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Contribution à  l'étude des origines de la poésie mallarméenne

( Télécharger le fichier original )
par Mohamed Dr Sellam
Université de Bordeaux - Doctorat 1981
  

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III

Retour en France et accession au professorat.

De son court séjour en Angleterre,le jeune Mallarmé a appris à faire prévaloir ses idées avec tact et sérénité...Il a appris encore à être plutôt visionnaire,un visionnaire qui explore non pas le passé ou le futur,mais qui regarde en lui-même,dans son intérieur le plus intime3(*)..Il s'est habitué à descendre dans les abîmes profonds de son être pour y sonder ce qui se passe ,comme le naturaliste qui cherche avec acharnement à comprendre l'origine d'un typhon ,et pour ce faire,il s'aventure,au risque de se faire taxer de fou,en quête du « centre » oû évolue ce phénomène étrange...

Il en est de même pour Mallarmé,qui a déjà pris l'habitude d'être en communion avec les profondeurs de son être intime..Lui-même,sans qu'il en sache pourquoi,s'étonne du pouvoir tenace de cette manie absurde,dont il éprouve le besoin,un besoin impérieux,de se défaire totalement,mais en vain  :la descente par la pensée dans les méandres de son inconscient est devenu comme un devoir ,une obligation et une nécessité dont il est impossible désormais de se débarrasser....

L'exploration du moi latent,du moi inconnu et mystérieux se fait chez Mallarmé un peu par étapes  :il descend les étages multiples de son être pour arriver enfin,comme pour s'amuser,dans le gouffre noir oû gît l'origine de la vérité,de la vie de toute pensée et de l'espoir de toute création divine ;Poe,dans ses moments les plus cruciaux,en faisait de même,lui qui,sans partis pris,se laissait volontairement émouvoir par sa propre imagination jusqu'à l'extase..

Mais,cependant,le seul moyen pour éviter de sombrer tout à fait dans ce tourbillon bizarre et pour se délivrer de cette hantise mortelle,c'est de s'occuper d'autre chose,d'entrer dans la société et de travailler,chose dont il a un grand besoin pour pouvoir gagner de quoi vivre,lui et sa petite famille...

D'ailleurs,depuis son retour d'Angleterre,il attendait d'être nommé quelque part dans une des villes de France...A cette idée,l'idée de pouvoir enfin être nommé en qualité de professeur,il vibre d'enthousiasme et de soulagement,qu'il essaie cependant de camoufler sous l'apparence d'un sourire empreint de pessimisme et de doute....

Finalement,son attente n'a pas trop duré et la nouvelle de sa première nomination à Tournon en Provence,le décontenance quelque peu,car il aurait aimé être nommé à Paris,ville à laquelle il sembla être attaché par des liens intimes,par des souvenirs ionoubliables et communs et même par une affinité intellectuelle,très chère à son coeur...

Ainsi,après être installé à tournon,son inquiétude d'être séparé de son milieu familier s'accrut mais qui finit,quelques mois plus tard,par s'évanouir lorsque le futur poéte d' « Apparition » rencontra non sans émotion,deux jeunes poétes régionalistes,Aubanel et Mistral,pour lesquels il n'a pas manqué d'éprouver beaucoup d'attachement et de sympathie.

Grâce à ces deux poétes familiers,qui deviendront plus tard les pionniers intellectuels de la Provence,Mallarmé s'accoutuma à son nouveau milieu sans plus se réchigner ,car pour lui,comme pour ses nouveaux amis,la vie en Provence est plus poétique que celle de Paris oû il y a trop de tracas et de tapage difficiles à supporter....

dans la petite ville de Tournon,le jeune poéte paraissait désormais plus à l'aise et,son chagrin s'étant volatilisé,grâce à la présence quasi permanente de ces deux héritiers illustres des bardes et des troubadours,il se plaisait et se résignait volontairement à ses médiocres conditions de professeur dont les appointements dérisoires n'étaient pas compatibles avec la corvée dont il se sentait écrasé....

Trois ans dans cette ville,oû il a connu à la fois la détresse et quelques moments de joie et de satisfaction intellectuelle ....trois ans au cours desquels il n'a écrit que très peu,tellement il était complétement absorbé par son accablante besogne au lycée et les tracasseries des cancres qui ne manifestaient aucun respect ni pour son intelligence ni pour sa position en tant qu'éducateur..Cette foule de garnements irrévérencieux,de trouble-fête malveillants suscitaient en lui le dégoût et une envie terrible de fuir ailleurs de s'évader et de quitter ces lieux insupportables..mais,se repliant sur lui-même,il concevait que tout cela est un mal nécessaire..et que nul métier au monde n'est dépourvu de ce mal,intrinsèquement inhérent à la tâche que nous sommes condamnés à accomplir...car c'est là la destinée humaine..soudain une vague de paix mêlée à un effluve tonifiant traversa son cerveau en fiévre...

Et le cycle des mutations commence pour le jeune professeur....Il passa un an à Besançon,un an d'ennui et de désarroi,dont il a failli mourir ;puis l'année suivante,il était muté à Avignon,ville dans la ville il se sentit plus à l'aise,en présence de ses deux amis félibres,qu'il avait retrouvés après une longue séparation..

Avignon,la ville historique,la ville si pleine de gaieté et de sourire l'a accueilli pendant sept ans sans interruption..Mais ce long séjour,au lieu d'être démoralisant,avait,au contraire,renforcé en lui l'idée de la liberté et l'amour de la poésie :il n'a jamais senti qu'il était dépaysé  ;au contraire,il a cru un instant qu'il pouvait y vivre toute sa vie sans le moindre regret..

Être professeur d'anglais à Avignon,cela n'a pourtant pas été facile  :Les cancres son toujours là,à l'affût,prêts à tuer en vous toute volonté,inlassablement gênants,tapageurs et volontairement agressifs.Alors Ecrire,ce n'était pas non plus une affaire aisée:écrire et se perdre corps et âme dans l'écriture,cela relève encore de l'impossible...Le jeune professeur est trop obsédé par ce tumulte,par ces souris voraces,ces vermines qui rongeaient et usaient toute vigueur et énergie...

Il sentait que sa veine poétique tarissait ,s'épuisait dans le désordre de la vie scolaire..

Il éprouvait dés lors des moments d'abattement et de désespoir,tellement la vie au milieu de ce monde insouciant,frénétique et inepte,cruel et espiégle,le mettait dans un état de désolation inconcevable..

Et pour se remettre de cette situation d'agitation et de désarroi,il se rappelait souvent son enthousiasme d'antan lorsqu'il était au lycée de Sens surtout le défi qu'il s'était lancé à lui-même dans un moment d'euphorie  :tel un Vivtor Hugo enfant qui,plus d'un demi-siécle plus tôt,ensorcelé par le poéte de René et d'Atal,s'écria,tout en martelant la table à coups de poings « Etre Chateaubriand ou rien »lui ,le petit Mallarmé,à peine alors àgé de treize ans,écrivit d'une main hardie,au lendemain de la mort de Béranger,ce chansonnier qui avait le don magique de séduire les jeunes de son temps »Etre Béranger ou rien »,comme si Béranger,pour le petit Stéphane,avait déjà atteint l'apogée du prestige et de la grandeur dans l'univers de la poésie..

Mais pour le futur créateur de « Divagations »le chemin à parcourir est fort long,abrupt,rocailleux et presque impraticable..

Ainsi au bout de ces sept ans de stérilité relative et de gêne matérielle,mallarmé fut muté à Paris...

* 3

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery