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Contribution à  l'étude des origines de la poésie mallarméenne

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par Mohamed Dr Sellam
Université de Bordeaux - Doctorat 1981
  

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VI

Mallarmé et les symbolistes contemporains.

Mallarmé entre tous ses confrères,était bien le seul symboliste,le seul qui eût l'idée de faire usage des symboles en poésie..Cette rénovation ou plutôt cette invention en matière poétique avait suscité des controverses et polémiques interminables,si bien que la scène poétque n'était occupée pendant longtemps que des poémes de Mallarmé et ceux surtout de Rimbaud,d'ailleurs toujours absent de la scène.40(*).

Les symbolistes donc et à leur tête Mallarmé,par cette révolte contre tout ce qui est trivial et banal,furent traités d'abord de « Décadents »,terme qui n'avait par ailleurs rien de péjoratif,mais qui supposait pour le lecteur du temps une connotation toute particulière,mais J.Moréas,fidèle mécène des symbolistes et défenseur infatigable du symbolisme,voyant dans ce terme quelque chose de choquant et voulant lui substituer une appellation plutôt rationnelle et moderne ,a eu l'idée géniale de forger et d'opter pour la dénomination « Symbolistes » pour qualifier les nouveaux poétes..

Ainsi le nouveau procédé des symbolistes,si ardu et impénètrable qu'il fût,n'a pas pour autant réduit la poésie à une sphère étroite réservée,comme on a pu le croire de prime abord,à un nombre infime d'initiés,secondés par des clés mises à leur portée pour le déchiffrage et la pénètration parfaite du sens de ce grimoiire poétique,bien au contraire,si mallarmé,qui avait fait des tentatives d'affranchissemebnt et de renouvellement de la poésie,déjà exsangue et épuisée par l'usage excessif des stéréotypes et de fades clichés,fut amené ainsi avec clairvoyance,à enrichir la matière poétique,c'était vraisemmblablement pour répondre à un voeu longtemps exprimé par l 'élite intellectuelle...

La poésie mallarméenne était donc une réforme profonde,une vraie révolution,surgie au coeur même d'un monde littéraire ,oû la platitude des idées,les effusions fastidieuses ,les facilités imbéciles et naïves et enfin le rabâchage sempiternel du même coq-â-l'âne poétique étaient des codes inviolables,des citadelles inexpugnables oû prospéraient aisément toute une foule de poétes ineptes..

D'ailleurs,pour être plus juste,ni Verlaine,ni Rimbaud non plus,n'étaient du nombre de ces déclamateurs insignifiants :Tous les deux étaient en effet au-dessus de ce beau monde,qui ne savait que gribouiller des vers anodins pour les jeter ensuite à une populace inculte et passive.

En outre,Verlaine,grâce à un génie singulier et visionnaire,s'il n'avait pas atteint le zénith au même titre que Mallarmé,il devait se glorifier tout au moins d'avoir accompli une oeuvre éternelle,superbe et savoureuse,par la sobriété et la rigueur expressive,autant de qualités d'ailleurs qui sont l'apanage exclusif de ce poéte vagabond,qui lui assurent l'immortalité et l'admiration des générations successives,comme J.Lemaître qui,avec beaucoup de tact et de pénètration l'a bien affirmé dans l'étude qu'il lui avait spécialement consacrée  »C'était un barbare,un sauvage,un enfant...Seulement,cet enfant a une musique dans l'âme,et à certains jours,il entend des voix que nul avant luii n'avait entendues..Poésie vague,très naïve et très recherchée...la poésie de M. Verlaine représente pour moi le dernier dégré soit d'inconscience,soit de raffinement que mon esprit infirme puisse admettre »C'est ainsi que ce maître de la critique moderne avait si bien percé le secret de cette âme dolente et cynique..

De même ,presque vers le même temps,Ch.Maurras41(*), qui prisait si bien le jeune Verlaine,qu'il jugeait justement comme français de race,n'a pas manqu é de faire écho à ce critique éminent et dans un article émouvant consacré à ce F.Villon du 19 eme siécle,il laissa courir sous sa plume.  »P.Verlaine laisse un grand nom ;mais je ne sais s'il laisse une oeuvre..Il faut garder de Verlaine quelques vers isolés qui sont admirables..Les romantiques réclamaient la liberté de l'art :il l'a pratiquée,lui et d'un zèle sauvage et fou.Il a perdu la langue,abîmé le style et réduit à rien la pensée.D'un si profond dégré d'humiliation,tout esprit généreux n'a pu que rebondir vers la lumière,l'ordre,la force,la grâce virile et les autres disciplines de la beauté. » Et Paul Valéry d'un ton plus affectueux,renchérit de plus belle. »Tout le vice possible avait respecté,et peut-être semé ou développé en lui cette puissance d'intention suave,cette expression de douceur,de ferveur,de reueillement tendre,que personne n'a donnée comme lui,car personne n'a su comme lui dissimuler ou fondre les ressources d'un art consommé,rompu à toutes les subtilités des poétes les plus habiles dans des oeuvres d'apparence facile,de ton naïf,presque enfantin ;Ce naïf est un primitif organisé,un primitif comme il n'y avait jamais eu de primitif et qui procède d'un artiste fort habile et fort conscient. » Et nul mieux que Valéry n'a eu la force intellectuelle de sonder le génie de Verlaine.

Quant à Rimbaud,le petit chenapan qui ne se soumettait à aucune régle ni à aucune discipline,et qui dans sa quête angoissante de la liberté, a dû abandonner sa chère  « Muse » pour se refugier dans des terres lointaines et s'enliser dans des transactions mercantiles plus ou moins louches,ce jeune visionnaire ou si l'on peut dire ainsi,cet habile artisan,ce créateur insoupçonné d'une poésie dont la hardiesse et le pittoresque,alliés à une vraie puissance évocatrice,ne cèdent en rien à celle d'un Mallarmé ou d'un Verlaine,ainsi que l'a si bien défini quelque part le critique Jules de Gaultier «Il a la sincérité du génie.Il n'a pas envisagé la poésie comme un moyen de parvenir.Elle a été pour lui un exutoire du malaise que lui causait la vie sociale.il a cherché à se libérer par elle d'une souffrance physiologique et cette houle déferle à travers les strophes du Bateau Ivre ;c'est une houle intérieure dont le ressac sur sa sensibilité le blessait et qui a trouvé dans l'appareil prosodique un moyen de s'épandre au dehors »

* 40 -Mallarmé n'avait jamais rencontré Rimbaud,puisque ce dernier,encore tout jeune,s'expatrie pour l'Afrique,après avoir écrit tous ses poémes,et surtout ceux qui sont les plus célèbres de nos jours;

* 41 -Ch.Maurras,de même M.Barrès,était un fanatique duu nationalisme français.Ils furent tous les deux d'infatigables jacobins.

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