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Contribution à  l'étude des origines de la poésie mallarméenne

( Télécharger le fichier original )
par Mohamed Dr Sellam
Université de Bordeaux - Doctorat 1981
  

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Mallarmé,autant dans son enfance que dans sa jeunesse,était alors un lecteur assidu et infatigable..Il avait eu la faculté de dévorer énormément de livres,anciens et modernes...Son engouement alla plus particvulièrement à la littérature grecque dont il dévora tout avec un appétit accru de Sophocle ,Eschyle et même Aristophane..

Mais toutes ces lectures,si abondantes et si vastes qu'elles fussent,n'ont affermi et consolidé sa pensée que sur le plan esthétique,car plus il s'attachait à ce genre de lecture,plus il s'en éloignait instinctivement,pour se former une vision nettement personnelle de la poésie et de la littérature en général.65(*).

III

Authenticité et caractéristique de la poésie mallarméenne

Mallarmé,en sa qualité de poéte symboliste,a marqué de son sceau original la poésie de son temps..

Après une courte période d'imitation de Baudelaire et de Poe,avec l'intention évidente de devenir leur émule,Mallarmé a pris un autre chemin,moins battu par ses contemporains,encore moins par ses devanciers les plus notoires,pour ériger en principe une nouvelle théorie de la poésie.

Alors comment s'était-il séparé de ses maîtres ?Ce fut probablement par hasard,rendu peut-être possible par son désir d émancipation et de se forger une originalité et une poésie éminemment personnelle,oû toutes réminiscences étrangères-au niveau des idées aussi bien que du style-seraient abolies.

Différente de la poésie émotionnelle de Poe et de Baudelaire,la poésie mallarméenne,qui incarne en elle la pureté métaphysique de la réalité,symbolise désormais pour nous,et cela avec la reconnaissance de son disciple le plus proche P.Valéry « l'intellectuelle parole à son apogée »

Son souci de l'élégance et de la justesse même dans la charpente d'un sonnet ou d'un simple poéme se manifeste avec plus d'évidence dans son sonnet « Renouveau » pour s'étendre au fur et à mesure à toute son oeuvre.Ainsi parlant de ce même sonnet,il avoua « Je passe parfois trois jours à en équilibrer d'avance les parties,pour que tout soit harmonieux et s'approche du beau. »De même au sujet de son poéme « l'azur » dont l'agencement des éléments poétiques l' a retenu plusieurs jours cloué à sa table de travail.66(*)..

Or dans toute cette quête studieuse,il y a à coup sûr,un dessein manifeste d'éviter à tout prix les négligences ,les trivialités et les colifichets langagiers,qui avaient si longtemps pésé sur la poésie ;

Mallarmé a le don de faire mouvoir,non pas des personnages comme les romanciers,tel que Balzac ou Stendhal,mais les mots,oui les mots et de les mouvoir dans leur sphère étroite,en leur attribuant un pouvoir réellement extraaordinaire.

Parfois,en écrivant,il se sentait comme emporté sur les ailes du génie créateur et une sorte d'hystérie intellectuelle s'emparait de son cerveau en fiévre.67(*) « Dans mon Faune,avouait-il encore,je me livre à des expansions que je ne me connaissais pas,tout en creusant beaucoup le vers,ce qui est bien difficile à cause de l'action.. »Forger un vers remarquable,qui eût atteint un haut dégré de perfection esthétique,tout en le martelant avec un soin impeccable,voilà au juste le devoir suprême de Mallarmé.

Pour lui l'originalité consiste dans la combinaison de ce qui est étrange avec ce qui est douloureux.Il écrit à son ami Cazalis en mars1868,parlant de  son fameux Hérodiade « Moi,stérile et crépusculaire,j'ai pris un sujet effrayant,dont les sensations,quand elles sont vives,sont amenées jusqu'à l'atrocité et si elles flottent,ont l'attitude étrange du mystère.Et mon vers,il fait mal par instants et blesse comme du fer. ».

Plus que Rimbaud,qui en plein épanouissement juvénile,a su quand même réhabiliter le sens d'une félicité mystique et faire enterrer à jamais les pleurnicheries romantiques.

Plus encore que Verlaine,dont le goût pour une poésie légère et fuyante,a fait régner cette tendance et cet amour pour ce genre de poésie attachante,Mallarmé,habile et plus génial que tous ses contemporains,que ce fût un Verlaine ou un Rimbaud,a conçu une poésie qui ne fut pas seulement attachante et sublime,mais encore une poésie toute imprégnée d'un parfum d'exotisme naturel,nourri de pittoresque et de profondeur.

 Sa théorie de l'esthétique était dépourvue de toute idée métaphysique ou même mystique et,en revanche, l'art est un substitut à la métaphysique et même à la religion,en ce sens que l'art est la seule activité en laquelle il croit..

Plus l'idéal artistique est grand,plus il est basé,selon Mallarmé,sur le principe de « l'art pour l'art » et plus cet idéal est grandiose ,plus il est inaccessible à la plèbe.

En vérité,la poésie mallarméenne est une synthèse englobant la rigueur dans la composition puisée dans Poe et une poésie de la sensation et du sentiment prise dans Baudelaire,le tout soutenu par un effort personnel lié à la technique de suggestion tendant à subordonner les causes objectives aux effets subjectifs

C'est ce qui m'amène à affirmer avec certitude que le régne de Mallarmé,en dépit de toutes les vicissitudes et les métamorphoses qui avaient lieu dans le domaine poétique,a imposé son autorité de façon déterminante..Il condamna en février 1869 le poéme « Elévation » de son ami des Essarts,68(*)qu'il a trouvé banal et de nul effet.«On ne ressent à cette lecture aucune sensation neuve. »il s'insurge en même temps et avec plus de détermination-contre Taine et sa doctrine qui affirme que le poéte dépend en tout et pour tout de son inspiration et non pas du tout de sa réflexion ou de la conception de nouvelles habitudes de penser..

Ainsi grâce à cette authenticité rigoureuse et à cet esprit si vif,si sémillant qui domine constamment dans la poésie mallarméenne,cette pureté,cette ingénuité,cette grâce si brillante,qui émanent de chaque vers mallarméen,nous plongent dans une vraie exaltation,une euphorie radieuse,dont vous ne vous n réveillerez pas de si tôt..

« Peindre non pas la chose,mais l'effet qu'elle produit. » et en ce sens « le vers ne doit pas se composer de mots,mais d'intentions. ».Ce qui fait que vous êtiez entrainé malgré vous dans un grand fleuve non pas de mots mais d'idées,d'images rigoureusement coordonnées et cohérentes et tout son coeur mis à nu et qui s'écrie avec jubilation ,à la suite d'un Victor Hugo ;«Insensé qui crois que je ne suis pas toi !. »

* 65 -Encore tout enfant,exactement en 1857,il obtint le premier accessit de versin grecque.Notons que ses lectures étaient dans leur majorité des oeuvres anglaises.

* 66 -Précisément à cette époque,il écrit Berthe Morisot (Mme manet) « Je travaille et je m'applique à vieillir aux heures de loisirs... »(9 juillet 1891)

* 67 -Il écrit à Cazalis en 1866. «Après avoir trouvé le Néant,j'ai trouvé le Beau;il en sortira un cher poéme auque je travaille. » 

* 68 -Emmanuel des essarts fut nommé professeur au lycée de Sens,alors que Mallarmé venait de le quitter après avoir été promu bachelier et embauché dans l'Enregistrement en qualité de surnuméraire.

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