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Mise en Ĺ“uvre des systèmes de vulgarisation:formation,visite et conseil à  l'exploitation agricole familiale au bénin : analyse comparée et perspectives d'intégration.

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par Youssef Yannick SARE
Université de Parakou ( Bénin ) - Ingénieur agroéconomiste 2008
  

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4.3. Planification des activités de l'exploitation

4.3.1. Cas des producteurs en T&V

Les analyses faites sur les deux premières parties à savoir les objectifs visés et le choix des spéculations nous en disent déjà long sur la planification des activités faites par les producteurs en T&V.

Une bonne planification nécessite la définition claire d'objectifs et des moyens permettant d'atteindre ces objectifs. Mais si, comme cela est le cas, les objectifs en début de campagne ne sont pas clairement définis en raison de la difficulté d'une identification des besoins et d'une vision au jour le jour, il serait très difficile de réaliser une planification des activités. Ainsi la détermination de la période de semis est quasi impossible chez cette catégorie de producteurs pour qui la date de semis relève des compétences de l'encadreur pour les cultures de rente et de la faveur des pluies pour les autres cultures. Chez les producteurs en T&V, les quantités de semence nécessaire ne sont mal estimées et aucune des opérations culturales n'est planifiée. Les surfaces céréalières ne sont pas définies à l'avance. Elles varient progressivement en fonction du climat, de la disponibilité en main d'oeuvre et en intrant. Il est donc malheureusement quasi impossible de prévoir la main d'oeuvre qui sera nécessaire à l'exécution des opérations culturales. J'en veux pour preuve, les propos suivants tenus par un producteur pour justifier le fait qu'il ne planifie pas ses activités de façon rigoureuse 

« Si je dis je vais semer dans une semaine par exemple, avant cette date je ne trouve pas de bête pour préparer le sol, ensuite par exemple il ne pleut pas, ou encore comme je suis malade ou l`un de mes enfants l'est, c'est à cause de ces différents éléments qui arrivent chaque fois qu'on attend quand les conditions sont favorables pour effectuer nos activités »

Ce genre de raisonnement caractérise les producteurs en T&V. Finalement ce n'est pas que ces producteurs ne font pas de la planification, bien au contraire ils tiennent compte des évènements aléatoires. Cette souplesse de la planification est donc due à ce que j'appelle « la planification de l'aléatoire ». Cette planification de l'aléatoire consiste à tenir compte des événements aléatoires pour justifier le fait de ne pas planifier.

Il est alors évident que les décisions prises par ces producteurs le sont au jour le jour. Il s'agit là de décisions presque toujours tactiques qui correspondent à des ajustements de plan tout au long de la campagne, en s'adaptant à tel ou tel autre événement aléatoire. La finalité est qu'il n'y a plus de plan et que le producteur se contente des dires de l'encadreur relatifs aux dates et aux doses.

Par contre, pour ce qui est de la quantité d'intrants chimiques nécessaires et de pesticides, les quantités nécessaires sont estimées par ces producteurs pour qu'elles soient communiquées aux secrétaires des Groupements Villageois. Beaucoup de producteurs se plaignent que leurs estimations sont revues à la baisse. Donc pour avoir les quantités voulues ils font une surestimation de leurs besoins.

« Si tu mets les quantités exactes dont tu as besoin, cela paraît petit et quand les intrants ne suffisent pas, les secrétaires diminuent ce que tu espères. C'est pour cela que nous ne mettons pas les quantités exactes. »

Est- ce la vraie raison de cette manoeuvre, nous ne saurions nous prononcer ; mais une fois encore, ces producteurs manquent de crédibilité dans la planification de leurs besoins et activités. Quant aux dates d'applications de ces intrants, elles sont déterminées par l'encadreur. Mais les superficies emblavées sont aussi parfois fonctions de la quantité d'intrants disponibles, ce qui est tout à fait contraire à la logique du planificateur. 

« Si je trouve les quantités d'engrais et de pesticide demandées je vais peut-être augmenter ma superficie de maïs, mais pour le moment je ne sais pas encore»

Nous avons pu constater qu'aucun outil et qu'aucune condition favorable ne pourrait permettre à un producteur en T&V de faire une planification acceptable de ses activités. De même il reste dépendant de l'encadreur et de la nature en ce qui concerne les dates des différentes opérations culturales. Ses capacités et son pouvoir de planification sont faibles ce qui le conduit à un modèle d'actions dynamiques par des décisions tactiques prises au jour le jour.

4.3.2. Cas des producteurs en CEF

Pour tous les producteurs CEF, il est indispensable de faire une planification des activités. Mais en réalité, 76% de ces producteurs font une planification de leurs activités. Cette planification est faite à l'aide d'un outil d'aide à la décision qu'est le plan de campagne. Les 24% restants, les plus anciens prétendent faire cette planification mais en tête. Ce plan renferme les objectifs définis précédemment et le programme des activités à exécuter ainsi que leur coût. Il permet, grâce à un certain nombre d'outils de suivis de l'exploitation de la campagne passée, de prévoir les dépenses, les besoins en travail, les résultats souhaités pour les campagnes futures. Ces prévisions sont fonctions des hypothèses élaborées par la famille, relatives aux cultures à retenir, aux rendements espérés, aux assolements et aux niveaux d'intrants adaptés aux cultures retenues, à la fertilité des sols et aux ressources en trésorerie. Cet outil est mis au point par l'exploitant lui même avec ou sans l'appui du conseiller.

« Quand j'ai débuté avec le conseil de gestion en 2003, j'ai surtout appris à prévoir. J'avais pour objectif d'augmenter ma superficie emblavée cette campagne là parce que j'avais des terres non cultivées. Malheureusement je n'avais ni la charrue ni les bêtes ; j'ai donc mis l'achat de ma première bête comme objectif dans mon plan de campagne en 2004, en 2005 j'ai fait pareil, en 2006 j'ai mis l'achat d'une charrue, la campagne passée j'ai augmenté ma superficie de coton de 2 ha et celle de maïs d'un ha. Mon souhait de 2003 je l'ai atteint en 2007 »

Ici encore, c'est le producteur qui fait sa planification grâce aux outils que lui apporte le conseiller CEF et avec son appui. Cette planification lui permet de prendre des décisions stratégiques pour la trajectoire qu'il veut donner à son exploitation.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard