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Impact de l'instabilité socio-politique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

( Télécharger le fichier original )
par Armand KOUAKOU
Université de Cocody Côte d'Ivoire - Diplôme d'études supérieures spécialisées ( DESS ) en gestion de la politique économique  2010
  

Disponible en mode multipage

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RéPUBLIQUE DE CÔTE D'IVOIRE

Union - Discipline - Travail

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIvERSITé DE COCODY PROGRAMME DE FORMATION EN GESTION

UFR - SEG / CIRES DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE

MEMOIRE PROFESSIONNEL

IMPACT DE L'INSTABILITE SOCIOPOLITIQUE

SUR LES INVESTISSEMENTS PUBLICS ET

PRIVES EN COTE D'IVOIRE

D.E.S.S H.E-GPE

« Hautes Études en Gestion de la Politique Économique »

(11ème Promotion 2009/2010)

Réalisé par : Sous la direction de :

KOUAKOU Kouamé Armand Docteur POKOU Koffi,

Enseignant Chercheur à

l'UFR-SEG/CIRES d'Abidjan

Juilet 2010

THE AFRICAN CAPACITY BUILDING FOUNDATION

WORLD BANK INSTITUTE

Programme GPE

Boulevard Latrille, près Lycée Classique d'Abidjan

08 BP 1295 Abidjan 08, Tél : 22486212 ; Fax :22 48 82 84

IMPACT DE L'INSTABILITE

SOCIOPOLITIQUE SUR LES

INVESTISSEMENTS PUBLICS ET

PRIVES EN COTE D'IVOIRE

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand i

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

REMERCIEMENTS

La réalisation de cette étude relative à l'«Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire», n'a pas été un exercice aisé eu égard aux difficultés pour obtenir certaines informations et données. Toutefois, grâce à la sollicitude et à la disponibilité de certaines personnes qui ont bien voulu nous fournir des informations, nous orienter dans nos recherches, nous encadrer, nous donner des conseils, le présent travail a été possible.

C'est pourquoi, dans l'impossibilité de citer ici, tous ceux qui ont apporté des contributions, nous voudrions témoigner notre profonde gratitude, particulièrement à :

y' Docteur POKOU Koffi, Enseignant Chercheur à l'UFR-SEG/CIRES, Université de Cocody Abidjan, qui malgré ses nombreuses charges académiques et administratives, a bien voulu diriger cette étude ;

y' Monsieur BEUGRE D. Casimir, Directeur de l'Administration du SIGFiP (DAS), pour sa disponibilité, ses conseils et son soutien moral et matériel ;

y' Agents de la Direction des Politiques et Synthèses Budgétaires (DPSB), avec à leur tête Madame Diomandé Massanfi et son collaborateur Monsieur N'Guessan Raphaël, qui ont bien voulu nous accueillir et nous encadrer dans leur structure, pendant notre stage.

Nos remerciements vont également à l'endroit du personnel de l'Administration du Programme GPE, avec à sa tête Docteur SECA Assaba Paul, pour l'appui logistique dont nous avons bénéficié ainsi que les Auditeurs GPE 11 pour leur collaboration, dans l'élaboration de ce document.

Je n'oublie pas ma famille, particulièrement Mlles KOUASSI Rosine et KOUAKOU Rassou Nora J., pour sa compréhension et son soutien moral durant la formation.

Puisse le Tout-Puissant dans son infinie bonté, vous inonder de ses grâces.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand ii

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

SOMMAIRE

Page

REMERCIEMENTS i

LISTE DES TABLEAUX iii

LISTE DES GRAPHIQUES iii

SIGLES ET ABREVIATIONS iv

RESUME vi

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE: CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE L'ETUDE 6

I. DEFINITIONS DE CONCEPTS 7

II. REVUE DE LITTERATURE (APPROCHES THEORIQUES ET EMPIRIQUES DE L'ETUDE) 12

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES CONSEQUENCES DE LA CRISE

SOCIOPOLITIQUE SUR LES INVESTISSEMENTS PUBLICS 17

III. IMPACT DE LA CRISE SUR LA STRUCTURE ET L'EVOLUTION DU BUDGET DE L'ETAT 18

IV. EVALUATION DES EFFETS DE LA CRISE SUR LES INVESTISSEMENTS PUBLICS 25

TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES CONSEQUENCES DE L'INSTABILITE

POLITIQUE SUR LES INVESTISSEMENTS PRIVES 29

V. EVOLUTION DE L'ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE 30

VI ANALYSE ECONOMETRIQUE DES EFFETS DE L'INSTABILITE SOCIOPOLITIQUE SUR LES

INVESTISSEMENTS PRIVES 32

CONCLUSION 40

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 42

ANNEXES i

TABLE DES MATIERES xvii

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand iii

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

LISTE DES TABLEAUX

Page

Tableau 1 . Allocation structurelle des dépenses courantes (en %) de 1995 à 2010 21

Tableau 2 . Evolution des dépenses liées à la crise (en milliards de francs CFA) 22

Tableau 3 . Allocation sectorielle des dépenses d'investissements publics (en %) de 1976 à

2010 24

Tableau 4 . Evaluation de la perte en investissements publics générées par la crise

sociopolitique de 2000 (en milliards de francs CFA) 27

Tableau 5 . Tests de stationnarité (ADF et PP) sur les variables au seuil de 5% 35

LISTE DES GRAPHIQUES

Page

Graphique 1 : Evolution des recettes fiscales (en milliards de francs CFA) 19

Graphique 2 : Evolution du ratio Dons/Recettes Totales (en %) 20

Graphique 3 : Evolution du ratio des dépenses de fonctionnement/budget global (en %) 21

Graphique 4 : Evolution du ratio des dépenses liées aux intérêts de la dette publique/recettes

fiscales (en %) 22

Graphique 5. Evolution de la proportion des dépenses d'investissements publics dans le

budget global 23

Graphique 6. Proportions des dépenses d'investissements publics dans les dépenses totales

par période 24

Graphique 7. Evolution du PIB réel contrefactuel (sans la crise) contre le PIB réel factuel

(avec la crise) en milliards de francs CFA 27

Graphique 8. Evolution des taux de croissance des PIB réels de la Côte d'Ivoire et des pays

témoins de l'étude de 1994-2008 28

Graphique 9. Evolution du taux d'investissements publics contrefactuel (sans la crise) contre

le taux d'investissements publics factuel (avec la crise) 28

Graphique 10. Evolution du taux d'investissements privés (en %) 31

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand iv

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

SIGLES ET ABREVIATIONS

ACBF: African Capacity Building Foundation

ADF: Dickey-Fuller Augmented (Dickey-Fuller Augmenté)

ANSD: Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

APO : Accord Politique de Ouagadougou

BCEAO : Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest

BUPED : Bulletin de Politique Economique et de Développement

CAPEC : Cellule d'Analyse de Politiques Economiques du CIRES

CEDIMES : Centre d'Etudes, du Développement International et des Mouvements

Economiques et Sociaux

CERDI : Centre d'Etudes et de Recherches sur le Développement International

CFA : Communauté Financière Africaine

CGRAE : Caisse Générale de Retraite des Agents de l'Etat

CIEDEL : Centre International d'Etudes pour le Développement Local

CIRES : Centre Ivoirien de Recherches Economiques et Sociales

CNDDR : Commission Nationale de Démantèlement, de Démobilisation et de Réinsertion

CNO : Centre Nord Ouest

CNPRA : Comité National de Pilotage et de Redéploiement de l'Administration

CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

DAS : Direction de l'Administration du SIGFiP

DGBF : Direction Générale du Budget et des Finances

DGD : Direction Générale des Douanes

DGE : Direction Générale de l'Economie

DGI : Direction Générale des Impôts

DGTCP : Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique

DPCE : Direction de la Prévision et de la Conjoncture Economique

DPSB : Direction des Politiques et Synthèses Budgétaires

FBCF : Formation Brute du Capital Fixe

GPE : Gestion de Politique Economique

IANSA : International Action Network on Small Arms (Réseau d'Action International

sur les Armes Légères : RAIAL)

MCE : Modèle à Correction d'Erreur

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand V

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

MCO : Moindres Carrés Ordinaires

MEF : Ministère de l'Economie et des Finances

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

RDC : République Démocratique du Congo

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PIB: Produit Intérieur Brut

PROMES : Projection Macro-Econométrique et de Simulation

PVD : Pays en Voie de Développement

PP : Phillips-Perron

PPTE : Pays Pauvre Très Endetté

PWC: Price Waterhouse Coopers

RAIAL : Réseau d'Action International sur les Armes Légères (International Action

Network on Small Arms : IANSA)

SISERA: Secretariat for Institutional Support for Economic Research in Africa
SYDAM : Système de Dédouanement Automatisé des Marchandises

SIGFiP : Système Intégré de Gestion des Finances Publiques

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

UFR-SEG : Unité de Formation et de Recherche en Sciences Economiques et de Gestion

UPC : Université Protestante du Congo

WDI : World Development Indicators

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand vi

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

RESUME

La présente étude propose une analyse de l'impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire, avec des données économiques sur la période 1970-2010. A travers une analyse statistique des tendances du PI3 réel factuel et contrefactuel, l'étude montre dans un premier temps, que la croissance économique s'est ralentie pendant ces dernières années de crise sociopolitique, entrainant un manque à gagner du PI3 réel, avec pour conséquence une perte en investissements publics. Dans un second temps, par une estimation des déterminants de l'investissement privé par MCE, incluant un indicateur d'instabilité politique, l'étude révèle que l'instabilité sociopolitique influence négativement, à court et long terme, le niveau des investissements privés. Ces résultats confirment des travaux déjà réalisés, pour relever le rôle néfaste de l'instabilité sociopolitique sur les investissements, et partant sur la croissance et le développement économique et social d'un pays.

Mots clés : budget de l'Etat, croissance économique, instabilité sociopolitique, investissement public, investissement privé, MCE.

ABSTRACT

This study provides an analysis of the impact of sociopolitical instability on public and private investment in Cote d'Ivoire, with economic data over the period 1970-2010. Through a statistical analysis of trends in real GDP factual and counterfactual, the study shows at first, that economic growth has slowed during the social and political crisis, resulting in a shortfall of real GDP, with result in a loss in public investment. In a second step, by estimating the determinants of private investment by ECM, including an indicator of political instability, the study found that sociopolitical instability affects negatively, in the short and long term, the level of private investment. These results confirm previous work, to meet the critical role of sociopolitical instability on investment and hence on economic growth and development of a country.

Key words: government budget, economy growth, sociopolitical instability, public investment, private investment, ECM.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 1

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

INTRODUCTION

0.1. Contexte et justification de l'étude

La Côte d'Ivoire a connu, depuis son accession à l'indépendance en 1960, d'importantes transformations politiques et économiques qui ont caractérisé l'évolution de sa marche vers la croissance et le développement. Après les glorieuses décennies de 1960 et 1970, marquées par d'excellentes performances économiques, qui lui ont permis de se doter d'infrastructures économiques (routes, ponts, etc.)1 , sociales (les grandes écoles, les centres de santé, etc.) et culturelles (les grands hôtels), la Côte d'Ivoire est confrontée depuis à des profondes crises économiques et politiques. De 1981 à 1993, la croissance économique s'est ralentie et est restée en dessous de 1%, ce qui est largement inférieur au taux de croissance de la population qui était d'environ 4% en moyenne (WDI, 2008) 2. De nombreux chocs, tels que la chute des prix des matières premières, notamment le binôme café cacao, le renchérissement du cours du dollar et du pétrole et la hausse des taux d'intérêt internationaux ont jalonné cette période. Ces perturbations se sont traduites par une récession économique avec un déficit budgétaire de 3,5% du PIB (PROMES, 2007)3 et une explosion de la dette publique. Cette période a été aussi celle de la mise en oeuvre de plusieurs mesures d'ajustement qui n'ont pas été à la hauteur des résultats escomptés (Fassassi, 2004).

La dévaluation du franc CFA, intervenue par la suite en janvier 1994, a permis de donner une bouffée d'oxygène à l'économie ivoirienne, empreinte de signes d'une relance de la croissance économique. Le PIB réel s'est significativement accru pendant la période 19941999 avec un taux moyen de plus de 5%( PROMES, 2007).

Depuis décembre 1999, la Côte d'Ivoire est entrée dans un cycle d'instabilité politique. Cette situation dont les prémisses remontent au début des années 1990 avec le retour du multipartisme, s'est trouvée exacerbée par une série de crises militaro-politiques. Elle a connu un pic avec le coup d'Etat de décembre 1999, avant de culminer en septembre 2002 en une rébellion armée. La crise durement ressentie sur tout l'ensemble du territoire ivoirien, a généré de grands bouleversements dans l'organisation économique et sociale, entraînant une augmentation substantielle de la pauvreté et une détérioration du niveau de vie des populations. Le PIB réel par habitant a chuté cumulativement de 15% de 2000 à 2006 (DGBF, 2010).

1 Par exemple, le pont Charles de Gaulle a été construit de Janvier 1965 à Juin 1967 (Keyo, 2005).

2 Ce taux est calculé à partir des données de WDI 2008.

3 Ce taux est calculé à partir de la base PROMES de la BCEAO 2007.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 2

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Hormis les pertes en vies humaines, l'affectation de la cohésion sociale et la désorganisation du système de production national à cause du déplacement massif des personnes, cette crise a également causé des coûts économiques et financiers importants avec ses conséquences diffuses sur l'économie du pays. En effet, le conflit a entraîné la destruction de nombreuses infrastructures économiques, la fermeture et la délocalisation des entreprises, la réduction des activités, surtout avec les évènements de novembre 20044.

En outre, face à la rareté des moyens financiers, du fait de l'amenuisement des ressources publiques lié à la partition du pays, à la baisse d'activités des entreprises et au gel des appuis financiers de certains partenaires au développement, l'Etat ivoirien a dû effectuer des choix stratégiques dans la budgétisation des dépenses devenues de plus en plus croissantes. La survenue du conflit a engendré de nouvelles charges liées à sa gestion. Désormais l'accent étant beaucoup mis sur les actions de sortie de crise, la part du budget consacrée aux processus de sortie de crise et de normalisation de la vie socio-politique s'accroît de plus en plus, passant de 57,5millairds de francs CFA en 2002 à 145,5 milliards en 2010 (DGBF, 2010). Ces ressources, sans la crise, aurait pu servir aux financements de projets de développement sociaux et aux dépenses d'investissements publics.

Au regard de ces évènements, il apparaît nécessaire de s'interroger sur les effets de cette crise sur le niveau des investissements publics et privés. En d'autres termes, quel est l'impact économique de l'instabilité sociopolitique, en tant que facteur d'aggravation de la crise économique, sur le niveau des investissements publics et privés ?

La réponse à une telle interrogation revient à analyser les déterminants des investissements publics et privés et à examiner les effets de la crise sur ces déterminants afin de cerner l'impact de l'instabilité sociopolitique sur eux.

4 Des milliers d'Européens, en particulier les Français, ont été rapatriés à la suite des événements sociopolitiques de novembre 2004, avec pour conséquences les fermetures de plusieurs entreprises.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 3

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

0.2. Objectifs de l'étude

L'objectif de cette étude est d'explorer l'impact économique de l'instabilité sociopolitique, que la Côte d'Ivoire traverse depuis 1999 sur le niveau des investissements publics et privés. De façon spécifique, elle vise à :

y' déterminer les effets de la crise sociopolitique sur la structure et l'évolution du budget de l'Etat ;

y' évaluer les coûts économiques en termes de pertes engendrées par la crise sociopolitique sur les investissements publics ;

y' déterminer les effets de l'instabilité sociopolitique sur les investissements privés. 0.3. Hypothèses de l'étude

L'étude cherche à vérifier les hypothèses suivantes :

Hypothèse 1 : la crise sociopolitique a modifié la structure des dépenses de l'Etat au détriment des dépenses d'investissements publics ;

Hypothèse 2 : la crise sociopolitique a affecté la croissance économique qui a eu un impact négatif, en termes de pertes économiques, sur les investissements publics ;

Hypothèse 3 : l'instabilité sociopolitique a affecté négativement le volume de l'investissement privé.

0.4. Intérêt de l'étude

Cette étude entre dans le cadre des travaux réalisés pour relever le rôle déterminant de la stabilité politique sur les investissements et partant sur la croissance et le développement économique. Elle est une contribution à la recherche scientifique relative à l'évaluation du coût économique généré par la crise sociopolitique que connaît la Côte d'Ivoire. Sur le plan politique et social, ce travail est un appel à l'endroit des gouvernants sur les pertes que l'économie nationale subit du fait de l'instabilité sociopolitique ; il les oriente également dans les réformes politico-économiques nécessaires pour remettre l'économie sur le sentier de la croissance et le développement dans un pays en voie de sortir de guerre, qui devra reconstruire son capital d'infrastructures économiques et sociales, entamé par plusieurs années de conflits.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 4

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

0.5. Approche méthodologique de l'étude

La méthodologie de l'étude repose essentiellement sur la revue documentaire, les analyses statistiques descriptives et économétriques des données secondaires collectées.

? Revue documentaire

La revue documentaire a consisté à l'examen des travaux réalisés sur les différentes relations qui existent entre les investissements (publics et privés) et la croissance économique d'une part, et sur l'impact des conflits sur la croissance et le développement économique et social, d'autre part. Cette revue documentaire a permis de valoriser les données existantes, d'identifier les déterminants des investissements publics et privés et de formuler les hypothèses de l'étude.

? Collecte et traitement des données de l'étude

Les données utilisées proviennent des informations économiques et financières produites par le MEF et la BCEAO sur la Côte d'Ivoire. Ces données portent sur le PIB, le budget de l'Etat (recettes fiscales, dépenses de fonctionnement, dépenses d'investissements publics, dépenses liées à la gestion de la crise), les investissements privés, les taux d'intérêt et le degré d'ouverture commerciale. Ces informations ont été complétées par les données du WDI 2008, sur le Cameroun, le Ghana et le Sénégal, pays témoins de l'étude5. L'étude s'étend sur la période allant de 1970 à 2010.

Pour mesurer l'incidence de la crise sur les investissements, deux approches méthodologiques ont été utilisées dans cette étude, en fonction du type d'investissement. Etant donné que l'investissement public est une donnée exogène, la méthode d'analyse statistique des tendances des PIB factuel et contrefactuel a été utilisée pour apprécier l'impact de la crise. Cette approche méthodologique est similaire à celle employée par Oxfam International et al. (2007). L'effet de la crise sur les investissements privés a été appréhendé à travers une modélisation économétrique de l'investissement privé avec un Modèle à Correction d'Erreur, intégrant une variable indicatrice qui prend en compte l'instabilité politique. Le traitement des données a été réalisé en utilisant les logiciels EXCEL et EVIEWS 5.0.

5 Le Cameroun, le Ghana et le Sénégal ont été choisis comme pays témoins de l'étude, compte tenu de la similitude de leurs performances économiques avec celles de la Côte d'Ivoire avant la crise sociopolitique ivoirienne de décembre 1999.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 5

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

La suite de cette étude est organisée autour de trois parties. D'abord, elle trace le cadre conceptuel et théorique de l'étude dans lequel sont définies les notions d'investissement, d'instabilité politique et d'impact. Cette première partie rappelle également la revue de littérature relative aux fondements théoriques et empiriques des liens de causalité entre les différents types d'investissements et la croissance, et l'impact des conflits sociopolitiques sur la croissance et le développement économique. La seconde partie examine les conséquences de la crise sur les investissements publics par l'analyse de la structure et de l'évolution du budget de l'Etat et l'évaluation des coûts, en termes d'investissements publics, engendrés par la crise sociopolitique. Enfin, la troisième partie traite des effets de l'instabilité sociopolitique sur les investissements privés à travers une analyse économétrique.

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

PREMIERE PARTIE:

CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE DE L'ETUDE

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 6

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 7

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

I. DEFINITIONS DE CONCEPTS

Cette section est consacrée aux définitions des notions d'investissements, d'instabilité sociopolitique et d'impact, employées dans ce travail.

1.1. Investissement

Dans le langage courant, la notion d'investissement décrit une multitude d'opérations sous diverses formes : investissement dans l'achat d'une nouvelle voiture, dans l'éducation des enfants, dans l'acquisition d'un logement ou dans une nouvelle machine, placement en bourse, etc. La définition économique est plus précise : c'est l'acquisition de biens de production. En d'autres termes, l'investissement est une opération qui consiste pour une entreprise ou pour un pays à augmenter le stock de moyens de production (machines, équipements de tous types, infrastructures, biens de tout ordre, mais aussi acquisition de connaissance et formation des hommes), avec pour perspective une production future. Il est brut ou net, selon qu'il prend en compte ou non l'usure et l'entretien des biens durables qui interviennent dans la production. Si l'investissement brut est inférieur à cette usure, on dit alors qu'il y a désinvestissement (Guerrien, 2003).

De façon générale, la comptabilité nationale assimile l'investissement à la FBCF : il s'agit de la valeur des acquisitions d'actifs fixes corporels nouveaux (bâtiments, ordinateurs, meubles, etc.) et incorporels (logiciels), utilisées dans la production des biens et services (Arkwright, 2006). De cette définition, découlent deux sortes d'investissements, en fonction des agents économiques qui les réalisent : les investissements privés et les investissements publics.

1.1.1. Investissements privés

Ce sont les investissements réalisés par les ménages ou les entreprises privées. Ces investissements répondent essentiellement au seul but de recherche de profits. Le comportement d'investissement de ces agents économiques privés, notamment les entreprises, fait l'objet d'un grand nombre de travaux théoriques et empiriques avec pour but principal, l'identification des déterminants de l'investissement des entreprises.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 8

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Même si les travaux empiriques n'ont pas toujours abouti aux mêmes résultats, du point de vue théorique, l'investissement privé est fonction de quatre principaux déterminants : la demande anticipée par les entreprises, le coût des facteurs de production, les contraintes de financement et la profitabilité6 des projets d'investissement des entreprises. A partir de ces quatre déterminants, les économistes ont formalisé plusieurs modèles permettant de représenter et de prévoir le comportement d'investissement des entreprises. Les modèles couramment utilisés sont le modèle accélérateur-profit et le modèle Q de Tobin (Kergueris, 2003). Dans le modèle accélérateur-profit, l'investissement est fonction non seulement de la croissance des débouchés, mais aussi d'une variable de profit et de coût de l'investissement qui dépend des prix des biens d'équipement, le taux d'intérêt réel, le taux d'amortissement et la structure de l'impôt (Esmak et al. 2008).

Avec le modèle Q de Tobin (1969), les entreprises fondent leurs décisions d'investissement sur le rapport, appelé le Q de Tobin, suivant :

Q= valeur en bourse du capital existant/Coût de remplacement du capital existant

Le numérateur du Q de Tobin est la valeur du stock de capital de l'économie telle que le détermine le marché boursier. Le dénominateur est le coût de ce capital s'il devait être acheté aujourd'hui.

Selon Tobin, un Q supérieur à 1 signifie que l'entreprise a intérêt à augmenter son stock de capital et donc à investir davantage, car l'augmentation de la valeur boursière sera supérieure au montant investi. A l'inverse, si le Q est inferieur à l'unité, la bourse pense que le coût de remplacement du capital installé est supérieur à sa valeur contemporaine. Dans ce cas, les entreprises ne devraient pas remplacer leur capital à mesure qu'il se déprécie (Mankiw, 1999).

6 L'effet de la profitabilité ne doit pas être confondu avec celui du profit. Il fait référence à une notion distincte de celle de la rentabilité de l'investissement comparée au coût du capital. La profitabilité du capital productif mesure l'écart entre le rendement anticipé du capital physique et le rendement, en termes réels, d'un placement sans risque, assimilé au niveau des taux d'intérêt à long terme (Profitabilité = taux de profit anticipé - taux d'intérêt réel).

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 9

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

1.1.2. Investissements publics

C'est l'ensemble des dépenses engagées par l'Etat et les collectivités locales en équipements collectifs (appelés infrastructures publiques), en recherche et en formation. Ces investissements qui ne peuvent pas être assurés par le secteur privé du fait de leur faible rentabilité à court terme lié à leur coût élevé, sont pris en charge par l'Etat.

L'investissement public obéit à des déterminants qui sont, naturellement, fort différents de ceux de l'investissement privé, et qui concernent plus l'analyse des choix publics qu'avec l'analyse économique usuelle. La décision de faire un investissement public relève donc rarement de la rentabilité immédiate. En général, l'Etat raisonne plutôt en termes d'intérêt général. Mais la décision rentre aussi dans le cadre de la politique conjoncturelle de l'Etat. Ainsi, dans le cadre d'une politique contra-cyclique d'inspiration keynésienne, l'Etat connaissant les effets économiques des investissements sur la croissance, peut décider d'utiliser les investissements publics comme instrument pour relancer une croissance jugée trop « molle » (Keho, 2005).

Les investissements publics en infrastructures, appréhendés davantage comme un facteur d'amélioration des performances productives et de l'investissement du secteur privé (Veganzones, 2000), sont souvent qualifiés de biens collectifs mixtes. Deux notions sous-tendent cette définition : celle des biens collectifs ou des biens publics, et celle des facteurs productifs.

La notion des biens publics, définie par Samuelson (1954) et Musgrave (1959) repose sur les critères de non rivalité et de non exclusion. Un bien est qualifié de non rival si son utilisation par un agent ne réduit pas la quantité disponible pour les autres agents. La non rivalité s'accompagne, en fait, de l'indivisibilité d'usage, c'est-à-dire d'une consommation en totalité de ce bien qui ne pourra être partagé entre divers utilisateurs. Les exemples traditionnels sont ceux de la justice, de la sécurité ou de l'éclairage public. La non exclusion par le mécanisme du marché caractérise, de son côté, des biens dont aucun agent ne peut être exclu des bénéfices. Celle-ci découle de l'impossibilité de fractionner le service entre divers consommateurs. Ainsi, les caractéristiques intrinsèques de ces biens justifient l'intervention de l'Etat dans leur production ou leur réglementation. Il y a également une forte notion de compétitivité attachée à l'investissement public puisqu'en développant ses infrastructures collectives, un pays aura beaucoup de chance d'attirer des capitaux étrangers qui vont, à leur tour, contribuer à sa croissance et à son développement économique.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 10

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Dans la présentation administrative du budget de l'Etat en Côte d'Ivoire, les investissements publics sont les dépenses exécutées sous forme de « projets d'investissement ». Elles sont inscrites au titre 3 de la Loi de Finances.

1.2. Notion d'instabilité politique

1.2.1. Définition de l'instabilité sociopolitique

L'instabilité sociopolitique est un concept composite. Elle est la manifestation de plusieurs facteurs qui ne se recoupent pas totalement et doivent être pris en compte simultanément. Elle recouvre deux réalités distinctes : les changements de pouvoir politique par la violence et les changements réguliers dans le respect des formes légales (Abessolo, 2003). Par contre, Gouenet (2009), fait état de trois formes d'instabilités politique : l'instabilité d'élite ou de l'exécutif qui englobe, coups d'Etat, changements et crises de gouvernement, l'instabilité de masse qui correspond aux mouvements sociaux tels que les grèves, les manifestations ou les émeutes, et enfin l'instabilité armée ou violente qui prend en compte la guerre civile, les guérillas et toute action politique violente.

Bien que la Côte d'Ivoire ait connu depuis les indépendances des moments tumultueux qui pourraient être qualifiées d'instabilité sociopolitique, les événements sociaux politiques les plus significatifs de son histoire sont ceux liés aux dernières décennies. Ces Evènements sont relatifs aux mouvements de manifestations et de révolte nés à la suite de la transition démocratique de 1990 à 1993, ressentis par la majorité des pays de l'Afrique francophone subsaharienne, et la crise militaro-politique de 2000 qui s'est atténuée après la signature de l'APO de 2007.

1.2.2. Indicateur de l'instabilité sociopolitique

Il existe plusieurs méthodes de mesure de l'instabilité sociopolitique, à cause de la difficulté liée à sa construction, du fait de sa nature composite. Cependant, selon Abessolo (2003), deux méthodes sont couramment utilisées : l'analyse en composantes principales (ACP) mise en oeuvre par Fosu (1992) et Alesina et Perotti (1996), et la méthode de la détermination de la probabilité d'occurrence d'instabilité proposée par Azam et al. (1996). La première méthode, consiste à calculer la variable d'instabilité en fonction d'une somme pondérée des composantes qui la déterminent. La seconde méthode s'effectue en deux étapes : d'abord la création d'une variable dichotomique de réalisation de violence et ensuite l'estimation de la probabilité de réalisation de cette violence en la faisant dépendre de facteurs explicatifs tels que les dépenses militaires, les dépenses de santé ou les taux de scolarisation.

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Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Toutes ces méthodes visent à établir un indice d'« instabilité sociopolitique ». Dans le cadre de cette étude, cet indice sera calculé avec l'hypothèse simplificatrice qu'il prend la valeur 1 en cas d'instabilité politique et la valeur 0 sinon.

1.3. Notion d'impact

1.3.1. Définition de l'impact

La majorité de la littérature définit l'impact relativement à un programme7. Ainsi selon le CIEDEL (2010), « l'impact, c'est la situation issue de l'ensemble des changements significatifs et durables, positifs ou négatifs, prévus ou imprévus, dans la vie et l'environnement des personnes et des groupes et pour lesquels un lien de causalité direct ou indirect peut être établi avec le projet ou programme ». L'impact peut donc être défini comme les effets tangibles et intangibles, directs et indirects, positifs et négatifs qu'un incident, un accident, un changement, un problème, un mouvement ou une action a, ou pourrait avoir, sur un phénomène. Dans le cadre de cette étude, l'impact sera appréhendé comme les conséquences en termes de pertes ou de coûts économiques et financiers, du fait de la survenue de la crise, sur les investissements.

1.3.2. Evaluation de l'impact

L'évaluation de l'impact, qui est un jugement porté sur les dynamiques de changements survenus à la suite d'une action entreprise ou d'un choc exogène, est complexe. Cette complexité est liée à la diversité des domaines auxquels se rapporte le terme (Bachelet, 2010). Cependant, l'impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements sera apprécié comme la différence entre le niveau observé des investissements, avec la crise, et le niveau qu'auraient eu les mêmes investissements sans la crise.

Plusieurs méthodes scientifiques existent pour l'évaluation de l'impact. Le choix d'une méthode dépend, entre autres, de l'objet, de l'objectif, de la disponibilité des données, du coût et de l'environnement de l'étude ainsi que des contraintes de temps. Toutefois, selon M'Baye, (2010), c'est la détermination de la comparaison contrefactuelle qui est l'essence de la conception d'évaluation d'impact.

7 Il y a une nette différence entre résultat, effet et impact (cf. annexe A1.1)

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Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

II. REVUE DE LITTERATURE (APPROCHES THEORIQUES ET EMPIRIQUES DE L'ETUDE)

Cette section est consacrée à l'analyse des fondements théoriques et des études empiriques relatives à la dynamique des investissements sur la croissance et le développement dans les « Etats fragiles ».8

2.1. Investissement public et croissance économique

L'analyse des déterminants de l'investissement public et de la croissance est l'objet de controverses au sein des économistes. Selon la théorie keynésienne, l'investissement public a un effet démultiplié sur l'activité économique et sur l'emploi grâce au multiplicateur keynésien ou multiplicateur d'investissement. Ce multiplicateur défini comme le rapport entre une variation des dépenses publiques et la variation consécutive du revenu global, est l'un des soubassements idéologiques des politiques de relance financées par l'emprunt. Quant aux néoclassiques, ils voient plutôt une perte d'efficacité dans l'intervention publique à cause de l'effet d'éviction.

L'idée de l'éviction se rapporte au fait que les fonds nécessaires aux dépenses publiques supplémentaires sont prélevés sur une épargne qui, autrement, aurait servi à financer des projets d'investissement privé. La ponction exercée par les autorités sur l'épargne privée provoque une hausse des taux d'intérêts qui décourage de nombreux projets d'investissement ainsi évincés par la dépense gouvernementale (Bamba, 2005).

Si l'investissement a un effet multiplicateur apparent, il n'est pas toujours exact de croire qu'encourager l'investissement public de manière artificielle permettra d'avoir des effets positifs, comme l'ont montré de très nombreux économistes. En effet, Barro (1997) a montré que le multiplicateur keynésien ne pouvait pas avoir les vertus que lui prêtent les tenants de la théorie keynésienne. Financer un plan de relance par la dette ou les impôts publics, ne changent rien car la dette est un impôt futur et les ménages épargnent davantage pour se prémunir de ces hausses d'impôts futures, au détriment de la consommation. Le multiplicateur serait donc, au mieux, égal à l'unité.

8Selon l'OCDE, un Etat est qualifié « d'Etat fragile » lorsque le gouvernement et les instances étatiques n'ont pas les moyens et/ou la volonté politique d'assurer la sécurité et la protection des citoyens, de gérer efficacement les affaires publiques et de lutter contre la pauvreté au sein de la population.

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Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Par ailleurs, Minea et Villieu (2008) proposent dans leurs travaux un modèle théorique simple dans lequel l'impact du déficit budgétaire sur les dépenses publiques d'investissement dépend du niveau de la dette publique (en pourcentage du PIB). Lorsque la dette publique est faible, l'impact du déficit est positif, car la charge de la dette peut être absorbée par une diminution des dépenses de consommation. Lorsque la dette est très élevée, en revanche, il n'est plus possible de réduire les dépenses de consommation, et l'ajustement s'opère par les dépenses d'investissement, de sorte que la relation entre déficit et dépenses publiques d'investissement devient négative. Une analyse empirique menée à partir d'un modèle économétrique avec effets de seuil en panel sur 22 pays de l'OCDE a confirmé cette non linéarité.

Minea et Villieu (2009), ont également analysé la « règle d'or » des finances publiques à travers un modèle de croissance endogène. Cette règle autorise des déficits budgétaires à condition que ces déficits soient exclusivement consacrés à l'investissement public. Sous des conditions très générales, il est montré qu'une augmentation permanente du déficit public consacrée à l'investissement public conduit à un affaiblissement de la croissance à long terme. À court et moyen termes, cependant, une telle augmentation peut stimuler la croissance et la consommation. Dès lors, la règle d'or peut améliorer ou détériorer le bien-être intertemporel, selon la valeur des paramètres, et en particulier celle de l'élasticité de substitution intertemporelle.

2.2. Investissement privé et croissance économique

La littérature empirique sur la croissance économique montre que le taux d'accumulation de capital physique ou investissement est un déterminant important de la croissance économique. Cette relation découle du postulat selon lequel la croissance économique prend sa source dans l'investissement. Un grand nombre de travaux a porté sur le comportement d'investissement des entreprises. Leur but était d'identifier les déterminants de l'investissement privé et de mesurer la façon dont la politique économique influençait ce comportement.

Selon Dramani et Laye (2008), au milieu des années 80, les principaux déterminants de l'investissement étaient la croissance de la production (la valeur ajoutée) et le taux de profit. Ce résultat empirique plus connu sous le nom de « modèle accélérateur-profit » découlait des estimations faites sur des données individuelles comme sur des données agrégées. Toutes choses égales par ailleurs, une augmentation dans la production d'une entreprise devrait exiger une augmentation proportionnelle de son stock de capital.

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Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

L'implication de la théorie de l'accélérateur était que, le niveau de production ou les changements dans la demande agrégée détermine l'investissement ou le changement du stock de capital. Blejer et Khan (1984) ont aussi démontré que l'investissement privé est positivement lié à la variation du PIB réel anticipé dans 24 pays en développement.

2.3. Lien entre investissement public et investissement privé

Les économistes ont également porté un intérêt grandissant sur la relation entre l'investissement privé et l'investissement public. Les résultats des études empiriques relatives au lien entre investissement public et investissement privé diffèrent selon la composition des dépenses d'investissement, le pays ou la région où les investigations sont menées, des techniques d'analyses utilisées pour obtenir les résultats, et surtout du degré de complémentarité ou de substituabilité entre l'investissement public et l'investissement privé. Manssouri (2003), conclut que l'impact de la dépense publique sur les conditions de développement et de croissance d'une économie, est fonction de la répartition très globale de la dépense publique, à savoir la dépense qui est consacrée au fonctionnement et celle qui est consacrée à l'investissement.

Les travaux de Bamba (2005) sur la Côte d'Ivoire, ont conclu que l'effet multiplicateur des dépenses publiques financées par emprunt sur le marché financier est en quelque sorte annihilé par les tensions inflationnistes qu'il engendre tant sur le niveau général des prix que sur les taux d'intérêt débiteurs. Il en ressort une forte préférence pour le présent au détriment des décisions d'épargne et d'investissement. Cependant, Keho (2005) montre que l'investissement public ivoirien exerce un effet d'entraînement sur l'investissement privé, confirmant ainsi l'hypothèse d'une relation de complémentarité entre ces deux composantes de l'investissement. L'effet d'entraînement est essentiellement dû à l'investissement en infrastructures d'éducation, de transports et de communications. Aucun effet d'éviction significatif n'apparaît.

Toutefois, il est admis qu'il ne suffit pas d'avoir de moyens financiers et de bonnes politiques pour garantir une croissance soutenable. La qualité des institutions, l'environnement socioéconomique, la participation et l'appropriation de ces politiques sont essentielles. Il en est de même de l'existence ou non de mécanismes permettant de porter au débat public, les problèmes auxquels sont confrontés la population et de la possibilité pour celle-ci d'exiger du gouvernement de rendre compte de son action.

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Les pays où les indices de gouvernance sont les plus faibles ont aussi les plus bas indices de développement humain (Kaufmann, 2005) et attirent moins d'investissements (Mauro, 1996).

Il apparait par conséquent nécessaire de passer en revue quelques travaux réalisés sur les économies des Etats en situation d'instabilité politique pour apprécier le lien entre les conflits et la croissance économique.

2.4. Instabilité sociopolitique et croissance économique

2.4.1. Arguments théoriques de l'impact négatif de l'instabilité politique sur la

croissance économique

Comme le soulignent plusieurs auteurs, l'instabilité politique peut affecter les performances économiques d'un pays selon plusieurs modalités. Elle peut être préjudiciable à l'activité de production lorsqu'elle entraîne directement des ruptures dans le processus de création de richesse (Fosu, 1992). Elle peut ne pas permettre aux institutions de garantir efficacement les droits de propriété privés, entraînant de ce fait un accroissement des coûts de transaction et empêchant le pays de réaliser son potentiel productif (Azam, 1996).

Un second impact possible de l'instabilité politique, plus indirect, passe par l'efficacité de l'accumulation des facteurs de production. En effet, l'investissement et l'accumulation de capital humain dépendent en dernier ressort du cadre institutionnel qui les conditionne. Fosu (1992) souligne ainsi qu'en présence d'instabilité politique, le risque de perte de capital augmente, ce qui fait baisser le volume d'investissements effectivement entrepris. Ensuite, l'instabilité politique réduit considérablement l'horizon temporel, non plus seulement de l'investisseur, mais aussi du décideur politique ; celui-ci se contente alors d'une pratique de gestionnaire et attentiste du pouvoir, en particulier dans le domaine économique. De même, un gouvernement à horizon temporel court, n'est pas incité à respecter ses engagements, non plus que les règles et principes qui doivent, en principe, réguler l'activité économique (droit de propriété, droit des contrats, fiscalité). Enfin, dans un contexte d'instabilité politique, le gouvernement, désigné démocratiquement ou non, peut être tenté de recourir à une politique fondée sur la mise en place d'allégeances clientélistes, et sur la corruption des groupes susceptibles de l'appuyer dans la conservation du pouvoir (police, armée, administration, milieux économiques, etc.).

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Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

2.4.2. Etudes empiriques sur l'impact des conflits sociopolitiques sur la croissance

A la fin des années 1990, la persistance d'un nombre important de conflits a commencé à attirer l'attention des chercheurs. Le débat s'est largement focalisé autour des travaux menés par le groupe de travail de la Banque Mondiale dirigé par Collier. Depuis 1999, plusieurs analyses quantitatives et formelles sur les guerres civiles et leurs impacts sur les économies ont été menées. Ces travaux ont permis d'identifier, entre autres, l'importance de facteurs socio- économiques dans l'éclatement, la durée d'une guerre civile et les coûts qu'elle impose (Tsasa, 2009).

D'après les estimations de Collier et al. (2003), un PVD en période de guerre consacre en moyenne 5% de son P11B aux dépenses de guerre contre 2,8% en période de paix. Ce taux supplémentaire de 2,2% du P11B consacrée aux dépenses militaires pendant 7 ans (durée moyenne d'une guerre civile), entraîne une perte durable du PIB de l'ordre de 2%. L'accroissement des dépenses militaires qui constitue une part des détournements des ressources au profit de la violence, a toutes les chances d'entraîner une diminution des sommes affectées à d'autres postes, tels que l'infrastructure et la santé. Les ressources sur lesquelles les rebelles font main basse représentent elles aussi un détournement au détriment des activités productives. A cela s'ajoutent les coûts liés à la destruction des infrastructures de production (installations hydroélectriques et de télécommunication, routes, habitations, écoles, hôpitaux, etc.). Une étude économétrique effectué par Collier (1999), a également montré que, pendant la guerre civile, la croissance économique se ralentit et est inférieure de 2,2% environ à ce qu'elle est en temps de paix ; l'étude conclut par conséquent qu'au terme d'une guerre civile de 7 ans, les revenus seront inférieurs de 15% à ce qu'ils auraient été en l'absence de conflit.

Cependant, s'agissant des effets macroéconomiques des dépenses publiques liées au financement de la guerre, les estimations de Barro (1997) révèlent que les dépenses temporaires rattachées à la défense ont un impact expansionniste très significatif sur le P11B réel. Les dépenses permanentes se rapportant à la défense ont un effet plus petit. Selon Mankiew (1999), les dépenses publiques sont l'une des variables exogènes qui se modifient substantiellement en temps de guerre. Ces dépenses publiques en Grande Bretagne, ont brutalement et considérablement augmenté au cours de chacune des 8 guerres entre 1730 et 1919. Le taux d'intérêt, en l'occurrence le taux des obligations de l'Etat dit taux à rente perpétuelle, tend à accroître parallèlement avec le niveau des dépenses militaires

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

DEUXIEME PARTIE :

ANALYSE DES CONSEQUENCES

DE LA CRISE SOCIOPOLITIQUE

SUR LES INVESTISSEMENTS

PUBLICS

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III. IMPACT DE LA CRISE SUR LA STRUCTURE ET L'EVOLUTION DU BUDGET DE L'ETAT

3.1. Ressources budgétaires

3.1.1. Ressources internes

Les ressources internes sont composées des recettes fiscales et des recettes non fiscales. Les bases sur lesquelles sont assises ces recettes sont étroitement liées au niveau de l'activité économique et du revenu des agents économiques du pays.

3.1.1.1. Recettes fiscales

Dans le cas de la Côte d'Ivoire, les recettes fiscales proviennent des impôts (directs et indirects) de la DGI et de la DGTCP et des droits et taxes de la DGD (taxes sur les exportations, les importations et les produits pétroliers). Le graphique 1 montre que les recettes fiscales ont connu une évolution à la hausse au cours de la période 2000-2010. Les impôts (DGI et DGTCP) et les droits et taxes (DGD) (Graphique 1) sont passés respectivement de 593 milliards de francs CFA et 485 milliards francs CFA en 2000 à 1024 milliards francs CFA et 952 milliards francs CFA en 20109.

La bonne tenue de ces recettes fiscales résulte des nombreuses réformes entreprises au niveau des régies financières. Ces réformes sont liées à l'amélioration des procédures de recouvrement consécutive à l'introduction d'innovation dans la gestion des finances publiques. Elles ont principalement consisté :

? à la politique de désignation des responsables des régies financières (DGD, DGI DGTCP) : ces responsables ont été choisis par appel d'offres et sur la base de contrats plans d'activités ;

? à l'aménagement de la fiscalité intérieure avec l'harmonisation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et à la mise en oeuvre de la facture normalisée ;

? à la modernisation de la gestion au niveau des douanes avec l'informatisation du système de dédouanement (SYDAM) ;

? et au renforcement des actions rigoureuses de lutte contre la fraude dans la partie gouvernementale.

9 La plupart des données relatives à l'années 2010 de cette étude sont des estimations faites par les différentes structures de collecte de données.

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Graphique 1 : Evolution des recettes fiscales (en milliards de francs CFA)

1200

1000

400

200

800

600

0

274 260 251

1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Recettes DGI&DGTCP Recettes DGD

365

312

248

252

218

217

531 568 563

452

257

528

369

582 574 586

593 616

485

552

632 630

546 547

694 704

637

614

668

773

765 763 771

863

1010

1024

952

Source : L'auteur, à partir des données du MEF

397

261

251

255 249

588

421

605

Malgré cette performance relative, des pertes en recettes fiscales du fait de la guerre sont à indiquer. Ces pertes sont consécutives à la fermeture des postes douaniers et bureaux de collectes d'impôts dans les zones CNO ainsi qu'à l'arrêt de certaines activités économiques génératrices de recettes fiscales. A cela s'ajoutent les fuites de café et de cacao vers les pays limitrophes et la contrebande des produits importés. Dans le même temps, la persistance de la crise et ses effets dévastateurs ont obligé l'Etat à prendre un ensemble de mesures fiscales à l'endroit des opérateurs économiques dont le coût direct supporté par la DGI est estimé à environ 800 milliards francs CFA. Au total, selon les estimations de la DGE, ce manque à gagner pour l'Etat se chiffre environ à 1280 milliards de francs CFA10, depuis 2002.

3.1.1.2. Recettes non fiscales

Les recettes non fiscales sont constituées des cotisations de sécurité sociale (CNPS et CGRAE) et des dividendes versées par les sociétés d'Etat. Ces recettes fiscales n'ont pas connu une évolution régulière pendant ces 30 dernières années. Après la baisse enregistrée au cours de la période 1986-1993, elles ont connu une reprise en 1994 avec la dévaluation jusqu'en 1998. Par la suite, ces recettes ont baissé en 1999 avec le début de la crise avant d'enregistrer une tendance à la hausse à partir de 2003.

10 Information tirée de Fraternité Matin n°13637 du 23/04/2010

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3.1.2. Ressources extérieures

Les ressources extérieures sont essentiellement composées de dons et d'emprunts. Leur évolution dépend de la stabilité politique et du respect des engagements vis-à vis des créanciers bilatéraux et multilatéraux. En effet, la dégradation de la gouvernance et l'accumulation des arriérés dans le remboursement de la dette de l'Etat peuvent rétracter l'ardeur des bailleurs de fonds.

La part des dons reçus des partenaires au développement dans les ressources totales a connu une tendance à la hausse passant de 3,4% en 1994 à 4,9% en 1994 (Graphique 2). Cette part qui a chuté en 2000 à cause de la crise, a repris en 2007. En effet, depuis 2007 avec la décrispation de la situation sociopolitique11, il y a la reprise de certains programmes suspendus et la mise en oeuvre de nouveaux projets. Beaucoup de programmes et projets de développement dans les domaines de la santé et de l'éducation qui n'ont pas pu être réalisés du fait du retrait des financements de certains partenaires au développement, ont repris. Cette hausse des dons est également liée à l'atteinte du point de décision de l'Initiative PPTE12.

Graphique 2 : Evolution du ratio Dons/Recettes Totales (en %)

4,9%

2,5%

2,5%

2,8%

3,4%

3,1%

3,2%

3,2%

3,5%

2,6%

2,9%

1,9%

2,8%

14%

12%

10%

8%

6%

4%

2%

0%

5,0%

6,0%

0,9%

2,7%

8,5%

13,1%

1,6%

1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Source : L'auteur, à partir des données de la DPCE

11 Depuis la signature de l'APO entre l'État ivoirien et la rébellion le 04 mars 2007, la Côte d'Ivoire connaît une situation de décrispation et d'accalmie sociale. L'APO a amorcé une normalisation de la situation politique en créant un climat politique relativement apaisé, permettant une certaine avancée dans le rétablissement des institutions de la république et la réunification du pays.

12 La Côte d'Ivoire a atteint le point de décision de l'Initiative PPTE le 27 mars 2009.

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3.2. Dépenses budgétaires

3.2.1. Dépenses de fonctionnement

Elles se répartissent entre les dépenses de personnel, les dépenses de prestations sociales, les subventions et autres transferts et les autres dépenses de fonctionnement. Ces dépenses se sont accrues au cours des dix dernières années. Le graphique 3 montre que leur part dans les dépenses publiques connaît une tendance à la hausse depuis 2000. Elle est passée de 62,2% en 2000 à 71,9% en 2010, alors qu'elle était en dessous de 60% avant la période de crise.

Graphique 3 : Evolution du ratio des dépenses de fonctionnement/budget global (en %)

 
 
 

70,3% 71,9%

68,1%

 
 
 
 
 
 
 

54,0% 56,3% 54,8% 56,7%

41,0%

 
 

51,3% 52,9%

37,6%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

73,0%

60,9%

66,5% 72,2% 71,1% 71,2%

61,5% 62,2%

57,0% 66,8%

56,5% 55,8% 54,0% 62,3%

54,8%

59,3% 59,6% 52,1%

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

Source : L'auteur, à partir des données de la DPCE

40,3%

43,3%

La structure d'évolution des composantes des dépenses courantes indiquées dans le tableau 1 montre une modification de la composition de ces dépenses de fonctionnement. Les parts des dépenses de prestations sociales et des subventions et autres transferts se sont accrues au détriment des parts des dépenses de personnel et des autres dépenses de fonctionnement. Cette situation s'explique par la création des Conseils Généraux en 2001 qui se sont ajoutés au rang des bénéficiaires des subventions et autres transferts.

Tableau 1 : Allocation structurelle des dépenses courantes (en %) de 1995 à 2010

 

Période 1995-1999

Période 2000-2010

Dépense de personnel

50,1

48,5

Prestations sociales

10,2

12,1

Subventions et autres transferts

6,7

9,8

Autres dépenses de fonctionnement

33

29,5

Total

100

100

Source : L'auteur, à partir des données de la DGBF

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3.2.2. Dépenses liées à la dette publique

Le ratio intérêts liés à la dette publique/recettes fiscales a considérablement chuté depuis 2000. Il est passé de 27% en 2000 à 9% en 2010 (Graphique 4). Cette situation démontre que, malgré la hausse du niveau des recettes fiscales et du poids de la dette publique, de moins en moins, de ressources budgétaires ont été accordées aux intérêts de la dette publique.

Graphique 4 : Evolution du ratio des dépenses liées aux intérêts de la dette publique/recettes fiscales (en %)

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

12%

18%

31%

28%

25% 24%

29%

35%

49%

60%

56%

53%

41%

38%

31%

27%

25%

26%

27%

22% 21%

18%

15%

14%

10%

11% 11%

9%

%

Source : L'auteur, à partir des données de la DPCE

29%

46%

3.2.3. Dépenses liées à la crise

La survenue du conflit a engendré de nouvelles charges liées à sa gestion. Ainsi depuis 2002, les ressources consacrées aux opérations de sortie de crise sont estimées à 866,8 milliards de francs CFA (Tableau 2). Ces dépenses générées par la crise représentent en moyenne 4,5% du budget global de l'Etat sur la période 2002-2010.

Tableau 2 : Evolution des dépenses liées à la crise (en milliards de francs CFA)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Efforts de paix et Accords de Marcoussis

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

 
 

(y compris Service Civique )

57,5

96,0

82,1

59,9

44,5

41,4

45,0

30,2

47,2

 

Dépenses liées aux Elections et à l'identification

 
 
 

10,4

14,1

19,8

63,0

75,4

55,1

 

Dépenses CNDDR

 

1,0

6,7

3,4

5,8

7,0

9,1

7,0

10,1

 

Dépenses CNPRA

 
 

5,4

2,8

3,7

3,5

5,3

8,9

4,0

Autres dépenses liées à la crise

 
 
 
 
 

1,4

4,0

7,0

29,2

Total

57,5

Proportion des dépenses liées à la crise/Budget global (en %)

3,6

Source : L'auteur, à partir des données du MEF

2010 Total

503,8 237,7 50,1 33,6 41,6

145,5 866,8

6,0

5,7

4,5

3,9

3,6

5,8

5,6

5,9

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 22

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

3.2.4. Dépenses d'investissements publics

L'investissement public est une variable exogène dont la détermination du niveau est non seulement fonction des objectifs poursuivis par les autorités en matière de politique de croissance et de développement économique, mais surtout du niveau des dépenses incompressibles (les dépenses de salaires, les autres dépenses de fonctionnement et les dépenses liées aux remboursements de la dette), et de la disponibilité des ressources publiques. La prise en compte de nouvelles catégories de dépenses prioritaires, liées à la gestion du conflit, dans un contexte de rareté de ressources (à cause de la réduction des ressources internes et des appuis financiers extérieurs), a réduit les marges de manoeuvres des autorités dans la budgétisation des dépenses d'investissement. Par conséquent, le niveau des ressources affectées aux investissements publics avant la crise, surtout pendant la période 1994-1999, grâce aux effets positifs de la dévaluation de francs CFA en 1994, n'a pas pu être maintenu pendant la période de crise. En effet, la proportion des dépenses d'investissements dans le budget global a considérablement chuté (Graphique 5). Elle est passée d'une moyenne de 21,6% entre 1994 et 1999 à 14,1 % sur la période 2000-2009.

Graphique 5: Evolution de la proportion des dépenses d'investissements publics dans le budget global (en %)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

29,2%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

22,6%

22,7%

 
 
 
 
 
 
 
 

22,1%

24,9%

22,9%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

16,6%

 
 

13,6%

 

14,4%

 
 

16,9%

15,9%

 
 
 

11,4%

10,7%

12,0%

 

15,7%

 

15,5%

 

12,4%

 
 
 
 
 
 
 
 
 

10,5%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

14,2%

 

14,6%

 
 
 

14,9%

 
 
 
 
 
 

15,6%

 
 
 
 

13,4%

12,3%

14,0%

14,1%

14,2%

11,7%

11,9%

11,6%

11,3%

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0%

Source : L'auteur, à partir des données du MEF

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 23

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Le graphique 6, qui montre la modification de la structure des dépenses de l'Etat au cours des trois sous-périodes, confirme la baisse des dépenses d'investissements publics dans les dépenses totales, à l'opposé des dépenses courantes. Les dépenses d'investissement sont passées de 16,9% sur la décennie 1990 à 14,9% sur la période 2000-2009 contre respectivement 60,4% et 72,8% pour les dépenses de fonctionnement.

Graphique 6: Proportions des dépenses d'investissements publics dans les dépenses totales par période (en %)

100%

40%

20%

90%

80%

60%

50%

30%

10%

0%

Période 1980-1989 Période 1990-1999 Période 2000-2009

Dépenses Investissement Dépenses de Dettes Dépenses Courantes

19,0%

14,0%

22,7%

16,9%

12,4%

14,9%

Source : L'auteur, à partir des données du MEF

67,0%

L'examen du tableau 3 relatif aux allocations sectorielles des investissements publics montre que les parts des dépenses liées à la défense et à la sécurité et aux autres secteurs se sont accrues durant ces onze dernières années au détriment des secteurs de production (les secteurs primaire, secondaire et tertiaire) et de santé. La composante infrastructure connaît également une baisse sur la période 1995-1999, même s'il y a une légère hausse de 2000 à 2010.

Tableau 3 : Allocation sectorielle des dépenses d'investissements publics (en %) de 1976 à 2010

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Période

Période

Période

Période

Défense et Sécurité

4,2

0,7

4,7

 

Infrastructures

36,2

36,1

19,1

 

Santé et Actions sociales

12,4

13

22,1

 

Education et Formation

7,6

10,7

10,2

 

Secteurs primaire, secondaire et tertiaire

34,7

30,5

26

 

1976-1980

1981-1984

Autres

4,9

9

TOTAL

100

100

Source : Les calculs de l'auteur, à partir des données de la DGBF et de Keyo (2004)

1995-1999

2000-2010

6, 5 25,6 11,2 13,9 6,4 36,4 100

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 24

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 25

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

IV. EVALUATION DES EFFETS DE LA CRISE SUR LES INVESTISSEMENTS PUBLICS

4.1. Méthode d'évaluation

La méthode d'analyse statistique des tendances factuel et contrefactuel utilisée, avec comme variable de mesure le PIB réel, pour apprécier l'impact de la crise sur l'économie, est une approche méthodologique similaire à celle employée par Oxfam International et al. (2007). Le PIB13 étant considéré comme le meilleur indicateur du comportement de l'économie ou de son niveau d'activité, est donc un indicateur par excellence pour apprécier le niveau économique d'une nation.

Cette méthode a consisté à :

(i) modéliser l'évolution du PIB réel observé sur la période 1980-1999, période normale sans crise sociopolitique ;

(ii) projeter, avec le modèle spécifié du PIB réel, l'évolution du PIB réel qui serait réalisée sur la période 2000-2010, en l'absence de crise, soit le PIB réel contrefactuel noté PIBctrefact ;

(iii) déterminer le PIB réel effectivement observé sur la période 2000-2010 avec la crise sociopolitique, soit le PIB réel factuel noté PIBfact ;

(iv) déterminer la différence entre le PIB réel contrefactuel et le PIB réel factuel réalisé avec la crise sur la période 2000-2010, noté ?PIB, soit ?PIB= PIBctrfact - PIBfact ;

(v) déterminer un taux d'investissement public (ratio investissement public /PIB réel) moyen observé sur la période 1994-1999, période de reprise de la croissance économique après la dévaluation noté ?IPUB ;

(vi) appliquer ce taux d'investissement à l'écart entre le PIB réel contrefactuel et le PIB

réel observé pour déterminer le manque à gagner en investissement à cause de la crise sociopolitique, noté INVPERTE :

IPUB_PERTE = ?PIB x ?IPUB

13 Par définition, le PIB mesure l'ensemble des flux de biens et services marchands et non marchands produits au cours d'une période donnée par l'ensemble des agents économiques du pays (ou unités institutionnelles résidentes) et faisant l'objet d'emplois finals (Cours de programmation financière, 2010).

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 26

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Pour tenir compte des fluctuations du P113 réel (croissances et décroissances) au cours de la période normale sans la crise, c'est une fonction polynomiale qui est choisie pour estimer son évolution. La modélisation de cette évolution du P113 réel factuel qui a servi à la projection du P113 réel contrefactuel est l'équation polynomiale suivante :

(0)

Avec P113t =le P113 réel estimé à la période t, T= l'année d'estimation (prenant les valeurs de 1=1ère année, 2=2ème année, ...., n=nième année).

L'estimation de l'équation (0) a donné les résultats suivants :

(0)'

R2 = 0,956 R2 adj=0,947 DW=1,311 Prob (F-statistic) =0,000

Les chiffres entre parenthèses représentent les ratios de Student.

Une variable indicatrice DUM= a été introduite pour stabiliser le modèle afin d'obtenir une bonne projection du P113 réel sur la période 2000-2010 (elle prend les valeurs 1 de 1990 à 1996, et 0 ailleurs).

Les différents tests économétriques (tests de normalité du résidu, d'homoscédasticité, de spécification et de stabilité) effectués sur le modèle permettent de conclure à sa bonne spécification et à sa validité (cf. Annexes A2.2 et A2.3).

4.2. Résultats de l'évaluation

La méthode décrite précédemment a permis d'estimer les pertes en P113 engendrées par l'effet de la crise et d'évaluer son impact sur les investissements publics.

4.2.1. Résultats des pertes du FIB générés par la crise

Sans la crise, l'évolution du P113 réel aurait permis d'atteindre 10438,3 milliards de francs CFA en 2010 au lieu de 7623,1 milliards de francs CFA, toutes choses étant égale par ailleurs (Graphique 7 et Tableau 4). Cette performance se serait réalisée avec un taux de croissance annuel moyen de 3,6% du P113 réel. Ce taux de croissance annuel du P113 réel estimé, est par ailleurs quasi-identique au taux de croissance annuel moyen minimum réalisé sur la période 2000-2008 par les pays comme le Cameroun, le Ghana et le Sénégal, choisis comme pays témoins de la présente étude (Graphique 8).

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 27

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Par conséquent, du fait de la crise sociopolitique de 2000, la Côte d'Ivoire a perdu plus du quart, soit 27,0%, de son PI13 réel contrefactuel (Tableau 4).

Ces résultats sont confirmés par l'étude réalisée par Oxfam International et al. (2007), relative aux coûts estimés des conflits en termes de pertes de PI13 dans certains pays africains pour lesquels, les pertes varient entre 2,7% et 37% du PI13 (cf. Annexe A2.1). Cette étude d'Oxfam International et al. (2007) a indiqué que ces pertes sont fonction de l'importance des économies des pays et de l'ampleur, c'est-à-dire la durée et l'étendue, du conflit dans le pays.

Graphique 7: Evolution du PIB réel contrefactuel (sans la crise) contre le PIB réel factuel (avec la crise) en milliards de francs CFA

12000

10000

6000

4000

2000

8000

0

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

5 380,9

5 764,3

6 209,9 6 565,0

6 877,0 6 986,1

PIB réel_factuel PIB réel_contrefactuel

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Source : L'auteur, à partir des données du MEF

Tableau 4 : Evaluation de la perte en investissements publics générées par la crise sociopolitique de 2000 (en milliards de francs CFA)

 
 

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Total/Moyenne

 

Montant

6 727,6

6 726,2

6 669,9

6 526,8

6 643,9

6 722,4

6 779,7

6 851,1

7 116,2

7 365,3

7 623,1

75 752,2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Taux de croissance

1,6%

0,0%

-0,8%

-2,1%

1,8%

1,2%

0,9%

1,1%

3,9%

3,5%

3,5%

1,3%

PIB réel factuel (observé avec la crise)

Evolution du PIB réel contrefactuel (sans

la crise)

Montant

Taux de croissance

7 256,2

2,8%

7 511,7

3,5%

7 781,1

3,6%

8 064,5

3,6%

8 361,8

3,7%

8 673,0

3,7%

8 998,2

3,7%

9 337,3

3,8%

9 690,4

3,8%

10 057,3

3,8%

10 438,3

3,8%

96 169,9

3,6%

Perte en PIB réel liée à la crise (par

Montant

528,6

785,5

1 111,2

1 537,7

1 717,9

1 950,6

2 218,5

2 486,2

2 574,1

2 692,0

2 815,2

20 417,7

 

(en %)

7,9%

11,7%

16,7%

23,6%

25,9%

29,0%

32,7%

36,3%

36,2%

36,6%

36,9%

27,0%

 

Montant

%PIB factuel

210,4

3,1%

147,1

2,2%

264,3

4,0%

216,3

3,3%

259,0

3,9%

233,1

3,5%

244,0

3,6%

252,1

3,7%

308,9

4,3%

324,7

4,4%

355,4

4,7%

2 815,4

3,7%

rapport au PIB observé avec la crise)

Ratio Investissement public/PIB*(en %)

 

4,8%

4,8%

4,8%

4,8%

4,8%

4,8%

4,8%

4,8%

4,8%

4,8%

4,8%

4,8%

Investissement public factuel (observé

348,3

360,6

373,5

387,1

401,4

416,3

431,9

448,2

465,1

482,8

501,0

4 616,2

avec la crise)

Perte en Investissement public liée à la

crise (par rapport à l'investissement

observé avec la crise)

Montant

(en % )

137,9

65,5%

213,5

145,1%

109,2

41,3%

170,8

79,0%

142,3

54,9%

183,2

78,6%

187,9

77,0%

196,1

77,8%

156,2

50,6%

158,1

48,7%

145,6

41,0%

1 800,8

64,0%

Evolution de l'Investissement public contrefactuel (sans la crise)

Source : Les calculs de l'auteur, à partir des données du MEF

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Graphique 8: Evolution des taux de croissance des PIB réels de la Côte d'Ivoire et des pays témoins de l'étude de 1994-2008

Côte d'Ivoire 0,8%

Cameroun

Ghana

Senegal

10,0%

-2,0%

-4,0%

-6,0%

4,0%

2,0%

0,0%

8,0%

6,0%

-2,5%

0,0%

3,3%

1994

7,1%

4,1%

3,3%

5,4%

1995

7,7%

4,6%

2,0%

5,0%

1996

4,2%

5,1%

5,7%

3,1%

1997

4,8%

4,7%

5,0%

5,9%

1998

4,4%

4,4%

6,3%

1,6%

1999

-3,7%

4,2%

2000

3,7%

3,2%

4,5%

0,0%

4,0%

4,6%

2001

-1,4% -1,6%

2002

4,0%

4,5%

0,7%

4,0%

2003

5,2%

6,7%

2004

3,7%

5,6%

5,9%

1,8%

2,3%

2005

5,9%

5,6%

1,3%

0,7%

2,5%

2006

3,2%

6,4%

4,9%

2007

3,5%

5,7%

1,7%

2008

2,2%

7,3%

3,9%

3,3%

600

500

400

200

100

00

0

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

201 202

169

163

131

117

123

154

144

136

105 102

INVpub_factuel INVpub_contrefactuel

113

109

174 208

306

372

456

353

210,4

369 382

396

345 357

147,1

264,3

216,3

259,0

233,1

458

411

426 441

244,0

252,1

308,9

475

324,7

355,4

492

Source : L'auteur, à partir des données du MEF

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 28

Source : L'auteur, à partir des données du MEF et du WDI(2008)

4.2.2. Résultats des pertes en investissements publics générées par la crise

L'estimation des pertes économiques en investissements publics générées par la crise, est appréhendée grâce à l'évaluation de la baisse du PIB liée au conflit depuis 2000. Sur la base de l'absence de crise et en supposant que le taux d'investissement public reste constant et égal au taux moyen observée sur la période 1994-1999, il aurait pu permettre d'atteindre les niveaux d'investissements publics illustrés par le graphique 9. Le cumul de ces niveaux contrefactuels d'investissements publics serait de 4616,2 milliards de francs CFA contre 2815,4 milliards de francs CFA observés en 2010.

Par conséquent, les pertes économiques engendrées par la crise en termes d'investissements publics depuis 2000 peuvent être évaluées à 1800,8 milliards de francs CFA, soit un manque à gagner de 64,0% du montant des investissements publics contrefactuels. Ce montant représente environ le double des ressources affectées aux dépenses liées à la sotie de crise depuis 2002 qui s'élève à 866,8 milliards de francs CFA (cf. Tableau 2).

Graphique 9: Evolution de l'investissement public contrefactuel (sans la crise) contre l'investissement public factuel (avec la crise)

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

TROISIEME PARTIE :

ANALYSE DES CONSEQUENCES

DE L'INSTABILITE POLITIQUE

SUR LES INVESTISSEMENTS

PRIVES

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 29

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 30

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

V. EVOLUTION DE L'ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE

L'instabilité politique qui a secoué la Côte d'Ivoire a eu des effets néfastes sur le PIB et les investissements publics, analysés dans les chapitres précédents. Cette crise a également affecté d'autres facteurs de l'économie nationale tels que les investissements directs étrangers et le renchérissement du coût des crédits, dû au risque de guerre, limitant les possibilités de relance ou d'extension des activités des entreprises privées. Toute cette situation peut constituer un obstacle à la croissance des investissements privés qu'il convient d'examiner.

5.1. Evolution des activités du secteur privé

Les troubles sociopolitiques de décembre 1999 qui se sont transformés en situation de guerre en septembre 2002, ont entraîné une insécurité grandissante, des destructions de biens et une morosité économique. Cette situation a touché tous les secteurs d'activités. Au niveau du secteur primaire, il y a la désorganisation du système de production et de commercialisation des produits de rente surtout au niveau du binôme café cacao, avec l'exode des populations des zones de production vers les zones sécurisées et le détournement d'une partie des productions vers les pays limitrophes. En ce qui concerne les secteurs secondaire et tertiaire, des entreprises privées de transformation et de prestation de service dans les zones CNO ont fermé ou ont délocalisé leurs activités entrainant la baisse des activités dans ces secteurs. Cette baisse d'activité est confirmée par l'étude menée par PWC et Forum Afrique (2005), qui indique que le nombre d'entreprises en activités est passé de 23 476 à fin décembre 2003 à 14 928 à fin décembre 2004 et à 13124 à fin décembre 2005, et que la production du secteur privé a connu une baisse importante de 35% depuis 2000.

5.2. Evolution de l'investissement privé

L'investissement privé en Côte d'Ivoire a connue une évolution en plusieurs phases durant la période 1970-2010. Le graphique 1 montre que la part de l'investissement privé dans le PIB s'est accrue sur la période 1970-1982 passant de 1,8% à 7,1%. De 1983 à 1993, période des premiers PAS, cette part a considérablement chuté pour atteindre son niveau le plus faible de 2,6%. Par la suite, le taux des investissements privés a connu une hausse en 1994 avec la dévaluation avant une nouvelle baisse à partir 2000, avec la crise sociopolitique de décembre 1999. Cependant, depuis 2007, il y a une reprise à la hausse du niveau des investissements privés dans le PIB avec des proportions de 9,5% en 2007 et 11,8% en 2009 et 2010.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 31

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Graphique 10: Evolution du taux d'investissements privés

12%

10%

4%

2%

8%

6%

0%

Source : L'auteur, à partir des données du MEF

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 32

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

VI ANALYSE ECONOMETRIQUE DES EFFETS DE

L'INSTABILITE SOCIOPOLITIQUE SUR LES
INVESTISSEMENTS PRIVES

Cette partie sera consacrée à la spécification du modèle, à l'analyse du sens présumé des relations entre les variables retenues et de leurs propriétés statistiques, à l'estimation du modèle et à l'interprétation des résultats.

K ? ? ? ? PIB ? ? (TC ? P) ? ? TD ? ? ? ?

t 0 1 t 2 3 t 4 CRMLT IPUB

? ) (

?) ( ?

) (

? ) (?/?)

6.1. Spécification du modèle général

La spécification d'un modèle économétrique consiste à traduire sous forme mathématique la théorie ou les phénomènes économiques examinés. La spécification suppose l'identification des variables et la détermination de la forme de l'équation qui les relie.

Dans les études empiriques destinées à estimer les déterminants de l'investissement privé, c'est généralement le modèle qui s'inspire de l'approche néoclassique de l'accélérateur flexible qui est la plus utilisée. Cependant, face aux difficultés inhérentes à l'application de ce type de modèle dans les pays en développement, plusieurs adaptations ont été faites dans la littérature. Ce furent les cas des modèles utilisés par Samba-Mamadou (2001) et Kamgnia et Touna (2002).

5

Dans son modèle relatif aux déterminants de l'investissement privé, Samba-Mamadou (Op.cit.) a proposé le modèle suivant :

t (I)

(

 
 
 
 

avec :

K : le niveau du capital désiré,

PIB : le Produit Intérieur Brut réel au prix du marché,

TC : le taux d'intérêt créditeur,

P : le taux d'inflation (mesuré par le déflateur du PIB),

TD : le taux débiteur,

CRCMLT : le niveau réel du crédit à moyen et long terme accordé par les banques

IPUB : le volume de l'investissement public.

Les signes entre parenthèses représentent les effets des variables explicatives sur la variable expliquée.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 33

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Pour analyser « l'évaluation de la prise en compte de la contrainte de financement dans les décisions d'investissement au Cameroun », Kamgnia et Touna (2002) ont développé un modèle économétrique qui se présente de la façon suivante :

(II)

avec

IPRIV : Investissement privé,

PIB : Produit Intérieur Brut réel, IPUB : Investissement public réel,

TCER = (E* IPm)/IPc, où IPc est l'indice de prix au Cameroun, IPm, l'Indice de Prix international est une moyenne simple sur l'ensemble des partenaires du Cameroun,

CREDR : le crédit au secteur privé en terme réel,

DEFCRED : le produit du déficit budgétaire et du logarithme du crédit au secteur privé,

et DETCRED : le produit du logarithme de la dette extérieure et du logarithme crédit au secteur privé.

Les signes entre parenthèses représentent les effets des variables explicatives sur la variable expliquée.

Inspiré des deux modèles décrits précédemment, le modèle relatif à cette partie de l'étude qui vise à analyser l'effet de la crise sociopolitique sur les investissements privés, inclut dans les déterminants de l'investissement privé, un facteur d'instabilité politique, pour tenter d'apprécier son effet sur le niveau de l'investissement privé. Ce modèle sera spécifié de la façon suivante :

(III)

avec

IPRIV : l'investissement privé,

PIBH : le Produit Intérieur brut réel/habitant,

IPUB : l'investissement public,

INT : le taux d'intérêt débiteur,

DO : le degré d'ouverture du pays,

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 34

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

et InstPo: l'instabilité sociopolitique.

Les variables IPRIV, PIB11, IPUB, INT et DO qui sont précédées de « L » sont exprimées en logarithme népérien afin d'éviter les problèmes liés aux effets de grandeur et de faciliter les interprétations.

6.2. Analyse du sens présumé des relations entre les variables retenues

Les variables retenues dans ce modèle peuvent s'interpréter de la façon suivante :

· IPRIV : l'investissement privé est la seule variable endogène du modèle ;

· PIBH : le PIB/tête mesure la vitesse de l'accroissement de la richesse par habitant. Conformément au principe de l'accélérateur flexible, sous l'hypothèse de l'existence d'une relation fixe entre le stock de capital désiré et le niveau de la production, le PIB11 a une relation positive avec l'investissement privé. L'effet attendu du PIB11 sur l'investissement privé est positif.

· IPUB : l'investissement public dont le rôle de complémentarité avec l'investissement privé, en particulier dans les économies où les infrastructures économiques et sociales sont insuffisantes, a souvent été évoqué dans la littérature (Keho, 2005). Ce rôle n'est pas souvent révélé compte tenu de l'effet d'éviction. L'effet attendu de l'investissement public reste ambigu.

· INT : le taux d'intérêt débiteur qui est un indicateur du coût d'usage du capital est censé avoir un effet négatif sur l'investissement privé, conformément à l'hypothèse néoclassique selon laquelle l'augmentation du taux d'intérêt augmentera le coût du capital et décourage donc l'investissement privé.

· DO : étant donné l'importance du poids des activités des échanges commerciaux internationaux et l'influence du secteur d'activité portuaire sur l'économie en Côte d'Ivoire, le degré d'ouverture commerciale pourrait avoir un effet positif et significatif sur l'investissement privé, comme l'ont souligné Esmak et al. (2009), sur le comportement de l'investissement privé au Maroc.

· InstPo : cette variable indicatrice permettra d'apprécier l'effet de la crise sociopolitique sur les investissements privés. En faisant l'hypothèse simplificatrice qu'elle prend les valeurs 0 ou 1. La valeur 1 pendant les moments d'instabilité politique et 0 sinon. Le signe attendu est négatif car l'instabilité sociopolitique a une influence négative sur le niveau de l'investissement privé (Gouenet, 2009).

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 35

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

6.3. Analyse des propriétés statistiques des variables

Pour garantir des estimations fiables et non fallacieuses, il est nécessaire de recourir d'abord à un protocole de tests relatifs à la stationnarité des variables et au besoin à leur ordre d'intégration.

6.3.1. Analyse de la stationnarité des séries

Les propriétés des séries temporelles de ces données seront déterminées par les tests de Dickey-Fuller Augmenté ADF) et de Phillips-Perron (PP). Le test d'hypothèse est le suivant :

? H0 : le processus est non stationnaire (présence de racine unitaire) ; ? H1 : le processus est stationnaire (absence de racine unitaire).

La règle de décision consiste à comparer les statistiques calculées des tests d'ADF et de PP aux valeurs critiques. Si les valeurs calculées sont supérieures aux valeurs critiques, alors on accepte l'hypothèse H0 de non stationnarité (présence de racine unitaire) de la série. Les résultats obtenus par l'administration de ces tests (au seuil de 5%) sont résumés dans le tableau 4.

Tableau 5 : Tests de stationnarité (ADF et PP) sur les variables au seuil de 5%

En niveau En différence première

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variables

Valeur

calculée

ADF

Valeur

critique

Conclusion

Valeur

calculée

PP

Valeur

critique

Conclusion

Valeur

calculée

ADF

Valeur

critique

Conclusion

Valeur

calculée

Valeur

critique

 

LIPRIV

LIPUB

LPIBH

LINT

-2,76

-2,15

-2,06

-3,44

-3,53

-3,53

-3,53

-3,53

Non stationnaire

Non stationnaire

Non stationnaire

Non stationnaire

Source : Calculs de l'auteur sur Eviews

PP

Conclusion

LDO

INSTPO

-2,19

-3,48

-3,53

-3,53

Non stationnaire

Non stationnaire

-2,19

-2,15

-2,41

-2,76

-2,34

-3,44

-3,53

-3,53

-3,53

-3,53

-3,53

-3,53

Non stationnaire

Non stationnaire

Non stationnaire

Non stationnaire

Non stationnaire

Non stationnaire

-3,71

-4,69

-4,17

-5,93

-6,37

-8,54

-3,53

-3,53

-3,53

-3,53

-3,53

-3,53

Sationnaire

Sationnaire

Sationnaire

Sationnaire

Sationnaire

Sationnaire

-3,68

-4,76

-4,19

-5,96

-6,37

-8,56

-3,53

-3,53

-3,53

-3,53

-3,53

-3,53

Sationnaire

Sationnaire

Sationnaire

Sationnaire

Sationnaire

Sationnaire

Les résultats des tests indiquent que les variables sont toutes stationnaires en différence

première (cf. Annexe A3.1).

6.3.2. Test de cointégration de Johansen

Les variables étant toutes I(1), le test de Johansen permet de vérifier s'il existe entre elles au

moins une relation de cointégration. Les résultats des tests statistiques (cf. Annexe A3.2 )

indiquent deux relations de cointégration suivant la statistique de trace (Trace test) et une

seule relation de cointégration suivant la statistique de la valeur propre maximale (Maximum

Eigenvalue). Il y a donc l'existence d'une seule relation de cointégration.

(3)

 

t

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

L'existence d'une seule relation de cointégration entre les variables, confirmée par la stationnarité du résidu (voir Annexe A3.4), donne la possibilité d'estimer un modèle à correction d'erreur. Les estimations se feront avec la méthode en deux étapes d'Engle et Granger.

LIPRIV t

= 1,283+ 0,428 LIPUB +0,

67 LPIBH - 0,292

LINT t

6.4. Résultats des estimations des équations par MCE

(1, 53) (4 ,63)

0,885LDO - 0,161InsPo t

(7 ,1 4

) (

-2, 33)

(2, 44)

6.4.1 Résultats de l'estimation de long terme par MCO

Le modèle de long terme s'écrit de la façon suivante :

(1)

Les résultats de l'estimation (cf. Annexe A3.3) de l'équation (I) donnent l'équation suivante :

t t

+ (-2,33) (2)

R2 = 0,965 R2 adj=0,961 DW=0,934 Prob (F-statistic)=0,000

Les chiffres entre parenthèses qui représentent les ratios de Student, indiquent que tous les coefficients des variables sont significatifs, excepté la constante. A long terme, la variation de l'investissement privé est expliqué à 96,10% par le modèle (R2 ajd =0,961). L'investissement public (LIPUB), le PIB/tête (LPIBH) et le degré d'ouverture commercial (LDO) sont les facteurs de croissance à long terme de l'investissement privé. A l'opposé, le taux d'intérêt et l'instabilité politique constituent des freins à sa croissance.

Les différents tests économétriques (tests de normalité du résidu, d'homoscédasticité, de spécification et de stabilité) effectués sur le modèle de long terme permettent de conclure à sa bonne spécification et à sa validité (cf. annexe A3.5).

ÄLIPRIV è

t 0

+ è ÄInstPo +

+ è ÄLPIBH + è ÄLIPUB + è ÄLINT + è ÄLDO

1 t 2 2 t 3 t

G RESIDU + ç

6.4.2 Résultats de l'estimation de court terme par MCO

Le modèle de court terme s'écrit de la façon suivante :

4 t

5 t ? 1 t

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Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

L'estimation (cf. annexe A3.6) de l'équation (3) donne les résultats suivants :

(4)

R2 = 0,708 R2 adj=0,655 DW=1,56 Prob(F-statistic)=0,000

Les chiffres entre parenthèses qui représentent les ratios de Student, indiquent que les coefficients des variables ?LIPUB, ?LDO, ?InstPo et RESIDU sont significatifs. Le coefficient associé à la force de rappel est négatif (-0,477) et significativement différent de zéro au seuil statistique de 5 % (sa probabilité égale à 0,002 est inférieur à 0,05). Il existe donc un mécanisme à correction d'erreur.

Les différents tests économétriques (tests de normalité du résidu, d'homoscédasticité, de spécification et de stabilité) effectués sur le modèle de court terme, permettent de conclure à sa bonne spécification et à sa validité (cf. annexe A3.7).

6.5. Interprétations et analyse des résultats

Cette partie est consacrée à l'explication des résultats obtenus afin de pouvoir tirer les enseignements de l'impact de l'instabilité politique sur les investissements privés.

6.5.1. Analyse de l'impact des déterminants de l'investissement privé

6.5.1.1 Sur le long terme

Les commentaires suivants sont faits relativement à l'équation (2).

L'investissement public a un effet positif et significatif sur celui du secteur privé. A long terme, toute augmentation de 10% de l'investissement public entraine, toute chose égale par ailleurs, une augmentation de l'investissement privé de 4,28%. Cela confirme qu'il y a un effet d'entrainement de l'investissement public sur l'investissement privé. Ce résultat a été confirmé par d'autres travaux notamment ceux de Keho (2005) qui indiquent que l'effet d'entraînement est essentiellement dû à l'investissement en infrastructures d'éducation, de transports et de communications.

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Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Le P113/tête est corrélé positivement aux investissements privés. A long terme, si le P113 par habitant augmente de 10%, l'investissement privé va connaître, toutes choses égales par ailleurs, une hausse de 6,70%.

Une forte croissance du PIB serait donc souhaitable afin d'augmenter significativement le niveau de l'investissement privé, ce qui confirme la théorie du modèle de l'accélérateur flexible qui sous tend l'hypothèse de l'existence d'une relation fixe entre le stock de capital désiré et le niveau de la production de l'économie.

A long terme, une appréciation de 10 % du taux d'intérêt entraîne, toutes choses égales par ailleurs, une diminution de 2,92 % du niveau des investissements privés. Ce résultat est conforme à la théorie néoclassique classique selon laquelle l'augmentation du taux d'intérêt augmentera le coût du capital et décourage donc l'investissement privé.

Le degré d'ouverture commerciale a un effet positif sur les investissements privés à long terme. Une hausse de 10% du degré d'ouverture commerciale entraîne, toutes choses égales par ailleurs, un accroissement du niveau des investissements privés de 8,85%. Ce résultat indique que toute politique commerciale basée sur les échanges avec l'extérieur serait efficace pour l'investissement privé. Cela pourrait être expliqué par le fait que la Côte d'Ivoire étant un pays portuaire et surtout exportateur du binôme café cacao et des produits pétroliers ces dernières années, l'évolution des échanges commerciaux ait un effet positif sur les activités portuaires et encourage les investisseurs privés dans l'économie nationale.

6.5.1.2. Sur le court terme

Les commentaires suivants sont faits relativement à l'équation (4).

Dans le court terme, une évolution positive de 10% du niveau des investissements publics provoque une hausse de l'investissement privé de 2,15%, toutes choses égales par ailleurs.

A court terme, une augmentation du degré d'ouverture de 10%, entraîne, toutes choses égales par ailleurs, un accroissement du niveau des investissements privés de 8,85%. Ceci pourrait s'expliquer par les importations en biens d'équipements pour les entreprises.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 39

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

6.5.2. Analyse de l'effet de la crise sur les investissements privés

Les modèles économétriques établis dans les équations (2) et (4) indiquent que les coefficients associés à l'instabilité sociopolitique sont négatifs et significativement différent de zéro au seuil de 5%, à court et long terme. Ces résultats montrent le fort effet négatif de l'instabilité politique sur l'évolution de l'investissement privé. En effet, le choc de l'instabilité politique réduit le niveau des investissements privés à long terme et à court terme. L'instabilité sociopolitique constitue donc une entrave aux activités économiques et un obstacle majeur à l'investissement privé. A court terme, l'instabilité politique peut retarder les décisions d'investissement des opérateurs économique privés qui préfèrent observer son évolution pour mieux apprécier le climat des affaires. A long terme, elle entraîne les effets négatifs tels que la destruction des infrastructures, l'anéantissement et la délocalisation des entreprises, le ralentissement ou l'arrêt des activités économiques, la fuite des capitaux et l'augmentation de l'incertitude qui pénalise l'investissement. L'instabilité sociopolitique a donc contribué et continue de contribuer à la baisse du niveau des investissements privés dans le temps.

Ces résultats sont confirmés par les travaux réalisés sur l'impact de l'instabilité politique sur les investissements dans les PVD, et en particulier celui effectué par Gouenet (2009) au Cameroun, qui a mis en exergue « l'instabilité sociopolitique comme un facteur de risque pour l'investissement qui génère des coûts de transactions pour l'activité économique ; la combinaison de la crise économique avec les crises politiques concoure à la dégradation de l'environnement des affaires en général et de l'investissement privé en particulier et explique une hésitation de l'investissement ».

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Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

CONCLUSION

Cette étude a été réalisée dans la perspective d'évaluer le coût économique généré par la crise sociopolitique que connaît la Côte d'Ivoire, au regard du cycle d'instabilité sociopolitique, installé depuis les années 1990 avec le retour au multipartisme, et qui s'est trouvé exacerbé par une série de crises militaro-politiques depuis décembre 1999. Elle a pour objectif de mesurer l'impact économique de l'instabilité sociopolitique, en termes de pertes, sur le niveau des investissements publics et privés.

Pour atteindre cet objectif, l'étude a porté, dans un premier temps, sur les conséquences de la crise sociopolitique sur les investissements publics par l'analyse de la structure et de l'évolution du budget de l'Etat et l'évaluation des coûts, en termes d'investissements publics, engendrés par la crise sociopolitique. Dans un second temps, les effets de l'instabilité sociopolitique sur les investissements privés ont été traités à travers une analyse économétrique. Ces analyses se sont réalisées avec les données économiques de la Côte d'Ivoire sur la période 1970-2010.

Ces différentes analyses menées ont abouti à des résultats suivant :

? la structure du budget de l'Etat a été modifiée avec la baisse des ressources publiques et l'augmentation des dépenses de fonctionnement, à cause de la prise en compte de nouvelles dépenses liées à la gestion de la crise au détriment des dépenses d'investissements publics ;

? la croissance économique s'est ralentie ces onze dernières années, entraînant un manque à gagner de plus du quart (soit 27%) du niveau du PIB réel qui serait obtenu sans la crise, avec pour conséquence une perte de 64% en investissements publics ;

? une influence négative de l'instabilité sociopolitique sur le niveau des investissements privés.

Face à cette situation, et à cause du rôle déterminant de l'investissement pour la croissance économique, la Côte d'Ivoire qui compte se remettre sur le sentier de la croissance et le développement, doit créer un cadre propice aux affaires, et partant celui des investissements. Cela passe par la mise en oeuvre des activités susceptibles de favoriser la sortie de crise et recherche de la cohésion sociale, toutes choses qui pourraient réduire le risque d'instabilité politique.

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand 41

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Il s'agit, entre autres actions, du renforcement du dialogue politique, du renforcement des institutions de l'Etat, notamment les institutions judiciaires et sécuritaires, de la bonne politique de gestion et de redistribution de la richesse nationale, de l'éducation des jeunes, de la formation et de la sensibilisation des populations sur la démocratie.

Toutefois, il convient de souligner quelques limites de l'étude relatives aux aspects suivants:

y' l'étude n'a évalué que les coûts indirects de la crise sur les investissements et non les coûts directs et les coûts intangibles (cf. Annexe B0.1) ;

y' l'hypothèse faite pour attribuer les valeurs à l'instabilité sociopolitique (0 en cas de stabilité et 1 sinon) ne permet pas de prendre en compte l'ampleur des chocs car il est évident que toutes les manifestations n'ont pas la même ampleur ;

Malgré ces limites, cette étude, a permis de mettre en exergue, le rôle néfaste de l'instabilité sociopolitique sur les investissements, et partant sur la croissance et le développement économique et social d'un pays.

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Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand j

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ANNEXES

Annexe A1.1 . Encadré sur les différences entre résultat, effet et impact ii

Annexe A2.1 . Coûts estimés des conflits pour certains pays ii

Annexe A2.2 . Résultats de l'estimation de l'équation (0). modèle de projection du PIB iii

Annexe A2.3 . Tests de validité du modèle de projection du PIB iv

Annexe A3.1 . Tests de stationnarité des variables vi

Annexe A3.2 . Tests de cointégration de Johansen xii

Annexe A3.3 . Résultats de l'estimation de l'équation (1). dynamique de long terme xiii

Annexe A3.4 . Test de stationnarité du résidu xiii

Annexe A3.5 . Tests de validité du modèle de long terme xiv

Annexe A3.6 . Résultats de l'estimation de l'équation (2). dynamique de court terme xv

Annexe A3.7 . Tests de validité du modèle de court terme xv

Annexe B0.1 . Les différents types de coûts liés aux conflits xvi

Annexe B0.2 . Base de données des estimations économétriques xvi

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Annexe A1.1 : Encadré sur les différences entre résultat, effet et impact

? Résultats = changements produits directement par l'action En relation directe avec les objectifs de l'action établis

? Effets = incidences directes et indirectes de l'action

Résultats de l'action mais aussi d'autres dynamiques par rapport aux contraintes provenant du milieu physique et humain.

? Impact = situation finale à la suite de l'action

Prévoir l'impact présente encore plus de difficultés, car de nombreux facteurs indépendants du projet peuvent se combiner avec les résultats et les effets de l'action. Le temps est également un facteur, car l'impact se juge à terme.

Source : Bachelet, (2010)

Annexe A2.1 : Coûts estimés des conflits pour certains pays

 
 
 
 
 
 

Pays

Burundi

Rwanda

RDC

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Perte de PIB

Années de

Nombre

Croissance

Croissance

Perte en %

(en milliards

1993-2005

13

5,50%

-1,10%

37%

 

1990-2001

12

4,50%

2,80%

32%

 

1996-2005

10

5,40%

0,10%

29%

 

conflit

d'années

Erythrée

Congo Brazzaville

Afrique du Sud

1998-2000

3

1997-1999

3

1990-1996

7

Source : Oxfam International, RAIAL et Saferworld (2007)

*Moyenne de la croissance annuelle pendant les années de guerre

** Moyenne de la perte annuelle en pourcentage du PIB prévu

prévue

réelle*

du PIB**

de $) 5,7 8,4 18

0,28

0,7

22

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand ii

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand iii

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Annexe A2.2 : Résultats de l'estimation de l'équation (0): modèle de projection du PIB

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Annexe A2.3 : Tests de validité du modèle de projection du PIB

Test de spécification de Ramsey Test de d'autocorrélation des erreurs

Conclusion: le modèle est bien spécifié Conclusion: les erreurs sont non corrélées

Test de White Test de ARCH

Conclusion: absence de hétéroscédasticité des erreurs Conclusion: absence de hétéroscédasticité des erreurs

Test de Cusum Test de Cusum carré

Conclusion: le modèle est structurellement stable Conclusion: le modèle est ponctuellement stable

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand iv

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Critères de prévision

MAPE=1,89% Theil 0,01 (proche de 0)

Conclusion : le modèle peut être utilisé à des fins de prévision Test de Jarque-Bera

Conclusion : les erreurs du modèle suivent une loi normale

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand v

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Annexe A3.1 : Tests de stationnarité des variables

LIPRIV

En niveau En différence 1ère

En niveau En différence 1ère

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand vi

Conclusion: LIPRIV est I(1)

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

LIPUB

En niveau En différence 1ère

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand vii

Conclusion: LIPPUB est I(1)

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

LPIBH

En niveau En différence 1ère

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand viii

Conclusion: LPIBH est I(1)

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

LINT

En niveau En différence 1ère

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand ix

Conclusion: LINT est I(1)

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

LDO

En niveau En différence 1ère

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand x

Conclusion: LDO est I(1)

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

INSTPO

En niveau En différence 1ère

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand xi

Conclusion: INSTPO est I(1)

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand xii

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Annexe A3.2 : Tests de cointégration de Johansen

Conclusion: Il existe au moins une relation de cointégration entre les variables

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand xiii

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Annexe A3.3 : Résultats de l'estimation de l'équation (1): dynamique de long terme

Annexe A3.4 : Test de stationnarité du résidu

Conclusion : Le résidu est stationnaire

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Annexe A3.5 : Tests de validité du modèle de long terme

Test de spécification de Ramsey Test d'homoscédasticité de ARCH

Conclusion : le modèle est bien spécifié Conclusion : les erreurs sont homoscédastiques

Test d'homoscédasticité de White

Conclusion : les erreurs sont homoscédastiques

Test de Jacque-Bera sur le résidu de long terme

Conclusion : les erreurs du modèle suivent une loi normale

Test de Cusum Test de Cusum au carré

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand xiv

Conclusion: le modèle est structurellement stable Conclusion: le modèle est ponctuellement stable

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Annexe A3.6 : Résultats de l'estimation de l'équation (3): dynamique de court terme

Annexe A3.7 : Tests de validité du modèle de court terme

Test de Ramsey Test Breush-Godfrey

Conclusion : le modèle est bien spécifié Conclusion : les erreurs sont non corrélées

Test de ARCH Test de White

Conclusion : les erreurs sont homoscédastiques Conclusion : les erreurs sont homoscédastiques

Test de Cusum Test de Cusum au carré

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand xv

Conclusion: le modèle est structurellement stable Conclusion: le modèle est ponctuellement stable

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand xvi

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

Annexe B0.1 : Les différents types de coûts liés aux conflits

Coûts

i
cie

A

Coûts médicaux/de réhabilitation dus aux décès, blessures et handicaps

Forces de l'ordre, système de justice pénale, sécurité privée

Dépenses militaires

Soins pour les réfugiés et les personnes déplacées

Destruction physique : perte/réduction des infrastructures et des moyens d'existence

S

Activité économique réduite en raison de l'insécurité, de la mobilité réduite, de la main d'oeuvre réduite (à cause

des pertes humaines ou de l'exode des cerveaux), de la fuite des capitaux. Cela inclut le tourisme

Impacts macroéconomiques : inflation, diminution de l'épargne, des investissements et des exportations,

augmentation de la dette

Diminution de l'aide au développement

Richesses transférées vers une économie illicite

â p

0

:

Qualité de vie liée à la santé : souffrance, impact psychologique

Autres facteurs de qualité de vie : réduction des opportunités de travail, de l'accès aux écoles, aux services publics

Pertes en termes de capital social

Source : Oxfam International, RAIAL et Saferworld (2007)

Annexe B0.2 : Base de données des estimations économétriques

DO

IPUB

INT

INSTPO

IPUB

INT

DO INSTPO

Années IPRIV PIBH IPRIV

1970

54,4

882,9

54,4

29,6

6,0

0,047

0

1971

58,5

923,3

58,5

33,9

6,0

0,045

0

1972

66,0

918,7

66,0

28,2

6,0

0,047

0

1973

84,5

928,5

84,5

37,4

11,0

0,058

0

1974

97,3

923,4

97,3

46,3

11,0

0,083

0

1975

107,5

952,5

107,5

76,5

10,0

0,079

0

1976

142,2

1 024,6

142,2

105,0

10,0

0,094

0

1977

231,8

1 047,3

231,8

165,8

12,0

0,123

0

1978

291,0

1 106,7

291,0

238,1

12,0

0,120

0

1979

267,2

1 080,3

267,2

259,5

12,0

0,125

0

1980

322,6

917,8

322,6

201,0

14,5

0,137

0

1981

356,0

907,2

356,0

202,4

14,5

0,136

0

1982

369,6

868,9

369,6

169,1

16,0

0,158

0

1983

299,1

799,1

299,1

162,7

14,5

0,178

0

1984

256,6

745,1

256,6

131,0

14,5

0,195

0

1985

251,6

747,5

251,6

117,4

14,5

0,245

0

1986

251,6

742,2

251,6

123,3

13,5

0,212

0

1987

203,0

712,3

203,0

154,0

13,5

0,184

0

1988

207,0

694,5

207,0

144,0

13,6

0,169

0

1989

185,0

689,6

185,0

136,0

15,1

0,175

0

1990

145,0

658,0

145,0

105,0

16,0

0,134

1

1991

152,0

635,1

152,0

102,0

16,0 0,157

1

1992

138,2

611,5

138,2

112,8

16,8 0,166

1

1993

139,1

589,5

139,1

108,9

21,0 0,156

0

1994

299,0

574,5

299,0

174,0

20,0 0,301

0

1995

471,4

595,8

471,4

207,6

15,0 0,332

0

1996

615,5

622,0

615,5

306,0

13,0 0,355

0

1997

629,8

638,0

629,8

372,3

12,0 0,366

0

1998

752,3

649,3

752,3

455,9

12,0 0,367

0

1999

789,1

641,9

789,1

352,5

12,0 0,390

0

2000

622,4

602,8

622,4

210,4

13,0 0,423

1

2001

623,6

588,8

623,6

147,1

13,0 0,447

0

2002

615,9

568,0

615,9

264,3

14,1 0,515

1

2003

563,7

547,7

563,7

216,3

14,6 0,510

1

2004

560,1

546,1

560,1

259,0

14,6 0,557

1

2005

566,9

541,3

566,9

233,1

14,6 0,605

1

2006

561,5

533,1

561,5

244,0

14,6 0,654

1

2007

654,1

530,1

654,1

252,1

14,6 0,636

1

2008

729,2

529,5

729,2

308,9

14,6 0,644

1

2009

871,2

522,0

871,2

324,7

15,0 0,570

0

2010

900,0

515,0

900,0

355,4

15,0 0,601

0

Années IPRIV PIBH IPRIV

Sources : MEF, BCEAO, WDI 2008

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand xvii

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS i

LISTE DES TABLEAUX iii

LISTE DES GRAPHIQUES iii

SIGLES ET ABREVIATIONS iv

RESUME vi

INTRODUCTION 1

0.1. Contexte et justification de l'étude 1

0.2. Objectifs de l'étude 3

0.3. Hypothèses de l'étude 3

0.4. Intérêt de l'étude 3

0.5. Approche méthodologique de l'étude 4

PREMIERE PARTIE: CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE L'ETUDE 6

I. DEFINITIONS DE CONCEPTS 7

1.1. Investissement 7

1.1.1. Investissements privés 7

1.1.2. Investissements publics 9

1.2. Notion d'instabilité politique 10

1.2.1. Définition de l'instabilité sociopolitique 10

1.2.2. Indicateur de l'instabilité sociopolitique 10

1.3. Notion d'impact 11

1.3.1. Définition de l'impact 11

1.3.2. Evaluation de l'impact 11

II. REVUE DE LITTERATURE (APPROCHES THEORIQUES ET EMPIRIQUES DE L'ETUDE) 12

2.1. Investissement public et croissance économique 12

2.2. Investissement privé et croissance économique 13

2.3. Lien entre investissement public et investissement privé. 14

2.4. Instabilité sociopolitique et croissance économique 15

2.4.1. Arguments théoriques de l'impact négatif de l'instabilité politique sur la croissance économique 15

2.4.2. Etudes empiriques sur l'impact des conflits sociopolitiques sur la croissance 16

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES CONSEQUENCES DE LA CRISE SOCIOPOLITIQUE SUR

LES INVESTISSEMENTS PUBLICS 17

III. IMPACT DE LA CRISE SUR LA STRUCTURE ET L'EVOLUTION DU BUDGET DE L'ETAT .. 18

3.1. Ressources budgétaires 18

3.1.1. Ressources internes 18

3.1.1.1. Recettes fiscales 18

3.1.1.2. Recettes non fiscales 19

3.1.2. Ressources extérieures 20

Mémoire de DESS_GPE 11 (2009/2010) Présenté par KOUAKOU Armand xviii

Impact de l'instabilité sociopolitique sur les investissements publics et privés en Côte d'Ivoire

3.2. Dépenses budgétaires 21

3.2.1. Dépenses de fonctionnement 21

3.2.2. Dépenses liées à la dette publique 22

3.2.3. Dépenses liées à la crise 22

3.2.4. Dépenses d'investissements publics 23

IV. EVALUATION DES EFFETS DE LA CRISE SUR LES INVESTISSEMENTS PUBLICS 25

4.1. Méthode d'évaluation 25

4.2. Résultats de l'évaluation 26

4.2.1. Résultats des pertes du PIB générés par la crise 26

4.2.2. Résultats des pertes en investissements publics générées par la crise 28

TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES CONSEQUENCES DE L'INSTABILITE POLITIQUE SUR

LES INVESTISSEMENTS PRIVES 29

V. EVOLUTION DE L'ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE 30

5.1. Evolution des activités du secteur privé 30

5.2. Evolution de l'investissement privé 30

VI ANALYSE ECONOMETRIQUE DES EFFETS DE L'INSTABILITE SOCIOPOLITIQUE SUR LES

INVESTISSEMENTS PRIVES 32

6.1. Spécification du modèle général 32

6.2. Analyse du sens présumé des relations entre les variables retenues 34

6.3. Analyse des propriétés statistiques des variables 35

6.3.1. Analyse de la stationnarité des séries 35

6.3.2. Test de cointégration de Johansen 35

6.4. Résultats des estimations des équations par MCE 36

6.4.1 Résultats de l'estimation de long terme par MCO 36

6.4.2 Résultats de l'estimation de court terme par MCO 36

6.5. Interprétations et analyse des résultats 37

6.5.1. Analyse de l'impact des déterminants de l'investissement privé 37

6.5.1.1 Sur le long terme 37

6.5.1.2. Sur le court terme 38

6.5.2. Analyse de l'effet de la crise sur les investissements privés 39

CONCLUSION 40

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 42

ANNEXES I






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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore