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Les processus migratoires des migrants via Paris. Le cas des nouveaux arrivants dans deux lotissements pavillonnaires d'Eure et Loire

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par Audrey LELONG
Université de Rouen - Master politique locale et développement 2008
  

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1.3 La recherche d'entre-soi

1.3.1 Lotissement et centre-ville

Les lotissements opèrent des sélections par des caractéristiques sociales et familiales comme nous avons pu le voir précédemment et les personnes qui les intègrent ont la particularité de rester en leur sein sans jamais découvrir la ville et les habitants locaux. Ce constat est très frappant puisqu'à Hanches, même entre lotissements, les personnes ne se connaissent pas et ne savent pas le nom des rues qui sont hors de leur lotissement. Lors de mes journées d'enquêtes, je demandais souvent où se situait la rue de mon prochain rendez-vous mais absolument tous prenaient la carte de la commune pour me montrer car eux-mêmes étaient incapables de me la situer. La sortie du lotissement est essentiellement pour sortir de la commune car nous avons vu que de nombreux manques et insatisfactions se faisaient ressentir concernant les villes d'accueil.

Ces relations pourtant inexistantes nuisent tout de même aux relations sociales des petites villes. En effet, la plupart du temps s'installe un climat de méfiance de la part de la population locale qui voit les nouveaux arrivants comme des « envahisseurs » qui vont faire perdre à la commune ses valeurs et son identité. En tout cas, c'est comme cela que les franciliens se sentent accueillis et eux-mêmes critiquent vivement la population locale qu'ils définissent comme des « paysans » « péquenauds »

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« bouseux » « bosserons » « campagnards », qui ne sont pas très « évolués » ou encore « limités » et « touchés par l'alcoolisme » faisant d'eux des « picolos » et des « pochtrons ».

1.3.2 Dans le lotissement

Dans le lotissement, l'intégration de tous les ménages n'est cependant pas parfaite car celui qui n'est pas comme la majorité des résidents est stigmatisé, vu comme différent et va être exclu des relations de voisinages. Cette sélection va se faire selon la composition familiale et la catégorie sociale et professionnelle.

Les classes moyennes venues à Hanches pour se distancier des classes populaires et minorités racisées vont ainsi connaître une intégration difficile car ils ne correspondent pas aux critères (sociaux et ethniques) de l'entre-soi.

Extraits d'entretien sur l'homogénéité sociale ressentie dans le lotissement

« On n'a pas beaucoup de relations entre nous mais on sait que celui qui est à gauche est ingénieur, celui de droite est dentiste, c'est ce qui importe » (Rambouillet 78 -- Hanches 28 -- Mr B., ingénieur).

« On a tous le même âge, on vient tous de l'Ile-de-France et on est tous venus pour les mêmes raisons alors on se comprend ». (Rambouillet 78 -- Hanches 28 -- Mr B., ingénieur).

« Et puis ici, on est entre-nous, tout le monde est pareil, même catégorie sociale, même situation familiale, y'a une bonne ambiance et on est toujours prêt pour l'apéro ». (Clayes-Sous-Bois 78 -- Hanches 28 -- Mme G., Chef comptable).

« A partir du moment où les gens deviennent propriétaires, les gens ont le « syndrome de la propriété » et ils sont très cons. Et les gens se mêlent de ce qui ne les regarde pas. L'autre jour un voisin vient me voir en me disant « « on m'a dit» que votre arbre était mal taillé... ». Et bien je lui ai répondu que « on c'est des cons !». Il faut tous être dans le même moule ici. Moi je suis qu'ouvrier et ici ils sont tous cadres et cadres sup. Dans le lotissement il y a une hiérarchie financière et politique, ça c'est sûr. » (Arcueil 94 -- Hanches 28 -- Mr.R., ouvrier).

« Venir pour faire plaisir aux enfants c'était bien mais ici tout le monde travaille. Regardez les volets, tout est fermé et moi j'ai l'impression de vivre dans un quartier dortoir. Heureusement qu'il y a les enfants et les petits enfants. Les gens n'ont pas le temps pour discuter. C'est triste, ils passent leur temps dans les transports pour quelques heures d'air pur le soir ». (Saint-Cloud -- Hanches -- Mme B., Retraité, ex. ingénieur).

A travers ces exemples de la vision des habitants sur leur vécu en lotissement, on peut très vite s'apercevoir qu'en effet, les personnes les moins intégrées et par conséquent les moins satisfaites du quartier sont celles qui ne correspondent pas au profil-type de l'habitant du lotissement.

Cependant, même si l'entre-soi est voulu, il ne peut être parfait et le contrôle des familles sur les autres peut devenir problématique à terme puisque tout le monde doit être similaire et se fondre dans profil-type. Cette enquête donne l'idée que les ménages doivent être standardisés comme le fait d'ailleurs entendre le règlement d'un lotissement. Celui-ci impose une homogénéité architecturale et favorise par conséquent l'homogénéité sociale et comportementale. Comme au niveau du bâti les caractéristiques individuelles doivent donc être semblables.

Certaines personnes n'évoquent cependant pas la recherche d'entre-soi ou de distinction. Elles ne sont même pas attachées au souhait d'habiter en maison individuelle mais accordent une importance à la qualité de vie. Ce seul critère va les faire

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glisser petit à petit vers le choix du pavillon car l'effet d'opportunité des prix accessibles hors Ile-de-France les a séduit. S'ils étaient restés en Ile-de-France, ces ménages seraient restés en logements collectifs également parce qu'ils n'auraient pas eu les moyens d'avoir accès à un logement individuel.

« On avait le choix entre 80 m2 à Puteaux ou 200 m2 ici» (Puteaux 92 -- Saint-Rémy-sur-Avre 28 -- Mme E., infirmière).

«Pour le prix de l'appart j'ai eu une maison dans le 28» (Trappes 78 -- Saint-Rémy-sur-Avre 28 -- Mme K. logisticienne).

« Pour la même chose c'est 3 fois le prix en IDF» (Mantes la ville 78 -- Saint-Rémy-sur-Avre 28 -- Mr L., ouvrier).

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld