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Dynamique des réseaux et des systèmes de communication des migrants sénégalais en France

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par Moda GUEYE
Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 - Doctorat de géographie 2010
  

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3.1.2 Les téléboutiques

Aujourd'hui encore, les tarifs de communication vers le Sénégal proposés par des opérateurs comme Bouygues Télécom, SFR et Orange restent relativement coûteux variant entre 1,20 euros et 1,50 euros la minute de communication émise à partir d'un téléphone mobile vers un numéro de téléphone fixe ou mobile au Sénégal. Il est donc plus intéressant d'utiliser les cabines téléphoniques privées qui proposent des prix plus compétitifs variant entre 15 et 30 centimes d'euros pour une minute de communication vers le Sénégal ou les cartes prépayées très largement moins chères.

De nouvelles pratiques de communication téléphonique se développent parmi les migrants sénégalais au même titre que chez les autres migrants de l'Afrique, du Maghreb et de l'Asie. Ces nouvelles pratiques sont en fait liées à l'apparition des « télé et cyberboutiques » comme celles observées et décrites par Claire Scopsi à Château-Rouge à Paris88, ainsi qu'à l'apparition des cartes téléphoniques prépayées à codes confidentiels

88Claire Scopsi a mené une étude de terrain dans les téléboutiques et les cyberboutiques localisées au quartier de Château rouge dans le 18ème arrondissement à Paris (voir l'ouvrage Mondialisation et technologies de la communication en Afrique sous la direction de Annie Chéneau-Loquay, 2004, p.275). Château-rouge est un quartier commercial où se côtoie une forte communauté cosmopolite, français, africains, maghrébins, juifs, antillais, asiatiques. Elle définit les téléboutiques et les cyberboutiques comme des lieux commerciaux fournissant des services téléphoniques et/ou d'accès à Internet. Ces téléboutiques et

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afin de pouvoir effectuer des appels téléphoniques vers l'international. L'émergence de ces boutiques de communication résulte le plus souvent d'initiatives strictement privées dans un contexte de crise de l'emploi dans le pays de résidence. Ces lieux polyvalents servent à la fois de cabines téléphoniques, de cybercafés, de points de vente de cartes téléphoniques, de téléphones mobiles, de cassettes vidéo et DVD véhiculant des variétés africaines, indo-pakistanaises et les comédies de certains groupes de théâtres africains. Certains proposent également dans leurs téléboutiques des services de photocopies, d'envoi et de réception de fax, etc. En France, ces téléboutiques sont surtout utilisées quand on veut dire une chose urgente aux proches restés dans le pays d'origine ou établis dans un autre pays étranger et que l'on n'a pas assez d'argent. Ces points de vente, implantés dans des quartiers à forte concentration de populations immigrées, ont joué un rôle important dans la démocratisation de l'accès aux TIC et aussi dans la réduction de la fracture numérique.

A Bordeaux, les téléboutiques et cyberboutiques restent pour l'essentiel gérées surtout par des Indo-Pakistanais, et aussi par des Africains et des Maghrébins dans des proportions moindres. Elles sont localisées essentiellement aux quartiers des Capucins et Saint-Michel où se trouve une communauté cosmopolite de migrants. Dans ces quartiers commerçants, peuplés autrefois de populations d'origine espagnole et portugaise principalement, se côtoient de nos jours des Africains, Antillais, Maghrébins et Turcs. Les Indo-Pakistanais ont d'abord développé, sur la rue Elie-Gentrac, des activités commerciales de produits alimentaires, cosmétiques et autres produits exotiques ciblant principalement la communauté africaine. C'est au début des années 2000 qu'ils ont commencé à proposer dans cette boutique des cartes téléphoniques à codes à leurs clients. Au fur et à mesure que l'activité commerciale prospère, deux autres boutiques spécialisées dans les produits cosmétiques ont été ouvertes sur un petit rayon foncier. Ils vont se signaler par la suite dans les ouvertures de téléboutiques sur le cours de la Marne (04), le cours de l'Argonne (02) et sur la place Pey-Berland (01), des téléboutiques tenues essentiellement par de jeunes indo-pakistanais. Aujourd'hui, ils ont acquis une situation de quasi-monopole dans ce secteur. Dans la même téléboutique, un petit espace sert de cabines téléphoniques, un autre de cybercafé. Ensuite, d'autres services sont proposés comme ventes de téléphones mobiles, batteries, chargeurs et autres accessoires pour

cyberboutiques s'inspirent du modèle des télécentres africains et confortent les migrants comme des acteurs de développement ici et là-bas.

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téléphone mobile. De même que des services de décodage, d'impression, de photocopie y sont disponibles. Les clients peuvent aussi y trouver des CD de téléfilms indo-pakistanais et parfois africains. En outre, dans la téléboutique Eco Net Phone située sur le cours de la Marne, les clients ont maintenant la possibilité d'effectuer des transferts d'argent, via Ria transfert d'argent (voir l'affiche de Ria sur la photo ci-dessous). Ces lieux peuvent être considérés comme des lieux multiservices adaptés aux besoins et aux attentes des populations migrantes.

Image1 : Téléboutiques ou Taxiphones à Bordeaux : World Net Phone sur le cours de l'Argonne et Eco Net Phone sur le cours de la Marne

Photos : Moda Gueye

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984