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Les rébellions sous le régime d'Idriss Déby (1990-2008)

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par Eugène Le-yotha NGARTEBAYE
Université Jean Moulin Lyon 3 -  Master 2 sciences politiques, option: sécurité et défense 2008
  

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· B- Le mandat international contre le président Oumar El-Béchir.

En février 2003 éclate dans la région du Darfour un conflit situé à l'ouest du Soudan. Le Darfour compte 6 millions d'habitants dont les principaux tribus sont : les Four, les Masalit et les Zaghawa. Au départ, le gouvernement soudanais considère ce conflit comme un dérapage bénin, d'escarmouches tribales, menées par des cavaliers armés de lances, et se querellant pour des rituelles histoires de puits et de pâturages. Mais très vite, cette considération s'estompe car les racines du conflit sont profondes. Elles sont politiques ; car la population se sent délaissée depuis près d'un demi siècle par les autorités de Khartoum. Et c'est pour revendiquer une répartition des ressources et des richesses du pays que sont nés les mouvements armés tel que l'armée de Libération du Soudan (ALS)93(*) et le mouvement pour la justice et l'égalité (MJE)94(*).

Bien que le conflit soit politique, les principaux acteurs mobilisent les facteurs identitaires, notamment ethniques pour recruter les combattants. Devant la volonté du gouvernement de Khartoum de venir à bout de ces mouvements par tous les moyens, le conflit prend de l'ampleur et fait beaucoup de victimes. Selon les sources des Nations unies, le conflit au Darfour a fait plus de 300 000 morts et plus de 2 millions de réfugiés au Tchad. L'arrive massive des réfugiés soudanais constitue une autre source de problèmes pour le Tchad déjà très instable politiquement. Ce conflit déborde et demande une intervention internationale. Et devant cette situation, la communauté internationale, par le biais de l'ONU, avait réagi en septembre 2007 par la Résolution 1778 (2007) pour permettre à la force européenne (EUFOR) de se déployer dans la zone du Darfour. Elle fut remplacée par les forces onusiennes depuis le mois de mars 2009 car son statut de force humanitaire ne lui permettait pas de résoudre le conflit.

En dépit de la mobilisation de la communauté internationale, le conflit du Darfour est loin de connaître une issue. C'est dans ce contexte de l'escalade de la violence au Darfour que la Cour Pénale Internationale a lancé le 4 mars 2009 un mandat d'arrêt internationale contre le président soudanais Oumar el-Bechir pour crime de guerre et crime contre l'humanité. Le monde entier a prêté attention et les réactions positives95(*) et négatives96(*) se sont multipliées. L'annonce de ce mandat d'arrêt résonne comme un coup de massue dans le monde rebelle tchadien, car le parrain doit dorénavant faire attention à ses engagements même s'il prétend n'avoir pas peur du mandat d'arrêt international. La coalition des rebelles tchadiens de l'union des forces pour la résistance (UFR), par la voix de son porte parole Abdermane Koulamalah, exprime leur solidarité avec le président soudanais. Il affirme « ce mandat d'arrêt est injuste et disproportionné. Le véritable coupable de la crise du Darfour est Idriss déby Itno (le président du Tchad) qui a soutenu et organisé la rébellion au Darfour et a causé des dégâts par un règne calamiteux. Oumar el-Bechir n'a fait que se défendre »97(*). Ces mots traduisent bien un sentiment d'inquiétude chez les rebelles, car le mandat d'arrêt influencerait dorénavant la position d'Oumar el-Bechir. De plus, l'existence d'une force onusienne à l'Est du Tchad constitue un autre frein pour le développement de la rébellion.

La conjugaison de tous ces éléments forcent à croire que la logique de l'agression soudanaise brandie par Idriss Déby Itno semble porter ses fruits. De ce fait, la rébellion n'a pas beaucoup d'autres solutions que de négocier avec Déby. Abdermane Koulamalah n'exclut pas l'opportunité quand il déclare « nous ne renonçons pas à notre ambition démocratique par la voie du dialogue ou par la voie des armes. Nous privilégions encore le dialogue. »98(*) Cette déclaration fait apparaître la prise de conscience de la rébellion d'un certain nombre de facteurs qui jouent en leur défaveur en sus des divisions internes qui traversent les mouvements rebelles.

Si Oumar el-Bechir opère un revirement de ses positions et veut coopérer avec la communauté internationale, afin de faire lever le mandat d'arrêt, les rebelles tchadiens n'auront pas beaucoup de cartes en main. Privés d'appuis chinois et de soutiens soudanais, les rebelles tchadiens se trouvent dans une véritable impasse et risqueraient fort de signer n'importe quel accord de paix pourvu qu'il leur accorde une amnistie.

* 93 ALS a pour principaux dirigeants Abdel Wahid Mohamed Ahmed Nur, Khamis Abdallah Abakar et Minni Arkoi Minawi.

* 94 Le mouvement est dirigé par Khalil Ibrahim Mohamed.

* 95 Le point des organisations de défense des droits de l'homme, communiqué de la FIDH sur le mandat d'arrêt contre le président soudanais, www.fidh.org

* 96 La position de l'Union africaine relayée par le site d'Amnesty International, consultable sur www.amnesty.org

* 97 AFP cité dans le Jeune Afrique n°2535 du 9-15 août 2009.

* 98 cf. Jeune Afrique op.cit.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams