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Perceptions, espaces urbains et gestion des ordures ménagères à  N'Djaména au Tchad

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par Emmanuel Ngueyanouba
Université catholique d'Afrique Centrale - Maà®trise en sciences sociales- socio- anthropologie 2005
  

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1.2. Espaces publics/ Espaces appartenant à tout le monde

Cette deuxième définition de l'espace public n'est théoriquement pas séparable de celle que nous venons de voir. Ce qu'il y a de commun, c'est la relation qui existe entre le concept d'Etat et la notion de « tout le monde ». L'Etat à travers ses gouvernants assure la gestion de la chose publique dans toute société politique ainsi organisée. Etymologiquement, la République est d'ailleurs la chose publique. Ce mot se compose de Res (chose) et Publica (publique). Donc si on définit l'espace public comme étant ce qui appartient à tout le monde, c'est en vertu de ce qu'il est une chose publique et non privée. Il faut noter cependant que ces considérations sont d'ordre purement théorique. Car en pratique l'espace de tout le monde est convoqué très souvent pour justifier ou dénoncer des usages à titre privé à l'oeuvre dans les espaces publics à N'Djaména. Il s'agit généralement de la mise en valeur de ces espaces pour l'installation du petit commerce de quartier, pour le stockage de certain matériau de construction, dans le parking des engins ou des animaux, la création des décharges d'ordures anarchiques et même le rejet, notamment dans les rues et tous les espaces publics des déchets de consommation des agents.

L'explication fournie pour justifier ces usages se résume en ces termes : « c'est la voie publique » ; « c'est l'espace de tout le monde ». Mais il n'est jamais possible de prendre cette justification à la source, c'est-à-dire fournie au chercheur par l'agent même qui se sert de l'espace public comme l'espace de tout le monde. Tous nos informateurs nous renseignent que leurs voisins se justifient ainsi lorsqu' « on » leur demande pourquoi ils jettent les ordures, les eaux sales dans les rues ou les caniveaux. A titre d'exemple, Mme L.N, nous avoue ce qui suit lors d'une journée de salubrité organisée par les jeunes d'une rue du quartier Moursal et à laquelle nous avons pris part : « mois je constate que ce sont les femmes du quartier qui jettent les ordures dans les caniveaux et les rues. Elles nettoient pourtant bien chez elles. Et quand « on » leur demande pourquoi elles font ça, elles répondent que c'est la voie publique donc tout le monde peut y jeter ses ordures ». Ce qui est désigné par caniveaux ici est un canal creusé tout au long de chaque devanture des concessions et servant à drainer hors de celles-ci les eaux de pluie et des toilettes. Les voies publiques ci-dessus désignées sont simplement les devantures des concessions des voisins puisque, comme le note Max Weber, dans un

Gestion des ordures ménagères à N'Djaména

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environnement urbain contrairement à celui rural les habitations sont construites côte à côte. Ainsi, jeter les ordures pardessus le mur de son habitation reviendrait à les jeter devant l'habitation des voisins.

Enfin, il convient de mentionner également que la définition des espaces publics, comme espaces de tout le monde et les usages qu'une telle définition autorise découlent d'une certaine incompréhension de ce qui caractérise le mieux les espaces publics à savoir un bien d'utilité publique. Si un bien est d'utilité publique, est-il le bien de tout le monde de sorte que quiconque puisse en faire un usage à titre privé et a fortiori un usage dangereux pour la santé publique ? Ce questionnement au sujet des pratiques dont sont l'objet les espaces publics définis comme bien d'utilité publique nous conduit inéluctablement, du reste, à reposer l'épineuse problématique, plus générale, de la gestion du bien commun en milieu africain. En touchant à cette problématique de la gestion du bien commun, nous adhérons peu ou prou à l'idée largement partagée par les chercheurs qui investissent les domaines du bien commun notamment dans l'administration publique en milieu africain et qui partagent la thèse selon laquelle les africains n'ont pas une culture du bien commun ou plus exactement, le bien commun se présente aux yeux de ceux-ci comme une ressource que quiconque peut exploiter, s'approprier et, toute chose étant égale par ailleurs, en faire un usage à titre privé. Ce faisant, ce dernier perd sa caractéristique fondamentale de bien d'utilité publique à préserver par chacun ou, si l'on veut, à gérer par chacun au bénéfice de l'ensemble de la communauté. Ce que l'on constate en fin de compte est qu'une telle gestion du bien commun le voue à la disparition.

Par ailleurs, pour comprendre les usages du bien commun (tel que nous le faisons pour les espaces urbains et les ordures ménagères) le savant ou le chercheur comme on aime le dire plus modestement aujourd'hui se demandera quelles sont les représentations, les connaissances et les (ou la )définition(s) que les acteurs retiennent du bien commun. C'est ce qui donne sens, selon toute logique - notamment interactionniste - à leurs actions.

La troisième catégorie de définition donnée par les informateurs aux espaces publics qu'il convient d'analyser est celle qui définit l'espace public comme étant l'ensemble des espaces vides. A l'espace ceux-ci substituent tout aisément le mot endroit de sorte qu'espace vide et endroit vide renvoient à la même réalité que sont les espaces publics. Qu'est-ce donc

Gestion des ordures ménagères à N'Djaména

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l'espace public quand il est défini comme espaces ou endroits vides et quelles sont ses implications en termes de pratiques sociales ?

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