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Les rébellions sous le régime d'Idriss Déby (1990-2008)

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par Eugène Le-yotha NGARTEBAYE
Université Jean Moulin Lyon 3 -  Master 2 sciences politiques, option: sécurité et défense 2008
  

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B- La revue de littérature

La rébellion se définit comme une « résistance ouverte face à l'autorité, surtout la résistance armée organisée face à un gouvernement établi ». En effet, la rébellion renvoie à une action de se rebeller, acte de rebelle ou une dissidence, une insurrection, une mutinerie, une révolte, une sédition, un soulèvement. Elle désigne aussi l'ensemble des rebelles.

L'action de se rebeller fait appel à l'état d'esprit du rebelle qui se traduit d'abord par une conviction : celle d'avoir raison, y compris contre l'ensemble du groupe ou contre un ordre établi accepté par tous, mais que le rebelle estime être un facteur de désordre car générateur d'inégalités, de misères matérielles et /ou morales.

La rébellion fait appel à deux postures : la prise des armes et la propagande politique dans le but de recueillir l'adhésion d'une majorité de la population à sa cause.

Dans la littérature, le thème de « rébellion » et la figure de « rebelle » furent longtemps un terrain fertile pour les artistes et les écrivains2(*). Les exemples sont nombreux : d'Antigone de Sophocle ; Les Misérables de Victor Hugo ; Germinal d'Emile Zola ; L'insurgé de Jules Valles.

La rébellion à l'ordre et au pouvoir politique est toujours perçue comme romantique car répondant à un combat noble mais perdu d'avance, celui du désir de hurler sa désespérance face à l'absurdité du monde. Et l'homme révolté3(*) d'Albert Camus en est la parfaite illustration. L'homme révolté, écrit Camus, ne défend pas seulement un bien qu'il ne possède pas ou dont on l'aurait frustré. Il vise à faire reconnaître quelque chose qu'il a, et qui a déjà été reconnu par lui, dans presque tous les cas, comme plus important que ce qu'il pourrait envier4(*). Les romans nous ont nourris et fascinés avec le mot « rébellion ». Jean Nicolas constate que « le mot titre rébellion touche d'abord l'affectivité du lecteur et déclenche, avant toute réflexion, une suite d'images immédiates liées au bruit, à la fureur, au déclenchement de pulsions instinctives et sauvages. Il donne à voir et à sentir l'énergie vitale qui explose en élans de refus. »5(*) La rébellion et la figure du rebelle quittent le domaine du roman pour entrer dans les sciences sociales.

Au miroir des sciences sociales, c'est l'histoire qui fut la première discipline à s'intéresser aux phénomènes de rébellions. L'approche historique procède à la description des rébellions. Elle permet de connaître les grandes rébellions, leurs évolutions, leurs stratégies et leurs figures de proues. C'est l'histoire des rébellions au début de l'Europe moderne (vers 1492-1789). Cette description historique montre les étapes de changements incroyables au niveau social, économique, religieux et politique à travers des douzaines de rébellions paysannes.

La perspective historique a permis de comprendre les mutations qu'ont connues les rebellions. Elle opère le passage de rébellion en révolution lorsque les insurgés gagnent leurs luttes. Les exemples historiques sont la révolution américaine (1775-1783), la révolution française (1789-1795) et la révolution russe de 1917.

En mettant en lumière la transformation de rébellion en révolution, l'approche historique permet aussi de faire la distinction entre les rebellions contre révolutionnaires par les idées (bretonne, corse, basque par exemple) et les mouvements révolutionnaires par les idées (en Afrique, particulièrement les guerres de libérations).

Mais aujourd'hui, après les indépendances, les pays africains sont en proies aux guerres intra étatiques. Les rébellions naissent de partout. Dans le contexte tchadien, les travaux de l'historien Robert Buijtenhuijs6(*) ont permis de faire connaître la rébellion qui avait sévi dans le nord du Tchad au début des années 1966, le FROLINAT7(*). Mais le développement des rebellions conduit à faire intervenir d'autres approches pour les appréhender. Ce sont les approches de la sociologie et de la science politique qui sont mobilisées.

L'approche sociologique voit les rebellions comme des phénomènes d'actions collectives. Olivier Fillieule et Cécile Pechu8(*) observent que « c'est sous la poussée de « l'histoire réelle » que le champ de la sociologie des mobilisations s'est progressivement constitué, en particulier aux lendemains de la Commune et au cours des turbulences des années 1960-1970 ». La perspective sociologique s'enrichit avec des recherches sur les spécialités des aires culturelles exotiques en montrant à travers « la politique par le bas9(*) » et « les objets politiques non identifiés10(*) », que l'ordre peut prendre plusieurs visages.

La contestation de l'ordre n'obéit plus aux canaux explicitement politiques organisés. Ainsi, la participation politique, dans les sociétés démocratiques, ne se résume pas seulement au vote, grève, manifestations, occupations des locaux, séquestrations. Elle s'exprime sur le plan artistique grâce à la musique, au théâtre et au choix du mode de vie.

En revanche dans les sociétés où la démocratie peine à trouver ancrage, la rébellion reste un moyen privilégié de contestation de l'ordre politique.

De ce fait, l'analyse des rébellions au Tchad se situe davantage dans le domaine de la science politique. Ainsi, exception faite des travaux historiques de Buijtenhuijs sur la rébellion du Front de Libération Nationale du Tchad, l'analyse des rebellions au Tchad a toujours été mise en relief par d'autres facteurs. Nebardoum Derlemati11(*) évoque la question des rébellions pour montrer leur contribution dans l'instabilité politique que connaît le Tchad. Mohamed Tétémadi Bangoura,12(*) quant à lui, analyse les violences politiques en s'attardant sur le rôle des différentes rebellions depuis l'indépendance. Pour Bangoura, les rébellions apparaissent comme un des facteurs aggravant de la violence politique au Tchad.

Yves Rabier13(*)enfin, établit la question des rebellions au Tchad en mettant en exergue leurs différentes liaisons avec les puissances étrangères.

Il apparaît clairement que la littérature sur les rebellions au Tchad est abondante. Cependant, cette abondance n'est qu'apparente ; il reste que les rebellions sous le régime de Idriss Déby n'ont pas connu de travaux spécifiques. C'est pourquoi notre travail se focalisera sur ces dernières.

* 2 Jean NICOLAS, La Rébellion française. Mouvements populaires et consciences sociales 1661-1789 p.21

* 3 Albert CAMUS, L'homme révolté, Paris, Gallimard,1951

* 4 Albert CAMUS, L'homme révolté, p. 377

* 5 Jean NICOLAS op. cit. p.19

* 6 Robert BUIJTENHUIJS, Le Frolinat et les révoltes populaires au Tchad (1965-1976). Paris, La Haye, Mouton ,1978 ; Le Frolinat et les guerres civiles au Tchad( 1977-1984). La révolution introuvable, Paris, Karthala/ASC,1984

* 7 Front de Libération Nationale du Tchad

* 8 Olivier FILLIEULE et Cécile PECHU, Lutter ensemble. Les théories de l'action collective. L'Harmattan p.14. Sur le même sujet lire aussi Erik NEVEU, Sociologie des mouvements sociaux. La Découverte 1996.

* 9 L'expression est de Bayart Lire Politique africaine n°1

* 10 Denis Martin Coulon , Les objets politiques non identifiés.

* 11 Nebardoum DERLEMARI, Les labyrinthe de l'instabilité politique au Tchad, Paris ,L'Harmattan,1998

* 12 Mohamed Tétémadi BANGOURA, Violence politique et conflit en Afrique. Le cas du Tchad. Thèse, Paris, L'Harmattan, 2006. Lire également Bernard LANNE « conflits et violence au Tchad » Afrique Contemporaine n°80/1996

* 13 Yves RABIER, « Politique internationale du conflit tchadien 1960-1990. guerre civile et mondiale », Journal des africanistes, 1994, vol 64 n°1

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