WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Evaluation d'impact du projet d'appui à  la sécurisation des systèmes de production agricole de Maradi au Niger (PASSPA / PN7 )

( Télécharger le fichier original )
par Mahaman Sani GARBA
Université Paris 1 Sorbonne / CEFEB ( centre d 'études financières économiques et bancaires ) - Diplôme d'études supérieures spécialisées en gestion des projets et programmes de développement 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE 8: L'EVALUATION DES EFFETS ET IMPACTS DES SERVICES D'APPUI DE TYPE 1

Les principales contraintes visées par les services d'appui de type 1 étaient :

- l'insécurité alimentaire ;

- l'attaque des ennemis de culture ;

- l'analphabétisme ;

- l'insuffisance quantitative et qualitative des semences ;

- l'insuffisance d'arbres et de bois, le manque des plants forestiers pour diverses utilisations ;

- pauvreté des sols agricoles ;

36

Section 8.1 : l'évaluation des effets et impacts des banques de céréales et de semences.

Les banques des céréales et de semences sont nées à partir des efforts propres des adhérents qui avaient soit utilisé tout ou une partie des récoltes des champs collectifs, soit constitué le capital de départ à partir des cotisations en nature au moment des récoltes.

Les banques de céréales ou de semences étaient initiées dans 52% des villages bénéficiaires directs des activités du projet.

L'un des objectifs des banques de céréales et de semences était de réduire le salariat agricole mené par les ménages très vulnérables afin qu'ils puissent pleinement se consacrer à la conduite de leur calendrier agricole.

Selon plusieurs témoignages, ces banques avaient assuré la disponibilité des vivres et des semences, même pendant les périodes de soudures. Elles avaient également renforcé la cohésion sociale au sein du village et même avec d'autres villages bénéficiaires18. La gestion des banques de céréales et d'engrais a fait tache d'huile dans plusieurs villages qui ont abrité des adoptants secondaires. En effet une banque céréalière bien ravitaillée attire beaucoup de communautés voisines. C'est le cas de la banque de Garin Koutoubou dont les bénéficiaires se trouvaient dans 14 villages environnants. Pour les communautés de Guidan Basso, Garin Tanko, Kokki, Guidan Aché, les banques des céréales constituent l'appui du projet, le plus porteur pour les ménages. C'est dans ce cadre que Monsieur Illa Kaoura témoigne :

« La simple pensée d'avoir une part du stock de mil dans la banque, me procure de la joie car je me sens en sécurité »

L'état de la banque des céréales était un «baromètre» pour le prix des céréales sur les marchés de plusieurs villages abritant des banques céréalières. C'est dans ce cadre que témoigne Madame Gado Halima du village de Guidan Basso :

« La banque céréalière était un régulateur des prix des céréales sur le marché local. Quand elle est vide, les prix montent, mais dès qu'elle est ravitaillée, les commerçants baissent les prix. Au niveau de notre banque la tia de mil se vendait à 425 Fcfa au moment où les commerçants la vendait à 600

Fcfa sur le marché »

La banque des céréales a été particulièrement utile aux femmes, en ce sens qu'elle leur avait permis de développer plusieurs activités génératrices de revenus comme en témoigne Rabi Moussa du village de Garin Bajini :

18 D'autres villages ont soit bénéficié directement des banques céréalières, en empruntant des céréales ou en s'adhérant aux activités, soit indirectement en répliquant la pratique.

37

« Grâce aux emprunts d'argent auprès de la banque céréalière, beaucoup de femmes du village et

même celles des villages environnants avaient eu des fonds de roulement. Certaines d'entre elles

continuent actuellement à tirer profit de ces emprunts. Quant à moi, j'ai marié deux de mes filles

grâce à cet emprunt et j'avais même acheté 3 chèvres. Je vous souligne en passant que j'ai remboursé

mes dettes vous pouvez même le contrôler. »

Grâce aux banques céréalières, des activités d'intérêt communautaire avaient été développées

dans plusieurs villages. Nous pouvons citer entre autres :

- la réhabilitation du puits (par exemple à Guidan Basso, Badeta et Guidan Aché) ;

- l'achat de deux champs collectifs à Garin Bajini ;

- l'octroi des crédits en nature et en espèces dans presque toutes les communautés abritant les

banques céréalières.

- la vente de linceuls à Guidan Basso qui a rendu le village célèbre. En effet, le linceul est

sollicité par plus de 9 communautés voisines qui ne partent plus à Maradi pour s'en procurer.

- la création de l'école à Garin Bajini comme en témoigne Abdou Issa du village :

« Avant, chaque ménage se débattait seul pour résoudre ses propres problèmes. Aujourd'hui,

l'intervention de Care a raffermi la cohésion sociale dans le village. Cette dernière nous a permis

d'initier et d'exécuter des actions d'intérêt collectif, c'est le cas de la réhabilitation du puits et la

création de l'école que vous voyez là-bas»

Malheureusement, malgré tous les avantages que procuraient les banques des céréales et de semences, aucune banque n'a franchi le cap de l'année 2004. En effet, 37% des banques avaient cessé d'être opérationnelles en 2003, c'est à dire 4 ans après le départ du projet. C'est le cas des banques des villages de Kokki, Garin Kata, Guidan Basso, Guidan Aché etc. De plus, 28% avaient cessé d'être opérationnelles en 2002 (cas du village de Badeta, Dan Makaou, Sakata etc.). Le restant des banques (35%) avaient cessé dès 2001.

Trois principales raisons justifient l'arrêt de ces activités. Il s'agit du non-remboursement des emprunts, l'insécurité alimentaire suite à une succession de mauvaises saisons agricoles, le détournement et le manque de transparence dans la gestion des stocks.

Graphique 1 Les causes d'interruption des activités de gestion des banques de céréales et d'engrais

30%

15%

55%

Non-remboursment insécurité alimentaire Detournement

38

OLe non-remboursement des emprunts.

Dans 55% des villages enquêtés, le non-remboursement du crédit était la principale cause de l'interruption des activités Nous pouvons citer entre autres, les villages de Guidan Kata, Djinguilma, Badeta, Zodeye, Sakata, Guidan Basso, etc.

A la question de savoir pourquoi les paysans ne remboursent pas les emprunts auprès des banques céréalières et de semences, monsieur Issaka Moussa du village de Sakata nous a répondu en ces termes :

« C'est nous les paysans qui avons constitué le stock sans apport externe, par conséquent nous ne

sommes pas obligés de nous faire toutes sortes de pressions pour rembourser les emprunts surtout

en ce temps difficile. Si le projet avait apporté ne serait-ce que quelques tia de mil, nous serions

peut être gênés de ne pas rembourser nos dettes »

Constat

Cette réponse témoigne le manque de culture d'auto promotion chez les communautés bénéficiaires.

Par ailleurs, la constitution des stocks par les propres efforts des adhérents a laissé présager un gage de pérennité lors de l'évaluation finale19. Mais, vu la complexité des comportements des partenaires villageois, cela a été souligné comme l'un des facteurs explicatifs du non-remboursement des emprunts et donc de l'arrêt de l'activité dans plusieurs villages.

~ L'insécurité alimentaire

Dans 30% des villages enquêtés, l'insécurité alimentaire était la principale cause de l'interruption des activités des banques céréalières. Comme villages concernés, nous pouvons citer entre autres, Guidan Aché, Kokki, Dan Makaou où le stock des céréales a été distribué aux différents adhérents pour répondre au plus pressé après les mauvaises campagnes agricoles. C'est dans ce contexte que madame Habsou Idi de Guidan Aché témoigne :

19 Rapport d'évaluation finale, page 23

39

« Il ne nous sert a rien de stocker nos vivres dans la banque au moment où nos enfants manquent de quoi manger »

Une autre femme du même village ajoute:

« A Guidan Aché, nous sommes conscients de l'importance de la banque céréalière. Si nous avons

décidé de distribuer le stock c'est par ultime nécessité, car nous avons bien géré notre banque

céréalière. Nous prêtions les céréales uniquement en période de soudure avec un intérêt en nature de

25%, remboursable après la récolte. L'argent de la vente nous a permis de donner des crédits en

espèce avec intérêt de 10% et l'application de pénalité en cas de non-respect du délai de

remboursement. Malheureusement nous avons connu quatre années successives de mauvaises saisons

agricoles qui avaient tout remis en cause »

Un habitant du village de Kokki nous a livré son analyse pour la pérennité de cette activité :

« Malgré les difficultés vécues pendant 3 années successives de mauvaises pluviométries, nous

pouvions continuer à entretenir nos banques céréalières si les agents du projet faisaient de petites

visites pour nous rappeler qu'ils nous observent et nous apporter d'autres appuis, malheureusement

ils nous avaient abandonnés à un moment où nous avons le plus besoin d'eux »

Ce témoignage illustre que les acquis n'ont pas été consolidés au moment du départ du projet. O Le détournement et le manque de transparence dans la gestion

Dans 15% des villages enquêtés où les activités de gestion des banques céréalières ou de semences étaient interrompues, le détournement et le non-respect du règlement intérieur étaient les principales causes. C'est le cas du village de Garin Tanko et surtout de Garin Koutoubou où plusieurs membres du comité de gestion du stock ont été emprisonnés suite au détournement.

Constat

En somme, la mal gouvernance et l'absence de vision pour l'auto promotion étaient les principales causes d'interruption des activités de gestion des banques céréalières qui, pourtant étaient très bénéfiques pour les populations.

Recommandation:

Il est indéniable que le projet avait fait beaucoup d'investigations pour identifier les contraintes liées aux conditions de vie des populations et la faisabilité technique de leur résolution, mais une étude pour la compréhension des comportements des paysans et surtout de leur perception du projet doit être menée pour un changement de mentalité orienté vers l'auto promotion.

40

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"