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Etude des relations russo- estoniennes depuis Tallinn

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par Jean- Francois Vasseur
Institut d'études des relations internationales Paris - Licence 2009
  

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On assiste peu à peu à l'apparition d'une UE unanime dans son dialogue avec Moscou. Il aura fallu pour cela un certain nombre de crises, et même un conflit militaire l'été dernier pour que les dirigeants européens, même les plus favorables à Moscou, comprennent qu'il était impératif d'opposer un front uni aux aspirations russes visant à restaurer leur traditionnelle « sphère d'influence ». Ainsi nous verrons dans un premier temps les grandes étapes pour l'apparition de cette nouvelle unité européenne, et ensuite nous examinerons la nouvelle dimension « géopolitique » de l'Union Européenne qui voudrait transparaître à travers un certain nombre de projets et d'orientations politiques.

a. L'UE a, ces dernières années, évolué vers un positionnement et un discours plus concordant à l'égard de la Russie, et ceci à l'occasion de certains évènements. Premièrement, lors des événements de 2007, l'UE a su faire front uni pour condamner le comportement de Moscou et prouver l'existence du fameux principe de solidarité européenne. Ainsi, lors du sommet UE-Russie de Samara du 18 mai 2007, Jose Manuel Barosso a tenu à l'affirmer à l'attention des dirigeants russes :

« Une difficulté pour un Etat membre est une difficulté pour tous les membres de l'Union européenne. Nous sommes une Union fondée sur des principes de solidarité. Un problème estonien est aussi un problème européen ».

Egalement, le fait qu'en cette même période le mouvement nationaliste russe, pro-kremlin, « nashi » (les nôtres), manifeste non seulement devant l'ambassade d'Estonie à Moscou, mais également devant la délégation de la Commission européenne, équivaut à reconnaître l'UE comme un acteur légitime dans le différend russo-estonien. Le différend russo-estonien a pris une dimension européenne. Les événements de 2007, étaient, comme dit précédemment, un « test » de la solidité et de la cohérence européenne, effectué grandeur nature par Moscou. Les responsables de l'UE semblent l'avoir compris et ont agis en conséquence, en dénonçant unanimement l'attitude du Kremlin dans ce différend, et en garantissant à l'état estonien le soutient indéfectible de l'Union. Cependant l'UE a décidé de ne pas interrompre les discussions avec la Russie, estimant que ce serait contre productif , mettant une nouvelle fois en avant sa tradition de dialogue. Malgré tout, après ces évènements, l'UE a commandé un audit des relations UE-Russie à l'ECFR (european council on foreign relations). Cet audit a été rendu public le 2 novembre 2007, voici un extrait de la conclusion, située en fin de document :

« the EU has the resources and levers to exercise serious influence over Russia. The biggest challenge will be to strengthen the key point of leverage which Europeans could exercise over Russia: their unity. » Par Mark Leonard et Nicu Popescu.

Après les évènements de Tallinn de 2007, le conflit géorgien de l'été dernier fut une occasion supplémentaire pour l'UE de manifester une certaine unité face à la Russie22(*). Tous les membres de l'UE ont condamné unanimement l'agression militaire russe, et c'est grâce à l'unanimité de tous les membres que Nicolas Sarkozy a été en mesure d'aller négocier la paix en faisant s'asseoir à la même table Mikhaïl Saakhachviili et Dmitri Medvedev. Nicolas Sarkozy a loué la démonstration d'unité de l'UE lors de son discours devant le parlement européen à Strasbourg le 16 décembre 2008 :

« Finalement, la guerre fut évitée. Le retrait fut engagé et par-dessus tout, et hommage en soit rendu à tous les pays membres de l'Union, l'Europe est restée unie. »

Cette intervention de la diplomatie européenne, la première du genre, aux portes de l'Union, témoignent de l'importance de maintenir un voisinage stable et pacifié, mais également d'une volonté européenne de prendre désormais des responsabilités dans le règlement des problèmes dans son voisinage direct, et de donner, ainsi, une raison d'être à la PESD et l'espoir d'une politique étrangère commune à court ou moyen terme.

Le Monde du 7 août 2009 titre un de ses articles « l'Europe stratégique est née en Géorgie »

En voici un extrait :

« il est significatif pour l'avenir de l'Union européenne que celle-ci ait pu démontrer une véritable capacité d'action en cas de crise engageant la paix et la sécurité en Europe, dès lors qu'une impulsion politique était au rendez-vous. Une démonstration d'autant plus utile que les dossiers ne manquent pas qui engagent la stabilité territoriale ou la sécurité énergétique de notre continent. »

Août 2008 fut certainement un tournant. Une nouvelle tendance se dessine, celle d'une Union Européenne acteur majeur sur la scène internationale. L'Europe ne doit plus seulement être économique et juridique, elle doit être une puissance diplomatique et politique, et l'intégration croissante de l'Union va dans ce sens. La ratification du traité de Lisbonne par les Irlandais le 2 octobre 2009 confirmerait la voie dans laquelle a choisie de s'engager l'Union.

« Un premier rendez-vous crucial nous attend avec la ratification du traité de Lisbonne. Il faut souhaiter une entrée en vigueur rapide du traité pour que l'Union européenne dispose enfin, grâce aux innovations qu'il contient (président du Conseil européen, Haut Représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et Service européen pour l'action extérieure), d'une véritable politique étrangère qui lui permette d'agir et non de subir. » Le Monde du 7 août 2009

b. La nouvelle vision « géopolitique » de l'Europe tend à s'affirmer à travers plusieurs projets. Parmi ces projets on considèrera ici le partenariat oriental,23(*) et l'implication de ce projet pour la politique étrangère estonienne.

Le partenariat oriental tend à illustrer une certaine volonté d'homogénéisation du voisinage direct de l'Union Européenne (ce partenariat s'inscrit dans le cadre plus large de la « politique européenne de voisinage »). Cette homogénéité se doit d'être tout d'abord économique et démocratique, telle est l'ambition du partenariat oriental de l'UE. Le partenariat oriental a été lancé le 7 mai 2009 à Prague. L'UE désire un voisinage stable politiquement, mais aussi ouvert économiquement. C'est dans ce but qu'a été établi ce partenariat. Les six pays concernés sont : la Biélorussie, l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

« Le but du partenariat oriental n'est pas d'offrir une perspective d'adhésion à l'Union européenne, mais de proposer des projets concrets pour assurer une intégration graduelle des six pays concernés à l'économie, à la législation et aux politiques européennes. » www.rfi.fr , le 6 mai 2009

Cependant, ce partenariat qui s'est dessiné après le conflit du gaz russo-ukrainien et le conflit militaire de l'été dernier en Géorgie a certainement d'autres objectifs. Le fait d'associer des pays comme l'Ukraine et les républiques du Caucase à ce partenariat laisse penser que l'UE désirerait sécuriser les voies de transit des hydrocarbures a destination de l'Union afin d'éviter, par exemple, de nouvelles ruptures d'approvisionnement.24(*)

La Russie a, dès le début des discussions liées à la genèse du projet, perçu ce dernier comme une volonté européenne d'immixtion dans sa traditionnelle « sphère d'influence », ce que l'Europe a démenti en expliquant que ce partenariat oriental visant à rapprocher ces six pays de l'UE, rapprocherait par le fait également la Russie, et faciliterait donc la coopération et les échanges avec cette dernière, néanmoins, Moscou reste sceptique et a tendance à percevoir la manoeuvre comme une alliance contre les intérêts russes. Ainsi, Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue « la Russie dans la politique globale » fait le constat suivant :

« La lutte pour les pays voisins de la Russie et de l'Union européenne, jusqu'ici latente, est désormais devenue manifeste.(...) La nécessité d'entraîner ces Etats périphériques dans la sphère d'influence de l'UE (pour des raisons énergétiques en premier lieu) l'a emporté sur les scrupules des partisans des valeurs européennes. Minsk en constitue l'exemple le plus éclatant. » Ria Novosti 8 mai 2009

Vladimir Tchijov, le délégué permanent russe auprès de l'UE va même plus loin et cherche à dénoncer, d'une certaine façon, ce partenariat :

« Il importe aussi que cette initiative ne place aucun pays devant un dilemme artificiel: soit regarder vers l'avant et se projeter dans un avenir radieux aux côtés de l'UE, soit se tourner vers un passé ténébreux avec la Russie. Malheureusement, les signes de cet état d'esprit sont apparus dès la formation du Partenariat oriental. » Ria Novosti 18 mai 2009

La dimension géopolitique de l'Union Européenne tendrait donc à s'affirmer par le biais de ce partenariat oriental, Mais le partenariat oriental est également un moyen pour certains « petits pays » européens tels que l'Estonie, de développer une politique étrangère ciblée sur certains Etats proches.

« La PEV donne à l'Estonie une chance de participer à la politique de puissance régionale. Dans ce cadre, l'Estonie peut développer une approche messianique de la politique étrangère, devenant un exemple de réformes, de transition, d'occidentalisation et d'intégration pour l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie. Le message de l'Estonie est clair : « Suivez notre exemple et tôt ou tard vous deviendrez un état membre de l'UE et de l'OTAN ».  www.cairn.info, n°61, janvier 2006 (les pays baltes), par Vahur Made, directeur adjoint de l'école estonienne de diplomatie.

La PEV laisse toute liberté d'action aux pays situés à l'extrémité Est de l'UE de mettre en place leur propre politique étrangère au sein d'un cadre juridique pré-établi. Ainsi, l'aide au développement et la coopération économique ou politique ne sont plus juste des politiques de soutien, mais elles permettent d'exercer une certaine influence sur les dirigeants des pays concernés et ainsi de les rapprocher de l'UE, donc implicitement, de les éloigner de Moscou.

Il faut savoir que la Géorgie est la priorité de la politique étrangère estonienne. L'Estonie soutient ardemment l'adhésion rapide et inconditionnelle de la Géorgie à l'OTAN. Au moment de la guerre en 2008, Tallinn a envoyé en Géorgie deux experts en cyber-défense, ainsi qu'une équipe de démineurs. La Géorgie est le premier bénéficiaire de l'aide bilatéral estonienne, qu'elle soit financière, logistique ou humanitaire.

« It is our duty to continue giving support and assistance to Ukraine and Georgia ». Extrait de l'allocution du ministre estonien des affaires étrangères M.Urmas Paët devant le parlement le 26 février 2009, dans le cadre de la « vue générale de la politique étrangère estonienne. »

* 22 Et également de s'affirmer comme un acteur majeur sur la scène internationale

* 23 Annexe n°8

* 24 Cette ambition aurait peu de chance de se concrétiser étant donné que le Russie n'a pas ratifiée la charte européenne de l'energie

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway