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La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring

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par Daniel KIMBMBA KAHYA
Université catholique du Congo - Licence 2012
  

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I.1. Morale et spiritualité chez les pères de l'Eglise.

En effet, la Théologie morale commence déjà avec les pères de l'Eglise. La source première et constante de leur doctrine est l'Écriture, centrée sur l'oeuvre et la personne du Christ conformément aux évangiles, et portant ses fruits dans le cadre de l'Église : par la prédication de l'évêque qui la commente, par la célébration liturgique qui la tourne en prière, par la mise en pratique enfin qui la rend efficace.16(*) A propos, S. Pinckaers note : « L'enseignement des Pères consistait principalement en des commentaires de l'Écriture, sous leurs diverses formes: explications suivies, sermons de circonstance, homélies, catéchèse ou oeuvres écrites, des oeuvres de construction personnelle, comme la Didachè, le Pédagogue de Clément d'Alexandrie, le Péri Archon d'Origène, le De Officiis de saint Ambroise, etc. Les Pères avaient un regard large sur l'Écriture car, selon eux, toute l'Écriture possède une dimension et une signification morale.17(*) »

On trouvera donc la doctrine morale des Pères, en premier lieu, dans des homélies expliquant l'Ecriture au peuple, comme chez saint Jean Chrysostome et saint Augustin. Les Pères écriront aussi des oeuvres de facture personnelle pour exposer la morale chrétienne devant les païens, tels Le Pédagogue de Clément d'Alexandrie, le traité sur Les Moeurs de l'Église catholique de saint Augustin... On rencontrera enfin des ouvrages traitant de problèmes moraux particuliers : le mariage et la virginité, le mensonge et le péché, la patience, le jeûne, etc.18(*)

A ce propos, B. Haring écrit : « l'extension du christianisme dans un monde païen décadent pose, du point de vue moral, mille problèmes : quelle conduite adopter en face de l'idolâtrie officielle, de ses statues de faux-dieux, de jeux du cirque, de la mode païenne, du service militaire dans une armée païenne... A quoi s'efforcent de répondre un Clément de Rome, un Tertullien, un Clément d'Alexandrie, un Cyprien et d'autres. De semblable questions se posent encore à l'intérieur de la jeune Eglise : l'obéissance à la hiérarchie ecclésiastique (Clément de Rome, Ignace d'Antioche), la fuite éventuelle devant la persécution (Origène), la réconciliation des pécheurs publics, particulièrement des lapsi qui sous les menaces ont trahi leur foi (Cyprien). Toute une casuistique et en tout cas maintes déterminations apparaissent déjà.19(*) »

Un autre trait de la doctrine des Pères est l'utilisation judicieuse des apports de la culture et de la philosophie gréco-romaine. Ayant assuré la primauté de la foi et du mystère du Christ exposé dans l'Écriture, les Pères n'hésitent pas à reprendre ce qu'ils trouvent de vrai et de bon dans la pensée de leur temps, chez les stoïciens, comme Sénèque et Cicéron ; dans le courant platonicien, tel Plotin pour saint Augustin ; ou aristotélicien, comme par exemple saint Jean Damascène, afin de les mettre au service de l'Évangile. De cette collaboration entre la foi et la raison naîtra la théologie.20(*)

Concernant la question des actes intrinsèquement mauvais, les pères l'abordent indirectement à travers celle de la sexualité21(*)et du mariage. En effet, certains Pères de l'Église ont interprété les épîtres de saint Paul comme l'affirmation implicite de la supériorité du monachisme sur le mariage (cf. 1 Co 7,8-9). Ainsi, pour eux, les péchés sexuels (fornication, homosexualité, pédophilie...) sont : la grande avenue de l'idolâtrie, une des sources de la haine des hommes contre Dieu et son Eglise.22(*) « Le culte du dieu infâme, dit Tertullien, ne consiste pas seulement dans l'offrande de vulgaires parfums, mais dans celle de la personne elle-même. Ce n'est plus l'immolation d'une brebis, mais bien celle de l'âme. O homme, tu sacrifies sur son autel ton intelligence ! Tu verses pour lui tes sueurs, tu épuises tes connaissances, tu deviens plus que le prêtre de la volupté ; par ton ardeur, tu en es, à ton tour, la divinité. »23(*)

Les païens et, sous l'influence de leurs doctrines, certains gnostiques, les nicolaïtes, prétendaient que les unions libres n'étaient prohibées par aucune loi.24(*) La simple fornication passait pour une chose indifférente et les moralistes se contentaient de blâmer les excès. Et quelques autres penseurs de l'époque se sont efforcés de démontrer que le péché de luxure n'était point intrinsèquement mauvais : il était condamnable parce que le droit positif l'interdisait, en vue des désordres qu'il pouvait introduire dans la société.25(*)

Contre cette dérive morale, tous les pères de l'Eglise (latins et grecs) établissent comme vérité révélée et de foi catholique que la simple fornication est intrinsèquement mauvaise et constitue une faute grave.26(*) Ils s'appuient sur son opposition foncière à la loi divine et naturelle. Aussi concluent-ils qu'en aucun cas, il n'est permis de s'y livrer, parce qu'elle n'est pas mauvaise seulement en raison d'une prohibition positive, mais qu'elle est prohibée à cause de sa malice essentielle.27(*) De telle sorte que, même dans les cas de mutuel consentement, chaque acte renouvelé entraîne l'obligation de l'aveu sacramentel réitéré.28(*)

Pour Saint Augustin, qui a eu une influence capitale sur la doctrine catholique en matière de sexualité, l'acte de génération est essentiellement impur ; ainsi, il appelle, chez tous les hommes indistinctement concupiscence l'attraction qu'il amène et il fait de la concupiscence le mode d'infection de l'humanité tout entière, le principe fatal de la propagation du péché originel, qu'elle transmet à toute la postérité d'Adam.29(*)

I.1.1. Saint Augustin et le problème du mal

1) Présentation

Augustin d'Hippone ou Saint Augustin (354-430), est un philosophe et théologien chrétien de l'Antiquité tardive, évêque d'Hippone, et un écrivain latino-berbère romano-africain. Il est l'un des quatre Pères de l'Église latine (avec saint Ambroise, saint Jérôme et Grégoire Ier) et l'un des 33 docteurs de l'Église. En tant que philosophe, on le considère comme un platonicien chrétien, souvent proche de Plotin. Mais il rejette les notions de transmigration des âmes et de réminiscence. Surtout, chez Plotin Dieu créait le monde involontairement, ce qui n'est pas compatible avec la conception juive et chrétienne de la création.30(*)

2) Analyse

Dans son assaut contre la dissidence spirituelle cathare31(*), la chrétienté latine du treizième siècle occidental a rejoué à distance, avec des armes théoriques nouvelles, le grand combat anti-manichéen32(*) qui n'aura cessé de mobiliser, sa vie durant, les ressources intellectuelles d'Augustin et aura permis à ce dernier d'accéder à sa propre pensée. Il en va ici d'un événement qui engage bien davantage qu'un seul acteur : la guerre doctrinale acharnée que l'Évêque d'Hippone a livrée contre les écrits de Mani et de ses disciples constitue l'un des gestes de rupture fondateurs par lesquels la pensée occidentale a accouché d'elle-même et s'est distinctement définie.33(*)

Sur le plan théorique - dans des écrits comme le De natura boni, l'Enchiridion et le De civitate Dei, la victoire du Père de l'Église latine a été acquise en deux temps. Premier moment : par le biais du concept de création ex nihilo, Augustin établit que le mal n'est rien d'autre que ce néant vers lequel peut incliner toute créature du fait qu'elle a été tirée de lui.34(*) Pour cette raison que l'existence lui est donnée par le Souverain Bien, tout étant créé, en tant qu'il existe, est bon, mais parce que l'oeuvre créatrice le pose dans l'existence à partir de rien, il est inexorablement travaillé de l'intérieur par une mutabilité qui le rend corruptible.35(*)

Tel est le statut ontologique du mal selon l'Évêque d'Hippone : non pas quelque chose qui existe de soi, mais une dynamique de corruption qui abîme la création et qui est la marque intrinsèque de sa finitude.36(*)

Second moment : Augustin répond à l'interrogation sur l'origine du mal moral en mettant en oeuvre une métaphysique du vouloir qui lui permet d'éviter ce qui représente, à ses yeux, l'écueil théorique sur lequel vient échouer le manichéisme, à savoir faire procéder les maux qui déparent l'univers d'un principe éternel radicalement opposé au Dieu bon, limitant du coup la puissance de ce dernier.37(*) « Le mal, réplique l'Évêque d'Hippone, n'est ni éternel, ni principiel, ni même efficient ; il provient plutôt d'une libre et insondable décision de la créature spirituelle (l'angélique d'abord, l'humaine ensuite) qui, par orgueil (superbia), choisit de se substituer à son Créateur en position de point focal de tout désir, causant ainsi sa propre déchéance en l'espèce d'une rétrogradation ontologique aux multiples conséquences funestes. »38(*) Le péché originel, selon lui, n'a donc pas seulement altéré la nature humaine dans son essence, il l'a défigurée. À présent l'homme reçoit à sa naissance une nature mauvaise ; la prévarication, de par son étendue, sa profondeur et sa force, procède dès lors de manière constitutive de la nature que possèdent actuellement les hommes, nature incontestablement marquée par le mal. Néanmoins, l'homme ne choisit pas le mal en tant que tel, mais ce qu'il prend, à tort, pour un bien, par exemple le plaisir.39(*)

Ainsi, pour préciser, sa théorie démontrant l'étendue actuelle du mal en ce monde et dans les créatures, Saint Augustin réunira de façon indissociable le péché originel à la concupiscence de la chair : « ce mouvement honteux qui sollicite les organes... et qui, par de secrètes attaques s'empare de tout le corps... Envahit tout l'homme, soulevant à la fois les passions de son âme et les instincts de sa chair  le désir au caractère instinctif et passionné de l'attraction des sexes. »40(*) On comprendra alors que pour Saint augustin, seul l'acte sexuel motivé par la procréation est pleinement licite. Partant, Saint Augustin va élaborer la doctrine des biens du mariage qui, en explicitant de manière plus adéquate la place de la procréation dans le mariage, donnera plus tard une plus grande consistance à la condamnation de la contraception.41(*)

En effet, C'est en réaction à l'enseignement des manichéens sur le mariage et la procréation que Saint Augustin a été amené à défendre la bonté du mariage dans son traité du De bono conjugali.42(*)

Avant toute réflexion théologique, Saint Augustin affirme la bonté intrinsèque du mariage sur les bases fermes de l'Ecriture Sainte. Le mariage, affirme-t-il, constitue un bien pour l'homme et la femme, et ceci est montré par la doctrine révélée. Mais pourquoi, se demande Saint Augustin, le mariage est-il un bien?43(*)

Sa réponse, dans les chapitres suivants, est qu'il y a un bien unique du mariage qui est, dans son essence naturelle, l'union conjugale, et dont les différentes facettes constituent les biens du mariage, tous intégrés dans ce bien unique dont ils découlent. Ces biens, Saint Augustin les ramasse au chapitre XXIV de son livre en une brève formule: « Voilà donc les biens du mariage: les enfants, le pacte de fidélité, le sacrement ».44(*) Ces trois biens sont analysés comme constituant le bien du mariage. Le singulier est important; il veut dire qu'il ne s'agit pas de trois biens différents, autonomes, ou même complémentaires, mais qu'ils sont indissociable dans la réalisation du bien du mariage. Ils sont les raisons intrinsèques, ontiques de la bonté de ce mariage.45(*)

Partant, pour Augustin, « Même avec la femme légitime, l'acte conjugal devient illicite et honteux dès lors que la conception de l'enfant y est évitée. C'est ce que faisait Onan, fils de Judah, ce pourquoi Dieu l'a mis à mort. »46(*)

En considérant la procréation non plus comme la fin du mariage, mais comme un bien constitutif de la bonté de celui-ci, Saint Augustin, du même coup, était amené à présenter la contraception comme un acte allant contre la bonté du mariage, donc de l'ordre de l'adultère.47(*)

Dans les moeurs des manichéens Augustin attaque ainsi la contraception manichéenne au nom de la fin procréatrice du mariage: « Mais les noces, comme le proclament les lois nuptiales, unissent mari et femme pour procréer des enfants. Donc quiconque déclare que c'est un péché plus grave de procréer des enfants que de se livrer au concubinage, prohibe par là même les noces; il fait de la femme non plus une épouse mais une prostituée, qui, moyennant certaines compensations, s'unit à un homme pour lui permettre de satisfaire ses passions. »48(*) 

Pour Augustin, en refusant la procréation, les manichéens font de la chambre conjugale un bordel: «  vous faites de vos auditeurs des adultères à l'égard de leurs propres femmes, puisqu'ils prennent des précautions pour que celles avec lesquelles ils ont des rapports ne conçoivent pas..; vous retranchez du mariage ce qui fait le mariage. En effet, ôtez cela, et les maris ne sont plus que des amants impudiques, les épouses des filles de joie, la couche nuptiale un mauvais lieu, et les beaux-pères des proxénètes. »49(*) 

L'apport de Saint Augustin à la doctrine sur la procréation a été considérable, encore que mal compris par la suite. Il distingue en effet deux versants dans l'argument:

- le premier versant est celui de la nécessité de la proles comme bien constitutif du mariage: refuser la proles, c'est dénaturer le mariage, et donc avoir des relations sexuelles adultères parce que niant le mariage: c'est ce que nous venons de voir

- le second versant est celui de la priorité de la fides: alors que la fides, l'union, est obligatoire pour qu'il y ait mariage, ce n'est pas le cas pour la proles. Il est donc très possible que, dans le mariage, on accomplisse l'acte matrimonial pour le bien de l'union, sans intention procréatrice particulière. Cela pourra même être licite dans le cadre du devoir conjugal, pour éviter l'incontinence.

Bref, la réflexion de Saint Augustin sur le bien du mariage ne s'est pas faite en rupture avec la tradition du magistère, mais comme un développement, un approfondissement. Elle a été capitale, puisque c'est elle qui a permis à l'Eglise de déclarer licites les unions matrimoniales sans intention procréatrice, mais virtuellement ou actuellement ouvertes sur la procréation, ne posant pas d'obstacle à cette procréation - telles qu'elles occurrent en usufruitant des périodes agénésiques.

La notion plus récente, conciliaire, de procréation responsable, était implicitement présente dans la pensée augustinienne. Mais elle représente un grand pas en avant car elle précise la place de la conscience et de la liberté, et aussi la nécessité de respecter les critères objectifs de cette procréation. Cette notion aide à mieux comprendre encore la licéité du recours aux périodes d'infertilité.

* 16 Cfr. F. BLAISE, «L'enseignement moral chez les Pères de l'Eglise », dans S. PINCKAERS (dir) La morale catholique. Paris, Cerf, 1991, p. 23-29

* 17 S. PINCKAERS, Les sources de la morale chrétienne, Fribourg. Fides, 2007, p. 204-209.

* 18 Cfr. Ibidem.

* 19 B. HARING, La loi du Christ. Théologie morale à l'intention des prêtres et des laïcs. Tome I. Théologie morale générale. Tournai, Desclée & Cie, 1957, p. 49.

* 20 Cfr. Ibid. p. 50.

* 21 Pendant les premiers siècles de son développement, la doctrine chrétienne sur la sexualité subira une triple influence. Celle des philosophies stoïcienne puis néoplatonicienne, qui se méfient de l'emprise du désir et du plaisir sur la volonté humaine, et qui entraineront pour part un raidissement moral au sein de l'Empire romain à partir du IIIe siècle. Celle d'un durcissement puritain et antiféministe du judaïsme rabbinique. Et enfin celle de la gnose orientale. Le christianisme des premiers siècles marque cependant une forte inflexion par rapport au stoïcisme et au judaïsme dans le sens d'un renoncement à la chair (assimilée au péché), tendance qui ne sera pas unanime et sera toujours débattu au sein même du mouvement chrétien. Un fort courant va prôner la continence, inspiré à la fois par le caractère apocalyptique (ou eschatologie) du message chrétien (l'arrivée du royaume de Dieu étant imminent) et le souci de marquer la différence avec les interdits sexuels codifiés du judaïsme. Cet ascétisme (ou encratisme), marquera également la secte juive puritaine des Esséniens, et le manichéisme. Dans le christianisme ce courant sera représenté par les Pères de l'église Tertullien, Tatien, Jérôme, Origène, Grégoire de Nysse, et culminera au IVe siècle avec les pères du désert précurseurs du monachisme. Ce mouvement conduira jusqu'à des castrations volontaires (le cas le plus célèbre étant Origène vers 206). Mais Clément d'Alexandrie qui inspiré par le stoïcisme, associe pourtant déjà la sexualité et le mal, condamne l'homosexualité et exalte la continence, promeut une sexualité monogame et procréatrice, mais sans dénigrement du corps et du plaisir. Ce sera également le cas de Jean Chrysostome défenseur du mariage, de l'amour conjugal et de la famille. D'une façon générale les évêques seront plus proches de cette position que les théologiens tenants de l'ascétisme. Cfr. P. BROWN, Le renoncement de la chair. Virginité, célibat et continence dans le christianisme primitif. Paris, Gallimard, 1995.

* 22 B. LOYSE, L'homosexualité dans le Proche-Orient ancien et la Bible. Genève, Labor et Fides, 2005, p. 42.

* 23 TERTULLIEN, De idolatria, cité par B. LOYSE, Op. cit., p. 45.

* 24 Cfr. Uta RANKE-HEINEMANN, Des Eunuques pour le royaume des cieux. L'Église catholique et la sexualité. Paris, Robert Laffont, 1990, p. 108.

* 25 Cfr. Ibidem.

* 26 Cfr. JEAN-PAUL II, Homme et femme il les créa : Une spiritualité du corps. Paris, Cerf, 2004, p. 34.

* 27 Cfr. Ibidem.

* 28 Cfr. Ibidem.

* 29 E. PRZYWARA, Augustin : Passions et destins de l'Occident, Paris, Cerf, 1987

* 30 Cfr. Ibid.

* 31 La doctrine cathare, considérait l'univers comme la création d'un dieu ambivalent, le monde matériel procédant d'un mauvais principe offrant tentations et corruption, tandis que le paradis procède d'un bon principe offrant rédemption et élévation spirituelle. Le corps humain est considéré comme la prison matérielle des âmes d'anges précipités sur terre lors d'une bataille entre les deux démiurges, bon et mauvais.

* 32 La critique de S. Augustin affirme que les manichéens sont obligés de rendre un culte envers Baal, qui représente le Mal, c'est-à-dire Satan. L'argument contre les manichéens est le suivant: «  Les manichéens posent deux substances opposées, le Bien et le Mal, et les font se combattre. Or, si Dieu est incorruptible (au sens métaphysique du terme, pur de tout mélange, et incapable d'être mêlé à une autre substance), le Mal n'a aucun moyen de le combattre. Donc, soit les Manichéens conçoivent que Dieu est imparfait (ce qui va contre la définition de Dieu), soit Dieu est bien incorruptible pour les manichéens, mais il a alors engagé de lui-même un combat gagné d'avance contre le Mal. Que Dieu soit l'auteur d'une agression gratuite est aussi inacceptable que son imperfection. La conclusion est que le manichéisme est inapte à donner une bonne conception de Dieu. » Cfr. S. Augustin, Les Confessions. Livre VII, chapitre 3.

* 33 Cfr. G. BOISSIER, La Fin du paganisme. Étude sur les dernières luttes religieuses en Occident au quatrième siècle. Vol II. Paris, Hachette, 1981, p. 48.

* 34 Cfr. Ibid., p. 50.

* 35 Cfr. Ibid, p. 51.

* 36 Cfr. Ibidem.

* 37 Cfr. H.-I. MARROU, Saint Augustin et la fin de la culture antique. Paris, De Boccard, 1983, p. 23.

* 38 Ibid., p. 25.

* 39 Cfr. Ibidem.

* 40 AUGUSTIN, La Cité de Dieu, XIV, 15, 16, cité par G. BOISSIER, Op. cit., p. 65.

* 41 Dans le De nuptiis et concupiscencia, (16, 5) il y a un passage qui se rapporte directement à la contraception, et c'est l'unique passage de St Augustin ayant trait aux contraceptifs artificiels: « Quelquefois même cette cruauté voluptueuse, ou cette cruelle volupté, va jusqu'à demander au poison les moyens de demeurer stérile (sterilitatis venena) et, s'ils ne peuvent y parvenir de la sorte, jusqu'à étouffer, comme ils le peuvent, dans le sein même de la mère, le fruit déjà conçu. Non, de tels parents ne sont pas des époux, et si dès le principe ils ont agi de la sorte, leur union n'a jamais été un mariage, mais plutôt un commerce d'infamie et de débauche ».

* 42 La pensée de Mani sur la sexualité reposait sur sa théologie. L'enseignement de Mani aurait semblé assez proche de l'enseignement chrétien sur la virginité et la continence, n'eut été l'ambiguïté apportée par le mythe manichéen. Virginité et continence peuvent exprimer une recherche de pureté mais aussi exprimer l'hostilité envers toute procréation, en tant que perpétuation de l'emprisonnement de la lumière. En fait, le coeur de l'enseignement manichéen était son opposition à la procréation. Le système manichéen répétait le système gnostique: théorie dualiste de la création, ascétisme réel ou feint, haine de la procréation. Cfr. Michel Tardieu, Le Manichéisme, PUF, Que sais-je ?, 1981

* 43 Cfr. AUGUSTIN, De Bono coniugali III, 3.

* 44 Ibid., XXIV, 9.

* 45 Cfr. Ibidem.

* 46 AUGUSTIN, De adulterinis conjugiis, livre 2, n° 12 ; cf. Gen 38, 8-10.

* 47 Cfr. Ibidem.

* 48 AUGUSTIN, De nuptiis et concupiscencia, 18, 1.

* 49 Ibidem.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery