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Inventaire des techniques de lutte anti érosive dans le degré carré de Ouahigouya au Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Abdoulaye RABDO
Université de Ouagadougou Burkina Faso - Maà®trise en géographie 2006
  

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II.1.1.2. Les cordons pierreux

Les cordons pierreux sont des dispositifs anti-érosifs composés de blocs de moellons ou de pierres disposés en une ou plusieurs rangées, le long des courbes de niveau, (cf. planche photographique n° 6, photo n° 2 page 76). Ce sont des ouvrages filtrants qui brisent la force des eaux de ruissellement tout en laissant passer les excès d'eau dans le but d'éviter des concentrations d'eau en amont ou de provoquer un écoulement plus lent des eaux en aval.

II.1.1.2.1. Description technique

On distingue trois types de cordons pierreux20 selon la technique de conservation : le système de pierres alignées, le système FEER ou système trois pierres et le système PDS (Pierres Dressées associées au sous-solage).

- Les cordons à trois pierres sont formés de la juxtaposition de trois pierres dont deux forment la base de l'ouvrage et la troisième assure la croûte. De petits cailloux sont alors utilisés pour bourrer les vides et servir en même temps de filtre.

- Les cordons de pierres dressées sont constitués d'une pierre dressée à l'amont et soutenue par une ou deux pierres à l'aval.

- Les cordons de pierres alignés résultent de la juxtaposition de grosses pierres placées les unes à côté des autres de façon jointive, l'ensemble étant stabilisé par des petites pierres en amont et en aval afin de soutenir les pierres alignées.

75

20 Voir figure n°11 page 89

76

Planche photographique n° 6 : Technique de paillage et cordon pierreux Photo n° 1 : Technique du paillage à Tanmounouma / Boussou

Rabdo, A. Mars 2007.

Cette photographie montre, une technique traditionnelle de conservation des eaux et des sols. Le paillage ici présenté tant à disparaître dans la zone d'étude.

Photo n° 2 : Cordon de pierres alignées à Kouni / Gomponsom

Rabdo, A. Juillet 2007.

Le cordon de pierres aligné est l'une des techniques la plus prisée par les paysans. Ce cordon a plus

de 100 m de long et colonisé d'herbacée sur toute sa longueur.

77

II.1.1.2.2. La technique de construction

La construction se fait sous la supervision des encadreurs ou des paysans ayant reçu une formation en la matière (80,7 % des personnes enquêtées affirment avoir reçu une formation en la matière). La construction s'effectue pendant la saison sèche. La réalisation comporte trois phases.

- Première phase : le ramassage et le transport des blocs

Les principaux sites de collectes des blocs sont les glacis, les collines et les buttes cuirassées (cf. planche photographique n° 7 photo n° 1, page 78). La distance entre les sites et les champs varie entre 500 m et 15 km (cf. tableau n° 11). Les paysans rassemblent les blocs non loin des sites d'extraction (cf. planche photographique n° 7 photo n° 2, page 78). Les gros blocs sont cassés à l'aide de marteaux ou de barres à mines pour faciliter d'une part le transport, et d'autre part la construction. Ce travail, généralement collectif, s'effectue de fin novembre à mai. Le transport se fait souvent en camion ou en charrette (cf. tableau n° 12 page 83).

Tableau n° 11 : Distance, sites d'aménagement et zones de collectes des moellons

Distance

ProvinceLoroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcentage (b)

0

 
 

3

4

 

7

4,7

Moins d'un km

2

 

3

10

4

19

12,7

1 à 5 km

9

11

11

46

23

100

66,7

5 à 10 km

4

4

3

5

7

23

15,3

15 km et plus

 
 
 
 

1

1

0,7

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

0 : aucune distance concernée (parcelle proche du site de collecte de moellon)

Le tableau montre que dans la plupart des villages de la zone d'étude, la distance entre les sites d'aménagements et les zones de collecte des moellons est comprise entre 1 et 5 km. Seulement 12,7 % des villages enquêtés ont une distance, sites d'aménagement et zone de collecte des moellons est inférieure à 1 km. Il existe cependant, 4,7 % de personnes dont les sites d'extraction de moellon se situent dans leurs parcelles de culture.

78

Planche photographique n° 7 : Extraction et disposition de moellons Photo n° 1 : Extraction des moellons sur un glacis cuirassé à Reko / Oula

Rabdo, A. Mars 2007.

Les hommes procèdent à l'extraction, les femmes et les enfants sont chargés de ramasser et de stocker les moellons.

Photo n° 2 : Moellons collectés à Reko / Oula

Rabdo, A. Mars 2007.

Les moellons extraits sont regroupés en plusieurs tas, en attendant le ramassage par les camions des structures d'appui.

79

- Deuxième phase : la détermination des courbes de niveau

Trois outils peuvent être utilisés pour la détermination des courbes de niveau à savoir : le chevalet rectangle, le triangle ou grand A, le niveau à eau.

- Le chevalet est composé de deux supports en bois de 80 cm de hauteur, relié par un support horizontal de 2,50 m, au milieu duquel est placé un niveau à maçon

- Le triangle ou grand A est composé de deux supports en bois de 2 m chacun, relié à mi-hauteur par un troisième support, au milieu duquel est placé un niveau à eau, de sorte à former un triangle en A.

- Le niveau à eau est constitué de deux supports en bois gradués d'une hauteur de 1,50 m à 2 m de longueur et d'un tuyau transparent (10 m de long environ), à l'intérieur duquel on met de l'eau, (voir figure n° 7).

Le niveau à eau est l'instrument le plus commun car moins coûteux et plus facile à utiliser (selon les paysans). Son principe de fonctionnement est celui des vases communicants.

Trois personnes sont nécessaires à la détermination des courbes. L'une d'elles se place avec une réglette à une des extrémités du champ. La seconde, tenant la deuxième réglette, recherche par tâtonnement (voir figure n° 8) un point de même hauteur dans le prolongement du champ. Lorsqu'au niveau du repère, on obtient la stabilisation de l'eau, la troisième personne matérialise une ligne entre les deux points. Après cette opération, la personne qui s'était placée au bout du champ, se déplace au devant de la seconde dans le prolongement de la parcelle, et ainsi de suite jusqu'au bout de la parcelle à traiter.

80

Figure n° 7 : Le niveau à eau

1,5 à 2

Source : P. Ilboudo 1997 Septembre 2007 Rabdo, A.

Figure n° 8 : Utilisation du niveau à eau

Source : P.Ilboudo 1997 Septembre 2007 Rabdo, A.

81

- Troisième phase : la confection du dispositif

La confection du dispositif se fait en deux étapes (voir figure n° 9 page 82) qui sont :

- le décapage du sol : il est réalisé à l'aide d'une daba ou d'une pioche pour les cordons à trois pierres et à pierres alignées. L'emprise au sol varie de 10 à 15 cm

pour les cordons à trois pierres, et de 5 à 10 cm pour les pierres alignées.

Dans le cas des cordons à pierres dressées, c'est un tracteur21 muni d'une sous-soleuse, qui effectue le décapage. La machine réalise une raie de 10 à 15 cm de profondeur. Dans la zone, le PDRD et le PSA/RTD sont les structures qui réalisent ce type d'ouvrage22.

- La pose des pierres : elle se fait en deux temps dans le cas des cordons à trois pierres. Les grosses pierres sont d'abord disposées en deux lignes décalées dans la tranchée de façon qu'elles reposent sur leur plus grande surface. Ensuite, une troisième ligne se superpose aux deux premières. La terre ramenée est damée pour consolider la base du cordon. L'ouvrage a une hauteur comprise entre 20 et 30 cm. Cette hauteur peut dépasser 30 cm en fonction de la taille des moellons. Le cordon est réalisé avec des blocs de cuirasse ou de roche.

Au niveau des cordons à pierres dressées, les blocs et les galets sont posés de façon dressée et jointive dans la raie. Ils sont ensuite stabilisés par des blocs plats en aval, ou de la terre damée à l'amont. Le dispositif a la même hauteur que le précédent mais les blocs sont plats. Des galets et des graviers sont également associés.

Dans le cas des pierres alignées, les pierres sont disposées dans le sillon en une seule ligne, les un contre les autres. On dame ensuite pour consolider la base de la diguette. Ces blocs sont souvent dressés afin d'obtenir une hauteur maximale de 15 à 25 cm.

L'écartement23 entre les cordons varie en fonction de la pente. Les cordons se terminent par des ailes pour éviter que les eaux stockées ne se déversent par les extrémités. La longueur d'un cordon pierreux dépend essentiellement de celle de la parcelle à traiter et du type d'aménagement. Dans les champs de la zone, la longueur du cordon pierreux varie entre 20 et 150 m. On rencontre en moyenne trois cordons par ha. Le temps mis pour le traitement d'un hectare est estimé à une demi-journée pour les groupements, et de deux à cinq jours pour les aménagements individuels. De même, les paysans affirment que le temps mis pour le traitement d'une parcelle est fonction de la quantité de moellons et de la superficie du terrain à traiter.

21 Le tracteur est mis à la disposition des paysans (appui technique et financier) par les projets tel que le PDRD, le PSA/RTD.

22 Des ouvrages ont été réalisés à Zembélé, Reko, You, Salla..., par le PDRD. A Soulou, Bidi..., par le PSA/RTD.

23 Selon une étude menée par ZOUGMORE et al. (2000) : «sur sol ferrugineux de pente 1 % au Passoré (Kirsi), il est conseillé d'utiliser un écartement entre cordons compris entre 30 et 47 m».

82

Figure n° 9 : Etapes de la construction d'un cordon pierreux

 

C:URDONS A TROIS PIERRES ,

 

:Liane 3 ' pose du 1

 

:Li p.: l . ,.. I-:lap: 2 pose dc:i E btu.. c,4te

blues de base

-- ---- 1.

7.

mei. f

41.

 
 
 

: CORDONS A PIERRES DRESSEES

 

E.tape 2 : pose pierre

 

/_ dressée et blocs

^

 

Etapc I - fouille 20- sa ;:ni

 

iLRiü.71

 

i

.-13.a1

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I

[PIERRES ALIGNEES

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. i:iV r'. a JJ r l.'ti -

 

[;tape I : dvcapa r--` -- - --

l_tapu 2 : po' 41:bIoe

 
 
 
 

Source : PATECORE. 1996. Fiche technique

Septembre 2007

Rabdo, A.

83

Tableau n° 12 : Modes de transport des moellons

Province

Moyen de transport

Loroum

Passoré

Sourou

Yatenga

Zondoma

Total

Pourcentage (%)

0

 
 

3

4

 

7

4,7

Camion

4

15

4

17

21

61

40,7

Charrette

10

 

12

33

11

66

44,0

Brouette

1

 
 

2

1

4

2,7

Vélo

 
 

1

9

 

10

6,7

Autres

 
 
 
 

2

2

1,3

Total

15

15

20

65

35

150

100,0

Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes - mars à avril/2007.

0 : aucun transport de moellon.

Le tableau révèle le mode de transport des moellons par les paysans. Le mode de transport le plus utilisé est la charrette (44 %). Le transport en camion (40,7 %) est effectué avec l'aide des structures d'appui. La brouette et le vélo restent cependant, un moyen de transport pour 9,4 % des paysans. Certains effectuent les transports des moellons à l'aide de seaux, de bassines ou sur la tête. Ce groupe renferme les paysans qui n'appartiennent à aucune organisation paysanne ou qui n'ont aucune assistance extérieure.

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