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Evaluation de l'utilisation des antibiotiques en pratique dermatologique: Enquête par questionnaire auprès de dermatologues marocains

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par Sophia Benomar
Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat Université Mohamed V - Médecine spécialié dermatologie 2009
  

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EVALUATION DE L'UTILISATION DES ANTIBIOTIQUES EN PRATIQUE

DERMATOLOGIQUE :

Enquête par questionnaire auprès de dermatologues Marocains

A mes maîtres

« Il existe deux choses que les paroles diminuent et que seules les actions traduisent : l'amour de la femme pour son homme et la gratitude de l'élève pour son maître »

Résumé

Résumé

Les antibiotiques sont largement utilisés par les dermatologues en matière de dermatologie infectieuse (érysipèle, impétigo, folliculites, furoncles...), de dermatologie non-infectieuse (acné, rosacée...) et en matière d'antibioprophylaxie pour la chirurgie dermatologique. Notre étude a tenté d'évaluer l'utilisation des antibiotiques par les dermatologues en pratique courante à travers un questionnaire d'administration indirecte adressé à tous les dermatologues exerçant dans les secteurs publique et privé au niveau de l'axe « Témara-Rabat-Salé-Kénitra ».

Soixante-neuf dermatologues ont répondu à notre questionnaire sur un total de 101 praticiens sollicités. Les questions portaient sur « la thérapeutique prescrite » ou « la conduite à tenir » devant une situation clinique précise nécessitant un recours aux antibiotiques.

Les différentes réponses ont été comparées aux données de la littérature concernant les recommandations de bonne pratique. Plusieurs habitudes de prescriptions contraires aux recommendations scientifiques ont pu être mises en évidence par cette enquête, dont une prescription abusive de l'acide fusidique, une prescription souvent inappropriée des antibiotiques en matière d'impétigo, de folliculites superficielles, de plaies chroniques et d'antibioprophylaxie. Ce mésusage des antibiotiques entraîne un surcoût économique et une potentielle sélection de souches bactériennes résistantes.

Abstract

Antibiotics are widely used by dermatologists in the field of infectious dermatology (erysipelas, impetigo, folliculitis, boils ...), of non-infectious dermatology (acne, rosacea ...) and on antibiotic prophylaxis for dermatologic surgery.

Our study evaluates the use of antibiotics by dermatologists in practice through an indirect questionnaire sent to all the dermatologists in the public and private sectors on the "Témara-Rabat-Salé-Kénitra» axis.

Sixty-nine dermatologists responded to our questionnaire on a total of 101 practitioners. The questions were related to "the prescribed therapeutic" in clinical situations requiring the use of antibiotics.

The different responses were compared to data from the literature regarding the recommendations of good practice. Several contradictions with the scientific recommendations have been highlighted in this survey such as an inappropriate prescription of fusidic acid, non- conforming uses of antibiotics in terms of impetigo, superficial folliculitis, boils and chronic wounds. This misuse of antibiotics leads to resistances and a high economic cost.

Les mots clefs

Questionnaire, antibiotiques, dermatologie, antibioprophylaxie, résistances

Key words

Questionnaire, antibiotics, dermatology, antibiotic prophylaxis, resistances

PLAN

I- INTRODUCTION

II- MATERIEL ET METHODES

1) Matériel 

2) Méthode

III- RESULTATS 

1) Taille de l'échantillon, âge, sexe et secteur d'exercice des dermatologues interrogés

2) Place de la pathologie infectieuse en pratique dermatologique quotidienne  et auto-évaluation de la formation concernant l'utilisation des antibiotiques en dermatologie

3) Questions spécifiques

a) L'érysipèle

b) L'impétigo

c) Les folliculites superficielles

d) Les furoncles non récidivants

e) Les plaies chroniques 

f) L'antibioprophylaxie 

g) L'acné

h) Les pathologies dermatologiques non infectieuses traitées par les antibiotiques 

4) Mise en corrélation de certains paramètres

IV- DISCUSSION :

1) Discussion des items spécifiques

a) L'érysipèle

b) L'impétigo

c) Les folliculites superficielles et les furoncles non récidivants

d) Les plaies chroniques 

e) L'antibioprophylaxie 

f) L'acné

g) Les pathologies dermatologiques non infectieuses traitées par les antibiotiques 

2) Discussion et analyse générale 

V- CONCLUSION

I- INTRODUCTION  [1,2]

La pathologie infectieuse représente un volet important de la pratique clinique dermatologique. En effet, le dermatologue est très souvent amené à traiter des pathologies infectieuses nécessitant le recours aux antibiotiques. Toute administration d'antibiotiques est responsable d'une perturbation de la balance écologique entre l'hôte et sa flore microbienne. La sélection et l'émergence de bactéries résistantes sont aussi deux phénomènes directement liés à la consommation de ces antibiotiques.

Ainsi, à travers sa prescription, le dermatologue a un rôle à jouer dans la lutte contre l'émergence de résistances bactériennes et se doit donc d'employer les antibiotiques à bon escient. Leur meilleure utilisation passe par une bonne analyse de l'affection à traiter, une bonne connaissance de la nature de l'antibiotique utilisé, de son spectre d'action, de l'évolution de l'état des résistances et des recommandations de bonnes pratiques.

Une utilisation rationnelle des antibiotiques semble donc s'imposer à tous les médecins et nous concerne particulièrement, nous dermatologues, vu la fréquence des pathologies infectieuses que nous rencontrons au cours de notre pratique courante. Ces pathologies sont essentiellement représentées par les infections à germes pyogènes (staphylococcus aureus, streptococcus pyogenes, bactéries anaérobies...), les infections bactériennes sexuellement transmissibles, les maladies dermatologiques infectieuses d'inoculation et les mycobactérioses cutanées.

Par ailleurs, d'autres pathologies dermatologiques non-infectieuses peuvent nécessiter, pour leur traitement, le recours à des antibiotiques topiques ou par voie générale. Parmi ces pathologies, nous citerons l'acné qui demeure un motif fréquent de consultation en dermatologie ainsi que d'autres pathologies dermatologiques inflammatoires telles que la rosacée ou la maladie de Verneuil.

N'oublions pas que la prescription d'antibiotiques locaux de même que la prescription d'antibiotiques par voie générale au long cours pour des pathologies non infectieuses comme l'acné nous ont longtemps placé au coeur du débat sur l'émergence de souches bactériennes résistantes, avec nos confrères infectiologues.

Ce travail s'intéresse à l'usage des antibiotiques en dermatologie et tente de répondre à cette question : utilisons nous correctement les antibiotiques dans notre pratique quotidienne en dermatologie ?

Ainsi, le principal objectif de notre travail est de répondre à cette question, en comparant l'utilisation des antibiotiques dans notre pratique courante aux recommandations de la littérature scientifique. Il s'agit donc de prendre conscience de l'existence ou non d'un mauvais usage des antibiotiques de notre part et du rôle que nous avons à jouer, nous dermatologues, dans la lutte contre l'émergence de résistances bactériennes aux antibiotiques.

II- MATERIEL ET METHODES

1) Matériel :

Nous avons effectué, dans un premier temps, une recherche bibliographique sur le thème de l'utilisation des antibiotiques en dermatologie infectieuse et non infectieuse et à travers « pubmed » et la base de données « medline »

Après une première lecture, nous avons choisi de concentrer notre travail sur les situations pathologiques les plus fréquemment rencontrées en pratique courante de dermatologie infectieuse : l'érysipèle, l'impétigo, les folliculites et furoncles non récidivants, les plaies chroniques, l'antibioprophylaxie en chirurgie dermatologique et les pathologies inflammatoires nécessitant parfois pour leur traitement, le recours à la prescription d'antibiotiques à l'exemple de l'acné.

Nous avons exclu de notre travail les pathologies bactériennes d'inoculation, les mycobactérioses pour lesquelles les dermatologues sont bien moins consultés et les traitements parfois mal codifiés. Nous avons aussi exclu de notre recherche les données en rapport avec les surinfections bactériennes en dermatologie.

Enfin, nous avons également exclu les infections bactériennes sexuellement transmissibles où les traitements sont, dans notre contexte, bien codifiés dans un cadre de prises en charges syndromiques recommandées par le ministère de la santé publique.

Un questionnaire a été élaboré à partir de ce travail de lecture bibliographique (annexe 1).

2) Méthode :

Type de questionnaire : Questionnaire d'administration indirect, réalisé en absence de l'enquêteur, adressé par correspondance et associée à une lettre d'introduction (annexe 2) comprenant :

- les buts avoués de l'enquête,

- l'intérêt de l'enquête et l'incitation à y collaborer,

- les précisions concernant le mode de récupération du questionnaire,

- la signature de l'enquêteur.

Thématique du questionnaire : l'utilisation des antibiotiques en pratique courante de dermatologie.

Formulation du questionnaire : le questionnaire a été formulé selon les recommandations de la version 1.1 établie par le bureau de qualité du centre national français de la recherche scientifique pour les questionnaires d'enquête [3].

Il s'agit d'un questionnaire à 25 questions comprenant 4 questions générales, 4 questions d'identification et 17 questions spécifiques. Les questions spécifiques sont regroupées en 7 thèmes, en rapport avec « une thérapeutique prescrite » ou « une conduite à tenir » devant une situation thématique précise.

Ces questions sont formulées sous forme de :

- 12 questions fermées,

- 4 questions semi-ouvertes,

- 9 questions ouvertes.

Le questionnaire est clôturé par un espace libre réservé aux commentaires

Envoi du questionnaire :

Le questionnaire a été envoyé à :

§ tous les dermatologues libéraux exerçant sur l'axe « Témara-Rabat-Salé-Kénitra » (44 dermatologues), leurs coordonnées ayant été obtenues auprès du conseil de l'ordre régional des médecins du Nord du Maroc. Celles-ci ont été vérifiées au niveau de l'annuaire jaune des télécommunications 2008;

§ tous les dermatologues du secteur public exerçant au niveau du CHU de Rabat, des hôpitaux provinciaux et des centres de santé implantés sur l'axe « Témara-Rabat-Salé-Kénitra » (20 dermatologues) ;

§ tous les enseignants dermatologues et médecins résidents en dermatologie, exerçant au sein du CHU de Rabat (Hôpital Ibn Sina, Hôpital Mohamed V d'instruction militaire, Hôpital Cheikh Zayd), soit 9 enseignants et 28 résidents.

Analyse et traitement des résultats :

Nous avons envoyé les questionnaires en début d'octobre 2008 et avons clos l'exploitation des données le 15 décembre 2008.

Après le dépouillement des questionnaires, les réponses ont été codées, en vue de leur inscription sur un support informatique adapté pour l'analyse statistique des résultats. Les résultats ont été traités par le logiciel Statview [4].

L'analyse des résultats s'est essentiellement faite sous forme de pourcentages. Pour la mise en corrélation de certaines variables, nous avons réalisé les tests statistiques du chi2 (pour les variables qualitatives) et le student (pour les variables qualitatives corrélées à des variables quantitatives).

III- RESULTATS

1) Taille de l'échantillon, âge, sexe et secteur d'exercice des dermatologues interrogés

Soixante-neuf dermatologues ont répondu à notre questionnaire sur un total de 101 praticiens sollicités, soit un taux de réponse de 68,31% permettant ainsi l'exploitation des résultats (un taux de réponse supérieur à 40% étant nécessaire pour l'analyse des résultats dans ce type d'enquête par questionnaire).

L'âge moyen des dermatologues dans notre étude est de 41,6 +/- 11,2

Soixante-seize pour cent (76%) des dermatologues de notre étude sont de sexe féminin (graphique1).

Trente-six pour cent (36%) exercent dans le secteur privé et 64% dans le secteur public y compris universitaire (graphique 2).

2) Place de la pathologie infectieuse en pratique dermatologique quotidienne  et auto-évaluation de la formation concernant l'utilisation des antibiotiques en dermatologie

Cinquante-sept pour cent (57%) des dermatologues affirment être souvent confrontés à des pathologies de dermatologie infectieuse (3 à 4 fois / semaine), 25% disent y être confrontés en moyenne une fois par jour et 18% plusieurs fois par jour (graphique 3).

Pour 48% des dermatologues, l'impétigo reste la pathologie infectieuse la plus souvent rencontrée en pratique quotidienne suivie de l'érysipèle pour 29% et des folliculites pour 14%.

Neuf pour cent (9%) des dermatologues estiment que la pathologie infectieuse mycologique est la plus fréquemment rencontrée au cours de leur exercice, à savoir l'intertrigo et/ou l'onychomycose (graphique 4)

Graphique 1 : Répartition des dermatologues en fonction du sexe

Graphique2 : Répartition des dermatologues en fonction du secteur d'exercice

Graphique 3 : Fréquence de la pathologie infectieuse en consultation

% des prescriptions

Graphique 4 : pathologie infectieuse la plus souvent rencontrée en consultation

Concernant l'auto-évaluation des connaissances en matière d'utilisation des antibiotiques en dermatologie, 68% des dermatologues la jugent « satisfaisante », 21% la qualifient de  « bonne », 9% de « mauvaise » et moins de 2% la jugent « excellente »

Tous les dermatologues interrogés (100%) estiment qu'une formation médicale continue concernant l'utilisation des antibiotiques en dermatologie serait utile.

3) Questions spécifiques

a) L'érysipèle 

Traitement de 1ère intention de l' érysipèle ne nécessitant pas de prise en charge hospitalière :

Cinquante-sept pour cent (57%) des dermatologues ont recours à une amoxicilline simple en traitement de première intention, 41% prescrivent une amoxicilline protégée et moins de 2% utilisent de l'acide fusidique (graphique 5).

Traitement de 2ème intention de l' érysipèle ne nécessitant pas de prise en charge hospitalière :

Cinquante-deux pour cent (52%) des dermatologues prescrivent un macrolide (roxythromycine, clarithromycine ou erythromycine), 36 % de l'acide fusidique, 10 % une amoxicilline protégée et moins de 2% du trimethoprime sulfametoxazole.

A noter que sept dermatologues ont précisé avoir recours à la pristinamycine en deuxième intention si celle-ci est disponible en officine (graphique 6).

La conférence française de consensus de 2000 concernant la prise en charge de l'érysipèle :[5]

Quatre-vingt et un (81%) des dermatologues connaissent l'existence de cette conférence de consensus, mais 31% d'entre eux avouent ne pas en suivre les recommandations.

b) L'impétigo

Eviction scolaire dans l'impétigo localisé de l'enfant :

Soixante et onze pour cent (71%) des dermatologues ne recommandent pas d'éviction scolaire, 18% la recommandent « parfois » et 11% l'appliquent systématiquement (graphique 7).

Traitement de l'impétigo localisé de l'enfant :

Soixante-douze (72%) des dermatologues prescrivent des soins d'hygiène associées à un antibiotique locale type acide fusidique, 19 % traitent au moyen d'un antibiotique par voie générale type pénicilline M avec en deuxième intention de l'amoxicilline protégée ou de l'acide fusidique, associés à des soins d'hygiène. Enfin 9% des dermatologues recommandent uniquement une toilette quotidienne à l'eau et au savon associée à des antiseptiques uniquement (graphique 8).

% des prescriptions

Graphique 5 : traitement de première intention de l'érysipèle ne nécessitant pas une prise

en charge hospitalière

% des prescriptions

Graphique 6 : traitement de deuxième intention de l'érysipèle ne nécessitant pas une prise

en charge hospitalière

Graphique 7 : prescription d'une éviction scolaire pour l'impétigo localisé de l'enfant

% des prescriptions

Graphique 8 : traitement de l'impétigo localisé de l'enfant

Eviction scolaire dans l'impétigo diffus ou rapidement progressif de l'enfant :

Quatre vingt-sept pour cent (87%) des dermatologues recommandent une éviction scolaire systématique, 11% avouent ne pas le faire de façon systématique et 2% ne le font jamais (graphique 9).

Traitement de l'impétigo diffus ou rapidement progressif de l'enfant :

Aucun dermatologue n'a recours à un traitement local seul (antiseptique ou antibiotique), tous les dermatologues interrogés prescrivant une antibiothérapie générale associée à des soins d'hygiène (graphique 10).

Antibiotique de première intention :

Soixante-six pour cent (66%) des dermatologues prescrivent une pénicilline M, 23% traitent par de l'acide fusidique et 11% ont recours à l'amoxicilline simple ou protégée (graphique 11).

Antibiotique de deuxième intention :

Soixante-dix pour cent (70%) des dermatologues prescrivent de l'acide fusidique, 21% un macrolide et 9% seulement ont recours à l'amoxicilline protégée (graphique 12).

Association d'un antibiotique par voie générale et d'un antibiotique par voie locale dans l'impétigo croûteux :

Soixante-deux pour cent (62%) des dermatologues n'associent jamais antibiothérapies locale et générale dans l'impétigo croûteux, 36% le font parfois et moins de 2% le font systématiquement (graphique 13).

Graphique 9 : prescription d'une éviction scolaire pour l'impétigo diffus ou rapidement

extensif

% des prescriptions

Graphique 10 : traitement de l'impétigo diffus ou rapidement extensif de l'enfant

% des prescriptions

Graphique 11 : traitement antibiotique oral de première intention de l'impétigo diffus ou extensif de l'enfant

% des prescriptions

Graphique 12 : traitement antibiotique oral de deuxième intention de l'impétigo diffus ou extensif de l'enfant

Graphique 13 : association d'un antibiotique local et par voie générale dans le traitement

de l'impétigo croûteux

c) Les folliculites superficielles

Vingt-deux pour cent (22%) des dermatologues recommandent des soins d'hygiène seulement, 20% prescrivent un antibiotique local type acide fusidique et 58% un antibiotique par voie générale, essentiellement une pénicilline M ou de l'acide fusidique (graphique 14)

% des prescriptions

Graphique 14 : traitement des folliculites superficielles

d) Les furoncles non récidivants 

Quarante et un pour cent (41%) des dermatologues recommandent des soins d'hygiène associés à un antibiotique locale type acide fusidique alors que 59% prescrivent une antibiothérapie par voie générale (graphique 15).

Comme antibiotique de première intention, 63% prescrivent une pénicilline M et 37% de l'acide fusidique (graphique 16).

En deuxième intention 61% prescrivent de l'acide fusidique, 23% un macrolide, 14% une quinolone et moins de 2% ne précisent pas de traitement de seconde intention (graphique 17).

% des prescriptions

Graphique 15 : traitement des furoncles non-récidivants

% des prescriptions

Graphique 16 : traitement antibiotique oral de première intention dans les furoncles

non-récidivants

% des prescriptions

Graphique 17 : traitement antibiotique oral de deuxième intention dans les

furoncles non-récidivants

e) Les plaies chroniques 

Soixante et un pour cent (61%) des dermatologues interrogés réalisent systématiquement un prélèvement bactériologique devant une plaie chronique.

En cas d'isolement d'un staphylocoque méti-résistant (SAMR), 98% des dermatologues traitent ce SAMR (87 % de ces dermatologues prescrivent de l'acide fusidique et 11% une quinolone). Deux pour cent (2%) ne traitent pas ce SAMR.

f) L'antibioprophylaxie 

Une antibioprophylaxie est utilisée lors de la réalisation de :

- biopsie simple : 42 % des dermatologues,

- electro dissection : 31% des dermatologues,

- exérèse simple : 54% des dermatologues,

- exérèse complexe (plans profonds, greffe) : 86%(Graphique 18).

Onze pour cent (11%) des dermatologues confient ne pas réaliser de gestes de chirurgie dermatologique complexes justifiant ainsi leur abstention pour certaines réponses.

Soixante-neuf pour cent (69%) utilisent une antibioprophylaxie UNIQUEMENT pour les patients qu'ils jugent « à risques » (prothèses cardiaques, valvuloplasties, immunosuppression, risque infectieux élevé) et 31% la destinent à tous leurs patients.

L'antibiotique le plus habituellement prescrit pour l'antibioprophylaxie par les dermatologues est une pénicilline M pour 53% des dermatologues, de l'acide fusidique pour 38% et de l'amoxicilline protégée pour 7%. Moins de 2% disent utiliser un anti-staphylococcique sans en préciser la nature (Graphique 19).

% des prescriptions

Graphique 18 : pourcentage de prescription d'antibioprophylaxie pour certains gestes de

chirurgie dermatologique

Graphique 19 : antibiotique le plus prescrit selon les dermatologues pour l'antibioprophylaxie

g) L'acné

L'antibiotique oral le plus couramment prescrit pour le traitement de l'acné est (Graphique 20) :

- une doxycycline pour 28% des dermatologues,

- une tétracycline pour 21% des dermatologues,

- une cycline non précisée pour 51% des dermatologues.

Cinquante-deux pour cent (52%) des dermatologues maintiennent le traitement pendant 3 mois avant de recourir aux rétinoïdes, s'ils n'obtiennent pas de réponse thérapeutique avec les antibiotiques. Trente-deux (32%) peuvent poursuivre le traitement antibiotique jusqu'à six mois et 16% jusqu'à 12 mois (Graphique 21).

Pour ce qui est des antibiotiques locaux dans le traitement de l'acné, 42% des dermatologues disent ne jamais en prescrire, 35% y ont recours « parfois » et 23% les utilisent « souvent ».

L'antibiotique local le plus prescrit par nos dermatologues en matière d'acné est l'érythromycine.

Graphique 20 : antibiotique le plus prescrit pour l'acné selon les dermatologues

% des prescriptions

Graphique 21 : durée de maintien du traitement antibiotique dans l'acné selon les

dermatologues

h) Les pathologies dermatologiques non infectieuses traitées par les antibiotiques 

Les pathologies dermatologiques non infectieuses traitées par les antibiotiques sont par ordre de fréquence (graphique 22):

- la rosacée (82% des dermatologues),

- la maladie de Verneuil (51% des dermatologues),

- la folliculite décalvante (32% des dermatologues),

- les kystes épidermoïdes inflammatoires (18% des dermatologues),

- la sarcoïdose (12% des dermatologues),

- l'aphtose buccale (10% des dermatologues).

Quelques praticiens ont mentionné des indications plus rares (moins de 2% des dermatologues : psoriasis en goutte, pemphigoïde bulleuse)

% des prescriptions

Graphique 22 : pathologies non-infectieuses traitées par antibiotiques

4) Mise en corrélation de certains paramètres

Au cours de l'analyse statistique des données, nous avons tenté de mettre en corrélation certains paramètres : Un p < 0,05 a été défini comme significatif

Lors de cette analyse, toutes les corrélations se sont avérées significatives :

- nous n'avons pas mis en évidence de corrélation entre le fait de rencontrer fréquemment des pathologies infectieuses et une prescription d'antibiotiques plus conforme aux recommandations,

- nous n'avons pas réussi à mettre en évidence un lien statistique entre l'âge des dermatologues et une prescription d'antibiotiques plus conforme aux recommandations,

- enfin, la comparaison entre les prescriptions des dermatologues exerçant dans le secteur privé et ceux exerçant dans le secteur public n'a pas montré de prescriptions plus conformes aux recommandations pour l'un des deux groupes par rapport à l'autre.

IV- DISCUSSION 

1) Discussion des items spécifiques : rappel des recommandations de la littérature scientifique puis analyse des résultats

a) L'érysipèle 

a.1) Recommandations de la littérature [5,6,7,8]

La conférence de consensus « Erysipèle ; Fasciite nécrosante : Quelle prise en charge ? » a été co-organisée en 2000 par la Société Française de Dermatologie et la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française.

Nous en rapportons ici les principales conclusions concernant le traitement de l'érysipèle.

Les indications thérapeutiques de l'érysipèle dépendent de :

- la décision d'hospitalisation initiale ou du maintien à domicile,

- la gravité du tableau local et général,

- la notion d'allergie ou non aux béta-lactamines.

En cas d'hospitalisation initiale :

L'hospitalisation initiale est envisagée devant un tableau clinique local ou général grave, un terrain fragile ou une crainte de mauvaise observance du traitement.

Le traitement de référence proposé dans ces cas est la pénicilline G en 4 à 6 perfusions par jour (10 à 20 millions d'unités par jour).

Après obtention de l'apyrexie et amélioration des signes locaux, un relais par ATB orale est entrepris avec de la pénicilline V (3 à 6 Mu/j en trois prises quotidiennes) ou de l'amoxicilline (3, 5 à 4g/j en trois prises quotidiennes), jusqu'à disparition des signes locaux pour une durée totale de 10 à 20 jours.

En cas de maintien à domicile :

Un traitement par amoxicilline, 3 à 4,5 grammes /j en trois prises quotidiennes, est indiqué pour une durée de 15 jours.

En cas d'allergie aux béta-lactamines, le choix se porte sur la pristinamycine (2 à 3 grammes par jours en trois prises pendant 15 jours) un macrolide ou la clindamycine.

L'amoxicilline simple est le traitement de première intention de référence, en cas de maintien à domicile. Il n'y a pas d'intérêt à recommander la pristinamycine en première intention, sauf s'il existe une allergie aux béta-lactamines.

En raison de l'émergence croissante de souches résistantes de streptocoques aux macrolides, ceux-ci ne doivent être utilisés qu'en deuxième intention après la pristinamycine ou la clindamycine, s'il existe une allergie aux béta-lactamines.

Un traitement antibiotique secondaire de prévention sera envisagé en fonction de la situation clinique (diabète, lymphoedème, récidive de l'érysipèle...).

Il n'y a aucun intérêt à appliquer un traitement local antiseptique ou antibiotique pour l'érysipèle ou sur la porte d'entrée.

Les doses de l'antibiotique seront adaptées en fonction du poids pour l'enfant et le sujet obèse et en fonction de la clairance de la créatinine pour l'insuffisant rénal.

a.2) Discussion des résultats du questionnaire :

Plus de la moitié des dermatologues interrogés (57%) suivent les recommandations de la conférence de consensus concernant le traitement de première intention en prescrivant de l'amoxicilline simple. Néanmoins, l'utilisation de l'amoxicilline protégée en première intention pour le traitement de l'érysipèle reste une pratique très répandue puisque 41% des dermatologues la prescrivent.

Il est à noter que l'amoxicilline protégée en matière d'érysipèle ne nécessitant pas une prise en charge hospitalière n'apporte aucun bénéfice en comparaison avec l'amoxicilline simple si cette dernière est prescrite à dose suffisante (3g/j pour un adulte de 60kg ou moins, 3,5 à 4g/j pour un adulte de 60à 80kg et 4 à 4,5g/j pour un adulte de plus de 80kg).

La plupart des dermatologues interrogés prescrivent l'amoxicilline simple à une dose de 3 à 4g ou expriment la dose en « mg/kg ». Quinze pour cent (15%) de ces dermatologues ont néanmoins noté une prescription de l'amoxicilline simple en première intention à la dose de 2g/j ce qui représente une dose insuffisante. Il convient de rappeler que des doses insuffisantes d'amoxicilline sont non seulement source d'échec thérapeutique mais aussi de sélection de souches résistantes.

Concernant le traitement de deuxième intention de l'érysipèle, 56% prescrivent un macrolide, ce qui va dans le sens de la conférence de consensus, si l'on prend en considération l'indisponibilité de la pristinamycine au Maroc. Rappelons que sept des dermatologues avaient précisé qu'ils auraient prescrit de la pristinamycine en seconde intention si ceux-ci en avaient eu la possibilité.

Par contre, nous notons un réel mésusage de l'acide fusidique (36% des prescriptions en seconde intention) avec pour conséquence une sélection dangereuse de souches bactériennes résistantes.

Quatre-vingt et un (81%) des dermatologues connaissent l'existence de la conférence de consensus, de 2000 et 69% d'entre eux pensent en suivre les recommandations. En réalité, seuls 57% suivent les recommandations de cette conférence de consensus pour le traitement de première intention et uniquement 48% s'y conforment en globalité pour les traitements de première et de deuxième intention. Ces données soulèvent le problème de la diffusion d'une conférence de consensus mais aussi la difficulté de changer certaines habitudes de prescriptions.

b) L'impétigo de l'enfant

b.1) Recommandations de la littérature [9,10,11,12,13,14,15]

Une revue de littérature récente faite par Dr Mazereew-Hautier parue en 2006 aux annales de dermatologie ainsi que les recommandations de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire de Produits de Santé (AFFSAPS) parues en 2004 permettent de définir le traitement recommandé dans l'impétigo. Nous rapportons ici les principales conclusions de ces deux travaux concernant les recommandations du traitement de l'impétigo :

- Quelle que soit l'étendue de l'impétigo, les règles d'hygiène élémentaires sont indispensables :

Ø la prescription d'une éviction scolaire ou un arrêt du travail jusqu'à guérison compète en cas de traitement local ou pendant les 48 premières heures en cas d'antibiothérapie générale,

Ø la vérification de l'état de la vaccination antitétanique,

Ø la préconisation, quelle que soit l'étendue de l'impétigo, d'une toilette quotidienne à l'eau et au savon (le savonnage décolle les bactéries et le rinçage à l'eau les élimine), le type de savon utilisé n'ayant pas fait l'objet d'étude, il ne parait pas nécessaire d'utiliser un savon de type antiseptique,

Ø le lavage fréquent des mains avec des ongles coupés courts et des vêtements changés fréquemment de préférence en coton et amples,

Ø la rechercher d'une dermatose sous jacente.

Concernant le traitement proprement dit, il y a deux cas de figures à distinguer : la forme peu sévère d'impétigo et les autres formes.

La forme peu sévère est définie par l'AFSSAPS comme étant un impétigo avec une surface corporelle cutanée inférieure à 2%, sans extension rapide et avec au maximum 5 sites lésionnels actifs. Pour cette forme, en plus des règles d'hygiène une antibiothérapie exclusivement locale est recommandée : acide fusidique (crème ou pommade) ou mupirocine (pommade dermique) en 3 applications quotidiennes pendant 5 à 10 jours.

Les autres formes d'impétigo (une surface corporelle cutanée supérieure à 2%, extension rapide des lésions avec plus de 5 sites lésionnels actifs, l'impétigo bulleux et l'ecthyma, un terrain d'immunodépression) relèvent de l'antibiothérapie générale. Après prise en considération des critères d'efficacité, des effets indésirables, l'existence de présentations médicamenteuse pédiatriques et du coût ; la pénicilline M semble être l'antibiotique oral à prescrire en première intention en l'absence d'allergie aux béta lactamines (30 à 50 mg/kg et par jours en deux prises pendant 10 jours).

En deuxième intention, pourront être prescrits : l'amoxicilline associée à l'acide clavulanique (50 mg/kg et par jour en deux prises pendant 10 jours), les céphalosporines ou les macrolides (Josamycine 40mg/kg/jour en deux prises pendant 10 jours).

Ce n'est qu'en dernière intention (après le choix d'une amoxicilline simple ou protégée ou d'un macrolide si allergie) que pourront être prescrits les antibiotiques plus onéreux comme l'acide fusidique ou la pristinamycine.

Il n'y a aucun intérêt à associer un antibiotique local à un antibiotique général, quel que soit le type d'impétigo.

En cas d'impétigo croûteux et si il y a besoin de ramollir les croûtes, il faudra prescrire de la vaseline et non un antibiotique local.

b.2) Discussion des résultats du questionnaire 

Traitement de l'impétigo localisé de l'enfant :

Dans l'impétigo localisé, 72% des dermatologues prescrivent des soins d'hygiène associés à un antibiotique locale type acide fusidique conformément aux recommandations. Dix-neuf pour cent (19%) traitent par un antibiotique par voie générale (pénicilline M, l'amoxicilline protégée, acide fusidique) associé à des soins d'hygiène alors que l'antibiothérapie générale n'est recommandée que pour l'impétigo ayant un caractère diffus ou rapidement extensif.

Neuf pour cent (9%) des praticiens ne prescrivent ni antibiothérapie générale ni locale dans l'impétigo localisé et recommandent uniquement une toilette quotidienne à l'eau et au savon associé à des antiseptiques. Dans une étude randomisée en double aveugle, le traitement par acide fusidique en topique associé à une antisepsie par polyvidone iodée versus une crème placebo associée à une antisepsie par polyvidone iodée à montré une supériorité en matière de rapidité de la réponse clinique pour le bras recevant l'acide fusidique topique. Sur le plan bactériologique, le prélèvement étaient négatifs à 36h du début du traitement chez 91% des patients traités par acide fusidique versus 32% dans le groupe avec antisepsie et crème placebo. Ceci soulève l'intérêt du traitement par antibiotique local dans l'impétigo localisé dans le sens d'une réponse clinique plus rapide mais surtout d'une diminution du risque de contagiosité.

Il est à noter que la plupart des dermatologues ont précisé une application de deux fois par jour pour une durée allant des 5 à 14 jours concernant l'antibiotique local alors que les recommandations de l'AFSSAPS sont de trois applications par jours pendant 5 à 10 jours.

Traitement de l'impétigo diffus ou rapidement progressif de l'enfant :

En première intention, 66% des dermatologues prescrivent une pénicilline M, ce qui va dans le sens des recommandations. Par contre, en ce qui concerne le traitement de deuxième intention, 70% des dermatologues prescrivent de l'acide fusidique alors que cet antibiotique n'est recommandé, selon les données de la littérature, qu'en dernier lieu après l'amoxicilline protégée, les macrolides et les céphalosporines. Nous constatons là aussi un usage abusif de l'acide fusidique.

Finalement, seuls 30% des dermatologues suivent les recommandations concernant le traitement de deuxième intention (21% un macrolide et 9% une amoxicilline protégée)

L'éviction scolaire :

La prescription d'une éviction scolaire ou d'un arrêt du travail est recommandée quel que soit l'étendue de l'impétigo et ce, jusqu'à guérison complète en cas de traitement local ou pendant les 48 premières heures en cas d'antibiothérapie générale.

Seuls 9% des dermatologues préconisent systématiquement une éviction en cas d'impétigo localisé versus 87% pour l'impétigo diffus ou rapidement extensif.

Association d'un antibiotique par voie générale à un antibiotique par voie locale dans l'impétigo croûteux :

Soixante- deux pour cent (62%) des dermatologues n'associent jamais antibiothérapie locale et générale pour le traitement de l'impétigo croûteux. Cette attitude est la plus sage puisque il n'y a aucun intérêt à associer les deux formes galéniques, en matière de réponse thérapeutique. De plus, un antibiotique local est un principe actif qui ne doit pas être utilisé dans le but de ramollir les croûtes. Notons que 38% des dermatologues ont recours à cette association « parfois» voir « toujours ». Il serait, dans le cas de l'impétigo croûteux, plus raisonnable de prescrire un antibiotique topique en cas d'impétigo croûteux localisé pour traiter et par la même occasion ramollir les croûtes mais d'associer, en cas d'impétigo croûteux diffus ou généralisé, un émollient (type vaseline par exemple) à l'antibiothérapie générale.

c) Les folliculites superficielles et furoncles non récidivants

c.1) Recommandations de la littérature [16,17,18,19]

Le traitement des folliculites superficielles et des furoncles non récidivants est assez bien codifié.

Si l'on se réfère aux recommandations de l'AFSSAPS, il a été démontré que seuls les soins d'hygiène sont nécessaires. Il n'y a pas d'intérêt à utiliser un antibiotique local. L'antibiothérapie systémique anti-staphylococcique n'est envisagée que dans les cas suivants :

- furoncle de localisation médio faciale,

- furoncles multiples ou extensifs,

- complications septiques (lymphangite, cellulite...),

- terrain d'immunodépression.

En dehors de ces cas de figures, seuls les soins d'hygiène et les antiseptiques sont nécessaires :

- lavage fréquent des mains, ongles coupés courts avec brossage soigneux des espaces sous unguéaux, serviettes de toilette personnelles,

- suppression des facteurs irritatifs,

- application biquotidienne d'antiseptiques locaux (type chlorexidine).

Pour les folliculites superficielles et peu étendues, les antiseptiques locaux sont prescrits à raison de deux applications quotidiennes pendant 7 à 10 jours. Le choix de l'antiseptique dépend de l'expérience et des habitudes du prescripteur.

Les antibiotiques locaux peuvent également être prescrits en association avec l'antiseptique.

Pour les folliculites étendues, l'adjonction au traitement local d'un antibiotique per os est souvent nécessaire.

La pénicilline M semble être l'antibiotique oral à prescrire en première intention, en l'absence d'allergie aux béta-lactamines (30 à 50 mg/kg et par jour en deux prises pendant 10 jours).

En deuxième intention, pourront être prescrits : les macrolides (Josamycine 40mg/kg/jour) ou les céphalosporines.

Ce n'est qu'en dernière intention que pourront être prescrits les antibiotiques plus onéreux comme l'acide fusidique ou la pristinamycine.

c.2) Discussions des résultats du questionnaire

Pour les folliculites superficielles, 22% des dermatologues recommandent uniquement des soins d'hygiène, 20% y associent un antibiotique local alors que plus de la moitié (58%) prescrivent un antibiotique par voie générale. Pour les furoncles non récidivants, tous les dermatologues prescrivent un traitement antibiotique par voie locale ou générale (41% pour l'antibiotique locale et 59% un antibiotique par voie générale) alors que seuls les mesures d'hygiène et les antiseptiques sont recommandés pour les folliculites comme pour les furoncles non récidivants, en dehors des situautions précédemment citées, à savoir :

- furoncle de localisation médio faciale,

- furoncles multiples ou extensifs,

- folliculites étendues,

- complications septiques (lymphangite, cellulite...),

- terrain d'immunodépression.

Il est vrai que dans l'énoncé de la question, il n'y avait pas de précisions concernant le terrain, le caractère multiple ou non et le siège des furoncles, ce qui peut expliquer que les dermatologues interrogés aient répondu « par excès  » à cette question. Nous relevons ici un vice de formulation de la question ayant probablement biaisé la réponse.

Nous constatons néanmoins à nouveau un mésusage de l'acide fusidique puisque 37% des dermatologues le prescrivent en première intention et 61% en seconde intention, alors que selon les recommandations, ce n'est qu'en dernière intention que pourront être prescrit les antibiotiques onéreux comme l'acide fusidique ou la pristinamycine et ce, après la pénicilline M en première intention et les macrolides et céphalosporines en deuxième intention. Ces recommandations concernent aussi bien pour les folliculites superficielles que les furoncles non récidivants.

Notons aussi que deux dermatologues ont soulevé la question de la nature mycosique ou bactérienne des folliculites et donc de la place des prélèvements et des examens bactériologiques et mycologiques. La question aurait effectivement due être formulée, en précisant la nature bactérienne des folliculites.

d) Les plaies chroniques

d.1) Recommandations de la littérature : [20,21,22,23,24,25]

Une plaie chronique est une perte de substance cutanée n'ayant aucune tendance spontanée à la cicatrisation. Il s'agit essentiellement des ulcères de jambes, des maux perforants plantaires et des escarres.

Elle représente un problème de santé publique. La formation des médecins concernant les plaies chroniques est souvent insuffisante et il en découle des pratiques empiriques variables d'un soignant à l'autre parfois décalées par rapport aux recommandations consensuelles.

La colonisation de plaies chroniques par des bactéries potentiellement pathogène est bien connue. Lorsque l'on effectue des prélèvements systématiques sur une plaie chronique on peut retrouver de nombreux germes non saprophytes de la peau (staphyloccocus aureus, streptococcus pyogenes, pseudomonas aeruginosa, proteus mirabilis...) et il semblerait bien que cette colonisation n'interfère pas avec la cicatrisation.

Le professeur Amblard avait démontré l'importance du comptage des germes. Ainsi, en dessous de 100000germe/cm2, la prolifération n'empêche pas la cicatrisation et ce quelque soit le germe; en revanche au-delà de 100000 germe/cm2, la cicatrisation est entravée et un traitement anti-bactérien semble indiqué.

Il n'est pas recommandé de réaliser systématiquement de prélèvements bactériologiques sur une plaie chronique, en dehors de signes patents d'infection. Il serait cependant intéressant de demander un comptage des germes en cas de prélèvement.

Place de l'antisepsie :

Une revue de la littérature de 1996 n'a pas trouvé d'étude clinique prouvant l'intérêt des antiseptiques (ATS) dans les plaies chronique. L'ATS réduit le nombre de bactéries de façon ponctuelle mais au bout de 15 à 30 mn, en fonction de l'ATS utilisé, la flore bactérienne reprend sa croissance. De plus, il a été démontré que les ATS avaient une action cytotoxique sur les kératinocytes et les fibroblastes, retardant ainsi la cicatrisation, ceci sans compter le rôle bien connu des ATS dans la survenue d'eczémas de contact et de dermites irritatives.

En conclusion, l'utilisation des ATS sur une plaie chronique n'est pas recommandée. Un lavage avec savonnage quotidien parait suffisant et il semble aussi important que cette information soit diffusée auprès du patient et de sa famille en rappelant que le savonnage décolle les bactéries et le rinçage les élimine.

Place de l'antibiotique local

Les recommandations de l'AFSSAPS sur la prescription d'antibiotiques locaux rappellent que ceux - ci n'ont d'intérêt ni dans la prévention, ni dans le traitement des plaies chroniques et de leurs complications infectieuses.

Comme pour les ATS, les antibiotiques locaux n'ont pas montré d'intérêt dans les processus de cicatrisation et peuvent aussi être responsables de dermites de contact.

Place de l'antibiothérapie générale 

Elle n'est indiquée que lorsqu'il existe des complications infectieuses locorégionales. Une étude randomisée comparant un groupe recevant des soins locaux adaptés et un autre recevant une antibiothérapie (ciprofloxacine ou trimethoprime) en plus des soins, afin d'étudier l'intérêt de l'antibiotique sur la vitesse de cicatrisation et la taille d'un ulcère, n'a pu montrer aucune différence significative entre les deux groupes ni sur le temps de cicatrisation, ni sur la taille de l'ulcère. En revanche, une augmentation de la résistance à l'antibiotique a été constatée chez le groupe traité.

Il est vrai qu'une plaie chronique demeure une porte d'entée à une infection (érysipèle, ostéite ...) mais la meilleure prévention de ce risque infectieux et d'obtenir une cicatrisation dans les meilleurs délais. Celle-ci ne pourra être obtenue qu'avec des soins de propreté, des pansements adaptés au stade de la plaie et un traitement étiologique de la plaie chronique.

Prise en charge des plaies à SAMR 

Le staphylocoque SAMR est responsable d'infections nosocomiales graves, nécessitant des traitements ATB lourds et onéreux. Cependant, une colonisation à SAMR d'une plaie chronique est- elle plus dangereuse qu'une colonisation à staphylocoque méticilline sensible ? Amène-t-elle une prise en charge différente ?

Une étude prospective comparative de la morbidité des SAMS et SAMR dans les plaies chroniques n'a pas montré de différence entre les deux groupes quant à l'évolution des plaies sur 25 mois. Cette étude tend à montrer que la présence d'un germe résistant dans une plaie chronique n'est pas un signe prédictif d'une évolution défavorable.

Par conséquent, l'utilisation des antibiotiques pour les plaies chroniques à SAMR répond aux mêmes

critères que les autres plaies chroniques non SAMR, à savoir, de ne traiter que devant des signes d'infection constatés.

Il est à noter toutefois que les patients porteurs de germes résistants sur leur plaie chronique constituent un réservoir. Dans ce sens, il faudra insister sur le lavage des mains et l'isolement de la plaie. En milieu hospitalier, le patient sera mis en isolement et le personnel au contact de celui-ci sera astreint à des règles d'hygiène strictes.

d.2) Discussion des résultats du questionnaire

La question était de savoir combien de dermatologues réalisent de façon systématique un prélèvement devant une plaie chronique. Soixante et un pour cent (61%) des dermatologues interrogés font systématiquement un prélèvement bactériologique.

Nous savons qu'il n'est pas recommandé de réaliser systématiquement de prélèvements bactériologiques sur une plaie chronique, en dehors de signes patents d'infection.

A la question : « Vous avez décidé de faire des prélèvements et vous découvrez un staphylocoque Méti-résistant (SAMR), ce SAMR est sensible aux fluoroquinolones, aux macrolides testés et à l'acide fusidique, sur quel antibiotique votre choix se porte t-il ? » quatre vingt- sept pour cent (87%) des dermatologues prescrivent de l'acide fusidique et 11% une fluoroquinolone ; moins de 2% ne traitent pas, même s'ils isolent un SAMR. Rappelons que l'utilisation des antibiotiques pour les plaies chroniques à SAMR répond aux mêmes critères que les autres plaies chroniques non SAMR, à savoir

de ne pas traiter que s'il existe des signes d'infection constatés.

e) L'antibioprophylaxie 

e.1) Recommandations de la littérature  [27,28,29]

L'antibioprophylaxie des plaies récentes, notamment après un acte chirurgicale, a longtemps été sujet à controverse.

La méta-analyse de Cummings portant sur 7 études validées sur le plan méthodologique conclut qu'aucune étude n'a pu mettre en évidence un apport bénéfique de l'antibioprophylaxie sur le risque d'infection des plaies.

Rappelons qu'il existe différents types de plaies définies comme suit :

Classe I : plaies propres

Plaies liés à la petite chirurgie (biopsies, exérèses, chirurgie de Mohs...). Dans ce type de plaies le risque d'infection est évalué à 1 à 2%. La majorité des gestes réalisés en dermatologie rentre dans ce cadre-là.

Classe II : plaies propres contaminées

Il s'agit des plaies localisées au contact des muqueuses et au niveau des plis. Le risque infectieux est estimé à environ 10%

Classe III : plaies contaminées

Ce sont les plaies où la peau est visiblement inflammatoire. Le pourcentage d'infection est de 20 à 30%

Classe IV : plaies infectées

Il s'agit des plaies purulentes ou contenant un corps étranger. Le risque d'infection est de l'ordre de 40%

Antibioprophylaxie en fonction du type de la plaie

Les plaies de classe I : Elles ne nécessitent pas d'antibioprophylaxie. Aucune étude n'a montré de différence significative entre les groupes recevant une antibioprophylaxie et les groupes recevant un placebo dans ce type de plaies. Il n'y a là aussi aucun intérêt à appliquer une antibiothérapie locale sur une plaie post-opératoire, pratique encore courante.

Une étude randomisée en double aveugle a comparé l'utilisation d'un antibiotique local versus vaseline en application post opératoire sur 1200 actes de dermato-chirurgie (biopsies exérèses, électrodissection, greffes), il n'y avait pas de différences statistiquement significatives entre les deux groupes en matière d'infection post-opératoires. Le coût était trois fois supérieur dans le groupe traité par antibiotique local. De plus, 2% des patients ont développé une dermite de contact.

Les plaies de classe II : La nécessité d'une antibioprophylaxie est controversée. La plupart des études publiées tendent à démontrer qu'elle est inutile et qu'une surveillance est nécessaire pour la mise en route d'une antibiothérapie uniquement si des signes patents d'infection surviennent.

Les plaies de classe III et IV : Il va de soi que pour ces plaies, l'antibiothérapie est à visée curative et non prophylactique.

Patients à risques et antibioprophylaxie :

Il apparaît que même pour les patients immunodéprimés, l'antibioprophylaxie n'est pas recommandée. Il est cependant nécessaire de suivre ces patients en post-pératoire pour traiter une infection débutante. Cette antibioprophylaxie sera à base de pénicilline M pour les plaies à risque d'impétiginisation par un staphylocoque et d'amoxicilline protégée pour les plaies au contact de muqueuses.

Concernant les valvulopathes et les sujets à risque d'endocardite infectieuse, l'American Heart Association (AHA) recommande depuis 1997 de ne pas réaliser d'antibioprophylaxie pour les plaies de type I effectuées sur peau lavée et désinfectée. Par contre, pour les plaies de type II au contact ou au niveau d'une muqueuse, une antibioprophylaxie est recommandée comme cela est le cas pour les soins dentaires. Cette prophylaxie se fait à base d'amoxicilline ou de macrolides, en cas d'allergie aux béta-lactamines.

e.2) Discussion des résultats du questionnaire

Les résultats montrent qu'une antibioprophylaxie est utilisée lors de la réalisation de :

- biopsie simple : 42 % des dermatologues,

- electro dissection : 31% des dermatologues,

- exérèse simple : 54% des dermatologues,

- exérèse complexe (plans profonds, greffe) : 86%.

Sept dermatologues confient ne pas réaliser de gestes de chirurgie dermatologique complexes.

La plupart des études publiées tendent à démontrer que l'antibioprophylaxie est inutile pour les plaies de classe I e II et ce sont ce type de plaies qui correspondent aux gestes de petite chirurgie dermatologique. Pour ce type de plaies, seule une surveillance clinique est nécessaire pour la mise en route d'une antibiothérapie uniquement si des signes patents d'infections surviennent. On est là bien en droit de se demander s'il n'existe pas, en matière d'antibioprophylaxie, un sérieux mésusage des antibiotiques par nos dermatologues.

Les chiffres élevés de prescription d'antibiotique dans ce contexte peut être probablement expliqué par les difficultés rencontrées, par nos dermatologues, pour effectuer les actes dermatologiques en bloc opératoire avec respect rigoureux de l'asepsie, mais aussi par la difficulté à suivre certains patients en post-opératoire pour déceler l'infection à sont début.

L'antibiotique le plus souvent prescrit pour l'antibioprophylaxie par les dermatologues interrogés est une pénicilline M pour 53% des dermatologues, de l'acide fusidique pour 38% et de l'amoxicilline protégée pour 7%. Moins de 2% disent utiliser un anti-staphylococcique sans en préciser la nature. Là aussi, on constate à nouveau une prescription inappropriée de l'acide fusidique prescrit par 38% des dermatologues. Rappelons que pour les plaies cutanées à risque d'impétinigation staphylococcique, il est recommande d'utiliser une pénicilline M. Quand la plaie siège au voisinage ou au contact d'une muqueuse, il est recommandé d'utiliser une amoxicilline protégée qui couvrira aussi une éventuelle infection à streptocoque. En cas d'allergie aux bétalactamines, on aura recours aux macrolides. Cette antibiothérapie devra au minimum être maintenu pendant cinq jours ou plus, jamais moins pour ne pas sélectionner de souches résistantes.

f) L'acné

f.1) Recommandations de la littérature [30,31,32,33,34,35,36,37,38,39]

Les antibiotiques en dermatologie sont utilisés pour le traitement de dermatoses inflammatoires comme l'acné. Cette utilisation est sujette à débat avec nos confrères infectiologues.

Ce n'est pas tant l'activité anti-bactérienne des antibiotiques qui est recherchée dans le traitement de l'acné mais plutôt l'action anti-inflammatoire spécifique.

Les cyclines ont une activité anti-inflammatoire bien connue. Elles inhibent la phagocytose bactérienne des leucocytes et ont une action contre la lipase du propionibacterium acnes. Elles modulent la production de certaines cytokines d'origine kératinocytaire. Elles inhibent aussi la formation de granulomes inflammatoires.

L'activité anti-inflammatoire des macrolides a été démontrée plus tardivement en 1999. Une étude italienne avait étudié l'activité anti-inflammatoire in vitro et in vivo de quatre macrolides (roxithromycine, clarithromycine, érythromycine et azithromycine). Cette étude a montré qu'indépendamment de l'activité antibactérienne des macrolides, ceux -ci avaient la capacité d'inhiber la production de médiateurs pro-inflammatoires et de cytokines.

Jusqu'en 1976, aucune résistance du propionibacterium acnes aux antibiotiques n'était décrite. Depuis de nombreuses publications ne cessent de décrire ce phénomène. Le pourcentage de résistance du propionibacterium acnes aux antibiotiques est passé de 20% en 1978 à 62% en 1996. Une analyse européenne de 2003 rapporte une résistance aux macrolides de 50% des patients et aux cyclines de 20%. Malgré ce constat alarmant de résistance croissante du Propionibacterium acnes aux antibiotiques, il ne semble pas que la communauté dermatologique ait constaté, dans le même temps, un échec de ses thérapeutiques. A ce jour aucune étude valide n'a pu corréler échec clinique et résistance au propionibacterium acnes aux antibiotiques probablement que le résistance ne modifie pas les qualités anti-inflammatoires de l'antibiotique.

Cependant, lors de l'utilisation prolongée (plus de 2 mois) de cyclines pour le traitement de l'acné, il a été mis en évidence l'augmentation de la colonisation de l'oropharynx par le streptococcus pyogenes

chez les sujets acnéiques, comparativement aux groupes contrôles et ce avec un pourcentage de résistance aux antibiotiques du streptococcus pyogenes plus importante chez les acnéiques traitées par cyclines.

La prescription prolongée d'antibiotique modifie la flore commensale muqueuse avec apparition de résistances. La flore commensale cutanée est aussi concernée par ces modifications. Ainsi le pourcentage de résistance aux antibiotiques du staphylococcus epidermidis augmente avec l'utilisation chronique d'antibiotique. Ce staphylococcus epidermidis qui a longtemps été considéré comme non pathogène est maintenant rendu responsable de septicémies graves chez les prématurés et les immunodéprimés. Or les sujets acnéiques traités par antibiotiques deviennent porteurs de germes résistants et peuvent transmettre ces germes à une personne vulnérable chez qui le germe acquis pourra être pathogène. Ce germe aura de plus acquis une résistance à certains antibiotiques qui rendront son traitement difficile.

Pour cela, toute prescription d'antibiotiques dans le cadre d'une acné doit faire selon les recommandations des sociétés savantes.

Nous rappelons que les recommandations de la communauté scientifique dermatologique française (Société Française de Dermatologie et AFFSAPS) en matière de traitement de l'acné conseillent  ce qui suit :

- pour une acné légère : préférer en première intention un traitement local à base de rétinoïde ou de peroxyde de Benzoyle. Si un traitement par antibiotique local semble nécessaire, sa durée d'utilisation doit être limitée dans le temps et il devra être associé à un traitement par peroxyde de benzoyle. En effet il a été démontré que l'association du peroxyde de benzoyle à l'érythromycine ou la clindamycine en topique réduisait le pourcentage de souches de propionibacterium acnes résistantes à l'antibiotique topique ;

- pour l'acné modérée papulo-pustuleuse : indiquer l'antibiotique orale pour une durée de 3 mois au maximum et en continu. Cet antibiotique sera toujours associé à un traitement topique (peroxyde de benzoyle). L'association antibiotique local et antibiotique systémique qui augmente l'induction de souches résistantes doit être bannie.

L'isotrétinoïne est indiquée en première intention dans les acnés graves ou en cas d'échec d'un traitement antibiotique oral associé à un traitement topique bien conduit pendant 3 mois.

Si un traitement antibiotique systémique est proposé, il est nécessaire de se renseigner sur l'état de santé des proches et l'existence ou non d'un contact avec un prématuré ou un immunodéprimé.

Si une deuxième cure d'antibiotique est nécessaire après une rechute tardive de l'acné, il faudra toujours reprendre le même antibiotique

f.2) Discussion des résultats du questionnaire

L'antibiotique oral le plus couramment prescrit pour le traitement de l'acné est :

- une doxycycline pour 28% des dermatologues,

- une tétracycline pour 21% des dermatologues,

- une cycline non précisée pour 51% des dermatologues.

Il est évident que les cyclines sont les antibiotiques les plus prescrits dans l'acné, les macrolides étant un traitement de seconde intention. Le but de cette question est de mettre en évidence quel type de cycline est le plus utilisé. Malheureusement, 51% des dermatologues n'ont pas précisé le type de cycline utilisée. Aucun des dermatologues interrogés n'a précisé utiliser de la minocycline. Cette molécule n'est recommandée qu'en dernière intention par l'AFFSAPS après la doxymycine et la les tétracyclines vu les accidents immuno-allergiques graves qu'elle peut engendrer.

Concernant la durée du traitement antibiotique, 52% des dermatologues maintiennent ce traitement antibiotique pendant 3 mois avant de recourir aux rétinoïdes s'il n'existe pas de réponse thérapeutique, 32% peuvent poursuivre le traitement antibiotique jusqu'à six mois et 16% jusqu'à 12 mois.

Par conséquent, seulement 52% suivent la recommandation de 3 mois de traitement continu au maximum.

Pour ce qui est des antibiotiques locaux dans le traitement de l'acné, 42% des dermatologues disent ne jamais en prescrire, 35% y ont recours « parfois » et 23% les utilisent souvent..

g) Les pathologies dermatologiques non infectieuses traitées par les antibiotiques 

g.1) Recommandations de la littérature [40,41]

Comme pour l'acné, l'action anti-inflammatoire de certains antibiotiques conduit à utiliser ceux-ci pour le traitement de certaines pathologies (sarcoïdose, rosacée, maladie de Verneuil...). Plusieurs articles rapportent l'utilisation des antibiotiques dans ces différentes pathologies.

Ces articles mettent le plus souvent l'accent sur l'efficacité ou non de ces traitements et ne font pas état de recommandations thérapeutiques. Il serait d'ailleurs délicat de formuler des recommandations pour des indications hors AMM de ces antibiotiques.

Il est cependant logique de penser que même dans ce cadre, les antibiotiques (cyclines, macrolides, imidazoles) doivent, comme pour l'acné être utilisés en cure courte avec évaluation de l'efficacité du traitement au bout de quelques mois et en cas de non réponse au traitement, recourir à d'autres moyens thérapeutiques non antibactériens spécifiques à chaque pathologie.

g.2) Discussion des résultats du questionnaire

Les pathologies dermatologiques non infectieuses traitées par les antibiotiques par nos dermatologues étaient par ordre de fréquence :

la rosacée (82% des dermatologues)

la maladie de Verneuil (51% des dermatologues)

la folliculite décalvante (32% des dermatologues)

les kystes épidermoïdes inflammatoires (18% des dermatologues)

la sarcoïdose (12% des dermatologues)

l'aphtose buccale (10% des dermatologues)

Dans de rares cas, moins de 2% des dermatologues (psoriasis en goutte, pemphigoïde bulleuse)

Les cyclines restent les antibiotiques les plus utilisés avec quelques mentions pour le metronidazole dans la rosacée et les macrolides pour le psoriasis en goutte.

2) Discussion et analyse générale 

Le taux de réponse à notre questionnaire est de 68,31%. Il s'agit d'un bon taux de réponse supérieur aux taux habituellement constatés dans les enquêtes similaires. Ceci reflète la motivation et l'intérêt porté par les dermatologues à cette question. Il est probable également, que l'adjonction d'une enveloppe timbrée et libellée à l'adresse de l'enquêteur ainsi qu'une lettre d'introduction et de motivation sont aussi des facteurs qui ont encouragé les praticiens sollicités à répondre au questionnaire et à nous le réadresser.

Nous regrettons cependant de ne pas avoir pu analyser plus finement les posologies et la durée du traitement du fait du nombre insuffisant de réponses précises. En effet, les dermatologues de l'étude on bien répondu quant à l'antibiotique prescrit mais n'ont pas toujours précisé la posologie et la durée exactes du traitement. Or un sous-dosage ou une durée de traitement insuffisante sont un risque d'échec thérapeutique et de sélection de souches résistantes.

Au contraire, un surdosage ou un temps de traitement trop long exposent à des effets secondaires plus importants et une augmentation du coût du traitement.

Concernant l'analyse statistique des données, nous n'avons pas pu mettre en évidence de différences statistiquement significative (définie par un p<0,05) entre les différents paramètres analysés en corrélation :

- nous n'avons pas mis en évidence de corrélation entre le fait de rencontrer fréquemment des pathologies infectieuses et une prescription d'antibiotiques plus conforme aux recommandations,

- nous n'avons pas réussi à mettre en évidence un lien statistique entre l'âge des dermatologues et une prescription d'antibiotiques plus conforme aux recommandations,

- enfin, la comparaison entre les prescriptions des dermatologues exerçant dans le secteur privé et ceux exerçant dans le secteur public n'a pas montré de prescriptions plus conformes aux recommandations pour l'un des deux groupes par rapport à l'autre.

Il est cependant à noter que nos effectifs dans les sous-groupes étaient trop petits rendant les résultats difficilement interprétables.

Si nous devions revenir sur les principales habitudes de prescriptions en contradiction avec les recommandations de bonne pratique, nous retiendrions :

- la fréquence de prescription d'une antibioprophylaxie systématique lors des gestes de petite chirurgie dermatologique.

- le traitement des furoncles non-récidivants et des folliculites superficielles par un antibiotique par voie générale par la majorité des dermatologues.

- le traitement antibiotique systématique des germes isolés sur les plaies chroniques.

- la fréquence de prescription de l'acide fusidique.

D'après l'analyse faite précédemment, il s'agit le plus souvent d'un mésusage de cet antibiotique par ailleurs onéreux. A titre d'exemple le traitement antibiotique de 10 jours d'une infection cutanée de l'adulte par de l'acide fusidique coûte 449 MAD. Un traitement par une pénicilline M pour la même période coûte (en fonction qu'il s'agisse de la molécule mère ou d'un générique) entre 178 et 248 MAD, un traitement par une amoxicilline simple coûte entre 136 et 218 MAD, un traitement par une amoxicilline protégée coûte entre 177 et 336 MAD, un traitement par une céphalosporine de première génération coûte entre 190 et 234 MAD et enfin un traitement par un macrolide coûte entre 289 et 392 MAD en fonction de la famille de macrolide utilisée.

V- CONCLUSION

Ce travail tente de mettre en évidence le rôle que nous avons à jouer en tant que dermatologues dans le bon usage des antibiotiques dans notre pratique quotidienne. Le questionnaire envoyé aux dermatologues de l'axe « Témara-Rabat-Salé- Kénitra » a été à la base de notre discussion et nous a permit de refaire le point sur le bon usage des antibiotiques dans la littérature concernant certaines pathologies : érysipèle, impétigo, folliculites superficielles, furoncles non récidivants, plaies chroniques et acné ainsi que dans l'antibioprophylaxie.

Ce questionnaire nous a aussi permis de mettre en évidence des habitudes de prescriptions souvent non-conformes aux recommandations de bonnes pratiques.

Ceci pose la question de l'accès à ces informations scientifiques mais surtout de la capacité à modifier nos habitudes de prescriptions. A ce sujet, une formation médicale continue en matière d'antibiothérapie pourrait être utile, surtout que tous les dermatologues interrogés l'auront souhaitée.

Nous terminons ce travail en rappelant qu'il faudra toujours prescrire un antibiotique de manière réfléchie, conformément aux recommandations de bonnes pratiques en prenant bien en compte le rapport risque/bénéfice individuel et collectif.

Nous ne disposons pas, pour l'instant, d'études traçant le profil des résistances pour les germes rencontrés en pratique quotidienne de consultation dermatologique hospitalière ou de ville, mais il est certain que nos prescriptions contribuent à la sélection de souches bactériennes résistantes qui risquent, à l'avenir, de nous poser de sérieux problèmes de prise en charge.

Nos décisions médicales doivent être fondées sur les meilleures preuves scientifiques disponibles assurant le traitement le plus adapté avec le retentissement écologique le plus faible.

Nos prescriptions doivent également prendre en considération l'impact économique sur le patient et sur l'ensemble de la communauté de santé.

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