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La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring

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par Daniel KIMBMBA KAHYA
Université catholique du Congo - Licence 2012
  

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Conclusion du chapitre

Que pouvons-nous retenir de ce qui se joua en théologie morale depuis les pères de l'Eglise jusqu'à la Renaissance? L'intérêt n'est pas historiographique, mais proprement théologique, à savoir mieux comprendre les débats de théologie morale qui nous ont précédés et dont les débats actuels sont tributaires.

En effet, après une longue période médiévale où le thomisme et le Livre des sentences de Pierre Lombard régnèrent, le bouillonnement culturel de la Renaissance va contribuer à donner une importance nouvelle à la théologie morale. Plusieurs évolutions vont rendre les situations plus complexes et donc le discernement moral plus difficile notamment :

- En opposition avec l'idéal médiéval d'unité du corps de la société au Moyen-âge, l'humanisme de la Renaissance exalte l'individu. D'où un déplacement de l'importance de la conformité à la loi objective au profit de la dimension subjective de la morale, la conscience.

- Les grandes découvertes des Indes et de l'Amérique et de leurs populations mettent à l'épreuve des normes morales qui semblaient universelles.

- L'évolution de la théologie morale vers la casuistique ne peut pas se comprendre sans la place de plus en plus importante donnée au sacrement de la pénitence. Le mouvement de la Contre-Réforme catholique au XVIe siècle a voulu oeuvrer pour la réforme morale du clergé et de l'ensemble des fidèles. Pour les Pères du Concile de Trente, cette réforme passait par une insistance sur la pastorale du sacrement de pénitence. La formation des futurs prêtres s'est axée sur leur fonction de confesseur. D'où de nombreux manuels des confesseurs voulant aider le prêtre à résoudre les cas de conscience.138(*)

Ces différents facteurs vont contribuer à une évolution de la réflexion morale. Face aux questions morales décisives : quelle action dois-je faire ? Quelle action dois-je éviter ?, le jugement moral peut s'avérer difficile quand les situations se complexifient. On parle alors de conscience douteuse. C'est à partir de cette problématique que va s'élaborer la morale casuistique.139(*)

Les théologiens du Moyen-âge avaient déjà réfléchi à la décision à prendre dans ces situations de doute sur. Pour eux, il s'agissait de choisir la voie la plus sûre, c'est-à-dire l'obéissance à la loi morale. Pour ces théologiens et en particulier pour Thomas d'Aquin, la loi est une expression du travail de la raison humaine et elle montre à l'homme le chemin à suivre pour viser son accomplissement, dans une conception de la vie morale chrétienne qui consiste à ordonner les actes humains à la fin ultime de l'homme qui est la Béatitude.140(*)

Comme nous l'avons vu, au XIVe siècle, le nominalisme développé par Guillaume d'Ockham 141(*)va contribuer à donner une nouvelle structuration à la morale et consacre le discrédit de la raison au profit de la volonté : alors que pour le Moyen-âge la loi permet l'accomplissement de la liberté humaine, le nominalisme et, sous l'influence de ce courant, la casuistique à partir du XVIe siècle, vont opposer la loi et la liberté et le rôle de la conscience sera de trancher entre la loi et la liberté, comprises dans un rapport antithétique. 142(*) Pour le nominalisme, ce qui fait la moralité d'un acte est la soumission de la volonté à l'obligation, mais il n'y a pas de justification rationnelle des lois morales : la loi est une convention arbitraire. La vie morale n'est plus alors une morale du sujet qui s'oriente de plus en plus vers le bien, mais une morale d'actes indépendants entre eux, sans prise en considération de la personne avec son histoire.143(*)

Dans un tel contexte intellectuel, on devine alors quelle va être la problématique morale centrale : quand, dans une situation concrète, j'ai un doute sur le caractère obligatoire de la loi, ne sachant pas si la loi s'applique vraiment, ai-je l'obligation d'obéir à la loi ou puis-je m'écarter de la règle qui oblige ? Ces questions donneront naissance aux différents systèmes moraux144(*)de la casuistique et influenceront plusieurs auteurs et écoles théologiques. Des positions les plus rigoristes aux positions les plus laxistes, l'éventail des réponses des casuistes sera d'une profusion impressionnante et explique l'image négative attachée aux subtilités de la casuistique145(*).

* 138 L. VEREECKE, « L'histoire de la théologie morale », dans la Revue d'éthique et de théologie morale. Le Supplément, n° 203, décembre 1997, p. 117-138.

* 139 Cfr. Ibidem.

* 140 Cfr. THOMAS D'AQUIN, Somme Théologique, I-II, p. 106, a.4, c.

* 141 Cfr. J. VERGER, « Nominalisme », dans Dictionnaire encyclopédique du Moyen âge. Paris, Cerf, 1997, p. 1081.

* 142 Cfr. Ibidem.

* 143 Cfr. Ibidem.

* 144 Les systèmes moraux de la casuistique sont les différentes théories constituées par un ensemble de règles qui établissent comment se référer ou non à la loi morale quand il existe un doute sur l'obligation de la loi en situation concrète. Dominicains et jésuites ont largement contribué à écrire l'histoire de la casuistique.

* 145 L'initiateur du premier système moral de la casuistique, le probabilisme, est Barthélemy de MEDINA (1527-1580), dominicain de l'école de Salamanque. Le premier jésuite probabiliste est Gabriel VASQUEZ (1549-1604). Le probabilisme fut le "système moral" le plus répandu. Il soutient qu'on peut choisir une conduite non conforme à la loi s'il y a un certain degré de probabilité qu'elle soit moralement acceptable ; et cela même s'il existe des arguments avec une probabilité plus forte en faveur d'une autre conduite. La probabilité peut être "intrinsèque", liée à la force de l'argument ; ou "extrinsèque", liée au prestige de l'autorité qui l'a énoncée. L'évolution du probabilisme s'est faite vers l'extrinsécisme.

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