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L'impact des foires d'art contemporain dans le marché de l'Art aujourd'hui à  travers la semaine de l'Art contemporain à  Paris

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par Elise GUILLOU
Institut d'études supérieures des arts  - Titre homologué niveau II spécialiste - conseil en biens et services culturels 2010
  

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B- Paris par rapport à Frieze Art Fair

Paris, cette année, a réussi à ne pas s'effondrer sous la pression de la crise. Par rapport à la place londonienne, Paris a repris le dessus, de manière inattendue.

Avec la création de Frieze Art Fair en 2003, la Fiac s'est sentie déstabilisée par cette foire se tenant à la même période. Il ne faut pas oublier que cette même année la Fiac était affublée de tous les maux par les galeristes jugée passéiste et trop nationale. Elle se sentait alors fortement affaiblie. Londres est donc devenue la place de l'Art Contemporain et le concurrent direct de la Fiac.

La Grande-Bretagne est au deuxième rang dans le marché de l'art international alors que la France est, elle au quatrième rang. De même, Londres est la plus grande place financière de l'Europe. Elle possède donc toutes les qualités pour attirer les plus grands collectionneurs. Frieze Art Fair a misé énormément sur l'aspect spéculatif de l'Art Contemporain, présentant des oeuvres d'artistes star, en tête des ventes tel Jeff Koons ou Damien Hirst.

Cet aspect glamour de Frieze s'est évanoui avec l'explosion de la bulle spéculative des années 1990. Les principaux acheteurs de cette foire étant les employés de la City, avec l'écroulement de la bourse, les collectionneurs de cette époque n'ont pu continuer à spéculer sur l'art. La France, elle, n'a jamais pu surfer sur cette vague spéculative pour des raisons économiques. Elle est donc apparue aux yeux des collectionneurs plus rassurante. Selon Renaud Siegmann « Paris est une place du marché de l'art prudente ». En effet, l'année 2009 a vu apparaître un retour aux valeurs sûres de l'art. La Fiac a toujours présenté des oeuvres de l'Art Contemporain actuel, mais aussi les grands noms de l'Art Contemporain des débuts ainsi que de l'Art Moderne. Depuis quelques années, le choix entre Paris et Londres se faisait naturellement pour Londres, plus sexy, hype, cosmopolite. A côté, Paris semblait provincial. La Fiac, en changeant de look, a gagné en lustre.

La crise fait encore plus pencher la balance en faveur de l'hexagone. Synonymes d'excès, les places londoniennes et new-yorkaises sont provisoirement gelées. La place parisienne et le continent européen constituent désormais un pôle attirant et rassurant pour les collectionneurs. Darren Flook7(*), directeur de The Hotel « constate un repli général des galeries et des collectionneurs sur les marchés nationaux ». Ainsi des galeries françaises tel Chantal Crousel ou Anne de Villepoix ont préféré parier sur la Fiac plutôt que sur la Frieze Art Fair.

Nous avons pu voir que pour sa 36e édition la Fiac a misé sur les rois de l'Art Moderne. Ce « projet moderne » s'appuie sur ce qui faisait la force de Paris, jadis capitale des arts avant que New York ne lui vole la vedette. Dix ténors du marché de l'Art Moderne se sont unis pour présenter des chefs-d'oeuvre de qualité muséale et d'importance historique. Ce musée éphémère de 300m2, au centre de la foire, réunit à la fois des galeries parisiennes : Malingue et Louis Carré, mais aussi certaines venues de Bâle, Zurich ou New York telle Acquavella Ammann, Beyeler, L. Gagosian, richard Gray, Krugier, L&M, PlaceWildenstein. Certains fidèles d'Art Basel, tel L. Gagosian, sont venus pour la première fois à Paris. Ce musée réalisé à l'initiative de Daniel Malingue rappelle les bases de l'Art Contemporain et nous permettent de le comprendre. Ces grands noms de l'Art Moderne, habitués des foires américaines et de celle de Bâle, avaient auparavant déserté Paris.

Paris a su remettre en avant l'importance culturelle et artistique de cette ville, étant un musée à ciel ouvert.

Paris apparaît donc comme une place prudente du marché de l'art, qui rassure les collectionneurs. Nous sommes passés d'une ère « glam » à une ère de valeurs sûres, avec un retour aux bonnes galeries avec des artistes de qualité. La Fiac a attiré de grandes galeries jusque-là fidèles à Frieze Art Fair de Londres, dont Pilar Corrias, The Approach, Mitchell-Innes & Nash, Per Skarstedt, Pau- la Cooper et Larry Gagosian.

Cette année, la Fiac et son partenaire officiel, le groupe Galeries Lafayette, à l'initiative du collectionneur Guillaume Houzé, arrière arrière-petit-fils du fondateur du magasin, ont lancé un programme de soutien aux galeries émergentes. Depuis quatre ans déjà, le groupe était associé à la foire. Ce programme a rassemblé dans la Cour Carrée quatorze8(*) galeries françaises et internationales sélectionnées par un jury composé de Christine Macel (Centre Pompidou - Paris), Hans-Ulrich Obrist (Serpentine Gallery - Londres) et Marc-Olivier Wahler (Palais de Tokyo - Paris). Les galeries ont été sélectionnées pour la qualité et l'audace de leur programmation prospective, et sur la base d'un projet spécifique pour la Fiac présentant de un à trois artistes. Ce programme apporte à chaque galerie un soutien financier significatif.

De même, à la Cour Carrée, le prix des stands n'a pas augmenté. Cet espace est destiné aux jeunes galeries, c'est à dire d'au moins dix ans d'âge. Pour les organisateurs, ce laps de temps permet aux galeries d'avoir effectué un travail prospectif. Celles-ci ont le choix de ne pas faire une exposition personnelle car c'est un réel pari commercial. Ainsi, elles peuvent toucher plus de collectionneurs et montrer une image vaste de la galerie.

Ce programme manifeste la volonté conjointe de la Fiac et du groupe Galeries Lafayette de s'engager fortement au côté des acteurs de la scène artistique internationale.

Pour la Fiac, il s'agit d'affirmer la nécessité absolue de porter, quelles que soient les difficultés du contexte, une attention prioritaire aux démarches prospectives.

Pour les Galeries Lafayette, cet engagement s'inscrit dans le cadre d'une démarche globale de soutien à toute la chaîne de production et de diffusion de la création contemporaine, dont les galeries sont un maillon essentiel.

Paris, pour cette édition 2009 a été plus sur le devant de la scène que Frieze. Elle a profité de la chute des places boursières et de son image de place rassurante pour les investisseurs. En organisant ce « projet moderne » qui a su attirer les grandes galeries internationales et en aidant les jeunes galeries par le biais du programme avec les Galeries Lafayette, la Fiac a su rassembler tous les univers de l'art. Les foires off ont su aussi gérer la crise et ont profité de l'engouement autour de la Fiac pour réussir.

Jennifer Flay me confiait lors de notre rencontre : « à mon arrivé à la Fiac j'avais la volonté de la préparer à une prochaine crise, faire qu'elle soit assez forte pour la surmonter ». En effet, en tant que galeriste, elle avait connu la crise des années 80 et c'est peut être cela qui a aussi permis à Paris de dépasser cette crise.

Dans la presse nous avons pu voir que la Fiac et ses foires satellites ont été bien accueillies. Alors que l'on se rappelle l'époque où Beaux-Arts Magazine titrait « Anniversaire ou enterrement »9(*) en 2003, cette année la « Fiac 2009, est Riche et brillante »10(*), de même Connaissance des Arts mettait à sa une « Vive la Fiac ! »11(*). Le Journal des Arts lui titrait « Vent d'optimisme sur la Capitale »12(*), « Le off donne de la voix »13(*) ou encore « Frieze détrônée par la Fiac »14(*).

Tel que me le notifiait Renaud Siegmann « la France peut rivaliser avec Londres car Paris est la ville de l'histoire de l'art, de la culture ». C'est grâce à ce retour aux valeurs sûres de l'art et donc surtout grâce à la crise que Paris reprend sa place sur le marché de l'art européen en repassant devant Frieze Art Fair.

Cette réussite de l'édition 2009 de la semaine de l'art contemporain à Paris peut aussi se percevoir à travers quelques chiffres des ventes faites au cours de la Fiac. De nombreuses transactions, signe d'un marché confiant, se sont faites, à l'image de la vente par la galerie parisienne Jeanne-Bucher/Jaeger Bucher d'un Nicolas de Staël et d'un Dubuffet, le premier ayant été vendu pour une valeur de 1,5 million d'euros. Yvon Lambert (Paris, New York) a vendu une oeuvre de Jenny Holzer pour un montant supérieur à 300.000 euros. Deux oeuvres de Louise Bourgeois ont trouvé preneurs à 220.000 dollars chacune ainsi que deux pièces de Sterling Ruby pour des montants supérieurs à 200.000 dollars. La galerie new-yorkaise Pacewildenstein a présenté un Mondrian, "Composition with Blue, Red and Yellow" (1935-1942), évalué à 35 millions de dollars, qui a été réservé et serait en voie d'être vendu à un grand collectionneur.

* 7 AZIMI Roxana, « Vent d'optimisme sur la capitale », Le journal des arts n°311, 16 au 29 octobre 2009, p16-18.

* 8 Les 14 galeries sélectionnées sont : Balice Hertling (Paris), Catherine Bastide (Bruxelles), Lucile Corty (Paris), Ellen de Bruijne (Amsterdam), Vilma Gold (Londres), Herald Street (Londres), Hotel (Londres), Iris Kadel (Karlsruhe), Karma International (Zürich), Monitor (Rome), Motive Gallery (Amsterdam), Nogueras-Blanchard (Barcelone), Schleicher&Lange (Paris).

* 9 BOUSTRAU Fabrice, CORRÉARD Stéphane, MOISDON TREMBLEY Stéphanie et de WAVRIN Isabelle, « Anniversaire ou enterrement », Beaux-Arts magazine, octobre 2003, BAM 233, p.3-6

* 10 de WAVRIN Isabelle,  « La Fiac 2009 riche et brillante », Beaux-Arts magazine, novembre 2009, BAM 305, p.61

* 11. SAUSSET Damien, « Vive la Fiac ! », Connaissance des Arts, n°676, novembre 2009, p.125-135

* 12 AZIMI Roxana, « Vent d'optimisme sur la capitale », Le journal des arts n°311, 16 au 29 octobre 2009, p16-18

* 13 AZIMI Roxana, « Le off donne de la voix », Le journal des arts n°311, 16 au 29 octobre 2009, p19

* 14 BOYER GUY, « Frieze détrônée par la Fiac », Connaissance des arts, (source internet) 20 novembre 2009

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand