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Etude d'impact des ONG sur les conditions socioéconomiques des populations de M'Baà¯ki: cas de Caritas. ( République centrafricaine)

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par Eugène Davy NGOKOBONDO DOBOZENDI
Université de Bangui ( République Centrafricaine) - Maà®trise de géographie 2010
  

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II- LE MILIEU HUMAIN

1- La Population

L'histoire de la République Centrafricaine démontre que la majorité des populations actuelles ne sont pas installées avant 1800. Ce territoire ne fut que « la terre d'accueil » des populations migrantes. C'est ainsi que celles installées dans le Sud-Ouest du pays avaient suivi un long périple au cours des temps lointains avec des origines très mal connues.

A cet effet, on peut se demander, quels sont les lieux de provenance des ethnies Ngbaka et Issongo ? Comment se fait-il que, les Issongo qui sont les derniers arrivés dans la Lobaye après les Gbaya, les Ngbaka et les Mozombo des environs, ont occupé une place privilégiée au coeur même de la région?

1.1- Les Ngbaka

Les Ngbaka ne sont pas les premiers occupants de la Sous-préfecture de M'baïki. Ils seraient précédés par les pygmées ou Babinga qui, selon la tradition indigène signifie « grosse tête », (G.BARTOUME, 1998). Depuis le XVI siècle, les pygmées demeurent dans la forêt dense qui s'étend entre la Lobaye et le Sangha. Pière KALCK estimait leur nombre à plus de six mille (6000).

Ils ont servi de guide aux Ngbaka et Issongo, (affirmation de P. KALCK tirée de Mémoire, G. BARTOUME, 1996).

L'origine des Ngbaka se trouve entre le Congo Belge et le Congo Français et plus particulièrement entre Libéngué, Dongou et Impfondo. Ceci à cause des mouvements migratoires qu'ils ont effectués vers la fin du XIIIème siècle. Selon les sources concordantes, les itinéraires empruntés par les Ngbaka sont l'Oubangui, la Lobaye, la Lessé et la Pama qui sont les principaux cours d'eau de la région de M'baïki.

Les Ngbaka sont localisés sur l'axe Bangui-Mbaïki, Pissa-Mongoumba et Loko sur la rive gauche de la Lobaye, (M.A KALANDA, 1986-1987). D'après la tradition, les Ngbaka dont le foyer d'occupation se situe entre M'baïki et Bangui et dans la Lessé sont appelés « Ngbaka Péndi », c'est à dire les habitants de la savane. Ceux qui habitent la forêt sont appelés « Ngbaka de la forêt » ou « Ngbaka Mabo ». Au sein de l'ethnie Ngbaka, la structure politique dont l'autorité peut s'étendre sur une grande

distance comme chez les sultans du Haut Oubangui est quasi-inexistante. Elle était réduite au chef de clan ou au chef de guerre. L'émiettement politique semble particulièrement important chez les Ngbaka. Il serait le résultat de longue période d'insécurité enregistrée dans cette région.

Comme dans toutes les sociétés traditionnelles noires africaines, la femme Ngbaka à pour tâche outre la procréation, le service: la chasse, la pêche, la collecte de vin de palme et l'abattage des arbres pour les travaux champêtres. Les Ngbaka vénèrent un être suprême et invisible qu'ils désignent sous le nom de « Mokomet », (A.MBALANGA, 1986-1987). L'autre ethnie la plus connue dans la Sous-préfecture de M'baïki est les Issongo.

1.2- Les Issongo

Plus d'un jeune Issongo (ou Lissongo) désireux de se fixer sur l'origine de sa tribu a dû se poser beaucoup de questions à ce sujet .Les anciens, eux, le savaient qui en disparaissant, ont emporté dans leur tombe la clé de tous les problèmes possibles de nos jeunes .Il reste vrai cependant que la tradition a fait son chemin, accompagnant la longue marche de clans restés assez homogènes malgré les fluctuations sociologiques, qu'ils ont pu connaître. Selon l'affirmation commune et générale, la tribu Issongo est venue du Congo ex-belge (Kinshasa), traversant par Libengué le Fleuve Oubangui à la hauteur de Mongoumba. Leur avant -dernier point d'arrêt dans l'exode fut Batanga près du Seuil de Zinga et vient s'installer au Sud de Bangui. Le Révérend Père Théodore DOBOZENDI rapporte : ' «  Au Sud de Libengué et de Lissongo à l'amorce du bec de canard formé par leur convergence à Liranga des deux Fleuves Congo et Oubangui, on parle aujourd'hui d'une langue Lissongo qui garde encore sa pureté originale [...] (DOBOZENDI T.H, 1971). Cette assertion traduit et matérialise l'origine des Issongo.

Tout comme les Ngbaka, les Issongo ont été guidés par les pygmées « Béka ou Babinga ». Lissongo ou Issongo serait le nom de celui qui les a guidé depuis leurs origines jusqu'à M'baïki. Une altération du nom Mbati, terme populaire utilisé pour désigner les Issongo.

Pareille déculturation devrait donner le change dans l'intégration facile aux autres « out -group » (groupes externes). Peu à peu, parfois même au prix de mésententes accentuées, la coexistence pacifique finit par régner. S'accommodant avec la philosophie et souplesse aux impondérables de la vie, les Issongo surent attirer sur

eux la sympathie non seulement de leurs voisins africains de Lobaye mais encore et surtout des premiers colons qui avaient perçu leur grand sens de sociabilité. D'ores et déjà, nous comprenons pourquoi l'occupation du centre de M'baïki par les Issongo fut reconnue et légalisée par l'administration coloniale sans pour autant être mise en doute par les voisins immédiats.

Leur foyer d'occupation se situe précisément dans la commune de M'baïki et sur l'axe M'baïki -Boda. Les Issongo n'avaient pas une autorité politique de grande envergure. Elle se résumait aux chefs de clan et de guerre. La structure sociale était comparable à celle des Ngbaka .

Outre les Ngbaka et les Issongo qui sont les principales ethnies de la Sous-préfecture de M'baïki, On peut noter la présence des groupes allogènes : Ali, Boffi, Gbaya, Banda, et Mandja (difficiles à localiser ; présence extra - minoritaire)... Ils se sont installés dans cette localité pour des raisons économiques. On note également la présence de la communauté étrangère d'origine Tchadienne, Malienne, Sénégalaise, Nigérienne qui est répandue dans la Sous-préfecture pour le commerce.

Comme dans toutes sociétés traditionnelles africaine, les rapports entre Ngbaka et Issongo n'était pas toujours cohérents. Ils étaient à la fois pacifiques et conflictuels. Ndola, Originaire de Bouchia, un du village Ngbaka était venu vivre avec les Issongo (Aperçu historique sur la terre de loko.Anonyme S.d.pg 24). Ceci traduisait les liens d'amitiés entre Ngbaka et Lissongo. Mais les rapports conflictuels étaient notoires et l'insécurité permanente. La conquête de l'espace vital, la défense du terroir ou la nécessite de l'agrandir et l'hostilité à toute domination ont été les raisons de ces conflits internes. En effet, après l'installation définitive de toutes les populations, la possibilité de suivre le gibier comme au temps des grandes migrations avait disparu. Le nombre des habitants croissait avec la sédentarisation, le voisinage d'un groupe « opposé » devenait inquiétant, car pour nourrir une population nombreuse, il est indispensable d'obtenir un espace vital plus vaste. Ce problème était résolu par la guerre.

C'est ainsi que pendant un demi-siècle, de 1850 à 1900, Ngbaka et Issongo se battaient. Leurs deux chef Songo-Houtou de l'ethnie Issongo et Mbimi de l'ethnie Ngbaka organisaient des combats meurtriers jusqu'en 1904, date approximative à laquelle Songo-Houtou fut tué par un jeune garçon, (A. MBALANGA, 1986-1987). Pendant cette période très troublée qui va de la moitié du XVIIIème siècle au début du

XIXème siècle toute rencontre avec une ethnie voisine créait immédiatement un reflet de défense.

C'est ainsi qu'en 1907, le sergent Tross, ayant engagé à M'baIki des porteurs pour aller à Bongombé (Bobangui), ceux-ci ont été tués à leur retour par les Ngbaka de ce village. Cette longue période de trouble avait des conséquences politiques et économiques. Sur le plan politique, elle serait à l'origine de non-existence d'une autorité politique d'une grande envergure. En effet, au moment où les Ngbaka et les Issongo perdaient leur temps à se faire la guerre, de grands royaumes voyaient le jour dans l'Est Oubangui. Économiquement, cette longue période de trouble serait l'une des raisons de la faible production agricole dans la Sous-préfecture de M'baïki.

Au fait, la Sous-préfecture de M'baïki était peuplée par des différentes ethnies venues de différents horizons de l'Afrique en général, et de la République Centrafricaine en particulier. Ainsi nous allons étudier l'évolution de cette population dans le temps et dans l'espace dans le chapitre qui suit.

2- Les Mouvements de la Population

2.1-La Natalité

La natalité se définie comme le nombre de naissances annuelles par rapport à une population donnée. Cette notion est en rapport étroit avec la fécondité qui étudie les rapports des naissances aux femmes en âge de procréer.

La RCA présente un taux de 39,1% en 2003. En milieu urbain il est de 38,2% contre 39,3% en milieu rural. Pour ce qui concerne la Lobaye, le taux brut de natalité est de 39,6%, (BCR, 2003).

En 1996, la maternité de M'baïki a enregistré 580 naissances. Le rapport de ces naissances avec l'effectif total de la population qui était de 13690 habitants donne un taux brut de natalité de 42,36%.

En 1999 cependant, la ville n'a compté que 561 naissances soit une régression de 19 naissances. En effet, cette baisse de natalité est justifiée par les motifs suivants:

- la conjoncture économique difficile dans ces derniers temps. Partant, les couples décident soit d'arrêter les naissances soit les planifier. Ce fait a efficacement contribué à l'accentuation du phénomène d'avortement provoqué au niveau de la ville ;

- le déséquilibre du sex-ratio au profit des hommes. Cette situation entraîne Inévitablement la chute du taux de fécondité qui est estimé à 246%0. La natalité étant liée à la fécondité, il est probable que celle-ci connaisse une baisse, par rapport au

déséquilibre existant dans la structure par sexe de la population.

Il convient de signaler que de nombreuses naissances ne sont pas déclarées à la Mairie, de même, bon nombre de femmes n'accouchent pas à la maternité. Ainsi, il est difficile de connaître avec exactitude le nombre d'enfants nés dans une année.

2.2- La Mortalité

La mortalité est le rapport pour une année donnée du nombre de décès dans une population à l'effectif moyen de cette population, (R.PRESSAT, 1983). Selon le recensement général de la population et de l'habitat de 2003, le taux brut de mortalité est de 20%0 sur l'ensemble du pays dont 22%0 chez les hommes et 18%0 chez les femmes. Ainsi, il ressort qu'un centrafricain meurt toutes les sept (7) minutes.

La mortalité des enfants de moins de 5 ans est mesurée par le risque de nourrir de 0 et 1 an (taux de mortalité infanto-juvenile).

La mortalité infantile dans le pays est de 132%0 et dans la Lobaye, elle est de 152%0 . La mortalité infanto juvénile est de 220%0 au niveau national ce qui veut dire que un enfant centrafricain meurt toutes les 30 minutes.

L'importance de décès à M'baïki est due au fait que le niveau de vie des populations ne leur permet non seulement de payer les ordonnances médicales prescrites par le médecin mais, elles sont également victimes de mauvais traitement de la part du corps médical. Démunies, elles sont laissées pour compte.

2.3- La Stérilité

La stérilité totale ou définitive est mesurée par le pourcentage de femmes ayant déclaré n'avoir jamais eu de naissance vivant à 50 ans et plus. Ainsi, dans la Lobaye, l'indice de stérilité en 1988 est de 18,8%. En 2003 il est de 9,21% soit un écart de - 9,7. Cette baisse peu s'expliquer par les multiples campagnes de sensibilisation pour un comportement sexuel responsable, la fonctionnalité des formations sanitaires etc.

2.4- La Fécondité

Elle consiste à étudier les naissances parmi les femmes en âge de procréer (15 - 49 ans) uniquement. Elle permet ainsi d'apprécier le niveau de procréation de ces femmes à partir d'indication non influencé par la structure par âge de la population et qui tienne compte des individus spécifiquement concernés par le phénomène.

La Lobaye à un indice synthétique de fécondité de 5,5 enfants par femme, le taux

global de fécondité est de 16,9%0 et l'âge moyen à la maternité est de 27,4 ans en 2003.

2.5- Le Taux de Croissance de la Population

Le taux de croissance est le taux avec lequel une population augmente ou diminue durant une année donnée en raison de l'augmentation naturelle et de la migration nette exprimé en pourcentage de la population de base. Il s'obtient en rapportant la différence entre les naissances et les décès et la migration à la population totale pour 100, (Arthur HAUPT et Thomas T. KANE, guide de démographie; p11). Le résultat de ce calcul donne un taux annuel de croissance qui est de 3,09%. Avec ce taux, la ville de M'baïki prendrait 39 ans pour doubler sa population, (BCR, 2002).

3- Évolution Démographique de la Population

Avant 1975, la population n'était pas recensée. Des comptages administratifs effectués à l'époque servaient à connaître l'effectif des personnes susceptibles de payer l'impôt de capitation. Pendant ces opérations, certains marginaux comme les pygmées qui vivent loin des villes et cachés dans la brousse n'étaient pas recensés. Selon les chiffres, la Sous-préfecture de M'baïki était passée de 48.308 habitants en 1957 à 157.514 en 2010. La population a été multipliée par 3,26 en 53 ans.

Tableau n° 1: Évolution démographique de la Sous-préfecture de M'baïki

De 1957 à 2010

Année

Effectifs de population

1957

48.308

1968

73212

1988

135.487

2003

140.861

20009

154.541

2010

157.514

Source: Bureau Central Recensement, 2003

La mise en place des plantations industrielles du café avait contribué à l'exode

rural des autres habitants des préfectures voisines. Les sociétés d'exploitation du bois offraient également de l'emploi aux jeunes ruraux qui s'installèrent finalement à M'baïki. Les conditions d'installation étaient très favorables. Les populations de la savane ethnie Gbaya ont été attirés à M'baïki et ont réussi à gagner leur vie en travail dans les sociétés forestières et dans les plantations de café.

Dans le domaine d'instruction et de la recherche, M'baïki occupait une place de choix par rapport aux autres villes du pays. Des établissements primaires, secondaires, supérieurs (ISDR) et le centre de recherche de Wakombo ont contribué à l'explosion démographique dans cette région. C'est ainsi que dans le tableau n°1ci haut, il ressort qu'en 1957, la Sous-préfecture de M'baïki comptait 48.308 habitants au départ. Arrivée en 2003, elle était passée à 140.861 habitants. De 2003 à 2010, celle-ci a évolué difficilement de 154.545 à 157.514.

3.1- La Répartition de la Population dans la Sous-préfecture de M'baïki

D'une manière générale, la Lobaye a une superficie de 19235 km2. Sa population totale en 2007 était de 266.238 habitants. Ce qui correspond à une densité de 13,8 hbts/km2 variant sensiblement selon les Sous-Préfectures.

La Sous-préfecture de M'baïki compte au total huit (8) communes à savoir: M'baïki, Mbata, Pissa, Bogongo-Gaza, Lessé, Nola, Moboma et Balé-loko.

En 2010, sa population était de l'ordre de 157.514. Selon les données recueillies au Centre de Santé Préfectoral de M'baïki. Elle est repartie dans les communes de la manière suivante: voir le tableau n° 2 ci-après.

Tableau n° 2: Donnée Démographique par commune de la Sous-préfecture de

Mbaiki en 2010

Communes

Population

Pourcentage

M'baïki

22789

14,46%

Pissa

29559

18,76%

M'bata

28835

18,30%

Balé-Loko

25653

16,28%

Moboma

19905

12,63%

Bogongo-Gaza

8063

5,11%

Nola

16017

10,16%

Lessé

6693

4,24%

Total

157514

100%

Source: Centre de Santé Préfectoral de M'Baïki, 2000.

Il ressort de ce tableau qu'en 2010, la commune de M'baïki compte 22.789 habitants et occupe le quatrième rang après la commune de Balé-loko. La ville de M'baïki est entrain de se vider de ses habitants pour des raisons diverses qui compromettent l'aisance de vie.

En effet, durant les vingt dernières années, la situation socioéconomique de la ville de M'baïki s'est considérablement dégradée. Ce qui a conduit une part importante de sa population à la quitter.

L'enquête menée sur le peuplement dans la commune de M'baïki a permis de constater que des quartiers qui autres fois étaient assez denses pouvant grouper 1000 à 1500 habitants tels que Baguirmi, Dédé, Gbaté, Yérima, Bombolet se trouvent aujourd'hui assez dépeuplés par l'exode vers les grands centres en particulier Bangui, mais également les zones industrielles et minières.

Il convient de retenir que le dépeuplement de la commune de M'baïki résulte de la fermeture des sociétés EGTB et SABE, de BOUKOKO, de la plantation de TOUKOULOU, des usines de décorticage de café MACHADO et RUSSO et en fin la fermeture de BOBANGUI. Ce sont ces entreprises qui maintenaient la population en place à travers une offre d'emploi.

Dans les huit (8) communes qui comptent au total 157514 habitants, celle de

Pissa compte à elle seule 29559 habitants. Ce gonflement s'expliquerait du fait que la ville de Pissa présente un environnement propice à la chasse, la pêche et à la riziculture qui attire les autres habitants des communes voisines. Par ailleurs, la ville de Pissa est proche de la capitale et qui reçoit à tout moment les commerçants et les commerçantes venant de Bangui pour des achats: poissons, viandes boucanées (fraîche), riz etc. A cet effet, les jeunes venant de différents horizons élisent domicile dans cette localité pour pratiquer la chasse, la pêche en vue d'améliorer leurs situations socioéconomiques.

Quant aux autres communes telle que: Mbata, Balé-loko, Moboma qui ont une population aussi moins élevée, cela s'explique par la traversée de la rivière Lobaye qui offre un atout pour la pêche, la chasse aux jeunes. Malgré les différents mouvements effectués par certains habitants à la recherche du bien être, il est à noté que les conditions de vie des populations dans la Sous-préfecture reste à désirer.

4- Les Conditions de Vie de la Population de M'baïki

La population avait jadis un niveau de vie un peu amélioré grâce aux revenus tirés des plantations caféières et ceux des Sociétés d'exploitation forestière. Mais après la chute drastique des cours mondiaux des produits de rentes que sont: le coton, le café et la détérioration de termes de l'échanges comme conséquences :

- la fluctuation des cours du Dollar et du pétrole;

- le poids de la dette extérieure et la contrainte qu'elle représente dans les finances publiques;

- le problème d'accès des produits africains aux marchés mondiaux ont fait que le niveau de vie des ménages en RCA en général, et dans la Sous-préfecture de M'baïki en particulier est déplorable sur le plan socioéconomique.

A ce effet une analyse sur les conditions de vie socioéconomique des populations de cette localité serait indispensable pour voir au moins l'état de cette population. Pour se faire, seul le recours au profil de pauvreté permettre de mener a bien l'analyse.

Ceci étant, la pauvreté est un concept multidimensionnel et complexe sa définition revêt trois aspects : monétaire et financier ; accessibilité et psychologique. La pauvreté est vécue aussi bien au plan individuel que collectif. Elle peut être également perçue comme un sentiment d'insécurité de précarité d'exclusion, de vulnérabilité et d'impuissance à plan monétaire et financier. La pauvreté est perçue par la population comme étant l'état d'une personne ou d'une collectivité qui ne

dispose pas de ressources suffisantes pour satisfaire ses besoins primaires et vitaux.

Le niveau de satisfaction de ces besoins varie en fonction des milieux, de mode de vie et de normes ou valeurs sociales admises.

Au niveau de l'accessibilité la pauvreté est une incapacité ou un manque d'accès de l'individu aux biens et services sociaux de base (santé de l'individu, emploi, eau potable, assainissement, électricité, piste etc.). Au niveau psychosociologie, la pauvreté est un état d'esprit un sentiment d'exclusion, de frustration par rapport à la famille, au clan et à la communauté (funérailles, mariage, contribution aux activités de développement du territoire etc..). En outre, au plan collectif, une communauté peut se considérer comme pauvre parce que se sentant exclu (enclavement, insuffisamment doter en ressources naturelles et en infrastructures socioéconomique, etc.). Sur cette base, nous allons aborder les différents secteurs d'activités génératrices de revenu pour apprécier économiquement l'état de la population de cette localité.

4.1 - L'Emploi Formel.

L'emploi formel concerne les personnes exerçant des activités rémunérées. Le secteur privé n'est pas assez développé dans la sous-préfecture de M'baïki. Les sociétés Forestières, l'usine Agroalimentaire de Bossongo constituent l'ossature du secteur privé.

Les usines, les entreprises de grandes tailles sont inexistantes dans la sous-préfecture. Ainsi, l'emploi formel est faible et reste très embryonnaire avec quelques entreprises de menuiseries et de vente de boissons et les services déconcentrés de l'état (éducation, santé, travaux publics, élevage, administration du territoire, affaire sociale, etc.) ou travaillent quelques centaines de salariés (profil de pauvreté dans la Lobaye (BCR.2000 P.28).

4. 2 - L'emploi Informel

Le secteur informel occupe la plus grande partie des activités de la population. Il permet de survive a travers les activités agricoles le petit commerce l'artisanat et les petits métiers. Les revenus de ces activités sont faibles ce qui explique la situation de total dénuement de beaucoup de ménages et le niveau élevé de la pauvreté dans cette localité.

Ce secteur reste peu développé a cause des moyens de travail des acteurs et de

l'absence d'encadrement techniques ; les activités sont manuelles les rendements et revenus demeurent faibles.

- Situation de Chômage

Le taux de chômage est assez élevé dans la préfecture de la Lobaye en général et plus particulièrement dans la localité de Mbaïki. Il apparaît que ce niveau est plus élevé en milieu urbain qu'en milieu rural. Cette différence s'expliquerait par le fait que dans les campagne ou domine le secteur primaire (l'agriculture, la pêche la chasse l'élevage) les critères d'obtention d'un emploi sont moins rigoureux et moins sélectif qu'en ville.

L'enquête menée sur les catégories socioprofessionnelles dans la Sous Préfecture de M'baïki a permis de constater que sur les 190 enquêtées, 15 individus sont des fonctionnaires. Ils représentent 7,89% de personnes travaillant dans le secteur formel c'est-à-dire les individus ayant un emploi rémunéré. Cependant, les autres secteurs qui englobent le commerce, les activités agricoles et l'élevage donnent un effectif de 175 enquêtés ; représentant une proportion de 91,62%.

D'une manière générale, la Lobaye est une région dans laquelle secteur informel renferme la majorité de la population. En 1990, la population agricole était de l'ordre de 125293 personnes sur une population totale de 156329 habitants (Enquête sur les conditions de vie des personnes en milieu rural ; région N°I. Région des Plateaux, BCR ; 1995). Et pourtant, les conditions pédoclimatiques sont favorables à toutes les cultures : café et vivriers comme légumes, fruitiers etc. Malgré les immenses potentialités (terre fertile suffisante, bonne répartition pluviométrique, etc.) dont elle dispose ; cette localité est encore loin d'amorcer le niveau d'autosuffisance alimentaire prôné par la politique de développement économique. L'agriculture dans la Lobaye est caractérisée par une superficie cultivée très faible, la pratique de la culture manuelle avec les outils rudimentaires (houes, dabas), la rareté d'utilisation des semences et matériels biologiques améliorés et adapter sont à l'origine de faibles rendements si bien que les ménages n'arrivent pas à satisfaire totalement leurs besoins vitaux.

4.4-Etat Sanitaire de la Population

D'une manière générale, les besoins en personnel du système sanitaire de la Lobaye sont criants. On note une carence en personnel qualifié et leur répartition est inégale sur l'ensemble de la Préfecture sanitaire. Il y a une prédominance des agents

de santé communautaire à savoir les infirmiers secouristes et les matrones accoucheuses. C'est surtout cette catégorie de personnel qui intervient principalement dans les postes de santé pour aider la population. Certains indicateurs de santé sont les suivants :

- trois (3) médecins pour 266238 habitants soit un médecin pour 88746 habitants ;

- un Infirmier Diplômer d'Etat (IDE) pour 22182 habitants ;

- une Sage Femme pour 44 373 femmes en âge de procréer.

Ce personnel se bat avec le peu d'équipements à sa disposition pour couvrir les besoins de la population. Mais pour une catégorie de personnel telle : les sages femmes, les Techniciens Supérieurs en laboratoire et les Techniciens Supérieurs de Santé ont un effectif très insignifiant.

La Préfecture Sanitaire de la Lobaye dispose d'un seul Hôpital et 72 Formations sanitaires dont 52 sont fonctionnelles. Ces formations sont sous équipées et très démunies ce qui fait que l'état de la population sur le plan sanitaire reste déplorable.

Les principales pathologies, causes de consultation en 2007 sont représentées dans le tableau n°3 Ci-après.

Tableau N°3 Répartition du nombre de cas de maladies en 2007

Maladies

Nombre de Cas

Amibiases

1193

Anémie

1373

Ankylostomiase

2267

Bilharziose Intestinal

307

Bilharziose Vésicale

75

Autres Parasites Intestinaux

4525

Fièvre Typhoïde

06

Hernie

349

IRA

3881

Pneumonie

988

Infection Pulmonaire de la femme

723

Maladies Diarrhéiques

3956

Maladies Hypertensives

168

Infection Sexuellement Transmissible

777

Paludisme Simple

8523

Paludisme Grave

1695

Sida

292

Tuberculose

639

Source : Préfecture Sanitaire de la Lobaye, 2007

On contacte dans le tableau ci-dessus que le paludisme et les parasitoses sont les maladies les plus fréquentes, résultant de la consommation d'eau non potable par une catégorie de population défavorisée et de l'insalubrité croissante dans la région. Les autres causes de consultation dans les formations sanitaires sont les infections respiratoires aiguës, les maladies diarrhéiques, d'amibiases et les maladies sexuellement transmissibles (MST/IST), etc.

4.5-L'Eau et L'Assainissement

Qualité de l'Eau

L'eau potable est considérée comme, l'eau provenant d'une pompe, d'une source aménagée ou d'un puits protégé. Cette eau peut perdre sa pureté durant le transport entre le lieu d'approvisionnement et la maison et surtout à cause de sa mauvaise conservation. Les ustensiles utilisés pour puiser l'eau peuvent la souiller. Les cuvettes, les marmites les bidons et les seaux sont habituellement utilisés pour l'approvisionnement en eau.

Tableau n°4 : Le genre d'eau disponible pour les ménages enquêtés

Eau Disponible

Effectifs

Pourcentage

Puits (forage)

47

24,73%

Source

100

52,63%

Rivière

29

15,26%

Ruisseau

14

7,38%

Total

190

100%

Source : Résultat d'enquête personnelle, 2010

La population qui utilise l'eau de source est nombreuse et se situe dans l'ordre de 52,63%. Beaucoup de villages n'ont pas de puits (forage). Lorsqu' ils y sont, ils sont en panne  pénalisant ainsi la population d'accès à l'eau potable. La majorité de la population dans cette localité utilise l'eau de rivière, de ruisseau, de source. Mais ces eaux ne sont pas protégées occasionnant ainsi des maladies dues à la qualité de l'eau qui renferme certes, des microbes et autres parasites.

Assainissement

L'assainissement du milieu constitue une préoccupation dans la mesure où les règles d'hygiènes environnementales ne sont pas respectées dans différentes localités de la Sous-préfecture de M'baïki. Les voies d'accès (routes) dans les quartiers ne sont pas entretenues, créant ainsi la stagnation des eaux usées qui sont de véritables sources de prolifération des moustiques. Les déchets solides et liquides ainsi que les ordures ménagères sont jetés ça et là et il n'existe aucune structure au

niveau des mairies pouvant les collecter voire les recycler.

De même, l'hygiène corporelle (lavage des mains avec du savon), l'hygiène alimentaire et l'hygiène de l'eau (traitement des puits) demeurent autant de préoccupation dans bien des ménages de la Préfecture en général et plus particulièrement dans la localité de M'baïki. Il en va de même pour les installations sanitaires et les modes d'évacuation des excréments des enfants de 0 à 3 ans qui ne sont guère satisfaisants.

4.6-L'Éducation

La santé et l'éducation dans toute chose constituent un véritable levier d'un développement durable au sein d'une population.

En effet, les infrastructures scolaires publiques sont en générale dans un mauvaise état. Les enseignants sont en nombre insignifiant. Un manque d'enseignant qualifiés pour l'encadrement des élèves. Le tableau n° 5 ci-dessous présente la situation du système éducatif dans la Sous-préfecture de M'baïki.

Tableau n°5: Répartition des enquêtés selon leur niveau d'instruction

Niveau d'Instruction

Effectif

Pourcentage

Non Scolarisés

7

03,68%

Primaire

83

43,68%

Collège

47

24,73

Lycée

38

20,02%

Supérieur

15

07,89%

Total

190

100%

Source : Enquête de terrain, 2010

L'effectif des enquêtés inscrits jadis au Fondamentale I est plus élevé et représente 43,68% du total. Au fur et à mesure que ces personnes avançaient au collège, au lycée et niveau supérieur, l'effectif décroît respectivement de l'ordre de 24,73% et 7,85%.

Cela peut s'expliquer par la non prise en charge de la scolarité par les parents d'élèves; le manque d'acte de naissance, le manque de nourriture après les classes et les cas de maladies; les mariages précoces liés a certains préjugés des parents

analphabètes, « les filles sont destinées a procréer, elles n'ont pas leur place à l'école »; cas de frustration lié à la pauvreté des parents exploitation minière, chasse, pêche et cueillette qui attirent les enfants. Tous ces problèmes sont les causes d'abondant des élèves surtout au niveau de collège et de lycée.

4.7- Quelques Indicateur sur la Pauvreté dans la Lobaye

La pauvreté dans la Lobaye a un caractère multidimensionnel puisqu'il est non seulement fonction de l'accès à des biens et services tangibles, mais également de l'accès à des droits politiques et sociaux.

La pauvreté est appréhendée à travers une mesure micro multidimensionnelle fondée sur l'indice de richesse des ménages ou des individus puis au niveau macroéconomique à l'évaluation de l'Indice de Pauvreté Humaine (IPH) par l'agrégation de trois indicateurs : le taux d'an alphabétisation des adultes, le taux de mortalité infanto juvénile et le pourcentage des personnes privées d'accès à la santé, à l'eau potable, à l'éducation, etc. Il s'agit de mesurer les déficits des ménages en termes de besoins essentiels.

Si la Lobaye apparaît comme l'une des Préfectures potentiellement riche du pays, il convient néanmoins de noter qu'il n'y a aucun impact réel sur la population car, la misère est présente et frappe durement la population. Voir le tableau n°6 ci-après qui montre les données d'une manière générale dans la Lobaye.

Tableau n°6 : Les différents taux de pauvreté dans la Lobaye en 2000

Sous-préfectures

Proportion de population n'ayant pas accès à l'eau potable

Taux d'analphabétisme des 15ans et plus

Taux de mortalité infanto juvénile

Indicateur de pauvreté humaine (IPH)

M'baïki

35,0%

55,1%

252,4%

42,3%

Mongoumba

45,0%

61,6%

398,1%

50,6%

Boda

42,3%

56,7%

227,7%

44,8%

Boganagone

69,1%

74,6%

236,2%

63,2%

Boganda

67,0%

79,7%

275,3%

65,1%

Source : Rapport d'analyse thématique du RGPH 03

La Préfecture de la Lobaye compte un nombre assez élevé de pauvres en terme de conditions de vie. Les Sous-préfectures de Boganda et Boganagone ont respectivement 65,1% et 63,2% en terme d'indicateur de pauvreté humaine.

Cette situation dénote une forte proportion de pauvres dans ces localités. Cependant, la Sous-préfecture de M'baïki regroupant les communes de Mbaïki, de M'bata, de Pissa, de Bogongo-Gaza, de Lessé, de Nola, de Moboma et celle de Balé-loko présentent un taux de 42,3% de l'indicateur de pauvreté humaine.

Chapitre III: L'ADMINISTRATION DE LA CARITAS/SDPH ET LA NATURE DE SES ACTIVITES

Le présent chapitre traite l'administration de la Caritas/SDPH Diocésaine de M'baïki et la structure organisationnelle et les principaux bailleurs.

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