisation des projets, ils craignent souvent un résultat médiocre dévalorisant. De là repart, le manque d'artistes qualifiés et reconnus dans la parade qui empêche d'améliorer le niveau artistique qui risque de dévaloriser les artistes reconnus qui ne s'impliquent pas donc dans la parade : un vrai cercle vicieux.

4.4. Collaboration

La notion de collaboration est à la base de la Zinneke Parade. Elle est à la fois un objectif et un moyen. Cependant, les collaborations ne se passent pas toujours aussi bien que prévues. Un des principaux problèmes de collaboration déjà évoqué est le manque d'implication des institutions en tant que telles qui se contentent de laisser

toute la charge et l'initiative zinneke à un de ses employés sans réellement le soutenir. C'est pourtant le nom de l'association et pas celui de l'animateur qui est ensuite repris dans les publications. Ces associations reçoivent donc à la fois du soutien financier pour mener l'atelier à bien et la renommée d'une participation à la Zinneke sans avoir soutenu le projet. Certes, certaines associations, voyant le résultat positif d'une initiative zinneke par un de ses animateurs, peuvent prendre confiance dans le projet et s'investir pour l'édition suivante. Cependant, il n'en va pas toujours ainsi.

Dans la zinneke, des problèmes de jalousie de reconnaissance sont inévitables qu'ils soient ou pas justifiés117. L'équipe essaie donc qu'aucun artiste ni association ne soit oublié dans les publications reprenant l'ensemble de la parade. Les différences de salaires sont également source de sentiment d'injustice : dans la Zinneke Parade, certains ont un CDI plus ou moins rémunéré selon les postes, d'autres ont un engagement temporaire de plusieurs mois, d'autre encore sont payés selon les finances des associations qui les engagent, donc souvent très peu, et enfin beaucoup font du bénévolat. Si le bénévolat des participants de base est tout à fait logique (ils sont dans une situation où on aurait pu leur demander de payer les ateliers), certaines personnes travaillant à l'organisation de la parade font un bénévolat moins justifié surtout lorsque la personne en question voudrait être rémunérée.

Un autre aspect problématique de la collaboration est l'échange nécessaire avec les communes. En effet, les sorties zinnekes dans les quartiers, les fêtes suivant les parades, les collaborations avec les écoles communales ne peuvent avoir lieu sans une collaboration harmonieuse avec la commune. Mais cette collaboration doit, selon le principe apolitique de la zinneke118, éviter les récupérations politiques trop flagrantes. A cela s'ajoute le fait que certaines associations socioculturelles sont directement soutenues par tel ou tel échevin et prennent dès lors une certaine teinte politique.

L'exemple d'Escale du Nord est très représentatif du type de difficulté que cela peut engendrer :

117 Groupe pilote du 19/01/04

118 Même si la couleur politique de partenaires, de membres de l'équipe et du CA tend majoritairement vers le rouge comme c'est le cas dans le milieu socioculturel en général.

Escale du Nord était le centre culturel d'Anderlecht. Il fut choisi comme coporteur du zinnopôle sud-ouest pour la parade de 2002 avec le GC de Rinck suite à l'échec des porteurs précédents. Le soutien direct de l'échevin de la culture envers ce centre fut directement concrétisé par l'envoi de Jacques Coune comme détaché communal pour s'occuper du développement de la Zinneke. Presque un an après son arrivée, il fut rejoint par les deux agents Z du zinnopôle et par une coordinatrice artistique ainsi que par une chorégraphe engagée en renfort par la commune. La présence de Jacques Coune a fortement facilité la production du zinnopôle car ses connaissances approfondies des possibilités de subventions lui ont permis de trouver des financements additionnels. Malheureusement, une gestion catastrophique du centre et une certaine dose de jalousie de la part de la directrice qui se voyait imposé ce projet par l'échevin sans avoir aucun pouvoir dessus ont créé de nombreux problèmes notamment dans la redistribution des subventions. Plusieurs collaborations ont ainsi été mises en péril par des retards de paiement injustifiés. Suite à ces problèmes, Escale du Nord a été remplacée comme porteur de zinnopôle par la Boutique Culturelle soutenue, mais de façon moins despotique, par un échevin d'un autre parti politique. Cette perte de pouvoir sur la Zinneke Parade a été très mal vécue par l'échevin de la culture qui a directement retiré ses agents du projet. Cela est assez compréhensible, mais son comportement envers l'équipe de zinnopôle sudouest à l'approche de la parade 2004 est devenu nettement moins justifiable : il a bloqué, à deux semaines de la parade, le prêt du podium pourtant précédemment accordé et il a empêché la déambulation dans les quartiers par des arguments tout à fait injustifiés119. Ces ennuis de dernière minute ont créé une atmosphère de stress au sein du zinnopôle sud-ouest particulièrement difficile à gérer à une dizaine de jours de la parade. A cela s'ajoute le fait que le détaché communal et sa chorégraphe, blessés d'avoir été ainsi écartés d'un

119 Il a parlé d'une surcharge de travail pour la police dont le commissaire était pourtant près depuis longtemps à apporter son soutien et d'un refus des commerçants qui eux aussi ont donné leur accord tout en demandant d'être impliqués plus tôt pour la parade prochaine. En tant que récent bourgmestre faisant fonction, il est chef de la police et peut donc refuser leur présence lors d'un événement et donc empêcher cet événement d'avoir lieu.

projet qu'ils ont mis en place durant deux ans, ont proposé la zinnode movimiento de ida y vuelta. Sa mise en place ne s'est pas faite sans encombres et a été écartée du reste du zinnopôle le jour de la parade par l'influence politique qu'a l'échevin sur son délégué, même si celui-ci ne travaillait pas dans la zinnode en tant qu'agent communal120.

On voit bien, avec cet exemple, les difficultés que peuvent entraîner les soutiens politiques quand ils s'accompagnent d'un désir de pouvoir sur l'événement culturel. C'est pourquoi les collaborations avec les pouvoirs politiques doivent se faire de façon prudente sans laisser d'ambiguïté sur la place du politique dans le projet.

Un autre aspect difficile de collaboration est la relation artiste-animateur. Ce couple devrait idéalement former un tandem de choc équilibré qui apporte à l'atelier ordre, attrait et créativité artistique. Cependant, c'est rarement le cas. Tout d'abord, des artistes ne sont clairement pas présents dans tous les ateliers, faute de moyens pour les payer. Il en découle un travail où l'artiste passe sporadiquement dans un atelier pour donner des conseils à l'animateur. De plus, une grande partie des animateurs ont une certaine pratique des activités artistiques mais sans pouvoir accéder au rang d'artiste avec le regard décalé sur la société que cela suppose ainsi que les capacités de créativité et d'éveil des émotions et de recul chez les participants121. Le problème de l'animateur qui se prend pour un artiste est un problème récurrent dans le milieu socio-artistique auquel la Zinneke Parade n'échappe pas. Ce type d'animateur risque de ne pas comprendre le besoin d'un artiste au sein de son groupe et de refuser ses interventions, surtout si elles sont sporadiques et peuvent être prises comme un jugement sur le travail de l'animateur122.

120 En effet, la centaine de participants de cette zinnode s'est retrouvé au sein de la bibliothèque communale pour se préparer le jour de la parade au lieu de rejoindre la quasi entièreté du zinnopôle dans la grande salle du Curohall où tous les participants ont pu se changer, se maquiller, se rencontrer dans une atmosphère collective et festive avant de défiler.

121 Ces caractéristiques de l'artiste peuvent clairement paraître caricaturales mais c'est comme cela qu'elles sont entendues et recherchées au sein de la Zinneke. Malgré le fait qu'est reconnu comme artiste celui qui vit de son art, c'est avant tout sur ses capacités qu'il va s'avérer adéquat pour travailler au sein de la Zinneke. Interviews de France Gilmont du 14/05/04, de Myriam Stoffen du 11/02/04 et de Luk Mishalle du 1/04/04.

122 Interview de Marcel de Munnynck du 9/09/03 et de Luk Mishalle du 1/04/04

De la même façon, un artiste peut avoir un regard hautain sur l'animateur et refuser de travailler avec lui au sein d'un atelier dans son envie d'être le seul maître à bord. Or, l'artiste n'a pas toujours la bonne manière de gérer un groupe, de le faire avancer en temps et en heure et de maintenir l'envie et l'attention des participants, autant de préoccupations qui relèvent plus du travail d'animation.

Pour surmonter ces difficultés, la Zinneke Parade doit soit trouver des artistes avec des capacités d'animateur soit des artistes suffisamment subtils et diplomates pour orienter le travail des animateurs dans un sens plus artistique sans heurter leur sensibilité.

Ces questions de personnalités entrent en jeux tout au long du processus zinneke. En effet, la grande majorité des collaborations se fait sur base de rencontres interpersonnelles et il arrive que certaines personnes soient incompatibles. L'implication personnelle dans le projet ainsi que l'enthousiasme qu'il suscite vont beaucoup influencer les concessions que va faire une personne pour conserver une entente avec ses collaborateurs. Les coordinateurs du projet doivent d'ailleurs souvent faire preuve de plus de souplesse pour s'adapter aux différentes personnalités de leurs partenaires et appliquer un mode relationnel adéquat. Les conflits interpersonnels peuvent s'avérer très enrichissants lorsqu'ils sont finalement résolus.

Un exemple d'échec de collaboration dû, entre autre, à la personnalité des partenaires fut celui de Beeldenstorm :

Nik Honinckx est le directeur de Beeldenstorm, une association socioartistique flamande de haut niveau située à Anderlecht. Son entrée dans la Zinneke date de l'appel à projet lancé par Bruxelles 2000. Beeldenstorm soumis un projet qui fut refusé mais on lui proposa de s'insérer dans le projet de la Zinneke Parade en tant que partenaire important. Il joua d'abord un rôle qu'il qualifie de « flamand de service » au cours de la première année. Les premières erreurs de communication furent liées à des textes néerlandais traduits en français puis retraduits en néerlandais déformant ainsi le texte original au grand déplaisir des auteurs.

Lors de sa candidature au CA, il dit avoir été accusé et humilié ouvertement
par un membre de l'équipe sans jamais recevoir d'excuses. A un autre
moment, un artiste de l'organisation a tenu une sorte de conférence sur la

Zinneke en prenant une dia d'un des collaborateurs de Nik Honinckx avec le doux commentaire de « voilà ce qu'il ne faut pas faire » qui n'a évidemment pas plu au collaborateur en question. Plus tard, alors que les tensions s'intensifiaient, la remise en question du fait que la création et la réalisation soient faits par les participants fut très mal perçue alors que c'est un principe de base régissant le travail de Beeldenstorm que de faire venir la création au maximum des participants. Intervenant trop tardivement pour régler les conflits, l'asbl Zinneke a proposé à Nik Honinckx de signer un texte lui imposant de ne plus revenir sur les raisons de tensions passées. Il a refusé mettant définitivement fin à la collaboration face à une proposition qu'il trouvait d'autant plus déplacée qu'une évaluation générale de la Zinneke Parade était prévue au cours de l'année 2005. Comment faire une évaluation si on ne peut plus revenir sur tous les problèmes qu'on a rencontrés ?

Au sein de l'équipe et du zinnopôle sud-ouest, les raisons de cet échec sont plus attribués à la personnalité de Nik Honinckx qui a du mal à s'insérer dans un réseau de collaboration qu'il n'a pas mis lui-même au point. Selon eux, il a tendance à interpréter les règles à sa façon, ne respectant que celles qui correspondent avec son point de vue sur le projet et revenant sans cesse sur des erreurs passées sans laisser la possibilité d'avancer. Il est décrit comme un homme aussi un peu obsédé par les questions communautaires et qui aurait voulu une Zinneke paritaire.

Dans cet exemple, on voit comment une personne qui a finalement des idéaux très proches de ceux de la Zinneke (en ce qui concerne les possibilités d'expression via l'artistique, la nécessité de faire venir la création de la base ou encore l'idéal d'un fonctionnement en réseau 123 ) n'a pas pu s'insérer pacifiquement dans la collaboration à cause de sa trop forte personnalité et de son manque de concessions associés à des fautes de communication de l'asbl qu'il n'a jamais digérées.

123 Lui-même aurait d'ailleurs préféré une Zinneke avec moins de niveaux où l'équipe serait plus en relation avec les associations de terrain et n'aurait pour fonction que la bonne communication entre associations sans aucun pouvoir de contrôle (Cf. 4.6).

4.5. Communication

Des maladresses en communication sont souvent la cause de conflits ou de malentendus. Ainsi, la communication zinneke fait un usage assez abondant de l'email heureusement associé à de nombreuses discussions. L'e-mail, s'il a le très grand avantage d'abolir la distance, contient un plus grand risque de malentendu que le langage direct. En effet, ne connaissant pas l'état d'esprit dans lequel le récepteur du message sera quand il le lira, l'envoyeur ne peut pas adapter son langage comme il le ferait en face à face. On ne parle clairement pas de la même façon à quelqu'un qui est en colère qu'à quelqu'un en pleine forme. Ainsi, la forme d'un e-mail peut paraître trop agressive, trop autoritaire ou trop paternaliste selon les humeurs du lecteur. De plus, une mauvaise interprétation du message électronique est moins facilement perceptible et rectifiable qu'en face à face.

L'abondance d'e-mail arrivant à l'asbl zinneke crée une certaine perte d'informations ensevelies dans le flux. Ainsi, combien de fois n'ai-je pas entendu au cours de mon stage et de mes interviews l'asbl réclamer des informations qui avaient pourtant déjà été communiquées. Ce genre de reproche injustifié a tendance à énerver les gens à la longue.

Tout comme un certain manque de tact peut être la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ainsi, il n'est pas des plus judicieux de dire à un agent Z au bord de la crise de nerfs qu'il se comporte en fonctionnaire (avec l'intonation péjorative que l'on peut y glisser) parce qu'il aurait voulu qu'on l'informe de la nécessité d'une action qu'il n'a, à tort, pas faite spontanément.

A cela, s'ajoute un manque de clarté dans les attentes de l'équipe. On a pu le voir en ce qui concerne le rôle des coordinateurs artistiques au cours de leur engagement. Certaines exigences sont également arrivées trop tardivement dans le processus.

A côté de cela, la volonté nette de l'équipe zinneke que tous les participants de la Zinneke Parade soient au courant des enjeux du projet n'est pas toujours réalisée. En effet, le passage de l'information jusqu'à la base dépend beaucoup des personnes intermédiaires et toutes ne jugent pas important d'informer les participants. Il peut être compréhensible que certains ateliers pour enfants ne soient pas déclarés au

début comme destinés à la Zinneke Parade124 de peur d'effrayer les parents ou enfants de l'atelier. Mais il est moins justifiable que certaines personnes d'ateliers ouverts ne soient pas au courant des principes zinnekes ni même du projet de zinnode dans lequel ils s'inscrivent. Si ce manque de communication arrive envers les participants, il est également présent à d'autres niveaux de la parade. Ainsi, un des responsables d'une zinnode ne savait pas que le projet du zinnopôle dépassait celui de sa zinnode.

Un autre point de communication qui pose problème est le manque de formalité des réunions : plusieurs personnes se plaignent que des informations importantes puissent être communiquées dans des discussions de couloir ou en toute fin de réunions alors que plusieurs personnes sont déjà parties. Ils regrettent le manque de PV et d'ordre du jour systématiques et qu'on ne puisse leur communiquer au moins des échéances claires en ce qui concerne les remises de subventions. Cela s'associe à un budget des plus obscurs qui empêche aux membres de l'AG de comprendre le fonctionnement financier exact de l'asbl125

4.6. Le réseau

On me l'a dit et redit au sein de l'équipe zinneke, l'organisation fonctionne en réseau, sans centre ni même sommet, sans hiérarchie ni subordination126. Mais au sein des zinnopôles, nombreux127 sont ceux qui ressentent une institutionnalisation du projet, avec plus de règles à respecter , des cahiers des charges, des comptes à rendre en cours de processus et après, une distance entre le terrain et l'équipe qui fait penser à cette fameuse pyramide.

Il semblerait en fait que l'on soit face à une période transitionnelle dans
l'organisation. L'équipe centrale prend de plus en plus de pouvoir alors qu'à

124 Comme ce fut le cas au sein de la zinnode movimiento de ida y vuelta.

125 Interviews de Carlos Da Mata du 29/04/04 et de Mirko Popovitch du 16/02/04

126 Interviews de Marcel de Munnynck du 09/09/03 et de Nathalie Bücken du 14/04/04 néanmoins Marcel de Munnynck m'a donné un point de vue différent fin juillet 2004.

127 Interviews de Yves Coumans du 8/07/04, de Virginie Noël du 1/07/04, de Sylviane de Ribaucourt du 23/06/04, de Patrick Chaboud du 23/06/04, de Alain Debaeck du 9/10/03, de Mirko Popovitch du 16/02/04, de Nik Honinckx du 18/02/04, de Luk Mishalle du 1/04/04 et de Carlos Da Mata du 29/04/04.

l'origine, elle avait un rôle plus limité, d'ailleurs en relation avec le nombre de personnes qui en faisaient partie128. L'esprit est toujours celui de la concertation et de la discussion entre partenaires au sein du groupe pilote mais les exigences grandissent et les tensions avec les partenaires de l'origine se font de plus en plus pesantes face à ce changement de fonctionnement. Ainsi, le Magic Land Théâtre sort actuellement à grand fracas de la structure, Infor Jeune a refusé de signer la convention avec l'équipe, Mirko Popovitch s'est fortement désinvesti du projet, le CC Jacques Franck a lui aussi rencontré de fortes tensions avec l'histoire du Piano Fabriek (Cf. 3.2.2.1.)... Luk Mishalle et Yves Coumans, deux artistes de la première heure quittent également le navire...

Concrètement l'institutionnalisation se fait ressentir par plusieurs points :

· La multiplication de conventions et l'apparition du cahier des charges qui engagent formellement les partenaires à respecter les règles zinnekes.

· La redistribution d'une partie des subventions par l'asbl, ce qui lui donne un pouvoir indéniable.

· L'engagement des artistes coordinateurs directement par l'asbl qui fait que les artistes dépendent de l'équipe et non des partenaires porteurs de zinnopôle.

· Les échéances en cours de processus mises en place par l'asbl qui pèsent sur les partenaires de terrain via les associations porteuses de zinnopôle.

· Les formulaires à remplir à l'approche de la parade pour des soucis logistiques et les évaluations de mi-parcours et suite à la parade.

· La perte de contact de l'équipe avec la base avec le risque que l'asbl passe

auprès des partenaires comme une entité floue d'où viennent les contraintes. Tous ces changements, à part le dernier, sont liés à une volonté de résoudre des problèmes qu'ont rencontrés les parades précédentes. Les conventions et le cahier des charges, par exemple, assurent un comportement cohérent de tous les partenaires de l'organisation qui se sont engagés à respecter les mêmes règles. Cela permet d'éviter des problèmes comme celui rencontré lors de la parade de 2002 : un groupe s'est arrêté à plusieurs reprises pendant 20 minutes sur le boulevard pour montrer son cycle narratif sans prendre garde aux milliers de zinnekes qui se

128 On est passé de 2 à 7 personnes, bien qu'à l'origine, toute la structure de Bruxelles 2000 soutenait le projet derrière l'équipe.

trouvaient bloqués derrière eux : désormais, l'avancée continue du défilé est reprise dans le cahier des charges. Les échéances, elles, permettent clairement aux partenaires de terrain de mieux prendre conscience du processus sur la longueur et d'éviter un maximum les rushs de dernière minute. Les formulaires logistiques permettent très clairement une gestion logistique plus facile pour la société engagée par l'asbl129. Les évaluations, quant à elles, permettent une autocritique et une réflexion sur l'organisation qui donnent lieu à des remises en questions nécessaires pour faire évoluer la structure en prenant tous les avis en compte.

L'engagement des artistes par l'asbl permet, lui, de tenter un comportement artistique cohérent et d'éviter l'assise inconfortable entre deux chaises que vivent les agents Z.

Ces changements ne sont donc pas injustifiés. C'est surtout les réactions face à ces changements qui différent. En effet, certains regrettent cette évolution qu'ils voient comme une perte de liberté et comme une prise de pouvoir injustifiée de l'équipe de l'asbl au détriment du fonctionnement en réseau, ajoutant que la mise en place d'un cadre strict amène à une déresponsabilisation des partenaires. D'autres, par contre, voient cette évolution d'un très bon oeil et regrettent que des décisions unilatérales ne soient pas plus répandues afin de perdre moins de temps dans des discussions et de travailler dans un cadre mieux délimité qui permet de mieux centrer ses efforts sur le processus de création et de réalisation.

La perte de contact avec la base est, par contre, assez dommageable pour l'organisation. De nombreuses personnes regrettent que les membres de l'équipe ne soient pas plus présents lors des réunions de zinnopôle ou ne visitent pas les ateliers de façon à ce que les partenaires de terrain puissent mettre un visage sur cette fameuse équipe zinneke pour laquelle le zinnopôle joue souvent le rôle d'intermédiaire. De plus, à plusieurs reprises des agents Z m'ont dit qu'ils regrettaient que l'équipe n'apporte pas plus vite des solutions aux problèmes qu'ils

129 Pour le jour z, une société d'événements extérieurs, Tagora, est en effet engagée afin de veiller au bon déroulement logistique de la parade. Ils sont en relation avec les forces de police et d'urgence afin d'être efficaces en cas de problème imprévu et s'arrangent pour que les rues soient bloquées comme convenu, que le public ne déborde pas trop sur la zone de spectacle et que les timings annoncés à la police soient respectés.

rencontraient avec des partenaires de leur zinnopôle, n'intervenant souvent qu'en dernière limite au risque que cela soit trop tard.130

Il est intéressant de s'arrêter sur le point de vue de Marcel de Munnynck sur cette évolution131. Il rappelle à quel point une organisation en réseau telle que la Zinneke Parade fonctionne sur un mode dialectique : d'une part centripète par l'installation de règles et d'un fonctionnement commun, décidés en groupe mais dont l'asbl assure le respect, et d'autre part centrifuge où les partenaires ont un certain pouvoir et une autonomie qui les responsabilisent et donnent sens à la notion de réseau. La grande difficulté est alors de garder un équilibre entre ses deux tendances. Cet équilibre, encore instable aujourd'hui, doit permettre d'éviter de tomber dans le travers d'une organisation purement centralisée où tout est décidé et pris en charge par l'entité centrale ou celui, à l' opposé, d'une structure sans centralisation où tout part dans tous les sens. Les choix d'institutionnalisation pris jusqu'ici avaient pour rôle d'éviter un trop grand désordre. Il s'agit maintenant aux membres de l'asbl de choisir s'ils veulent continuer dans cette institutionnalisation centralisée, plus efficace mais qui s'éloigne de la philosophie de base de la zinneke, ou retenter une plus grande responsabilisation des zinnopôles. Cette dernière pourrait se manifester en confiant aux zinnopôles des tâches que gèrent actuellement l'asbl, comme, par exemple, le transit des dossiers de subsides et la redistribution financière. Marcel de Munnynck rappelle également que l'équipe est bien celle d'une asbl, ce qui implique qu'elle est révocable facilement par l'AG si une majorité des membres le juge préférable. On peut ici rappeler qu'une bonne partie des partenaires de terrain, dont tous les porteurs de zinnopôle, sont membres de l'asbl.

Il est important de réaliser que ces changements internes n'affectent selon moi pas du tout les objectifs fondamentaux que se fixe la Zinneke Parade. En effet, l'émancipation sociale, la revitalisation des quartiers, l'échange artiste/amateur et artiste/animateur, la collaboration durable entre association restent principaux dans le fonctionnement sans qu'importe de façon significative la centralisation de la structure. Les changements d'organisation interne sont une tentative pour mieux les atteindre qui, certes, n'emportent pas toutes les voix mais fait partie des choix que doit faire toute organisation pour évoluer. La solution miraculeuse, si elle existe n'a

130 Interviews de Virginie Noël du 1/07/04 et de Sylviane de Ribaucourt du 23/06/04.

131 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04

pas encore été trouvée et c'est dans l'évolution et l'autocritique que se situe la Zinneke. Certaines personnes présentes depuis l'origine de Zinneke mettent d'ailleurs en évidence le risque de la fixité et de l'installation dans l'habitude. Les partenaires et les membres de l'organisation doivent être renouvelés afin de faire évoluer la structure et d'éviter l'installation d'automatismes qui nuisent à l'esprit critique.

5. LES RÉSULTATS

A la question « êtes vous satisfaits des résultats obtenus par rapport à vos objectifs ? », tout le monde m'a répondu par l'affirmative et ce malgré les nombreuses contraintes et difficultés qu'ils venaient de me décrire.

Ainsi, tout le monde est satisfait du résultat obtenu même si certains le sont plus que d'autres. La majorité d'entre eux, cependant, considèrent qu'on devrait pouvoir atteindre de meilleurs résultats en évitant les difficultés rencontrées cette fois ci. J'ai, en fait, pu remarquer qu'à chaque niveau, les acteurs de la zinneke avaient la faculté de voir le projet comme réussi en mettant de côté les petits échecs et les quelques déceptions rencontrées. C'est sans doute cela qui leur donne tant d'optimisme pour continuer l'aventure.

Il faut sans doute rappeler que mon étude au niveau des associations est concentrée sur le zinnopôle sud-ouest où il faut l'admettre tout c'est passé sans d'insurmontables difficultés ni grosses déceptions.

Il me semble en fait que c'est lorsqu'on se rapproche du terrain que l'on peut trouver des gens moins satisfaits. En effet, les membres de l'équipe comme les membres des zinnopôles gèrent une quantité de projets tellement large qu'il leur est facile de penser aux aspects réussis du travail qu'ils ont coordonnés. Au niveau de la zinnode, les gens vont aussi se révéler globalement satisfaits, par contre aux niveaux des participants d'un atelier, si cet atelier n'a pas donné le résultat qu'ils espéraient, il leur sera plus difficile de trouver suffisamment d'aspects positifs pour qualifier leur expérience de réussite. Prenons l'exemple d'un atelier de percussions dont le professeur aurait manqué totalement d'organisation, ne parvenant pas à conserver un public constant, enseignant des rythmes sans donner de structures à des morceaux et dirigeant mal le groupe au cours de la parade, ajoutons-y une ambiance peu enthousiaste due aux faiblesses de l'atelier, avec une réalisation de costumes à la va-vite qui leur donna un attrait esthétique des plus limités. Dans un tel contexte, il est difficile aux participants d'avoir un avis vraiment positif sur leur expérience, et pourtant, certains l'ont quand même...

Si l'on veut toucher au résultat global de la Zinneke Parade, on remarque que plusieurs de ses objectifs sont atteints :


· La zinneke parade permet sans aucun doute une certaine revitalisation des quartiers en stimulant les actions locales et en les interconnectant par des collaborations. De plus, les sorties zinnekes dans les quartiers, les fêtes et expositions stimulent la vie culturelle locale.

· Le réseau de collaboration s'installe de façon durable. Certaines collaborations se renouvellent d'édition en édition. Des projets non zinnekes naissent des rencontres et interactions zinnekes.

· L'émancipation sociale est certes plus difficile à mesurer, mais des gens se découvrent des talents artistiques et des moyens d'expressions qu'ils ne soupçonnaient pas grâce aux artistes avec lequel ils travaillent.

· La rencontre et la collaboration entre artistes et animateurs a lieu et tend vers un respect mutuel.

· La ville est littéralement envahie par des zinnekes de toutes origines qui reprennent possession de l'espace urbain pendant une demi-journée et gardent souvent un regard bien différent sur les boulevards.

· L'échange et la collaboration entre des groupes d'origines culturelle et socio-économique différentes donnent lieu à la réalisation d'un projet commun impliquant le respect et l'écoute de l'autre.

De plus, en ce qui concerne l'évolution par rapport aux autres éditions, si ce n'est la baisse des subsides qui est une forme d'échec, plusieurs éléments ont pris une tournure des plus positives. Ainsi, les enjeux que transporte la Zinneke Parade semble de mieux en mieux compris par les partenaires, la qualité artistique s'est fortement améliorée et la compréhension extérieure du projet s'est faite plus claire notamment par une couverture médiatique plus axée sur le processus qu'elle ne l'était auparavant132.

Les objectifs des autres niveaux d'organisation de la Zinneke Parade sont également atteints dans différents groupes. Rarement tous ni de façon égale mais ils sont néanmoins atteints globalement dans l'organisation.

Les principales déceptions quant aux résultats ont été soit liées à l'organisation soit aux résultats mêmes sur le terrain et lors de la parade.

132 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04

La majorité des déceptions liées à l'organisation reprend les difficultés décrites au chapitre 4, tel que le manque de participants réguliers, le manque de soutien de certaines associations, le manque d'intervention de l'équipe zinneke, les problèmes de relations interpersonnelles, les problèmes de financements trop réduits et trop tardifs ...

Sur le terrain, on entend plus de déceptions liées à un sentiment de qualité artistique trop bas, le désistement de participants le matin même du jour Z, les performances diminuées à cause du stress du spectacle et quelques mésententes interpersonnelles ici aussi. Une frustration récurrente est celle qui naît de l'impossibilité de voir la zinneke quand on est dedans, et cela aussi bien pour les artistes, les agents Z et les participants. Certains de ces éléments échappent en grande partie à l'action directe des organisateurs. D'autres, par contre, sont repris dans les évaluations afin d'être évités un maximum dans la prochaine édition.

Un manque relevé à plusieurs reprises est le fait que la Zinneke n'est pas suffisamment impliquée dans les débats sociétaux et ne montre, dans sa parade, que très peu de côtés réflexifs sur la société et ses dysfonctionnements, leur préférant souvent un regard léger et festif. Il est cependant évident que la parade est d'une densité rare, chaque groupe préparant un spectacle à part entière que le spectateur ne peut qu'effleurer en le voyant passer.

Une évaluation très méthodique a été lancée suite au 8 mai afin de mieux comprendre les manques ressentis par les partenaires et pour mieux cerner leur compréhension propre du projet. Une grande plate-forme de réflexion est prévue en octobre pour prendre collectivement conscience de l'état du projet et décider des orientations qu'il doit prendre.

CONCLUSION

Au bout de cette étude, les novices auront, je l'espère, compris que la Zinneke Parade dépasse de loin la simple journée de défilé dans le centre de Bruxelles.

Fruit du mariage de trois idées socio-artistiques originales, elle est extraordinaire de par son expansion et ses ambitions sociétales. Profondément bruxelloise, elle s'inscrit dans le caractère multiculturel de la capitale et dans le renouveau festif que connaît cette dernière depuis quelques années.

Si c'est une impulsion internationale qui a permis son développement à travers Bruxelles 2000, la Zinneke Parade est parvenue à prendre une certaine autonomie et à s'engager dans la continuité et le long terme. Pour ce faire, une organisation solide s'est mise en place et évolue toujours actuellement. Les associations de terrain sont regroupées sous la coordination des cinq zinnopôles, organismes centralisateurs des initiatives locales zinnekes. Chaque zinnopôle est théoriquement porté par deux associations, une néerlandophone et une francophone, qui assurent des travaux de coordination et de production en tant que co-producteur avec l'asbl Zinneke. Cette dernière coordonne les cinq zinnopôles et s'occupe des relations extérieures (police, ministères, associations étrangères, médias). Cette structure, qui se veut en réseau car basée sur une concertation sans subordination, cherche, non sans difficultés, un équilibre entre la pulsion centralisatrice qui permet une meilleure cohérence et plus d'efficacité et la pulsion centrifuge qui veut responsabiliser un maximum les partenaires et tendre vers une structure de réseau horizontal. Certaines personnes de terrain croient encore en l'utopie de ce réseau totalement horizontal fonctionnant sur l'implication et la volonté de chacun sans aucun organisme centralisateur. Chacun suivrait spontanément des règles émises de concerts, maintiendrait le projet en partageant les tâches administratives et les responsabilités. Une telle structure serait une preuve d'entente sociale assez extraordinaire et idéale. Certains participants parlent même d'une zinneke spontanément organisée par la population se rassemblant en groupes et engageant artistes et animateurs. Cela serait la preuve d'une cohésion sociale qui ne semble pas encore présente. Actuellement, cela parait impossible, et d'autant plus à une telle échelle. La structure de la Zinneke est nécessaire et son organisation actuelle relève de son origine et de son parcours.

Les objectifs que se fixe l'asbl Zinneke sont fondamentalement sociaux. Ils visent le développement d'une société remplaçant l'individualisme grandissant par une cohésion sociale nouvelle où chacun atteindrait une autonomie lui permettant de se réaliser dans le groupe. Un bien beau projet... mais de nombreuses difficultés viennent entraver sa réalisation. Si beaucoup de gens inspirent à ce monde idéal, tous ne parviennent pas à mettre de côté des soucis plus matériels, d'orgueil et d'ego qui minent la réalisation du projet. Les relations interpersonnelles, bien qu'enrichissantes, donnent d'ailleurs lieu à de nombreuses tensions qui se terminent parfois par la rupture, comme dans toute situation de la vie en société. Ces tensions et ruptures créent de fortes remises en questions et font évoluer l'organisation tant par le renouvellement concret de partenaires que dans sa façon de travailler et de concevoir la Zinneke Parade.

Les objectifs des autres niveaux de la parade se rapprochent de ceux-ci mais dans une optique plus concrète. Il semble, en effet, que plus on se rapproche de la base, plus ces objectifs sont à court terme. Du point de vue des participants, et la Zinneke Parade est là avant tout pour eux, c'est une occasion extraordinaire de faire partie d'un grand événement collectif bruxellois dont la période de préparation sera pour eux tant d'occasions de rencontres avec d'autres gens et des artistes. Elle sera aussi une possibilité d'apprentissage d'une ou plusieurs techniques et de découverte de l'étonnant pouvoir du travail en commun. Au sein du groupe, ils sont stimulés à dépasser leurs propres limites et prennent conscience de leurs capacités, premier pas crucial vers l'émancipation et l'autonomie dans un contexte de cohésion sociale. Il arrive certes qu'ils fassent des rencontres qui les suivront pendant une longue période mais ce n'est que rarement le but de la participation. De même, l'apprentissage d'une technique conduit rarement à une pratique constante visant un niveau professionnel. C'est souvent avant tout un divertissement constructif et intéressant qui est recherché.

Pour les associations, le schéma est similaire, même si certaines implications ont des conséquences à plus long terme. La Zinneke Parade est un bon moteur pour la collaboration et l'ouverture aux nouveaux horizons que cachent les autres associations. Elle est aussi une occasion de montrer ce que l'on sait faire et de se dépasser, boosté par la collaboration et l'ampleur de l'événement dont il faut être à

la hauteur. Ces collaborations mènent à la création d'un réseau plus permanent qui renforce le milieu associatif face aux difficultés surtout financières qu'il rencontre. Pour les organisateurs, la Zinneke Parade est aussi un moyen de parvenir à des objectifs socioculturels à grandes échelles telles que la revitalisation des quartiers, la mise en place d'un réseau de collaboration permanent, la reprise de pouvoir des citoyens sur la ville mécanisée et déshumanisée, l'interaction entre artistes, animateurs et amateurs. Objectifs que partagent d'ailleurs souvent les associations socioculturelles.

Les moyens mis en place sont multiples et variés : le réseau, d'abord, alimenté par de nombreuses réunions qui permettent une connaissance plus large des différents développements du projet ainsi qu'une collaboration et une entraide. Un soutien de coordination a été mis en place via l'engagement d'ACS chargés du réseau associatif et de la production dans les zinnopôles, et via les quinze artistes engagés par l'asbl Zinneke pour aider les associations dans la conception et réalisation artistique.

Les moyens financiers, absolument nécessaires dans ce projet et provenant uniquement de subventions font partiellement défaut. Ils ne suffisent actuellement pas à réaliser les objectifs dans des conditions évitant l'abus d'heures bénévoles et la fabrication avec des bouts de ficelle. En effet, malgré la tentative de payer honnêtement les coordinateurs artistiques, nombre d'entre eux n'ont pas reçu, proportionnellement aux nombres d'heures prestées, un salaire par heure atteignant la limite minimum légale. Les autres artistes travaillent souvent dans des conditions encore plus difficiles comme d'ailleurs certains animateurs de petites associations. La baisse des financements entraîne également une réduction de l'ampleur des projets133 et une réalisation avec les moyens du bords, utilisant souvent la débrouille et la récup' comme principaux outils avec le risque que le résultat ait un aspect de bricolage plus que de création artistique.

Ce manque de ressources est lié à la diminution des investissements dans le secteur culturel et artistique de la part des pouvoirs subsidiants associée aux tentatives vaines d'accord avec le mécénat privé.

133 Il y a notamment eu beaucoup moins de chars cette année que lors des deux autres parades.

Les difficultés que rencontre la Zinneke Parade sont donc d'ordre financiers, structurels et interpersonnels, mais également liés à des lacunes en communication et dans la collaboration artistique et associative. En effet, un manque de systématisme dans la communication crée des mauvais échanges et des pertes d'informations. L'absence de réponses à des emails, la demande d'informations injustement répétée plusieurs fois, quelques manques de tact ainsi que l'aspect non officiel de certaines réunions et le non respect des normes administratives (PV, ordre du jour) peuvent énerver les partenaires à la longue.

De plus, tous les partenaires ne s'impliquent pas avec la même intensité dans la préparation de la parade : certains attendent longtemps avant de commencer le processus, d'autres attendent qu'on les pousse et les soutienne constamment, d'autres encore ont du mal à collaborer avec d'autres partenaires tant ils veulent garder leur indépendance... La plus grosse difficultés est sans doute le manque d'implication réel de certaines associations qui laissent, parfois même avec une certaine réticence, une ou deux personnes gérer le projet sans aucun soutien. Il faut espérer que ces associations finissent par réaliser l'intérêt de la Zinneke Parade suite au bon déroulement du projet mené par leur animateur et s'impliquent alors réellement dans la collaboration suivante.

La coordination artistique n'a pas toujours atteint les résultats escomptés. Les nombreuses qualités nécessaires rendent difficile le choix d'artistes adéquats d'autant plus qu'ils n'ont pas toujours envie de s'engager pendant un an sur un même projet. Plusieurs coordinateurs se sont révélés mal choisis ou ont mal compris le rôle qu'ils devaient assumer. L'idée de la directrice artistique de renforcer encore cette équipe de coordination artistique en engageant cinq artistes par zinnopôle plutôt que trois ne sera pas facilement efficace. En effet, si le choix de quinze artistes a déjà été difficile qu'en sera-t-il de vingt-cinq, d'autant plus que plusieurs artistes quittent l'organisation suite à la dernière parade. L'idée de donner à chaque zinnopôle une enveloppe à consacrer à l'artistique à la place des coordinateurs désignés n'est peut-être pas une mauvaise solution, d'autant plus qu'elle permettrait de rendre aux zinnopôles un peu plus de responsabilité, rééquilibrant l'organisation face ainsi la tendance centralisatrice.

Jusqu'ici, l'organisation est parvenue à surmonter ses difficultés. L'inscription dans
la continuité se fait particulièrement sentir suite à cette troisième édition. On ne peut

en effet que difficilement considérer cette dernière comme uniquement dans la lancée de Bruxelles 2000, comme a parfois été perçue la parade de 2002134.

Les difficultés rencontrées actuellement sont importantes notamment face au déficit qui doit être comblé d'ici fin 2004 ou aux problèmes de collaborations avec, notamment, le Magic Land Théâtre. Mais personne ne perd confiance et les coordinateurs de l'asbl et des zinnopôles travaillent déjà dans l'optique de la parade 2006. De nombreux partenaires de terrain se sont d'ailleurs déjà promis d'en faire partie.

L'engouement associatif face à la parade montre bien son intérêt particulier malgré les difficultés rencontrées. Un projet aussi grand a l'immense avantage de sortir de la pénombre les nombreuses tentatives socioculturelles et de crier à tous les volontés de renouveau et de refus du monde individualiste et déshumanisé qu'on nous propose avec tant d'assistance.135 Et même si ces volontés ne sont pas expliquées clairement auprès des 200.000 spectateurs présents, l'émotion qui les prend face à cette collaboration de tant d'individus différents prouve que le message passe. N'est ce pas un des principes artistiques que de faire passer de l'émotion sans l'usage des mots ?

134 Interview de Marcel de Munnynck du 22/07/04

135 Et la Zinneke Parade fait cela sans prendre la teinte subversive qu'ont les regroupements altermondialistes dont plusieurs idéaux, tels que le refus du primat de l'échange marchand, s'approchent de ceux de la parade.

BIBLIOGRAPHIE

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Dapporto, Elena , Dominique Sagot-Duvauroux

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Delforge, François

La zinneke Parade, ou le difficile chemin pour une démocratie culturelle à Bruxelles, Louvain la Neuve, 2002, mémoire de fin d'étude à l'UCL Unité d'anthropologie et de sociologie, département des sciences politiques et sociales.

Vander Gucht, Daniel

Art et Politique, pour une redéfinition de l'art engagé, Bruxelles, 2004, Editions Labor.

Wieland, Catherine

La rue est a nous. Zinneke, une parade créative à Bruxelles, Bruxelles, 2002, La vénerie et fondation Jacques Gueux

Documents provenant de l'asbl Zinneke :

Cahier des charges de la zinneke Parade, Bruxelles, 2003

Convention des missions de coordination du pôle de développement SudQuest :production et participation-zinneke parade 2004, Bruxelles, 2004

De Munnynck, Marcel

Première Charte Zinneke, Bruxelles, 1998

Zinneke ! Un projet de solidarité de quartiers pour une ville région, Bruxelles, 2001. Etude de faisabilité « Zinneke parade » commandée par la Région de Bruxelles-Capitale à l'asbl Zinneke vzw.

Magazinneke n°1, Bruxelles, déc. 1999

n°2, Bruxelles, fév. 2000

n°3, Bruxelles, mai 2000

n°4, Bruxelles, mai 2001

n°5, Bruxelles, mai 2002

n°6, Bruxelles, janv. 2003

n°7, Bruxelles, avr. 2004

Rijdams, Marcel

Zinneke mémorandum pour une ville cosmopolite, Bruxelles, 2004

Statuts de l'asbl Zinneke vzw au 6/04/00, Bruxelles 2000
Statuts de l'asbl Zinneke vzw au 3/05/03, Bruxelles 2003

Sites internets

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http://www.blgp.be et http://www.genre-d-a-cote.org sur la gay pride http://www.brusselsjazzmarathon.be

http://www.bruxelleslesbains.be

http://www.catastrophe.be de l'espace catastrophe

http://www.espacesspeculoos.be des Espaces Speculoos http://www.eurobru.com/populext.htm «les bruxellois venus d'ailleurs » INS 2003 http://www.horslesmurs.asso.fr site du centre français de ressources des arts de la rue et des arts de la piste

http://www.idearts.com, http://www.netevents.be et http://www.brufete-brufeest.be sur l'agenda culturel bruxellois

http://www.idearts.com/magazine/flash/flash24.htm sur Bruxelles 2000 http://www.immeublesenfete.be sur les immeubles en fête http://www.info-europe.fr/europe.web/document.dir/fich.dir/qr000714.htm http://www.just.fgov.be site du moniteur belge.

http://www.zinneke.org

Liste des interviews (par ordre chronologique)

Marcel de Munnynck : directeur de l'asbl zinneke vzw : 9/09/03

Véronique Thirion : agent Z de l'Idéal Stand'art zinnopôle nord-ouest : 3/10/03 Mariam del Valle : Chorégraphe coordinatrice artistique du zinnopôle nord-ouest : 3/10/03

Alain Debaecke : ex-co-directeur de l'Ecole du Cirque de Bruxelles : 9/10/03 Jacques Coune : délégué communal ayant travaillé au sein du zinnopôle sud-ouest puis à la zinnode Movimiento de ida y vuelta : 14/10/03

Tamara Delvaux : responsable de la zinnode de la mort en 2002 de La Vénerie : 17/12/03

Catherine Simon : coordinatrice artistique et associative du zinnopôle sud en 2002 : 17/12/03

Azdat Rachid : directeur de l'association des commerçants de Molenbeeck : 6/01/04

Felicette Chaverand : chorégraphe, meneuse de zinnode en 2000 et 2002 au zinnopôle sud : 15/01/04

Matteo Segers : scénographe, coordinateur artistique du zinnopôle est : 21/01/04 Florian Vanhagendoren : agent Z du zinnopôle sud-ouest : 26/01/04

Vincent Bouzin : directeur de Cirqu'conflex, zinnopôle sud-ouest : 28/01/04 Jean-Claude de Bemels : scénographe, premier directeur artistique de la Zinneke Parade : 29/01/04

Marion Vander Roste: Secrétaire de Amalia, zinnopôle nord: 30/01/04

4/02/04 : visite des participants zinneke de l'institution Facere, zinnopôle sud-ouest. Myriam Stoffen : coordinatrice associative de l'asbl zinneke vzw, chercheuse en

agogie à la VUB : 11/02/04

Mirko Popovitch : directeur de l'Espace Delvaux, fondateur de la zinneke parade : 16/02/04

Nik Honinckx : directeur de Beeldenstorm, zinnopôle sud-ouest : 18/02/04 Rik Staelens : agent z du Vaartkapoen, zinnopôle nord-ouest : 17/03/04

Luk Mishalle : directeur du Botelarij, coordinateur artistique du zinnopôle nord-

ouest : 1/04/04

Nathalie Bücken : coordinatrice associative de l'asbl zinneke vzw : 14/04/04

Daniel Vander Gucht : directeur du GRESAC (Groupe de Recherche en Sociologie de l'Art et de la Culture) à l'ULB : 26/04/04

Marcel Rijdams : président de zinneke vzw : 27/04/04

Carlos Da Mata : directeur d'Infor jeunes co-porteur du zinnopôle Nord : 29/04/04 Thierry Lenain : professeur en HAA (Histoire de l'Art et Archéologie) à l'ULB : 3/05/04

Thierry Van Campenhout : directeur du CC Jacques Franck, porteur du zinnopôle sud : 12/05/04

Ali Benabid : président de l'asbl zinneke : 13/05/04

France Gilmont : directrice artistique de l'asbl zinneke vzw : 14/05/04

Sylviane de Ribaucourt : agent z du Magic Land Théâtre zinnopôle nord : 23/06/04

Patrick Chaboud : directeur du Magic Land Théâtre zinnopôle nord : 23/06/04 Virginie Noël : agent Z du CC Jacques Franck, zinnopôle sud : 1/07/04

Nasha de Winne : agent Z du GC Elzenhof, zinnopôle est : 5/07/04 par téléphone Corinne Krackman : chorégraphe, coordinatrice artistique de la zinnode

movimiento de ida y vuelta du zinnopôle sud-ouest : 7/07/04

Yves Coumans : metteur en scène, coordinateur artistique du zinnopôle est : 8/07/04

Marcel de Munnynck : directeur général de l'asbl zinneke vzw, deuxième interview : 22/07/04

Katy Pylyser : agent Z du GC de Rinck, zinnopôle sud-ouest : 26/07/04

Je remercie toutes ces personnes qui ont bien voulu me consacrer plusieurs heures de leur temps ainsi que toutes les personnes qui m'ont aidée et soutenue.

ANNEXES

Annexe 1 : Charte Zinneke

Annexe 2 : Cahier des charges

Annexe 3 : Convention liant l'asbl zinneke au zinnopôle sud-ouest

Annexe 4 : Définition des rôles de producteurs et de coordinateur de participation. annexe 1 de la convention

Annexe 5 : Programme zinneke sur deux ans. annexe 2 de la convention. Annexe 6 : Statut de l'asbl zinneke

Annexe 7 : Zinneke Mémorandum pour une ville cosmopolite. Marcel Rijdams. Annexe 8 : quelques photos et illustrations de la parade.

Annexe 1 : Charte Zinneke

1. La Parade Zinneke, fête de tous les Bruxelles Le jour Z, Brussels, capitale de l'Europe, Bruxelles, capitale de la communauté française, Brussel, capitale de la Flandre et Brüsel, capitale de la BD forment un seul Bruzzle où Brucargo-sur-Zaventem et BrusselsSouth-sur-Gosselies jouent à saute mouton sur Brusseles-Hal-Vilvorde et les dix neuf communes.

2. La Parade Zinneke, fête des quartiers
La parade Zinneke se prépare dans les quartiers, pépinières d'initiatives locales, disséminées, non vues, non connues, et qui font pourtant la grandeur d'une ville. La parade est le moment de leur sortie au grand jour, de la rencontre de tous avec tous, de la reconnaissance de tous par tous.

3. La parade Zinneke, fête de la liberté

Le jour Z, les Zinnekes quittent les quartiers et font leur joyeuse entrée dans le centre ville. Par cet acte de souveraineté populaire, les habitants se réapproprient leur ville. Tous les quartiers, toutes les communautés se retrouvent dans l'affirmation rituelle de ce qui fonde la ville : la liberté.

4. La Parade Zinneke, création artistique

Les Zinnekes s'expriment par la musique, la danse, le costume, la scénographie et toutes les formes de création artistique dont ils peuvent s'emparer pour faire de leur parade un moment d'intense beauté dans la ville. La parade Zinneke le chante dans toutes les langues : la ville est belle .

5. La Parade Zinneke, création contemporaine
Les formes artistiques de la Parade Zinneke sont résolument d'aujourd'hui. Les Zinnekes ne renient ni le passé, ni les traditions, ni les folklores. Ils se les approprient et les réinventent pour qu'ils expriment le temps présent et leur vision de l'avenir.

6. La Parade Zinneke, création multicolore

La parade Zinneke ne juxtapose pas les cultures des différentes communautés qui vivent à Bruxelles, elle est un des creusets de leur rencontre et de leur métissage. Elle fait feu de toutes les esthétiques. Elle pratique tous les bilinguismes : turco-flamand, anglo-espagnol, arabo-japonais, franco-albanais, italo-swahili et brusselleer.

7. La Parade Zinneke, création partagée
La parade Zinneke est le fruit d'une collaboration entre artistes chevronnés et débutants, entre professionnels et amateurs. Elle est une école d'écoute

réciproque et d'invention d'une nouvelle pratique de l'art dans la ville, pour et avec tous ses habitants.

8. La Parade Zinneke, création collective
La Parade Zinneke est la fête des écoles, des ateliers, des maisons de jeunes, des centres d'expression et de créativité, des centres culturels, des groupes amateurs, des sociétés folkloriques et des centaines d'associations au sein desquelles les habitants pratiquent les formes les plus diverses de création artistique et cherchent l'expression commune de leur vivre ensemble.

9. La Parade Zinneke, fête de l'avenir

La parade Zinneke a pour thème un grand sujet de notre époque susceptible de réunir les artistes et les habitants dans l'expression d'une vision multiple, onirique et utopique de l'avenir de la ville.

10. La Parade Zinneke, grande fête populaire
C'est la grande fête du printemps à Bruxelles. La fête de la renaissance, du rêve, de l'imagination dans une ville sans voiture, sans moteur à explosion, sans nuisance sonore. Une ville où il fait bon vivre. C'est la fête de tous les Bruxellois et de tous ceux qui aiment Bruxelles.

Annexe 2 : le cahier des charges octobre 2003

Cahier des charges Parade Zinneke

La Parade est un spectacle ouvert à tous les groupes.

Toute organisation souhaitant y participer doit manifester la volonté de s'inscrire dans un projet collectif (Zinnode) proposé à l'asbl Zinneke vzw et aux Zinnopôles sous la forme d'un projet artistique d'ateliers. La Zinnode doit être composée de plusieurs organisations ou groupes mis en réseau. Si une organisation n'a pas de partenaire, le Zinnopôle assure le lien avec les autres projets proposés dans son pôle.

Toute personne désirant participer à la Parade à titre individuel s'inscrit dans les ateliers de préparation mis en place par le promoteur de Zinnode en collaboration avec les associations ou groupes participants.

1. Quelques définitions

a. Le Zinnopôle

Est le pôle de production constitué d'institutions locales chargées de la production d'une partie de la Parade. Il y 5 cinq pôles de développement dans Bruxelles (Est, Sud, Nord, Sud-Ouest, Nord-Ouest). Chaque pôle est au service des Zinnodes et assure:

- la coordination associative ;

- la coordination artistique ;

- la production.

Ces pôles sont représentés dans le GROUPE PILOTE mis en place par l'asbl Zinneke vzw.

b. La Zinnode

· Est un groupe déambulatoire de minimum 100 personnes réunies autour d'un projet artistique cohérent et commun

· Imagine et conçoit une création artistique originale dans laquelle toutes les disciplines peuvent être abordées. Chaque discipline doit être travaillée avec soin et renforcer le projet dans sa globalité.

· Travaille avec plusieurs partenaires mis en réseau (associations, centres de jeunes, CEC, groupements, centres culturels, individus, écoles...) Un ou plusieurs artistes veillent à la cohérence, au sens, à l'organisation de la déambulation, à la relation au public, à l'unité plastique et artistique. Un artiste est désigné comme responsable artistique de la Zinnode.

· Doit être en concordance avec le thème général de la Parade et s'inscrire dans son Zinnopôle.

c. Promoteur de Zinnode

C'est l'organisation seule ou en réseau qui introduit le projet de Zinnode et en est le promoteur au travers de la personne désignée comme responsable de projet; il en assure la production et la coordination associative en lien avec le Zinnopôle .

- Il construit le réseau artistique du projet et veille à la mise en place des différents ateliers de réalisation.

- Il réunit régulièrement les partenaires pendant l'avancement du travail.

- Avant le démarrage des activités il remet au pôle et à l'asbl Zinneke vzw un descriptif du projet artistique comprenant le budget, le partenariat et le rôle de chacun des partenaires au sein du projet.

- Il est l'interlocuteur principal du projet auprès de la production en coordination avec le responsable de son pôle et le directeur artistique de l'asbl Zinneke vzw.

- Il rend au pôle et à l'asbl Zinneke vzw au plus tard le 15 août 2004 une comptabilité en ordre avec les documents justificatifs des dépenses. Il rédige également un rapport moral d'activité.

2. Caractéristiques d'une Parade

La Parade :

· Est déambulatoire et s'articule en une << marche dansée, rythmée, cadencée, organisée, chorégraphiée, mise en forme >> sans pause.

· La vitesse moyenne de 20 m à la minute soit 33cm/sec soit 1h15 pour 1500 mètres.

· Doit s'imaginer en trois modules :

1. la déambulation chorégraphiée proprement dite ;

2. une chorégraphie << sur place>> (*) en cas d'arrêt forcé ;

3. une chorégraphie rapide de rattrapage (*) en cas de trop grande distance entre les groupes.

· Doit prendre en compte les espaces publics et se moduler pour occuper les rues étroites et les grands boulevards de façon harmonieuse.

· Est un spectacle qui se déroule dans la rue qui devient l'espace scénique, le Paradeur s'abstient donc de téléphoner, fumer, manger pendant la représentation... Il lui est demandé d'avoir un maintien et un comportement adéquat pendant le spectacle.

(*) Remarque : Ces deux dernières ne pourront en aucun cas faire partie de la chorégraphie déambulatoire et ne devront être utilisées qu'en cas d'imprévu sur injonction du régisseur de la Zinnode.

3. Eléments constituants

Tout atelier de la Parade doit être encadré par un artiste.

a. Musique

· La musique doit être jouée <<live>>

· La sonorisation et l'amplification électrique sont interdites.


· Les amplifications mécaniques (cône, porte-voix...) ou autres peuvent renforcer les sons, chants et instruments peu sonores. Une solution pour augmenter le volume sonore est de multiplier le nombre des chanteurs ou des musiciens.

b. Arts plastiques

· La création de char, de décor, d'objets ou de toute autre forme plastique, sera réalisée avec les participants et encadrée par un artiste plasticien.

· Toute forme ou construction devra être conforme aux conditions énoncées au présent cahier des charges.

c. Costumes

· Tous les participants doivent être costumés.

· Toutes les personnes qui accompagnent les groupes (encadrement, chauffeurs, conducteurs de char ou autres, porteurs, les responsables de la régie, photographes...) doivent être costumées en harmonie avec la Zinnode à laquelle ils appartiennent sous peine d'exclusion le jour de la Parade.

d. Chars

· Le responsable de la Zinnode qui intègre un ou plusieurs chars, doit s'assurer que l'ensemble des matériaux et techniques utilisés (soudures, trains de roues, constructions, décoration, ...) respecte les règles de l'art. Si les techniques l'exigent, il sera fait appel à des personnes ayant une compétence dans le domaine.

· Les chars qui portent des personnes doivent faire l'objet d'une vérification attentive et être munis de garde-corps. Toutes les précautions doivent être prises afin d'éviter les chutes.

· Le char comportera une plaquette de reconnaissance mentionnant : le nom du char, le nombre de personnes qui peuvent y monter, la charge maximale admise.

· Tous les organes de commande doivent être facilement identifiables : peint dans une couleur qui tranche avec le reste avec l'ensemble.

· Ils doivent être munis d'un dispositif de freinage. Pour les structures ou petites ou légères, une cale de bois (à mettre sous les roues) reliée par une chaîne au char est acceptée.

· Chaque structure réalisée nécessite le passage du responsable technique de la Parade qui donnera un accord final pour l'autorisation de sortie après réception de la fiche de conformité du char signée par le responsable de Zinnode, de la police d'assurance et du certificat de contrôle par un organisme agréé pour les structures particulières.

· Chaque char ne dépassera pas une hauteur de 4,5 m et une largeur de 2,5 m.

· Tous les modes de traction sont autorisés à l'exception de l'utilisation de moteurs à explosion et d'animaux de trait.

4. Organisation

a. Répétitions


· Chaque Zinnode s'engage à participer au moins aux deux répétitions générales organisées par le Zinnopôle sur les sites prévus à cet effet (site de l'école CERIA à Anderlecht, site de TOURS & TAXIS à Molenbeek) les 17-18 avril & 24-25 avril 2004.

· Les sorties en rue à l'occasion de fêtes locales, appelées soumonces (sorties préalables), sont recommandées pour habituer le groupe au rapport au public. A cette occasion la vitesse de déambulation, les repères visuels et musicaux, les consignes doivent être strictement observés afin d'en mesurer l'efficacité.

· Les répétitions, lieux, horaires ainsi que les coordonnées du responsable des répétitions doivent être communiqués à l'avance au coordinateur associatif du pôle ainsi qu'à l'asbl Zinneke vzw.

b. Participation et encadrement

· Le jour Z chaque responsable de Zinnode doit organiser les déplacements jusqu'au lieu de mise en place de la Parade. Le déplacement des groupes doit se faire en transport en commun dans la mesure du possible.

· Les enfants mineurs peuvent être véhiculés par transports spéciaux à condition d'en avoir fait la demande au pôle et à l'asbl Zinneke vzw qui prendra en charge l'organisation globale de ces transports. Ils doivent être accompagnés par un animateur ou un responsable désigné à l'avance.

Les parkings individuels ne sont pas prévus. Seul un parking est prévu pour les véhicules techniques. Ainsi que des emplacements déterminés pour les structures et chars.

· Chaque groupe devra prévoir sa propre équipe d'encadrement qui est identifiée lors de la mise en place, du défilé et de la dislocation parmi lesquels une personne est désignée responsable et son nom est communiqué au pôle pour le 1er avril au plus tard.

· Ces accompagnateurs seront garants de la bonne marche des chars et des groupes à l'intérieur de la Parade. En cas de besoin ils écartent cordialement les personnes du public qui pourraient gêner la progression du cortège. L'accompagnateur désigné responsable est en relation permanente avec les régisseurs chargés de la logistique.

· Chaque participant se verra offrir une boisson au départ et à l'arrivée ainsi qu'une collation à l'arrivée. Des ravitaillements en eau seront également prévus le long du parcours. Cependant, il est souhaitable que chaque groupe prévoie un ravitaillement en eau qu'il dissimule dans le décor de sa Zinnode. Au point de ravitaillement, une ou deux personnes récoltent les bouteilles nécessaires à la Zinnode qui continue sa déambulation sans interrompre son jeu scénique (éviter les cassure et effets d'attroupements lors du ravitaillement).

c. Sécurité des chars

· Chaque char doit être muni d'un extincteur.


· Si un problème technique apparaît pendant la durée de la Parade, le responsable de Zinnode dispose d'un temps de 5 minutes pour procéder à une réparation.

· Au-delà de ce temps, il s'engage à évacuer le char ou la structure afin de permettre le passage du reste du cortège. Les régisseurs présents le long de la Parade, avec l'aide du responsable de Zinnode procèdent à la mise à l'écart et l'évacuation.

L'asbl Zinneke vzw , ne pourra en aucun cas être tenue responsable en cas d'accident dû au nonrespect des consignes de sécurité ou au non-respect des directives.

d. Transport - Montage

· Chaque Zinnode doit prendre en charge et organiser les transports jusqu'au lieu de mise en place.

· Dans le cas ou ceux-ci sont considérés comme «convoi exceptionnel», le responsable de Zinnode le signalera au pôle. L'asbl Zinneke vzw organisera ce déplacement et introduira la demande d'autorisation auprès des services compétents.

· Les montages et démontages sont pris en charge par les Zinnodes.

Remarque : Toute intégration à la déambulation de moyens de locomotion particuliers (rollers, skate, vélo, trottinettes, caddies, chariots reconvertis, cuistax ...), ainsi que leur mode d'intervention doivent être signalés et acceptés par le responsable du support technique de la Zinneke Parade.

e. Assurances

Chaque organisation prend les assurances nécessaires pour le jour Z.

f. Animaux

Les animaux ne sont pas admis dans la Parade.

5. Autres

a. Sponsoring local

Les éventuels partenaires (publics ou privés) d'un projet pourront apparaître sur demande du responsable de Zinnode, dans le programme de la Parade. Dans un souci d'esthétique, ils ne pourront en aucun cas figurer au sein du cortège sous forme de bannières, banderoles, calicots, logos etc. Sur tout support, ils doivent apparaître sous une forme hiérarchisée avec l'ensemble des partenaires de la Parade.

b. Communication

· Chaque communication à propos du projet mentionnera tous les soutiens publics, donc des deux Communautés (brochures, affiches, flyers, sites web, appels à participation...).

· Les affiches locales qui avertissent des soumonces ne porteront pas la mention « Zinneke Parade » sous forme de titre ou d'annonce.

· La participation à la Zinneke Parade du 8 mai 2004 sera stipulée.

Le non respect du présent cahier des charges pourrait entraîner l'exclusion ou la non participation à la Parade sur décision du pôle, en concertation avec l'asbl Zinneke vzw.

Annexe 3 : exemple de convention entre le zinnopôle

et l'asbl zinneke

Convention des missions de coordination

du Pôle de développement SUD OUEST :

production et participation

- Zinneke Parade 2004 -

ENTRE

D'une part : L'association sans but lucratif asbl/vzw Zinneke, dont le

siège social est établi à 1000 Bruxelles, rue du Houblon 71, et

le siège d'exploitation au Centre Anspach, 1e étage, Boulevard Anspach 30-36 à 1000 Bruxelles,

représentée par Messieurs Ali Benabid et Marcel Rijdams, Présidents, et Monsieur Marcel De Munnynck, Directeur,

ci-après dénommée : « asbl/vzw Zinneke »,

d'autre part : l'asbl Partenariat de Cureghem, dont le siège social est

établi rue Van Lint 16 à 1070 Anderlecht,

représenté par VAN LOO Renilda, administrateur-délégué ci-après dénommé « BOUTIQUE CULTURELLE »,

et : Gemeenschapscentrum DE RINCK, dont le siège est établi

à, Dapperheidsplein 7 à 1070 Anderlecht

représenté par XXXXXXX, Président/Directeur (?)

ci-après dénommé « GC DE RINCK »,

IL A ETE CONVENU : 1. Objet de la convention

L'asbl/vzw Zinneke confie les missions de production et coordination de

participation du Pôle de développement SUD OUEST de la « Zinneke Parade 2004 » à la Boutique culturelle et au GC De Rinck.

Les missions de production et de coordination de la participation sont définies à l'annexe 1 « Projet Zinneke Parade - Spécifications pour la mission de production et de coordination de la participation », qui fait partie intégrante de la présente convention.

2. Exécution et suivi

2.1. La Boutique culturelle charge VAN LOO Renilda de cette mission, (qui donne délégation à Florian Vanhagendoren).

Sans préjudice de l'article 10.1, en cas d'empêchement de cette/ces personne(s), l'asbl/vzw Zinneke envisagera avec la Boutique culturelle les modalités à suivre pour assurer la bonne fin du projet.

2.2. Le GC De Rinck charge XXXXX (?) de cette mission, (qui donne délégation à Katy Pylyser).

Sans préjudice de l'article 10.1, en cas d'empêchement de cette/ces personne(s), l'asbl/vzw Zinneke envisagera avec le GC De Rinck les modalités à suivre pour assurer la bonne fin du projet.

2.3. De commun accord, les partenaires conventionnés désignent la Boutique culturelle comme interlocuteur pour la production.

2.4. La prise en charge de ces missions de coordination locale se fait en étroite

collaboration avec la coordination générale prise en charge par l'asbl/vzw Zinneke (voir aussi articles 5 et 6)

3. Durée de la convention

La collaboration entre les parties prend cours à la date de la signature de la présente convention et prend fin le 31 décembre 2004.

La Parade se déroule sur les boulevards Anspach et Lemonnier (entre le Place De Brouckère et Anneessens) à Bruxelles le 8 mai 2004.

4. Planning des missions Le planning des missions est défini dans l'annexe 2 « Calendrier ».

Si les circonstances le rendent nécessaire, l'asbl/vzw Zinneke pourra adapter ce planning.

5. Moyens mis à disposition pour l'exécution de la mission

Les moyens mis à dispositions des pôles de développement sont de deux ordres :

- mise à disposition d'agents contractuels subventionnés (ACS) accordé par

l'ORBEM dans le cadre de l'aide accordée par le Gouvernement de la Région de

Bruxelles-Capitale, et

- soutien financier de l'asbl/vzw Zinneke.

5.1.Mise à disposition d'agents contractuels subventionnés (ACS)

5.1.1. Le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, dans le cadre de sa politique d'insertion socio-professionnelle (décision du 22/03/01), accorde dix agents contractuels subventionnés (ACS) au projet « Zinneke Parade >> pour les Pôles de développement, à charge de l'asbl/vzw Zinneke de désigner les associations bénéficiaires de ce soutien. Dans ce cadre, l'asbl/vzw Zinneke désigne la Boutique culturelle et le GC De Rinck comme bénéficiaires pour le Pôle de développement EST.

5.1.2.Comme prévu par l'ORBEM dans les conventions de mise à disposition aux partenaires désignés, les agents sont affectés au projet de la Zinneke Parade. Leur mission consiste à développer et à pérenniser le projet Zinneke Parade, dans le cadre de la politique du Gouvernement de Bruxelles-Capitale en matière de revitalisation des quartiers pour le Pôle de développement.

Conformément à la mission confiée par le Gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale, ces agents travaillent d'une part au sein de « l'équipe du Pôle de développement >> (responsables de production, de coordination de la participation et de coordination artistique), et d'autre part, les agents font partie du réseau régional de développement mis en place par l'asbl/vzw Zinneke.

5.1.3.Si l'asbl/vzw Zinneke constate qu'un agent n'est pas affecté conformément à l'article 5.1.1 et 5.2.2, elle est tenue d'informer l'ORBEM qui, de son côté, après enquête par les services adéquats, peut mettre fin à la convention de mise à disposition.

La mise à disposition prendra également fin de plein droit dans l'hypothèse où le Gouvernement de Bruxelles-Capitale modifierait sa décision du 22 mars 2001 d'accorder au projet « Zinneke Parade >> deux ACS par Pôle de développement.

5.2.Soutien financier de l'asbl/vzw Zinneke pour la Zinneke Parade 2004

5.2.1.L'intervention financière de l'asbl/vzw Zinneke pour la coordination du Pôle de développement répartie sur les années 2003-2004 s'élève à un montant forfaitaire, ferme, définitif et non sujet à révision de :

-6.250 € (six mille cinq cents) pour la Boutique culturelle et

-6.250 € (six mille cinq cents) pour le GC De Rinck,

qui sera répartis en trois tranches avec déclaration de créances.

5.2.2. L'utilisation et les modalités d'attribution de ce budget seront définies en concertation avec l'asbl/vzw Zinneke.

Ce montant est payable à chaque organisation en trois tranches :

· une première tranche de 3.125 € (trois mille cent vingt cinq euro) sera versée à la signature de la lettre d'intention envoyée le 31/12/2003, après remise d'un budget détaillé ;

· une seconde tranche de 2.500 € (deux mille cinq cents euro) sera versée au plus tard le 30 avril 2004 ;

· une troisième et dernière tranche de 625 € (six cent vingt cinq euro) sera versée après la remise d'un rapport d'évaluation écrit de la réalisation du projet et le contrôle du compte de résultat final sur base de pièces justificatives, dont l'échéance est le 31 août 2004.

Une déclaration de créance certifiée conforme et véritable devra être émise pour chacune des tranches et portera la mention « Parade Zinneke 2004 - Pole SUD QUEST - tranche n° xxx».

Elle sera payée par l'asbl/vzw Zinneke après approbation du Directeur.

5.2.3. Si des investissements sont réalisés en outillage lourd grâce à ce budget, ce matériel reste en priorité à disposition du projet Zinneke Parade ; il doit pouvoir bénéficier à l'ensemble des Zinnodes et des groupes, même au-delà de la réalisation du 8 mai 2004 (redémarrage ateliers, nouveaux ateliers, réparations constructions, etc.).

5.2.4. L'asbl/Zinneke se réserve le droit d'apporter des modifications en fonction de la réalisation des engagements de la part des pouvoirs publics et/ou des sponsors privés.

6. Devoir de collaboration entre les parties

6.1. Toutes les parties sont tenues par une obligation de collaboration sincère et

loyale dans le cadre de l'exécution de la présente convention.

A cette fin, elles s'engagent notamment à s'informer mutuellement de tout évènement ou de toute circonstance de nature à avoir un impact, positif comme négatif, sur l'organisation et/ou sur le déroulement du projet, et ce dès qu'elles ont connaissance ou ont raisonnablement pu avoir connaissance de cet évènement ou de cette circonstance.

Elles s'engagent également à s'apporter mutuellement, lorsque les

circonstances l'imposent ou le rendent utile, aide, coopération et assistance, dans les limites de leurs moyens.

6.2. Afin de faciliter la collaboration entre les parties, la Boutique culturelle et le

GC De Rinck sont incluses dans l'organigramme mis en place par l'asbl/vzw Zinneke.

La Boutique culturelle et le GC De Rinck s'engagent à respecter le Cahier de charges établi par l'asbl/vzw Zinneke et assure son respect par les promoteurs de projets de Zinnodes.

6.3. Le non respect par l'une des parties du devoir de collaboration sera

immédiatement porté à la connaissance de l'asbl/vzw Zinneke.

Si celle-ci constate que l'absence de collaboration sincère et loyale est de nature à porter préjudice à l'accomplissement des prestations faisant l'objet de la présente convention, elle pourra, de plein droit et sans préavis ni indemnité, mettre fin à la convention à l'égard de la partie en défaut et à ses torts.

6.4. Le suivi du développement du projet sera assuré dans le cadre de réunions de travail entre les parties ou leurs représentants, notamment au sein du Groupe pilote, constitué de l'équipe de l'asbl/vzw Zinneke en charge de la coordination générale, des coordinateurs artistiques et des responsables et délégués des missions de production et de participation dans les Pôles de développement.

6.5L'état d'avancement du projet sera examiné périodiquement dans les réunions du Groupe pilote, ainsi que lors des réunions de travail provoquées par l'asbl/vzw Zinneke (réunions de RéZeau, de Pôle, de communication, etc.). Un bilan financier et un rapport moral et d'évaluation commun concernant les activités du Pôle SUD OUEST et le développement du projet seront remis l'asbl/vzw Zinneke pour le 31 août 2004 au plus tard (conformément au Cahier de charges).

7. Promotion et communication du projet

7.1. Le GC De Rinck et la Boutique culturelle doivent se soumettre aux consignes de communication de l'asbl/vzw Zinneke, tout particulièrement en ce qui concerne la visibilité du logo et de la mascotte de la Zinneke Parade, des différents pouvoirs subsidiants, d'éventuels sponsors et partenaires soutenant le projet.

7.2. Le GC De Rinck et la Boutique culturelle organiseront leur communication en collaboration avec le responsable de communication désigné par l'asbl/vzw Zinneke.

Ils informeront celui-ci et l'équipe de l'asbl/vzw Zinneke au sujet des

démarches qu'ils comptent entreprendre et fourniront en temps utile tout le matériel promotionnel nécessaire à la communication du projet.

7.3. L'emploi des langues (français, néerlandais, anglais) sera modulé en

fonction du public visé, des média utilisés et de la nécessaire courtoisie linguistique.

8. Droits intellectuels et droits voisins

8.1. En matière de droits intellectuels, de droits d'auteurs, de droits de

reproduction d'oeuvres de toute nature (maquettes, esquisses, dessins, plans, photos, vidéos...), la Boutique culturelle et le GC De Rinck accordent à l'asbl/vzw Zinneke ou à tout tiers désigné par elle le libre usage de tout texte, image ou autres réalisés dans le cadre de ce projet.

8.2 L'oeuvre reste la propriété artistique du créateur. Nul ne peut modifier ni

altérer le caractère de l'oeuvre sans l'accord de son créateur.

Celui-ci cède uniquement un droit de reproduction, d'utilisation à l'asbl/vzw Zinneke pour des objectifs promotionnels, de communication, artistiques, éducatifs, liés au sponsoring ou plus généralement dans le cadre de l'organisation et la promotion de « La Parade Zinneke».

Cette utilisation ne donne lieu à aucun paiement supplémentaire de droits d'auteur dans le chef de l'asbl/vzw Zinneke.

8.3. L'asbl/vzw Zinneke, la Boutique culturelle et le GC De Rinck s'engagent à

mentionner dans toute parution ou publication publicitaire, de communication ou autre, le nom de l'artiste créateur et/ou de l'asbl partenaire.

9. Droits et responsabilités

9.1. La Boutique culturelle et le GC De Rinck assument seuls la pleine et entière

responsabilité leur incombant en qualité de coordinateurs du développement du projet de la Zinneke Parade du Pôle de Développement EST, tant vis-à-vis du personnel, des fournisseurs de biens, des prestataires de services intervenant dans l'organisation et le fonctionnement du projet que de tous les tiers, en ce compris les participants au projet liés au Pôle de Développement EST.

Ils apporteront toutes les garanties nécessaires, en terme de contrat souscrit et de primes payées.

9.2. La Boutique culturelle et le GC De Rinck prennent en charge, chacun en fonction de ses prestations spécifiques, toute imposition, en ce compris les

contributions directes et indirectes, accises et rétributions.

Toutes les charges, coûts, amendes, directement ou indirectement liées à l'organisation du projet du Pôle de Développement SUD OUEST incombent dans leur intégralité à la Boutique culturelle et au GC De Rinck, chacun en fonction de ses prestations spécifiques.

9.3. La Boutique culturelle et le GC De Rinck sont seuls responsables du respect

de toutes les dispositions légales applicables, et tout particulièrement de l'obtention de toutes les licences et autorisations requises.

9.4. La Boutique culturelle et le GC De Rinck s'engagent à souscrire, le cas

échéant, les assurances nécessaires pour le montage, le démontage, la maintenance, le transport et le stockage des objets utilisés pour leurs prestations.

Ils s'engagent également à souscrire, le cas échéant, les assurances nécessaires pour couvrir les membres de leur association participant à leurs prestations durant les répétitions et le jour de la parade. D'autre part, ils s'engagent aussi à veiller au respect de l'obligation par les partenaires de souscrire les assurances nécessaires pour couvrir leurs participants respectifs (conformément le Cahier de charges).

9.5. L'asbl /vzw Zinneke ne couvrira en aucun cas les risques éventuellement encourus par un des participants au projet de la Zinneke Parade du Pôle de Développement SUD OUEST coordonné par la Boutique culturelle et le GC De Rinck, en ce compris les mineurs d'âge, les bénévoles ou tout autre travailleur.

L'asbl/vzw Zinneke ne pourra en aucun cas être tenue pour responsable d'éventuels dégâts matériels ou dommages corporels subis par les participants ou par le public par la faute de la Boutique culturelle, du GC De Rinck ou de l'un de leurs membres.

La Boutique culturelle et le GC De Rinck abandonnent tout recours à l'égard de l'asbl/vzw Zinneke en cas de litige survenant avec des tiers à l'occasion de leurs prestations dans le cadre du projet Zinneke Parade.

9.6. L'asbl/vzw Zinneke fait assurer sa responsabilité d'organisateur général du

projet Zinneke Parade, notamment pour le jour de la parade, soit le 8 mai 2004.

10. Résiliation de la convention

10.1. Dans l'hypothèse où la Boutique culturelle ou le GC De Rinck ne pourraient plus honorer leurs engagements, pour quelle raison que ce soit, il sera mis fin à la convention, sans indemnité, à l'égard du défaillant.

Préalablement à cette résiliation, les parties s'engagent cependant à rechercher et négocier ensemble une solution alternative à la résiliation, telle que la nomination d'autres responsables au sein de l'organisation du défaillant, afin de mener à bien la mission dans les délais convenus.

10.2. Dans l'hypothèse où l'asbl/vzw Zinneke serait amenée à ne pas réaliser le projet, pour des raisons économiques, techniques ou en cas de force majeure, il sera de plein droit mis fin à la convention.

La Boutique culturelle et le GC De Rinck présenteront le décompte des dépenses encourues, en fournissant toutes les pièces justificatives requises, et auront droit à une indemnité de dédit correspondant au montant déjà investi par eux.

Les travaux et les prestations déjà effectuées seront honorés selon les modalités prévues à l'article 3.

10.3. Dans l'hypothèse où les parties mettraient fin à la convention pour des raisons indépendantes de la réalisation du projet, les montants déjà honorés sur base de la convention resteront définitivement acquis à la Boutique culturelle et au GC De Rinck.

10.4. Quel que soit le motif de résiliation de la convention, il est expressément convenu que chaque partie supportera intégralement les charges encourues en suite des obligations contractées et s'interdit de réaliser une plus-value au détriment de ses partenaires.

En outre, la partie défaillante s'engage à informer complètement la personne remplaçante ou l'éventuelle association qui reprend sa mission, à lui transmettre tous les documents et à lui communiquer tous les contacts pris dans le cadre de cette mission.

11. Exécution et interprétation de la Convention

En cas de contestation relative à l'exécution ou l'interprétation de la présente convention, les parties s'engagent à rechercher toute solution amiable.

En cas d'échec de celle-ci, seul les tribunaux de Bruxelles seront compétents.

Fait en trois exemplaires à Bruxelles, le 15 avril 2004.

Pour l'asbl/vzw Zinneke, Pour la Boutique culturelle, Pour le GC De Rinck,

Annexe 4 : définition des postes de producteur et

coordinateur de participation

(annexe 1 de la convention précédente)

ANNEXE 1 - LE PROJET ZINNEKE PARADE 2004 -
SPECIFICATIONS POUR LA MISSION DE
PRODUCTION

ET DE COORDINATION DE LA PARTICIPATION

Le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, considérant que la Parade Zinneke 2000 a démontré qu'elle pouvait être un instrument important dans la revitalisation sociale de la Région au travers de la participation de tous ses habitants à un projet commun et fédérateur, a considéré qu'il est indéniable que cet événement a un impact particulier sur l'ouverture des habitants de la Région et particulièrement ceux des quartiers les plus défavorisés à de nouveaux circuits d'expression, pour permettre le développement et la pérennisation du projet Zinneke Parade dans le cadre de sa politique en matière de revitalisation des quartiers.

A. Le but de la mission de production

La production d'un pôle de développement comprend toutes les démarches nécessaires à la concrétisation des projets et idées, y compris les relations avec les autorités publiques (y inclus les pouvoirs publics locaux), les budgets particuliers et globaux, la recherche de moyens financiers, logistiques et pratiques, la recherche et la gestion de lieux de travail et de répétitions.

La production implique les tâches suivantes :

· Diriger et développer l'ensemble de la production et de la réalisation du cortège du Pôle de Développement en formant un groupe de travail avec les responsables de réalisations des ateliers et en s'assurant des besoins en ressources. Coordonner et superviser les différents responsables de production des Zinnodes.

· Travailler en collaboration étroite avec les 3 coordinateurs artistiques et la coordination de la participation de son pôle afin d'élaborer et d'assurer le cadre budgétaire, logistique, technique, pratique et humain. Ensemble, ils proposent le projet global de leur parade pour approbation au Groupe pilote.

· Planifier les actions du Pôle de développement et établir des scénarios de développement et de réalisation des projets en fonction des moyens accordés.

· Rechercher et mettre en place, en collaboration avec l'asbl/vzw Zinneke, des moyens humains, techniques, pratiques, logistiques et financiers pour assurer

la concrétisation des projets du Pôle de développement.

· Analyser la faisabilité budgétaire des projets et s'assurer de la mise en cohérence avec les moyens accordés ;

· Analyser la faisabilité et la sécurité des projets avec le support technique (sur base d'un dossier technique et des plans nécessaires) ;

· Gérer le budget du Pôle de développement et répartir les moyens mis à sa disposition par l'asbl/vzw Zinneke dans les Zinnodes en collaboration avec les responsables artistiques et la coordination de participation du Pôle et l'asbl/vzw Zinneke.

Ces différentes tâches s'étaleront du 1er janvier 2003 jusqu'au 31 décembre 2004, incluant la date de la parade prévue le 8 mai 2004 suivant le calendrier en annexe 2.

B. Le but de la mission de coordination de la participation

La coordination de la participation comprend l'information, la sensibilisation, la mobilisation et l'appel à projets auprès des habitants, associations, groupes, écoles, institutions et autres acteurs locaux. L'action consiste à favoriser et susciter la collaboration entre les porteurs d'initiatives dans une perspective d'appropriation collective du projet par toutes les composantes de la population des quartier (de Bruxelles et au-delà).

· Développer et diriger l'ensemble des démarches pour favoriser la participation dans le Pôle de Développement en organisant de manière systématique des rencontres, des réunions ouvertes, des appels à la participation et au développement de projets divers. Le but de ces actions est d'informer et mobiliser au maximum les habitants, le tissu socio-culturel, social et artistique, les groupes, les écoles, les commerçants, et autres acteurs locaux dans les quartiers autour du projet de la Zinneke Parade.

· Travailler en collaboration étroite avec les 3 coordinateurs artistiques et la production de son pôle afin d'assurer une participation diversifiée reflétant la réalité des quartiers et de la ville. Ensemble, ils proposent le projet global de leur parade pour approbation au Groupe pilote.

· Planifier les actions de participation du Pôle de développement et établir des scénarios de sensibilisation en fonction de la mobilisation. Ceci, aussi bien pour le développement de projets de Parade que pour les animations de quartier durant les sorties et le jour Z.

· Informer, soutenir, suivre et mettre en relation les différents responsables d'associations et de groupes impliqués dans les projets. Encourager et faciliter la coopération et création de réseaux locaux.

· Assurer, en collaboration avec l'asbl/vzw Zinneke, l'élaboration des projets

basés sur des réflexions inspirées de la philosophie du projet Zinneke Parade et porteurs de sens vis à vis des enjeux de développement des quartier et de la ville dans le Pôle de développement.

· Vis à vis des porteurs d'initiatives :

-créer le cadre et contribuer à l'esprit de création avec un(e) artiste réalisateur ;

-veiller à ce que les responsables assurent l'encadrement du groupe, de ses participants, sa gestion financière et sociale (des animateurs socioculturels doivent être à côté de l'artiste pour gérer les dynamiques de groupes et les problèmes plus individuels) ;

-veiller à ce que les groupes et organisations s'allient à d'autres groupes pour créer des ateliers multidisciplinaires, transversaux et solidaires.

· Analyser la faisabilité des collaborations pour les projets et s'assurer de la mise en cohérence avec les disponibilités et volontés des participants.

Ces différentes tâches s'étaleront du 1er janvier 2003 jusqu'au 31 décembre 2004, incluant la date de la parade prévue le 8 mai 2004 suivant le calendrier en annexe 2.

C. Fonctions de la BOUTIQUE CULTURELLE et du GC DE RINCK

- la Boutique culturelle est l'interlocuteur pour la production du Pôle de développement SUD OUEST, et

-le GC De Rinck est l'interlocuteur pour la coordination de la participation du Pôle de développement SUD OUEST

constitué à ce jour des Zinnodes suivantes :

-ORDRE ET DESORDRE

-LE MONDE EST UN VILLAGE

-MOVIMIENTO DE IDA Y VUELTA

-RECIRQUL'AGE

-EVOLUTION@BRU.BE -YAWAR

Annexe 5 : calendrier d'avancée du processus

zinneke

(annexe 2 de la convention précédente)

Annexe 2 - Zinneke Parade 2004 - Calendrier
3.2.Coordination du Pôle de développement

4.Phases

5.Objectifs

Phase d'organisation 1. Janvier - Août 2003

· développement du concept artistique en collaboration avec les coordinateurs artistiques

· développement d'une méthodologie pour la participation des habitants, associations, groupes, écoles, autres acteurs locaux

.recherche de moyens financiers, logistiques et pratiques

· contacts et appels à projets systématiques auprès des groupes et organisations locaux

· développement et analyse des projets .première sélection des projets

.première analyse situation budgétaire

· démarrage des ateliers

 

Phase de création

2. Septembre - Octobre 2003

3. Novembre -Décembre 2003

22 décembre - 5 janvier 2004 (Noël
- Nouvel an)

· démarrage des ateliers (suite)

sétablissement d'un plan de production global pour le Pôle et les différentes Zinnodes

spoursuite recherche de moyens financiers, logistiques et pratiques

· encouragement et facilitation de la coopération entre groupes, organisations et institutions dans les projets communs, création de réseaux locaux

.renforcement de la collaboration avec les responsables de Zinnodes et mise en réseau (réunions rassemblant tous les porteurs de projets)

· suivi des ateliers, soutien au développement des projets et évaluation (participation, production, logistique, technique, etc.)

sparticipation aux activités de communication

.accueil et intégration des dernières initiatives/projets .finalisation des budgets de l'ensemble du Pôle

spremier soutien financier aux projets

.facilitation de l'organisation des stages intensifs

· établissement du premier rapport intermédiaire en lien avec la coordination artistique

Phase de réalisation

4. Janvier - Mars 2004

23-29 février
(congés de carnaval)

· réalisation des projets (incl. constructions)

· évaluation des moyens disponibles et annoncés et de la faisabilité des projets

· évaluation des coopérations en fonction de la faisabilité des projets

· adaptation des projets et des collaborations en fonction de ces évaluations

· recherche de moyens complémentaires

· soutien à la gestion des Zinnodes

· soutien logistique et technique des projets

· facilitation de l'organisation des stages intensifs

· négociations de sorties avec les organisateurs de braderies, fêtes de

 

 

quartier et autres manifestations (incl. sur les plans financiers, logistiques et organisationnels)

· assurer la communication sur le développement des projets, les horaires et lieux d'ateliers, les répétitions, les sorties ; fournir les descriptions des projets et les partenariats, ainsi que tout matériel visuel (dessins, photos, vidéos, etc.) en vue de l'élaboration du programme et de la communication auprès des différents médias.

.définition et préparation logistique des trajets

Phase d'exécution

 

5. Avril - 8 Mai 2004

· analyse de la faisabilité et la sécurité des projets avec le support technique ; faire agréer les chars

5 avril - 18 avril

· répétitions générales par Pôle (dates cfr. Cahier des charges)

(congés de Pâques)

· finalisation mise en scène

 

· participation à la préparation de l'organisation logistique du Jour Z

 

· mise en place de l'encadrement du cortège du Pôle

 

· établissement des fiches techniques

6. Jour Z : 8 Mai 2004

· Zinneke Parade

Phase d'évaluation

 

7. Mai - Août 2004

· comptes et bilans de l'ensemble du Pôle ; établissement d'un rapport moral et d'évaluation définitif

 

· remise, entreposage du matériel

 

· gestion de l'exploitation de l'acquis (participation de groupes Zinneke à
des festivals, animations, spectacles...) et maintien des ateliers

 

· recherche des moyens pour les ateliers créatifs

8. Septembre - Décembre 2004

· évaluation des retombées

 

· participation à l'effort de communication post Parade

 

· préparation des actions à long terme ; objectifs 2005-2006

 

Annexe 6 : les statuts de l'asbl zinneke

Zinneke

1170 Bruxelles

MODIFICATION(S) AUX STATUTS 'K'K'K TRANSFERT DU SIEGE SOCIAL 'K'K'K CONSEIL D'ADMINISTRATION

Publié le : 2001-05-03 N. 007802

Numéro de l'association : 219132000 No TVA ou no entreprise : 472984173

Modifications aux statuts approuvées par les assemblées générales des 18 septembre 2000 et 20 janvier 2001 :

TITRE Ier. -- Dénomination, siège social

Article 1er. L'association est dénommée " Zinneke ". Son siège social est établi en Belgique à 1000 Bruxelles, rue du Houblon 71; par décision du conseil d'administration il sera transféré dans tout autre lieu de la Région de Bruxelles. L'association peut établir des succursales ou dépendances en tout autre endroit par décision du conseil d'administration. Toute modification du siège social doit être déposée dans le mois aux annexes au Moniteur belge.

Art. 2. L'association est constituée pour une durée illimitée; elle débute aujourd'hui; elle peut être dissoute à tout moment.

TITRE II. -- Objet

Art. 3. L'association a pour objet, à l'exclusion de tout but lucratif, l'étude, de la promotion, la diffusion, le développement et la recherche de la Zinneke Parade et des activités qui y sont liées; les bases en sont précisées dans sa charte. Elle gère les droits afférents et est propriétaire du concept et de la marque. Elle peut accomplir tous les actes se rapportant directement ou indirectement à son objet. Elle peut notamment prêter son concours et s'intéresser à toute activité similaire à son objet. TITRE III. -- Membres

Section 1re. -- Admission

Art. 4. Le nombre de membres de l'association n'est pas limité. Les premiers membres sont les fondateurs. Sont admis comme membres associés les membres fondateurs et les personnes qui en font la demande et qui, présentées par le conseil d'administration sont admises par l'assemblée générale à la majorité des membres

présents ou représentes. Seront aussi admis des membres sympathisants qui verseront également leur cotisation ou soutien financier sans pour autant accéder à la qualité de membres associés.D'autres catégories de membres sont définies en fonction des besoins du fonctionnement de l'association; ces personnes qui désirent aider l'association ou participer à ses activités doivent expressément adhérer aux bases de fonctionnement de l'association (statuts, charte) mais aussi aux Droits humaines fondamentaux.Des personnes seront choisies comme membres du groupe de conseillers scientifique et artistique et du groupe de pairainage conformément à l'organigramme et suivant son évolution.

Section 2. -- Démission, exclusion, suspension

Art. 5. La démission, la suspension et l'exclusion des membres se font de la manière déterminée par l'art. 12 de la loi régissant les a.s.b.l. L'inobservation des prescriptions contenues dans les statuts, le règlement d'ordre intérieur et la charte est un motif d'exclusion.

Art. 6. L'associé démissionnaire, suspendu ou exclu, ainsi que les héritiers ou ayant droit de l'associé décédé n'ont aucun droit sur le fonds social. Ils ne peuvent réclamer ou requérir ni relevé, ni reddition de comptes, ni opposition de scellés, inventaire.

Art. 7. Les membres de l'association n'encourent aucune obligation personelle du chef des engagements de l'association.

TITRE IV. -- Cotisations

Art. 8. Les membres associés sont astreints à une cotisation annuelle.

Art. 9. Le montant de la cotisation est fixé par le conseil d'administration. Il ne devra pas excéder 500 francs par an. Les autres membres contribueront aussi à l'equilibre financier de l'association par leurs contacts avec les autorités publiques ou les organisations privées, apportant à l'association le concours actif de leurs capacités et de leur dévouement.

TITRE V. -- L'assemblée générale

Art. 10. L'assemblée générale est composé des membres de l'association. Parmi les catégories de membres, seuls les membres associés ont droit de décision; dans ce sens, l'assemblée générale est souveraine. Les autres membres y sont invités avec voix consultative; un temps de parole leur est consacré pour élargir les espaces de réflexion et de réalisation. Il doit être tenu au moins une assemblée générale par an au courant du troisième trimestre. L'association peut être réunie en assemblée

générale extraordinaire à tout moment par décision du conseil d'administration ou la demande d'un cinquième des membres associés au moins. Chaque réunion se tiendra aux jours, heures et lieux mentionnés dans la convocation. Tous les membres associés doivent y être convoqués.

Art. 11. Les membres sont invités à l'assemblée générale par lettre ordinaire signée par le secrétaire au nom du conseil d'administration envoyée quinze jours à l'avance. L'ordre du jour est mentionné dans la convocation. Toute proposition signée par le cinquième des associés doit être portée à l'ordre du jour. Sauf dans les cas prévus par loi, l'assemblée peut délibérer valablement sur des points qui ne sont pas mentionnés à l'ordre du jour. Chaque membre associé par procuration écrite. Un membre peut au plus représenter un autre membre. Tous les associés ont un droit de vote égal, chacun dispose d'une voix.

Art. 12. Les comptétences de l'assemblée générale sont celles fixées par l'article 4 de la loi du 27 juin 1921 ou les présents statuts.

Sont notamment réservés à sa compétence :

les modificaitions aux statuts sociaux;

la nomination et la révocation des administrateurs;

l'approbation des budgets et des comptes;

la dissolution volontaire de l'association;

les exclusions d'associés.

Elle est présidée par le président du conseil d'administration. Les résolutions sont prises à la majorité simple des voix des associés présents ou représentés. En cas de partage des voix, celle du président ou de l'administrateur qui le remplace est prépondérante.

Les décisions de l'assemblée générale sont consignées dans un registre de procèsverbaux signés par le président et un administrateur. Ce registre est conservé au siège social où tous les membres peuvent en prendre connaissance. Toute modification aux statuts doit être déposée dans le mois aux annexes du Moniteur belge. Il en est de même de toute nomination, démission ou révocation d'administrateur.

Art. 13. Sous réserve des exceptions prévues par la loi, l'assemblée générale se réunit de plein droit si la moitié des membres associés est présente ou représentée. Si l'assemblée ne peut statuer valablement, une nouvelle assemblée convoquée selon les mêmes principes pourra décider du même ordre du jour quel que soit le nombre

des présents.

Art. 14. L'exercice social commence le 1er janvier et se termine le 31 décembre de chaque année.

Art. 15. Chaque année, le conseil d'administration est tenu de soumettre à l'approbation de l'assemblée générale ordinaire les comptes et le bilan de l'exercice écoulé, ainsi que le budget prévisionnel de l'exercice suivant.

TITRE VI. -- Administration et gestion journalière

Art. 16. L'association est administrée par un conseil d'administration composé de 5 membres au minimum et 10 membres au maximum. La durée du mandat est de trois ans, renouvelable. Tout administrateur désigné à remplacer un administrateur défaillaint termine le mandat de son prédécesseur. Les administrateurs sont nommés par l'assemblée générale en fonction de leur intérêt pour l'objet de l'association. Ils peuvent être en tout temps révoqués par elle. L'assemblée générale élit, parmi les administrateurs, le président et le vice-président de l'association. Le président ou, à défaut le vice-président, préside l'assemblée générale, le conseil d'administration et le bureau.

Art. 17. Le conseil d'administration choisit parmi ses membres un(e) secrétaire et un(e) trésorier (ou trésorière). Il constitue un bureau de 3 à 5 membres, dont le président et le vice-président. Tous les pouvoirs qui ne sont pas réservés par la loi ou les présents statuts à l'assemblée générale ou au conseil d'administration peuvent lui être délégués. Il constitue le contact privilégié avec la cellule de réalisation et de développement chargée de la gestion journalière.

Art. 18. Le conseil se réunit sur convocation du (de la) présidente ou du (de la) secrétaire. Il (elle) est cependant tenue de convoquer endéans les quinze jours le conseil d'administration à la demande écrite et motivée d'au moins deux administrateurs par lettre motivée. Les décisions du conseil d'administration sont prises à la majorité absolue des membres présents ou représentés par procuration écrite. La majorité des membres doit être présente. Quand il y a parité des voix, celle du (de la) présidente ou de celui ou cele qui le remplace est prépondérante. Les décisions sont consignées sous forme de procès-verbaux signés par le président dans un registre spécial. Les extraits qui doivent être produits et tous les autres actes seront signés par le (la) président(e) et le (la) secrétaire. Le conseil d'administration, sous réserve des pouvoirs qu'il délègue au bureau, a les pouvoirs les plus étendus pour l'administration et la gestion de l'association. Sont seuls exclus les actes

réservés par la loi ou les présents statuts à celle de l'assemblée générale. Il nomme, soit lui-même, soit par mandataire, tous les agents, employés et membres du personnel de l'association et les destitue; il détermine leurs occupations et rémunérations.

Art. 19. Délégation de gestion : le bureau délègue la gestion des activités et des budgets afférents aux responsables de la cellule de réalisation et de développement dont il nomme les membres pour leurs qualifications afin de remplir les fonctions ad hoc c'est-à-dire la réalisation de l'objet de l'association, la Parade Zinneke et ses activités connexes, avec usage précisé de la signature pour certaines dépenses et engagements. Ces personnes sont en contact avec les partenaires extérieurs dans le respect de la Charte Zinneke.

TITRE VII. -- Règlement d'ordre intérieur

Art. 20. Un règlement d'ordre intérieur pourra être présente par le conseil d'administration à l'assemblée générale. Des modifications à ce règlement pourront être apportées par une assemblée générale, statuant à la majorité simple des associés présents ou représents.

TITRE VIII. -- Dispositions diverses

Art. 21. Selon les possibilités juridiques et suivant les souhaits de ses membres, l'association pourra se transformer en association de droit européen (forme d'a.s.b.l. internationale basée sur le droit belge) pour autant qu'elle poursuive le même et défende la même philosophie en s'appuyant sur la même charte.

Art. 22. En cas de dissolution de l'association, l'assemblée générale agira selon les articles 19 et 20 de la loi du 27 juin 1921. Elle désignera le ou les liquidateurs, déterminera leurs pouvoirs et indiquera l'affectation à donner à l'actif de l'avoir social. L'actif sera attribué de préférence à une association dont les objectifs osnt analogues. Ces décisions ainsi que les noms, profession et adresse du ou des liquidateurs seront déposés aux annexes du Moniteur belge.

Art. 23. Tout ce qui ne serait pas prévu explicitement aux présents statuts est réglé par la loi du 27 juin 1921 régissant les associations sans but lucratif.

Conseil d'administration

Ont donné leur démission en tant que membres du conseil d'administration : Mirko Popovitch, président, Didier Schretter, secrétaire.

Sont désignés comme administrateurs lors des assemblées générales des 18 septembre 2000 et 20 janvier 2001 :

Président : Jean-Louis De Coen, rue Franz Merjay 97/2, 1050 Bruxelles. Vice-président : Marcel Rijdams, rue Van Artevelde 161/25, 1000 Bruxelles. Trésorière : Basma Ben Amar, rue de la Prévoyance 60, 1000 Bruxelles. Secrétaire : Alain Degroot, avenue Coghen 198, 1180 Bruxelles.

Membres :

Ali Benabid, rue du Greffe 16, 1070 Bruxelles.

Patrick Chaboud, rue Berckmans 35, 1060 Bruxelles.

Nik Honinckx, boulevard du Jubilé 65/7, 1080 Bruxelles.

Catherine Simon, avenue de l'Hippodrome 147, 1050 Bruxelles. Thierry Van Campenhout, rue Louis Coenen 13c, 1060 Bruxelles. Anne-Sophie Van Neste, place Saint-Géry 20, 1000 Bruxelles. (Signé) A. De Groot,(Signé) J.-L. De Coen, secrétaire.président.

Annexe 7 : Zinneke Mémorandum pour une vile

cosmopolite

A l'origine de la mouvance Zinneke, et je ne parle pas que de la Parade Z mais du projet Z dans son entièreté, il y avait l'envie et la volonté de jeter des Ponts, des ponts entre cultures, des ponts entre quartiers, des ponts entre hommes et femmes de toutes origines, de toutes couleurs, réaliser des passerelles multiculturelles, des synergies entre le monde social et le monde artistique, entre les quartiers riches et pauvres, entre ceux qui ont du travail et ceux qui n'en ont pas.

Le projet Z est un projet de Ville, d'une autre ville, une ville basée sur la rencontre, la fête, le respect des autres, l'émancipation et la convivialité,

Aujourd'hui nous devons constater que ce projet de Ville Conviviale, Ouverte, et Cosmopolite n'est pas toujours compris, n'est pas toujours vécu, n'est donc pas suffisamment soutenu par les pouvoirs en place qui ne semble pas encore véritablement rompre avec les schémas sclérosés du 20ième siècle, bien sûr il y a, heureusement, des exceptions, des gens qui voient claires et nous les remercions ici de tout coeur. C'est grâce aux programmes de Revitalisation des Quartiers que nous avons pu s'embarquer dans cette aventure, Merci.

Ce manque de projet visionnaire, ce manque de courage, cette pesanteur et lenteur quand il s'agit de soutenir des projets nouveaux nous rend parfois furieux et à d'autres moments nous fatiguent mais nous restons bien décidé de continuer et de ne jamais abandonner.

En 2000 on osait nous dire que nous étions des irresponsables qui amenaient les kets des `'quartiers chauds» au centre ville, entre-temps nous avons prouvé que nos kets sont capables d'émerveiller cette ville et d'en être des citoyens fiers et responsables, de participer à une nouvelle identité pour cette ville,

Nous en avons marre d'entendre dire que la Parade coûte trop cher pour un jour, la réalité est que plusieurs milliers de Bruxellois participent, travaillent et apprennent ensemble pendant deux ans et c'est ça le vrai sens et la valeur de notre projet. Le jour Z et la Parade ne sont que la pointe du volcan, volcan qui reste actif, un feu continu qui vie durant toute la biennale, pendant l'entièreté des deux ans.

Nous en avons marre de ne pas être pris au sérieux comme projet social artistique tandis que l'essentiel de notre concept est de faire créer artistes et habitants ensemble, d'expérimenter des nouvelles synergies, des nouvelles formules de vivre ensemble.

Nous en avons marre d'entendre des discours prometteurs pendant que la réalité sur le terrain ne bouge guère et qu'on manque d'imagination pour y apporter la dynamique.

Nous en avons marre qu'on nous range sous le drapeau de nouveau folklore et d'événement divertissant. Il est vrai que nous avons été nommé Evénement culturel de l'année 2000 et Ambassadeur du tourisme bruxellois en 2002; et nous sommes heureux pour cette reconnaissance, merci, mais cela reste des titres trop honorifiques.

Nous voulons démolir les murs fantômes qui tiennent cette ville en otage, des murs entre francophones et néerlandophones, entre allochtones et autochtones, entres les multiples minorités et la majorité silencieuse, ses murs aveugles, invisibles, mais tellement réels. Nous luttons à notre manière contre le racisme et la xénophobie, contre la dualité entre une ville riche et des quartiers laissés à l'abandon, pour une ville tolérante et transculturelle.

Nous lançons ici un appel, un appel politique dans le sens profond et noble du terme :

Nous demandons aux responsables de cette ville-région, aux responsables de ce pays et de l'Europe et aux futurs responsables (élections obligent) d'investir dans la convivialité, d'investir dans les rencontres entre cultures, d'investir dans une approche transversale, de dépasser les anciennes clivages,

bref d'investir d'avantage dans une ville Rayonnante et Cosmopolite.

Nous demandons aussi à tous et à toutes les Zinnekes qui aujourd'hui travaillent dans les pôles, dans les zinnodes, dans les ateliers, qui travaillent partout à la Parade du 8 mai 2004 de continuer, de surmonter les problèmes qui se posent, problèmes inhérents à ce grand projet, problèmes qu'on a connu en 2000 et qu'on a connu en 2002 et qu'on espère ne plus connaître en 2006.

Bruxelles est le laboratoire de la société de l'avenir et sera le modèle de demain.

Marcel RIJDAMS co président ZINNEKE Bruxelles le 7 avril 2004 jour Z - 30

Annexe 8 : quelques photos et illustrations.

Photo prises dans ma collection personnelle et donc limitée au partie de la parade que j'ai pu voir (quand on est dedans, on ne voit pas ce qui se passe à côté, c'est la grande frustration des zinnekes).

Figure 1: atelier ouvert de danse brésilienne

137

Figure 2: atelier de création des accessoires de la zinnode Ordre et Désordre

Figure 3: projet dessiné de la zinnode E-volution@bru.be

Figure 4: répétition générale de zinnopôle sud-ouest au CERIA

Figure 5:Préparation du zinnopôle sud-ouest le matin du jour Z au Curohall

Figure 6: petit déjeuner au Curohall

Figure 7: moi-même,au curohall, prête à passer à l'assaut des boulevards

Figure 8: Préparation de Ordre et Désordre au Curohall

Figure 9: maquillage collectif au curohall

Figure 10: Préparation de Yawar au Curohall

Figure 11: parade sud: la rébellion des statues

Figure 11 : projet dessiné du zinnovule

Figure 12: parade sud, le zinnovule

Figure 13: Black&White Band de la zinnode E-volution@bru.be

Figure 14: Ron Jaluai du zinnopôle sud-ouest

Figure 15: percussionniste de la zinnode E-volution@bru.be

Figure 16: chorale méli-mélo de la zinnode E-volution@bru.be

Figure 17: Giebus préparant le podium pour la soirée du zinnopôle sud-ouest sur la place de la
vaillance

Figure 18: fin en beauté du jour Z pour le zinnopôle sud-ouest






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault