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Inventaire des techniques de lutte anti érosive dans le degré carré de Ouahigouya au Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Abdoulaye RABDO
Université de Ouagadougou Burkina Faso - Maà®trise en géographie 2006
  

Disponible en mode multipage

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BURKINA FASO

MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS
SECONDAIRE, SUPERIEUR

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

MINISTERE DE L'AGRICULTURE,
DE L'HYDRAULIQUE

ET DES RESSOURCES HALIEUTIQUES

Unité - Progrès - Justice

---------------

UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

SECRETARIAT GENERAL

---------------

UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES

PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT RURAL DURABLE (PDRD)

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

OPTION : GEOGRAPHIE PHYSIQUE

---------------
UNITE DE GESTION DU PROGRAMME
BP 91 - YAKO - Tél.: 40.54.00.95 - Fax : 40-.54-01.-48
Email: contact@pdrd.org

MEMOIRE DE MAÎTRISE

Thème :

INVENTAIRE DES TECHNIQUES

DE LUTTE ANTl-EROSIVE DANS

LE DEGRE CARRE DE OUAHIG0UYA

Présenté et soutenu par RABDO Abdoulaye

Sous la direction de

M. Dya Christophe SANOU Maître - Assistant

Année académique 2006-2007

· Au père Enric FRANCO ;

· A tous les parents et à tous mes amis ;

· A tous ceux qui ont contribué à mon éducation et à ma formation ;

· A toutes les personnes de bonne volonté.

C'est avec humilité que je vous dédie ce travail, fruit de vos efforts et de votre engagement à mes côtés.

· A ma mère ;

· A mon père ;

2

3

SOMMAIRE

RESUME 4

INTRODUCTION 9

PREMIERE PARTIE : LES ASPECTS DU MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN 10

CHAPITRE PREMIER : METHODOLOGIE GENERALE ET PRESENTATION

DE LA ZONE 11

I - METHODOLOGIE ET PRESENTATION DE LA ZONE 11

II - LE MILIEU NATUREL 17

III - LES ASPECTS HUMAINS 36

CONCLUSION PARTIELLE 46

CHAPITRE DEUXIEME : DESCRIPTION DE L'EROSION 47

I - NOTIONS DE BASE 47

II - LES DIFFERENTS TYPES D'EROSION A LA PARCELLE 57

CONCLUSION PARTIELLE 61

CHAPITRE TROISIEME : PERCEPTION PAYSANNE DE L'EROSION 62

I - LES CAUSES DE L'EROSION DES SOLS 62

II - LES CONSEQUENCES DE L'EROSION DES SOLS 65

CONCLUSION PARTIELLE 66

DEUXIEME PARTIE : LA LUTTE ANTI-EROSIVE 67

CHAPITRE QUATRIEME : LES FORMES DE LUTTE ANTI-EROSIVE 68

I - LES FORMES TRADITIONELLES DE LUTTE ANTI-EROSIVE 68

II - LES FORMES MODERNES DE LUTTE ANTI-EROSIVE 73

CONCLUSION PARTIELLE 109

CHAPITRE CINQUIEME : IMPACT ET CONTRAINTES DES TECHNIQUES 110

I - IMPACT DES TECHNIQUES DE LUTTE ANTI-EROSIVE 110

II - EXIGENCES DES TECHNIQUES DE LA LUTTE ANTI-EROSIVE 113

III - CONTRIBUTION DES PRODUCTEURS A L'AMELIORATION DES TECHNIQUES

DE LUTTE ANTI-EROSIVE 116

IV - COUTS DES AMENAGEMENTS ANTI-EROSIFS 116

V - POURSUITE DES AMENAGEMENTS AU DELA DE LA FIN DES PROJETS

ET PROGRAMMES 117

CONCLUSION PARTIELLE 118

CHAPITRE SIXIEME : RESULTATS ET PERSPECTIVES 119

I - RESULTATS 119

II - LES PERSPECTIVES 122

CONCLUSION PARTIELLE 124

CONCLUSION GENERALE 125

BIBLIOGRAPHIE 127

ANNEXES 132

4

RESUME

Le Burkina Faso est un pays où 90 % de la population tire essentiellement ses ressources de l'agriculture et de l'élevage, activités qui contribuent pour plus de 30% au PIB.

La non satisfaction des besoins hydriques des cultures est l'un des principaux facteurs qui limitent la production agricole du pays. Ce déficit hydrique résulte aussi bien de la faiblesse des précipitations que de la perte d'eau par ruissellement.

Dans le degré carré de Ouahigouya, les terres de cultures sont fortement dégradées. Cette dégradation, à la fois physique, chimique que biologique, empêche l'infiltration des eaux de pluies. L'absence ou la rareté du couvert végétal, l'agressivité des pluies et des vents, ainsi que les activités anthropiques, sont autant d'éléments qui favorisent le ruissellement et l'érosion.

La lutte contre ce phénomène par des mesures de Conservation des Eaux et des Sols (CES), comporte des améliorations dans le travail du sol, la construction d'ouvrages durables ou l'implantation de végétaux. A partir de l'expérience de projets, programmes anciens ou en cours et de la recherche, les techniques les plus courantes dans la zone sont décrites et analysées.

L'analyse des techniques inventoriées met en évidence :

- leur adaptabilité aux contraintes physiques : climat et topographie ; - leur impact sur les rendements agricoles et l'érosion ;

- leur coût : matériaux et main d'oeuvre ;

- les contraintes liées à leur application : savoir faire, matériels, etc.

MOTS CLES

Zone soudano-sahélienne - Burkina Faso - Ouahigouya - Degré carré - Lutte anti-érosive - Aménagement - Ruissellement - Population

5

AVANT PROPOS ET REMERCIEMENTS

L'érosion au sens large du terme, constitue l'un des principaux facteurs de dégradation des sols et partant, des ressources naturelles au Burkina Faso. Les terres cultivées, parce que insuffisamment protégées, pendant une bonne partie de la saison pluvieuse, sont les plus touchées par ce fléau.

La détérioration des conditions de vie des populations a amené le Gouvernement, avec l'appui de ses partenaires au développement, à élaborer et à mettre en oeuvre des stratégies et plans d'action de développement dont celle relative à la gestion du milieu. Parmi les axes d'intervention, la lutte contre la dégradation des terres occupe une place importante. Celle-ci justifie l'étude que nous avons menée sur les techniques de lutte anti-érosive appliquée par les populations bénéficiaires, avec l'appui/conseil des intervenants dans le degré carré de Ouahigouya.

L'objectif visé par cette étude est de contribuer, un tant soit peu, à faire connaître les différentes techniques de lutte anti-érosive utilisée dans cette zone du Burkina Faso.

Ce travail est le fruit d'un stage terrain de 13 mois (octobre 2006 - octobre 2007) effectué auprès de l'Unité de Gestion du Programme de Développement Rural Durable (PDRD) basée à Yako (province du Passoré), dans le cadre de notre mémoire de fin d'étude en Géographie.

A l'issue de ce travail, il m'est particulièrement agréable de rendre hommage et de remercier tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cette étude.

Il s'agit de :

- Tout le corps enseignant du Département de Géographie qui a oeuvré à notre formation ;

- M. Dya Christophe SANOU, notre Directeur de mémoire, qui nous a proposé ce thème, et qui n'a ménagé aucun effort pour nous suivre tout au long de la réalisation de ce mémoire ;

- M. Fimba Julien LOMPO, Coordonnateur du Programme de Développement Rural Durable, qui a bien voulu nous accepter au sein de sa structure pour la collecte, le traitement et l'analyse des différentes données ;

- M. Bila René ZIDA, Responsable Administratif et Financier du PDRD, pour l'appui sans faille et les nombreux gestes de sympathie à mon endroit ;

- M. Hamadé OUEDRAOGO, mon maître de stage, Ingénieur en Génie Rural, Chef du Bureau Développement Agricole et Infrastructure au PDRD, pour ses suggestions et ses pertinents conseils qui m'ont été d'autant plus précieux qu'ils s'appuient sur sa vaste expérience ;

- M. Souleymane SANKARA, Responsable SIG au PDRD, pour m'avoir consacré son temps, à chaque fois que j'avais besoin de lui, pour l'analyse de mes résultats et la réalisation de ce document ;

6

- M. Sibiri OUATTARA, Chef du Bureau Programmation et Suivi Evaluation, pour son sens de l'organisation et ses suggestions qui m'ont été d'un grand apport scientifique ;

- Mme Orokia SIE, Chef de Bureau Genre, Micro finance et Développement Communautaire pour son soutien ;

- M. Basile GUISSOU, Délégué Général du CNRST et Madame, pour leur soutien à mon égard ;

- M. Victor HIEN, Directeur de la Cellule GRN/SP à l'INERA - Kamboinsin, pour son soutien ;

- M. Nicolas KONE, mon maître de stage à l'INERA - Kamboinsin, Technicien Télédétection-SIG pour ses critiques et suggestions ;

- M. Robert ZOUGMORE, Chercheur à l' INERA - Saria, pour son soutien et ses différents conseils ;

- M. Michel LEPAGE, Directeur de recherche à l'IRD/Ouagadougou, pour ses conseils et l'importante documentation qu'il m'a offerte ;

- M. Abdoulaye MAÏGA, Démographe, Chercheur à l'ISSP, pour avoir toujours répondu favorablement à mes multiples sollicitations ;

- M. Gabriel SANGLI, Géographe, Chercheur à l'ISSP, pour toute l'attention et l'intérêt accordés à mon travail. Nos multiples rencontres et discussions m'ont été d'un grand intérêt ;

- M. Corentin SOME et M. Thiam SINA de la cellule SIG du 2iE pour leurs soutiens et conseils ;

- M. Abdoulaye OUEDRAOGO, Responsable de la Cellule SEP/DRAHRH du Nord, pour ses conseils et ses appuis multiformes lors de la collecte des données sur le terrain ;

- M. Fulbert PAROU, Directeur Provincial de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques du Passoré pour son aide. A travers lui, tous les DPAHRH de la zone d'étude et leurs différents Chefs de zones ;

- Au personnel du PDRD/Passoré - Yatenga en particulier à SANOU Yvette et à Madame OUANGO pour leur entière collaboration.

- Mes remerciements s'adressent aussi à tous les Responsables de Projets, Programmes et ONG de la zone d'étude pour, leur totale collaboration.

Mes remerciements à la famille NABALOUM à Yako, pour m'avoir accepté durant mon séjour, à la famille COMPAORE à Somgandé pour leur soutien.

7

LISTE DES ACRONYMES

2iE : Institut d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement

AGF : Agroforesterie

BAER : Bureau d'Aménagement de l'Espace Rural

BNDT : Base Nationale de Données Topologiques

BUC : Bibliothèque Universitaire Centrale

BUMIGEB : Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina

BUNASOLS : Bureau National de sols

CES : Conservation des Eaux et des Sols

CES/AGF : Conservation des Eaux des Sols/d'Agroforesterie

CILLS : Comité permanent Inter - Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le

Sahel

CIRD : Centre d'Information sur la Recherche et le Développement

CNRST : Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique

CVD : Conseil Villageois de Développement

DGPSA : Direction Général des Prévisions et des Statistiques Agricoles

DPAHRH : Direction Provinciale de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources

Halieutiques

DPECV : Direction Provinciale de l'Environnement et du Cadre de Vie

DPRA : Direction Provinciale des Ressources Animales

DRAHRH : Direction Régionale de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources

Halieutiques

DRECV : Direction Régionale de l'Environnement et du Cadre de Vie

DRRA : Direction Régionale des Ressources Animales

DRS : Défense et Restauration des Sols

ETP : Evapotranspiration Potentiel

FAO : Food and Agriculture Organisation (Organisation des Nations Unies pour

l'Alimentation et l'Agriculture)

FED : Fonds Européen de Développement

FEER : Fonds de l'Eau et de l'Equipement Rural

FIDA : Fonds International de Développement Agricole

FIT : Front Inter - Tropical

GERES : Groupement Européen de Restauration des Sols

GRN : Gestion des Ressources Naturelles

8

GRN/SP : Gestion des Ressources Naturelles / Système de Production

INERA : Institut de l'Environnement et de Recherches Agricoles

INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie

IRD : Institut français de Recherche pour le Développement

ISSP : Institut Supérieur des Sciences de la Population

MAHRH : Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques

MRA : Ministère des Ressources Animales

NPK : Azote - Potassium - Phosphore

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ORD : Organisme Régional de Développement

ORSTOM : Office de Recherche Scientifique en Territoire d'Outre-Mer

PADL : Projet d'Appui au Développement Local

PAE : Projet Agro - Ecologie

PAF : Projet Agro - Forestier

PATECORE : Projet d'Aménagement des Terroirs et de Conservation des Ressources

PDCL/SAZ : Projet de Développement des Capacités Locales en matière de Sécurité

Alimentaire dans le Zondoma

PDRD : Programme de Développement Rural durable

PDS : Pierre Dressées associées au Sous-solage

PIB : Produit Intérieur Brut

PNGT : Programme National de Gestion des Terroirs

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PSA/RTD : Projet de Sécurité Alimentaire par la Récupération des Terres Dégradées

PS-CES/AGF : Programme Spécial de Conservation des Eaux et des Sols et d'Agroforesterie

RNA : Régénération Naturelle Assistée

SIG : Système d'Information Géographique

9

INTRODUCTION

Depuis plusieurs décennies, le Burkina Faso est soumis à une forte dégradation de ses ressources naturelles, limitant ainsi le développement des productions agro-sylvo-pastorales (Pontanier et al. 1995 ; Thiombiano, 2000). Le pays connaît des conditions climatiques précaires, une croissance démographique relativement élevée et une baisse continue de la fertilité des sols. Les sécheresses répétées et l'inadaptation des pratiques d'exploitation des ressources naturelles ont eu pour conséquence une destruction du couvert végétal et une exposition des sols au vent et à la pluie. Le Burkina Faso se classe donc parmi les pays où le phénomène d'érosion du sol s'exacerbe.

La région du Nord n'échappe pas à cette situation et les dégâts subis par les terres attirent sérieusement l'attention depuis plusieurs années. Les provinces du Passoré, du Zondoma, du Yatenga, et du Loroum sont particulièrement touchées par ce phénomène qui accélère le processus de désertification. Les populations rurales pauvres étant dépendantes des ressources naturelles dont elles tirent la quasi-totalité de leurs moyens de subsistance, cette crise environnementale les enfonce chaque jour dans la pauvreté ; laissant ainsi aux nouvelles générations des possibilités de plus en plus rares d'accéder aux moyens d'une existence acceptable.

Jadis, c'est la pratique de la jachère qui permettait la restauration des sols. Mais de nos jours, cela n'est plus envisageable au regard de la pression démographique sans cesse croissante sur les terres. Il devient alors nécessaire de trouver d'autres alternatives capables de maintenir un niveau de production à même de satisfaire des besoins alimentaires croissants. La lutte contre l'érosion des sols devient alors l'une des priorités du Gouvernement, et plus particulièrement celle des populations de la région.

PREMIERE PARTIE ~

LES ASPECTS DU MILIEU PHYSIQUE

ET HUMAIN

10

11

CHAPITRE PREMIER : METHODOLOGIE GENERALE ET PRESENTATION DE LA ZONE

I - METHODOLOGIE ET PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

I.1. Problématique

Au Burkina Faso, le problème de l'érosion se pose sous diverses formes depuis des décennies dans presque toutes les provinces de la région du Nord. La lutte contre l'érosion a commencé depuis les années 1960 et des acteurs diversifiés se sont succédés pour tester ou recommander des techniques de lutte. Les recherches sur les méthodes anti-érosives sont si nombreuses que l'on pourrait se demander ce qu'il reste encore à découvrir dans ce domaine. Pourtant, des exemples de vastes projets régionaux de lutte anti-érosive qui engloutissaient les maigres ressources dont dispose le pays et qui aboutissaient parfois à des échecs ne manque pas. Les causes de ces échecs sont essentiellement :

- la non prise en compte du milieu humain où doit se dérouler l'opération ;

- l'absence d'études du milieu physique et des facteurs déterminant l'amplitude des phénomènes ;

- le choix de la méthode de lutte anti-érosive à préconiser.

Face à cette dégradation et à la mauvaise gestion des ressources naturelles existantes, des efforts avaient été entrepris par des organismes de développement étatiques et des Organisations Non Gouvernementales (ONG) pour enrayer le processus, on peut citer:

- le Projet Agro-Forestier (PAF) de Ouahigouya qui avait intervenu à Ranawa dans la province du Zondoma en 1983 ;

- le Fonds de l'Eau et de l' Equipement Rural (FEER,) intervenait à Noogo, dans la province du Yatenga en février 1986 avec l'appui du BAER (Bureau d'Aménagement de l'Espace Rural) de l'ORD du Yatenga ;

- le projet Agro-écologie 1 (PAE1) financé par le DWHH (Deutsche Welthungerhilfe, ONG allemande) avec la participation du service des volontaires allemands sous la supervision du Programme CILLS. Il intervenait dans le Yatenga et le Soum en 1981 et en étroite collaboration avec les ORD du Yatenga (Ouahigouya) et du Sahel (Dori) ;

- le Projet Recherche-Développement du Yatenga : financé par la France, il était exécuté dans le cadre de l'appui aux activités de l'ORD du Yatenga ;

- l'intervention du Groupement Européen de Restauration des Eaux et des Sols (GERES). C''était le premier grand projet qui avait vu le jour au lendemain de l'indépendance sur financement FED (1962).

Ces ONG visaient généralement à faire exécuter des aménagements à titre individuel par les agriculteurs sur leurs propres parcelles, avec les moyens de bord (dabas, niveau à eau, etc.). Elles espéraient ainsi, vulgariser ces travaux par l'effet démultiplicateur ; un bénéficiaire formant les agriculteurs voisins.

Malgré les Projets, Programmes et ONG de lutte anti-érosive mis en place depuis plus de quatre décennies, de nombreuses difficultés subsistent toujours.

12

Le problème est tel que de nombreux chercheurs ont tenté de l'analyser, et nous nous sommes référé à leurs travaux : MIETTON, M, 1981 ; SANOU D.C, 1981 ; MARCHAL, J.Y., 1983 ; ROCETTE, R, M., 1989 ; DUGUE, P. et al. 1994 ; ROOSE, E 1994 ; KABORE, 1994 ; REIJ, C et al, 1996 ; ZOUGMORE et al, 1999 ; etc.

Malgré ces nombreux travaux réalisés, nous voulons apporter notre contribution à la réflexion sur la problématique de la dégradation des terres cultivables dans la région du nord au Burkina Faso à travers l'étude intitulée "Inventaire des techniques de lutte anti-érosive dans le degré carré de Ouahigouya".

I.2. La zone d'étude

La zone d'étude est située dans la partie Nord-ouest du Burkina Faso (cf. carte de situation page 13) avec les coordonnées géographiques suivantes : latitude entre 13° et 14° Nord ; longitude entre 2° et 3° Ouest. L'altitude moyenne est de 450 m. Le degré carré de Ouahigouya a été choisi pour mener notre étude pour la simple raison qu'il existe un minimum de données de base importantes sur ce site pour conduire les analyses nécessaires à l'approfondissement du thème. Son appartenance aux zones agricoles les plus touchées par le phénomène de l'érosion justifie également son choix comme zone d'étude.

I.3. Objectifs

L'objectif principal visé par l'étude est de faire un inventaire des techniques de lutte anti-érosive dans le degré carré de Ouahigouya.

Les objectifs spécifiques poursuivis se résument ainsi qu'il suit :

- décrire les différentes techniques de lutte anti-érosive utilisées par les paysans ;

- identifier les problèmes d'ordre socio - économiques inhérents aux techniques de lutte anti-érosives de la zone ;

- faire l'état de la maîtrise des techniques proposées aux paysans et évaluer leurs impacts agro-écologiques.

I.4. Hypothèses de recherche

- Toutes les techniques de lutte anti-érosive sont connues des paysans de la zone ;

- Les paysans utilisent toutes les techniques de lutte anti-érosive sur leurs parcelles de cultures ;

- Les techniques vulgarisées ont peu d'intérêt pour les paysans de la zone.

I.5. Méthodologie de travail

Le souci de cerner le thème dans tous ses contours nous a conduit à adopter une méthodologie appliquée en trois étapes : une recherche documentaire ; les travaux de terrain ; l'analyse des données collectées.

-5°

-4°

-3°

-2°

-1°

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140 Coordonnée géographique

· Chef-lieu de département

o Chef-lieu de province

. Routes

cours d'eau

Limite de département ALimite de province

13

Source' BNDTII998

 

Septembre 2007

Réal.: RABDO A & ZOUNGRANA L. E.

14

I.5.1. La recherche documentaire

Elle a consisté en une lecture exploratoire et aux choix des documents relatifs au thème. En effet, la recherche documentaire à offert l'opportunité de retracer l'historique de la lutte anti-érosive, les différents intervenants, les techniques endogènes ou exogènes introduites, les résultats obtenus ainsi que les limites des technologies étudiées.

I.5.2. Synthèse de la revue littéraire

Au terme de la collecte des données bibliographiques, force a été de constater que les questions relatives à la lutte anti-érosive ont fait l'objet de plusieurs études par des chercheurs tel que :

ILBOUDO, P, (1998), dans son mémoire a fait l'inventaire exhaustif des techniques de lutte anti-érosive dans le degré carré de Kaya. Il subdivise son document en deux parties : une première partie qui fait cas de l'érosion des sols et une deuxième partie qui traite des méthodes de lutte anti-érosive dans le degré carré de Kaya. Le document fut consulté et cité dans notre mémoire, afin de montrer les similitudes qui existes entre les techniques de CES réalisé dans sa zone d'étude et le degré carré de Ouahigouya. Le mémoire de ILBOUDO, P. à traité à quelques nuances près du même thème que nous, mais dans une zone différente qui est le degré carré de Kaya. Ce mémoire fait la description des différentes techniques de lutte anti-érosive dans la zone d'étude, des forces et faiblesse des techniques et montre, la perception paysanne de l'érosion, ainsi que des perspectives pour une meilleure adoption par les paysans des différentes techniques inventoriées dans le degré carré de Kaya.

ROCHETTE, R .M., (1989) : dans son document («le Sahel en lutte contre la désertification» ) qui est un ouvrage collectif qu'il a dirigé et rédigé, relate dans la première partie (page7), les expériences de la lutte contre la désertification et le développement au Sahel. Dans cette même partie, les différentes expériences dans les pays du Sahel sont illustrées (expérience n° 1 à expérience n° 21). Les pays concernés sont le Niger, le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso et le Sénégal. Nous nous sommes référé aux expériences effectués au Burkina Faso et plus particulièrement a ceux qui ont été effectués dans le Yatenga c'est-à-dire : à Ranawa, Noogo, Saye, et à Ziga. Ce sont respectivement les expériences n° 12 page 221; n° 15 page 281; n° 17 page 323 ; n° 19 page 349.

ROCHETTE, R. M. a été cité dans notre étude afin de montrer une fois de plus les nombreux programmes, projets et travaux engagés dans la lutte anti-érosive dans notre zone d'étude, leurs financements, objectifs, réalisations, impacts, etc.

Dans ce document, l'auteur illustre les techniques anti-érosives dans ces régions avec des photos et des données quantitatives que qualitatives. Dans la deuxième partie, il fait cas des chemins de l'expérience (page 405), de "la désertification : un fléau», qui pour l'auteur est la source de notre misère, les techniques de lutte contre la désertification, l'approche des population, l'approche globale.

15

Dr HIEN et al. (2004). Les résultats de ce document sont les plus proches de notre étude. En effet, l'étude mené par l'équipe de recherche dirigé par le Dr HIEN Victor, à mis l'accent sur les différentes techniques de lutte anti-érosive réalisé aux Sahel et une grande partie dans les provinces de la région du nord du Burkina Faso. Dans cette étude, l'équipe de recherche fait ressortir les impacts socio-économiques et agro-écologiques de différentes techniques tel que : le zaï agricole, le zaï forestier, le tapis herbacé et le décompactage à l'aide des charrues. Tréno et Delphino.

HIEN et al, ont d'abord cherché à faire ressortir, les facteurs de la baisse de la fertilité des sols et de la dégradation des ressources naturelles dans le sahel, avant d'aborder le volet conservation des eaux et des sols (CES) et la lutte anti-érosive. Dans cette partie, ils font la description, la mise en place et les contraintes des principales techniques.

Dans ce document, les auteurs font ressortir les atouts et faiblesses des différentes techniques de lutte contre la désertification dans la zone Sahélienne du Burkina.

MARCHAL J.Y. (1986). La thèse de MARCHAL reste toujours un document de référence pour une étude qui prend en compte la zone de l'ancien Yatenga (Ouahigouya, Titao, Gourcy). En effet, nous nous sommes référé à cette thèse pour comprendre l'évolution du milieu naturel (la distribution des faits physiques) à travers, le modelé, les roches et les cuirasses, les unités de sol, les formations végétales ; et l'évolution du milieu humain (l'inventaire des faits anthropiques) grâce à l'occupation du sol, les densités de population, la physionomie ethnique et les types d'utilisation de l'espace. Dans ces différentes parties l'auteur décrit la zone sur son aspect physique humain et social.

ROOSE E., KABORE V., et GUENATE C., (1993). Dans la zone soudano-sahélienne semi-aride, les techniques conventionnelles de réhabilitation des terres sont limitées et coûteuses. Roose et al, ont donc paru intéressant d'étudier en détail le « zaï », une pratique traditionnelle mossi de récupération des terres dégradées par la culture ou le surpâturage, et de tester quelques améliorations des pratiques du zaï sur la production de sorgho (grain et biomasse) et sur la diversité des herbes (vingt-trois espèces) et arbustes fourragers (treize espèces) qu'elle permet de réintroduire progressivement. Des enquêtes au nord-ouest du Burkina ont montré l'intérêt, les limites (pluies de 400 à 800 mm/an) et la diversité des pratiques du zaï en fonction de la texture du sol et de la disponibilité en fumure organique et en main-d'oeuvre. L'expérimentation pendant deux ans sur deux sols de potentialités nettement différentes (sol ferrugineux tropical superficiel et sol brun profond) a permis de comprendre l'importance de la réserve hydrique et du travail du sol, ainsi que des apports d'eau et d'éléments fertilisants, organiques et minéraux. Roose et al, dans ce document ont également montré que : la restauration de la productivité du sol et la réhabilitation de la couverture végétale seraient donc plus rapides que la restauration des caractéristiques physico-chimiques du sol. Nous sommes référés à ce document afin de mieux comprendre les forces et les faiblesses du zaï, qui reste une technique très appréciée et plus pratiqué dans notre zone d'étude.

Les autres auteurs n'ont par ailleurs pas considéré la description et l'analyse des différentes techniques de lutte anti-érosive comme centre d'intérêt de leurs études. Ils les abordent généralement sous un angle restreint dans certains passages de leurs ouvrages.

16

I.5.3. Les travaux de terrain

Ils se sont déroulés en deux phases : une phase «entretien» et une phase «enquête» auprès des populations cibles.

I.5.4. Les entretiens

Outre la recherche de documents divers disponibles, des entretiens ont eu lieu avec certains responsables de services et projets dont les points de vue ou analyses étaient capitales pour notre étude.

Malgré leur richesse, les informations bibliographiques et celles obtenus grâces aux entretiens se sont révélées insuffisantes pour mieux cerner notre thème. Aussi avons-nous entrepris de les compléter par des entretiens et observations directes sur le terrain. Compte tenu de l'étendu de la zone, le choix de villages échantillon a été un passage obligé.

I.5.5. Les enquêtes dans les villages

Elles ont été effectuées sur un échantillon de 150 personnes inégalement réparties dans 30 villages de 14 départements des 5 provinces de la zone d'étude, à raison de 5 personnes par village (cf. annexe n° VII, page 144).

Compte tenu du nombre élevé des villages dans la zone d'étude (environ 841 villages selon le fichier du recensement de 2005 de l'INSD), leur choix a été fait selon les critères suivants : la localisation, les expériences en matière de CES, l'encadrement par une structure de développement rural.

Nous avons également participé à des travaux de restitution de techniques anti-érosives introduites dans la zone d'étude, à des assemblées générales de Groupement Villageois (GV) et de Commissions Villageoises de Gestion des Terroirs (CVGT) ou Conseil Villageois de Développement (CVD).

Des observations géomorphologiques, pédologiques, et sur la végétation ont été effectuées dans la zone, afin de mieux appréhender les caractéristiques physiques du milieu. Ces observations du milieu physique nous ont permis de réaliser des transects descriptifs de l'état géomorphologique, pédologique et de la végétation de la zone d'étude.

I.5.6. Le traitement des données

Deux méthodes de traitement de données ont été utilisées : - le dépouillement manuel des fiches d'enquêtes ;

- le traitement informatique à partir des logiciels SPSS pour la répartition des données de façon chiffrés (effectifs, pourcentages, pourcentages cumulés). Il est important de mentionner également l'utilisation du logiciel EXCEL pour la réalisation des tableaux et des graphiques, Arc-View SIG pour la réalisation des cartes, et Word pour le traitement de texte.

Il convient cependant de relever que toutes ces étapes non pas été sans difficultés.

17

I.6. Les difficultés rencontrées

Ce présent travail a été passionnant, cependant, il a été limité par quelques difficultés qui ont été entre autres :

- la méfiance, sinon la non disponibilité de certaines personnes ressources des villages ciblés, à répondre à certains centres d'intérêt de l'étude ;

- la modicité de nos moyens matériels et financiers pour la collecte des données et l'acquisition des cartes (carte géologique en particulier). Grâce à l'appui de la coordination du PDRD cette contrainte à été aplanie ;

- l'inaccessibilité en période pluvieuse de certains villages (Titao, Gomboro, etc.) en vue de l'observation des effets des techniques de conservations des eaux et des sols sur le ruissellement et le développement végétatif des plantes dans les exploitations agricoles.

Malgré ces difficultés, nous sommes parvenus à non seulement collecter l'ensemble des informations nécessaires à notre étude, mais aussi à leur traitement et analyse.

Le présent mémoire qui en résulte comporte deux grandes parties regroupant six chapitres :

- la première partie traite des aspects du milieu physique et humain.

- la deuxième partie porte sur la lutte anti-érosive. C'est-à-dire l'objet même de l'étude.

II - LE MILIEU NATUREL

II.1. La géologie

Le degré carré de Ouahigouya présente un substrat géologique très hétérogène1 (cf. carte géologique page 19). Les roches plutoniques et volcano-sédimentaires du Birimien constituent l'unité géologique majeure de la zone.

II.1.1. Les roches plutoniques

Il s'agit des roches éruptives de la famille des granites. Elles sont formées par cristallisation lente du magma à une certaine profondeur. Les formations plutoniques (granite porphyroïde, granite hétérogène, granite rubané, granodiorite, tonalite et diorite.) sont fortement représenté dans le degré carré de Ouahigouya. Au nord de Ouahigouya, on retrouve les granites porphyroïdes, les granites à grains moyens, à biotite (Banh, Koumbri, Barga, Sollé). Au sud-ouest on retrouve les granites rubanés, les tonalites (Gomboro, Kiembara). Les granites hétérogènes occupent le sud de la zone (Boussou, Yako).

1 HOTTIN, G. et OUEDRAOGO O.F (1992) carte géologique du Burkina Faso, deuxième édition, (B.M.G.B). Echelle : 1/1 000 000

18

II.1.2. Les roches volcano-sédimentaires

Les roches volcano-sédimentaires font partie du Groupe métavolcanique et volcano-sédimentaire basal. Les roches volcano-sédimentaires se localisent dans les départements de Ouahigouya, Thiou, Namissiguima, Séguénéga et Titao, à travers les schistes volcano-sedimentaires ainsi que les gabbros noritique, microgabbros et microdiorite dans les départements de Kalsaka, Tougo. Les schistes noirs se localisent dans le Passoré (Gomponsom, Kirsi).

II.2. La géomorphologie

La géomorphologie se définit comme la science des formes de la terre. Elle a pour objet l'observation, la description puis l'explication des formes de la terre2.

L'allure générale du degré carré de Ouahigouya est celle d'une surface faiblement ondulée, dominée par quelques buttes témoins tabulaires, d'où émergent des régions de collines, associées aux formations birimiennes.

L'armature du relief est principalement constituée par des cuirasses, découvertes ou voilées d'une couche détritique. Les cuirasses se repartissent en plusieurs niveaux séparés par des dénivelés importants (10 à 100 m). Les niveaux supérieurs subsistent sous forme de buttes témoins limitées par des versants très inclinés, parsemés d'éboulis. Le niveau inférieur, de beaucoup le plus étendu, couvre encore une grande partie du modelé actuel.

Le transect n° 1 (Lintiba - Saye, page 24) décrit le relief de la zone d'étude. Les éminences, les glacis, la plaine et les dépressions sont traduits dans ce croquis. Ce transect présente une partie de la zone d'étude du Sud-Est vers le Nord-Ouest. Il a été réalisé en zone humanisée. C'est la caractéristique géomorphologique qui a été déterminante dans le choix de ce transect. En effet, il s'agit d'un parcours de 8 km en zone à relief calme, situé à l'Est de Gourcy. C'est une plaine dans laquelle on n'observe aucune ondulation majeure. La plaine est représentée par le glacis d'érosion souvent interrompu par des vallées alluviales.

II.2.1. Les éminences

Elles comprennent les buttes et les collines.

II.2.1.1. Les buttes

Les buttes sont des «éminences à sommets plats et à versants raides». Elles constituent le plus souvent les plus hauts reliefs. L'armature essentielle du relief est constituée par des cuirasses ferrugineuses. Celles-ci se répartissent en plusieurs niveaux.

- Les buttes à cuirasse ferrugineuse : elles regroupent les sommets dont les cuirasses ont été mises en place à partir d'une prise en charge directe du fer contenu dans le matériel original. La teneur en fer détermine l'épaisseur et l'écart actuel du niveau cuirassé. Ces cuirasses (compactes) sont caractérisées par leur homogénéité. Se sont en fait des cuirasses primitives3. Elle sont répandues dans la région et coiffent, souvent les buttes.

2 SANOU Dya Christophe, 2001.

3 D.C. SANOU, 1992.

2°

Rivière Nakamté

Ridemba Komtoèga Tanguillissi SE

3°

5km

Gaméoro

0 km

Garké ré

NW Kongo

Guilé Réga Rassouli

dsurcy

Source r Parie Géologique 1200 000 ND-DR-X I uaHgoupa

Beptemhe 2007

RABDO A.

CARTE GEOLOGIQUE DU DEGRE CARRE DE OUAHIGOUYA

LOKOUM Nom de province

e Chef-lieu de département

._. Limite de province
Route nationale

Route départementale Cours d'eau principaux

- Faille observée

Alluvions

Continental terminal. sable argileux

§ Dolérite Quartz

§ Grande porphyroïde à auglte aegyrinlque et riébeckite

· Grande à feldspath alcalin, biotite verte et fluorine

§ Leucogranite à grenat

Grande porphyroïde à biotite

· Grande à grain moyen à biotite Grande rubané à aspect mlgmatitique

Granite hétérogène . gr-anodmrite, monzonite, leuoogran de, pegmatite
Granite hétérogène porphyroide à biotite

Tonalite a quartz bleu et amphibole, tonalbe foliée à biôtlte Granodiorite, tonalite et diorite quartzifère à amphibote et biotite Granodiorite et tonalité à biotite et parlons amphibole Granodiorite,-tonalité et diorite quartzifère rubanées et foliées

§ Tonalite et diorde-quartzifère à biotite et amphibole

Paragneiss

Schiste volcano-sédimentaire

Schiste
·noir

§ Chart rubané Rhyolite

Rhyolite et rhyodacite

§ Basalte amphibolitisé, amphibolite

§ Lave en coussin (pillow)

§ Mcrogabbro et microd morde en massifs homogènes Gabbro nordique à deux pyroxènes et hornblende Hydrographie

Mimions

FLCIagool

Grès grossier du continental terminal

Para gnneiss alumineux et micaschiste à grenat

Do lévite

Formations plutoniques

Granits alcalin è arfvedsonite

Leu co granite à grenat

Granite hétérogène

Granite ruba née à aspect mig mantique

Granodiorite tonalité et diorite puatzitére rubanées

Grues diorite, tonalité et diorite quartzifère à biotite

Formations vuloano-sédmentsres et plutoniques

hpm

rT_,

rni 4

 

V S Schiste volcano-

(1) sX sédimentaire

(2)X

19

Echelle 1 600 000

lo

t 10 20 Kilomètre

Les buttes ont une forme allongée (cf. planche photographique n° 1, photo n° 1 page 21) et présentent parfois un profil net. C'est le cas de la butte cuirassée de Dio. C'est une cuirasse de néoformation. La dalle, massive et conglomératique, d'une épaisseur d'environ quatre mètres, repose sur une carapace tachetée d'une épaisseur d'environ un mètre. Elle est en contact avec le matériau d'altération kaolinitique sous-jacent. Les versants sont de forme convexo-concave, recouverts d'éboulis et proviennent du démantèlement de la cuirasse sommitale.

Les cuirasses sur roches schisteuses présentent un profil différent. On retrouve au sommet, la dalle cuirassée se présentant sous forme vacuolaire avec une orientation identique à celle de la roche mère. Elle comporte par endroits une cuirasse plus ou moins dure. A la base, on retrouve la roche mère schisteuse affectée de microplis. Elle est feuilletée. La butte cuirassée de Koumbri présente ce type de profil. Ces reliefs cuirassés sont sous la forme allongée. Le sommet tabulaire et cuirassé, est généralement très fracturé. Les versants sont sous l'influence de la dynamique actuelle.

La thermoclastie fragilise le niveau induré par des fissurations et des fragmentations. Il en résulte des blocs qui se retrouvent en bas de pente et des débris qui recouvrent les versants.

II.2.1.2. Les collines

Les collines sont des «éminences isolées de faible hauteur, à sommet arrondi et dont la forme est plus ou moins circulaire»4 (cf. planche photographique n° 1, photo n° 2, page 21). Dans la région Nord de Ouahigouya (région de Koumbri) on distingue quelques groupements de collines birimiennes, formant le relief de commandement de la région, et de 440 m d'altitude. Les collines ne sont jamais coiffées de cuirasse. Les cuirasses sont organisées autour de ces collines dont elles sont séparées par des dépressions. Les collines sont en étroite relation avec la structure plissée des roches métamorphiques, les métavolcanites neutres à basiques. Elles sont très monotones et généralement couvertes de graminées. Les arbres sont quasiment absents. Les versants déboisés favorisent un ruissellement intense.

20

4 D.C. SANOU, 2001.

21

Planche photographique n° 1 : Butte cuirassé et colline Photo n° 1 : Longue butte cuirassée à Bango / Thiou

Rabdo, A. mars 2007.

Sur cette prise de vue, on observe une butte cuirassée de forme allongée, avec un rebord peu marqué. En premier plan, on a une zone mise à nu par un décapage pelliculaire généralisé.

Photo n° 2 : Petite colline à Ouahigouya

Rabdo, A. Mars 2007.

La colline présente un démantèlement de sa dalle cuirassé. Les versants parsemés de blocs cuirassés. Elle est souvent le lieu d'extraction des moellons pour la réalisation des aménagements anti-érosifs.

22

II.2.2. Les glacis

La zone présente de nombreux glacis qui peuvent être anciens ou récents.

Les glacis anciens sont des reliefs fortement démantelés. Ils présentent une surface à pente douce vers l'aval.

Les glacis récents non encore cuirassés ou en voie de l'être, sont d'épandage. Les matériaux meubles, allochtones, de 1 à 2 mètres d'épaisseur recouvrent directement la roche qui affleure rarement et peut comporter une mince couche d'altération.

De façon générale, les glacis se présentent sous forme de pseudo-couesta (D.C. SANOU, 2001). Ils ont un front à pente raide et une surface (revers) légèrement inclinée, recouverte de pierrailles. Vers l'aval, on observe souvent une petite dépression. Celle-ci est développée dans le matériau d'altération. Sa mise en place fait suite au décapage de la cuirasse sommitale (cas du glacis de Soulou).

II.2.3. La plaine ou surface fonctionnelle

La plaine est une «surface plane peu élevée dans laquelle les cours d'eaux ne sont pas encaissés. On dit que les rivières coulent à fleur de sol»5'. Sa mise en place résulte de processus successifs d'érosion et dépendage complexes. La surface fonctionnelle relie le plus souvent les différentes unités (butte, colline, glacis) aux dépressions. Elle est très exploitée car ces sols sont souvent évolués.

II.2.4. Les dépressions II.2.4.1. Les bas-fonds

Ils correspondent à une aire colluvio-alluvialle plus ou moins encaissée. Les bas-fonds se rencontrent plus à l'Est et au Nord-est de la région (Ouahigouya, Oula, Titao, Tougou, Namissiguima). Ce sont des zones très exploitées à cause de la fertilité des sols et de l'humidité constante.

II.2.4.2. Les dépressions périphériques

Ce sont des zones basses, qui se situent entre les élévations. Les plus importantes ont une forme allongée ou circulaire.

Les dépressions allongées ont une largeur très variable. Elles sont localisées entre les collines birimiennes et l'alignement des sommets cuirassés.

Les dépressions circulaires, par contre, sont des zones cernées par les élévations. Elles sont comparables à des ?amphithéâtres». Ce sont des lieux de collecte des eaux provenant des sommets.

5 Dya Christophe SANOU. 2001.

23

II.2.4.3. Les incisions

Les plus importantes sont les ravins. Ces ravins décrivent des sinuosités et présentent des berges de formes variables. Ils prennent naissance au pied des reliefs et convergent vers les bas-fonds.

Les cuirasses de nappes affleurent dans le lit de certains ravins. Dans ce cas, la cuirasse empêche l'encaissement du lit. Par contre, on constate un élargissement du ravin suite à un recul des berges par érosion régressive (cas du ravin de Lougouri).

II.2.5. Le système dunaire

Au Nord de Ouahigouya, (Thiou, Kain, Banh, Sollé), un début de modelé dunaire interrompt la plaine qui vient d'être décrite.

Disposé d'Est en Ouest, il est constitué par la juxtaposition d'épandage sableux arrondis, très aplanis, séparés par des dépressions où la cuirasse peut affleurer. Le modelé est discret, limité à de légères ondulations de grande longueur d'onde et d'amplitude faible. En fait, ce sont des plaines sableuses mollement ondulées6.

II.3. Le climat

Le climat est la résultante de l'action de plusieurs facteurs dont les plus déterminants, pour notre étude sont : la pluviométrie, la température, l'évapo-transpiration et les vents.

L'absence de données à certains mois des différentes années à la Direction de la Météorologie Nationale, nous a conduit à utiliser les relevés de la Station Synoptique de Ouahigouya, afin de compléter celles manquantes.

Selon le découpage de D.C. SANOU (Atlas du Burkina Faso, 2006), le degré carré de Ouahigouya est situé à cheval entre la zone sahélienne et la zone soudano-sahélienne. La zone d'étude est généralement située entre les isohyètes 500 et 700 mm7. Le climat est assez sec et se caractérise par quatre saisons bien distinctes. Une saison des pluies qui comprend : la saison humide, la saison humide et fraîche de transition. Une saison sèche qui quand à elle comprend : la saison sèche et fraîche ou saison fraîche, la saison sèche et chaude de transition ou saison chaude.

II.3.1. La pluviométrie

L'analyse des relevés annuels (1977 à 2006) mensuels et décadaires (1976 - 2005) des précipitations ont permis de faire ressortir les différentes caractéristiques de la pluviométrie. Cette étude pluviométrique a été renforcée par l'analyse de l'E.T.P. de 1976 à 2005, afin de déterminer les périodes saisonnières de notre zone d'étude.

La saison humide et la saison fraîche de transition couvrent les mois de juin à novembre. Les précipitations annuelles n'excèdent jamais 1000 mm. La saison fraîche et la saison chaude s'étalent sur les mois de décembre à mai.

6 Boulet, 1968, pp 28 et 191.

7 Tinyar SINIDAH. 2003.

Arbre

Arbuste

Tapis herbacé

Arbrisseau

Dalle cuirassée

Habitation

Transect n°1 : Lintiba - Saye

SE NW

300m

250m

0

8 km

Lintiba

Savane arborée à Anogeisus leiocarpus ((Formation ripicole

Savane arbustive à Vitellaria paradoxa

Saye

Savane arbustive

à Combretum micranthum Savane arbustive à Guiera senegalensis

.43 d

Habitations

4

Sol évolué

Pente moyenne

Glacis d'érosion

Lithosol sur cuirasse

Sommet 1 Versant

Butte

Sol

hydromorphe à pseudo-gley

L L L

a)

--'m _'iv
J E J E J E

Vallée alluviale

Sol évolué

Pente moyenne

Glacis d'érosion

24

Source : Travaux de terrain

 

Mars 2006

RABDO Abdoulaye

25

L'évolution des totaux pluviométriques inters-annuels de 1977 à 2006 montre de fortes fluctuations (cf. graphique n° 1). Les précipitations sont très variables mensuellement et d'années en années. De 1977 à 2006, l'indice de variation est de 2,69 mm. La moyenne annuelle des précipitations cumulées des 10 dernières années (1997-2006) a été de 637,4 mm avec 54 jours de pluies. Au cour de cette même période, l'indice de variation est de 1.35 mm (cf. graphique n° 2).

Précipitations (mm)

1000

400

900

800

700

600

500

300

200

100

0

Graphique n°1 : IRREGULARITES INTER - ANNUELLES DES PRECIPITATIONS - OUAHIGOUYA :

1977- 2006

Précipitations (mm) Droite de tedance

Années

Source : Direction de la Météorologie Nationale Rabdo, A. 2007

Précipitations (mm)

1000

400

900

800

700

600

500

300

200

100

0

Graphique n°2 : IRREGULARITES INTER-ANNUELLES D ES

PRECIPITATIONS ET DU NOMBRE DE JOURS DE PLUIE - OUAHIGOUYA : 1977

- 2006

P(mm) Jours

Années

40

80

70

60

50

30

20

0

10

Jours de pluie

Source : Direction de la Météorologie Nationale Rabdo, A. 2007

26

Dans l'ensemble, la durée des pluies est de plus en plus courte (moins de 65 jours pour les 5 dernières années 2002 à 2006). Cette situation réduit la période de la saison pluvieuse et compromet du même coup le développement des cultures à cycle végétatif long.

II.3.2. Détermination des périodes saisonnières

La méthode8 de détermination des périodes saisonnières utilisée dans notre étude est celle de P. FRANQUIN. Celle-ci permet de mettre en évidence les variations inter-mensuelles des précipitations. Elle prend en compte les précipitations décadaires et l'évapotranspiration potentielle décadaire (E.T.P). Sur une période de trente années (1976-2005), nous sommes parvenus à établir les différentes périodes de la saison pluvieuse de notre zone d'étude (cf. graphique n° 3, page 27).

- La période pré-humide : par définition, c'est la phase au cours de laquelle les pluviométries décadaires sont plus basses que l'évapotranspiration potentielle décadaire. Cependant, elles restent globalement supérieures à la moitié de l'évapotranspiration potentielle décadaire (E.T.P. /2). Celui observé dans le degré carré de Ouahigouya s'étend de la première décade du mois de mai à la première décade du mois de juin.

- La période humide : c'est la période au cours de laquelle les précipitations

décadaires sont globalement supérieures à l'évapotranspiration potentielle décadaire (P > E.T.P.). Elle s'étend de la deuxième décade de juin à la deuxième décade de septembre. Malgré l'abondance et la fréquence des pluies au cours de cette période, on observe parfois des poches de sécheresse. Celles-ci sont liées à l'insuffisance des précipitations (P < E.T.P.). Ces poches perturbent fortement la croissance des plantes notamment des cultures.

Cette période demeure cependant prépondérante pour le bon déroulement de la campagne. En effet, c'est au cours de cette période que les étapes phénologiques telles que la montaison, l'épiaison et la floraison des plantes ont lieu.

- La période post humide : elle correspond à une diminution suivie de l'arrêt des précipitations. Elle s'étend de la troisième décade de septembre à la première décade d'octobre. Sa durée maximale est d'environ trois semaines. Au cours de cette période, les précipitations sont faibles et restent inférieur à E.T.P (E.T.P/2 P E.T.P).

La période post-humide reste la plus brève des trois. Sur le plan agronomique, elle coïncide avec la fin du cycle végétatif des cultures pluviales (maïs, mil, sorgho, etc.). C'est la période de la maturation.

Dans le degré carré de Ouahigouya, les populations sans toutefois pouvoir déterminer avec certitude ces périodes, arrivent à les reconnaître et à préparer les travaux champêtres.

8 Les méthodes de détermination des périodes saisonnières sont variables suivant les auteurs. A la suite de P. FRANQUIN la F.A.O préconise l'utilisation des bilans hydriques. D'autres chercheurs comme STERN, se basent sur les règles d'apparition des pluies en dominant la quantité de pluie minimum requise, le nombre de jours secs tolérés et partant, sa durée dans le temps (T. SINIDAH, 2003).

ETP et ETP/2

200

180

160

140

120

100

40

80

60

20

0

Janvier

Graphique n°3 : Courbe évènementielle de Franquin

Février

ETP/2 ETP Pluviométrie

Mars

Avril

F

Mai

Mois

A B C

Juin

Juillet

Août

Septembre Octobre

Novembre

Décembre

40

60

50

30

20

0

70

10

Pluviométrie (mm)

27

Source : Direction de la Météorologie Nationale Rabdo, A.2007

F = faux départ A = période pré- humide ; B = période humide ; C = période post-humide

II.3.3. La température

Les variations thermiques sont relativement importantes dans la région (cf. graphique n° 4). La température moyenne annuelle enregistrée sur la période de 1977 à 2006 est de 28°8 C, avec une amplitude thermique forte de 7°9 C. C'est une zone soumise à des températures élevées durant ces 30 dernières années.

Elle est toujours supérieure à 20° C. Cela a pour conséquences l'évaporation rapide des eaux de surface et les modifications physiologiques des végétaux en vue de s'adapter à chaque phase thermique de l'année.

Graphique n°4 : VARIATIONS MOYENNES MENSUELLES INT ER-ANNUELLES DE LA TEMPERATURE - OUAHIGOUYA : 1977-2006

40

35

30

25

15

10

5

0

T°c

20

Mois

Température (T°c)

28

Source : Direction de la Météorologie Nationale Rabdo, A. 2007

II.3.4. L'évaporation

L'évaporation est l'une des premières phases d'une série de transformation qui traduit le passage de l'eau liquide à l'état gazeux. Elle se manifeste généralement sur les plans d'eau ou sur les sols humides. L'évaporation est un paramètre climatique important concernant notre étude. Elle nous permettra de mieux appréhender le phénomène de perte en eau dans les retenues.

La courbe d'évolution (cf. graphique n° 5) montre une forte évaporation pendant la saison sèche. Les valeurs maximales sont atteintes en mars (379,4 mm), avril (377,73 mm) et mai (366 mm), alors que les minimales sont observées en août (182,8 mm) et en septembre (185,2 mm). Les fortes évaporations observées entre mars et mai sont liées en partie à l'augmentation de la température et à la présence de vents secs en provenance de l'anticyclone du Sahara.

L'évaporation réduit très rapidement les mares temporaires et pose des difficultés sérieuses de stockage et de pérennisation des réserves en eau de surface.

E ( mm)

400

350

300

250

200

150

100

50

0

Graphique n°5 : VARIATIONS MOYENNES MENSUELLES INT ER-ANNUELLES DE L' EVAPORATION - OUAHIGOUYA : 1977-2006

Evaporation ( E : mm)

Mois

29

Source : Direction de la Météorologie Nationale Rabdo, A.2007

II.3.5. Les vents

A l'instar des autres zones climatiques du pays, les vents dans cette région suivent le régime imposé par le mouvement du F.I.T (Front Inter-Tropical).

L'observation de la courbe des moyennes mensuelles des vents permet de distinguer quatre périodes (cf. graphique n° 6). La première, de janvier à avril, avec une vitesse moyenne de 2,20 m/s. La deuxième période, de mai à juillet, donne une vitesse moyenne de 2,76 m/s avec une maximale de 3.02 m/s en juin. La troisième période, de août à octobre, avec une vitesse moyenne de 1,74 m/s et enfin, la période de novembre à décembre, avec cette fois-ci une vitesse moyenne de 1,75 m/s. L'action du vent dans la zone d'étude, est très importante. Le sol est généralement très peu couvert voire nu. On observe un transport des particules fines du sol. Cette action du vent diminue la fertilité et la capacité de rétention en eau des sols.

Graphique n°6 : VITESSE MOYENNE MENSUELLE DES VENTS - OUAHIGOUYA : 1977- 2006

2,5

2

1,5

1

Vitesse en m/s

3,5

3

0,5

0

Mois

Vitesse du vent (m/s)

30

Source : Direction de la Météorologie Nationale Rabdo, A.2007

II.4. Les sols

Les sols de la zone d'étude sont sous la dépendance des climats actuels et anciens, mais aussi du modelé et des matériaux sur lesquels ils se sont formés. La description des types de sols rencontrés a été réalisée par le BUNASOLS (2002). On distingue quatre grands ensembles de sols en fonction de l'origine des matériaux.

Le transect n° 2 (Koumbri - Soulou), page 32, de direction Nord-Est/Sud-Ouest, montre quelques types de sols caractéristiques du degré carré de Ouahigouya.

Ce transect commence à environ 200 m du village de Koumbri. Il a été identifié comme un transect en zone non humanisée. Sur le plan géomorphologique, nous sommes ici dans une plaine. Il se compose de trois principales unités : les buttes, la plaine, et les vallées.

- Les buttes : deux éminences ont été successivement rencontrées sur le parcours. Il s'agit en fait de deux micro buttes à versants pavés de bloc et/ou de galets de cuirasse ferrugineuse en démantèlement. Leur sommet est plus ou moins massif selon le cas, avec cependant des diaclases de tailles différentes. L'épaisseur de la dalle cuirassée et la hauteur de chacune des buttes déterminent sa vigueur. Sur le plan du couvert végétal, les éminences sont essentiellement colonisées par des combretaceae, avec un tapis graminéen dominé par Loudetia togoensis. Les versants, sont occupés par une végétation de savane arbustive à Combretum micranthum tandis que sur les sommets on une savane arbustive à Guiera senegalensis, Pterocarpus lucens, Combretum micranthum (espèce dominante). On observe des sols maigres à état de surface gravillonnaire, sur cuirasse ferrugineuse.

31

- La plaine : elle commence après la deuxième butte d'environ 215 m de hauteur. Elle est partout uniforme et piquetée de quelques affleurements granitiques. Là, le couvert végétal est une steppe arbustive à Vitellaria paradoxa, Piliostigma reticulatum et Balanites aegyptiaca, probablement anthropique compte tenu de la forte pression humaine sur le milieu. Sur les glacis d'érosion, on a des champs donnant ainsi des formations de type savanes parcs. En fait, la plaine est cultivée sur toute cette partie du transect.

- Les vallées : deux vallées sont également rencontré sur le parcours. La première vallée alluviale commence tout juste après la première butte et se poursuit jusqu'à la deuxième butte. La deuxième vallée se situe après la deuxième butte, sur la plaine. Elles sont aussi exploitées sur le plan agricole. La première vallée, à lit d'inondation très large pour un lit mineur présentant beaucoup de méandres.

II.4.1. Les sols minéraux bruts

Les sols minéraux bruts observés dans notre zone d'étude sont les lithosols sur cuirasse ferrugineuse. Ces sols présentent un horizon de surface à peine ébauché ou inexistant reposant sur une roche non ou peu décomposée, constituée d'affleurements de grès et de cuirasses ferrugineuses et d'éléments divers.

Les cuirasses subissent à leur sommet un début de démantèlement et sont recouvertes d'une mince couche de débris, suffisante pour permettre le développement de quelques graminées (Loudetia togoensis, Pennisetum pedicellatum) et d'arbustes (Combretum micranthum, Pterocarpus lucens). Cette végétation n'offre que peu d'intérêt (maigre pâturage, surtout arbustif, bois de feu).

II.4.2. Les sols peu évolués d'érosion

Ils s'observent sur de grandes étendues. Ce type de sol est le plus largement répandu dans la zone (cf. carte pédologique, page 33). Leur surface est fortement gravillonnaire et leur transition avec les lithosols, situés sur les hauts de versants, se fait par simple réduction du manteau de débris. Leur intérêt agronomique est considéré comme «nul» ou «très faible», ce qui n'empêche pas qu'ils soient cultivés en mil et arachide.

On distingue essentiellement les sols peu évolués d'érosion sur matériaux gravillonnaires. Ce sont des sols généralement issus du démantèlement des cuirasses ferrugineuses. Ils sols sont associés aux sols ferrugineux tropicaux. Comparé aux lithosols, l'érosion y est moindre, les végétaux sont plus abondants. Ces sols sont généralement mis en culture.

32

 
 

Transect n°2 : Koumbri - Soulou

 
 

NE Koumbri SW

Formation I 'Formation 1 Soulou I

Savane arbustive I I I Savane parc I ripicole I ~ iripicole I I

à Combretum I Formation ripicole Savane arbustive à

(Savane arbustive) à Vitellaria (Savane (Savane I

micranthum I Combretum micranthum I paradoxa I arborée) I = 'arbustive) Savane parc à Vitellaria paradoxa I

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10 km

 
 
 
 
 

Arbre

 
 

=__ = Dalle cuirassée Tapis herbacé Arbrisseau` Arbuste

-ff

 
 
 

Souce : Traveaux de terrain Mars 2007 RABDO Abdoulaye

33

 
 

CARTE PEDOLOGIQUE DU DEGRE CARRE DE QUAHIGDUYA:

 
 
 
 

140

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14°

N

Sols à Mull

- Sols bruns eutrophes vertiques: Association à sols ferrugineux peu lessivés sur sables éolien

Sols à Sesquioxydes et Matière Organique rapidement Minéralisée

Sols à Sesquioxydes

-

Sols Ferrallitiques

- Sols ferrugineux tropicaux peu lessivés à drainge interne; Association à sols gravillonnaires

- Sols ferrugineux tropicaux lessivés à taches et concrétions: sur matériau argilo-sableux, association à sols gravillonnaires

SOIS Minéraux Bruts

- Sols Minéraux Bruts d'érosion Likhosols sur cuirasse Ferrugineuse

 
 

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Sols Halomorphes

Solonetz à structures en colonnettes de
l'horizon B: Association à sols gravillonnaires

Sols Peu 'Évolués.

- Sols *igues sur matériaux gravillonnaires: Association à lithosols sur cuirasse ferrugineuse

Verb sols et Paravertisols

- Sols vertiques: sur matériau argileux issu de roches basiques

Sols Hydromorphes

- Sols hydromorphes à pseudogley structurés: Association à sols ferrugineux peu lessivés sur matériau sablo-argileux peu

 

1g°

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Boussou : `§~ rr ,
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13°

épais à nivaux gravillonnaire

14° Coordonnée géographique

o Chef-lieu de province Chef-lieu de département

Cours d'eau /V Route

 
 

3° 20 0 20 Km.

Al Limite du territoire

 
 
 

Limite du degré carré

 
 
 
 
 
 
 

Source: BNDTI1998 Septembre.2
·0.47 RABDO A & ZOUNGRANA L. E.

34

II.4.3. Les sols ferrugineux tropicaux

II.4.3.1. Les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés

Les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés sont caractérisés par l'existence d'horizons supérieurs nettement décolorés (horizon A), passant progressivement à un horizon à coloration maximum (horizon B), généralement rougi. A l'intérieur de ces sols, on distingue dans la zone :

- les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés, à drainage interne limité en profondeur (à 2 ou 3 mètres) par la présence d'une cuirasse. Localisés au Nord de Ouahigouya et de Titao, ils sont très sollicités par les cultures de sorgho, mil et arachide ;

- les sols ferrugineux peu lessivés, à drainage interne limité en profondeur sur sables éoliens, associés à des sols gravillonnaires, localisés au Nord-Ouest et Sud-Est de Titao, Gomboro et à Kiembara ;

- les sols ferrugineux peu lessivés, à drainage interne limité en profondeur sur sables éoliens, associés à des sols hydromorphes sur matériaux argileux issus de schistes argileux. Ils sont localisés à Koumbri, Barga, Namissiguima, Ouahigouya et Titao.

Les sols ferrugineux peu lessivés sont faciles à travailler et ils pourraient être l'objet de pratiques simples de conservation.

II.4.3.2. Les sols ferrugineux tropicaux lessivés

Il s'agit essentiellement des sols ferrugineux tropicaux lessivés à tâches et concrétions sur matériau argilo-sableux, association à sols gravillonnaires. Ces sols se situent principalement dans les vallées des régions granitiques situées au Sud et au Sud-Ouest de la zone (Gourcy, Kiembara, Lankoué, Gomboro).

Leur sensibilité à l'érosion les rend fragiles, et leur dégradation semble difficilement réversible. Les sols très cultivés sont en général atteints par une érosion en nappe qui diminue fortement leurs qualités physiques.

II.4.4. Les sols hydromorphes

Les sols hydromorphes de la zone d'étude, sont des sols hydromorphes peu humifères à pseudo-gley, ils occupent les bas-fonds ou les plaines alluviales.

On distingue :

- les sols hydromorphes associés à des sols bruns eutrophes sur matériau argileux et à sols ferrugineux peu lessivés sur sables éoliens Ils sont localisés au Sud-ouest et Sud-Est de Ouahigouya (Zogoré, Oula) ;

- les sols hydromorphes associés à des sols ferrugineux peu lessivés sur matériau sablo-argileux peu épais à niveau gravillonnaire. Localisés au Centre (Yatenga), au Sud (Zondoma - Passoré) et au Sud-Ouest de Titao.

35

II.5. La végétation

Les formations végétales de la zone d'étude peuvent être subdivisées en trois zones : la zone des strates arbustives et herbacées, la zone de la strate arborée, la savane parc ou savane anthropique.

II.5.1. La zone de savane arbustives et herbacées

La savane arbustive : elle prédomine dans la partie Nord de la zone d'étude et apparaît en îlots très localisés dans la partie Sud. Elle est composée d'une strate ligneuse à Combretum micranthum et Glutinosum, Acacia macrostachya, Guiera senegalensis, et d'une strate herbacée de taille faible, comprenant des espèces vivaces : Loudetia togoensis, Aristida longiflora, Andropogon gayanus. Cette formation est souvent dominée par quelques arbres épars tels: Bombax costatum (kapokier), Lannea microcarpa (raisinier), Adansonia digitata (baobab), Lannea acida.

La savane herbeuse : elle s'étend à l'extrême Nord de la zone (nord de Thiou), sur les plaines sableuses. Elle est due à la strate herbacée presque continue de Pennisetum pedicellatum, Aristida longiflora, associée à une formation ligneuse basse et claire ; Guiera senegalensis et Boscia senegalensis, Bauhinia reticulata et Piliostigma reticulata. Parfois, des plaques de sol nu apparaissent, décapées par le ruissellement.

II.5.2. la zone de la savane arborée

La savane arborée : elle se développe au Sud de l'isohyète 500 mm (Ouahigouya - Zondoma - Passoré). Elle est fortement marquée par l'action anthropique. La savane arborée se densifie dans les bas-fonds, où les arbres atteignent leur plus grande hauteur. Ce sont : Khaya senegalensis, Annogeissus leiocarpus, Acacia penata, Mitragyna inermis, Tamarindus indica et Ficus sp, sous lesquels se développe une strate arbustive, parfois dense, à Guiera senegalensis et Boscia senegalensis, Zizyphus mauritiana, ainsi qu'un tapis graminéen à Pennisetum pedicellatum, Andropogon Sp.

II.5.3. La savane parc ou savane anthropique

La savane parc observée dans la zone d'étude est le résultat d'un long défrichement des populations. C'est une savane dans laquelle, les paysans au cour de leur défrichements, n'ont conservé que les espèces qui leurs sont utiles. Soit à cause de leurs fruits, leurs feuilles, leurs fleurs. Cette savane, s'étend sur les bas de pente et gagne parfois les interfluves, à proximité des villages.

Le parc a une composition : Vitellaria paradoxa, Acacia albida, Tamarindus indica, Sclerocarya birea , Parkia biglobosa, Lannea acida, Lannea microcarpa. Proches des villages, des bosquets reliques, en formation arborée, fermée et dense sont observés. Ce sont des bois "sacrés". Les bosquets rassemblent les espèces arborées tels que Khaya senegalensis et Anogeisus leiocarpus, sous lesquelles une sous-strate arbustive à épineux s'est devéloppée (Acacia macrostachya).

36

II.6. L'hydrographie II.6.1. Les cours d'eau

Le réseau hydrographique de la zone d'étude ne comporte pas de cours d'eau pérennes. On y trouve de grandes retenues. Le plus important est le barrage de Toécé. Le lac Bangassogo est le seul lac observé dans la zone d'étude. Une partie des différents cours d'eau mis en place par l'érosion, s'écoule vers le Nakambé qui est le seul cours d'eau relativement important. Il se localise au Nord-Est de la zone où il coule vers le Sud-Est.

II.6.2. Les retenues d'eau

Les retenues d'eau comprennent les lacs naturels et les réservoirs artificiels. Les réserves artificielles sont nombreuses. On enregistre de nombreux barrages tels que le barrage de Toécé, le barrage de Tougou, le barrage de Ouahigouya, le barrage de Thiou, le barrage de Titao. Les retenues d'eau constituent des ressources en eau non négligeables pour l'alimentation des troupeaux et l'irrigation des périmètres agricoles pendant la saison sèche.

III- LES ASPECTS HUMAINS

III.1. La population

La plus grande partie du degré carré de Ouahigouya fait partie de la plaine centrale, et plus précisément de la région du Nord. Elle est habitée principalement par les Mossés.

III.1.1. Composition et évolution de la population

La zone d'étude est peuplée par une mosaïque d'ethnies dont les groupes principaux sont les Mossés, les Fulbés, les Peulhs et les Samos. Les Mossés et les Fulbés sont traditionnellement sédentaires, agriculteurs ou agro-pasteurs. De nos jours, les Mossés pratiquent de plus en plus l'élevage, de façon directe en semi stabulation, ou sur des pâturages proches des villages. Les Peulhs sont traditionnellement des éleveurs transhumants, mais on constate qu'ils se sédentarisent de plus en plus et diversifient leurs activités en pratiquant l'agriculture. Tout comme les Mossés, les Samos sont également sédentaires, agriculteurs.

Au recensement général de la population de 1996, la zone d'étude, composée de 23 départements comptait 596 769 habitants9 (5,78 % de la population du Burkina Faso). Seuls quatre départements (Yako, Gourcy, Ouahigouya, Kalsaka) avaient un effectif de plus de 40 000 habitants. En prenant en compte un taux moyen de croissance démographique de 2,2 % l'an, la population de la zone d'étude en 200710 est estimé à 1 093 014 habitants, ce qui représente une augmentation de 45,40 %. Cet accroissement qui le plus souvent ne va pas de pair avec celui de la production, n'est pas sans conséquences. La structure d'âge de la population explique en partie l'inadéquation entre l'accroissement démographique et celle de la production.

9 INSD. 1996. Recensement général de la population et de l'habitation, Ouagadougou, Burkina Faso.

10 INSD. 2004. Projections de la population du Burkina Faso.

37

En effet, la population est à prédominance jeune : plus de la moitié des habitants soit 59 % du degré carré de Ouahigouya a moins de 20 ans. Les personnes âgées (65 ans et plus) représentent 5,10 % de la population et constituent la tranche des personnes à charge. Le gros des activités de production est assuré par la tranche d'âge de 15 à 64 ans (44,54 %) de la population.

III.1.2. La densité démographique et ses conséquences

La densité démographique de la région à été estimée à 56 habitants au km2 en 1996 et à 75 habitants au km2 en 2010. Ces taux expliquent sans nul doute le classement de la région parmi celles les plus peuplées du pays. Elle est particulièrement élevée au Yatenga, au Zondoma, et au Passoré.

Cette forte densité explique en partie l'abandon de la jachère ou sa courte durée (2 à 3 ans). Les champs sont cultivés de façon quasi permanente, ce qui accélère l'épuisement des sols. Les noyaux de fortes densités sont situés sur les sols relativement fertiles. Malgré cette fertilité relative des sols, la population subsiste grâce aux revenus additionnels provenant de l'élevage et à la contribution des migrants installés dans les pays côtiers (Côte-d'Ivoire, Ghana, etc.) ou en Europe.

III.2. Les caractéristiques sociales de la zone III.2.1. L'organisation sociale

Sur le plan de l'organisation traditionnelle, le pouvoir est détenu par un chef désigné parmi plusieurs candidats de la lignée royale. La chefferie est le garant de la cohésion sociale, de la tradition et de la gestion des ressources.

Le chef du village est parfois en même temps chef de terre, mais dans la plupart des cas cette fonction est détenue par une personne distincte du chef de village. Toute la terre n'appartient pas au chef de terre ou de village, mais il en est le dépositaire et l'arbitre. Chaque personne voulant avoir une parcelle de terre s'adresse à la famille hôte qui le présente au chef, celui-ci attribue la terre après avoir reçu les cadeaux d'usage du postulant.

La terre ainsi acquise peut être exploitée indéfiniment par le bénéficiaire et ses descendants. Une fois les terres occupées, le chef de terre ou de village n'a plus d'autorité sur la terre et une autre personne qui se trouve dans le besoin doit s'adresser directement au propriétaire pour demander le prêt d'une ou plusieurs parcelles. Le prêt se fait sans difficultés, mais pour souligner qu'il s'agit d'un prêt, l'utilisateur n'a pas le droit d'y planter des arbres. Le régime d'attribution et d'exploitation peut cependant varier selon les villages et les zones.

Dans l'ensemble, le pouvoir traditionnel dans la société moaga reste solide. Cependant, la société semble s'accommoder aux changements qui sont en train de s'opérer, notamment avec la mise en place des groupements paysans et le CVD.

38

III.2.2. L'habitat

Dans la partie Nord de la zone, l'habitat est très groupé et correspond aux villages Dogons, Rimaïbés et Foulbés. Ceux-ci sont séparés les uns des autres de 3 à 7 kilomètres. Les villages peulhs, de type groupé, sont formés de plusieurs campements, mobiles au rythme des saisons.

Dans le centre et le Sud, plusieurs villages sont relativement bien individualisés. Les villages Yarcés à habitat groupé et les villages Silmi-mossés à habitat dispersé, sont associés aux villages Mossés.

Dans le Passoré, l'habitat est de type dispersé surtout à l'Ouest et au Sud-Ouest. A l'Est, par contre, l'habitat est un peu plus regroupé.

III.3. Les caractéristiques économiques

Les activités principales des populations de la zone sont l'agriculture et l'élevage. Dans une moindre mesure, les populations pratiquent également d'autres activités secondaires (artisanat ; teinture, pisciculture et commerce).

III.3.1. L'agriculture

La quasi-totalité de la population de la zone d'étude pratique l'agriculture (95 %). C'est une agriculture essentiellement pluviale. Elle est donc dépendante des conditions climatiques. Les pratiques agricoles restent traditionnelles.

III.3.1.1. Les cultures pratiquées

Les espèces cultivées sont faiblement diversifiées. Cette situation est liée, d'une part aux sols souvent pauvres, très sensibles à l'érosion, et d'autre part aux habitudes alimentaires des populations. On rencontre deux grands groupes de cultures, en fonction de leur importance : les cultures pluviales et celles irriguées.

III.3.1.1.1. Les cultures pluviales

Les systèmes de productions pluviales sont dominés par les céréales qui occupent 70 à 90 % des superficies cultivées. Les principales espèces culturales sont les cultures de niébé généralement en association avec les céréales et celles d'arachide, de voandzou et de sésame.

Le sorgho constitue la première culture de la région, il occupait 190994 ha de terres cultivées en céréales lors de la campagne 2006 -2007 (DGPSA/MAHRH). Dans le même temps, le mil couvrait 169348 ha de terres cultivées en céréales. L'importance accordée au sorgho est corrélative non seulement aux habitudes alimentaires des populations mais aussi à la disponibilité en sol de la région. Il est cultivé sur presque tous les sols et même sur les flancs des collines. La culture du sorgho rouge est très élevée dans la province du Passoré, avec une production de 1708 tonnes pour la campagne 2006 -2007. Le sorgho est la matière première de la bière locale (dolo), bien consommée dans les provinces du Passoré, Zondoma, Loroum et Sourou.

39

Le mil, moins exigeant que le sorgho, occupe souvent les sols pauvres. C'est une culture qui, selon les paysans, résiste plus a Striga hermonthica. La récolte du maïs intervient généralement au moment de la période de soudure (juillet/août). Il permet de pallier au manque de céréales durant cette période.

Le niébé, l'arachide, le pois de terre, l'igname, la patate douce, constituent les cultures secondaires. L'arachide et le pois de terre sont cultivés sur de petites parcelles (quelques dizaines de m2) appartenant le plus souvent aux femmes. Le niébé, cultivé en association avec le sorgho ou le mil, occupe aussi une place dans l'alimentation.

Les productions des principales cultures dans la zone au cours de ces deux dernières années sont présentées dans le tableau n° 1 ci-après.

Tableau n° 1 : Production (en tonnes) totale des cultures céréalières 200662007

DRAHRH/PROVINCE

Mil

Sorgho
blanc

Sorgho
rouge

Maïs

 

Riz

Fonio

Ensemble

Passoré

13

320

63

776

1

708

1

303

 

26

 

-

80

133

Yatenga

104

225

116

451

 

-

2

083

1

035

 

881

224

675

Loroum

45

283

14

434

 

38

 

712

 

71

 

242

60

780

Zondoma

10

026

23

111

 

36

 

995

 

301

 

-

34

469

Sourou

25

481

22

847

 

-

9

489

7

616

 

-

65

433

Total

198

335

240

619

1

782

14

582

9

049

1

123

465

490

Source : Direction Générale des Statistiques Agricoles/DGPSA/MAHRH/2007 Rabdo, A.

L'analyse du tableau montre que le sorgho blanc est la principale culture céréalière de la zone d'étude. Les autres cultures céréalières sont en seconde position. Le Yatenga présente la plus grande production céréalière dans la zone d'étude.

III.3.1.1.2. Les cultures irriguées

Le potentiel de bas-fonds aménageables de l'ensemble de la zone d'étude est estimé à 53 098 ha11. Des possibilités d'irrigation existent à travers la présence de lacs naturels et de nombreuses retenues collinaires dont la plus importante est le barrage de Toécé. Les eaux de surface sont exploitées pour diverses productions maraîchères vendues soit sur les marchés locaux et nationaux, soit dans certains pays limitrophes, ou exportées vers l'Europe (haricot vert par exemple. Les deux centres provinciaux (Ouahigouya, Yako) et Ouagadougou constituent les principaux marchés d'écoulement de ces produits.

Les cultures maraîchères sont variées : haricot vert, pomme de terre, tomate, choux, oignon, etc. Celles-ci connaissent un essor et jouent de plus en plus le rôle de culture de rente.

11 Rapport de l'inventaire des bas-fonds réalisé par le PNGT dans le cadre du SILEM : Sahel Integrated Low Land Ecosystem Management (Gestion intégrée des écosystèmes des bas-fonds et des plaines du sahel).

40

III.3.2. L'élevage12

Dans la région, l'élevage occupe environ 2,5 % de la population. Il est perçu comme une activité complémentaire à l'agriculture. En effet, la majorité des exploitants agricoles de la zone pratique l'agriculture et l'élevage de façon plus ou moins intégrée. Cette intégration se justifie d'abord par son intérêt économique et ensuite par son caractère de spéculation épargne. Par ailleurs, la possession d'un effectif important d'animaux confère un prestige social au propriétaire.

III-3.2.1. Les types d'élevage

Quatre principaux types d'élevages cohabitent dans la zone d'étude. Ce sont : le type transhumant, le type sédentaire extensif, le type sédentaire semi-intensif et le type intensif. Les espèces concernées par ces différents types sont les bovins, les ovins et les caprins.

Au niveau régional, le système sédentaire extensif reste dominant, avec une part de 76,3 % pour les bovins. Pour les ovins, la prédominance du système sédentaire extensif est à 82,7 %. La part du système sédentaire extensif pour les caprins est de 91,9 %.

La part de la transhumance dans les pratiques d'élevage atteint 15,3 % pour l'espèce bovine, entre 6 et 7 % pour les petits ruminants dont : ovins 6,6 % et caprins 5,6 %.

Le système sédentaire semi-intensif est de 8,3 %, pour les bovins, 9,9 % pour les ovins et 2,3 % pour les caprins.

Le système sédentaire intensif quant à lui, est de 0,1 % pour les bovins, de 0,8 % pour les ovins et de 0,1 % pour les caprins. Sa pratique reste limitée dans la zone.

III.3.2.2. Les sources d'alimentation

Au plan régional, la principale source d'alimentation des ruminants est le pâturage naturel (plus de 60,26 %). Les sous-produits agro-industriels, les fourrages cultivés et le foin sont faiblement utilisés par les éleveurs dans le cadre de l'alimentation de leurs animaux.

Dans toute la région, au moins 48 % des éleveurs nourrissent leurs animaux à partir du pâturage naturel. Ces proportions sont assez considérables avec 51,7 % pour les bovins, 56,9 % pour les ovins et 72,2 % pour les caprins.

Les sous-produits agro-industriels et les résidus de récolte sont également utilisés par les éleveurs de bovins mais dans une moindre mesure : 13,1 % pour les bovins, 7,1 % pour les ovins et 3,6 % pour les caprins dans le cas des sous-produits agro-industriels et 34,5 % pour les bovins, 34,4 % pour les ovins et 23,6 % pour les caprins dans le cas des résidus de récolte.

Les fourrages cultivés et les foins par contre sont très faiblement utilisés : moins de 3 % chez les éleveurs de bovins. Les éleveurs d'ovins et de caprins utilisent prioritairement le pâturage naturel et accordent très peu d'intérêt à l'utilisation des fourrages cultivés et du foin.

12 Les données sur les types d'élevage, les sources d'alimentation sont extraites du rapport de la deuxième enquête nationale sur les effectifs du cheptel : Tome II (résultats et analyses) novembre 2004, du Ministère des Ressources Animales, Direction des Etudes et de la Planification.

41

III.3.3. Les autres activités

En plus de l'agriculture et de l'élevage, les habitants de la région exercent d'autres activités telles que l'artisanat, l'orpaillage et le commerce.

L'artisanat pratiqué est un artisanat utilitaire (poterie, tissage, forge). L'orpaillage est une activité récente qui occupe la population surtout en saison sèche. En effet, ces dernières années ont connu une prolifération dans la zone, de sites aurifères comme ceux de Bouda, Bouboulou, Nagséné au Passoré et ceux de Broba, Bouro, Goko, Thiou. L'exploitation de ces sites est traditionnelle. Les orpailleurs creusent à la main des trous pouvant atteindre 40 mètres de profondeur. Le minerai est pilé, tamisé et lavée à l'eau pour en extraire l'or en paillette ou en poudre.

Le commerce est constitué de petites activités comme la vente des noix de cola, des céréales et d'articles manufacturés divers.

III.4. La gestion et l'exploitation du domaine foncier

Dans le degré carré de Ouahigouya, les paysans interrogés affirment pour la plupart (70 %) n'avoir jamais entendu parler des nouvelles dispositions statutaires de la RAF. Les familles exercent leur droit de propriété sur des parcelles en culture ou en jachère, mais surtout sur des terres ayant appartenues à des parents plus ou moins éloignés. Le paysan à la recherche d'une nouvelle terre, en fait la demande aux autorités coutumières, principalement au chef de terre (Tengsoaba en mooré).

III.4.1. Le nombre et le type de parcelles exploitées par ménage

Le nombre de parcelles exploitées par ménage est souvent fonction de l'importance de la force de travail. Cette force est tributaire de trois principaux facteurs qui sont : le matériel de travail, le nombre d'actifs et l'âge de l'agriculteur (chef de ménage). Nous distinguons deux types de ménages suivant le nombre de parcelles cultivées.

- Les ménages exploitant une ou deux parcelles de culture représentent 10,7 % des ménages. On retrouve dans ce groupe, les personnes exerçant des activités secondaires comme le petit commerce, l'artisanat, etc. Les champs de case et les jardins de case sont exploités de façon continue, sans jachère.

- Les ménages exploitant trois parcelles de culture et plus nécessitent la personnalité ou la capacité du chef de ménage et un nombre d'actifs important (5 à 10 personnes). Sur les champs de brousse, on cultive le sorgho blanc et le mil. Les paysans qui ont les moyens y pratiquent également les cultures de rente comme le sésame et le riz.

Le soin que le paysan apporte aux différents champs décroît en fonction de la distance entre ceux-ci et la concession. Les champs de case bénéficient généralement d'aménagement (cordons pierreux) et d'un apport en fumier. Ils sont par conséquent les plus productifs.

42

Tableau n° 2 : Type de ménage en fonction du nombre de parcelles exploitées

Taille du
ménage

Parcelles exploitées

Total

Jardin de
case +

champs de
case +

champs de
brousse

Champs
de case +
champs
de
brousse

Jardin de case + champs de case

Jardin de
case +
champs
de
brousse

Champs
de

brousse

1 à 5

32

3

1

1

1

38

5 à 10

66

3

3

 

2

74

10 à 15

28

 

1

 

1

30

15 à 20

6

 
 
 
 

6

20 et plus

2

 
 
 
 

2

Total

134

6

5

1

4

150

Pourcentage

89,33 %

8 %

2,66 %

100 %

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

Le tableau n° 2 ci-dessus montre que la grande majorité des paysans de la zone d'étude possèdent trois parcelles d'exploitation. En effet, 89,33 % des paysans possèdent trois parcelles contre 8 % qui possèdent deux parcelles et 2,66 % qui possèdent une parcelle de culture. Les ménages de un à quinze personnes sont ceux qui possèdent le plus grand nombre de parcelles à exploiter. Les paysans interrogés affirment exploiter trois parcelles afin de subvenir aux besoins alimentaires familiaux ou extrafamiliaux même en mauvaise pluviométrie.

Le nombre de parcelles exploitées est fonction du droit de terre. L'attribution des parcelles est fonction des terres disponibles et des liens qui lient le demandeur à celui qui attribue la terre. C'est le cas des personnes exploitant une ou deux parcelles. Celles exploitant plus de deux parcelles sont des propriétaires terriens.

III.4.2. La durée de la mise en valeur

Trois types de parcelles peuvent être distingué à partir des résultats de l'enquête.

- Les parcelles anciennes : ce sont des terres cultivées depuis plus de quarante ans, sans jachère (champ de case, jardin de case). Selon les paysans, cette mise en valeur prolongée s'explique par trois principaux facteurs: le manque de terres cultivables, la fertilité de certains sols (bas-fonds) et plus récemment, les aménagements (cordons pierreux) ;

- Les reprises de jachère : après une mise en valeur de cinq à sept saisons consécutives, les champs sont laissés au repos durant deux à quatre ans, voire six ans. La courte durée de la jachère s'explique par la faiblesse des superficies exploitées. Le tableau n° 3, présente les durées de jachère dans la zone. On constate que 32 % des paysans enquêtés pratiquent une jachère de deux à quatre ans, tandis que 24,7 % pratiquent une jachère de quatre à six ans. Les jachères de dix ans et plus, soit 8 %, sont observées dans la province du Sourou. Les paysans affirment qu'ils exploitent plusieurs parcelles, ils peuvent donc laisser une parcelle sans l'exploiter pendant plusieurs années. Cette longue durée de jachère est également observée dans le Yatenga (Bidi) où la pauvreté des sols requière une longue jachère (propos de paysans). Les paysans affirment qu'il faut une longue jachère pour que ces sols puissent récupérer et être à nouveau productif. L'enquête réalisée nous révèle également que 20 % des agriculteurs ne pratiquent pas de jachère. Ils ne possèdent pas suffisamment de parcelles pour le faire.

43

Tableau n° 3 : Durée des jachères

Duré de
jachère

Province

Total

Pourcentage

(%)

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Pas de
jachère

4

4

 

12

10

30

20,0

1 à 2 ans

1

 

1

3

14

5

3,3

2 à 4 ans

6

6

3

19

9

48

32,0

4 à 6 ans

2

4

5

17

1

37

24,7

6 à 8 ans

1

1

1

4

1

8

5,3

8 à 10 ans

1

 

7

2

 

10

6,7

10 ans et
plus

 
 

3

8

1

12

8,0

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

- Les parcelles récentes: elles regroupent les terres qui sont mises en valeur depuis moins de dix ans. Ce sont généralement les champs de brousse dont la durée de mise en valeur est révélatrice d'une insuffisance de terres cultivables. Le tableau n° 4 ci-dessous montre que 14,7 % des personnes enquêtées exploitent de nouvelles parcelles depuis deux ans et 10,7 % depuis un an. Cependant 57,3 % des enquêtés ne possèdent pas de parcelles récentes.

Tableau n° 4 : Parcelles récentes

Parcelles
récentes

Province

Total

Pourcentage

(%)

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

0

6

12

11

35

22

86

57,3

1 an

1

 

2

9

4

16

10,7

2 ans

3

2

1

9

7

22

14,7

3 ans

2

 

3

3

1

9

6,0

4 ans

1

 

2

1

 

4

2,7

5 ans

1

1

 

1

 

3

2,0

6 ans

1

 
 

3

1

5

3,3

7 ans

 
 
 

4

 

4

2,7

8 ans

 
 

1

 
 

1

0,7

autres

 
 
 
 
 
 
 

total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007. 0 : pas de nouvelles parcelles.

III.4.3. Le calendrier agricole

Les investigations de terrain, nous ont permis de faire ressortir les principales opérations culturales pour les cultures céréalières (mil et sorgho) de la zone (cf. tableau n° 5, page 45).

44

Les différents travaux agricoles durent huit mois au cours de l'année. On distingue quatre types d'opérations agricoles :

- la préparation des champs : elle concerne le nettoyage, le travail du sol ou labour/scarifiage en traction bovine/asine, la réalisation des trous de zaï. Les travaux sont réalisés à l'approche de la saison pluvieuse (avril-juin). Le nettoyage consiste à débarrasser le champ des touffes de buissons. Ces dernières sont rassemblées en tas et brûlées avec les feuilles mortes. Quant aux labours, ils permettent de briser la croûte superficielle du sol. A ces travaux, s'ajoutent les aménagements des champs avec des ouvrages de CES réalisés entre les mois de février et de juin.

- les semis : ils s'étalent sur un mois (mi-juin à mi-juillet). Cette période est marquée par des poches de sécheresse que les paysans ont du mal à maîtriser. Les cultures principales (mil, sorgho, maïs) sont semées en priorité. Ensuite interviennent les semis secondaires (arachides, voandzou, etc.).

- les travaux d'entretien: l'entretien du champ commence après un semis réussi. Il s'agit du démariage (réduction de la concurrence entre pieds d'un même poquet), du sarclage qui consiste à arracher les végétaux nuisibles et à ameublir la surface du sol. Les paysans effectuent généralement deux sarclages. Le premier a lieu en fin juillet après les semis et le second au cours du stade d'initiation florale. Le labour d'entretien qui intervient en fin août a pour but d'arracher les herbes repoussées, mais aussi de consolider les pieds des cultures. Le paysan fait des tas de terre sous forme de butte aux pieds des céréales. Cette technique permet aux tiges de résister au déracinement lors des vents violents en fin de saison. Mais lorsque le paysan ne peut pas désherber rapidement son champ, il effectue les tas sur les herbes. Ces dernières enfouies constituent de la fumure pour les semis de la prochaine saison.

- la récolte: la période de récolte varie en fonction du cycle végétatif des cultures. La récolte du maïs par exemple, intervient en août - septembre alors que celle du mil se situe entre octobre et novembre voire décembre. Après la récolte, les paysans s'adonnent à d'autres activités : maraîchage, travaux d'aménagement des parcelles, artisanat etc.

45

Tableau n° 5 : Principales opérations culturales

Période

Opération culturale

Objectif et modalité

Type de parcelle

Avril-Juin (2e décade)

Nettoyage/préparation des champs

Nettoyage des champs avant semis en coupant les repousses d'arbustes et brûlant les résidus

Toutes les parcelles.

Juin-juillet (2e décade)

Travail du sol

"Technique de zaï"

Premier semis

Amélioration de l'infiltration de l'eau et contrôle de

l'enherbement à travers le travail manuel du sol ou
labour/scarifiage en traction bovine/asine

Récupération des sols dégradés ; trou (poquet) permettant de capter plus d'eau, et avec fumure localisée (poudrette) ou compost.

Semis en ligne par une minorité d'exploitants équipés et à la main pour le reste.

Dans les parcelles de bas-fond.

Sur les "Zipellé".

Juillet (3e décade)

Semis complémentaire 1erSarclage et démariage

Semis en poquet (grains de mil ou sorgho) associé au niébé. Traitement insecticide et fongicide des semences.

Tous les types de terrain.

Terrains pouvant être sarclés mécaniquement.

Fin juillet, début août (1ère

décade)

2e Sarclage Démariage

Réduction de la concurrence entre les pieds d'un même poquet : un passage commun avec le premier sarclage 10 à 45 jours après levée.

Tous types de terrain.

Fin août - début septembre (1ère

décade)

Labour d'entretient

Ameublissement de la couche superficielle du sol afin de

favoriser l'infiltration de l'eau et l'élimination des jeunes
adventices.

Tous types de terrain.

Au moins sur 80 % des parcelles ensemencées.

septembre - novembre

Récolte

Manuelle.

Toutes les parcelles

Sources : Résultats des enquêtes juillet 2007 Rabdo, A.

46

CONCLUSION PARTIELLE

Les caractéristiques de la zone d'étude ne présentent pas de différences particulières comparativement à la région Nord du pays. Les aspects physiques abordés révèlent un substratum géologique très hétérogène, un climat capricieux et une géomorphologie présentant une surface faiblement ondulée, dominée par quelques buttes témoins tabulaires où émergent des collines. Les sols et la végétation sont sous la dépendance des climats actuels et anciens, mais aussi du modelé et des matériaux sur lesquels ils se sont formés.

Sur le plan humain, il ressort que la zone est peuplée par une mosaïque d'ethnies dont les groupes principaux sont les Mossés, les Foulsés, les Peulhs et Samos. La quasi-totalité de la population est agricole (95 %), et pratique une agriculture essentiellement pluviale et dépendante des conditions climatiques. Le calendrier agricole de la zone est relativement chargé pour les quelques mois d'activités. L'élevage, bien que secondaire, est non moins important et vient en apport aux productions agricoles.

La très forte dégradation des ressources naturelles, du fait des effets conjugués du climat et des actions anthropiques, reste une des contraintes majeures face à laquelle des actions salvatrices ont été entreprises et sont en cours. La forte dynamique érosive qui sévit dans la zone mérite une attention particulière.

47

CHAPITRE DEUXIEME : DESCRIPTION DE L'EROSION

I - NOTIONS DE BASE

I.1. Définition de l'érosion

Le dictionnaire de la géographie de Pierre GEORGES (1984), à sa page 166 définit l'érosion comme étant : «l'ensemble des phénomènes extérieurs à l'écorce terrestre (phénomènes exogènes) qui contribuent à modifier les formes créées par les phénomènes endogènes (tectonique et volcanisme)».

Cependant, l'érosion pourrait être défini comme étant, l'ensemble des processus qui président à l'ablation au transport, au dépôt et à la cimentation des matériaux13. On distingue deux principaux types d'érosion que sont : la désagrégation mécanique et l'altération.

I.1.1. La désagrégation mécanique

Elle s'exerce de différentes manières en fonction de la température de l'eau et du vent.

- La thermoclastie : ce processus de désagrégation mécanique consiste en la destruction des matériaux rocheux sous l'effet de nombreuses et importantes variations quotidiennes de températures (plusieurs dizaines de degrés Celsius par jour). Ces brusques variations de températures, entraînent la desquamation (l'écaillage en minces feuillets) et la fragmentation des roches. L'exfoliation en dalles (plus de 1 m d'épaisseur) des roches, a été longtemps considérée comme étant liée à la thermoclastie. Des recherches faites par MIETTON M. et SANOU D.C, ont révélé que celle-ci est liée à des phénomènes de détente de la roche.

- L'abrasion : les agents de transport, contribuent aussi à détruire sur place les roches. Il s'agit d'une désagrégation mécanique originale due au travail d'usure exercée par les débris transportés par l'eau et le vent ;

- L'érosion hydrique : correspond à l'arrachement et au transport des terres par l'eau de ruissellement et les cours d'eaux.

- L'érosion éolienne est l'enlèvement et le transport des particules de terre ou des grains de roches hétérogènes par le vent.

I.1.2. L'altération

La désagrégation mécanique prépare le travail pour l'attaque chimique en multipliant les surfaces de contact entre la matière minérale et l'air ou l'eau, principaux agents de la destruction chimique. L'altération produit principalement des débris fins : des sables, des arènes, des argiles. L'eau est le principal agent entrant dans les mécanismes d'altération.

L'érosion hydrique et/ou éolienne, considérée comme des processus de désagrégation mécanique, est à la base de la dégradation des terres cultivables dans notre zone d'étude. Ces deux processus dépendent d'un certain nombre de facteurs, dont les activités agricoles et les déboisements.

13 D.C. SANOU. 2005.

48

I.2. Les facteurs de l'érosion hydrique et éolienne

L'érosion des terres cultivables de la zone d'étude est tributaire de cinq principaux facteurs que sont : la végétation, la pente, la nature du sol, la pluie et le travail du sol.

I.2.1. La végétation

Le couvert végétal est le premier facteur déterminant de l'érosion pluviale. Le feuillage des ligneux et des graminées amortit l'impact des gouttes d'eau sur le sol. L'absence ou la faiblesse de la couverture végétale favorise et accélère le ruissellement. Les sols sont par conséquent exposés à une dégradation, donc à l'érosion.

La description de la végétation de notre zone d'étude, la classe parmi les zones à faible couverture végétale, surtout sur les versants et les glacis, où la végétation est souvent clairsemée. Les parcelles de culture localisées à ces endroits sont soumises à une érosion très intense. La destruction de la litière par les feux accroît également le ruissellement des eaux. La végétation apporte donc au sol la matière organique et le protège contre l'impact des gouttes de pluie et la déflation éolienne.

I.2.2. La pente

La pente est un élément déterminant dans l'évolution de la nature de l'érosion. Plus la pente est forte, plus le ruissellement est intense et érosif. Les glacis de la zone ont des pentes faibles. Mais ces pentes sont particulièrement très longues dans le Zondoma et dans le Yatenga. La longueur conjuguée à la faible couverture végétale expose le sol à une forte érosion. De grandes quantités d'eau ruissellent sur ces champs et causent des dégâts (décapage, ravinement).

I.2.3. La nature du sol

Les caractéristiques chimiques et surtout physiques des sols, ont une importance considérable dans leur résistance à l'érosion. Les lithosols et les sols peu évolués possèdent une texture sableuse à sablo-argileux très gravillonnaire, avec une résistance moyenne au travail du sol. Ils ont une faible épaisseur qui les prédispose à l'érosion. L'horizon superficiel meuble, de quelques centimètres, s'engorge rapidement. La grande partie de l'eau de pluie se met à ruisseler intensément. D'autre part, leur texture gravillonnaire les expose plus à l'érosion éolienne. Les matériaux fins sont emportés par le vent et même les éléments grossiers. Seuls les éléments grossiers restent sur place.

Les sols évolués ont par contre une structure fine avec une forte proportion d'argile. Ils ont une structure cohérente et présentent une faible perméabilité qui amène l'eau à ruisseler plutôt qu'à s'infiltrer. Ces sols sont assez sensibles à l'érosion hydrique. Mais les sols vertiques ont une susceptibilité à l'érosion, inférieure à celle des sols ferrugineux tropicaux lessivés qui ont une texture superficielle sableuse à sablo-argileuse et en profondeur une texture argilo-sableuse.

Les sols très sableux sont peu sujets à l'érosion hydrique. Ils sont plus sensibles aux remaniements éoliens.

49

I.2.4. La pluie

Les pluies qui tombent sur le degré carré de Ouahigouya sont agressives. Cela s'explique d'une part, par la courte période de la saison des pluies (3 à 4 mois), et d'autre part, par les averses qui sont le plus souvent de courte durée avec de fortes intensités. Nous distinguons trois types de pluies selon la classification de MIETTON M, 1981 et SANOU D.C. 1984 (les différentes descriptions des types de pluies sont extraites du cour «processus géomorphologiques actuels» de D.C. Sanou) :

- Les pluies du type I : elles se caractérisent par leurs courtes durées et leurs faibles hauteurs (voir figure n° 1). Ce sont des averses qui présentent une forte intensité au début et à la fin de la pluie. Ce type de pluie est fréquent en début et en fin de saison des pluies. En début de saison des pluies, il s'abat brusquement sur un sol généralement peut couvert, entraînant des conséquences morphologique important surtout dans le détail.

- Les pluies de types II : elles sont moins intenses que les précédentes. L'analyse de leur pluviogramme (voir figure n° 2) fait ressortir une première portion semblable au type I puis une deuxième portion. Cette dernière se présente sous la forme d'une traîne d'allure variable mais étalée sur plusieurs heures. C'est un type d'averse caractéristique de la pleine saison des pluies (août). Elles sont favorables aux processus pédogénique par infiltration.

- Les pluies du types III : il s'agit de pluie composite à plusieurs maxima d'intensité au cours d'une même averse. C'est un type de pluie fréquent en pleine saison des pluies. Ce type est très important dans la naissance et le développement des processus morphogéniques, surtout au niveau du façonnement des berges.

- Les pluies du types IV : s'observent en fin de saison pluvieuse (septembre). Elles sont de longue durée (3 à 4 heures) avec une intensité très faible (voir figure n° 3). Sur le plan de la dynamique actuelle, les pluies du type IV sont favorables au processus pédogénique. Celle du 27 septembre 2006, donne selon la formule de WISCHMEIER, un indice d'agressivité (R) égal à 1,64.

- Les pluies du types IV bis : elles ont une très forte intensité. Ce sont des averses généralement inférieures à 10 mm de hauteur. Elles sont de courte durée (30 mm). Il s'agit d'un type peu caractéristique d'une période de la saison des pluies. Sur le plan de la dynamique actuelle, les pluies du type IV bis sont également favorables au processus pédogénique.

50

Figure n° 1 : Pluie de type I (Ouahigouya - 20 Juin 2006)

Source : Direction National de la Météorologie Mai 2007 Rabdo, A.

Hauteur d'eau = 28 mm Indice de WISCHMEIER (R) = 23,30 UA

Indice d'érosion spécifique (R') = 23,65 UA Energie cinétique = 89890 j/m2

Figure n° 2 : Pluie de type II (Ouahigouya - 22 Août 2006)

Source : Direction National de la Météorologie Mai 2007 Rabdo, A.

Hauteur d'eau = 39 mm Indice de WISCHMEIER (R) = 31,06 UA

Indice d'érosion spécifique (R') = 32,82 UA Energie cinétique = 85064 j/m2

51

Figure n° 3 : Pluie de type IV (Ouahigouya - 29 Septembre 2006)

Source : Direction Nationale de la Météorologie Mai 2007 Rabdo, A.

Hauteur d'eau = 7,9 mm Indice de WISCHMEIER (R) =1,5 UA

Indice d'érosion spécifique (R') = 1,48 UA Energie cinétique = 12981 j/m2
I.2.5. Le travail du sol

Dans le degré carré de Ouahigouya, la daba est l'outil de travail le plus répandu pour les travaux de préparation du sol. La profondeur des labours reste cependant faible (inférieur à 5 cm). La croûte de battance est brisée, mais la faible profondeur du labour limite l'infiltration des eaux de pluie. L'érosion augmente car l'eau tombée ne s'infiltre que dans une faible proportion et le ruissellement s'intensifie. L'infiltration des eaux de pluie est améliorée par la destruction de la pellicule de battance dû aux sarclages. Cependant, on constate une augmentation de l'érosion si les cultures occupent mal le sol.

La charrue à traction asine ou bovine et le tracteur permettent des labours plus ou moins profonds. Ils favorisent une meilleure infiltration des eaux. Cependant, le soc de la charrue ou du tracteur doit tenir compte de la profondeur des sols. En effet, sur des sols peu évolués, les labours ne doivent pas dépasser 10 cm de profondeur. Dans le cas contraire, la roche mère est vite atteinte, et tout l'horizon A peut être emporté par le ruissellement. Dans le cas où les labours sont pratiqués dans le sens des courbes de niveau, on observe une réduction de l'érosion. Or cela n'est presque jamais le cas dans la zone.

I.2.6. Les causes anthropiques

La pression démographique dans la zone a entraîné des modifications profondes des modes et d'utilisation des ressources naturelles et de l'espace rural. Ces perturbations anthropiques entraînent la raréfaction de la végétation, la dégradation des sols et la perturbation du régime hydrique des sols.

52

Afin de satisfaire des besoins de plus en plus importants en bois, les coupes d'arbres, d'arbustes et les ébranchages se font à un rythme trop élevé pour que se reconstituent les réserves (cf. planche photographique n° 2, photo n° 1 page 55). Cela entraîne en définitive, la disparition progressive du couvert végétal, laissant la place à des savanes ou steppes et à un sol plus exposé à l'érosion. Les feux de brousse répétés peuvent avoir des effets érosifs importants.

I.3. Les processus d'érosion I.3.1. L'érosion hydrique

L'érosion hydrique naît des suites de la diminution du recouvrement du sol par les végétaux. Elle entraîne des pertes plus ou moins importantes de sol et d'éléments nutritifs qui vont se concentrer dans les bas-fonds. L'accroissement du ruissellement est l'une des principales causes de l'érosion hydrique.

I.3.1.1. L'érosion pluviale

Elle est due à l'action directe des gouttes de pluies sur le sol. Ces gouttes d'eau martèlent le sol nu ou peu couvert. L'impact de ces gouttes fait éclater les agrégats et déplacent les particules qui se déposent plus ou moins loin de l'endroit du choc. C'est ce qu'on appelle "'effet splash" ou érosion pluviale (voir figure n° 4). Il provoque un tassement des particules et la formation d'une croûte à la surface. La structure fragmentaire des sols est transformée en structure massive. L'érosion pluviale est maximale dans les régions à sol dépourvu de végétation.

Figure n° 4 : Etapes successives de l'effet splash

Source : Rochette, R.M. 1989 Septembre 2007 Rabdo, A.

I.3.1.2. Le décapage pelliculaire

Dès que le sol n'est plus en mesure d'absorber l'eau qui tombe, le ruissellement commence. Lorsque les chemins empruntés par l'eau correspondant à des sortes de "filets", on parle de ruissellement diffus. Cependant, si le ruissellement est en large front sous forme de "rouleau", on parle de ruissellement en nappe. Selon le cas, le ruissellement correspondra à un type donné d'érosion.

53

Le décapage pelliculaire est donc l'action érosive du ruissellement en nappe et du ruissellement diffus. On distingue deux principales formes de décapages pelliculaires14.

- Le décapage pelliculaire généralisé : il est tributaire du ruissellement en nappe et est caractérisé par une ablation uniforme des fines à la surface du sol. Toutes les aspérités du sol sont atteintes par ce type d'érosion. Les marques de ce type d'érosion sont peu visibles. La couche superficielle diminue d'épaisseur et ce sont les éléments les plus fins et les plus fertiles qui sont emportés. On observe à la surface du sol une ablation presque homogène et de faible intensité.

- Le décapage pelliculaire localisé : ce type est lié au ruissellement diffus et parfois au ruissellement dit en rigoles. Il se manifeste par une ablation qui ne concerne pas toute la surface du sol. En effet, certaines aspérités du sol ne sont pas atteintes par ce type d'érosion dont la manifestation la plus forte se situe au niveau des zones de concentration des eaux (cf. planche photographique n° 2, photo n° 2, page 55).

Le décapage pelliculaire s'observe dans les zones à pente assez faible et surtout à très petites lignes de partage des eaux. Il dégage des entailles assez larges mais peu profondes (inférieures à 30 cm). Celles-ci peuvent évoluer en rigoles si rien n'est entrepris.

I.3.1.3. L'érosion régressive

Elle est le plus souvent tributaire du ruissellement concentré. L'érosion régressive se présente sous trois principales formes : l'érosion en rigoles, l'érosion ravinante et l'érosion des berges des cours d'eau.

- L'érosion ravinante : elle est à l'origine des profondes dissections dans les terres et prennent le nom de ravine. L'érosion ravinante intéresse la couche arable et les couches les plus profondes jusqu'à la roche mère. L'érosion ravinante est le processus de mise en place des ravines. La taille des ravines est de 1,5 mètres à plusieurs dizaines de mètres de large (cf. planche photographique n° 3, photo n° 1 page 56).

- L'érosion en rigoles : cette forme contribue à l'accentuation des dépressions naturelles dues aux ruissellements de surface. La concentration des eaux sur les accidents de surface est le facteur déterminant de l'érosion en rigole. A la faveur de la pente, les filets d'eau trouvent un chemin d'écoulement et creusent de petits canaux ou griffes qui se rassemblent en rigoles. Les rigoles sont souvent invisibles à l'oeil nu sans ruissellement. L'érosion dite par rigole façonne le relief et attaque le sol jusqu'à l'horizon B. les rigoles se transforment alors en ravines.

- L'érosion des berges des cours d'eau : cette érosion est à la base des fortes incisions que connaissent la plupart des cours d'eau (cf. planche photographique n° 3 photo n° 2 page 56). Elle ronge les berges et favorise leur recul par la chute de masse de terre (éboulement).

L'accroissement du ruissellement demeure l'une des principales causes de l'érosion hydrique. L'intensité du ruissellement dépend des caractéristiques naturelles : régime pluviométrique, topographie des sols mais aussi de facteurs directement liés aux activités humaines et en particulier aux modes de culture.

14 SANOU D.C., 2005, cours : processus géomorphologiques Actuels.

54

Figure n° 5 : Processus général de l'érosion hydrique des sols

Régime pluviométrique

Topographie

Taux de couverture du sol

Déstructuration et compaction du sol

Taux de matière organique du sol

Infiltration

Ruissellement

Erosion hydrique

Source : P.JOUVE.200215

15 Lutte conte la désertification dans les projets de développement. Mai 2002, Ouvrage collectif

coordonné par Philippe JOUVE, Constance CORBIER-BARTHAUX, Antoine CORNET. Editions MIMOSA, 158 P.

55

Planche photographique n° 2 : Déboisement et décapage pelliculaire localisé

Photo n° 1 : Action anthropique de l'érosion : déboisement à Toubyego / Boussou

Rabdo, A. Mars 2007.

Pour la réalisation d'un nouveau champ, les paysans procèdent à un abattage des arbres et arbustes. Un déboisement qui ne respecte pas très souvent les normes des directions provinciales de l'environnement. Comme on le constate sur la photographie, parmi les espèces abattues on a Acacia nilotica en premier plan de la photo.

Photo n° 2 : Erosion hydrique : décapage pelliculaire localisé à Nodin / Thiou

Rabdo, A. Mars 2007.

Le décapage pelliculaire localisé, entraîné par le ruissellement a provoqué une incision sur le glacis. Le fond de cette incision est parsemé d'herbacé tel que Pennisetum pedicellatum.

56

Planche photographique n° 3 : Erosion ravinante et érosion des berges

Photo n° 1 : Erosion hydrique : érosion ravinante (ravine) à Lougouri / Oula

Rabdo, A. Mars 2007.

L'érosion régressive a mis à nu la surface cuirassée, et entraîné un élargissement des berges de la ravine.

Photo n° 2 : Erosion hydrique : érosion des berges (ravin) à Ouahigouya

Rabdo, A. Septembre 2007.

Cette prise de vue montre une érosion des berges provoquées par le ruissellement. Les berges sont rongées progressivement, ce qui provoque un élargissement de la ravine.

57

I.3.2. L'érosion éolienne

L'érosion éolienne, bien que moins spectaculaire que l'érosion hydrique, est une forme de dégradation qui a tendance à s'accroître avec l'accentuation de l'aridité. Comme dans le cas de l'érosion hydrique, elle comporte, elle aussi, une phase d'abrasion en amont et une phase d'accumulation en aval.

Elle provoque un tri sélectif des matériaux déplacés, en entraînant préférentiellement les particules les plus fines du sol. Ces fines particules sont transportées en suspension. Ce processus affecte à la fois les caractéristiques physiques mais aussi chimiques et biologiques des sols. Les sols les plus exposés à ce type d'érosion sont les sols meubles et secs dont les agrégats sont de faibles dimensions (diamètre = 0,84 mm). Les sols sableux sont, par conséquent, les plus sensibles, dès lors qu'ils sont peu couverts par la végétation.

II- LES DIFFERENTS TYPES D'EROSION À LA PARCELLE

Les formes d'érosion à l'échelle de la parcelle sont celles qui touchent les espaces cultivés. Pour mieux appréhender le phénomène, nous avons fait des observations sur les parcelles en fonction de leur position topographique.

II.1. les parcelles d'érosion II.1.1. Les parcelles sur glacis

Ces parcelles (cf. tableau n° 6, page 58) concernent les champs de culture localisés sur les glacis d'érosion et glacis d'accumulation (41,3 %). Elles sont les plus soumises à l'érosion. L'importance des défrichements, la largeur et la faiblesse des pentes sont autant d'éléments favorables.

On observe sur le terrain des espaces isolés caractérisés par l'absence de végétation et le phénomène de l'encroûtement. Dans les champs, ces espaces sont le plus souvent aménagés en cordons pierreux, zaï, paillage ou en demi-lune. Lorsqu'ils ne le sont pas, alors ils ne portent pas de cultures. Le phénomène est très développé dans les champs situés sur les glacis d'érosion.

La fumure organique et la paille répandues par les paysans sont emportées par les eaux qui coulent en nappe. Sur la parcelle, il ne reste que quelques petits tas de fumure ou de paille surtout retenus par les pieds non brûlés des cultures de mil et de sorgho. Ces débris sont également retenus par les ouvrages de cordons, trous de zaï, demi-lunes, etc. le décapage laisse en surface de petits dépôts de sable fin appelés micro-bancs, et de gravillons. Il contribue à mettre à nu les cuirasses et les affleurements rocheux.

Certains paysans affirment que la formation de certaines ravines sur ces parcelles, s'est faite suite à la mise en culture. D'après SANOU D.C. (1984), ce type de ravine est dit "artificiel". Sa formation est liée à l'action anthropique.

L'élargissement des ravines et se traduit par l'éboulement des berges et le déchaussement des arbres situés en bordure, les éboulements se faisant au détriment des terres cultivables.

58

L'érosion éolienne est très importante en saison sèche. Le transport de la fumure organique répandue et l'accumulation du sable à l'aval des dispositifs de lutte anti-érosifs constituent les marques visibles de l'action du vent. Les glacis d'érosion restent les plus prédisposés à la déflation éolienne.

L'importance de l'érosion sur les glacis explique la présence et la diversité des ouvrages anti-érosifs sur les parcelles de culture : la complexité du phénomène est telle qu'une seule technique ne peut en venir à bout.

II.1.2. Les parcelles sur les versant

Ce sont les champs situés sur les versants des collines et de certaines buttes. Elles représentent 18 % de l'ensemble des champs. Le décapage pelliculaire est très présent sur ces parcelles. Les versants sont parsemés de galets et de cailloux qui empêchent la concentration des eaux. On observe un dépôt de gravillons ferrugineux sur les versants des buttes, et de débris rocheux sur les collines. Les eaux de ruissellement transportent les matériaux fins. Les parcelles présentent un aspect caillouteux. L'absence du couvert végétal sur ces versants les expose parfois à la déflation éolienne. Des aménagements tels que les cordons pierreux sont réalisés sur place, à partir des moellons qui parsèment le versant.

II.1.3. Les parcelles de bas-fond

Elles représentent 22,7 % de l'ensemble des parcelles. Les signes d'érosion sont faiblement identifiables dans les champs de bas-fond. La présence des digues et diguettes en terre dans ces parcelles répond surtout à un besoin de concentration de l'eau pour la culture du riz ou du maÏs.

Des études menées par SANOU D.C (1981) et le projet Défense et Restauration des Sols (1982) dans la zone (Sirgui/Namentenga), ont montré que l'érosion est plus forte sur parcelle traditionnelle que sur parcelle aménagée en cordons pierreux et en bourrelets anti-érosifs.

Tableau n° 6 : Localisation topographique des parcelles de culture

ProvinceLoroum

Localisation

 

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcentage

(%)

0

 
 

2

1

3

6

4,0

Sur les versants et dans les bas-fonds

1

1

 

6

4

12

8,0

Sur les versants et dans les bas de pente

 
 
 

5

 

5

3,3

Sur les glacis et dans les bas-fonds

 
 

1

2

1

4

2,7

Sur les versants

 
 

6

20

1

27

18,0

Sur les glacis

10

7

7

20

18

62

41,3

Dans les bas-fonds

4

7

4

11

8

34

22,7

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007. 0 : pas de parcelles.

59

Le tableau indique que la majorité des paysans de la zone d'étude, on leurs parcelles de culture sur des glacis (41,3 %). Les parcelles de bas-fonds se situent en seconde position (22,7 %), avant les parcelles sur versant (18 %). Seulement, 18 % des paysans ont des parcelles à la fois sur deux positions topographiques différentes.

II.2. Les conséquences

La destruction des propriétés physiques des sols et l'évacuation des éléments fertilisants sont lourds de conséquences. Elles sont à l'origine de la baisse de la fertilité des sols. Le décapage progressif des couches arables entraîne une baisse de la production et l'accroissement des superficies cultivées.

II.2.1. La dégradation du sol

L'existence de nombreux affleurements de cuirasse illustre bien l'importance de la dégradation des sols dans la zone d'étude. La formation des cuirasses se fait à faible profondeur et elles affleurent à la suite du décapage de l'horizon superficiel meuble.

L'intensité de l'impact des gouttes de pluies sur le sol s'accroît avec la destruction du couvert végétal, et les brûlis dans les champs.

La formation de zones dégradées appelées "zipella16" (zipellé au singulier) en mooré est fréquente. Dans ces zones, l'infiltration des eaux reste très faible et le ruissellement devient intense. Le ruissellement des eaux sur les terres s'accompagne d'un transport des éléments meubles et fertilisants. Cela se traduit par un amincissement de l'horizon superficiel du sol pouvant aboutir à son décapage quasi complet. On observe parfois l'apparition d'éléments grossiers en surface.

Les sols se dégradent rapidement. Les éléments fins disparaissent et l'épaisseur de la couche arable diminue.

II.2.2. La baisse de la production

Dans notre zone d'étude, la perte des éléments fertilisants et des particules meubles des sols a un impact sur la production agricole. Les végétaux se raréfient et la possibilité des sols de constituer un horizon humifère est réduite. Les rendements restent très faibles, car les cultures ont du mal à se développer.

Les techniques culturales traditionnelles prédisposent les sols à une érosion accélérée. Les terres nouvellement mises en exploitation sont donc soumises à l'érosion. Au fil des ans, les terres connaissent une baisse de leur productivité. La jachère pratiquée est de courte durée. Au bout de deux à trois ans de repos, les parcelles sont remises en culture. Cette jachère intervient souvent tardivement et sa durée ne permet pas parfois aux sols de récupérer. L'alimentation des plantes cultivées se trouve alors menacée. Les plantules de sorgho et de mil subissent un déracinement en début de saison des pluies.

16 Les zipella sont à l'origine, des sols ferrugineux tropicaux ayant subi une érosion importante qui a entraîné l'horizon (A) de surface, contenant la grande partie de la matière organique. L'horizon sous-jacent, plus riche en argile, à tendance à se colmater avec le passage des eaux de ruissellement. Plus le colmatage est important, plus le ruissellement est intense et moindre est l'infiltration.

60

La baisse de la production agricole, suite à la dégradation des sols, démontre la nécessité d'entreprendre des actions de lutte anti-érosive. Toute chose qui, si elle est bien appliquée, pourrait réduire l'érosion et augmenter la production agricole.

II.2.3. L'augmentation des surfaces cultivées

La baisse du rendement d'une parcelle pousse le paysan à accroître la superficie cultivée. C'est le cas à Kiembara, où un paysan nous dit : «Si mon champ est épuisé ou s'il ne produit plus assez comme avant, j'occuperais l'espace que je n'est pas encore touché».

L'extension des superficies s'observe surtout au niveau des champs de brousse. Selon les paysans, cette stratégie leur permet d'augmenter leur production. Mais au bout de deux ou trois ans d'exploitation, ils reviennent à la situation de départ. La disparition au fil des ans des éléments fertilisants oblige le cultivateur à étendre de nouveau son champ ou dans certains cas de figure, à défricher un autre espace pour en faire un nouveau champ. Cette pratique n'est pas compatible avec le contexte actuel de gestion rationnelle des ressources naturelles. Elle se fait au détriment des réserves disponibles (cf. planche photographique n° 4, photo n° 1 page 69).

61

CONCLUSION PARTEILLE

Les érosions hydrique et éolienne sont à la base de la dégradation des terres dans le degré carré de Ouahigouya. Les effets de ces deux processus d'érosion dépendent d'un certains nombre de facteurs que sont la végétation, la pente, la nature du sol, la pluie, le travail du sol et l'action anthropique.

L'érosion éolienne, même si elle n'est pas d'une ampleur considérable, reste cependant un facteur de dégradation des ressources naturelles de la zone d'étude.

Les parcelles sur glacis qui représentent la grande majorité des surfaces cultivées restent les plus exposées aux processus d'érosion. Cela a pour conséquence la dégradation du sol, la baisse de la production agricole et l'augmentation des surfaces cultivées dans le degré carré de Ouahigouya.

L'extension des superficies cultivées apparaît comme étant l'une des conséquences de l'érosion sur les parcelles de culture.

62

CHAPITRE TROISIEME : PERCEPTION PAYSANNE DE L'EROSION

Pour les agriculteurs, la terre constitue le premier capital de production. Ils accordent donc une attention à sa protection. De ce fait, l'érosion des terres cultivables n'échappe pas à leurs observations. Les paysans perçoivent le phénomène de l'érosion à travers ses causes et ses conséquences.

I - LES CAUSES DE L'EROSION DES SOLS

Pour les paysans, la dégradation des sols suite à l'érosion est due à deux principales causes que sont : la destruction du couvert végétal, la pluie. A cela, il faut ajouter l'influence de la pente.

I.1. La destruction du couvert végétal

Malgré les actions jugées néfastes pour l'environnement (déboisement, désherbage, feu de brousse, surpâturage, etc.), les populations locales restent conscientes du rôle joué par le couvert végétal dans la protection du sol. Les feuilles des arbres et les herbacées qui tombent se décomposent et donnent de la litière qui fertilise le sol. La lenteur de ce processus de décomposition souligné par les paysans, les pousse à la pratique du brûlis (feu de brousse). Cette pratique du brûlis donne de la cendre qui se mélange rapidement à la terre.

Les paysans sont cependant unanimes à reconnaître que les feux non contrôlés détruisent la végétation environnante. L'érosion devient alors importante dans la zone détruite.

Les paysans affirment qu'après une pluie, le ruissellement est intense dans les zones nues, et le transport de matériaux (terre et matière organique) y est important. Le tableau n° 7 donne une estimation du ruissellement dans les parcelles de culture. Ils justifient cette situation par l'absence du couvert végétal qui retient le sol.

Tableau n° 7 : Estimation du ruissellement par les paysans sur les parcelles de culture

ProvinceLoroum

Estimation

 

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcentage

(%)

Aucun

 
 

2

1

3

6

4,0

forte

9

8

8

39

9

73

48,7

moyenne

6

7

10

25

23

71

47,3

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

Le tableau montre que, 96 % des paysans de la zone d'étude, estiment que le ruissellement est fort ou moyen sur leurs parcelles de culture. Le ruissellement apparaît donc comme un facteur majeur dans le processus d'érosion des parcelles de culture dans la zone. Cependant, 4 % d'entre eux affirment ne pas observer de ruissellement sur leurs parcelles.

63

Les paysans ont compris depuis longtemps l'importance du couvert végétal qui stabilise le sol et ralentit le ruissellement grâce à son système racinaire. Ils épargnent les herbacées (Andropogon gayanus), lors des travaux de défrichement et de préparation des champs. Les herbes sont laissées autour de la parcelle ou sur les passages d'eau. Le rôle que joue les herbacées est bien perçu par les paysans. Ils affirment que le tapis herbacé freine le ruissellement et le transport de terre. Son absence accélère le processus d'érosion. 61,3 % des paysans enquêtés affirment planter Andropogon gayanus dans leur champ pour ralentir le ruissellement et aussi pour servir de limite entre deux parcelles voisines. Tandis que 22 % disent que Andropogon gayanus est planté ou même pousse naturellement dans leurs champs (cf. tableau n° 8).

Cette herbacée, en plus du rôle de CES qu'il joue, est utilisé pour la confection des toits en chaume, des nattes, etc.

Le couvert végétal joue donc un rôle important dans l'infiltration des eaux de pluie. Il réduit le ruissellement et l'intensité de l'impact des gouttes d'eau sur le sol. Conscientes de ce rôle, les populations s'organisent pour le conserver. Les feux de brousse et la coupe abusive du bois commencent à être contrôlés par les populations.

Tableau n° 8 : Présence de Andropogon gagnanus dans les champs

Province

Présence

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcen- tage (%)

Pourcen-
tage
cumulé

Planté

14

15

9

30

24

92

61,3

61,3

Poussé

naturellement

1

 

11

13

 

25

16,7

78,0

Les deux

 
 
 

22

11

33

22,0

100,0

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

 

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

I.2. La pluie

Le rôle de la pluie est perçu à travers l'impact de l'eau qui tombe et à travers l'action du ruissellement. Mais, lorsque le sol est non protégé, on assiste à des pertes en terre qui, selon leur ampleur peuvent compromettre la production.

Les paysans enquêtés reconnaissent unanimement l'agressivité des premières averses (cf. tableau n° 9, page 64). Ils affirment que ce sont les pluies et les vents du début de saison pluvieuse (33,3 % des enquêtés) qui cause le plus de dégâts lorsque le sol est dénudé. Cela est bien perçu par les paysans à travers deux constats :

- L'apparition des zippella. Ces sols dégradés ne peuvent porter de cultures sans aménagement. Les paysans utilisent de la paille pour réduire l'intensité des gouttes de pluies sur le sol, afin de lutter contre le phénomène du zipellé. Cependant, des difficultés dans la pratique de cette technique sont constatées. Après les récoltes, 93,3 % des paysans ramassent les tiges contre 6,7 % qui ne le font pas. Les paysans affirment que ces tiges sont destinées à l'alimentation du bétail.

Ces tiges servent également de combustible (feu de cuisine) ou à faire de la potasse et des nattes. Le reste des tiges qui sont laissées sur les champs sont réservées aux animaux en divagation. C'est seulement dans quelques rares parcelles que les tiges sont laissées. Les

64

tiges restées sur les parcelles jusqu'à l'approche des travaux de préparation des champs, sont systématiquement brûlées et réduites en cendre, ce qui constitue un fertilisant pour les paysans. Avec les nouvelles techniques (cordons pierreux, zaï amélioré, demi-lune, etc.), les paysans tentent de récupérer les zipella.

- Le transport de terre et de matière organique : les eaux de ruissellement et le vent sont les agents de ces transports. Les paysans constatent des pertes de terre et de fumure après le passage d'une grande pluie ou d'un vent violent. Les techniques utilisées pour y remédier sont restées longtemps peu efficaces. Les nouvelles techniques sont à présent très pratiquées (99,3 % des paysans).

Les pluies de mi-saison ont moins d'impact sur le sol. Les producteurs évoquent le rôle joué par les cultures : elles favorisent l'infiltration des eaux de pluies. Ces pluies sont généralement de faible intensité. Les dernières pluies ont souvent une faible agressivité.

Tableau n° 9 : Périodes d'observation de l'érosion sur les parcelles de culture

Province

Période

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

total

Pourcen-tage (%)

0

 
 

2

1

3

6

4,0

Début saison

4

11

6

11

18

50

33,3

Mi-saison

7

1

 

20

13

41

27,3

Début saison+mi saison

4

3

12

33

1

53

35,3

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007. 0 : aucune action érosive sur la parcelle

Le constat fait à travers ce tableau, est que 35 % des paysans constatent une agressivité des pluies à la fois en début et à la mi-saison pluvieuse. Une agressivité qui entraîne un fort ruissellement, et entraîne le terre et la matière organique du sol.

I.3. L'influence de la pente

Les paysans n'ignorent pas l'influence de la pente sur l'intensité de l'érosion. Ceux dont les champs sont sur des pentes fortes (18 %), soulignent l'importance du décapage sur leurs parcelles de culture.

Les paysans concernés comparent leurs parcelles à celles situées dans les bas-fonds (22,7 %) ou sur les pentes très faibles (41,3 %). Les paysans remarquent la concentration de filets d'eau à certains endroits, lors des pluies. Ces filets ruissellent très vite vers les bas-fonds où leur vitesse devient relativement faible. Ils dégagent parfois des griffes et des rigoles identifiables par les paysans. L'insuffisance des terres cultivables explique le plus souvent l'occupation de ces lieux.

Les différentes causes perçues par les paysans montrent qu'ils n'ignorent pas la dynamique érosive dans leurs champs. En effet, 96 % d'entre eux affirment observer des phénomènes érosifs dans leurs champs. Cependant, à l'opposé de certaines pratiques jugées néfastes pour le milieu, les paysans mettent en place des dispositifs contre la dégradation des sols : (92,7 % des enquêtés) cf. tableau n° 10 ci-après.

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Tableau n° 10 : Prise de mesure contre l'érosion sur les parcelles de culture

Province

Réponse

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcen-tage (%)

Aucune

 
 

2

1

3

6

4,0

Oui

15

15

18

61

30

139

92,7

Non

 
 
 

3

2

5

3,3

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars et avril/2007.

Le tableau révèle que 92,7 % des paysans prennent des dispositions pour lutter contre l'érosion sur leurs parcelles de culture. Cependant, 4 % d'entre eux n'observent pas de phénomène érosif sur leurs parcelles. 3,3 % de personnes ne prennent pas de disposition contre l'érosion car impuissant face à l'ampleur du phénomène sur leurs parcelles de culture.

II - LES CONSEQUENCS DE L'EROSION DES SOLS

Il s'est agit de cerner la perception paysanne des conséquences les plus significatifs de l'érosion, notamment la dégradation des sols et la diminution de la production.

II.1. La dégradation des sols

L'existence des zipella et la perte des éléments fertilisants, sont les deux principaux indicateurs que les paysans utilisent pour évaluer la dégradation des sols. Les zipella sont en fort nombre dans la zone d'étude et gagnent de plus en plus les terres qui ne sont pas pourvu de dispositifs anti-érosifs. Ces zones sont le plus souvent impropres à l'agriculture si des aménagements n'y sont pas réalisés.

Selon les paysans, la perte des éléments fertilisants est liée aux vents violents, et surtout au ruissellement en nappe des eaux de pluie. En effet, l'eau de ruissellement emporte les éléments nutritifs du sol (humus, fumures) et le sol se retrouve donc appauvri.

L'absence de ces éléments nutritifs se répercute sur le développement végétatif (croissance, vigueur) des cultures, et partant, de la production agricole. Lorsque les pertes sont considérables, les paysans mettent alors leurs parcelles en jachère ou procèdent le plus souvent à un épandage d'engrais minéraux ou de fumure organique.

II.2. La diminution des rendements

Les paysans établissent de plus en plus, une relation entre la dégradation des sols et la baisse de la production. Ils ont constaté que la perte des éléments minéraux entraîne un mauvais développement des cultures. L'apparition des zipella réduit considérablement les surfaces cultivables. Il s'en suit une baisse des rendements.

Face à ces différents effets négatifs de l'érosion sur les productions, les paysans de la zone d'étude pratiquent une rotation de cultures en fonction du degré de fertilité des sols. Ils arrivent à déterminer les types de sols propices à une culture donnée. Lorsque la pluviométrie est bonne, les paysans peuvent déterminer approximativement à l'avance, le rendement et la production attendus. Lorsqu'une culture (sorgho par exemple) connaît une baisse de production sur un sol donné, elle est remplacée par une autre culture (mil) sur ce sol, le mil étant moins exigeant.

66

CONCLUSION PARTIELLE

Le paysan fait un lien étroit entre la dégradation des terres et la production agricole. Ces critères de classification s'articulent autour de l'impact du facteur de dégradation sur la production agricole. On distingue trois critères de classification paysanne en fonction de leur effet sur le niveau de production :

- les facteurs considérés comme les plus importants, sont ceux qui ont un effet immédiat sur le niveau de production. L'insuffisance de la pluviométrie est considérée comme un facteur déterminant de la production. Une poche de sécheresse qui survient au nomment du semis ou de la floraison, peu irrémédiablement compromettre la récolte d'une année. Il en est de même de la baisse de la fertilité des sols et de l'érosion ;

- les facteurs moyennement importants sont ceux qui ont un effet indirect et ne compromettent pas systématiquement la production. Il s'agit de la disparition des forêts, du manque de terres cultivables, de la divagation des animaux ;

- les facteurs peu importants n'ont qu'un rapport lointain et ne peuvent pas véritablement influencer la production.

Les paysans de la zone d'étude ne pensent pas que leurs méthodes culturales peuvent être parfois, les catalyseurs de l'érosion sur les parcelles de cultures.

Du point de vue du paysan, la dégradation des terres est climatique, physique, chimique et même biologique. Sur le plan physique, le niveau des rendements des terres sans amendements constitue un élément d'appréciation du phénomène. Ainsi, au niveau de la zone d'étude, le terme « Ziiga saabgamè » (le sol est devenu fade) dénote de cette perception chimique quoique, le paysan ne dispose pas de méthodes d'évaluation des éléments chimiques du sol.

Le paysan constate les processus et les conséquences de l'érosion sur ses différentes parcelles. Il perçoit donc les causes et les conséquences de cette érosion sur sa production et partant, sur son rendement. Cela l'oblige à adopter des mesures de conservations des eaux et des sols dans ses parcelles de cultures, afin de pallier à ces différentes actions de l'érosion sur sa parcelle.

DEUXIEME PARTIE:

LA LUTTE ANTI-EROSIVE

67

68

CHAPITRE QUATRIEME : LES FORMES DE LUTTE ANTI-EROSIVE

De nombreux auteurs17 ont évoqué les stratégies de lutte contre l'érosion. Selon ces auteurs, les stratégies de lutte contre l'érosion ont évolué à partir des méthodes traditionnelles, vers le concept de Gestion Conservatoire de l'Eau, de la biomasse et de la fertilité des Sols.

Dans le degré carré de Ouahigouya, les paysans procèdent à des aménagements de CES/AGF, pour lutter contre l'érosion dans les champs. Il s'agit des techniques mécaniques, biologiques, d'agroforesteries ou culturales. L'objectif assigné à ces techniques d'aménagement est le ralentissement, le stockage des eaux de ruissellement et de briser la force du vent dans le cas des brises vent.

I - LES FORMES TRADITIONNELLES DE LUTTE ANTI-EROSIVE

Les sols dans cette région sont très sensibles à la battance et les pluies sont agressives. Les risques d'érosion due au ruissellement sont importants. Les techniques traditionnelles de lutte anti-érosive rencontrées dans la zone peuvent être regroupées en deux grandes catégories : les méthodes mécaniques et les méthodes biologiques.

I.1. Les méthodes mécaniques I.1.1. Les alignements de pierres

Il s'agit, d'alignements de blocs de moellons (environ 25 cm de diamètre) perpendiculaire au sens d'écoulement des eaux. La largeur d'un alignement est fonction de la section du passage d'eau. Elle est souvent de quelques mètres. On dénombre le plus souvent, deux à trois alignements par champ. Lors des fortes pluies, sous l'action des eaux de ruissellement, les blocs se déplacent souvent. Le paysan est obligé de procéder à de perpétuelles réfections.

Les alignements de pierre sont le plus souvent pratiqués par les paysans qui n'appartiennent pas à une organisation paysanne (18 % des personnes enquêtées). Les alignements de pierres sont observés surtout dans les champs de brousse où le problème du transport des blocs se pose. Le non respect des courbes de niveaux dans sa réalisation entraîne fréquemment des pertes de terre. Des incisions sont provoquées par l'eau lors de son passage dans les extrémités du dispositif. Celles-ci peuvent donner naissance à des rigoles dans les champs.

I.1.2. La ceinture périphérique des rizières

C'est un bourrelet en terre qui ceinture les rizières. Sa réalisation consiste en une élévation de terre de 15 à 20 cm de hauteur autour de la parcelle. La ceinture est construite en début de saison pluvieuse. Elle comporte des brèches qui servent à l'évacuation de l'excès d'eau lors des fortes averses. Elles se situent sur des passages d'eau. Les dimensions de la ceinture sont fonction de celles du champ. La ceinture périphérique a pour but d'empêcher l'évacuation des particules minérales et de l'humus du sol par les eaux de ruissellement. La localisation de ces parcelles dans les bas-fonds explique la présence d'un tel dispositif pour maintenir l'eau et les éléments fertilisants sur place.

17 MIETTON, 1981 ; SANOU D.C, 1981 ; MIETTON, 1986 ; GASCON, 1987 ; FAHO, 1988 ; GROUZIS, 1983 ; MARCHAL, 1986; REIJ et al, 1996; ROCHETTE et MONIMART, 1993; ROOSE, 1994; ROOSE et al, 1992; etc.

69

Les mauvaises herbes arrachées dans le champ sont déposées sur la ceinture, lors des travaux d'entretien. La réfection de la ceinture se fait à chaque saison culturale. Le paysan renforce le dispositif au cours de la saison pluvieuse. Les champs de case, notamment les parcelles destinées à la culture du maïs, étaient autrefois protégées par cette technique. La ceinture était réalisée lors du labour préliminaire. Elle a été remplacée par les cordons pierreux qui selon les paysans, sont résistants et exigent moins d'entretien.

Planche photographique n° 4 : Déforestation et obstacle en bois

Photo n° 1 : Déforestation pour la réalisation d'un champ de brousse à Kiembara / Sourou

Rabdo, A. Mars 2007.

De plus en plus, les paysans dévastent de grandes étendu boisées, pour la réalisation de nouvelles parcelles de culture.

Photo n° 2 : Obstacle en bois à Gomboro / Sourou

Rabdo, A. Mars 2007.

Sur cette photographie, on perçoit le sol mis à nu par le ruissellement. Les paysans utilisent des troncs d'arbres, des branches, pour freiner ou ralentir l'écoulement des eaux, parce qu'il n'existe pas dans les environs, des sites d'extraction des moellons.

70

I.1.3. Le zaï

Selon Monsieur OUEDRAOGO Hamadé, Ingénieur en Génie Rural au PDRD, «le zaï» était un jeu des jeunes bergers (gardiens de troupeaux) qui veut dire piller. Il consiste à creuser deux trous communicants par une galerie souterraine. La terre retirée est remise dans le du trou. Ensuite, évacuer la terre du trou le plus rapidement possible. Le premier à avoir extrait le plus de terre hors du trou gagnait le jeu. (Les trous sont reliés par une galerie).

Ces jeunes bergers après avoir fini leur jeu s'en allaient et laissaient les trous sans les refermer. Après la saison pluvieuse, et même quelque mois avant la vraie saison sèche, les deux trous avaient toujours de la verdure et de l'humidité. C'est ce jeu de bergers qui inspira le producteur de Gourga qui décida alors, d'en faire plusieurs dans sa parcelle sur glacis en saison sèche et d'y ajouter de la fumure organique, des grains de mil ou de sorgho18. Il constata qu'après la saison pluvieuse, la production dans la parcelle qui comportait les trous était nettement supérieure à celle, des parcelles sans trous. Il prit alors l'engagement, la saison suivante d'en faire sur toutes les parcelles qu'il exploitait. C'est donc à partir de Gourga que le zaï s'est développé de village en village dans le Yatenga jusqu'à son amélioration (zaï amélioré).

Le zaï est une technique traditionnelle réhabilitée au Yatenga entre 1982 et 1984, à la suite des années de sécheresse. C'est une technique de récupération des terrains encroûtés. Elle consiste à creuser des trous de 20 à 40 cm de diamètre et de 10 à 15 cm de profondeur afin de recueillir les eaux de ruissellement et de les laisser s'infiltrer. Le déblai des trous est déposé en croissant vers l'aval pour capter les eaux de ruissellement. Le nombre de trous par hectare dépend de leur espacement et varient souvent entre 12 000 et 15 000 (cf. planche photographique n° 5, photo n° 1 page 71). Le zaï est surtout utilisé pour réhabiliter des sols encroûtés et sablo-argileux que les mossis appellent « zipellé » c'est-à-dire « clairière » ou « terres dénudées ». Les trous de zaï sont creusés pendant la saison sèche.

Pendant cette période, le zaï capte la litière et les sables fins transportés par le vent. Les paysans mettent eux-mêmes une poignée de fumier (environ 600 g/trou, ZOUGMORE et al. 1993) dans les cuvettes, ce qui attire les termites qui creusent des galeries et facilitent ainsi l'infiltration profonde des eaux.

Les principales avantages du zaï sont : la capture des eaux de ruissellement et de pluie, la préservation des semences et de la matière organique, la concentration de la fertilité et des eaux disponibles au début de la saison des pluies, (cf. planche photographique n° 5, photo n° 2 page 71). L'augmentation de la rugosité de la surface du sol permet de ralentir le ruissellement, le vent, au ras du sol, de capter au fond des cuvettes des débris organiques et les particules fines et de protéger les plantules.

Le gros inconvénient de cette technique reste cependant la difficulté de creuser les poquets. C'est une technique à haute intensité de travail, qui pose des problèmes aux familles disposant de peu de bras valides. L'autre inconvénient majeur est l'installation de diguettes en association avec le zaï. L'expansion du zaï peut être aussi limitée par la disponibilité du fumier ou du compost. Aussi le manque de matériel (pioches) pousse certains paysans à ne le réaliser que sur de petits espaces.

18 Le paysan de Gourga avait augmenté les dimensions des trous de 25 à 30 cm de diamètre et 15 à 20 cm de profondeur.

71

Planche photographique n° 5 : Trous et champ de zaï

Photo n° 1 : Trous de zaï avec cordon pierreux et fumure organique sur une parcelle à Kiembara / Sourou

Rabdo, A. Mars 2007.

Sur cette prise de vue, on observe en premier plan, les trous de zaï réalisé avant l'adjonction de la fumure organique. En arrière plan, on perçoit les lignes de cordons pierreux et des tas de fumier. Cette prise de vue montre un exemple type d'association de technique.

Photo n° 2 : Champ de Zaï à Nioniongo / Passoré

Rabdo, A. Août 2007.

Les trous de zaï sont toujours visible sur ce sol encroûté. La technique du zaï est l'une des plus prisée par les paysans qui la réalisent sur presque toute l'étendu de leurs parcelles de culture.

72

I.2. Les méthodes biologiques

Il s'agit de l'ensemble des mesures utilisant du matériel végétal ou organique en vue de faire face à l'érosion des terres cultivables.

I.2.1. La jachère

La jachère est une technique traditionnelle de restauration des sols. Elle consiste à suspendre toute forme d'exploitation de la parcelle durant plusieurs années, pour permettre la reconstitution de la fertilité du sol.

Dans les systèmes traditionnels, la pratique de la jachère reste la seule technique de régulation et de stabilisation des milieux constamment perturbés par l'homme. Le temps de repos nécessaire à la reconstitution du potentiel physique, chimique et biologique des écosystèmes est empiriquement déterminé par le paysan ; ce temps varie généralement de 5 à 10 ans et plus, selon la région climatique, la nature du sol et les cultures pratiquées.

Au besoin croissant de terres agricoles pour nourrir une population sans cesse croissante, s'ajoute le problème de la disponibilité en terre agricole. Le temps de jachère s'est vite amenuisé. Dans certains cas, le temps de jachère a disparu pour ne plus représenter que la seule période de la saison sèche (7 à 9 mois), ce qui pose un réel problème de conservation du potentiel de production des milieux et à terme, le problème même de survie des populations de la zone.

I.2.2. Le paillage

Le paillage (cf. planche photographique n° 6, photo n° 1 page 76), est une technique traditionnelle de conservation des sols répandue sur la plaine centrale du Burkina Faso.

La technique consiste à couvrir le sol avec une épaisseur de 2 cm d'herbe ou de paille sèche. Les paysans procèdent à la fauche de l'herbe (Loudetia togoensis notamment), qu'ils collectent sur les sols pauvres des collines environnantes. Son usage possible comme fourrage s'arrête à la floraison car des aiguilles19 se développent ensuite et découragent le bétail de le consommer à ce stade. Là où l'herbe n'est pas suffisante, certains producteurs utilisent les feuilles sèches de différents arbres en particulier, Acacia senegal ou Acacia nilotica.

L'avantage du paillage est également, dans l'action des termites attirées. En effet, les termites creusent des galeries dans les sols et à la surface en détruisant les croûtes de battance. Grâce aux termites, la porosité et la perméabilité du sol augmentent de façon considérable.

Le paillage limite les risques d'encroûtement et favorise considérablement l'infiltration, mais l'efficacité de cette technique diminue lorsque le taux d'argile augmente (COLLINET et al. 1980). Dans cette région, peu de résidus de récolte restent sur le champ après la récolte, car ils sont utilisés pour l'alimentation du bétail ou comme source d'énergie (93,3 % des personnes enquêtées ramassent les tiges après les récoltes. La faible disponibilité en paille et la distance de transport sont également des contraintes du paillage.

19 Feuille rigide et aiguë des conifères.

73

La demande en paille non seulement pour la confection des toitures, d'objets artisanaux et l'alimentation du bétail mais aussi comme bois de feu, est si primordiale que les résidus laissés pour la protection des sols est difficile. Les feux de brousse qui brûlent la paille et constituent un facteur limitant à son utilisation.

Les formes de lutte traditionnelle dans la zone d'étude sont dans l'ensemble éphémères et très localisées dans leur réalisation ; les paysans ne tiennent pas souvent compte des courbes de niveau. Si poser un tronc d'arbre ou aligner quelques mètres de pierres peut paraître banal, l'acte est cependant révélateur d'une prise de conscience et d'une volonté de lutter contre le phénomène érosif.

I.3. Les obstacles en bois

Il s'agit de dispositifs constitués de troncs d'arbres ou de grosses branches et déposés sur le sol. Ils sont observables dans les champs de case. Les troncs d'arbres sont déposés perpendiculairement au sens d'écoulement des eaux. On les rencontre aux abords des rigoles et des ravines traversant les parcelles. Ils ont pour but de freiner la vitesse de l'eau et de limiter le ravinement lié au phénomène de turbulence de l'eau.

Les grosses branches, contrairement aux troncs, sont disposées en ligne sous forme de cordons et occupent les terrains à faible pente. Elles sont parfois associées à des blocs de cuirasse. Les branches sont déposées perpendiculairement à la pente et suivent parfois les courbes de niveau (cf. planche photographique n° 4, photo n° 2 page 69). Elles jouent le même rôle que les alignements de pierres.

Les obstacles en bois se rencontrent surtout dans la région. C'est le cas dans les départements de Kiembara, Gomboro, où la rareté des pierres a favorisé leur développement. Cette forme de lutte n'est cependant pas appréciée par les paysans qui soulignent l'instabilité de l'ouvrage (décomposition du bois sous l'action de l'eau et surtout des termites). A cette instabilité s'ajoutent les éventuels déplacements du bois par un fort ruissellement.

II - LES FORMES MODERNES DE LUTTE ANTI-EROSIVE

Il s'agit de celles qui ont été vulgarisées par les services étatiques ou non. C'est un ensemble d'ouvrages réalisés selon des normes techniques bien précises. Cependant, la grande partie de ces techniques a été conçue en s'inspirant de certaines méthodes traditionnelles de lutte.

II.1. Description, mise en place et contraintes des techniques II.1.1. Les techniques mécaniques

Il s'agit de mesures physiques de conservation des eaux et des sols tels que les diguettes en terre, les digues filtrantes et les cordons pierreux.

74

II.1.1.1. Les diguettes en terre

Les diguettes en terre ou bourrelets anti-érosifs sont des ouvrages construits en terre. Imperméables, elles retiennent toute l'eau et favorisent son infiltration maximale. Les diguettes en terre ne sont utilisées que lorsque les conditions ne permettent pas de réaliser les ouvrages en pierres.

II.1.1.1.1. Technique de construction

La réalisation des diguettes en terre requiert le plus souvent l'intervention d'une équipe de topographes pour la détermination des courbes de niveau. La matérialisation des diguettes est effectuée par un tracteur qui laboure l'emprise. L'installation consiste à confectionner un bourrelet de terre dont la base mesure 80 cm à 1 m, et la hauteur moyenne de 30 à 50 cm (voir figue n° 6). Dans tous cas, il est conseillé d'aménager des passages d'eau (2 m de large), avec des pierres ou des herbacées, pour évacuer le trop plein et éviter aussi les brèches et les inondations en amont.

C'est le compactage qui donne à la diguette sa forme définitive. Un compactage après les premières pluies est recommandé. Pour une raison d'insuffisance en eau d'arrosage, les paysans achèvent le plus souvent leur construction dès les premières pluies. Ils affirment que la réalisation requiert plus d'heures de travail que celle des cordons pierreux...

Figure n° 6 : Coupe transversale d'une diguette en terre

Source : Sanou D.C. 1984 Septembre 2007 Rabdo, A.

II.1.1.1.2. Fonctionnement

Les diguettes en terre sont des ouvrages dits d'absorption totale. La diguette retient totalement l'eau de ruissellement et les matériaux. Seul l'excès d'eau qui déborde la hauteur du dispositif ou passe par les évacuateurs de "crue" n'est pas retenu.

Les bourrelets en terre sont abandonnés par les paysans eu égard à trois principales difficultés : le manque d'eau pour le compactage, le caractère pénible du travail et l'entretient des ouvrages. Des passages d'eau se créent souvent, obligeant les paysans à procéder fréquemment à des colmatages. C'est une technique qui a disparu au profit des ouvrages en pierres.

II.1.1.2. Les cordons pierreux

Les cordons pierreux sont des dispositifs anti-érosifs composés de blocs de moellons ou de pierres disposés en une ou plusieurs rangées, le long des courbes de niveau, (cf. planche photographique n° 6, photo n° 2 page 76). Ce sont des ouvrages filtrants qui brisent la force des eaux de ruissellement tout en laissant passer les excès d'eau dans le but d'éviter des concentrations d'eau en amont ou de provoquer un écoulement plus lent des eaux en aval.

II.1.1.2.1. Description technique

On distingue trois types de cordons pierreux20 selon la technique de conservation : le système de pierres alignées, le système FEER ou système trois pierres et le système PDS (Pierres Dressées associées au sous-solage).

- Les cordons à trois pierres sont formés de la juxtaposition de trois pierres dont deux forment la base de l'ouvrage et la troisième assure la croûte. De petits cailloux sont alors utilisés pour bourrer les vides et servir en même temps de filtre.

- Les cordons de pierres dressées sont constitués d'une pierre dressée à l'amont et soutenue par une ou deux pierres à l'aval.

- Les cordons de pierres alignés résultent de la juxtaposition de grosses pierres placées les unes à côté des autres de façon jointive, l'ensemble étant stabilisé par des petites pierres en amont et en aval afin de soutenir les pierres alignées.

75

20 Voir figure n°11 page 89

76

Planche photographique n° 6 : Technique de paillage et cordon pierreux Photo n° 1 : Technique du paillage à Tanmounouma / Boussou

Rabdo, A. Mars 2007.

Cette photographie montre, une technique traditionnelle de conservation des eaux et des sols. Le paillage ici présenté tant à disparaître dans la zone d'étude.

Photo n° 2 : Cordon de pierres alignées à Kouni / Gomponsom

Rabdo, A. Juillet 2007.

Le cordon de pierres aligné est l'une des techniques la plus prisée par les paysans. Ce cordon a plus

de 100 m de long et colonisé d'herbacée sur toute sa longueur.

77

II.1.1.2.2. La technique de construction

La construction se fait sous la supervision des encadreurs ou des paysans ayant reçu une formation en la matière (80,7 % des personnes enquêtées affirment avoir reçu une formation en la matière). La construction s'effectue pendant la saison sèche. La réalisation comporte trois phases.

- Première phase : le ramassage et le transport des blocs

Les principaux sites de collectes des blocs sont les glacis, les collines et les buttes cuirassées (cf. planche photographique n° 7 photo n° 1, page 78). La distance entre les sites et les champs varie entre 500 m et 15 km (cf. tableau n° 11). Les paysans rassemblent les blocs non loin des sites d'extraction (cf. planche photographique n° 7 photo n° 2, page 78). Les gros blocs sont cassés à l'aide de marteaux ou de barres à mines pour faciliter d'une part le transport, et d'autre part la construction. Ce travail, généralement collectif, s'effectue de fin novembre à mai. Le transport se fait souvent en camion ou en charrette (cf. tableau n° 12 page 83).

Tableau n° 11 : Distance, sites d'aménagement et zones de collectes des moellons

Distance

ProvinceLoroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcentage (b)

0

 
 

3

4

 

7

4,7

Moins d'un km

2

 

3

10

4

19

12,7

1 à 5 km

9

11

11

46

23

100

66,7

5 à 10 km

4

4

3

5

7

23

15,3

15 km et plus

 
 
 
 

1

1

0,7

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

0 : aucune distance concernée (parcelle proche du site de collecte de moellon)

Le tableau montre que dans la plupart des villages de la zone d'étude, la distance entre les sites d'aménagements et les zones de collecte des moellons est comprise entre 1 et 5 km. Seulement 12,7 % des villages enquêtés ont une distance, sites d'aménagement et zone de collecte des moellons est inférieure à 1 km. Il existe cependant, 4,7 % de personnes dont les sites d'extraction de moellon se situent dans leurs parcelles de culture.

78

Planche photographique n° 7 : Extraction et disposition de moellons Photo n° 1 : Extraction des moellons sur un glacis cuirassé à Reko / Oula

Rabdo, A. Mars 2007.

Les hommes procèdent à l'extraction, les femmes et les enfants sont chargés de ramasser et de stocker les moellons.

Photo n° 2 : Moellons collectés à Reko / Oula

Rabdo, A. Mars 2007.

Les moellons extraits sont regroupés en plusieurs tas, en attendant le ramassage par les camions des structures d'appui.

79

- Deuxième phase : la détermination des courbes de niveau

Trois outils peuvent être utilisés pour la détermination des courbes de niveau à savoir : le chevalet rectangle, le triangle ou grand A, le niveau à eau.

- Le chevalet est composé de deux supports en bois de 80 cm de hauteur, relié par un support horizontal de 2,50 m, au milieu duquel est placé un niveau à maçon

- Le triangle ou grand A est composé de deux supports en bois de 2 m chacun, relié à mi-hauteur par un troisième support, au milieu duquel est placé un niveau à eau, de sorte à former un triangle en A.

- Le niveau à eau est constitué de deux supports en bois gradués d'une hauteur de 1,50 m à 2 m de longueur et d'un tuyau transparent (10 m de long environ), à l'intérieur duquel on met de l'eau, (voir figure n° 7).

Le niveau à eau est l'instrument le plus commun car moins coûteux et plus facile à utiliser (selon les paysans). Son principe de fonctionnement est celui des vases communicants.

Trois personnes sont nécessaires à la détermination des courbes. L'une d'elles se place avec une réglette à une des extrémités du champ. La seconde, tenant la deuxième réglette, recherche par tâtonnement (voir figure n° 8) un point de même hauteur dans le prolongement du champ. Lorsqu'au niveau du repère, on obtient la stabilisation de l'eau, la troisième personne matérialise une ligne entre les deux points. Après cette opération, la personne qui s'était placée au bout du champ, se déplace au devant de la seconde dans le prolongement de la parcelle, et ainsi de suite jusqu'au bout de la parcelle à traiter.

80

Figure n° 7 : Le niveau à eau

1,5 à 2

Source : P. Ilboudo 1997 Septembre 2007 Rabdo, A.

Figure n° 8 : Utilisation du niveau à eau

Source : P.Ilboudo 1997 Septembre 2007 Rabdo, A.

81

- Troisième phase : la confection du dispositif

La confection du dispositif se fait en deux étapes (voir figure n° 9 page 82) qui sont :

- le décapage du sol : il est réalisé à l'aide d'une daba ou d'une pioche pour les cordons à trois pierres et à pierres alignées. L'emprise au sol varie de 10 à 15 cm

pour les cordons à trois pierres, et de 5 à 10 cm pour les pierres alignées.

Dans le cas des cordons à pierres dressées, c'est un tracteur21 muni d'une sous-soleuse, qui effectue le décapage. La machine réalise une raie de 10 à 15 cm de profondeur. Dans la zone, le PDRD et le PSA/RTD sont les structures qui réalisent ce type d'ouvrage22.

- La pose des pierres : elle se fait en deux temps dans le cas des cordons à trois pierres. Les grosses pierres sont d'abord disposées en deux lignes décalées dans la tranchée de façon qu'elles reposent sur leur plus grande surface. Ensuite, une troisième ligne se superpose aux deux premières. La terre ramenée est damée pour consolider la base du cordon. L'ouvrage a une hauteur comprise entre 20 et 30 cm. Cette hauteur peut dépasser 30 cm en fonction de la taille des moellons. Le cordon est réalisé avec des blocs de cuirasse ou de roche.

Au niveau des cordons à pierres dressées, les blocs et les galets sont posés de façon dressée et jointive dans la raie. Ils sont ensuite stabilisés par des blocs plats en aval, ou de la terre damée à l'amont. Le dispositif a la même hauteur que le précédent mais les blocs sont plats. Des galets et des graviers sont également associés.

Dans le cas des pierres alignées, les pierres sont disposées dans le sillon en une seule ligne, les un contre les autres. On dame ensuite pour consolider la base de la diguette. Ces blocs sont souvent dressés afin d'obtenir une hauteur maximale de 15 à 25 cm.

L'écartement23 entre les cordons varie en fonction de la pente. Les cordons se terminent par des ailes pour éviter que les eaux stockées ne se déversent par les extrémités. La longueur d'un cordon pierreux dépend essentiellement de celle de la parcelle à traiter et du type d'aménagement. Dans les champs de la zone, la longueur du cordon pierreux varie entre 20 et 150 m. On rencontre en moyenne trois cordons par ha. Le temps mis pour le traitement d'un hectare est estimé à une demi-journée pour les groupements, et de deux à cinq jours pour les aménagements individuels. De même, les paysans affirment que le temps mis pour le traitement d'une parcelle est fonction de la quantité de moellons et de la superficie du terrain à traiter.

21 Le tracteur est mis à la disposition des paysans (appui technique et financier) par les projets tel que le PDRD, le PSA/RTD.

22 Des ouvrages ont été réalisés à Zembélé, Reko, You, Salla..., par le PDRD. A Soulou, Bidi..., par le PSA/RTD.

23 Selon une étude menée par ZOUGMORE et al. (2000) : «sur sol ferrugineux de pente 1 % au Passoré (Kirsi), il est conseillé d'utiliser un écartement entre cordons compris entre 30 et 47 m».

82

Figure n° 9 : Etapes de la construction d'un cordon pierreux

 

C:URDONS A TROIS PIERRES ,

 

:Liane 3 ' pose du 1

 

:Li p.: l . ,.. I-:lap: 2 pose dc:i E btu.. c,4te

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-- ---- 1.

7.

mei. f

41.

 
 
 

: CORDONS A PIERRES DRESSEES

 

E.tape 2 : pose pierre

 

/_ dressée et blocs

^

 

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Source : PATECORE. 1996. Fiche technique

Septembre 2007

Rabdo, A.

83

Tableau n° 12 : Modes de transport des moellons

Province

Moyen de transport

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcentage (%)

0

 
 

3

4

 

7

4,7

Camion

4

15

4

17

21

61

40,7

Charrette

10

 

12

33

11

66

44,0

Brouette

1

 
 

2

1

4

2,7

Vélo

 
 

1

9

 

10

6,7

Autres

 
 
 
 

2

2

1,3

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

0 : aucun transport de moellon.

Le tableau révèle le mode de transport des moellons par les paysans. Le mode de transport le plus utilisé est la charrette (44 %). Le transport en camion (40,7 %) est effectué avec l'aide des structures d'appui. La brouette et le vélo restent cependant, un moyen de transport pour 9,4 % des paysans. Certains effectuent les transports des moellons à l'aide de seaux, de bassines ou sur la tête. Ce groupe renferme les paysans qui n'appartiennent à aucune organisation paysanne ou qui n'ont aucune assistance extérieure.

II.1.1.2.3. Fonctionnement

Les cordons pierreux sont des ouvrages de contrôle du ruissellement. Leur disposition en série brise la vitesse de l'eau et retient les matériaux issus de l'amont. La construction en courbe de niveau empêche la concentration de l'eau en un seul endroit. Les ailes jouent le rôle de diversion de l'écoulement afin de protéger la base du cordon en cas de crue. Elles favorisent ainsi l'étalement et une bonne répartition de la crue sur la parcelle. L'eau qui s'écoule lentement entre les galets reste longtemps dans le champ et favorise l'infiltration. Les cordons sont généralement stabilisés par l'association de mesures biologiques.

La plupart des études menées ont indiqué l'influence positive des cordons pierreux sur la production agricole. LAMACHERE et SERPENTIER (1992) ont montré une augmentation des rendements en mil de 20 à 40 %, en année sèche.

La contrainte majeure dans la réalisation de ce dispositif est la disponibilité en pierre et leur transport. Cette contrainte est largement évoquée par les paysans. Lorsque les pierres sont éloignées de la parcelle, l'aménagement devient très difficile avec les moyens dont disposent les paysans. Même avec une charrette à traction asine, le travail reste pénible. La quantité de pierres nécessaires à l'aménagement complet d'une parcelle d'un hectare est proche de 40 tonnes pour une longueur de 300 m de cordons pierreux.

La technique des cordons pierreux est l'une des méthodes plus appréciées dans la zone d'étude. Son expansion est liée d'une part à l'existence de collines et de buttes cuirassées, et d'autre part, à la simplicité de la technique. Cependant, on remarque sur le terrain, le non respect des normes techniques dans les aménagements individuels. La matérialisation des courbes de niveau et les écarts entre cordons se font par simple estimation. Ce qui entraîne parfois, la concentration des eaux à certains endroits de la parcelle. Les jeunes plants sont alors asphyxiés par l'eau qui stagne pendant plusieurs jours.

84

III.1.1.3. Les digues filtrantes

Les digues filtrantes sont des ouvrages en pierres sèches ou en gabions, construits en travers d'une ravine pour lutter contre l'érosion hydrique par dissipation et ralentissement des eaux de ruissellement (voir figure n° 10). On distingue de façon générale deux types de digues filtrantes : la digue filtrante simple (voir figure n° 11 page 85), et la digue filtrante d'épandage (cf. planche photographique n° 8 photo n° 1 page 86), qui se termine par des ailes dépassant les limites du bas-fonds et intégrant les terres latérales.

Figure n° 10 : Coupe d'une digue filtrante

Source : PATECORE. 1996, Fiche technique Septembre 2007 Rabdo, A.

II.1.1.3.1. Caractéristiques

La digue filtrante est un ouvrage construit au travers d'une ravine ou d'un bas-fond (voir figure n° 11, page 85).

D'une hauteur comprise entre 0,5 et 2 m, la largeur de la fondation et la crête dépend essentiellement du volume d'eau estimé qui doit y transiter. En général la largeur totale est au moins le triple de la hauteur de l'ouvrage (L = 3 x h avec L = largeur de la digue et h = hauteur de la digue).

La crête de la digue doit être horizontale et rectiligne sauf en cas d'existence de déversoir. Dans ce cas, la digue est abaissée à un niveau permettant l'évacuation de la crue.

La longueur de la digue varie en fonction de la taille du talweg ou du bas-fond à aménager. La distance entre deux digues filtrantes consécutives varie de 100 à 200 m. Elle dépend surtout de la nature de la pente. Sur les terrains à pente forte, les digues sont rapprochées (80-100 m).

85

II.1.1.3.2. Technique de construction

Dans la zone, deux types de digues filtrantes sont courantes : la digue filtrante en pierres libres, construite dans le cadre du traitement des petites ravines, la digue filtrante en gabions, construite dans le cadre des grosses ravines.

Qu'il s'agisse du traitement avec des pierres libres ou des gabions, les paramètres techniques de réalisation sont les mêmes (voir figure n° 11).

Les principales étapes devant aboutir à la réalisation de l'ouvrage se résument comme

suit :

- l'identification technique du site ;

- l'implantation du tracé de la digue ; - l'excavation ;

- la pose des pierres.

Figure n° 11 : Digue filtrante simple

Source : PATECORE, 1996, fiche technique Septembre 2007 Rabdo, A.

II.1.1.3.3. Fonctionnement et rôle

La digue filtrante a pour rôle essentiel de permettre un passage non érosif de l'eau. Elle assure une sédimentation des matériaux transportés à l'amont. C'est principalement un ouvrage d'épandage des crues. Elle joue aussi le rôle de protection des ouvrages qui se situent à l'aval (diguettes, zaï, demi-lunes, etc.). C'est avant tout un ouvrage préventif contre l'érosion en ravine et en griffes (cf. planche photographique n° 8, photo n° 1 page 86).

Le coût élevé du transport de moellons nécessaires à la réalisation des digues filtrantes reste un facteur limitant pour les producteurs dont les revenus sont généralement bas.

Les digues filtrantes sont également utilisées pour le traitement de ravines : elles deviennent alors une mesure curative.

Planche photographique n° 8 : Digue filtrante en pierres libres et demi-lunes

Photo n° 1 : Digue filtrante en pierre libre à Nagséné / Yako

86

Rabdo, A. Août 2007.

La taille de la digue est fonction de la force et de la quantité d'eau qui traversent la parcelle en saison pluvieuse.

Photo n° 2 : Demi-lunes à Kiembara / Sourou

Rabdo, A. Mars 2007.

Ces demi-lunes viennent juste d'être confectionnées et «attendent» d'être emblavées.

87

II.1.1.4. Les traitements de ravines

Les traitements de ravine visent à rendre le profil des ravines non érosif. Le traitement consiste en la réalisation de diguettes en pierres ou n gabions qui forment un profil en marches d'escaliers. Entre chaque chute, l'eau s'écoule avec une vitesse peu érosive.

Le principe des ouvrages est de créer un obstacle en travers du courant pour le freiner, sans chercher à stocker l'eau en surface. Leurs effets sont nets : diminution ou arrêt de l'érosion et profilage du lit, augmentation de l'infiltration et recharge de la nappe phréatique, gain substantiel de terre de haute valeur (terres basses, arrosables ou irrigables).

On observe trois types de traitement des ravines dans la zone : les traitements de tête de ravine, les traitements en pierres libres, les traitements en gabions.

II.1.1.4.1. Le traitement de tête de ravine et de griffes d'érosion

Pour être efficace, la lutte contre le ravinement doit être entamée à partir de la tête de ravine, (voir figure n° 12 page 88). Il s'agit en général de griffes diffuses.

Le traitement de tête de ravine s'opère à travers les opérations techniques suivantes :

- profilage des berges en tête de ravine : cela consiste à tailler les berges pour avoir une pente modérée ;

- revêtement des parties réprofilées avec des blocs de moellons plats : il consiste en la mise en place d'une couche filtrante constituée de petits cailloux et de gravier ;

- mise en place de grosses pierres.

Le dispositif réalisé est renforcé par la plantation d'herbes pérennes pour stabiliser l'ouvrage. Aussi, est-il déconseillé de cultiver jusqu'au bord de la ravine, pour permettre la régénération naturelle des espèces végétales. Il est également recommandé aux paysans d'implanter une digue filtrante d'épandage ou des diguettes filtrantes sur le terrain, en amont de traitement.

88

Figure n° 12 : Traitement des têtes de ravine

Lit de la ravine

Grosses pierres

Petits cailloux et gravier

Profil initial de la ravine

Herbes pérennes

Berge taillée

Source : PATECORE, 1996, fiche technique Septembre 2007 Rabdo, A.

II.1.1.4.2. Les traitements en pierres libres

Les normes techniques de ces ouvrages (voir figure n° 13 page 90), sont les mêmes que pour les digues (simple ou en gabion) à la différence que des mesures particulières sont prises pour la protection des berges et la prévention contre les phénomènes de "renard" (enfouillement par l'eau sous l'ouvrage) qui provoque l'affaissement de la digue.

Afin de prolonger la durée de vie des digues filtrantes, il est recommandé d'éviter l'érosion régressive sous-jacente (en dessous des ouvrages) et latérale (sur les côtés). Pour ce faire, il faut dans un premier temps veiller à ce que les pentes soient douces en aval (1/4 et 1/5) et en amont (1/2). Les pentes en aval permettent d'amortir la chute des eaux et d'en dissiper l'énergie. Les pentes amont permettent d'amoindrir les "poussées" de l'eau sur l'ouvrage en diminuant les surfaces uniformes de contact.

Dans un second temps, implanter la digue sur une fondation (excavation) munie d'un filtre même au niveau des berges. En outre, si nécessaire en cas de berges trop fortes, il faut les décaper à l'emplacement de l'ouvrage.

II.1.1.4.3. Les traitements en gabions

Les traitements en gabions sont réalisés dans le cas des ravines profondes et encaissées.

Les gabions sont des sortes de cages confectionnées en grillage dans lesquels on emprisonne

les moellons pour les empêcher de bouger sous la pression de l'eau. L'objectif est :

- de constituer un ouvrage stable face au courant fort de l'eau à ces endroits ;

- de pérenniser l'ouvrage afin de lui permettre de stopper l'érosion régressive du lit

de la ravine ;

- d'améliorer l'infiltration des eaux d'écoulement ;

- de ralentir les eaux du cours d'eau principal pour recharger la nappe phréatique.

89

Les traitements de lit de ravines nécessitent une bonne connaissance des caractéristiques physiques du bassin versant. Ils sont réalisés par les groupements avec l'appui de l'état ou des ONG. Avec ces traitements, la ravine peut être comblée en quelques années par sédimentation. Les traitements de ravine permettent de récupérer quelques hectares de terre. L'épandage des crues favorise une amélioration des rendements dans la zone inondable.

Figure n° 13 : Traitement du lit de la ravine par une digue filtrante

Source : PATECORE, 1996, fiche technique Septembre 2007 Rabdo, A.

II.1.1.5. La demi-lune

La demi-lune est une cuvette de la forme d'un demi cercle ouvert (cf. planche photographique n° 8 photo n° 2 page 86). C'est une technique qui a été importée et introduite dans la zone par le PS-CES/AGF après un voyage24 d'étude à Badaguichiri au Niger en 1994. Elle est donc une technique récente dans la zone.

II.1.1.5.1. Technique de construction

La demi-lune est réalisée à l'aide de pics, pioches et pelles. La terre de déblai est déposée sur le demi-cercle en un bourrelet semi-circulaire au sommet aplati comme une banquette de terre.

24 Voyage organisé par le FIDA dans le cadre d'un échange de technologies entre ses structures en Afrique de l'Ouest. La première demi-lune fut réalisée à Nafo dans la province du Bam, par une productrice qui était du voyage. La demi-lune était réalisée avec un compas d'environ 2 m de hauteur et 4 m de diamètre non pliable.

90

Son implantation se fait par pivotement à l'aide d'un compas de 2 m de rayon ou d'une corde. Les dimensions couramment utilisées sont : diamètre : 4 m ; profondeur : 15 à 25 cm. Les courbes de niveau sont déterminées à l'aide d'une technique adéquate. Les demi-lunes sont disposées géométriquement sur les courbes de niveau. L'écartement le long de la ligne est de 8 m de centre à centre, soit 4 m entre deux demi-lunes. Dans ce cas, chaque demi-lune occupe une surface théorique de 28,56 m2. Toutefois, on a observé que cet écartement entre deux demi-lunes est réduit à 2 m dans certains cas (Boursouma, Nioniongo, Zembélé, etc.).

D'une ligne à l'autre, l'espacement est de 4 m. Les demi-lunes sont disposées en quinconce, (cf. planche photographique n° 9 photo n° 1 page 92). Pour sa valorisation agricole, on apporte une brouettée de fumier ou de compost (35 kg) par demi-lune. La matière organique est ensuite mélangée avec la terre arable.

Le nombre de demi-lunes par hectare varie en moyenne de 312 à 417 selon les espacements choisis. Le nombre de poquets par demi-lune varie de 20 à 30. Sur les bourrelets, il est parfois semé certaines légumineuses tels que l'arachide (Arachis hypogea), le gombo (hibiscus esculentus), etc. Dans ce cas, le paysan prend le soin de ne pas trop remuer le bourrelet pour éviter de combler la demi-lune. Certains arbustes qui poussent sur les bourrelets peuvent contribuer à reconstituer la végétation du site, s'ils sont bien protégés.

II.1.1.5.2. Le fonctionnement des demi-lunes

Les demi-lunes sont des ouvrages conçus pour concentrer au maximum les eaux de ruissellement. Leur capacité et leur disposition en quinconce permettent d'accumuler d'importantes quantités d'eau. L'eau qui ruisselle entre deux demi-lunes est recueillie à l'aval par une troisième.

II.1.1.5.3. Les performances25 des demi-lunes

Les demi-lunes permettent une amélioration des réserves hydriques du sol, ainsi qu'une augmentation de la profondeur d'humectation de 20 à 40 cm. Elles accroissent la production agricole (cf. planche photographique n° 9, photo n° 2 page 92) et cela d'autant plus qu'on y ajoute un complément minéral ou organique.

En effet, la combinaison demi-lune/fumier donne une production variant entre 1,2 à 1,6 t/ha de grains de sorgho local. La combinaison demi-lune/compost entraîne un accroissement de rendement par rapport à la demi-lune sans apport de fertilisant (ZOUGMORE R. et al. 2000).

L'impact des demi-lunes réalisées à l'aide de la charrue DELPHINO par le Projet FAO/Forêt et Sécurité Alimentaire à Djibo, a été analysé par SANGARE (2002). Il ressort de cette étude que ces ouvrages favorisent une croissance d'espèces ligneuses et herbacées, consécutive au piégeage par les demi-lunes des semences transportées soit par le vent, soit par les eaux de ruissellement. Les demi-lunes conviennent à la fois pour la production agricole, fourragère et ligneuse.

25 Les performances relatées ici, sont les résultats de deux années d'essai (1998-1999) à Pougyango/Passoré. Essai réalisé par ZOUGMORE R., Zacharie Z.

91

II.1.1.5.4. Exigences liées à la construction des demi-lunes

Les paysans rencontrés affirment que le travail de mise en place des demi-lunes est assez important et exigeant en main d'oeuvre, surtout sur les sols encroûtés. Les demi-lunes agricoles demandent un travail d'entretien annuel, surtout si les bourrelets ne sont pas renforcés par des pierres. La profondeur est un paramètre très sensible car, si les demi-lunes sont trop profondes, l'eau collectée reste trop longtemps dans le creux et les plants risquent d'être asphyxiés.

Tout comme le zaï, l'expansion de l'application des demi-lunes est freinée par la disponibilité limitée du fumier ou du compost, la difficulté pour l'ouverture des cuvettes de demi-lunes, et souvent par l'insuffisance de la main d'oeuvre et les problèmes de sécurité foncière.

La technique est pratiquée dans une grande partie de la zone, sauf dans le nord de certains départements26 tel que Thiou, Sollé, Banh et également dans le Sourou où elle est en phase d'essai par des producteurs innovateurs27 (Kiembara, Lankoué).

26 La technique n' y est pas répandue dans ces départements à cause de la texture sableuse du sol de la majorité des villages, également parce que les paysans affirment ne pas avoir reçu de formation ou même ne connaissent pas la technique.

27 Les paysans innovateurs sont ceux disposés à mettre leurs parcelles à la disposition des services techniques, Projets et Programmes pour la réalisation de nouvelle technique à vulgariser dans la zone. Les paysans sont soutenus matériellement et suivis par l'agent de zone.

92

Planche photographique n° 9 : Disposition et champ de demi-lunes Photo n° 1 : Disposition de demi-lune à Dio / Kiembara

Rabdo, A. Mars 2007.

Disposition en quinconce des demi-lunes avant la saison pluvieuse.

Photo n° 2 : champ de demi-lune à Kizambo / Yako

Rabdo, A. Septembre 2007.

On remarquera la performance de la technique par la bonne croissance du sorgho.

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II.1.1.6. Le zaï mécanique

Le zaï mécanique est une technique introduite dans le Zondoma par les chercheurs28. Elle a été vulgarisée par le Projet de Développement des Capacités Locales en matière de Sécurité Alimentaire dans le Zondoma (PDCL/SAZ), à partir de 2002/2003.

Dans le Passoré, cette technique commence sa vulgarisation grâce au PDRD qui décide cette année (2007) de l'expérimenter dans des champs pilotes. Tout comme dans le Zondoma, les tests sont supervisés par les chercheurs de l'INERA en collaboration avec les responsables de la structure d'appui.

Le zaï mécanique consiste à réaliser les cuvettes grâce aux passages croisés de la dent RS 8 ou IR 12 montée sur le bâti d'une charrue en traction animale. C'est une technique peu répandue dans la zone. En effet, seul 14 % des paysans enquêtés affirment la pratiquer.

L'objectif de la technique est de : rendre la réalisation du zaï moins pénible et plus rapide par le biais de la mécanisation et de la traction animale, ameublir le sol et le rendre plus perméable à l'eau, et améliorer ainsi le stock d'eau du sol, diminuer les effets de l'irrégularité de la pluviométrie sur les cultures, récupérer les terres encroûtées.

II.1.1.6.1. Les étapes de la réalisation

Il est réalisé un premier passage dans le sens de la pente du terrain. L'écartement entre les passages correspond à l'écartement entre les poquets. Il est variable d'une culture à l'autre. L'écartement recommandé est de 40 cm entre poquets, sur la même ligne, pour le sorgho, le maïs ou le niébé, et 60 cm pour le mil.

Un second passage perpendiculaire à la pente est réalisé. Les écartements entre passage correspondent aux écartements entre lignes de semis. A l'installation de la culture, les lignes de semis seront dans le sens des courbes de niveaux, ce qui est un facteur de diminution de la vitesse du ruissellement. Les cuvettes de zaï se situent aux intersections des deux passages de la dent. Pour ce faire, la terre des points d'intersection est excavée à l'aide de daba ou de pioche et déposée en aval de chaque cuvette.

Dans chaque cuvette, il est apporté une poignée de fumier ou de compost. En moyenne, les paysans apportent 300 g de matière organique par cuvette de zaï.

Les paysans qui pratiquent cette technique affirment qu'elle exige peu d'investissement humain, et leur permet d'avoir du temps pour s'occuper d'autres parcelles et de vaquer à d'autres activités (élevage par exemple).

28 L'INERA SARIA à travers sa cellule Gestion des Ressources Naturelles et Système de Production (GRN/SP) est l'initiateur de cette technique. C'est une technique mise en place par Albert BARRO, Robert ZOUGMORE, Patricia OUEDRAOGO, ZIGANI.

94

L'expansion de la technique reste cependant faible dans la zone. Même dans le Zondoma où elle a été introduite (cf. tableau n° 13), le taux d'adoption de la technique est faible29. Et pour cause, les conditions d'application de la technique ne sont pas à la portée du paysan moyen. Même ceux qui la pratiquent reconnaissent que le zaï mécanique requiert des animaux bien nourris et bien entretenus car, en plus de la réalisation du zaï mécanique, ce sont ces mêmes animaux qui serviront pour les différentes opérations culturales.

Le zaï mécanique est une technique innovatrice, mais le matériel de travail reste le plus grand handicap pour sa vulgarisation dans une zone où la population est à majorité pauvre.30

Tableau n° 13 : Pratique du zaï mécanique

Province

Réponse

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcen-
Tage (%)

Pourcen-
tage cumulé

Oui

1

4

 

7

9

21

14,0

14,0

Non

14

11

20

58

26

129

86,0

100,0

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

 

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

On constate sur ce tableau, que le zaï mécanique est faiblement adopté par les paysans de la zone d'étude. En effet, 86 % des paysans ne la pratiquent pas. Les paysans, trouvent la technique du zaï mécanique matériellement coûteux.

II.1.1.7. Le bouli

C'est une mare artificielle, confectionnée en bas d'un versant en un point de concentration des eaux de ruissellement. Les déblais sont utilisés pour faire une digue de ceinture ouverte en amont (cf. planche photographique n° 10, photo n° 1 page 95).

L'eau ainsi captée dure 2 à 3 mois après les pluies. Elle est essentiellement utilisée pour le bétail, les cultures maraîchères.

Dans le passé, les paysans de la zone ont creusé des "boulis" (cf. planche photographique n° 10, photo n° 2 page 95), qui stockaient l'eau de ruissellement et permettaient d'abreuver les animaux durant la saison sèche. Nombreux sont les boulis en mauvais état suite à l'ensablement. Le principe du bouli est de détourner et de stocker une partie des eaux du ruissellement là où le passage d'eau est important.

29 Sur trente cinq personnes enquêtées au Zondoma seulement neuf personnes soit 25,71 % de l'effectif du Zondoma pratiquent le zaï mécanique contre vingt six personnes soit 74,28 % qui ne la pratiquent.

30 Selon le rapport de stratégie de développement rural à l'horizon 2015, du mois de décembre 2003, l'état de pauvreté des populations de la zone est plus élevé (61,2 %) que dans l'ensemble du secteur rural au Burkina Faso.

95

Planche photographique n° 10 : Bouli asséché et bouli traditionnel

Photo n° 1 : Bouli asséché à Ziga / Oula

Rabdo, A. Mars 2007.

Ce type de bouli est réalisé avec l'aide des structures. En arrière plan, on perçoiten arrière plan, le pavée de moellon sur la digue pour éviter son éboulement.

Photo n° 2 : Bouli traditionnel à Bango / Thiou

Rabdo, A. Mars 2007.

Ce bouli est réalisé manuellement par les paysans, en un point de concentration des eaux de
ruissellement. Le bouli est excavé chaque année depuis sa réalisation, pour atteindre cette dimension.

96

Le creusement du bouli, parfois jusqu'à 5 ou 10 m de profondeur permet d'accroître sa capacité de stockage. Certains boulis pouvaient ainsi garder de l'eau durant toute la saison sèche.

Le bouli est très répandu dans le Yatenga où les paysans s'organisent pour le réaliser. Dans certains cas, ce sont les organismes qui assurent la réalisation du bouli. Le PADL (Yatenga/Loroum) par exemple a contribué à la réalisation de boulis à Inou dans le département de Koussouka, à Narabdganga dans le département de kalsaka et à Mogombouli dans le département de Namissiguima.

II.1.2. Les techniques biologiques

Nos investigations ont permis de recenser deux principales techniques qui sont : la mise en défens et l'association de cultures.

II.1.2.1. La mise en défens

La mise en défens est un ensemble de techniques mise en oeuvre dans un espace défini en vue de sa protection et de sa régénération. En d'autres termes, la mise en défens est la protection d'un terroir ou d'une parcelle contre l'homme et/ou les animaux domestiques. C'est donc une jachère protégée contre les formes de pressions liées aux activités humaines (pâturage, feu de brousse, coupe de bois, etc.).

Les différentes zones d'application des mises en défens sont : les périmètres de restauration, les bois et bosquets sacrées, les forêts villageoises.

Par ailleurs, l'installation d'une mise en défens requiert un processus plus ou moins long de négociation entre les communautés riveraines, de la zone à protéger.

II.1.2.2. L'association de cultures

L'association de cultures consiste à cultiver simultanément deux cultures au moins sur la même parcelle. Elle améliore la densité des cultures. S'il est vrai que traditionnellement les paysans appliquent cette technique pour diversifier la production, il n'en demeure pas moins qu'elle reste une technique de conservation à encourager. Les cultures traditionnellement associées dans la zone d'étude sont : sorgho/niébé et mil/niébé. Sous l'angle de la conservation du sol, l'association de culture fertilise le sol par un apport d'azote.

Les résultats de deux années d'essai (par ZOUGMORE R et al. à Saria) ont montré que l'association sorgho-niébé permet une réduction du ruissellement de 20 à 30 % par rapport à la culture pure de sorgho et de 5 à 10 % par rapport à celle du niébé. L'association sorgho-niébé entraîne une réduction de l'érosion de 80 % par rapport à la culture pure de sorgho et de 45 à 55 % par rapport à celle du niébé. Selon l'étude, l'association sorgho-niébé est bénéfique en terme de production agricole car le rendement de l'association est le double de celui obtenu en culture pure de sorgho ou de niébé (cf. tableau n° 14 page 97).

97

Malgré les performances et les techniques et recommandations faites par les chercheurs, les paysans de la zone continuent à pratiquer l'association de cultures sous sa forme traditionnelle. L'association de cultures leur permet de diversifier leur production et d'obtenir au moins une certaine quantité de production en cas de sécheresse.

Tableau n° 14 : Rendement en grains par traitement à Saria, années 1994 et 1995

Traitement

Rendement grains
1994 (kg/ha)

Rendement grains
1995 (kg/ha)

LER 1994

LER 1995

Ss

876

625

-

-

SMs

618

729

-

-

Ps+c

1 783

1 479

1,7

1,6

Ps

1 089

771

0,8

0,9

Pc

1 018

1 182

0,9

0,7

Source : Fiche technique n° 3 INERA, SARIA /PS-CES/AGF

Ss : Grattage à la daba + sorgho, SMs : Paillage + sorgho, Ps+c : Labour + association sorgho-niébé, Ps : labour + sorgho, Pc : Labour + niébé, LER : Land Equivalent Ratio : ratio du rendement de la culture en association sur le rendement de la même culture en pur.

II.1.3. Les techniques d'agroforesterie

L'agroforesterie est l'association des arbres aux cultures et/ou à l'élevage. Les paysans pratiquent depuis longtemps cette technique. Mais, compte tenu de l'exploitation intensive des terres dénaturées, les paysans épargnent de moins en moins d'arbres sur pieds dans les champs.

II.1.3.1. La végétalisation

La technique de végétalisation des diguettes anti-érosives consiste à réaliser des plantations ou de semis direct de végétaux herbacés ou ligneux dans une zone déjà traitée, le long des ouvrages, afin de les protéger. Les principaux types de végétalisation sont réalisés soit à l'aide de graminées, de légumineuse pérennes, ou enfin d'arbres et d'arbustes.

La végétalisation à l'aide d'herbacées est fortement recommandée sur des sites qui ont déjà bénéficié d'aménagement anti-érosifs en particulier les cordons en pierre ou en terre. Les principales espèces utilisées par les paysans sont : Andropogon gayanus31 (cf. planche photographique n° 11, photos n° 1 page 99), Andropogon sanguinaris, Andropogon ascinodis, Pennsetum pedicelatum, Pennisetum purpureum et le Cenchrus ciliaris, Cenchrus biflours.

31 Andropogon gayanus est l'herbacée la plus utilisée dans la zone. C'est l'espèce que les paysans plantent plus compte tenu de ses multiples usages (nattes, toit...).

98

La végétalisation à l'aide d'arbres et d'arbustes se fait tout le long des diguettes (cf. planche photographique n° 11, photo n° 2 page 99), en général en amont de l'ouvrage pour renforcer le dispositif et éviter du même coup le colmatage.

Le choix des espèces à planter dépend en grande partie des besoins des populations mais aussi des espèces techniquement adaptées. La diversification de ces espèces est toutefois conseillée pour procurer aux bénéficiaires une plus grande variété des produits utiles. Les espèces déjà testées et qui sont couramment utilisées par les populations pour leur utilité en fruits sont : Faidherbia albida, Anacardium occidentalis, Balanites aegyptiaca, Bauhinia rufescens, Leuceana leucocephala, Parkinsonia aculeata, Prosopis juliflora et Ziziphus mauritiana.

La végétalisation ligneuse et /ou herbacée est très répandue dans la zone surtout dans la région du Nord (Passoré, Zondoma, Yatenga, Loroum). Les paysans l'apprécient parce qu'elle diminue la vitesse du ruissellement et partant l'érosion hydrique et enrichit le parc agroforestier.

II.1.3.2. Les bandes enherbées

Ce sont des bandes constituées d'herbacées, installées suivant les courbes de niveau dans les champs, seules ou en amont d'ouvrages anti-érosifs comme les cordons pierreux ou les diguettes en terre. Les herbes pérennes sont préférées parce que leurs systèmes racinaires peuvent rester au sol toute l'année. L'espèce Andropogon gayanus est la plus répandue. Sa paille est très recherchée, notamment pour confectionner des nattes, des toitures et pour servir d'aliment de bétail. D'autres espèces comme Stylosanthes hamata, Bracharia ruziziensis, Pennisetum pedicellatum, Pennisetum purpureum sont également utilisées.

Les bandes d'Andropogon gayanus, qu'on observe souvent, matérialisent les limites des champs dans la zone, tout en servant d'ouvrages anti-érosifs (cf. planche photographique n° 12, photo n° 1 page 101). En effet, elles permettent de freiner les eaux de ruissellement et de favoriser leur infiltration. Elles jouent le rôle de filtre et favorisent ainsi le dépôt de sédiments provenant de l'amont de la bande. Selon LAVIGNE-DELVILLE (1996), le maintien ou le semis des bandes le long des courbes de niveau a normalement un impact sur le ruissellement et l'érosion comparable à celui des cordons pierreux.

Cependant leur efficacité est fonction de leur largeur, de l'importance du ruissellement et des espèces constituant la bande (BENOIT et PASTOR, 1997). En général, on recommande des bandes de 3 m de long, tous les 50 m. Les dégâts causés par les animaux ainsi que l'emprise superficiel au sol sont les deux principaux facteurs limitant du développement des bandes herbeuses, qui constitueraient sans nul doute une bonne réponse biologique à l'érosion et peut être une annonce de production de fourrage.

99

Planche photographique n° 11 : Végétalisation

Photo n° 1 : Végétalisation de cordon pierreux avec Andropogon gayanus à Tougou / Namissiguima

Rabdo, A. Mars 2007.

Après la réalisation du cordon pierreux, les paysans renforcent l'aménagement avec des herbacées telles que Andropogon gayanus,...

Photo n° 2 : Végétalisation à l'aide d'arbres et d'arbustes à Boursouma / Oula

Rabdo, A. Mars 2007.

Le renforcement de la capacité du cordon se fait également avec des arbres. Les paysans plantent des arbres au abord des cordons pour les rendrent plus performante.

100

Les paysans sont conscients du rôle que joue la végétation ligneuse dans la lutte contre l'érosion. En effet, 78 % des personnes enquêtées plantent des arbres, soit dans leurs champs, soit à proximité de leurs habitations. Tandis que 21,3 % ne plantent pas d'arbres, parce qu'ils ne sont pas d'une part, propriétaires de la parcelles qu'ils exploitent, et d'autres part, parce qu'ils n'ont pas d'argent pour acheter les plantes.

Avec l'appui des structures techniques, la grande majorité de la population pratique le reboisement. L'enquête réalisée révèle que 28,7 % des paysans ont planté des arbres dont l'effectif est compris entre un à dix plants. Les effectifs de dix à vingt plants sont de l'ordre de 22,7 % et de quarante à cinquante plants de 22 %. Cependant, 22 % d'entre eux n'ont pas planté d'arbres au cours de l'année 2005$2006 (cf. tableau n° 15).

Les espèces utilisées sont souvent issues des pépinières villageoises mises en place par les différents Projets et Programme de développement. Les principales espèces utilisées sont: Azadirachta india, Eucalyptus camaldulensis, Acacia senegal, Acacia nilotica, Faidherbia albida, Acacia macrostachya, Leuceana leucocephala, Ziziphus mauritiana, Parkia biglobosa, Parkinsonia aculeata, Bauhinia rufescens, Mangifera indica, Prosopis juliflora, Adansonia digitata, Sterticulia setigera, etc. Les essences différentes sont souvent plantées sur la même parcelle.

Le problème majeur du reboisement se situe au niveau de la faiblesse ou de l'absence de protection contre les animaux. En saison sèche, aucune organisation n'est prévue pour leur entretien (cf. planche photographique n° 12, photo n° 2 page 101).

Tableau n° 15 : Nombre d'arbres plantés par les paysans

Province

Nombre de plants

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcentage (%)

Aucun

2

2

10

7

12

33

22,0

1 à 10

3

3

4

27

6

43

28,7

10 à 20

5

10

3

12

4

34

22,7

20 à 30

 
 
 

2

3

5

3,3

30 à 40

 
 
 

1

1

2

1,3

40 à 50

5

 

3

16

9

33

22,0

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007. 0 : aucun arbre planté ; Nbre plant : nombre de plant.

101

Planche photographique n° 12 : Bande enherbée et reboisement protégé Photo n° 1 : Bandes enherbées à Andropogon gagnanus à Ansolma / Namissiguima

Rabdo, A. Mars 2007.

Dans presque toute la zone d'étude, les paysans plantent ou préservent les bandes enherbées, pour limiter les champs ou pour lutter contre le ruissellement sur les parcelles de culture.

Photo n° 2 : Reboisement protégé à Lankoué / Sourou

Rabdo, A. Mars 2007.

Sur cette photographie, on observe un reboisement protégé par un enclos en bois. Cela signifie qu'il

s'agit d'une zone privée dont l'accès et les défrichements sont interdits.

102

II.1.3.4. La haie vive défensive

La haie vive défensive est un alignement d'arbustes aux branches inextricables permettant d'empêcher le passage d'animaux.

Elle a pour objectif : de protéger les parcelles de production (pépinières, périmètres maraîchers, vergers, plantations, etc.) contre les animaux en divagation, de lutter contre l'érosion par la stabilisation des diguettes en terre. En outre, associée au brise vent, elle assure une protection plus efficace contre les effets du vent et participe à la délimitation des parcelles de production.

Les espèces généralement utilisées pour la réalisation de la haie vive sont :

Acacia macrostachya, Acacia nilotica, Acacia senegal, Ziziphus mauritiana, Prosopis juliflora, Bauhinia rufescens, Euphorbia balsamifera, Jatropha curcas, Acacia seyal ,Balamites aegyptiaca, Combretum micranthum, Mimosa pigra, Combretum aculeatum, Commiphora africana, Lawsonia inermis.

Les paysans de la zone sont unanimes à reconnaître que la haie vive défensive permet de dégager une économie de temps dans la protection des parcelles. Par les différentes tailles, elle permet d'obtenir des sous produits divers (fourrage, etc.).

Cependant, les paysans trouvent que l'installation de la haie vive défensive est relativement chère au départ et nécessite de grands travaux. Pour qu'elle soit efficace, une protection intégrale de la haie vive pendant les trois premières années, augmente son coût d'installation. Elle nécessite des entretiens réguliers, notamment les tailles en début et fin de la saison des pluies. Toutes ces exigences expliquent le faible taux de réalisation de haie vive défensive dans le degré carré de Ouahigouya : seulement 12,7 % des paysans interrogé l'ont installée, (cf. tableau n° 16).

Tableau n° 16 : Réalisations de haie vive défensive

Province

Réponse

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zon- doma

Total

Pourcen- tage (b)

Pourcentage cumulé

Oui

3

1

 

8

7

19

12,7

12,7

Non

12

14

20

57

28

131

87,3

100,0

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

 

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007. II.1.3.5. La régénération Naturelle Assistée (RNA)

Il s'agit de l'intégration des espèces ligneuses à buts multiples dans l'espace agricole, de façon qu'elles puissent augmenter le rendement total de cet espace.

Elle a pour objectif :

- de favoriser une meilleure gestion des ressources ligneuses ;

- d'assurer la dynamique du couvert végétal ;

- de conserver et de restaurer le sol ;

- d'exploiter les sous produits ligneux (fleurs, feuilles, fruits, etc.) à des fins utiles ;

- de minimiser la production des plants de reboisement qui s'avère onéreuse.

103

La densité de plants à protéger est de 20 pieds adultes, ou 60 à 80 jeunes pousses ou rejets à l'hectare.

Le repérage de sujets sélectionnés se fait à l'aide de piquet, bande colorée, peinture, etc. Les jeunes plants repérés sont protégés :

- contre la divagation des animaux (paniers individuels, badigeonnage avec bouse de vache, gardiennage) ;

- contre les feux de brousse (sarclage, pare-feux, paillage) ;

- contre la concurrence des mauvaises herbes (sarclage).

L'entretien des essences sélectionnées se fait le plus souvent par émondage, élagage, tuteurage, coupe sanitaire, éclaircis, diguettes, demi-lunes.

Les espèces généralement épargnées par les paysans de la zone d'étude sont : Vitellaria paradoxa, Tamarindus indica, Adansonia digitata, Parkia biglobosa, Acacia albida, Sclerocarya birrea, Afzelia africana, Bombax costatum, Lannea microcarpa, Detarium microcarpum, Pterocarpus erinaceus, Diospyros mespiliformis, Balanites aegyptica, Ficus gnaphalocarpa, Anogeissus leiocarpus, etc.

La RNA est faiblement adoptée et pratiquée. Les paysans évoquent le manque de terre cultivable, l'entretien des plants et l'absence du matériel. Si elle l'était à grande échelle, elle pourrait être un excellent moyen de récupération de l'espace sylvo-pastoral en constante dégradation dans le degré carré de Ouahigouya.

II.1.4. Les techniques culturales

II.1.4.1. Les labours

Les différents types de labours observés dans les localités enquêtées sont : les labours légers, le labour à plat et le labour en planche ou en billons.

Les labours légers ou manuels : Ils servent souvent à déchaumer le sol ou à recouvrir les engrais minéraux et les amendements. (cf. planche photographique n° 13, photo n° 1 page 104). Selon GUILLOBEZ et ZOUGMORE (1991), il apparaît nécessaire de sarcler une ou deux fois pendant l'hivernage afin de briser les croûtes formées pendant les pluies et d'éliminer aussi les adventices.

Le labour à plat : il est réalisé avec des charrues à traction asine et permet d'obtenir une surface qui facilite le semis, l'entretien et la récolte. Son utilisation tend à se généraliser (cf. planche photographique n° 13, photo n° 2, page 104).

Le labour en planche ou en billons : il permet d'assurer l'évacuation de l'excès d'eau de surface. Les bandes retournées sont appuyées les unes contre les autres en série de 2 à 10 bandes. Les billons sont séparés par des dérayures. Le labour en billons est utilisé sur sol humide ou lorsque la couche de la terre arable le permet, (cf. planche photographique n° 14, photo n° 1 page 106).

104

Planche photographique 13 : Deux types de labours Photo n° 1 : Labour manuel à Kouni / Gomponsom

Rabdo, A. Juillet 2007.

La daba est l'outil le plus utilisé pour les labours.

Photo n° 2 : Labour à plat avec une charrue à traction asine à Saye / Bassi

Rabdo, A. Juillet 2007.

Ce type de labour permet un meilleur semis.

105

II.1.4.2. Le sous-solage

L'objectif est de casser la couche superficielle d'un sol colmaté afin d'améliorer sa capacité d'infiltration en eau. Le sous-solage est exécuté à l'aide d'un tracteur ou d'un bulldozer. Et cela, jusqu'à une profondeur de 30 cm et même plus. Le sous-solage est suivi d'une préparation du lit de semences à l'aide d'une houe ou un outil à dents à traction animale.

Quelques Projets, Programmes et ONG, ont eu recours à cette pratique pour aménager des zones de culture abandonnées à cause de leur mauvaise structure.

En raison des difficultés de mise en oeuvre du travail du sol en saison sèche, en traction motorisée et de la disponibilité limitée des tracteurs, le sous-solage, comme moyen de travail, est très rarement appliqué dans la zone.

II.1.4.3. Le semis en ligne

La technique du semis en ligne fait partie des thèmes vulgarisés par les services de l'agriculture. Néanmoins les semis en ligne dans la zone représentent de faibles surfaces cultivées. Généralement, les paysans estiment que le rayonnage et le semis en ligne font perdre du temps. De surcroît, cette technique selon eux est sans intérêt si on ne possède pas une houe manga pour sarcler. Pourtant, le semis en ligne présente plusieurs avantages, même en culture manuelle : le rayonnage à 80 cm entre chaque ligne de semis pour le sorgho et le mil, 40 cm pour l'arachide, permet au paysan de semer ensuite sur les lignes en espaçant normalement les poquets (cf. planche photographique n° 14, photo n° 2 page 106).

Les contraintes liées au semis en ligne sont relativement minimes. Le temps de semis est légèrement augmenté car le rayonnage mobilise au moins une personne en permanence.

II.1.5. La fertilisation des sols

Pendant longtemps, les paysans étaient convaincus que le seul facteur limitant la production agricole était l'eau. Avec le développement des aménagements anti-érosifs, les agriculteurs s'aperçoivent maintenant que l'eau et l'arrêt de l'érosion ne suffisent pas pour maintenir des rendements stables. La sensibilité générale vers les thèmes liés à la fertilisation s'est donc notablement accrue, en particulier à l'égard de la fumure organique, plus facile d'accès.

II.1.5.1. L'utilisation de la fumure organique

L'apport de fumure organique est une pratique répandue dans la région, mais la majorité des paysans utilisent moins le potentiel de matière organique disponible. Cela est dû aux pertes de poudrette, au nombre insuffisant de charrettes dans les villages et au faible développement des compostières. La fumure organique bien décomposée est enfouie par labour ou scarifiage. La dose recommandée est de cinq tonnes de fumure par hectare tous les deux ans. Mais les paysans de la zone possèdent le plus souvent de quantités plus faibles.

106

Planche photographique n° 14 : Labour en billon et semis en ligne

Photo n° 1 : Labour en billon à Zambélé / Gomponsom

Rabdo, A. Juillet 2007.

La prise de vue montre la capacité de rétention des eaux par le labour en billon. Entre les intervalles, on perçoit l'humidité encore présente sur la parcelle.

Photo n° 2 : Semis en ligne à petit Samba / Yako

Rabdo, A. Août 2007.

Le semis en ligne permet une bonne disposition des plants et un meilleur entretien.

107

Les paysans reconnaissent le bien fondé de la fumure organique. Cependant seuls 18 % d'entre eux possèdent deux fosses fumières et 5,3 % trois fosses. La grande majorité (74 %) possède une fosse fumière (cf. tableau n° 17). La sensibilisation et les conseils des structures et services techniques, les incitent à accroître la production et l'utilisation de la fumure organique (cf. planche photographique n° 15, photo n° 1 et n° 2 page 108).

Tableau n° 17 : Nombre de fosses fumières réalisées par les paysans

Province

Nombre Fosse

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcentage (b)

 
 
 

1

1

 

2

1,3

Une Fosse

3

11

9

56

32

111

74,0

Deux Fosses

9

4

8

3

3

27

18,0

Trois Fosses

2

 

1

5

 

8

5,3

Cinq Fosses et plus

1

 

1

 
 

2

1,3

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007. 0 : pas de fosse fumière ; Nbr fosse : nombre de fosse.

II.1.5.2. L'utilisation d'engrais chimiques

L'apport d'engrais chimique (NPK surtout) par les paysans sur les parcelles de cultures vise deux objectifs :

- entretenir la fertilité des sols ;

- augmenter la production.

Il existe plusieurs façons d'épandre l'engrais chimique :

- le semis à la volée : on sème uniformément les granulés d'engrais sur tout le champ. Mais très souvent, on les enfouit ou on les ratisse dans le sol ;

- l'application par rangée : on applique l'engrais par rangées, juste à côté ou sous les semences.

Les paysans du degré carré de Ouahigouya répandent généralement l'engrais à la volée pour les plantes semées drues sur une grande surface. Les paysans l'appliquent souvent en rangé pour les plantes qui poussent aussi en rangées et lorsque la quantité d'engrais disponible est peu, pour une grand surface à traiter.

108

Planche photographique n°15 : Des fosses fumières

Photo n° 1 : Réalisation d'une fosse fumière à Dio / Kiembara

Rabdo, A. Mars 2007.

Début de réalisation d'une fosse fumière dans le sol. Le paysan procède au creusage, avant d'utiliser les briques en banco confectionnées avec la terre extraite pour stabiliser la fosse.

Photo n° 2 : Fosse fumière à Reko / Oula

Rabdo, A. Mars 2007.

Dans la zone d'étude, les paysans réalisent les fosses fumières proche de leurs habitations. Cela permet, facilement de remplir la fosse et de veiller à son entretien.

109

CONCLUSION PARTIELLE

Grâce à la recherche et à la valorisation des savoirs et savoirs faire des paysans, la zone d'étude, dispose actuellement d'une panoplie de techniques pour restaurer les sols dégradés. Cependant, même si les différentes techniques observées présentent des atouts, il n'en demeure pas moins que des limites subsistent.

Les avantages des techniques mécaniques concernent essentiellement l'augmentation des rendements agricoles, la conservation de l'eau et la régénération du tapis herbacé et ligneux.

Les limites à l'expansion de ces techniques sont, entre autre, la rareté et l'éloignement des pierres, une forte demande en main d'oeuvre et l'absence de moyens de transport, la disponibilité limitée de la matière organique et l'augmentation des temps de travaux. Les exigences en main d'oeuvre à elle seules rendent difficile la mise en valeur de grandes superficies.

Les avantages des techniques biologiques concernent principalement la régénération du couvert végétal et la réduction du ruissellement et de l'érosion.

Cependant, la mise en défens, n'est pas une mesure appropriée pour les surfaces nues et encroûtées (MANDO et al. 1999).

La faible disponibilité en paille et la distance de transport sont également des contraintes du paillage.

Les avantages des techniques agroforestières concernent principalement la protection du sol contre l'érosion, la restauration du couvert végétal, la stabilisation des ouvrages physiques de CES, la production de biens et services. Les inconvénients sont entre autre, la concurrence avec les autres activités agricoles, la disponibilité limitée des souches d'herbes, la mauvaise qualité des plants, les aléas climatiques, la divagation des animaux, la lenteur des cycles de développement des plants utilisés.

En raison des difficultés de mise en oeuvre du travail du sol en saison sèche en traction motorisée, et de la disponibilité limitée des tracteurs, le sous-solage, comme moyen de travail, est rarement appliqué.

Les inconvénients de la méthode sont la fréquence des croûtes presque après chaque pluie et l'augmentation du risque d'érosion (Nicou et al. 1987).

110

CHAPITRE CINQUIEME : IMPACT ET CONTRAINTES DES TECHNIQUES

I - IMPACT DES TECHNIQUES DE LUTTE ANTI-EROSIVE

Les observations de terrain, les enquêtes menées auprès des paysans et les résultats publiés par des chercheurs, nous ont permis de dresser un bilan de l'impact des aménagements.

I.1. Impact sur l'érosion et le ruissellement

Interrogés sur les avantages des ouvrages, les paysans répondent : « ils ralentissent la vitesse de l'eau et le décapage du sol ». Après une pluie on constate la présence d'eau sur les parcelles aménagées en pierres et un dépôt de sédiments et de débris à l'amont. On note également une différence de niveau entre l'amont et l'aval d'un même dispositif. Ces observations sont confirmées par les résultats de plusieurs chercheurs (SANOU D.C, 1981 ; KABORE R., 1991 ; KABORE O., 1992 ; KABORE R, 1996 ; ZOMBRE et al., 1999 ; ZOUGMORE R., 2000).

La sédimentation en aval des ouvrages apparaît comme le premier indicateur de l'efficacité des aménagements. En effet, les barrières constituées par les ouvrages et la réduction de la vitesse de l'eau sont à la base de cette sédimentation. On a une sédimentation progressive à la suite de laquelle se sont comblées certaines ravines. Par contre, il n'y a pas de sédimentation à l'amont immédiat des ouvrages. On observe une différence de niveau entre l'amont et l'aval (cf. planche photographique n° 16 photo n° 1, page 112).

Des études réalisées par SANOU D.C (1981) à Sirgui, ont révélé que sur une parcelle cultivée sans aménagement anti-érosif, on pouvait avoir une ablation de 5587, 05 kg/ha de terre en une vingtaine de jours de pluie. Par contre cette ablation est de 3948,90 kg/ha sur une parcelle aménagée en bourrelets anti-érosifs. Cela donne une différence de 1638,15 kg de terre emportée par hectare. Il y a donc une rétention significative des matériaux sur les terres aménagées.

I.2. L'impact des techniques sur l'humidité du sol

En freinant le ruissellement, les ouvrages augmentent la durée de séjour de l'eau sur la parcelle. L'eau s'infiltre plus en profondeur. Les paysans interrogés soulignent la persistance de l'humidité pendant les courtes périodes de sécheresse. Cette humidité permet aux plantules de résister aux poches de sécheresse (15 jours environ) qui peuvent subvenir en pleine saison des pluies. Elle permet également de semer très tôt et d'éviter les insuffisances de pluies en fin de saison.

L'impact des ouvrages en pierres sur l'humidité du sol a été mis en évidence par des tests menés au cours de l'hivernage 1995 par l'INERA dans les villages de Nioniongo et Kirsi dans le Passoré. Les résultats de cette étude montrent que, l'humidité est plus importante dans les 25 premiers mètres en amont des cordons de pierres. Elle est plus élevée au niveau du cordon de base. L'augmentation du taux d'humidité des sols a permis de diversifier les cultures et faciliter la maturité des cultures traditionnelles à long cycle.

111

Le taux d'humidité moyen par parcelle est d'autant plus élevé que l'espacement entre cordons est plus faible. L'humidité du sol en amont immédiat des cordons pierreux est plus importante que sur le reste du champ (ZOUGMORE et al., 2000).

I.3. Impact sur la régénération des ressources ligneuses et herbacées

Les paysans de la zone d'étude sont unanimes sur l'impact positif des aménagements sur la régénération des ressources ligneuses et herbacées dans leurs parcelles de cultures. L'émergence spontanée d'espèces adventices surtout en amont des ouvrages est très remarquable en saison pluvieuse. Avec la rareté de Andropogon gayanus, les paysans laissent certaines espèces le long des dispositifs (cf. planche photographique n° 16 photo n° 2, page 112). L'espèce la plus conservée est Pennisetum pedicelatum.

La présence de toutes ces espèces est liée à trois facteurs principaux que sont : - le ruissellement qui véhicule les graines ;

- la sédimentation et l'humidité des parcelles aménagées, offrent aussi des conditions favorables à la germination et à la croissance des plantes ;

Une étude réalisée par Souleymane GANABA de 1999 à 2003 dans la zone nord soudanienne et en zone sahélienne a montré que les aménagements de demi-lunes, de cordons pierreux, les digues filtrantes, le sous-solage et le scarifiage, ont eu un impact positif sur la reconstitution de la végétation herbacée et ligneuse Cassia obtusifolia colonise les micro-bassins des demi-lunes, les abords immédiats des cordons pierreux et des digues filtrantes et concurrence les autres plantes, notamment les ligneux. Les aménagements favorisent également l'apparition et le développement d'une végétation pérenne de Acacia nilotica, Acacia tortilis, Balanites aegyptiaca, Leptadenia hastata, Ziziphus mauritiana, Piliostigma reticulata et Combretum glutinosum, (cf. planche photographique n° 17 photo n° 1, page 114).

I.4. Impact sur la conservation et la récupération des sols

La vitesse de récupération des terres est variable, mais souvent trois ans suffisent si l'infiltration est efficace dès les premières années32. Cette infiltration permet la production de biomasse, donc de fourrage. La récupération de terre arable est fonction du niveau d'étanchéité du cordon et de sa qualité d'exécution.

I.5. Rendements agricoles et sécurité alimentaire

Les effets des techniques CES sur les rendements sont positifs. Toutefois, il est important de relever en préalable que les techniques CES/DRS sont rarement appliquées individuellement. En général, les producteurs les combinent en vue d'en bénéficier des effets synergiques. C'est le cas du zaï avec cordons pierreux, des cordons pierreux avec bandes enherbées, du zaï, cordons pierreux avec régénération naturelle assistée, demi-lune avec zaï (cf. planche photographique n° 17 photo n° 2, page 114).

32AID (2000), mentionne dans son évaluation du PATECORE que l'augmentation des rendements se poursuit de manière successive jusqu'en septième année. Les mesures d'accompagnements (fumure conséquente, jachère améliorée) doivent prendre progressivement (dès 3 ans) le relais pour assurer le maintien du niveau de protection. Ces résultats sont conformes avec la position de C.PIERI (1989).

112

WRIGTH (1985) rapporte des accroissements de rendements de petit mil de 47 % sur cordons pierreux espacés de 10 à 50 m tandis que KABORE et al. Op. cit. (1994) indiquent un accroissement du rendement de sorgho sous cordons pierreux de 11 %. Le PATECORE a enregistré en champs paysans (province du Bam) une hausse des rendements de 75 % à 133 % selon le type d'ouvrage comme indiqué dans le tableau n° 18, page 113.

Planche photographique n° 16 : Traitement d'un zipellé et préservation
d'herbacées le long d'un cordon pierreux

Photo n° 1 : Traitement d'un zipellé par un cordon pierreux à Kouni-Seko / Gomponsom

Rabdo, A. Septembre 2007.

On perçoit ici, l'impact du cordon pierreux sur une zone encroûté. L'aménagement a entrainé une sédimentation qui à facilité les semis avec la réalisation du zaï.

Photo n° 2 : Préservation d'herbacée le long d'un cordon pierreux à Pougyango/Gomponsom

Rabdo, A. Juillet 2007.

Les paysans préservent les herbacées, tout au long des cordons pierreux pour renforcer leur efficacité

113

Tableau n° 18 : Rendements comparés des ouvrages

Type d'ouvrages

Avant aménagement
(kg/ha)

Après aménagement (kg/ha)

Différentiel
(kg/ha)

Cordons pierreux

300

700

400

Digues filtrantes

400

700

300

Source : Evaluation des aménagements anti-érosifs dans le cadre du PATECORE : Analyse de cas dans 6 terroirs villageois, P.73.

Le tableau indique les rendements enregistrés sur des parcelles avant et après aménagement. On constate qu'après les aménagements en cordons pierreux ou en digues filtrantes, les rendements sur ces parcelles sont largement supérieurs aux rendements avant les aménagements. Cela témoigne de l'impact positif des aménagements sur les productions et l'intérêt que les paysans ont à aménager leurs parcelles de culture.

En outre, HULLUGALE et al. (1990) et MAATMAN et al. (1998) indiquent que les rendements se trouvent accrus lorsque les techniques sont combinées. Ainsi, KABORE (2001) a trouvé que le zaï seul a permis d'accroître les rendements de sorgho de 310 kg/ha dans le village de Donsin (province du Namentenga) où les producteurs venaient d'adopter cette technique, tandis que sa combinaison avec les cordons pierreux assurait un accroissement de 710 kg/ha.

Les producteurs, sans pouvoir exprimer de tels effets en unités standard, expliquent clairement tout l'avantage des techniques appliquées. Ils reconnaissent tous que des techniques comme le zaï ont contribué à doubler ou même à tripler les rendements de céréales. Ceci a eu pour effet d'assurer une sécurité alimentaire sur une période plus grande de l'année : 8 - 9 mois en cas de mauvaise pluviométrie et de 12 mois en cas de bonne pluviométrie. D'ailleurs, certains arrivent à constituer un excédent de production sur quelques années.

II - EXIGENCES DES TECHNIQUES DE LA LUTTE ANTI-EROSIVE

II.1. La charge de travail

La construction des cordons exige beaucoup de temps pour le ramassage, le transport et l'alignement des moellons selon les courbes de niveau. KABORE (1993) indique un nombre d'heures de travail variable selon que les cordons sont faits individuellement ou collectivement. Il est de l'ordre de 97 h/ha dans l'hypothèse où les cordons sont construits par les membres de la famille avec des moellons disponibles sur une courte distance. La main d'oeuvre estimée par ha atteint 28 jours par ha en moyenne lorsqu'il s'agit de construction collective généralement financé par des Programmes de Développement ou des ONG.

Une telle exigence en main d'oeuvre est due à d'autres contraintes comme la distance de plus en plus grande à parcourir pour collecter les moellons. La contribution des femmes et des enfants est fortement sollicitée, non seulement pour le ramassage, mais aussi pour l'alignement des moellons suivant les courbes de niveau.

114

Planche photographique n° 17 : Régénération ligneuse et association zaï
mécanique et demi-lunes

Photo n° 1 : Régénération ligneuse due au cordon pierreux à Boursouma / Oula

Rabdo, A. Mars 2007.

Régénération ligneuse due à l'existence des cordons pierreux sur une parcelle précédemment nue et encroûtée. Le dépôt des grains par les vents et le ruissellement a permis une recolonisation de la parcelle en ligneux.

Photo n° 2 : Association Zaï mécanique et demi-lune à Kizambo / Yako

Rabdo, A. Septembre 2007.

Résultat d'une association de techniques, sur une même parcelle. On observe la bonne croissance des semis, ce qui laisse présager un bon rendement à la récolte.

115

Quant à la charge de travail induite par le zaï, elle se décompose en main d'oeuvre pour le creusage de trous, la fabrication et le transport de la fumure organique, et son épandage dans les trous. La pratique du zaï requiert également de longues périodes de travail. Plus de 37 jours sont nécessaires pour la confection d'un ha de zaï, dont 25 jours pour le creusage et la mise en poquet de la fumure organique. Cette exigence est d'autant plus contraignante que les superficies à aménager sont grandes. Ce qui explique la faible superficie traitée en zaï, soit environ 0,25 ha par an et par ménage. Les exigences en main d'oeuvre sont plus grandes pour les demi-lunes qui sont comparées par les paysans à des mini- bassins plus difficiles à creuser.

II.2. Les besoins d'équipements

La pratique des techniques nécessite l'utilisation d'équipements. Pour le zaï et les demi-lunes, la fabrication de la fumure organique exige du matériel pour le transport au champ. Quant aux cordons pierreux, il est de notoriété que le transport des moellons est hors de portée des producteurs, notamment lorsqu'il s'agit de grandes distances à parcourir. C'est la raison pour laquelle des Programmes, comme le PDRD ou le PSA/RTD ont consentit à financer des travaux collectifs pour la construction des cordons pierreux dans les terroirs de plusieurs villages du degré carré de Ouahigouya33.

Les paysans interrogés (42 %) affirment avoir reçu une aide en petit matériel de la part des structures intervenant dans la zone. Cependant, 33,3 % d'entre eux disent n'avoir jamais reçu d'appui d'une structure quelconque (cf. tableau n° 19). Malgré cette aide apportée aux paysans, ils la trouvent insuffisante au regard des effectifs dans les villages et les superficies en extension à aménager34.

Tableau n° 19 : Appuis reçues par les paysans

Province

Type d'aide

Loroum

Pas- soré

Sou- rou

Ya-
tenga

Zon-
doma

Total

Pourcen- tage (%)

%

cumulé

Petit matériel

9

7

4

36

7

63

42,0

42,0

Camion

 

1

1

1

3

6

4,0

46,0

Semences

 
 
 

2

 

2

1,3

47,3

Camion + petit matériel + formation

 

1

 

1

1

3

2,0

49,3

Petit matériel + camion

1

6

 
 

7

14

9,3

58,7

Formation

 
 
 
 

1

1

0,7

59,3

Formation + petit matériel

 
 
 

1

8

9

6,0

65,3

Pas d'aide

5

 

15

23

7

50

33,3

98,7

Autres

 
 
 

1

1

2

1,3

100,0

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

 

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

Les aides apportés aux paysans sont consignés dans ce tableau, afin de montrer, le mode d'appui des structures aux paysans de la zone d'étude. Les différents pourcentages sont révélateurs de la dimension de l'aide apportée.

33 Les projets et Programmes contribuent souvent pour le transport en fournissant les camions et du matériel comme les brouettes, les gants, les pics et les barres à mine. Cette option s'avère toutefois plus coûteuse que l'option individuelle au cas où les moellons sont à une distance proche.

34 Le petit matériel est octroyé au groupement villageois pour les travaux d'aménagement dans le village, mais en quantité insuffisante pour tout le village.

116

III - CONTRIBUTION DES PRODUCTEURS A L'AMELIORATION DES TECHNIQUES DE LUTTE ANTI-EROSIVE

Dans la zone de l'étude il existe des paysans qui ont non seulement adhéré aux techniques de lutte anti-érosive, mais également qui ont réussi dans certains cas à les améliorer. Ces paysans dits innovateurs font spontanément des expérimentations sur des techniques de gestion de l'eau, des sols et de la biomasse.

Le PDRD, en collaboration avec l'INERA, a organisé une session de formation au profit de 50 paysans innovateurs en vue d'améliorer leurs connaissances et leur maîtrise des nouvelles technologies diffusées par le Programme.

Le suivi a permis de noter que 47 «champs écoles» dont 38 dans notre zone d'étude, ont été effectivement mis en place sur les cinquante attendus. Sur un total de 23,5 ha aménagés (19 ha dans notre zone d'étude), plusieurs technologies complémentaires ont été développées : cordons pierreux, végétalisation ligneuse et herbacée, zaï amélioré, demi-lune, application de la fumure organique et minérale.

Les paysans innovateurs sont aujourd'hui en passe de constituer une élite relativement riche en paquet technologique de CES. Ils ont réussi à étendre progressivement leurs champs en réhabilitant les terres dégradées et à développer des systèmes agro-sylvo-pastoraux performants. Leur volonté de partager leurs expériences avec les autres paysans les a conduit à créer un réseau de paysans innovateurs et une école de zaï (exemple à Ziga/Yatenga).

IV - COUTS DES AMENAGEMENTS ANTI-EROSIFS

Les informations recueillies auprès des bénéficiaires des aménagements et les coûts de transports évalués par le PDRD, indiquent des coûts de l'ordre de soixante seize mille francs CFA par ha aménagé (pour les cordons pierreux) à vingt deux mille francs CFA par ha (pour les demi-lune) et quatre vingt mille francs CFA (pour les digues filtrantes).

Tableau n° 20 : Coûts des aménagements anti-érosifs

Types d'ouvrages

 

Coûts

Cordons pierreux

76

000 Fcfa/ha

Demi-lunes

22

000 Fcfa/ha

Digues filtrantes

80

000 Fcfa/ha

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

Les différents coûts des aménagements consignés dans le tableau, donnent une idée de la valeur des différents aménagements. La prise en charge du véhicule, du chauffeur, techniciens aménagiste et du carburant sont compris dans ces coûts. Il est demandé aux paysans un appui en mains d'oeuvre.

La construction des cordons pierreux nécessite souvent le concours d'une ONG ou d'un Projet pour la collecte, le transport des moellons et le financement des équipements nécessaires; ce qui rend les cordons pierreux difficilement accessibles aux producteurs individuels, surtout lorsque les moellons sont à une grande distance.

117

V - POURSUITE DES AMENAGEMENTS AU DELA DE LA FIN DES PROJETS ET PROGRAMMES

La forte participation des populations aux travaux d'aménagement dans la zone a été constante. C'est à priori le signe qu'elle est disposée à s'approprier les ouvrages réalisés, à les mettrent en valeurs. L'adoption et la mise en valeur des aménagements sont à long terme, plus importants que le rythme de réalisation d'un Projet ou d'un Programme. En utilisant des modalités d'exécution adéquates, le Projet familiarise la population à l'utilisation d'une mesure CES, ce qui favorise son adoption et son développement. Les projets et Programmes que nous avons rencontrés utilisent l'approche participative basée sur la sensibilisation et la mobilisation des populations bénéficiaires des ouvrages. Il arrive souvent de constater sur le terrain l'arrêt quasi général des activités de lutte anti-érosive dans les villages, dès que prend fin l'appui extérieur. Toutefois, ces cas sont minimes dans notre zone d'étude où 99 % des producteurs sont prêts à poursuivre la réalisation des actions engagées au terme de l'exécution des Projets ou Programmes en cours qui les appuient.

Les populations sont prêtes et déterminé à lutter contre la dégradation de leur agro-écosystème, si un intervenant extérieur leur fournit le matériel pour extraire les moellons et un camion pour le transport des moellons sur les sites à aménager.

Les raisons avancées par les populations pour expliquer la non poursuite des travaux sont d'ordre technique financier et méthodologique. Néanmoins tous les producteurs se disent disposés à poursuivre les actions entreprises, notamment les aménagements en pierres et le reboisement. Cependant, ils comptent sur un soutien extérieur.

118

CONCLUSION PARTIELLE

De nombreuses techniques ont été mises en oeuvre par les paysans avec l'appui conseil des ONG et les structures étatiques pour lutter contre la dégradation des sols. Ce sont :

- les techniques de contrôle du ruissellement des eaux de surface en vue d'assurer leur infiltration et dei collecter les sédiments transportés: zaï, diguettes en terre, cordons pierreux ou diguettes en pierres, bandes végétales, demi-lunes...

- les techniques qui améliorent la structure du sol, par la stimulation de l'activité biologique du sol : zaï, paillage, mise en défens, et par une action mécanique, pour assurer une bonne infiltration de l'eau et une bonne relation eau-sol-plante : sous-solage, scarifiage.

Les investigations de terrains ont permis de confirmer l'efficacité des techniques de lutte anti-érosive dans la réhabilitation des terres dégradées et l'amélioration de la productivité.

Toutefois, pour l'application et l'adoption de ces technologies, les paysans sont confrontés à un grand nombre de contraintes qui limitent leur utilisation à grande échelle. Il s'agit ainsi de l'insuffisance de matière organique, la difficulté du travail, le problème foncier, l'insuffisance d'équipement.

La lutte engagée contre le phénomène de la désertification a nécessité l'intervention des ONG qui travaillent en partenariat avec les services techniques déconcentrés de l'Etat. Malgré les contraintes objectives auxquelles sont confrontés les producteurs dans la mise en oeuvre des techniques vulgarisées par les intervenants, leur mobilisation reste forte. Il est par conséquent aisé de comprendre que la lutte anti-érosive occupe une place importante dans le degré carré de Ouahigouya.

119

CHAPITRE SIXIEME : RESULTATS ET PERSPECTIVES

La description des différents types de techniques et leurs contraintes sont nécessaires pour mieux apprécier la classification préférentielle des techniques par les producteurs. Avant les aménagements, la grande majorité des paysans labouraient et semaient sans tenir compte des courbes de niveau. Après la récolte, les tiges de céréales étaient généralement coupées et ramassées par les femmes. Les ravines n'étaient pas protégées. Les techniques traditionnelles mises en place par les producteurs étaient caractérisées par leur résistance précaire et leur moindre efficacité. Les producteurs affirment : «avec les nouvelles techniques et les différentes formations reçues, on gagne le double de ce qu'on obtenait avant».

I - RESULTATS

I.1. Classification préférentielle des techniques par les producteurs

Dans la zone d'étude, la défense et la restauration des sols ainsi que la conservation des eaux constituent les critères les plus importants dans l'adoption des techniques proposées. Les problèmes de la régénération du couvert végétal, le fourrage, l'accroissement et la reconstitution des pâturages constituent la seconde préoccupation des producteurs. Cette classification est justifiée par le niveau de dégradation avancé dans la zone. D'ailleurs, ces considérations ont amené les paysans à utiliser et préférer les cordons pierreux, le zaï amélioré, les demi-lunes, les cordons pierreux végétalisés associés au zaï, les cordons pierreux associés au zaï amélioré et aux demi-lunes, le reboisement, à d'autres techniques comme, la haie vive, les brises vents et la mise en défens. On observe cependant une percée de la Régénération Naturelle Assistée qui accompagne souvent les cordons pierreux et le zaï35.

I.1.1. Les techniques utilisées

Les enquêtes réalisées ont permis d'établir une liste des techniques utilisées par les producteurs de la zone.

Les techniques les plus utilisées sont les cordons pierreux, le zaï amélioré et la demi-lune. Ces techniques sont utilisées en association en plus de la fumure organique ou minérale pour plus d'efficacité contre l'érosion et un meilleur rendement (cf. tableau n° 21, ci-après).

35 On note une réapparition de certaines espèces d'arbres qui avaient disparu grâce (i) aux graines apportées par les eaux et disséminées dans les champs sous cordons pierreux (ii) aux graines contenues dans la fumure organique placée dans les trous de zaï. Les producteurs ont un engouement particulier à protéger de telles espèces qu'ils n'ont jusque là connues que de nom.

120

Tableau n° 21 : Techniques utilisées

Province

Technique

Loroum

Pas- soré

Sourou

Yatenga

Zon- doma

Total

Pourcen-tage (b)

Aucune technique

 
 
 

1

 

1

0,7

Cordon P + Zaï A + Fumure

5

6

14

34

16

75

50,0

Cordons P + Zaï A + Demi-L + Fumure

9

5

1

22

5

42

28,0

Cordon P + Zaï A + Zaï Méc + Fumure

 
 
 

1

7

8

5,3

Cordon P + Zaï Méc + Zaï A + Demi-L + Fumure

1

4

 

4

4

13

8,7

Cordon P + Fumure

 
 

2

 

1

3

2,0

Zaï A + Fumure

 
 

3

2

1

6

4,0

Diguette F + Cordon P + Zaï A + Demi-L + Fumure

 
 
 
 

1

1

0,7

Fumure

 
 
 

1

 

1

0,7

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

Cordon P : cordon pierreux ; Zaï A : zaï amélioré ; Demi-L : demi-lune ; Zaï Méc : zaï mécanique ; Diguette F : diguette filtrante.

Les pourcentages consignés dans le tableau n° 21, ont permis de réaliser le graphique n° 7 ci après. Ce graphique témoigne de la combinaison des techniques dans la zone. Celles les plus utilisées sont : l'ensemble cordon pierreux plus zaï amélioré plus fumure (50 % des producteurs) et l'ensemble cordons pierreux plus zaï amélioré plus demi-lune et fumure (28 % des producteurs).

Les effectifs de l'association cordons pierreux, zaï amélioré, fumure sont supérieurs ou égal à cinq dans toute la zone. Tandis que l'association cordons pierreux, zaï amélioré, demi-lune n'a pas encore fait son apparition à grande échelle36. Les associations de techniques impliquant le zaï mécanique ont des proportions inférieures à 10 %. Le zaï mécanique est très peu répandu dans la zone. L'adoption de cette technique est faible même dans le Zondoma où elle a été introduite par l'INERA.

Diguette F + Cordon P + Zaï A + Demi L + Fumure

Cordon P + Zai Méc + Zaï A + Demi L + Fumure

Cordons P + Zaï A + Demi L + Fumure

Cordon P + Zaï A + Zai Méc + Fumure

Cordon P + Zaï A + Fumure

Graphique n°7 : TECHNIQUES UTILISEES

Cordon P + Fumure

Acune technique

Zaï A + Fumure

Fumure

0,67

0,67

0,67

2,00

4,00

5,33

8,67

28,00

50,00

Source : Résultats des enquêtes Septembre 2007 Rabdo, A.

36 La demi-lune est en phase de vulgarisation dans les départements du Sourou grâce à des paysans innovateurs (Kiembara, Lankoué) avec l'appui de la DPAHRH/Sourou.

121

I.1.2. Les techniques préférées

Les techniques de CES/DRS connaissent dans la zone un fort taux d'adoption.

Cependant, ces techniques peuvent être classées par ordre de préférence. A la question de savoir quelles sont les techniques qu'ils préfèrent, 60,7 % affirment préférer l'association cordons pierreux - zaï amélioré - fumure. Les paysans classent cette association de techniques en première position, parce qu'ils la trouvent facile dans sa réalisation et moins contraignante. L'association de techniques, cordons pierreux - zaï amélioré - demi-lune - fumure est classée en seconde position (19,3 %). Ce rang est dû à sa contrainte en fumure.

Le tableau n° 22 ci-dessous indique les différents taux de préférence des techniques dans la zone. Les associations de techniques avec le zaï mécanique sont en faible proportion dans la région. Cela est dû à la nécessité d'équipement que le zaï mécanique requiert (animaux de trait, charrue, etc.).

Tableau n° 22 : Techniques préférées

Province

Technique

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcen-tage (%)

Cordon P + Zaï A + Fumure

4

6

14

51

16

91

60,7

Cordon P + Zaï Méc + Demi L + Fumure + Zaï A

1

4

 

1

4

10

6,7

Cordon P + Zaï A + Demi L + Fumure

9

5

1

9

5

29

19,3

Cordon P + Fumure

 
 

2

 

1

3

2,0

Zaï A + Fumure

 
 

3

2

1

6

4,0

Diguette F + Cordon P+Zaï A+Demi L+Fumure

 
 
 
 

1

1

0,7

Zaï A + Zaï Méc + Cordon P + Fumure

1

 
 

1

7

9

6,0

Aucune technique

 
 
 

1

 

1

0,7

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

Cordon P : cordon pierreux ; zaï A : zaï amélioré ; Demi-L : demi-lune ; Zaï Méc : zaï mécanique ;

Diguette F : diguette filtrante.

Le graphique n° 8 exprime les taux de préférence des différentes techniques dans la zone. Tout comme le tableau n° 22, l'association cordons pierreux - zaï amélioré - fumure et l'association cordons pierreux - zaï amélioré - demi - lune -fumure sont les plus préférées par les producteurs.

60%

Graphique n°8 : TECHNIQUES PREFEREES

Cordon P + Zaï A + Fumure

Cordon P + Zaï Méc + Demi L + Fumure + Zai A

Cordon P + Zaï A + Demi L + Fumure

Cordon P + Fumure

Zaï A + Fumure

Diguette F + Cordon P+Zaï A+Demi L+Fumure

Zaï A + Zai Méc + Cordon P + Fumure

Aucune technique

1% 6%

1%

4%

2%

7%

19%

122

Source : Résultats des enquêtes Septembre 2007 Rabdo, A.

II - LES PERSPECTIVES

D'une manière générale, l'avenir des aménagements est assez prometteur, car les paysans sont unanimes à reconnaître leurs avantages. Cependant, certains comportements pourraient entraver ces succès. Il s'agit par exemple et surtout de l'attentisme de certains producteurs en l'absence d'appui des intervenants avant toute action d'aménagement.

L'analyse des différentes techniques fait ressortir des résultats positifs. Cependant, ces techniques rencontrent dans leurs applications des problèmes qu'il convient de résoudre. Pour y parvenir nous suggérons les recommandations suivantes :

- Sur le plan politique : la politique du gouvernement en matière de développement rural est pertinente dans sa conception. Cependant, pour que cette politique soit opérationnelle et permet de parvenir aux résultats escomptés, il convient de prendre les mesures d'accompagnement ci-dessous :

. l'instauration permanente de concertation entre les différents départements ministériels afin que les services techniques opérant sur le terrain puissent harmoniser leurs interventions,

. la sécurisation foncière.

- Sur le plan technique et méthodologique :

. les calendriers d'extraction et de ramassage des moellons doivent être respectées et arrêtées de concert avec les paysans. Cela permettra de réaliser les ouvrages dans de bonnes conditions,

123

. malgré les différentes contraintes liées aux aménagements, les techniques tel que le zaï et la demi-lune peuvent être encore améliorées en vulgarisant l'association des fertilisants minéraux à la matière organique,

. la technique du zaï ne permettant pas un transfert de fertilité entre le poquet et l'entre-poquet, le creusage régulier de nouveaux poquets de zaï entre les anciens poquets pourraient tendre à homogénéiser la fertilité sur toute la parcelle. Pour minimiser la durée et le temps des travaux, la mécanisation du creusage paraît une perspective intéressante à promouvoir.

- Il faut tenir compte des conditions dans lesquelles ces techniques vont être mises en oeuvre. Cela permettra de choisir celles qui sont le plus pertinents. Trois grands types de conditions doivent être prises en considération:

. le milieu physique et en particulier les conditions pédoclimatiques des zones d'intervention.

. les systèmes de production et en particulier les moyens de production dont disposent les agriculteurs.

- Sur le plan matériel : il faut favoriser l'accès au petit matériel (brouettes, marteaux, pelles, gants, pics, barres à mines, etc.) pour les paysans non membres des groupements. Ils pourront par exemple payer des frais de location journalière de 50 à 100 FCFA. Une cotisation des membres permettra aux groupements d'acquérir du matériel sans attendre l'aide des partenaires. Cette initiative répondra bien à l'esprit d'auto-promotion tant souhaitée.

L'aménagement des terroirs mérite d'être poursuivi compte tenu de l'amélioration des productions agricoles qu'il induit.

Cependant des recherches doivent être menées en vue de trouver un substitut aux moellons qui commence à se faire de plus en plus rares et dont les sites de collecte deviennent de plus en plus éloignés. Même si pour l'instant Andropogon gayanus est recommandé, il demeure insuffisant voire rare dans certaines localités.

124

CONCLUSION PARTIELLE

Les techniques de CES/DRS sont multiples dans la zone d'étude. Elles connaissent une application à petite et/ou à grande échelle en fonction des conditions agro-écologiques du milieu.

Grâce à l'appui des ONG, et des services étatiques, les producteurs ont privilégié l'association des techniques. Pour renforcer leur efficacité en terme de restauration et de gestion/conservation de la fertilité.

Le faible taux accordé aux autres techniques est le plus souvent lié aux contraintes d'équipements et de matière organique. Avec l'aide des partenaires, ces contraintes s'amenuisent. Cela permettra une plus grande adoption de toutes les techniques d'aménagement. Toute chose qui concourt à mieux lutter contre l'érosion.

125

CONCLUSION GENERALE

La lutte contre la dégradation des terres fait appel à deux grandes formes de stratégie : une stratégie mécanique et une stratégie agroforestière. Les techniques mécaniques ont des effets immédiats ou à court terme, mais les ouvrages doivent être entretenus et parfois renouvelés. Par contre, les techniques agroforestières ont une efficacité différée à moyen terme et restent durables. Ces techniques sont complémentaires et leur combinaison est toujours la meilleure et la plus pratiquée. Elles ont un but commun : augmenter la réserve en eau du sol, stopper l'érosion du sol et augmenter les productions agricoles.

L'inventaire des techniques de lutte anti-érosive a permis d'examiner les avantages et les inconvénients, les atouts et contraintes de celles-ci dans le degré carré de Ouahigouya. Les bilans écologiques de certaines d'entre elles sont indéniablement positifs. Toute fois, on peut s'interroger sur la faiblesse relative de leur adoption à une large échelle.

Les résultats des ONG sont fortement fonction de leurs propres approches d'intervention dans les villages. La participation des villages aux différentes activités de conservation des eaux et des sols s'est révélée insuffisante au début, mais s'est très rapidement améliorée dans les villages, à la faveur du changement d'approche, désormais plus participative, que les intervenants ont été amenés à opérer.

Les travaux réalisés et les résultats atteints sont très encourageants. En effet, la réhabilitation des terres dégradées à permis : d'accroître les rendements des cultures et d'améliorer la sécurité alimentaire, d'augmenter le niveau de l'épargne qui s'est traduite par des investissements dans l'achat d'animaux. Par ailleurs, les actions visant à promouvoir les techniques de CES ont accru la prise de conscience des producteurs vis-à-vis du problème de la dégradation des ressources naturelles.

L'étude réalisée fait ressortir que les techniques de luttes anti-érosive dans le degré carré de Ouahigouya auraient contribué, du moins dans les provinces du Passoré - Zondoma - Yatenga, à réduire la pauvreté dans les villages. Les techniques de CES ont également eu pour effet de modifier le système de production, et notamment le mode d'élevage qui tend à s'intensifier, afin de mieux produire la fumure organique nécessaire au zaï et aux demi-lunes.

Nous avons observé que certains paysans, sont susceptibles non seulement d'adopter les techniques, mais aussi de les améliorer en les adaptant et de contribuer à les diffuser auprès d'autres producteurs. Par leur travail, ils ont montré qu'il est possible de créer un système agro-sylvo-pastoral intégré dans un environnement biophysique dégradé et d'en tirer bénéfice à court, moyen et long terme.

L'avenir de l'aménagement des terroirs reste une préoccupation en l'absence d'une assistance permanente. En effet, l'adhésion des populations pour les techniques de réhabilitation reste pour une part importante liée à l'appui technique et financier des ONG. Cela limite fortement la pérennité et la poursuite des actions qui ne sont plus garanties dès que l'intervenant extérieur se retire du village. Comme nous l'avons indiqué, une majorité de paysans se déclarent intéressés par les techniques de CES/DRS. Mais il s'agit d'une adhésion par rapport à un appui venu de l'extérieur, ce qui introduit une erreur importante dans l'estimation des besoins réels et sur le soutien subséquent aux actions entreprises par ces populations.

126

Au regard de tous les effets et impacts ci-avant décrits, il est souhaitable que des mesures soient prises pour favoriser l'acquisition d'équipements par les producteurs, en vue de pérenniser les acquis de ces techniques.

Les initiatives déjà entreprises sur le plan national nous permettent d'affirmer que l'espoir est permis. Nous pouvons citer la mise en place du Programme de Développement Rural Durable et de la deuxième phase du PNGT2 dont la bonne exécution permettra une meilleure gestion des ressources naturelles à travers la responsabilisation des communautés villageoises engagées dans la lutte contre la pauvreté.

127

BIBLIOGRAPHIE

MEMOIRES ET THESES

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26. ROOSE E., 1994. Introduction à la gestion conservatoire de l'eau, de la biomasse et de la fertilité des sols (GCES).Bull. Pédo. FAO. 70, Rome, 424 p.

27. ROOSE E., DUGUE P. et RODRIGUEZ L., 1993. L'aménagement des terroirs villageois et l'amélioration de la production agricole au Yatenga (Burkina Faso). Une expérience de recherche-développement. Cahiers ORSTOM, série pédologique, 27 (2) : pp.385-402.

28. ROOSE E., DUGUE P., RODRIGUEZ L., 1992. La gestion conservatoire de l'eau, de la biomasse et de la fertilité des sols (GCES). Une nouvelle stratégie de lutte anti-érosive appliquée à l'aménagement des terroirs en zone soudano sahélienne du Burkina Faso. Bois et Forêts des Tropiques n° 233, (3) 1992, pp.49-63.

29. ROOSE E., KABORE V., et GUENATE C., 1993. Le zaï : fonctionnement, limites et amélioration d'une technique traditionnelle de réhabilitation de la végétation et de la productivité des terres dégradées en région soudano sahélienne (BF). Cahiers ORSTOM, sér. pédo., 28 (2) pp.159-173.

30. SANOU D. C., 1993. Ruissellement et érosion sur petits bassins versants : le cas de Imiga /Tibin in Aspects des milieux naturels du Burkina Faso, pp.85-84.

31. SANOU D. C., 2001. ABC de la géomorphologie, Université de Ouagadougou, 97 p.

32.

130

T. DORO., 1991. Conservation des eaux et des sols aux Sahel : l'expérience de la province du Yatenga (Burkina Faso). CILSS, 78 p.

33. VLAAR., 1992. Les techniques de conservation des eaux et des sols dans les pays du Sahel. CIEH, Burkina Faso, Université Agronomique de Wageningen, 99 p.

34. ZOUGMORE R. et al., 1993. Premières approches de l'impact des ouvrages anti-érosifs en pierres sur le ruissellement et les rendements en sorgho ; étude des écartements sur un bassin versant dans la plaine centrale. In Gestion durable des sols et environnement en Afrique intertropicale. Actes du 1er colloque international de Ouagadougou. Thiombiano, L., De Blic, P., Bationo, A. (éditions, 2000) :pp.278-283.

35. ZOUGMORE R. et al., 1999. Réhabilitation des sols dégradés : rôles des amendements dans le succès des techniques de demi-lune et de zaï au Sahel. Bulletin Réseau Erosion19 : L'influence de l'homme sur l'érosion. pp 536-549.

36. ZOUGMORE R. et al., 2000. Intensification des systèmes de cultures par des techniques de conservation des eaux et des sols et d'agroforesterie dans la plaine centrale du Burkina Faso. Recueil de fiches techniques, Recherche - Développement INERA/PS-CES/AGF. 25 p.

RAPPORTS, ARTICLES, REVUES ET DOCUMENTS TECHNIQUES
D'INSTITUTIONS, PROJETS, PROGRAMMES ET ONG.

1. BANDRE P. et BATTA F., 1998. Conservation des eaux et des sols au Burkina Faso. Rapport, Overseas Development Institute (Odi), Voisins Mondiaux. 38 p.

2. BOULET R., 1968. Rapport de l'étude pédologique de la Haute Volta, région Centre Nord. Centre ORSTOM de Dakar - HANN. 351 p.

3. BUMIGEG. 2003. Notice explicative de la carte géologique et minière à 1/1000000 du Burkina Faso. 3ème édition. 147 P. Carte géologique et minière du Burkina Faso à 1/1000000. 3ème édition.

5. BUMIGEG. 2003. Carte géologique du Burkina Faso à 1/200000. Ouahigouya ND-30-X, 1ère édition, par GAMSONRE P. E. Carte révisée par l'équipe de projet SYSMIN de 2001 à 2003.

6. BUMIGEG. 2003. Notice explicative de la carte géologique à 1/200000. Feuille ND-30-X Ouahigouya 1ère édition 57 p.

7. BUNASOL. 1973. Carte pédologique de reconnaissance de la république de Haute Volta. 1/500000, feuille, centre nord de 1973, Dakar, ORSTOM. Boulet R, 1966-1968.

8. BUNASSOL. 2002. Etude morphologique de la province du Passoré, document de synthèse, 129 p.

9. CESSOUMA A. et al., 1999. Gestion de l'espace naturel dans le Yatenga, Sourou et Zondoma. Rapport final. Ouagadougou (Burkina Faso). Lausanne (CH), EIER/EPFL, 64 p.

10. DIANE D., 1992. La lutte contre la désertification : l'approche communautaire. Le courrier (ACP/CEE). N° 133, pp. 82-84.

11.

131

FAHO T., 1998. Lutte anti-érosive, gestion des eaux de surface dans le Yatenga : les actions du FEER et ex- ORD. Actes de l'atelier de coordination, tome 2 : les communications, PS-CES/AGF, IPD/AOS, pp.51-69.

12. GANABA S. et KIEMA A., 2000. Impacts des aménagements anti-érosifs sur la diversité biologique et végétale en région sahélienne du Burkina Faso. Rapport INERA/PGRN-SY, 54 p.

13. HIEN V. et al., 2004. Projet 83 recherche sur des technologies de lutte contre la désertification au Sahel et étude de leur impact agro-écologique. Rapport final d'étude, 91 p.

14. INERA. 2000. Rapport sur les acquis scientifiques (1992 -1999) du département gestion des ressources naturelles et systèmes de production (GRN/SP).Ouagadougou, 139 p.

15. INSD. 2000. Analyse des résultats du recensement général de la population et de l'habitat de 1996. Volume I et Volume II. Ouagadougou, 528 p.

16. INSD. 2000. Recensement général de la population et de l'habitat (10-20 décembre 1996) extrait du fichier des villages du Burkina Faso. Ouagadougou, 315 p.

17. INSD. 2004. Projection de la population du Burkina Faso. 82 p.

18. J. FOURNIER. Et al., 2000. Rôle des jachères sur les écoulements de surface et l'érosion en zone soudanienne du Burkina Faso : Application à la gestion des terres cultivées. Revue, Sud Sciences et Technologies, N° 5, 14 p.

19. KY- DEMBELE C. et al., 1995. Conservation des eaux et des sols - Agroforesterie. Recueil de fiches techniques. Programme collaboratif PS/CES-AGF, INERA, IBRET, 34 p.

20. MAHRH. 1990. Etude du bilan d'eau au Burkina Faso : Etude du schéma directeur de l'alimentation en eau potable (AEP) pour la région du Nord (1990-2005) première version.

21. MINISTERE DE L'EAU. 1987. Inventaire et reconnaissance générale de l'état des barrages et retenu d'eau au Burkina Faso. Office national des barrages et des aménagements hydro-agricoles, 453 P.

22. MINISTERE DES RESSOURCES ANIMALES. 2004. Deuxième enquête nationale sur les effectifs du cheptel. Tome II (Résultats et analyses).

23. PATECORE. 1996. Fiches techniques sur des mesures physiques et biologiques en conservation des eaux et des sols. 46 p.

24. PDRD. 2006. Rapport annuel d'exécution technique et financière. 62 p + annexes.

25. PDRD. 2006. Rapport de préevaluation. 130 p.

26. PSA/RTD., 2006. Rapport PIP du troisième trimestre. 18 p.

27. PS-CES/AGF. 2002. Bilan des réalisations physiques et budgétaires de la phase II du PS-CES/AGF, dans la plaine centrale. Rapport final, 245 p + annexes.

28. PS-CES/AGF. 2003. Rapport d'évaluation intermédiaire. 71 p + annexes.

29. PS-CES/AGF., 2003. Rapport. Niveau de couverture en aménagements anti-érosifs des départements de la plaine centrale.

132

133

ANNEXE N° I : FICHE D'ENQUETE

1. N° Date

2. Nom et prénoms de l'enquêteur

3. Village Département Province

I. / IDENTIFICATION DE L'ENQUETE

1. - Nom et prénoms :

2. - Sexe : Masculin Féminin

3. - Age : (En année révolues)

4. - Ethnie :

5. - Taille du ménage:

6. - A quelle organisation paysanne appartenez-vous:
6.1. - groupement villageois

6.2. - coopérative

6.3. - aucune

6.4. - autres (à préciser)
II. / DOMAINE FONCIER ET TECHNIQUES CULTURALES

1. Parcelles exploitées par ménage et localisation topographique 1.1. Jardin de case

1.1.1 localisation topographique
1.2. Champs de case

1.2.1. localisation topographique
1.3. Champs de brousse

1.3.1. localisation topographique

2. Age de la parcelle exploitée (en année révolue)

2.1. parcelle récente

2.2. parcelle ancienne

2.3. parcelle de jachère

3.

134

durée de mise en valeur

4. pourquoi cette durée ?

5. les cultures pratiquées

6. pourquoi ces cultures ?

7. types de labours 7.1. Plat

7.2. Sur buttes 7.3. Billons

8. pourquoi ?
III. / PERCEPTION PAYSANNE DE L'EROSION ET PRATIQUES ANTI-EROSIVES

1. L'érosion se manifeste t-elle sur vos parcelles ?

1. Oui

2. Non

2. Si oui, à quelle période de l'année?

2.1. Début d'année 2.2. Milieu d'année 2.3. Fin d'année

3. Au niveau de quelle parcelle (localisation topographique) l'érosion est-elle importante ? 3.1. sur les hauts de pente

3.2. sur les bas de pente

3.3. dans les bas-fond

4. Quelle est l'intensité de l'érosion ? 4.1. Forte

4.2. Moyenne
4.3. Faible

5. Concerne t-elle toute l'exploitation ?

5.1. Oui 5.2. Non

6. 135

Prenez-vous des dispositions contre l'érosion ?

6.1. Oui 6.2. Non

7. Si oui lesquelles, à quelle période de l'année et pourquoi ?

8. Si non pourquoi ?

9. Etes-vous au courant des nouvelles techniques de lutte anti-érosive ?

9.1. Oui 9.2. Non

10. Si oui lesquelles ?

11. Utilisez-vous ces techniques et pourquoi ?

12. Si non, pourquoi ?

13. Quelle différence faites vous entre ces nouvelles techniques et les

techniques traditionnelles ?

14. Comment effectuez-vous vos travaux de lutte anti-érosive ?

14.1. Individuellement 14.2. Collectivement 14.3. Les deux

15. Quel nombre de parcelles traitez-vous par an ?

16. Quelle type de technique préférez-vous ?

17. Quelle distance parcourez-vous pour le prélèvement des moellons ?

18. Quel est le mode de transport ?

18.1 Camion 18.3 brouette

18.2 Charrette 18.4. Autres (à préciser)

19. Quelle est le temps pour le traitement d'une parcelle de un hectare de cordons

pierreux ?

20. Demi-lune ?

21. Avantages

21.1. digues filtrantes

21.2. cordons pierreux

136

21.3. demi-lunes

21.4. za ï amélioré

21.5. zaï mécanique

22. Inconvénients

22.1. digues filtrantes

22.2. cordons pierreux

22.3. demi-lunes

22.4. za ï amélioré

21.5. zaï mécanique

23. Pratiquez-vous le zaï mécanique ?

23.1 Oui 23.2 Non

24. Pourquoi ?

25. Avez-vous suivi une formation sur la réalisation des différentes techniques

d'aménagements ?

25.1 Oui 25.2 Non

26. Ramassez-vous les tiges après les récoltes ?

26.1. Oui 26.2. Non

27. Pourquoi ?

28. Quel est le rôle de Andropogon gayanus dans les champs ?

29. A-t-il été planté ou a-t-il poussé à l'état naturel ? 29.1. Planté

29.2. Poussé à l'état naturel

30. Utilisez-vous la technique des haies vives défensives et anti- érosives ?

30.1. Oui 30.2. Non

31. Si oui quelles sont les espèces utilisées ?

32. si non pourquoi ?

137

33. Avez-vous planté des arbres durant ces dernières années ?

31.1. individuellement, nombre

31.2. collectivement, superficie

IV. / EVOLUTION DES RENDEMENTS AU NIVEAU DES CULTURES

1. Que constatez-vous avec l'utilisation des nouvelles techniques ? 1.1. Une augmentation du rendement de la production 1.2. Une diminution du rendement de la production

2. Que pensez-vous de l'évolution générale de votre environnement ?

2.1. Se dégrade t-il ? 2.2. S'améliore t-il ?

3. Qu'est ce qui vous permet d'apprécier cela ?

4. Quelles sont selon vous, les causes de cette évolution ?

V. / PERCEPTION PAYSANNE DES ONG ET PROJETS

1. Recevez-vous une aide de l'Etat ou des projets dans la réalisation des différents

aménagements CES/AGF ?

1.1. oui comment ?

1.2. non pourquoi ?

2. Que pensez-vous des ONG et Projets ?

3. Etes-vous satisfaits de leur intervention ?

3.1. Si oui pourquoi ?

3.2. Si non pourquoi ?

4. Qu'attendez-vous des projets et ONG ?

138

ANNEXE N° II : LISTE DES ESPECES LIGNEUSES SPONTANEES OU RENCONTREES DANS LES CHAMPS, JACHERES,
VERGERS ET CONCESSIONS

Nom scientifique

Famille

Non français

Fulfulde

Jula

Moore

Acacia nilotica

Mimosacées

Gommier rouge

Gaoudi

Baganayiri

Pegenenga

Acacia polyacantha

Mimosacées

 
 

Tufin

Kaango

Acacia senegal

Mimosacées

Gommier du sénégal ou Gommier blanc

Debehi

Dibe

Gomiiga

Acacia seyal

Mimosacées

 
 
 

Gomiga

Acassia albida

Mimosacées

 
 

Balanzan

Zaaga

Adansonia digitata

Bombacacées

Baobab

Bobbe

Sira

Toèga

Afzelia africana

Césalpiniacées

Lingue

Kalkalgahe

Lenge

Kankalga

Albizia chevalieri

Mimosacées

 
 
 
 

Alchornea cordifolia

Euphorbiacées

 
 
 
 

Anogeissus leiocarpus

Combrétacées

Bouleau d'Afrique

Godoli

N'galama

Piega-siiga

Azadirachta indica

Méliacées

Nime, Nim, Neem

Nim

Nim

Nim

Balanites aegyptiaca

Balanitacées

Dattier du désert ou Dattier sauvage

Goloketi

Sègènè

Kièglga

Bombax costatum

Bombacacées

Kapokier rouge ou Faux kapokier

Bantinehi

Bumbu/Bumu

Voaaka

Borassus aethiopum

Arécacées

Palmier rônier ou Rônier

Dubbi

Sebe

Koanga / Kôaga

Capparis corymbosa

Capparacées

Câpier d'Afrique

 
 
 

Carica papaya

Caricacées

Papayer

 
 
 

Casia siamea

Césalpiniacées

Casse du Siam ou Bois perdrix ou Sindian

 
 
 

Ceiba pentandra

Bombacacées

Fromager ou kapokier

 

Bana

Gunga

Combretum micranthum

Combrétacées

Kinkeliba

Gungumi

N' golobe

Kanga randga

Dichrostachys glomerata

Mimosacées

 
 
 

Sulsutiri

Diospiros mespiliformis

Ebénacées

Faux Ebénier

Ganaje

Sunsu

Gaaka

139

Nom scientifique

Famille

Non français

Fulfulde

Jula

Moore

Eucalyptus camaldulensis

Myrtracées

Eucalyptus

 
 

Eucalyptus

Gardenia ternifolia

Rubiacées

 

Diengali

Buruke

Bambre-zounga

Guiera senegalensis

Combrétacées

N' guère

N'gueloki

Kundje

Wilîwiiga

Khaya senegalensis

Ebenacee

Kaïcédra

 

Giyalayiri

Kuka

Lannea microcarpa

Anacardiacées

Raisinier

Farouhi

M'peku

Sambga

Mangifera indica

Anacardiacées

Manguier

 

Mangoro

Mang-tiiga

Mitragyna inermis

Rubiacées

 

Kauli

Dion-dyum

Yilga

Moringa oleifera

Moringacées

Pois quenique

Guilgandeni

Ardjana yiri

Arzan tiiga

Parkia biglobosa

Mimosacées

Néré

Narehi

Nèrè

Roanga

Piliostigma reticulatum

Césalpiniacées

 

Barkelehi

Nyamakiéma

Bagande daaga

Pterocarpus lucens

Fabacées

 

Tiami

Dabakala

Pempelaga

Saba senegalensis

Apocynacées

Liane goïne

 

Zaban

Weda

Saba senegalensis

Apocynacées

Liane goïne

 

Zaban

Weda

Sclerocarya birrea

Anacardiacées

Prunier

Hedi

Kuna

Noabga

Sterculia setigera

Sterculiacées

Platane du sénégale

Bori

Korofugo

Koutroumouka

Tamarindus indica

Césalpiniacées

Tamarinier

Djatabe

Ntomi

Pusga

Terminalia avicennioides

Combrétacées

 

Boodi

Wolo

Koutrouagale

Terminalia macroptera

Combrétacées

Badamier du sénégale

Bodevi

Wolo-ba

Kontpoko

Vernonia colorata

Astéracées

 
 

Kosafiné

 

Vitellaria paradoxa

Sapotacees

Karité

 

Siigniri

Taanga

Vitex doniana

Verbénacées

Prumier noir

Kabehi

Koro ni fin

Adgha

Ziziphus mauritiana

Rhamnacées

Jujubier

Djabi

Tomonon

Mugunuga

Source : Rabdo.A. Résultats des enquêtes Mars - Avril 2007

ANNEXE N° III : EVOLUTION DES AMENAGEMENTS COLLECTIFS ET INDIVIDUELS DANS LES PROVINCES DU PASSORE ET

DU YATENGA/ZONDOMA (199762003

PASSORE

YATENGA/ZONDOMA

NB

Campagne

Amén, Col (Ha)

Amén, Ind (Ha)

Campagne

Amén, Col (Ha)

Amén, Ind (Ha)

A1

0

0

A1

811

0

A1= 1988/1989

A2

277

0

A2

1085

228

A2= 1989/1990

A3

218

0

A3

628

0

A3= 1990/1991

A4

696

0

A4

1894

179

A4= 1991/1992

A5

1368

0

A5

2598

435

A5= 1992/1993

A6

1058

95

A6

1988

375

A6= 1993/1994

A7

1139

92

A7

1554

373

A7= 1994/1995

B1

535

0

B1

536

0

B1= 1995/1996

B2

0

1400

B2

0

1122

B2= 1996/1997

B3

0

1131,75

B3

0

1058,5

B3= 1998

B4

0

1168

B4

0

1267

B4= 1999

B5

0

1433

B5

0

1423

B5= 2000

B6

0

998

B6

0

1363

B6= 2001

B7

0

261

B7

0

290,5

B7= 2002

CO

0

54

CO

0

125

CO= 2003

TOTAL

5291

6632,75

TOTAL

11094

8239

 

140

Source : Bilan des Réalisations physiques et budgétaires de la phase II du PS-CES/AGF

141

ANNEXE N° IV : CARTE n° 4

142

ANNEXEN°V:CARTEn°5

ZONE D'INTERVENTION DU PSA/RTD

Tong omayeJ

Baraboule

DJIBO

Kouto ugo u r

Nassoumbou

1

\Arbinda

Ouindigui

DigueI

OUAHIGOUYA

KONGOUS I

Sabce

Guibar=

30 0 30 30 Km

11

Tikaré

Fob:-Me gao

SITUATION DE LA ZONE D'INTERVENTION AU BURKINA FASO

ê M

t 00 1

Zone d'intervention

Autres provinces

100 0 100 200 Km

I

Localite

Voie de communication

Provinces

BAM LOROUM SOUM YATENGA

Source: BNDT, 1998

 

Septembre 2007

Réai..; RABDO Abdoulaye & ZOIJNGRANA Louis E.

143

ANNEXE N° VI : PLUVIOMETRIE ANNULLE 6 OUAHIGOUYA : 197762006

Hauteurs et nombre de jours annuels

Année

1977

1978

1979

1980

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

P (mm)

425

776

579

576

836,1

360

358,2

391

420

591

466,4

707

612

403

680

Jours

52

65

64

55

68

52

48

49

44

63

58

56

58

52

66

Année

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

P (mm)

714

604

965

613

730,4

591

671,3

673

578

734

579,6

730

596

575

648

Jours

70

49

71

54

54

53

37

69

51

49

60

60

47

59

57

Source : Direction de la Météorologie Nationale

144

ANNEXE N° VII : Villages enquêtés par province et par département

Province

Département

Village

Passoré

Gomponsom

Nioniongo

Pougyango

Zambélé

Zondoma

Bassi

Lintiba

Saye

Pella

Gourcy

Ranawa

koumbéolé

Boussou

Toubyego

Bagasse

Yatenga

Ouahigouya

Sodin

Bogoya

Bissighin

Namissiguima

Noogo

Wagaye

Koumbané

Oula

Boursouma

Ziga

Reko

Koumbri

Soulou

Bidi

Thiou

Bango

Nodin

Loroum

Titao

Salla

You

Ouindigui

Selbouanga

Sourou

Gomboro

Gomboro

Kiembara

Bangassogo

Dio

Lankoué

Lankoué

Source : Rabdo, A. Mars 2007.

145

TABLE DES MATIERES

DEDICACE 2

SOMMAIRE 3

RESUME 4

MOTS CLES 4

AVANT PROPOS ET REMERCIEMENTS 5

LISTE DES ACRONYMES 7

INTRODUCTION 9

PREMIERE PARTIE : LES ASPECTS DU MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN 10

CHAPITRE PREMIER : METHODOLOGIE GENERALE ET PRESENTATION DE LA ZONE 11

I - METHODOLOGIE ET PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 11

I.1. PROBLEMATIQUE 11

I.2. LA ZONE D'ETUDE 12

I.3. OBJECTIFS 12

I.4. HYPOTHESES DE RECHERCHE 12

I.5. METHODOLOGIE DE TRAVAIL 12

I.5.1. La recherche documentaire 14

I.5.2. Synthèse de la revue littéraire 14

I.5.3. Les travaux de terrain 16

I.5.4. Les entretiens 16

I.5.5. Les enquêtes dans les villages. 16

I.5.6. Le traitement des données. 16

I.6. LES DIFFICULTES RENCONTREES 17

II - LE MILIEU NATUREL 17

II.1. LA GEOLOGIE 17

II.1.1. Les roches plutoniques 17

II.1.2. Les roches volcano-sédimentaires 18

II.2. LA GEOMORPHOLOGIE 18

II.2.1. Les éminences 18

II.2.2. Les glacis 22

II.2.3. La plaine ou surface fonctionnelle 22

II.2.4. Les dépressions 22

II.2.5. Le système dunaire 23

II.3. LE CLIMAT 23

II.3.1. La pluviométrie 23

II.3.2. Détermination des périodes saisonnières 26

II.3.3. La température 27

II.3.4. L'évaporation 28

II.3.5. Les vents 29

II.4. LES SOLS 30

II.4.1. Les sols minéraux bruts 31

II.4.2. Les sols peu évolués d'érosion 31

II.4.3. Les sols ferrugineux tropicaux 34

II.4.4. Les sols hydromorphes 34

II.5. LA VEGETATION 35

II.5.1. La zone de savane arbustives et herbacées. 35

II.5.2. la zone de la savane arborée 35

II.5.3. La savane parc ou savane anthropique 35

II.6. L'HYDROGRAPHIE 36

II.6.1. Les cours d'eau 36

II.6.2. Les retenues d'eau 36

146

III- LES ASPECTS HUMAINS 36

III.1. LA POPULATION 36

III.1.1. Composition et évolution de la population 36

III.1.2. La densité démographique et ses conséquences 37

III.2. LES CARACTERISTIQUES SOCIALES DE LA ZONE 37

III.2.1. L'organisation sociale 37

III.2.2. L'habitat 38

III.3. LES CARACTERISTIQUES ECONOMIQUES 38

III.3.1. L'agriculture 38

III.3.2. L'élevage 40

III.3.3. Les autres activités 41

III.4. LA GESTION ET L'EXPLOITATION DU DOMAINE FONCIER 41

III.4.1. Le nombre et le type de parcelles exploitées par ménage 41

III.4.2. La durée de la mise en valeur 42

III.4.3. Le calendrier agricole 43

CONCLUSION PARTIELLE 46

CHAPITRE DEUXIEME : DESCRIPTION DE L'EROSION 47

I - NOTIONS DE BASE 47

I.1. DEFINITION DE L'EROSION 47

I.1.1. La désagrégation mécanique 47

I.1.2. L'altération 47

I.2. LES FACTEURS DE L'EROSION HYDRIQUE ET EOLIENNE 48

I.2.1. La végétation 48

I.2.2. La pente 48

I.2.3. La nature du sol 48

I.2.4. La pluie 49

I.2.5. Le travail du sol 51

I.2.6. Les causes anthropiques 51

I.3. LES PROCESSUS D'EROSION 52

I.3.1. L'érosion hydrique 52

I.3.2. L'érosion éolienne 57

II- LES DIFFERENTS TYPES D'EROSION À LA PARCELLE 57

II.1. LES PARCELLES D'EROSION 57

II.1.1. Les parcelles sur glacis 57

II.1.2. Les parcelles sur les versant. 58

II.1.3. Les parcelles de bas-fond 58

II.2. LES CONSEQUENCES 59

II.2.1. La dégradation du sol 59

II.2.2. La baisse de la production 59

II.2.3. L'augmentation des surfaces cultivées 60

CONCLUSION PARTEILLE 61

CHAPITRE TROISIEME : PERCEPTION PAYSANNE DE L'EROSION 62

I - LES CAUSES DE L'EROSION DES SOLS 62

I.1. LA DESTRUCTION DU COUVERT VEGETAL 62

I.2. LA PLUIE 63

I.3. L'INFLUENCE DE LA PENTE 64

II - LES CONSEQUENCS DE L'EROSION DES SOLS 65

II.1. LA DEGRADATION DES SOLS 65

II.2. LA DIMINUTION DES RENDEMENTS 65

CONCLUSION PARTIELLE 66

147

DEUXIEME PARTIE : LA LUTTE ANTI-EROSIVE 67

CHAPITRE QUATRIEME : LES FORMES DE LUTTE ANTI-EROSIVE 68

I - LES FORMES TRADITIONNELLES DE LUTTE ANTI-EROSIVE 68

I.1. LES METHODES MECANIQUES 68

I.1.1. Les alignements de pierres 68

I.1.2. La ceinture périphérique des rizières 68

I.1.3. Le zaï 70

I.2. LES METHODES BIOLOGIQUES 72

I.2.1. La jachère 72

I.2.2. Le paillage 72

I.3. LES OBSTACLES EN BOIS 73

II - LES FORMES MODERNES DE LUTTE ANTI-EROSIVE 73

II.1. Description, mise en place et contraintes des techniques. 73

II.1.1. Les techniques mécaniques 73

II.1.2. Les techniques biologiques 96

II.1.3. Les techniques d'agroforesterie 97

II.1.4. Les techniques culturales 103

II.1.5. La fertilisation des sols 105

CONCLUSION PARTIELLE 109

CHAPITRE CINQUIEME : IMPACT ET CONTRAINTES DES TECHNIQUES 110

I - IMPACT DES TECHNIQUES DE LUTTE ANTI-EROSIVE 110

I.1. Impact sur l'érosion et le ruissellement 110

I.2. L'impact des techniques sur l'humidité du sol 110

I.3. Impact sur la régénération des ressources ligneuses et herbacées 111

I.4. Impact sur la conservation et la récupération des sols 111

I.5. Rendements agricoles et sécurité alimentaire 111

II - EXIGENCES DES TECHNIQUES DE LA LUTTE ANTI-EROSIVE 113

II.1. LA CHARGE DE TRAVAIL 113

II.2. LES BESOINS D'EQUIPEMENTS 115

III - CONTRIBUTION DES PRODUCTEURS A L'AMELIORATION DES TECHNIQUES DE

LUTTE ANTI-EROSIVE 116

IV - COUTS DES AMENAGEMENTS ANTI-EROSIFS 116

V - POURSUITE DES AMENAGEMENTS AU DELA DE LA FIN DES PROJETS

ET PROGRAMMES 117

CONCLUSION PARTIELLE 118

CHAPITRE SIXIEME : RESULTATS ET PERSPECTIVES 119

I - RESULTATS 119

I.1. CLASSIFICATION PREFERENTIELLE DES TECHNIQUES PAR LES PRODUCTEURS 119

I.1.1. Les techniques utilisées 119

I.1.2. Les techniques préférées 121

II - LES PERSPECTIVES 122

CONCLUSION PARTIELLE 124

CONCLUSION GENERALE 125

BIBLIOGRAPHIE 127

ANNEXES 132

ANNEXE N° I : FICHE D'ENQUETE 133

148

ANNEXE N° II : LISTE DES ESPECES LIGNEUSES SPONTANEES OU RENCONTREES DANS

LES CHAMPS, JACHERES, VERGERS ET CONCESSIONS 138

ANNEXE N° III : EVOLUTION DES AMENAGEMENTS COLLECTIFS ET INDIVIDUELS DANS

LES PROVINCES DU PASSORE ET DU YATENGA/ZONDOMA (199762003) 140

ANNEXE N° IV : CARTE N° 4 141

ANNEXE N° V : CARTE N° 5 142

ANNEXE N° VI : PLUVIOMETRIE ANNULLE 6 OUAHIGOUYA : 197762006 143

TABLE DES ILLUSTRATIONS 149

LISTE DES TABLEAUX 149

LISTE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES 150

LISTE DES FIGURES 150

LISTE DES GRAPHIQUES 151

LISTE DES CARTES 151

LISTE DES TRANSECTS 151

149

TABLE DES ILLUSTRATIONS

LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU N° 1 : PRODUCTION (EN TONNES) TOTALE DES CULTURES CEREALIERES 2006$2007 39

TABLEAU N° 2 : TYPE DE MENAGE EN FONCTION DU NOMBRE DE PARCELLES EXPLOITEES 42

TABLEAU N° 3 : DUREE DES JACHERES 43

TABLEAU N° 4 : PARCELLES RECENTES 433

TABLEAU N° 5 : PRINCIPALES OPERATIONS CULTURALES 45

TABLEAU N° 6 : LOCALISATION TOPOGRAPHIQUE DES PARCELLES DE CULTURE 58

TABLEAU N° 7 : ESTIMATION DU RUISSELLEMENT PAR LES PAYSANS SUR LES PARCELLES DE CULTURE 62

TABLEAU N° 8 : PRESENCE DE ANDROPOGON GAGNANUS DANS LES CHAMPS 63

TABLEAU N° 9 : PERIODES D'OBSERVATION DE L'EROSION SUR LES PARCELLES DE CULTURE 64

TABLEAU N° 10 : PRISE DE MESURE CONTRE L'EROSION SUR LES PARCELLES DE CULTURE 65

TABLEAU N° 11 : DISTANCE, SITES D'AMENAGEMENT ET ZONES DE COLLECTES DES MOELLONS 77

TABLEAU N° 12 : MODES DE TRANSPORT DES MOELLONS 83

TABLEAU N° 13 : PRATIQUE DU ZAÏ MECANIQUE 94

TABLEAU N° 14 : RENDEMENT EN GRAINS PAR TRAITEMENT A SARIA, ANNEES 1994 ET 1995 97

TABLEAU N° 15 : NOMBRE D'ARBRES PLANTES PAR LES PAYSANS 100

TABLEAU N° 16 : REALISATIONS DE HAIE VIVE DEFENSIVE 102

TABLEAU N° 17 : NOMBRE DE FOSSES FUMIERES REALISEES PAR LES PAYSANS 107

TABLEAU N° 18 : RENDEMENTS COMPARES DES OUVRAGES 113

TABLEAU N° 19 : APPUIS REÇUES PAR LES PAYSANS 115

TABLEAU N° 20 : COUTS DES AMENAGEMENTS ANTI-EROSIFS 116

TABLEAU N° 21 : TECHNIQUES UTILISEES 120

TABLEAU N° 22 : TECHNIQUES PREFEREES 121

150

LISTE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 1 : BUTTE CUIRASSE ET COLLINE 21

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 2 : DEBOISEMENT ET DECAPAGE PELLICULAIRE LOCALISE 55

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 3 : EROSION RAVINANTE ET EROSION DES BERGES 56

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 4 : DEFORESTATION ET OBSTACLE EN BOIS 69

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 5 : TROUS ET CHAMP DE ZAÏ 71

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 6 : TECHNIQUE DE PAILLAGE ET CORDON PIERREUX 76

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 7 : EXTRACTION ET DISPOSITION DE MOELLONS 78

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 8 : DIGUE FILTRANTE EN PIERRES LIBRES ET DEMI-LUNES 86

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 9 : DISPOSITION ET CHAMP DE DEMI-LUNES 92

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 10 : BOULI ASSECHE ET BOULI TRADITIONNEL 95

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 11 : VEGETALISATION 99

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 12 : BANDE ENHERBEE ET REBOISEMENT PROTEGE 101

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 13 : DEUX TYPES DE LABOURS 104

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 14 : LABOUR EN BILLON ET SEMIS EN LIGNE 106

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N°15 : DES FOSSES FUMIERES 108

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 16 : TRAITEMENT D'UN ZIPELLE ET PRESERVATION D'HERBACEES LE LONG

D'UN CORDON PIERREUX 112

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 17 : REGENERATION LIGNEUSE ET ASSOCIATION ZAÏ MECANIQUE ET DEMI-LUNES 114

LISTE DES FIGURES

FIGURE N° 1 : PLUIE DE TYPE I (OUAHIGOUYA - 20 JUIN 2006) 50

FIGURE N° 2 : PLUIE DE TYPE II (OUAHIGOUYA 22/08/06) 50

FIGURE N° 3 : PLUIE DE TYPE IV (OUAHIGOUYA 29/09/06) 51

FIGURE N° 4 : ETAPES SUCCESSIVES DE L'EFFET SPLASH 52

FIGURE N° 5 : PROCESSUS GENERAL DE L'EROSION HYDRIQUE DES SOLS 54

FIGURE N° 6 : COUPE TRANSVERSALE D'UNE DIGUETTE EN TERRE 74

FIGURE N° 7 : LE NIVEAU A EAU 80

FIGURE N° 8 : UTILISATION DU NIVEAU A EAU 80

FIGURE N° 9 : ETAPES DE LA CONSTRUCTION D'UN CORDON PIERREUX 82

FIGURE N° 10 : COUPE D'UNE DIGUE FILTRANTE 84

FIGURE N° 11 : DIGUE FILTRANTE SIMPLE 85

FIGURE N° 12 : TRAITEMENT DES TETES DE RAVINE 88

FIGURE N° 13 : TRAITEMENT DU LIT DE LA RAVINE PAR UNE DIGUE FILTRANTE 89

151

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique n° 1 : Irrégularités inter-annuelles des précipitations - Ouahigouya :

1977$2006 25

Graphique n° 2 : Irrégularités inter-annuelles des précipitations et du

nombre de jours de pluie - Ouahigouya : 1977$ 2006 25

Graphique n° 3 : Variations pluviométriques annuelles : courbe de

Franquin - Ouahigouya : 1976 - 2005 27

Graphique n° 4 : Variations moyennes mensuelles inter-annuelles de la température

- Ouahigouya : 1977 - 2006 28

Graphique n° 5 : Variations moyennes inter-annuelles de l'évaporation -

Ouahigouya : 1977 - 2006 29

Graphique n° 6 : Vitesses moyennes mensuelles des vents - Ouahigouya : 1977 -

2006 30

Graphique n° 7 : Techniques utilisées 120

Graphique n° 8 : Techniques préférées 122

LISTE DES CARTES

Carte n° 1 : Carte de situation 13

Carte n° 2 : Carte géologique du degré carré de Ouahigouya 19

Carte n° 3 : Carte pédologique du degré carré de Ouahigouya 33

Carte n° 4 : Carte de zone d'intervention du PDRD 141

Carte n° 5 : Carte de zone d'intervention du PSA/RTD 142

LISTE DES TRANSECTS

Transect n° 1 : Lintiba - Saye 24

Transect n° 2 : Koumbri - Soulou 32






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