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Les rébellions sous le régime d'Idriss Déby (1990-2008)

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par Eugène Le-yotha NGARTEBAYE
Université Jean Moulin Lyon 3 -  Master 2 sciences politiques, option: sécurité et défense 2008
  

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Chapitre 4 Les rébellions : entre logique de revanche et contribution à la pérennisation du régime d'Idriss Déby

Si l'époque de la prise du pouvoir par les armes au Tchad semble revoulue comme le font remarquer Jean Marc Balencié et Arnaud de la Grange85(*), on se pose la question du bien fondé de la naissance tout azimut de mouvements rebelles au Tchad aujourd'hui. Il est vrai que l'aboutissement de la prise du pouvoir par un mouvement armé résulte de la combinaison de plusieurs facteurs : la bonne organisation du mouvement, l'aide extérieure, le programme politique, etc.

Cependant se rebeller peut aussi suivre d'autres logiques si les facteurs sus cités ne sont pas réunis. C'est la logique revanche (Section 1). Mais la naissance de la rébellion peut aussi s'analyser comme une oeuvre ou une stratégie élaborée par le régime pour pérenniser son règne (section 2).

Section1 La rébellion comme logique de revanche.

Le pouvoir reste un site de contestation par excellence. La contestation peut émaner de la population, de la société civile, des organisations internationales mais aussi des personnes impliquées dans la gestion du pouvoir. Cette dernière forme de contestation, lorsqu'elle se fait entendre, résonne le plus souvent comme un acte de revanche de certains alliés ou supposés dauphins (§1).

Elle commence de l'intérieur pour aboutir à des actes violents conduisant à la rébellion. Mais parfois, la logique de revanche peut aussi provenir d'un ancien parrain sans lequel le régime ne serait jamais établi (§2). Elle vient généralement de l'extérieur et s'analyse à des actes entrepris par le parrain pour se défaire de son mentor.

§1 -La revanche des anciens alliés et anciens dauphins du régime de N'djamena

La construction du régime d'Idriss Déby s'est faite en deux temps. Il a d'abord été construit sur l'alliance de Bamina, puis sur la solidarité Béri. Mais ces phases successives de sédimentation du régime n'ont pu résister aux ambitions personnelles de certains caciques et à la volonté de Déby d'être le seul maître à bord. De cette situation, chaque acteur se positionne en vue de reprendre le devant de la scène politique nationale ; d'où le climat ambiant de revanche dans le pays.

D'abord, le climat de revanche apparaît des « associés de Bamina. Ce sont les « Baministes86(*) » qui ont tenté de s'emparer du pouvoir, mais en vain (les tentatives des coups d'Etat de Abbas Koty, Maldoum Bada Abbas et de Hissein Dassert). Officiellement les « baministes» reprochaient à Déby de s'être trop écarté de leurs logiques de départ en faisant de l'administration publique un domaine presque exclusif de son ethnie ainsi que de l'armée. Leur action s'inscrit dans la logique d'une punition à l'égard d'un ancien associé devenu nuisible pour la poursuite du projet de Bamina dont ils sont porteurs. Leurs différentes actions n'ont pas abouti car Idriss Déby a pu les éliminer (Abbas Koty, Maldoum Bada Abbas) et éloigner au maximum Hissein Dassert. Ce dernier continue toujours de poursuivre la lutte armée mais peine jusque là à être réellement crédible faute de moyens financiers et de soutiens extérieurs. Le pouvoir de N'djamena considère que Dassert ne représente que l'ombre de lui-même.

Puis vient l'affaiblissement de la solidarité Béri. En effet, le régime d'Idriss Déby repose en grande partie sur la solidarité Béri. Cette même solidarité lui avait permis de recruter les Kobé du Soudan lors de son avancée sur N'djamena en 1990. Curieusement les cinq ou six dernières années, on note un effritement dans le cercle clanique de Déby. Les kobé et les Bideyat, majoritaires au sein de la garde présidentielle, font défection pour tenter de renverser le régime depuis l'éclatement du conflit au Darfour. Cette divergence inter zaghawa peut certes s'expliquer par l'ambiguïté d'Idriss Déby dans la gestion de la crise du Darfour. Mais elle révèle davantage une volonté affichée de certains barons zaghawa de remplacer leur parrain. Mais devant l'impossibilité d'obtenir la place du parrain par les voies légales (la prise de la tête du parti MPS par exemple), Idriss Déby pouvant briguer autant de mandats qu'il le souhaite depuis la modification constitutionnelle, certains barons zaghawa ont préféré les armes pour opérer leur vengeance afin d'obtenir le changement.

Dans cette atmosphère de revanche des « Baministes » d'une part et de certains barons zaghawa de l'autre, il apparaît de manière établie que tous en veulent à Idriss Déby parce que tous ont le rêve de devenir président. Il n'existe aucun projet politique solide, comme nous l'avons analysé dans le chapitre précédent, chez les mouvements rebelles. C'est de l'antipathie pure et simple. Sinon comment comprendre que ces chefs rebelles qui connaissent bien le régime et qui disposent d'hommes bien placés dans le système n'arrivent pas à le faire basculer après de sérieuses incursions aux portes de la capitale tchadienne ? Comment expliquer la non-adhésion de la population à la cause rebelle nonobstant les critiques, vraisemblablement fondées, formulées contre Idriss Déby ?

Il apparaît de toute évidence, et tirant les enseignements des échecs des tentatives de fédérations des forces rebelles, que ce sont les ambitions personnelles de certains chefs rebelles qui prédominent et non la cause nationale. C'est pourquoi il serait plus à propos de parler des actions de certains mouvements rebelles comme des actes de revanche des anciens alliés et anciens dauphins du régime de N'djamena. Cette volonté revancharde rencontre celle du parrain qui veut aussi se débarrasser du poulain devenu depuis lors encombrant.

* 85 Jean Marc Balencié et Arnaud de la Grange, les nouveaux mondes rebelles, op.cit p.165

* 86 Baministe est le terme utilisé pour désigner ceux qui étaient à l'origine de la victoire du 1er décembre 1990, ceux ayant pris part au congrès de Bamina et qui ont signé l'acte constitutif du MPS.

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