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Une zone maraà®chère en crise au nord du Sénégal : le Gandiolais et le Toubé dans la communauté rurale de Gandon.

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par Papa Daouda DIOP
Université Gaston Berger de Saint- Louis Sénégal - Maà¯trise environnement 2005
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT LOUIS

*************

UFR DE LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

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SECTION DE GEOGRAPHIE

************

Option:

ENVIflONNLMLNT

 

Une zone maraîchère en crise au nord du Sénégal : le Gandiolais et le Toubé dans la communauté rurale de Gandon

Présenté par : Papa Daouda DIOP

Sous la direction de : Année universitaire :

Géraud MAGRIN Géographe Avec le concours de GIRARDEL

GIRARDEL / U.G.B. CIRAD-TERA 2004/2005

2

DEDICACES

Nous dédions ce travail :

À feu Papa Balla et feue Maman Bintou Diop, pour leur affection et leur soutien sans faille. Sources éternelles d'amour sincère, votre fils jure de rester à jamais votre chantre. Certes, je n'ai pas eu la chance et le bonheur de vivre longtemps auprès vous. Mais sachez que je suis fier de vous. Je prends en témoin mes frères et soeurs de l'oeuvre que vous avez laissée derrière vous pour que la famille reste toujours unie.

Ce travail est aussi dédié à tous ceux qui ont toujours cru à notre réussite. On pense à :

- nos soeurs Fatou, Anta et Binta Thiam1 (pour son soutien sans faille depuis mes premières années universitaires) ;

- nos frères Amadou, Djiby, Moussé Bar, Ibrahima, leurs épouses et leurs enfants;

- Badara, Magatte, Masse, Khalifa, Abdou ;

- notre Tante Fatou Mbaye et à toute sa famille. Cette grande dame ne cessera jamais de marquer nos années passées au lycée. Chez elle, on était plus que son propre fils. Dieu nous est témoin.

Au nom de vous tous, nous dédions ce travail à tous ce qui, de près où de loin, ont contribué à notre formation.

Nous dédions ce travail à :

- nos amis et frères d'enfance Thiouna Bâ, Aba Diop, Aïda Diop, Cheikh Diop, Daouda Diop, Masse Diop, Momar Talla Diop, Rokhaya Mbaye, Moussa Sène, Mamadou Wade et à tous les frères « Entente ».

- tous les camarades de promotion et aux étudiants résidents du G6C et du bloc C (village J). - à nos amis et frères étudiants Madièyna Bakhoum, Papy Barry, Diaé Camara, feu Patrick Coly, Nassirou Dicko, Cheikh Diop, Souleymane Diop, Betty Diouf, Ousmane Bitèye Diouf, Kadiata Gaye, Marie Ndao, Timack Ngom, Aïssatou Sène, Jean Christophe Sagna, ... Qu'ensemble nous réussissons. Amen !

1 Employée du CROUS à l'agence comptable particulière (A.C.P.)

3

REMERCIEMENTS

Si nous sommes là aujourd'hui, c'est parce ce que nous avons eu l'honneur et le bonheur de connaître dans notre vie des formateurs de qualité. De l'école primaire à l'université en passant par le collège et le lycée, que tous nos enseignants trouvent ici nos remerciements.

Nous accordons une mention spéciale à celui qui nous a enseigné la meilleure méthode de raisonnement et de travail que nous n'avons jamais connue, nous voulons citer notre directeur de mémoire Géraud Magrin. Il faut dire combien dans cette recherche nous lui sommes redevables pour sa disponibilité, son appui scientifique et la rigueur méthodologique apportées, malgré ses multiples contraintes.

Sans l'existence préalable d'une formation de qualité reçue dès nos premiers pas à l'université et sans le concours précieux d'un certain nombre de personnes, ce travail ne serait peut-être pas réalisé. Ainsi, nous tenons à remercier particulièrement :

- Les enseignants de la section de géographie notamment : Adrien Coly, André D'Alméida, Mouhamadou Maouloud Diakhaté, Oumar Diop, Serigne Modou Fall, Cheikh Sarr, Sidy Mouhamed Seck, Boubou Aldiouma Sy, Cheikh Samba Wade, auxquels nous exprimons notre profonde gratitude.

- Le personnel élu du conseil rural de Gandon, les agents des services techniques spécialisés, les membres du comité de développement local, les membres des organisations communautaires de base ciblées qui ont bien voulu nous aider à obtenir des informations, parfois embarrassantes, sur lesquelles repose tout le travail.

- Les camarades avec qui nous avons travaillé sur le terrain : Haby Bâ Der, Maïmouna Diallo, Ibrahima Diatta, El hadj Malick Thioune et à toute l'équipe du GIRARDEL, particulièrement à Aminata Camara, qui n'a ménagé aucun effort pour la réussite de ce travail.

4

SOMMAIRE

INTRODUCTION 5

Première partie : Le Gandiolais et le Toubé, un cadre physique et humain, favorable à

l'activité agricole 16

Chapitre I : Caractéristiques du milieu physique et dynamique du secteur agricole dans le

Gandiolais et le Toubé 17

Chapitre II : Données socio-économiques et systèmes de productions agricoles dans le

Gandiolais et le Toubé 29

Deuxième partie : Facteurs explicatifs de l'évolution et des contraintes des systèmes de

production agricole dans le Gandiolais et le Toubé 43

Chapitre I : Dynamiques des systèmes de production agricoles 44

Chapitre II : Quelques contraintes liées aux systèmes de productions agricoles du

Gandiolais 79

.

Troisième partie : Quelles perspectives pour l'agriculture du Gandiolais ? 91

Chapitre I : Stratégies à adopter pour atténuer les problèmes de l'agriculture du

Gandiolais 92

Chapitre II : Quelques orientations possibles pour un développement agricole durable 104

CONCLUSION 112

5

INTRODUCTION

Dans les pays sahéliens, où le premier facteur de production est l'eau, sévissent de graves situations de sécheresse entraînant d'importantes pénuries de denrées alimentaires. Depuis la fin des années 1960, le déficit hydrique est constant. Les pluies sont insuffisantes, viennent trop tard, s'arrêtent trop tôt ou parfois s'interrompent trop longtemps. La sécurisation de l'alimentation en eau est donc, sans doute, l'élément qui pourrait offrir les meilleures possibilités d'augmentation des productions agricoles. L'agriculture traditionnelle, caractérisée par un outillage rudimentaire, se trouvait jusqu'au début des années 1970 en équilibre avec les besoins locaux. Aujourd'hui, elle ne parvient plus à assurer la sécurité alimentaire. Les rendements, particulièrement vivriers, ont globalement peu évolué au cours des trois dernières décennies et les augmentations de production ne sont, le plus souvent dues qu'à un accroissement des surfaces cultivées. Cet accroissement est lié soit à la mise en valeur des terres marginales, peu favorables à l'exploitation agricole, soit à la réduction du temps de jachère.

L'équation reste aujourd'hui de se demander comment augmenter la production agricole, transformer l'agriculture traditionnelle en une agriculture moderne tout en permettant qu'un équilibre existe entre les besoins humains et les ressources offertes par le milieu naturel. Il s'agit également de se demander comment faire pour que les systèmes de production agricole basés sur les cultures itinérantes soient compatibles avec le maintien de la fertilité des sols.

Dans un souci d'accroissement de la production agricole, depuis la fin des années 1960, l'Etat du Sénégal, par l'entremise de la SAED (Société Nationale d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta du Sénégal et des Vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé), a orienté les pratiques agricoles du Delta vers d'autres systèmes de culture : cultures irriguées et cultures maraîchères qui viennent s'ajouter sur les cultures de décrues qui s'y développaient déjà. Le Delta du Sénégal s'étend sur 150 kilomètres de Richard Toll à l'embouchure du fleuve Sénégal. Dans le Delta, où les systèmes de production agricole ont subit de profondes mutations à cause de la sécheresse, la main-mise de l'homme sur le milieu se manifeste souvent par une série de dégradation : pression forte sur les surfaces agricoles utiles, coupe abusive des espèces végétales favorisant la dynamique éolienne. Le Gandiolais et le Toubé (voir carte n°1) qui occupent l'extrémité Sud du Delta du Sénégal, se présente comme un exemple.

Source : Diop P. D. - 2005 -

6

7

Situés au Nord-Ouest du Sénégal, le Gandiolais et le Toubé sont également une partie intégrante de la zone des Niayes, dont ils occupent l'extrémité septentrionale. Cette situation, de contact entre le Delta et les Niayes, leurs confère une particularité géographique, longtemps favorable à la production maraîchère.

La région des Niayes s'étend en bordure du littoral de la presqu'île du Cap-vert jusqu'au Sud de Saint Louis, au niveau de l'embouchure du fleuve Sénégal. Elle est constituée d'une série de dépressions inter dunaires qui s'étale en arrière de la côte. « Les Niayes proprement dites correspondent à des lacs asséchés et à des vallées anciennes où la nappe phréatique affleure. Dans les Niayes, près de 57% des exploitations maraîchères se développent sur les versants sableux ». (Ouatara D., 1989 : 2).

Dans son premier Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols (POAS) élaboré par la SAED, la communauté rurale de Gandon, avec une superficie de 560 km2, compte 81 villages et 25 hameaux, répartis en quatre zones (voir carte n°2), caractérisées chacune par une particularité agricole : le secteur de Rao occupe le Sud-est de la communauté rurale. Dans cette zone, la culture sous pluie et l'élevage sont les principales activités ; au Nord-est, c'est la zone de Ndiawdoune, où on pratique les cultures irriguées, les cultures de décrues et un peu de maraîchage ; le secteur de Toubé est situé à l'ouest. Il abrite les cultures sous pluies et un peu de maraîchage, et enfin, au Sud-ouest c'est la zone du Gandiolais, située sur le littoral. C'est une zone, qui est réputée être un secteur de maraîchage par excellence. La communauté rurale de Gandon est limitée au Nord par la communauté rurale de Ross Béthio, à l'Ouest par l'océan atlantique et la commune de Saint Louis, à l'Est par la communauté rurale de Mpal, au Sud et au Sud-est par les communautés rurales de Sakal et de Keur Momar Sarr (région de Louga).

La zone du Gandiolais et de Toubé compte 35 villages (18 villages dans le Gandiolais et 17 villages dans le Toubé) et plusieurs hameaux, dont certains sont rattachés au village le plus proche. Elle couvre une superficie de 350 km2, soit 65% sur les 560 km2 de la communauté rurale. Cette zone est particulièrement frappée par une concentration de sel sur les sols (35 g/l). La région est caractérisée par une série de dépressions inter dunaires qui va de la côte vers le continent et constitue une importante zone de maraîchage. Par sa position estuarienne, la zone est soumise sur le plan hydrologique à l'influence directe du fleuve Sénégal. Elle bénéficie également d'un important réseau hydrographique : le Ngalam, la cuvette de Gueumbeul, située à une quinzaine de kilomètre au Sud de Saint Louis et plusieurs autres mares.

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9

PROBLEMATIQUE

La population du Gandiolais a une longue tradition maraîchère. Durant la période de la colonisation, le Gandiolais produisait toutes sortes de productions destinées à la population européenne qui vivait à l'époque à Saint Louis : la patate douce, le manioc, le haricot, le niébé, le béréf, la pomme de terre, le piment, la tomate (Bonnardel R., 1992 : 200). Les produits étaient aisément écoulés sur les marchés de la capitale coloniale (Saint Louis). A côté de l'activité agricole se développait la pêche maritime et continentale, l'extraction du sel et l'activité pastorale.

A partir des années 1970, en raison d'un cycle de sécheresse qui persiste et de multiples contraintes socio-économiques, la population du Gandiolais se spécialise aux cultures maraîchères, particulièrement dans la production d'oignons. Une spécialisation imputable à la dégradation des eaux et des terres par la remontée saline, à l'abondance des produits maraîchers venus d'autres localités, à l'émergence du marché national au déclin du marché local. A ceux-là, s'ajoutent l'ouverture du barrage de Diama en 1986 et de la nouvelle embouchure en 2003 qui, tout rendant les terres du Gandiolais et de Toubé impropres à l'exploitation agricole, accroissent la concentration de la salure dans les sols et les nappes du sous-sol. Avant la mise en place du barrage, les crues du fleuve Sénégal enregistrées à Saint Louis, avec un régime tropical caractérisé par une crue de juillet à octobre et un étiage de novembre à juin, étaient liées aux pluies enregistrées dans le haut bassin en amont de Bakel. La décrue commençait dès que les pluies diminuaient et s'échelonnait de novembre jusqu'en mai. C'est pendant cette période de décrue que se produisait l'intrusion de l'eau de mer, la langue salée qui, avant la mise en eau du barrage de Diama, pouvait remonter le fleuve sur environ 200 km en amont de Saint Louis, rendant ainsi impropres les terres du Delta et du Gandiolais. C'est dans ce contexte qu'a été créé le barrage, situé à 27 km au nord de Saint Louis. Il a pour rôle d'arrêter la remontée de la langue salée dans sa partie amont et d'y créer un lac de retenu en eau douce. En revanche, dans sa partie avale, où se situe la communauté rurale de Gandon, le barrage de Diama accroît la concentration de la salure dans les sols et les nappes du sous-sol.

La nouvelle embouchure, ouverte sur la langue de Barbarie, durant la nuit du 3 au 4 octobre 2003, favorise une entrée brutale des eaux salées après le retrait des eaux de crue. Elle a pour objectif, d'après le service régional de l'Hydraulique, de préserver la ville de Saint Louis

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des inondations (Diop I. : communication orale)2. Cette brèche (ou canal de délestage) fait l'objet de plusieurs interrogations sur l'avenir de la gestion de l'environnement local, particulièrement sur les cultures littorales dans la langue de Barbarie et sur le maraîchage dans le Gandiolais (Diatta I., 2004 : 63).

Dans le Gandiolais, la nappe phréatique présente de l'eau douce dans la partie orientale, sur les dunes rouges. En revanche, elle se dégrade dans la partie occidentale proche de la côte avec une minéralisation allant jusqu'à 2,5 g/l. Cependant, la réalisation du canal du Gandiolais (travaux en cours) pour réalimenter le bassin de Rao Peul au Sud-Ouest et la vallée du Gandiolais pourrait favoriser la désalinisation des terres du Gandiolais (Bâ H., 2005 : 95).

Le maraîchage, qui est la principale activité agricole de la zone, bénéficie d'un microclimat favorable à la production agricole, d'une nappe phréatique peu profonde sur le littoral (moins de 3m). Il mobilise une population active locale composée essentiellement de personnes âgées, dont la moyenne d'âges tourne autour de 50 ans. Celles-ci sont assistées par des enfants de moins de 18 ans. A cause de la pénibilité des travaux agricoles et des rendements de plus en plus faibles, de la dégradation progressive des eaux et des sols, des difficultés d'accès aux terres fertiles, les acteurs agricoles, notamment les adultes, migrent vers les grandes villes (Richard Toll, Dakar).

En raison de la dégradation des conditions climatiques du milieu et de la surexploitation3 des faibles réserves en eau douce, l'offre agricole du Gandiolais est de moins en moins compétitive et la vente locale de plus en plus difficile dans les marchés locaux. Comme solution, on assiste depuis 2004, à l'émergence d'un système de production agricole jamais connu dans le Gandiolais et le Toubé, qui se développe dans de nombreux villages à travers des G.I.E. (Groupement d'Intérêt Economique) féminins. Il s'agit des micro-jardins « hors sol ».

L'élevage est le second secteur d'activité socio-économique du Gandiolais et est étroitement lié à l'agriculture par la fourniture de la fumure organique. Les principaux acteurs sont des Peuls, avec quelques bergers Wolofs et Maures. Le bétail est constitué pour l'essentiel de petits ruminants (ovins et caprins).

2 Le 9 juin 2004 à l'amphithéâtre Madické Diop (Amphi A) de l'U.G.B., s'est tenue une conférence sur le thème : « La brèche de Saint Louis, solution ou catastrophe ? ». Elle a vu la participation de certains enseignants de la section de géographie et du service de l'hydraulique.

3 La nappe du Gandiolais est constituée par une faible couche d'eau douce sous jacente à la nappe salée. Ces réserves, estimées à 10.000m3/ha, font l'objet d'un pompage important par les maraîchers (10 mm/j/producteur). A long terme, on assiste à l'épuisement de la nappe d'eau douce ou à sa pollution par contamination. (Aw F.Z., 1999 : 34).

11

En dehors des activités agro-pastorales, la population du Gandiolais pratique également le commerce, la pêche et l'exploitation du sel (voir El. M. Thioune,)4.

En raison de l'enclavement de certains villages, gros producteurs de cultures maraîchères, les contraintes liées à l'agriculture dans le Gandiolais ne se limitent pas aux facteurs physiques et naturels du milieu. Les maraîchers du Gandiolais font aussi face aux difficultés liées à l'écoulement des produits agro-alimentaires (stockage, distribution, transport et commercialisation). Le facteur de transport constitue un frein à l'évacuation et à l'écoulement des produits agricoles du Gandiolais. L'absence de marchés hebdomadaires (Louma) dans la zone est un autre facteur limitant l'écoulement des produits agricoles locaux. La communauté rurale de Gandon ne dispose que d'un marché hebdomadaire (le marché de dimanche à Pelour) qui est d'envergure limité à cause de sa position géographique5.

En plus de ces difficultés liées à la production, au transport et à l'écoulement des produits agricoles, la population du Gandiolais se heurte à d'autres difficultés d'ordre économique et social. Malgré l'appui de grands partenaires comme l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), la CARITAS, le PLAN Sénégal, etc., les producteurs continuent toujours d'endurer les coûts élevés des intrants, l'enclavement des zones de production, la non maîtrise du calendrier cultural. Les populations du Gandiolais et de la communauté rurale en général, ont compris que pour qu'il y ait un développement dans leur localité, il leurs faut élaborer et mettre en oeuvre des stratégies concertées. Elles se lancent ainsi dans des initiatives locales de développement. C'est dans ce sens que des initiatives sont engagées par la population pour promouvoir le développement de leur localité. Il y a parmi ces initiateurs, l'Association pour le Développement du Gandiolais et de Toubé (A.D.G.T), des associations des jeunes et de femmes qui existent dans tous les villages.

Face à toutes les contraintes techniques et socio-économiques étroitement liées aux impacts climatiques, le Gandiolais reste toujours un pôle maraîcher. Une meilleure maîtrise du milieu apparaît comme une nécessité dans la perspective d'un développement basé sur la productivité agricole et qui soit en adéquation avec la nature et les attentes de la population riveraine. C'est cette situation qui a conduit, d'une part, à des stratégies paysannes de migration des espaces culturaux ou à l'exode rural, et d'autre part à la réalisation du canal du Gandiolais.

L'édification du barrage de Diama, la surexploitation de la nappe d'eau douce, le déficit pluviométrique depuis 1968, garant d'une évaporation intense et récemment l'ouverture de la

4 El Hadj Malick Thioune, mémoire de maîtrise en cours de rédaction, L'exploitation des salines littorales du Gandiolais (bas Delta du fleuve Sénégal : une activité en sursis ?), université Gaston Berger de Saint louis.

5 Pelour 1 (ou Mboltime) se situe à l'extrême Sud de la communauté rurale de Gandon, dans le secteur de Rao.

12

nouvelle embouchure sur la langue de Barbarie, sont entre autre, quelques uns des phénomènes qui expliquent l'origine de la salinité des sols et des eaux souterraines dans le Gandiolais. Cette situation contraint les producteurs agricoles à abandonner les terres de cultures devenues salées à l'Ouest (sur le littoral), impropres à toute exploitation agricole et à délaisser à l'Est (sur les dunes et dans les dépressions inter dunaires) les cultures vivrières au profit de l'activité maraîchère, malgré toutes les contraintes rencontrées.

Pour apporter des solutions à ces différentes contraintes, cette étude s'est fixée comme objectif de trouver des réponses à un certain nombre d'interrogations. Il s'agit de voir si le Gandiolais fait face à une crise socio-économique et écologique qui constitue une entrave à l'évolution de la production agricole. Quels seraient les facteurs explicatifs de cette crise ? Quelles stratégies adopter pour faire face à cette crise ? Y a-t-il une différence entre l'évolution actuelle du Gandiolais et celle du reste des Niayes ? Après avoir identifié les facteurs responsables de cette crise, les résultats obtenus pourraient permettre de proposer des orientations pour surmonter ces contraintes. Pour répondre à ces interrogations, deux hypothèses sont ainsi retenues :

- Une meilleure maîtrise du milieu et de ces contraintes s'avère indispensable pour un développement agricole durable dans le Gandiolais et le Toubé.

- Le rapprochement du secteur agricole des autres secteurs d'activités socio-économiques au niveau de la C.R. de Gandon, dans une dynamique de gestion intégrée, pourrait favoriser le développement de la localité.

13

METHODOLOGIE

La méthodologie adoptée pour l'accomplissement de ce travail s'inscrit dans le cadre de la vérification des hypothèses de départ dégagées dans la problématique, afin d'atteindre les objectifs fixés.

Trois étapes ont permis de présenter ces résultats

1. la recherche documentaire ;

2. le travail d'enquêtes de terrain ;

3. le traitement des données recueillies sur le terrain.

Recherche documentaire

Cette recherche s'est déroulée dans des institutions spécialisées à la recherche scientifique. Les recherches effectuées dans ces institutions ont permis de consulter plusieurs ouvrages généraux qui traitent le thème sur l'agriculture et le développement rural et certains documents scientifiques qui présentent des études sur le Delta et les Niayes. Parmi ces institutions, il y a les bibliothèques de l'université de Saint Louis et de Dakar, le centre de documentation de l'Unité de Formation et de Recherche (U.F.R.) des lettres et sciences humaines, la salle de documentation de GIRARDEL (Groupe interdisciplinaire de recherche pour l'appui à la planification régionale et au développement local).6

Enquêtes de terrain

Sur le terrain, la documentation s'est effectuée au niveau de la maison communautaire de Gandon, dans les différents centres spécialisés en agriculture et en développement rural (SAED, ISRA, ANCAR,...), les mutuelles et organisations communautaires de base. En ce qui concerne les services spécialisés, il s'agissait d'étudier leur relation avec la communauté rurale et les acteurs locaux ainsi que les formes de partenariat qu'ils entretiennent avec eux. Quant aux mutuelles et les organisations communautaires de base, il s'agissait de voir leur mode de fonctionnement, les atouts, limites et perspectives, ainsi que leur rapport avec les autres secteurs de développement de la communauté rurale. Malgré une bibliographie assez abondante sur le thème de recherche, peu de publications récentes ont été trouvées sur le Gandiolais.

6 Le GIRARDEL est un réseau de recherche appliqué au développement qui associe des chercheurs de différentes disciplines (...). Il essaie d'instaurer un véritable partenariat avec les collectivités locales qui le souhaitent (...). Loin de l'approche « projet », il s'agit ici de mettre en oeuvre dans la durée une démarche d'accompagnement des collectivités (Magrin G., Traoré B., 2003 : 3).

14

Parallèlement à cette étude thématique, plusieurs séjours ont été effectués sur le terrain. Le premier déplacement dans la zone a été effectué dans le secteur du Gandiolais du jeudi 18 au mercredi 24 mars 2004. L'objectif fixé pour ce premier séjour sur le terrain était de mieux connaître le milieu et les acteurs agricoles. Ceci nous a permis de faire une première analyse sur les systèmes de cultures maraîchères et de vérifier les hypothèses de départ. On a également saisi cette occasion pour discuter avec quelques notables de la localité, les chefs de villages et responsables de groupements. Ceux-ci nous ont permis pour chaque déplacement de choisir deux à trois villages, d'aller visiter les exploitations maraîchères et de soumettre une série de questionnaires (cf. annexes 6) aux différents exploitants.

Le second déplacement dans cette même zone a eu lieu les 17, 18 et 19 avril. Ce séjour nous a permis de visiter certes quelques villages, mais il nous a surtout poussé vers les maraîchers et les employés temporaires (sourgha). Les discutions portaient sur les pratiques culturales, les méthodes de gestion, l'écoulement des produits et les contraintes. Pour les sourgha, l'essentiel des entretiens était axé sur leurs conditions de vie, le système de partage, les accords préalables avec leur employeur.

Entre le 22 et 27 juin, nous avons effectué un autre séjour toujours dans le secteur du Gandiolais. Ce séjour de six jours a permis de visiter d'autres villages et hameaux à Gandiol. Les dernières visites ont été faites dans le secteur de Toubé pendant l'hivernage qui coïncide avec la période des cultures sous pluies. Enfin, pour faire sortir les ressemblances d'une zone à une autre, on s'est rendu dans le Gandiolais durant l'hivernage (21, 22 et 23 août). Ainsi on a visité 23 villages et hameaux, soit les deux tiers de l'ensemble du Gandiolais et de Toubé. Pour avoir une vision plus claire sur l'agriculture et ses contraintes, quelques villages du secteur de Rao (Gantour, Ndoye Diagne, Pelour, Rao Peul et Ndialakhar Wolof) ont également été visités. Le choix porté sur les villages enquêtés se justifie par plusieurs raisons : situation géographique, du Sud (Dégou Niayes), on est allé jusqu'au Nord (Ndiébène Toubé Peul), en passant par Ndiakhère (voir en annexe 2 la liste des villages enquêtés). L'objectif était de couvrir toute la zone et de faire ressortir les points communs et les différents qui existent d'une zone à l'autre. Certains villages comme Mboumbaye, Ricotte ont été ciblés pour leur rôle dans le secteur maraîcher.

Les questions portaient sur l'identification de la personne interrogée, la pratique de l'activité agricole, les différentes variétés utilisées, les moyens utilisés, le produit et sa destination. On s'est aussi intéressé sur l'organisation interne des producteurs, leurs rapports avec la communauté rurale et les partenaires au développement.

15

Sur les 23 villages enquêtés, on a estimé qu'il fallait interroger au moins le dixième de la population. Mais faute de données chiffrées sur la population de chaque village, on a décidé d'interroger au moins 10 personnes par village pour les villages moins peuplés et 20 à 30 personnes pour les villages peuplés. Concernant les hameaux, il était décidé d'interroger toute personne rencontrée. A la fin de l'enquête, on a recensé, sur treize gros villages, sept petits villages et trois hameaux, plus de 140 personnes interrogées. L'âge des personnes enquêtées est au minimum 15 ans et 71 ans au maximum. La majorité était des hommes. Des entretiens sont aussi tenus avec les acteurs locaux, afin d'avoir une idée sur leur vision de l'agriculture et les perspectives envisageables pour son développement.

Ces enquêtes ne se sont pas effectuées sans de grandes difficultés. Certaines personnes refusaient de nous recevoir ou restaient indifférentes à notre présence. « Beaucoup ont passé avant vous et ça ne nous a rien servi », c'était souvent la réponse que nous donnait cette population, particulièrement celle du Gandiolais occupée de leurs travaux agricoles. D'autres nous demandaient d'aller se rapprocher du chef de village ou bien d'attendre que le propriétaire du champ soit là (il s'agit souvent d'un frère ou d'un père). Ce dernier, dont on ignorait où il était et quand est ce qu'il devait être sur les lieux, n'arrivait presque jamais. Certains villages étaient presque inaccessibles pendant la saison des pluies, à cause de l'état des pistes. Au niveau de la maison communautaire de Gandon, le président, n'étant pas alphabétisé, répondait sommairement aux questions avant de nous demander de se rapprocher de sa secrétaire. Cette dernière ne manquait pas de nous demander de repasser prochainement pour une raison ou une autre. L'essentiel des informations recueillies dans les locaux a été obtenue auprès de quelques conseillers ruraux. Ces derniers, dont certains d'entre eux comprennent parfaitement l'intérêt de nos recherches, nous demandent même de leur faire parvenir une copie du document final à la fin du travail d'étude et de recherche. Hormis ces quelques difficultés, le travail de terrain a été satisfaisant.

Traitement de données :

Le traitement de données recueillies sur le terrain a été fait à l'aide de l'outil informatique. Les textes sont saisis sous Word (office 2003). Les courbes et les graphiques ont été réalisés sous Excel. Les cartes et les photos ont été modifiées et améliorées sous Paint. Enfin, Power point a été très utile dans l'agencement des points retenus pour la rédaction finale.

16

Première partie :

*******

Le Gandiolais et le Toubé, un cadre

physique et humain, favorable à

l'activité agricole

17

CHAPITRE I

Caractéristiques du milieu physique et dynamique du secteur agricole dans le Gandiolais

1. L'influence des facteurs climatiques sur les pratiques agricoles

Il s'agira de caractériser ici le climat du Gandiolais sur la base de quelques éléments

notamment la température, l'humidité relative, la pluviométrie, les vents, etc. Ces paramètres pourraient permettre de mieux saisir les influences directes des manifestations atmosphériques à la surface du sol et donc d'observer les liens favorables entre le climat et l'agriculture.

1.1. Le régime thermique

Cette partie est consacrée à l'étude de la température, de l'humidité relative et de

l'évaporation. Au terme de l'analyse de ces quelques éléments de l'atmosphère, on parviendra à déterminer les effets climatiques propices à l'agriculture du Gandiolais.

1.1.1. La température

La zone du Gandiolais présente un climat de type sahélien qui, en raison de la proximité de l'océan, reçoit l'influence côtière qui contribue à l'atténuation des températures dans la zone du littoral. L'étude de celles-ci montre des disparités à travers l'existence de deux saisons : la saison chaude qui va de juillet à octobre, avec des valeurs moyennes mensuelles supérieures ou égales à 31°C (cf. tableau 1), et la saison froide de novembre à juin, caractérisée par une température moyenne mensuelle inférieure ou égale à 26°C, d'où la longueur et l'intensité de la saison sèche. Ces disparités thermiques ont leur influence sur les pratiques agricoles. La saison chaude correspond à la période des cultures sous pluies pratiquées dans toute la zone, particulièrement dans les villages de Toubé. Tandis que la saison froide reste favorable aux cultures maraîchères.

Tableau 1 : Température moyennes mensuelles (1995-2004)

MOIS

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

T°c

26

28

28

27

28

29

31

31

32

32

30

--

Source : Météo nationale - station régionale de Saint Louis - (2004)

L'atténuation des températures dans la zone du littorale offre à la partie côtière du Gandiolais un micro-climat caractérisé par un temps frais, propice à la production de nombreuses spéculations, notamment l'oignon, la tomate et la patate douce.

18

1.1.2. L'humidité relative :

L'humidité de l'air détermine les flux de vapeur d'eau dans l'atmosphère. En saison des pluies, elle dépasse largement la valeur des 60% du mois juin au mois de septembre, où le maximum des maxima atteint 68% au mois d'août. Tandis que les minima sont enregistrés durant les mois de décembre, janvier, février et mars avec un minimum qui avoisine les 25% aux mois de janvier et février.

Tableau 2 : Moyenne mensuelle de l'humidité relative entre 1995 et 2004

MOIS

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

H. R.

25

25

33

42

53

63

67

68

66

52

34

28

Source : Météo nationale - station régionale de Saint Louis - (2004)

Cette situation notée en saison froide, combinée à l'influence thermique, constitue un atout favorable à la production agricole durant toute cette période, d'où la possibilité de mettre en place plusieurs spéculations maraîchères, telles que l'oignon, la carotte, la pomme de terre.

1.1.3. L'évaporation :

Les faibles valeurs enregistrées pendant la saison des pluies s'expliquent par l'effet des pluies et de la couverture nuageuse, qui atténue le phénomène d'évaporation, mais aussi par l'influence de l'alizé maritime, frais et humide parcourant la zone littorale. Durant la saison sèche, l'évaporation devient plus forte avec un maximum de 62% enregistré au mois de janvier (cf. tableau 3). C'est également la période pendant laquelle on note un assèchement global de la quasi-totalité des plans d'eau superficielle, inondés par la crue en hivernage. Ainsi les exploitants maraîchers, pour satisfaire la forte demande en eau douce, se rabattent sur la nappe profonde. De ce fait, on assiste à une exploitation intense des réserves de la nappe d'eau douce (seule source d'alimentation pour le maraîchage accessible à travers des puits forés) et à la remontée de la nappe salée sous jacente de la nappe d'eau douce.

Tableau 3 : Moyenne mensuelle de l'évaporation en mm (2002-2004)

MOIS

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

AN.

Evap.

62

61

59

46

42

32

28

27

29

29

55

58

44

Source : Météo nationale - station régionale de Saint Louis - (2004)

Les plus faibles valeurs de l'évaporation sont notées entre juillet et octobre avec un minimum de 27mm au mois d'août. Le taux d'évaporation moyenne annuelle est d'environ 2.400mm (FAO : Organisation pour l'Agriculture et l'Alimentation - Météo nationale - Saint

19

Louis - 2004). L'évaporation est loin d'être couverte par la pluviométrie (environ 200 à 250 mm/an) et le déficit hydrique est important surtout pendant la saison sèche.

1.2. Le régime pluviométrique

Le Gandiolais est situé au coeur de la zone sahélienne (16°W et 16°N), au Sud de l'isohyète 300mm, correspondant au bas Delta du Sénégal. Cette situation lui confère un régime tropical caractérisé par deux saisons : une longue saison sèche de 8 à 9 mois (octobre à juin) et une courte saison des pluies de 2 à 3 mois (juillet à septembre) qui coïncide avec l'arrivée du FIT (Front inter tropical) dans la région de Saint Louis.

On peut individualiser trois saisons principales à durée presque similaire :

- l'hivernage (ou la saison des pluies) de juillet à septembre/octobre ;

- la saison sèche froide qui va de novembre à février ;

- la saison sèche chaude qui va de mars à juin.

Dans le Gandiolais, les pluies sont faibles, uniquement alimentées par les lignes de grains. Elles sont le plus souvent de type orageux. Du fait de sa position septentrionale (Nord-Ouest), le FIT s'installe tardivement, vers le début du mois de juillet, annonçant ainsi le début de la saison des pluies. Ces pluies sont irrégulières et inégalement réparties dans le temps. Les mois d'août et de septembre restent les mois les plus pluvieux de l'année (cf. tableau 4).

Outre la concentration temporelle des pluies, le Gandiolais, à l'image de l'ensemble du Delta, est également caractérisé par une très grande variabilité inter annuelle. Cette incertitude du bilan hydrique annuel constitue un handicap pour les cultures sous pluies. La moyenne pluviométrique annuelle varie entre 250mm et 350mm. Ceci suscite chez les populations une incertitude autour des dates de semis et sur l'ensemble du cycle végétatif des cultures vivrières telles que le mil, le niébé, le béréf. En 2004 par exemple, les premières pluies ont été recueillies le 29 juin (0,2mm) et ce n'est que 26 jours plus tard, les 22, 23 et 24 juillet que l'hivernage a débuté à Saint Louis avec respectivement 0,5mm, 0,2mm et 0,6mm de pluies (cf. annexe 4, tableaux 2). Ceci se traduit sur le terrain par un abandon des cultures sous pluies ou par la réduction des terres réservées à ce type de culture. Le nombre de jours de pluies durant la période 1995-2004 révèle par ailleurs une faible disparité inter annuelle, avec en moyenne 25 jours de pluies par année.

20

Tableau 4 : Moyenne mensuelle de la pluviométrie en mm (1995-2004)

ANNEES

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

CUMUL

1995

-

2

Tr

-

-

3

38

102

126

11

1

33

316

1996

-

-

1

-

-

11

19

47

23

16

Tr

-

117

1997

-

-

Tr

-

3

9

-

146

62

-

Tr

-

220

1998

Tr

1

Tr

Tr

-

-

2

132

122

4

Tr

Tr

202

1999

Tr

-

Tr

Tr

-

-

54

147

33

127

-

-

361

2000

-

-

-

-

-

-

174

159

68

46

-

-

447

2001

-

-

-

-

-

-

70

84

102

19

-

-

276

2002

68

-

-

1

-

14

28

28

70

89

-

-

298

2003

-

-

-

2

1

1

10

47

229

62

-

NP

352

2004

-

-

-

-

-

0,2

1,7

94

34,1

-

-

-

130

NORMAL

68

3

1

3

4

38,2

296,7

656

869,1

373

1

33

256

Source : Météo nationale - station régionale de Saint Louis - 2004

Pendant presque 10 ans, le nombre de jours de pluies n'a pas atteint 40 jours avec un maximum de 39 jours en 1995 et un minimum de 18 jours en 1997. Parallèlement, on note une baisse du volume pluviométrique, passant de 318mm en 1995 à 130mm en 2004 (cf. tableau 5). Tableau n°5 : Hauteurs de la pluviométrie et nombre de jours de pluies entre 1995 et 2004

années

hauteurs pluies en mm

nombre de jours de pluie

1995

318,7

39

1996

117,1

25

1997

263,4

18

1998

260,4

24

1999

363,7

32

2000

431,4

26

2001

275,3

32

2002

296,9

24

2003

350,6

30

2004

130

23

Source : Météo national - station régionale de saint Louis - 2004

Cette faiblesse des quantités de pluies enregistrées peut être expliquée par le long parcours continental du FIT (des pluies) avant d'arriver au Nord.

21

L'hivernage dans le Gandiolais et en général à Saint Louis a une durée limitée. Selon la station météorologique de Saint Louis, sur un intervalle de 91 jours en 2004, il n'y a eu que 23 jours de pluies. Les premières pluies ont été enregistrées le 29 juin avec 0,2mm ; tandis que la date du 27 septembre marque la fin de l'hivernage de la même année avec 4,5mm. Cette courte saison des pluies combinée à une irrégularité temporelle influe sur les eaux stagnantes. Les eaux de crue qui commençaient à s'installer, se retirent plutôt que prévu. Ce retrait prématuré avant que tous les plans d'eau ne soient inondés et la nappe suffisamment alimentée, fait que les réserves humides, qui satisfont le maraîchage après le retrait des crues sont très limitées. Figure n°1 : Evolution de la hauteur pluviométrique à Saint Louis de 1995-2004 (en mm)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

431

364

351

319

263

260

297

275

117

130

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

500

450

400

350

300

250

200

150

100

50

0

Source : Météo nationale - station régionale de Saint Louis - 2004

Avec un bilan hydrique largement déficitaire depuis plusieurs décennies, les cultures sous pluies bénéficient d'autres types de pluies plus ou moins favorables à leur évolution. Il s'agit d'abord des pluies de contre saison (ou pluies de « heug »), qui tombent entre novembre et février. Elles sont certes faibles, mais peuvent limiter l'action érosive du vent en imbibant le sol. Il y a aussi la rosée et les brouillards, qui apportent de l'humidité au sol et aux plantes. Ces pluies favorisent une baisse des températures et une hausse de l'humidité de l'air. Elles constituent également un apport hydrique important pour les cultures de la saison froide.

22

1.3. Le régime des vents

La zone du Gandiolais et de Toubé est soumise à l'influence de trois masses d'air :

- l'harmattan (ou alizé continental), vent chaud et sec qui souffle pendant la saison sèche entre mars et juin ;

- les alizés maritimes, vents frais, secs et chargés d'embruns. Les embruns sont une pluie fine formée par l'écrêtement des vagues par le vent. Ce sont de petites masses d'air saturées en eau salée qui circulent, dans le Gandiolais, pendant la saison froide. Favorables aux cultures maraîchères, elles soufflent de novembre à février ;

- enfin, la mousson, chargée d'humidité et porteuse de pluies, souffle de juillet à octobre. L'analyse de l'évolution de la vitesse moyenne mensuelle des vents à Saint Louis présente une grande variabilité avec des maxima en pleine saison des pluies atteignant 16,3m/s au mois d'août. Pendant cette période, les vitesses mensuelles sont au-dessus des 12m/s, avec le minimum des maxima de 12,75 m/s au mois d'octobre.

Figure n°2 : Evolution de la vitesse moyenne mensuelle des vents en m/s (1995-2004)

18

16

14

12

10

8

6

4

2

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

16,3

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

13,6

13

13,55

 

13,62

13,6

12,75

 
 

11,7

 
 
 
 
 
 
 
 

10,75

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

11,5

10,5

11,12

janvier fevrier mars avril mai juin juillet août septembre octobre novembre décembre

Source : Météo nationale - station régionale de Saint Louis - 2004

Ces chiffres annoncent une période éolienne où le vent constitue un véritable facteur d'ensablement des cuvettes maraîchères. Sans les quelques espèces végétales sur et aux abords des dunes, qui affaiblissent la vitesse du vent, toutes les cuvettes maraîchères situées dans les dépressions inter dunaires seraient entièrement ensablées. La raréfaction des pluies, limitant la germination des espèces herbacées, livre un sol vulnérable aux caprices des vents

23

tourbillonnants. Ceux-ci érodent le sol et lui emportent ses éléments fertilisants, causant des problèmes d'ensablement des axes hydriques existants et des cuvettes maraîchères le plus souvent situées dans des dépressions. Ces sols affaiblis, où les rares averses ruissellent, réduisent les possibilités d'alimentation des réserves hydriques du sol, entraînant la remontée de la nappe salée.

2. Le Gandiolais, une zone écologique vulnérable

Dans le bas Delta en général, l'altitude est partout faible et de vastes étendues sont en dessous du niveau de la mer. Tous les sols de l'embouchure à Richard-Toll sont salés, avec des variations suivant les milieux. C'est une région qui bénéficie d'un important potentiel hydraulique, mais de plus en plus menacée par la remontée du sel en surface. Le Gandiolais et le Toubé présentent généralement les mêmes caractéristiques hydriques et biogéographiques que le Delta, mais compte tenu de l'influence de la région naturelle des Niayes, on relève quelques caractères spécifiques à cette zone.

2.1 Typologie des sols

Dans le Gandiolais comme dans l'ensemble du Delta, la salinité sur les sols s'explique par deux faits. Elle est d'une part « liée aux invasions marines du quaternaire, qui ont salé les sols de la profondeur et les nappes souterraines » et d'autre part à « l'eau de mer qui remonte le fleuve en période d'étiage » (Bonnardel R., 1992 : 196).

Dans la communauté rurale de Gandon, on peut identifier trois à quatre types de sols (cf. figure n°3):

- les sols sableux (sols diors) compacts et à teneur d'argile élevée. Favorables à la culture sous pluies (arachide, petit mil, béref, niébé) et au maraîchage, ils couvrent environ 61% des terres de la communauté rurale de Gandon (Gandon, 2001 : 27). Ces terres s'étendent sur une bonne partie du Gandiolais et couvrent l'ensemble des parties Nord (le Toubé);

- les sols du Walo (zone de Ndiawdoune) couvrent 5% des terres de la C.R. de Gandon. Ces sols sont annuellement inondés par les crues. Ils constituent le domaine privilégié de la culture du maïs, du riz et du sorgho ;

- enfin, il y a les sols alluviaux et les sols salins, qui couvrent respectivement 24% et 10% de la superficie totale de la communauté rurale. Les sols alluviaux sont des sols constitués de dépôts alluvionnaires laissés par les eaux. Ce sont des sols favorables à la culture maraîchère

24

tandis que les sols salins constituent des zones d'extraction du sel. Figure n°3 : Typologie des sols dans la communauté rurale de Gandon

24%

61%

5%

10%

Sols Diors Sols du Walo Sols alluviaux Sols salins

Source : D'après les données recueillies à la communauté rurale - 2004

Dans ce milieu, les dunes blanches vives (ou dunes littorales) constituent les substrats les plus récents. Elles sont visibles sur l'axe Mboumbaye-Lahlar. Ce sont des sols qui constituent un support favorable à la culture maraîchère.

Viennent ensuite les dunes jaunes, caractérisées par l'influence très marquée de la nappe qui est de très faible profondeur. Ces dunes s'aperçoivent sur l'axe Leybar-Ndiébène Toubé Wolof dans la zone de Toubé et continuent jusqu'à l'Est de Gandon. Le village de Toug Peul, l'axe Ricotte-Ndiébène Gandiol sont bâtis sur ces dunes jaunes. Ils sont favorables aux cultures sous pluies.

Il y a le sous groupe hydromorphe (sol gorgé d'eau) qui occupe les dépressions inter dunaires des dunes jaunes et couvrent des superficies importantes dans le Gandiolais. Ces sols, d'une profondeur de 2 à 3m, sont favorables à l'arboriculture. Avec la remise en eau prochaine de la vallée du Gandiolais, ces sols pourront être des sites d'accueil de l'agriculture irriguée.

Enfin, il y a les dunes rouges. Ce sont des terres traditionnellement réservées à la culture céréalière. On les rencontrent à l'extrémité Est du Gandiolais et couvrent l'essentiel du secteur de Rao.

A côté de ces sols, existent d'autres types de sols fortement marqués par le sel. Ils sont visibles le long de la route Saint Louis - Tassinère et sur la partie Sud-ouest de Toubé entre Ngaye Ngaye et Ndiakhère. Ce sont des terres inaptes à toute exploitation agricole, uniquement réservées à l'extraction du sel.

25

2.2. Les ressources hydriques

Au-delà de l'océan atlantique, qui sert d'exutoire au fleuve Sénégal, les ressources hydriques dans le Gandiolais et le Toubé sont diversifiées et très importantes.

2.2.1. Les eaux de surfaces

De par sa position estuarienne, la zone du Gandiolais et de Toubé est soumise sur le plan hydrologique à l'influence directe du fleuve Sénégal7. En plus d'avoir une large ouverture sur l'océan atlantique (près d'une trentaine de km), le Gandiolais bénéficie aussi d'un important réseau hydrographique plus ou moins pérenne. On peut en effet distinguer le Ngalam, défluent du fleuve Sénégal, la cuvette de Gueumbeul, plusieurs bras du fleuve (le Ndiassew, Mbenguègne, Ndiëgueur, Leybar, Ndialakhar, etc.), plusieurs mares temporaires (Mbirelé, Thianare,) et tant d'autres (C.R., 2003 : 3). Mais tous ces plans d'eau (bras du fleuve et mares) sont à peu près inutilisables. A l'exception du Ngalam et des eaux du fleuve Sénégal, dont le taux de salinité varie suivant les saisons, presque tous les plans d'eau de la zone sont inexploitables pour l'agriculture. Ils sont affectés par la sécheresse qui dure depuis plus de trois décennies, la salinité due en grande partie à la remontée de la nappe salée et l'envahissement de la flore aquatique souvent composée d'espèces halophytes (qui supportent la salinité). A ces contraintes s'ajoutent la perturbation du plan d'eau, initialement mis en place de façon naturelle, par le barrage de Diama et la baisse de la nappe qui fait suite au déficit hydrique noté depuis le début des années 1970. L'ouverture récente de la nouvelle embouchure sur la langue de Barbarie, qui, après le retrait des eaux de crue, favorise l'entrée brutale de la langue salée, est une autre raison qui pourrait expliquer la salinisation des eaux (figure n°4). Face à toutes ces contraintes, les eaux de surface sont devenues inutilisables pour la mise en valeur des terres de culture.

En hivernage, les apports pluviométriques et les eaux d'inondation des crues donnent l'aspect d'une zone complètement noyée. Pendant toute cette période, du mois d'août au mois d'octobre, presque toute la partie occidentale reste submergée par les eaux tandis que la partie orientale, domaine des dunes continentales est au dessus des eaux.

7 Avec un bassin versant de 335.000km2, dont 25.000km2 au Sénégal, le fleuve Sénégal comprend le haut bassin situé en amont de Bakel, la moyenne vallée de Bakel à Richard Toll et le Delta de Richard Toll à l'embouchure du fleuve.

26

Figure n°4 : Facteurs et effets de l'évolution de la salinisation des terres du Gandiolais et de

Toubé

Sécheresse
Barrage de Diama
Nouvelle embouchure

Rareté de l'eau douce

Salinisation progressive
des nappes et de la terre

Dégradation des terres de
culture et du couvert végétal

Crises socio-économique
et environnementale

 
 
 
 
 
 
 

1. Baisse de la

2. Surexploitation

3. Remontée

4. Abandon

production et

 

de la nappe d'eau

 

de la nappe

 

des terres de

des rendements

 

douce

 

d'eau salée

 

culture

Source : enquêtes personnelles 2005

C'est d'ailleurs cette partie continentale qui est mise en valeur par les agriculteurs durant la saison humide. Ces plans d'eau inondés pendant la période des hautes eaux disparaissent à la fin de l'hivernage, au fur et à mesure que l'on avance vers la saison sèche, du fait de l'intensité de l'évaporation. Excepté le Ngalam, source d'alimentation de l'actuel canal du Gandiolais et les eaux de crue du fleuve, la population agricole se contente, en saison sèche, des eaux de la nappe pour la production maraîchère.

27

2.2.2. Les eaux souterraines

Bien réparties et diversifiées, les eaux souterraines ont depuis longtemps fait l'objet d'une importante exploitation pour la satisfaction des besoins humains et animaux. On note la présence d'un nombre important de puits dans le Gandiolais et le Toubé. On compte jusqu'à 4 à 5 puits par exploitation maraîchère et environ 10 puits par ha à Ricotte, Mboumbaye et Mouit (enquêtes personnelles 2004). L'autre difficulté, c'est l'envahissement des puits par les eaux salées, qui fait suite à un pompage excessif. La conséquence est l'abandon de certaines terres agricoles (Cf. photo 1). Ainsi, la plupart des maraîchers de Mouit sont originaires de Ndiébène Gandiol ou de Ndiol Gandiol.

Photo n° 1: Les effets du sel sur les terres du Gandiolais

Parcelle de tomate dégradée par le sol

Puits abandonné

Source : Photo H. Gervais 2004

Près du littoral, les eaux souterraines se présentent sous forme de nappes de surface avec une profondeur de 0,5 à 2m. Tandis qu'à l'intérieur du continent, à l'Est de Ndiébène Toubé Wolof et de Ndiébène Toubé Peul, elles deviennent plus profondes et peuvent atteindre 15m.

Les puisards traditionnels deviennent nettement insuffisants. Pour avoir en permanence de l'eau douce dans les puits, la stratégie consiste à creuser plusieurs puits, ce qui constitue un risque d'affectation de la nappe à long terme. Tous les producteurs n'ont pas les moyens financiers pour creuser autant de puits dans une même parcelle de moins d'un hectare. Pour un seul puits de trois mètres en bon état, il faut 4 sacs de ciment à 3.000 francs le sac, 4 barres de fer à 1.000 francs la barre et payer aux maçons 2.000 francs pour chaque mètre creusé (résultats d'enquêtes 2004). Il faut au moins deux maçons pour forer un puits. Au total, pour un puits de 3 mètres, le propriétaire de la parcelle doit débourser au minimum 28.000 francs, sans compter la prise en charge des maçons durant tout le temps des travaux. Dans certains villages situés sur les dunes comme Toug Wolof, la profondeur d'un puits peut atteindre parfois 8m à 10m.

Durant les années 1970-1990, dans le cadre de ses interventions dans la zone du Gandiolais et de Toubé, l'organisation humanitaire CARITAS, ayant très tôt fait ce constat, avait établi l'optimum de 10 à 20 puits par hectare sur les champs où l'on développait la culture

28

de légumes. Une centaine de puits ont été forés et cimentés dans le Gandiolais et environ 2.000 puits dans l'ensemble de la communauté rurale (CARITAS, 2004 : 4). Ces puits, malgré leur large disponibilité, sont aujourd'hui dans leur grande majorité abandonnés car ils ont été installés sur des sites présentement envahis par le sel.

2.3. Le couvert végétal

Suivant la qualité des sols, les conditions climatiques et le micro-climat local, on observe dans le Gandiolais et le Toubé une couverture végétale diversifiée et adaptée à la sécheresse : de la végétation de type steppe arbustive avec une dominance des épines à une savane dégradée, on passe par endroit à une végétation forestière de type Niayes également dégradée. Dans cette zone du Gandiolais et de Toubé, on observe la présence d'une végétation halophyte, qui évolue de façon naturelle dans les aménagements agricoles abandonnés, en bordure des cuvettes et sur les bordures des aménagements actuelles. Elle compose plus de 80% de l'essentiel de la couverture végétale attestant le degré de salinité des terres. C'est une formation herbeuse qui présente un aspect très ouvert (enquêtes personnelles 2004).

Sur les différents types de sols identifiés dans le Gandiolais s'est fixée une végétation plus ou moins adaptée aux conditions climatiques du milieu8 :

- sur les dunes de sables vifs, on remarque une végétation constituée de Casuarina equisetifolia (Filao), plantée en haies vives pour fixer le sol, d'Euphorbia balsamifera (Salane en Wolof) ; cette espèce est repiquée en haie vive sous forme de brise-vent pour protéger les périmètres maraîchers de l'ensablement. Elle sert aussi à délimiter les cuvettes maraîchères, à clôturer les concessions et les enclos pour éviter la divagation des animaux. Il y a aussi sur ces dunes blanches l'Acacia radiana ou Acacia tortilus (Seng) qui sert de fourrage au bétail et l'Opuntia tuna (Garga mbocé), qui forme par endroit des peuplements très concentrés, fixant les dunes.

- sur les dunes jaunes, les espaces où se développe le Faidherbia albida (Kadd) sont très convoités par les agriculteurs parce qu'étant des sols très fertiles. Il fournit l'essentiel du fourrage pour le bétail en saison sèche. On observe sur ces terres la présence d'une végétation herbacée, caractérisée par une plante bien connue, le Cenchrus biflorus (Cram-cram).

- ailleurs, sur les dunes rouges, on trouve plusieurs espèces (l'Acacia nilotica (Neb neb), l'Acacia senegalensis (Werek), Adansonia digitata (Guy)) qui s'adaptent au milieu. (Voire en annexe 1 les espèces végétales rencontrées dans le Gandiolais et le Toubé).

8 Le 17 novembre 2004, nous nous sommes rendus sur le terrain avec M. Diatta Marone, ethnobotaniste. C'est lui qui nous a aidé à identifier l'ensemble des espèces végétales rencontré, leur nom scientifique et vernaculaire.

29

CHAPITRE II

Données socio-économiques et systèmes de production agricole dans le Gandiolais et le Toubé

1. L'environnent humain et le milieu agricole

Cette partie est consacrée à l'évolution démographique par rapport aux activités socio-économiques dans le Gandiolais. Les conditions climatiques, la dégradation du milieu physique, la mobilité démographique, la proximité de la ville de Saint Louis, sont entre autres les points sur lesquels se portera l'analyse.

1.1 Le peuplement

D'après les enquêtes effectuées dans la zone, l'histoire du peuplement remonte au XVIème siècle9. Le village de Gandiol semble exister 100 ans déjà avant la ville de Saint Louis. En reconstituant l'histoire, Gandiol a dû naître au milieu du XVIème. Les premiers habitants seraient originaires d'un bourg appelé Ndiol à Lampsar10. Ils furent les premiers à occuper la zone. Ils étaient des migrants saisonniers Peuls, Wolofs ou Mandingues qui venaient en saison sèche afin de faire paître leurs animaux et repartaient en début d'hivernage. Il s'agissait d'un groupement nomade qui combinait cultures et migrations pastorales. Ils suivaient leurs troupeaux suivant les saisons de l'année et y restaient pendant plusieurs mois comme éleveurs et agriculteurs avant de reprendre le chemin du retour. Leur sédentarisation fut provoquée par la perte des troupeaux.

Le premier village du Gandiol fut le village de Ndiol Gandiol créé par ceux de Ndiol Lampsar. Le nom Gandiol serait tiré du vocabulaire Wolof « Gaayi Ndiol »11, qui signifie littéralement en français « Les gars de Ndiol ». L'origine du mot « Gaayi Ndiol » semble confirmer que les premiers résidants étaient des Wolofs.

Traditionnellement on distingue dans le Gandiolais un certain nombre de groupes ethniques. Il s'agit des Wolofs, qui occupent tout le secteur de Toubé, des Peuls et des Maures. Avec le temps, ces groupes ethniques ont réussi à adopter un mode de vie quasi identique.

9 Entretiens du 18 mars 2004 avec Ablaye Diop, chef du village de Ndiébène Gandiol, 18 avril 2004 Madialé Ndiaye chef du village de Ndiol Gandiol et plusieurs autres sages du même village.

10 Lampsar est un village situé à l'extrême Nord-est de la communauté rurale de Gandon, dans la zone de Ndiawdoune. Il est en majorité peuplé de Peuls.

11 Idem, le 18 avril 2004.

30

1.2 La répartition spatiale de la population

Avec une superficie de 350km2, soit 65,2% de l'ensemble de la communauté rurale de Gandon (cf. carte n°3), la zone du Gandiolais et de Toubé semble être la plus peuplée de toute la communauté rurale. Au niveau de la maison communautaire de Gandon, il n'existe pas de données chiffrées et détaillées, mais suivant les résultats d'enquêtes, le secteur de Toubé regrouperait approximativement à lui seul, plus du quart de la population de la communauté rurale. Les deux secteurs réunis pourraient rassembler la moitié des habitants de la communauté rurale qui, en 2002, totalisait 44.000 habitants, soit une densité de 71 habitants au Km2.

Cette concentration de la population augmente au fur et à mesure qu'on va du Sud vers le Nord. Cette situation se justifie d'une part par l'enclavement de la partie Sud, malgré la place qu'y occupe le maraîchage, par sa vulnérabilité à l'envahissement des eaux de crue, et d'autre part par la proximité de la ville de Saint Louis qui offre des avantages aux populations de la partie Nord (petit commerce, métiers d'ouvrage et emploi de bonne ou domestique).

1.3 Composition et structure de la population

Il s'agira ici de faire une analyse sur l'organisation sociale de la population du Gandiolais et de Toubé, et le rythme actuel de son évolution démographique.

1.3.1 Composition

La communauté rurale de Gandon est caractérisée par sa diversité ethnique. On y trouve des Wolofs, qui composent l'essentiel de la population, des Peuls, des Maures, des Sérères, des Soninké. En 2002, les Wolofs représentaient 45% de la population totale. Les Peuls étaient estimés à 35%, les Maures 15%. Les autres ethnies représentaient 5%. Le Gandiolais semble présenter le même profil. Les principales ethnies rencontrées dans cette zone sont les Wolofs (78%), les Peuls 20% et les Maures 2% (figure 5). Les Wolofs s'installent sur l'ensemble de la zone, mais se regroupent davantage à l'intérieur du continent loin de la côte. Ils sont des agriculteurs et des ouvriers travaillant à la ville de Saint Louis. Quant aux Peuls, du fait de leur mobilité, on les retrouve sur presque toute la zone ; ce sont des agriculteurs et des éleveurs. Ils pratiquent en même temps le maraîchage et l'élevage extensif. S'agissant des Maures, ils se sont implantés sur les dunes jaunes et le littoral. Ils ont comme activité socio-économique le commerce, l'élevage de petits ruminants et de camelins et le maraîchage.

31

32

Figure 5 : Composition ethnique de la population dans la communauté rurale (en %, 2002)

? Répartition de la population au niveau de la communauté rurale de Gandon

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

Wolofs Peuls Maures Autres

45

35

15

5

? Répartition de la population au niveau du Gandiolais et du Toubé

40

80

70

60

50

30

20

10

0

Wolofs Peuls Maures

78

20

2

Source : Conseil rural de Gandon : Données 2002

1.3.2. Structure

La population du Gandiolais est caractérisée par une forte proportion de jeunes âgés de moins de 20 ans. Cette situation s'explique par l'émigration des jeunes actifs qui se dirigent vers les grandes villes à la recherche de meilleurs revenus. Les années de sécheresse ont entraîné une dégradation des sols et de la couverture végétale et ont suscité une migration de la population. Les Wolofs, en particulier, ont connu une vague d'émigration vers les grands centres urbains comme Saint Louis et Dakar, mais surtout vers l'étranger (Mauritanie, Gambie et en Europe)12. L'émigration vers l'étranger est un phénomène nouveau dans le Gandiolais. D'après les enquêtes effectuées dans la zone, certains jeunes ont migré vers l'Italie ou

12 Entretien du 19 mars avec Gougne, conseiller rural et notable à Gandiol. Dans le questionnaire également plusieurs personnes ont confirmé cette vague émigration des jeunes vers l'étranger.

33

l'Espagne. Les retombées économiques de l'émigration ne sont pas pour le moment visibles, mais les familles qui en bénéficient (2 à 3 familles par village) affirment être de plus en plus indépendantes des revenus agricoles. Par contre dans le Toubé, ce phénomène est connu depuis plusieurs dizaines d'années. Les retombées économiques de l'émigration se manifestent à travers des activités comme le transport. Beaucoup de jeunes émigrés s'investissent dans ce secteur.

2. Agriculture et autres activités génératrices de revenus

Dans le Gandiolais, comme dans l'ensemble de la communauté rurale de Gandon, la population agricole devance de loin les éleveurs. Au niveau de la communauté rurale, les agriculteurs représentent près de 65% de la population active contre 25% pour les éleveurs. Les pêcheurs comptent 5% des actifs. Quant au commerce, il représente un faible taux du pourcentage des actifs (3%).

Figure n°6 : Répartition de la population de la communauté rurale par secteur d'activité

Agriculteurs Eleveurs Pêcheurs Commerçants Autres

5% 3%2%

25%

65%

Source: D'après les données de la communauté rurale - 2004

La forte présence d'une population agricole (65%) sur une zone largement caractérisée par un déficit hydrique constant justifie le niveau de pauvreté. La population dépend pour l'essentiellement des revenus agricoles. Les autres secteurs d'activité (l'élevage, la pêche et le commerce) ne constituent, par rapport à l'agriculture, qu'une activité secondaire.

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2.1. L'agriculture

Le Gandiolais est une région fortement agricole. Il s'agit d'une agriculture largement tributaire des aléas climatiques. L'irrégularité spatio-temporelle de la pluviométrie a encouragé l'activité maraîchère au détriment des cultures sous pluies (cf. carte 4).

2.1.1. Les cultures sous pluies

Les cultures sous pluies sont peu développées dans le Gandiolais. Elles sont pratiquées dans le Dièri, c'est-à-dire la partie sablonneuse s'éloignant du fleuve, jamais atteinte par les crues. C'est une agriculture de subsistance. Les variétés choisies sont très limitées, en raison de l'incertitude sur le bilan hydrique. Les principales cultures sont par ordre d'importance : le niébé, le béref, l'arachide, le petit mil (ou souna) et le maïs.

Pendant l'hivernage de l'année 2004, l'Etat du Sénégal, à travers les communautés rurales, avait distribué des boutures de manioc à tous les paysans13. Il s'agissait pour ces derniers de l'intégration d'une nouvelle variété de culture sous pluie. Mais avec l'arrivée des criquets pèlerins, toutes les attentes ont été déçues. Déjà victimes d'un déficit hydrique intense et inhabituel en 2004 (130mm de pluies), les paysans Gandiolais ont vu les quelques produits de niébé, du mil et du manioc qui fleurissaient, dévastés par les criquets sous leur regard impuissant. La paille qui pouvait être vendue ou qui devait servir de fourrage pour le bétail n'a pas été également épargnée. Les récoltes ont été exceptionnellement faibles. De même, le maraîchage a dû subir un coup dur du péril acridien. Les pépinières qui ont été plantées à la fin de l'hivernage et qui devaient servir aux premières récoltes pour les maraîchers ont aussi été ravagées par les criquets pèlerins.

Les cultures sous pluies sont, dans le Gandiolais et le Toubé, victimes d'un déficit hydrique permanent. Même si depuis l'année 2002, les pluies tombent fin juin (cf. tableau 4), la probabilité des pluies précoces, dangereuses pour les premiers semis, est toujours grande. Les pluies ne s'installent officiellement qu'à la fin du mois de juillet et sont à nouveau incertaines à partir de la fin du mois de septembre. Si l'on ne tient pas compte de l'humidité résiduelle du sol, la véritable période de culture est restreinte à deux mois (août et septembre). Durant cet intervalle, de fortes pluies (des averses) peuvent saturer le sol, entraînant le ruissellement des eaux, provocant l'érosion des terres et l'inondation des routes et des pistes de production qui permettent d'accéder aux villages.

13 L'Etat du Sénégal avait décidé de développer la culture de manioc pour la saison 2004. De ce fait, il avait distribué sur l'ensemble du territoire des boutures de manioc aux paysans.

35

36

En plus du déficit pluviométrique chronique, les paysans rencontrent d'autres problèmes tels que le manque de semences et l'absence de crédits en engrais pour les cultures sous pluies. Pour des raisons liées à ces contraintes économiques, les paysans optent de plus en plus pour la culture de niébé et de béréf. Leurs semences coûtent moins cher. Les banques commerciales et les mutuelles ne sont pas disposées à prêter de l'argent, de la semence ou de l'engrais aux agriculteurs en saison des pluies. En prenant l'exemple sur les années passées où le volume pluviométrique est relativement faible, les mutuelles ne veulent prendre aucun risque en accordant des prêts aux paysans. Les récoltes sont maigres et les producteurs ne sont pas sûrs de pouvoir rembourser leur prêt à la fin de la saison. Et même avec un bon hivernage, les récoltes ne sont pas destinées à la vente. Il s'agit donc d'une agriculture de subsistance précaire.

2.1.2. Les cultures maraîchères

Les cultures maraîchères sont pratiquées un peu partout dans le Gandiolais et le Toubé, mais particulièrement sur le littoral. L'oignon, la tomate, la pomme de terre et les légumes (carotte, aubergine, patate douce, chou) constituent les principales spéculations avec une large dominance des oignons. Les trois quarts de la superficie des terres agricoles du Gandiolais sont occupés par l'oignon (cf. photos planche 1). Le maraîchage constitue la principale activité agricole à laquelle s'adonne l'ensemble de la population qui vit sur le littoral. Mais elle reste une activité qui bénéficie d'une faible ouverture sur les marchés de la ville de Saint Louis, à cause de la concurrence des produits de la zone périurbaine, de la Vallée et des produits importés. Au lieu de se lancer dans une véritable politique de diversification des produits maraîchers, les paysans se contentent des cultures traditionnellement pratiquées dans la zone depuis plusieurs décennies (la patate douce, la pomme de terre, la tomate). Ces produits rapportent peu et sont difficilement écoulés. Les partenaires au développement comme l'ANCAR ou la CARITAS, qui soutiennent les producteurs du Gandiolais, n'interviennent pas dans le circuit commercial. La vente est l'affaire personnelle du producteur. Les produits récoltés et destinés à la vente sur les marchés régionaux et nationaux se heurtent à la concurrence de ceux des régions les mieux adaptées à la production de masse : la Vallée de fleuve, le Saloum, la Casamance, etc., sans parler des produits d'importation (l'oignon Hollandais). Chaque année, l'Etat importe une importante quantité d'oignons. Dans le but de promouvoir la vente des produits locaux, en 2004, il avait décidée de réduire, voire même d'arrêter les importations à partir du mois d'avril. Ce choix n'encourage pas les producteurs surtout ceux du Gandiolais, car au mois d'avril, une bonne partie de l'oignon stocké serait déjà pourrie.

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Planche 1 : L'oignon constitue l'essentiel de la production maraîchère du Gandiolais

Photo 2 : Une parcelle d'oignon à maturité (3 mois 10 jours) à Mboumbaye Gandiol. L'arrosage manuel est l'unique système d'irrigation utilisé dans le Gandiolais.

Photo 3 : Une parcelle d'oignon de deux mois à Lahlar (Gadaga). Cette parcelle de plus d'un hectare est constituée par de petites planches de 50cm de long sur 25 à 30cm de large.

Photo 4 : Plusieurs hectares exploités à Dégou Niayes, l'unique variété trouvée sur les lieux est l'oignon rouge (ou « garmi »).

Clichés : P.D. Diop, juillet 2005

Les producteurs d'oignons avaient demandé à l'Etat d'arrêter ou de limiter les importations à partir du mois de février, mais sans succès.

Le concurrent le plus proche et le plus stable du Gandiolais sur les marchés urbains est la zone périurbaine. A Saint-Louis du Sénégal, l'agriculture urbaine est conçue par Bonnardel comme une activité à part entière. Son importance réside dans le fait qu'au-delà de l'alimentation des populations, elle assure une meilleure qualité de la vie urbaine. Dans la réserve maraîchère de Khor, les cultures produites sont généralement des légumes (carottes, choux, aubergines, etc.). A l'Est de la ville se trouvent les jardins et les vergers du village de Bango qui produisent d'importantes cultures maraîchères. Les grandes exploitations urbaines se retrouvent au niveau de ce village, où l'espace est plus disponible. Aujourd'hui, l'agriculture périurbaine dépasse même le cadre périphérique de la ville (Mangane, 2004 : 92). Les sites de production sont observables un peu partout dans la ville.

Tableau 6: Répartition des sites de production agricole dans la ville de Saint-Louis

Entités

Sites

Ile

Sud, Nord

Langue de Barbarie

Fasse Dièye, Hydrobase, Goxumbacc

Sor

Pikine, Diaminar, Medina Course, Leona,

Cité Niakh, Ndiolofène, Diamaguène,
Balacoss, Corniche, Darou

Péricentre communal

Sénéfou bougou, route de khor, Khor Usine, Cabane, Khar yalla

Kanda, barrage,

Source : Mangane 2004, d'après la D.R.D.R., Avril 1999, Saint-Louis

Les produits cultivés sont à caractère vivrier-marchand14. La demande en produit alimentaire dans la ville de Saint-Louis est très importante. La ville compte plusieurs marchés et les petits commerces se développent partout dans les coins de quartier. Reste donc de savoir si cette production périurbaine ne constitue t-elle pas un blocage pour l'écoulement des produits maraîchers du Gandiolais au niveau de la ville de Saint Louis.

38

14 Produits destinés à la consommation locale et à la commercialisation.

39

2.2. L'élevage et la pêche

Malgré l'importance de la population agricole dans la zone, le Gandiolais compte 30% du total de sa population active, qui s'identifie dans les secteurs de l'élevage et de la pêche.

2.2.1. L'élevage

L'élevage est le second secteur d'activité économique de la zone. Il mobilise 25% de la population active. C'est un élevage traditionnel extensif, dominé par les petits ruminants : les ovins et les caprins. L'élevage bovin, qui est une source reconnue de matière organique par son fumier, est faiblement représenté. Une des explications pourrait être le faible capital de fourrage, qui ne favorise pas l'alimentation du bétail dans le Gandiolais. A la place, les producteurs utilisent « le fumier des petits ruminants qui se décompose difficilement » (Diallo G.D., 1994 : 5). L'élevage est essentiellement pratiqué par les Peuls. Cependant, les Wolofs connaissaient depuis longtemps l'élevage de case qui se résume à quelques têtes, moins d'une dizaine par concession. Plusieurs concessions Wolofs peuvent réunir leur bétail, ovins en général, qu'ils confient à un éleveur Peul, moyennant une rémunération mensuelle de 125 francs par tête. L'élevage des autres espèces telles que les bovins et les camelins est en général sous la charge d'un membre de la famille. L'élevage Peul est conduit en hivernage par le berger vers des zones de pâture. En saison sèche, période pendant laquelle la couverture végétale se raréfie, le bétail pâture librement et crée le plus souvent des conflits entre éleveurs et maraîchers.

En plus des ovins et des caprins, on pratique dans la région l'élevage de bovins, d'équins, d'asins, de camelins et de volailles. L'élevage de volailles n'est pas très développé dans la zone, mais ces fientes pourraient accroître la production maraîchère.

Cependant, on note un certain recul de l'activité pastorale à cause de la sécheresse. C'est ainsi que les éleveurs font recours au pâturage aérien15. L'autre problème c'est la mise en culture des terres initialement réservées au pâturage à l'Est par les populations des villages de Ndiol Gandiol et de Ndiébène Gandiol, qui fuient la nappe d'eau salée.

15 Pâturage aérien : système qui consiste à couper les branches des arbres et arbustes pour pouvoir nourrir le bétail.

40

2.2.2 La pêche

Disposant d'une façade maritime et d'un fleuve qui la traverse sur toute sa longueur, le Gandiolais a toute la possibilité de pratiquer la pêche maritime et continentale. Mais, malgré cette large ouverture maritime et fluviale, la pêche reste une activité négligée. Elle n'est pratiquée que par une faible proportion de la population active (5%). Excepté quelques villages (Mouit, Tassinère, Ndiol Gandiol, Gueumbeul) qui s'adonnent occasionnellement à la pêche, cette activité n'est pratiquée que par la population de la langue de Barbarie (un quartier de la ville de Saint Louis situé à l'ouest du Gandiolais sur l'autre rive du fleuve).

2.3. Le commerce et l'exploitation du sel

Avec seulement près de 5% sur l'ensemble de la population active, le commerce et l'exploitation du sel sont les deux secteurs les plus délaissés par les jeunes de la localité. Le commerce est surtout pratiqué par les Maures et l'exploitation du sel uniquement par les femmes.

2.3.1 Le commerce

Il s'agit de l'activité socio-économique qui enregistre la plus faible proportion de la population active (3%). Hormis quelques boutiques ouvertes par des G.I.E. et gérées par des locaux, le commerce est seulement assuré par les Maures et quelques bana-banas (marchands ambulants). Ceux-ci achètent et revendent les produits du maraîchage. Souvent ces bana-banas sont des maraîchers plus aisés qui se transforment momentanément en marchands. Cette technique qui leurs permet d'être à la fois des maraîchers et des marchands, leurs permet aussi d'avoir le contrôle sur la vente. La technique est la suivante : en début de saison sèche, les bana-banas livrent des intrants à crédit aux maraîchers les moins aisés. Pendant la période de la vente, ils achètent les produits de récolte à ces derniers, en y retranchant la valeur des produits prêtés en début de saison. Ce retrait peut se faire soit en espèce soit en nature. Quel que soit le mode de retrait (espèce ou nature), le maraîcher est dépendant du client. Le bana-bana impose au maraîcher un faible prix (150 à 170f le kg d'oignon quand le marché n'est pas saturé). Lorsque le produit est en abondance sur les marchés, le bana-bana peut proposer au maraîcher jusqu'à 80f le kg. Ce dernier, déjà endettés, est parfois contraint de vendre le produit à bas prix pour ne pas laisser l'oignon pourrir entre ses mains. L'oignon est une variété qui ne supporte pas longtemps le stockage sous le chaud soleil et à l'air libre comme c'est le cas dans le Gandiolais (cf. photo 5).

Photo 5 : Mode de conservation de l'oignon à Gandiol

41

Cliché : P. D. Diop, juillet 2005 à Ricotte

Plus d'une dizaine de tonnes d'oignons stockés à l'air libre, sous le soleil par les maraîchers, attendant les éventuels clients (bana-bana)

Parallèlement, le maraîcher non endetté peut vendre son produit jusqu'à 220f le kg. L'ouverture annoncée par la communauté rurale de Gandon d'un marché hebdomadaire au croisement Méridien sur une superficie de 10 hectares pourrait mettre fin à ce monopôle du commerce local à l'intérieur de Gandiol. Le croisement Méridien est situé sur la route de Dakar. Il constitue un carrefour entre Saint Louis, Gandiol et Toubé. Ce futur marché hebdomadaire fera face à l'ancien hôtel Méridien, aujourd'hui appelé hôtel Mame Coumba Bang. Ce marché, par sa position géographique et stratégique, pourra devenir un pôle d'affluence de foules venues de toute la région de Saint Louis. Il aura également à jouer un grand rôle dans le dynamisme et le développement économique de la communauté rurale de Gandon.

2.3.2. L'exploitation de sel

Contrairement aux autres activités socio-économiques de plein-temps, l'extraction du sel dans le Gandiolais, particulièrement réservée aux femmes, est une activité à temps partiel. Le mode d'exploitation est artisanal et le sel est tiré des marais (voir El M. Thioune, mémoire de maîtrise en cours). Un sac de sel de 50kg se vend entre 1.250 francs et 2.000 francs suivant les périodes de l'année. S'ajoute à ces mares le marigot de Ngaye Ngaye (Ndiëgueur) qui est un défluent du fleuve Sénégal. Contrairement aux mares de Gandiol qui tirent leur sel du sous-sol, le sel de Ndiëgeur est lié aux crues du fleuve. A la fin du trait des eaux de crue, la population locale piège les dernières quantités d'eau. Cette quantité d'eau piégée, après évaporation, laissera sur place du sel. La vente du sel, qui a lieu en période de soudure, constitue une autre source de revenus durant cette période.

42

Conclusion de la première partie

Le Gandiolais est un écosystème spécifique constitué de dunes et de dépressions. Il bénéficie, sur le littoral, d'un micro climat influencé par l'alizé maritime. La zone est particulièrement caractérisée par ses conditions hydriques et édaphiques qui lui confèrent sa particularité maraîchère. Mais les remontées salines enregistrées depuis les années 1970, qui coïncident avec le début d'un cycle de sécheresse persistante, entraînent une dégradation progressive de l'environnement naturel et des activités économiques, particulièrement l'agriculture. Le Gandiolais et le Toubé, longtemps confrontés à d'énormes difficultés liés à ces contraintes physiques, souffrent aujourd'hui d'autres difficultés socio-économiques. Le maraîchage, principale activité agricole menacé par la dégradation des eaux et des terres, est de plus en plus confronté à un problème de débouchés pour l'écoulement de ses produits.

43

Deuxième partie

*******

Facteurs explicatifs de l'évolution et des

contraintes du système de productions

agricoles dans le Gandiolais et le Toubé

44

CHAPITRE I

Dynamique des systèmes de production dans le Gandiolais et le Toubé

1. Analyse de l'évolution de la production agricole

Cette analyse sera axée sur les pratiques culturales adoptées par les populations. Il s'agira de faire l'étude du foncier, les méthodes de fertilisation des terres et les systèmes d'irrigation adaptés aux conditions du milieu.

1.1. Le régime foncier

1.1.1. L'accès à la terre

Dans les Niayes, notamment dans la zone du Gandiolais, les terres sont régies par la loi 64-46 du 27 juin 1964 sur le domaine national. Conformément à la loi, le conseil rural demeure seul détenteur des compétences en matière d'affectation et de désaffectation foncières. Depuis l'entrée en vigueur de cette loi, les terres qui ne sont pas immatriculées sont placées sous la propriété de l'Etat. Cette loi stipule que « la terre ne peut être l'objet de droit de succession ». C'est ainsi que la plupart des terres de la communauté rurale de Gandon sont sous l'autorité étatique. Sur l'ensemble de la communauté rurale comme partout dans le pays, l'Etat a affirmé un droit de propriété ou de tutelle sur les ressources foncières ou sur une grande partie d'entre elles. Cette affirmation lui permet de se réclamer propriétaire des terres agricoles. Mais dans cette zone, cette loi trouve ses limites dans son application effective. Au niveau de la communauté rurale, l'attribution des terres se fait de façon arbitraire. La commission domaniale et la communauté rurale en général, regroupent pour l'essentiel des conseillers non alphabétisés. Sur les 32 conseillers que comptait la communauté rurale de Gandon avant l'année 2002, un seul avait le niveau universitaire et cinq avaient le niveau secondaire. Trois autres n'avaient subi que l'enseignement secondaire. Les 23 conseillers restant n'avaient aucune formation scolaire (cf. Tableau 7). Près de 88% des conseillers sont des Wolofs, 9% sont des Peuls et 3% des Sérères (secteur de Ndiawdoune). Les conseillers sont âgés entre 30 ans et 70 ans. Les 19% sont âgés de plus de 40 ans dont une femme.

45

Tableau 7 : Présentation des conseillers ruraux de la communauté rurale de Gandon

Nombre

Alphabétisés en :

Niveau d'étude

%

01

Français

universitaire

03

05

Français

secondaire

16

03

Français

C.E.P.E.16

09

09

Wolof

- - -

28

05

Pular

- - -

16

09

Non alphabétisés

- - -

28

Source : P.L.D de la communauté rurale de Gandon, 2001

Les conseillers qui s'occupent de la question foncière ont une connaissance limitée sur les responsabilités qui leur sont confiées. Depuis la mise en place du nouveau conseil rural en mai 2002, on assiste à une « ré-appropriation » des terres. Certaines familles se voient déposséder de leurs terres « héritées » ou qui leurs étaient attribuées par le conseil rural avant mai 2002, au profit d'une communauté étrangère à la localité. Les raisons avancées sont entre autre « tous les terrains non viabilisés, pendant quatre ans après leur attribution, doivent être dépossédés de leurs propriétaires et réaffectés à d'autres personnes»17. C'est ainsi que ceux qui se sentent menacés d'une probable désaffectation tentent de mettre en valeur leur parcelle en la clôturant avec des haies vives, une façon de la légitimer. En effet, plus de 80% des personnes enquêtés dans le Gandiolais estiment être les propriétaires des parcelles exploitées. De cette portion, 90% auraient acquis leur parcelle léguée par leurs grands parents ou arrières grands-parents (figure n°7). Les 10% restant l'auraient acquis par achat. La plupart de la population qui aurait acheté leur parcelle, affirme l'avoir revendu à des « étrangers »18. Des terrains de 400m2 (20m/20m) ont été revendus entre 150.000f et 400.000f19.

16 Certificat d'Etude Primaire Elémentaire

17 Entretien du 17 mars 2005 à Gandon avec Assane Wade, conseiller rural, chargée de la question foncière au niveau de la communauté rurale.

18 En fait, des personnes qui ne sont pas originaires de la communauté rurale de Gandon. La plupart viennent de la ville de Saint Louis.

19 Entretien avec quelques vendeurs de terrains à Ngaye Ngaye, le 25 août 2004.

46

Figure n°7 : Occupation traditionnelle des terres de culture dans le Gandiolais et Toubé

 
 

parcelles héritées

parcelles achetées

90%

 

Source : enquêtes personnelles 2004

Sur ces terres, on rencontre également des exploitants qui viennent d'autres secteurs et à qui, on a prêté ou loué une parcelle à cultiver. Des pratiques de locations ou de ventes sont très fréquentes du fait du contexte économique et social de la population locale. Dans cette zone plus de 95% de la population vivent en dessous de leurs moyens. Ainsi, certains parents vendent une ou des parcelles appartenant à leurs fils ou neveux pour pouvoir survivre. Cette pratique est très fréquente dans le secteur de Toubé.

1.1.2. Contraintes liées à l'accès à la terre

La gestion et l'attribution des terres de culture dans la communauté rurale de Gandon se heurtent, le plus souvent, à des contraintes d'ordre institutionnelles et sociales. Les contraintes institutionnelles sont en grande partie liées à l'imprécision des limites territoriales entre la commune de Saint Louis et la communauté rurale de Gandon. La communauté rurale de Gandon, à l'image des autres communautés rurales, a été créée en 1972, dans le cadre de la décentralisation. Cette création fait suite à la volonté de l'Etat d'introduire la décentralisation dans les campagnes. Avec la réforme de 1996, l'Etat a transféré neuf domaines de compétences20 aux collectivités locales en vue de pouvoir apporter une réponse plus satisfaisante aux préoccupations des populations. Cette réforme définit la communauté rurale comme un terroir constitué « d'un certain nombre de villages unis par une solidarité résultant notamment du voisinage, possédant des intérêts communs et capables ensemble de trouver les ressources nécessaires à leur développement » (article 192 de la loi n°96-06). Mais ce que l'Etat a oublié de préciser, c'est la délimitation territoriale définitive des communes et communautés

20 1- La gestion et l'utilisation du domaine privé de l'Etat, du domaine public et du domaine national ; 2-l'environnement et la gestion des ressources naturelles ; 3- la santé, la population et l'action sociale ; 4- la jeunesse, les sports et les loisirs ; 5- la culture ; 6- l'éducation, l'alphabétisation, la promotion des langues nationales et la formation professionnelle ; 7- la planification ; 8- l'aménagement du territoire ; 9- l'urbanisme et l'habitat.

47

rurales. Cette imprécision est aujourd'hui source de rivalité entre commune et communauté rurale ou entre deux communautés rurales. Le cas de la commune de Saint Louis et de la communauté rurale de Gandon est illustratif. « Ces deux entités entretiennent des rapports plutôt conflictuels, et ce depuis les années 80, date de création de la communauté rurale de Gandon » (Rigod M., 2004 : 121). Les conflits portent pour l'essentiel sur le foncier et les enjeux financiers, puisque les terres que réclame la commune de Saint Louis ont un intérêt fiscal. Les litiges fonciers ne datent pas d'aujourd'hui. « La commune de Saint Louis s'est opposée en maintes occasions à la communauté rurale de Gandon (implantation de l'université, contrôle des espaces touristiques de la Langue de Barbarie ou des rives du fleuve) » (Magrin, 2003 :13). Elle percevait jusqu'en 2002 les taxes foncières et professionnelles des hôteliers qui reviendraient de droit à Gandon. En plus, Saint Louis s'était octroyé pendant toutes ces années la partie du cordon littoral qui concentre d'importantes infrastructures touristiques de la Langue de Barbarie. La commune de Saint Louis qui se trouve entre l'océan atlantique et la communauté rurale de Gandon fait face à un manque cruel de ressources foncières. Elle est victime d'une importante croissance démographique. Aujourd'hui, par le principe de « l'intercommunalité » (Magrin, 2003 : 11), elle cherche à créer une coopération commune avec Gandon ; une coopération allant dans le sens de « former une "communauté urbaine" » avec la communauté rurale (Rigod, 2004 : 121).

1.2. Les pratiques culturales

Il s'agit dans cette partie de décrire les techniques culturales utilisées dans le Gandiolais. L'analyse sera axée sur les techniques de fertilisation et celles d'irrigation.

1.2.1. Méthodes de fertilisation des terres agricoles

Le Gandiolais est caractérisé par une multitude de méthodes culturales adaptées au milieu. Il s'agit d'un système rotatif de gestion des terres agricoles, qui permet de conserver la fertilité des sols et de limiter en même temps l'ensablement des cuvettes maraîchères. Il permet également de faire plusieurs récoltes dans l'année. D'après les enquêtes effectuées dans le Gandiolais et le Toubé, les modes de gestion des terres varient en fonction des besoins socio-économiques de la population. Il ressort de ces enquêtes que les méthodes de fertilisation utilisées par les paysans sont beaucoup plus fréquentes en saison sèche (maraîchage) qu'en saison des pluies. Le tableau suivant montre le pourcentage de la population agricole, toute saison confondue, qui pratique la fertilisation des terres.

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Figure n°8 : Proportion des exploitations du Gandiolais et de Toubé qui utilisent les techniques de maintien de la fertilité des sols (en %)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Source : enquêtes personnelles (2004)

L'analyse du tableau montre l'évolution des pratiques agricoles de gestion de la fertilité des terres dans le Gandiolais et le Toubé. Ces pourcentages tiennent en compte les cultures sous pluies et le maraîchage.

1.2.1.1. La rotation des cultures

Elle est très répandue dans le Gandiolais. Elle consiste à ne pas pratiquer la culture d'une même spéculation de façon successive sur la même parcelle. Dans cette zone, plusieurs variétés sont mises au point, suivant un calendrier d'occupation des sols qui s'échelonne sur les deux saisons de l'année. Entre le mois de novembre et le mois de juillet, les producteurs maraîchers utilisent plusieurs variétés, allant de l'oignon à la tomate en passant par la patate douce, la carotte, etc. Cependant, l'oignon reste la principale variété pouvant être cultivée pendant toute l'année. A la suite des enquêtes menées et des entretiens tenus avec les personnes ressources, les maraîchers du Gandiolais peuvent avoir deux à trois récoltes par année avec la seule variété d'oignon, entre le mois de novembre de l'année en cours et le mois d'octobre de l'année suivante. En saison froide les maraîchers Gandiolais cultivent l'oignon entre novembre et février. La variété utilisée durant cette période est appelée « gagne mbaye ». Cette variété ne résiste pas à la chaleur et pourrit rapidement. C'est pour cette raison qu'elle n'est pratiquée qu'en saison froide en même temps que les légumes (carotte, chou, navet). Entre mars et juin, une autre variété appelée « garmi » est cultivée. Celle-ci est moins fragile que la variété

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« gagne mbaye » et plus facile à écouler. Cette période correspond également dans le Gandiolais à la culture de la tomate. A partir du mois de juillet jusqu'au mois d'octobre, hormis quelques rares parcelles d'oignons, ces mêmes producteurs pratiquent sur les mêmes parcelles la culture de niébé, du béréf, du petit mil. La rotation des cultures, utilisée par 50% des maraîchers du Gandiolais, contribue à lutter contre la baisse de la fertilité des sols et le parasitisme. Par exemple, les parasites qui attaquent les cultures de patate sont inefficaces contre d'autres types de cultures de contre saison tels que le béréf, l'aubergine. Elle permet aussi aux sols de se reposer par l'alternance des espèces exigeantes (la pomme de terre) et des espèces moins exigeantes (béref, niébé).

En revanche, la rotation des cultures peut constituer un danger à long terme pour les sols. Les terres du Gandiolais sont fortement affectées par la remontée du sel. Une exploitation régulière, 12 mois sur 12, pendant trois années de suite au minimum, leur fait perdre leur fertilité. Cette intensification de la culture sur les mêmes parcelles, ajoutée à la volonté de produire un peu plus chaque année, provoque la baisse de la fertilité des sols. Le plus souvent, les propriétaires des parcelles pratiquent cette méthode qui consiste à récolter plusieurs fois dans l'année et ceci pendant trois ans de suite, avant la jachère enherbée. Celle-ci se fait en compromis entre le paysan et l'éleveur. Le paysan invite l'éleveur à introduire son bétail dans la parcelle laissée au repos. Ce système permet au paysan d'enrichir ses terres par la fumure animale déposée dans le champ par le troupeau. En même temps, le bétail se nourrit de l'herbe dans la parcelle. Au lieu de se faire par le repos, la terre s'améliore ainsi grâce à l'action de certaines plantes qui s'y évoluent de façon naturelle et d'une fumure accrue

1.2.1.2 L'utilisation de l'engrais

Les engrais apportent aux plantes cultivées des éléments qu'elles ne trouvent pas dans le sol en quantité suffisante et qui améliorent les conditions de leur nutrition et de leur croissance. On distingue les engrais organiques, comme le fumier et les engrais minéraux ou chimiques, produits par l'industrie.

1.2.1.2.1 L'engrais organique (ou la fumure animale)

La fumure animale est pratiquement utilisée par tous les agriculteurs du Gandiolais (100%). Elle est utilisée en toute saison. Le système de fertilisation consiste à distribuer la fumure sur les parcelles avant toute nouvelle mise en culture (voir photo 6). Les producteurs, dont la plupart ne sont pas de grands éleveurs, tirent l'essentiel de l'engrais organique utilisé des achats. Dans plusieurs villages enquêtés, il arrive parfois qu'un maraîcher dépense jusqu'à

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30.000 francs pour couvrir en fumier une parcelle d'un hectare. La vente se fait selon les besoins du paysan, en gros et en détail. Pour la vente en détail, le prix d'un sac de 50kg varie moyenne entre 250 francs en saison des pluies et 400 francs en saison sèche. La fumure étant achetée dans les villages des éleveurs Peuls, doit être transportée vers les champs par des charrettes. Le producteur paye 150 francs par sac entre les lieux de vente et le champ. S'il s'agit de la vente en gros, la charge d'une charrette (20 sacs de 50kg) varie de 7.500 francs à 10.000f ; dans ce cas, le vendeur assure lui-même le transport.

Photo n°6 : Quelques sacs de fumure animale déjà achetés pour la saison des pluies

Sacs de 50 kg de fumure animale

Méthode de fertilisation avec la fumure animale.

Cliché : P. D. Diop, mai 2005 à Ndiol Gandiol

Les producteurs agricoles du Gandiolais, n'étant pas de grands éleveurs, font plusieurs kilomètres pour trouver la fumure animale dans les villages Peuls situés à l'Est.

Les éleveurs interrogés sur cette question attestent que la vente s'effectue en grandes quantités durant la saison sèche. Il leurs arrive même de lier des contrats de vente avec les maraîchers. Certains maraîchers par exemple, demandent au préalable à l'éleveur qui a l'habitude de leur fournir du fumier d'en leur faire des réserves. A.B.21 affirme avoir vendu en 2004 plus d'une dizaine de charrettes chargées en fumier animal aux maraîchers du Gandiolais. Il dit avoir gagné de cette vente prés de 100.000f. Cet argent lui a permis de faire du petit maraîchage derrière sa concession. En début de saison sèche, la demande de fumure est très élevée. Certains paysans sont obligés d'aller acheter le produit jusqu'aux villages de Pélour, Gantour, Kalassane, Rao Peul, situés à l'Est de Gandiol. Ils sont du secteur de Rao. Le village de Pélour est à 8 km de Ricotte ; il est le village le plus proche de Gandiol parmi les fournisseurs en fumure organique. Les fientes de volailles ne sont utilisées que par les gros producteurs. Leurs coûts sont élevés et elles sont faiblement disponibles dans la zone. Le prix d'un sac de 50kg revient à 3.000 francs.

21 Entretien du 20 avril avec Aliou Bâ (éleveur). Il est le frère cadet du chef de village de Pélour 1

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1.2.1.2.2. L'engrais chimique

Les engrais chimiques fournissent aux sols beaucoup d'éléments fertilisants. Leur utilisation permet d'obtenir de bons rendements. En raison de l'irrégularité de la pluviométrie en hivernage, cet engrais n'est utilisé que par les producteurs maraîchers. Plus de 60% des maraîchers l'utilisent dans leur parcelle. Face à la cherté des prix et la baisse de la fertilité des sols, les producteurs du Gandiolais utilisent plusieurs variétés d'engrais chimique, parfois même celles qui ne sont pas tout à fait adaptées à la culture mise en place. En général, les variétés les plus répandues dans la zone sont l'engrais « alam » (ou sucre) de couleur toute blanche et l'engrais « sawagne » (appellation de la population locale). L'engrais « sawagne » (ou « fondé ») présente une couleur jaunâtre, proche du blanc et plus ou moins grise. Mais la variété la plus accessible par son prix est l'engrais « uré ». Cette variété est également de couleur toute blanche. Le sac de 50kg coûte 10.000f. Cet engrais devrait être utilisé dans les parcelles de culture de navet et de chou, mais faute de moyens financiers, les maraîchers l'utilisent pour les plantations d'oignon. Les maraîchers utilisent l'engrais « uré » une fois par semaine pendant deux mois 15 jours après les semis des pépinières. L'engrais « sawagne » vient à partir de cette date et est utilisé deux fois avant la récolte avec 10 jours d'intervalle22. Les autres variétés, notamment l'engrais « alam » et le « sawagne », coûtent respectivement 10.500 francs et 11.000 francs le sac de 50kg. Au détail, le kilogramme d'engrais revient à 250 francs au maraîcher. Pour une parcelle de 1.500 planches, il faut environ 40 kg de « uré » et 25 kg de « sawagne ». Alors que pour une autre de 900 cuvettes, il faut 25 kg d' « uré » et 15 kg de « sawagne ». Pour les producteurs à faible revenu, le mode d'acquisition se fait par crédit.

Dans presque tous les villages enquêtés, on constate une quasi absence de mouvements coopératifs dans la zone. Ce manque d'organisation empêche les producteurs d'accéder aux crédits puisqu'ils n'ont pas de garantie valable pour en pouvoir bénéficier. Ainsi, ils se rapprochent des quatre mutuelles des communautés rurales de Mpal et de Gandon (deux mutuelles à Mpal, une à Rao et une à Mboumbaye) pour un éventuel accord de crédit.

La mutuelle de Mboumbaye (voir photo 7) est l'une des quatre mutuelles accessibles aux producteurs. Jusqu'en 2002, les villages du Gandiolais et de Toubé se rapprochaient des mutuelles de Mpal pour décrocher un prêt. Celle de Mboumbaye créée en 2003 par les populations du Gandiolais, couvre aujourd'hui l'ensemble des villages de Gandiol, de Fass Dièye à Lahlar (cf. carte 5). Son objectif est de relancer le développement des activités socio-économiques des villages concernés. Pour y parvenir, la mutuelle a engagé deux permanents :

22 Entretien avec quelques sourgha, le 25 juin 2004 à Lahlar, Mboumbaye et Dégou Niayes.

52

Photo n°7 : Mutuelle d'épargne et de crédit du Gandiol

Cliché : P. D. Diop, mai 2005 à Mboumbaye Gandiol

La mutuelle de Mboumbaye est la seule existante dans la zone du Gandiolais et de Toubé. En 2004, elle a financé plusieurs producteurs (agriculteur, éleveur, commerçant, artisan et pêcheur) de 14 villages différents. Pour l'année 2005, la mutuelle espère financer plus de 40 producteurs.

une gérante et une caissière. La première, originaire de Saint Louis reçoit les demandes de financement et la seconde, qui habite à Mouit Gandiol contrôle les fonds. Elles perçoivent respectivement 149.000 et 70.000f par mois. Pour adhérer dans cette mutuelle, le paysan doit acheter un carnet d'adhésion à 6.000f. Dès sa création, la mutuelle de Mboumbaye a enregistré 1.000 adhérés, soit 6 millions de francs. En 2004, la mutuelle bénéficie, auprès de ses uniques partenaires d'origine Belge, d'un premier financement de 50 millions de francs qui lui avait permis de couvrir 14 villages23. En 2005, les mêmes partenaires leurs octroient un autre financement de 60 millions. Pour bénéficier des prêts de la mutuelle, le producteur doit être en règle avec la mutuelle ; c'est-à-dire être un adhérent et ne pas avoir d'arriérés avec elle. Le client doit également verser une somme de 1.000f dans la caisse de roulement de la mutuelle et y ouvrir un compte, qui lui permet de bénéficier d'un prêt. Le montant du prêt est lié au mouvement du compte du client. Autrement dit, le client est tenu de verser régulièrement sur son compte, puisque la régularité de ses versements permettra de déterminer le montant qui pourra lui être alloué. Le système de prêt n'encourage pas les petits paysans qui jugent ces conditions très lourdes. Le système fonctionne comme suit : pour un prêt de 250.000f, le paysan fait un apport de 50.000f. Après la récolte, il rembourse 275.000f. Pour un prêt de 500.000f, le bénéficier doit également faire au préalable un apport de 100.000f. Il paye après la vente de ses récoltes 550.000f. Le délai accordé au paysan pour le remboursement de la dette est de 9 mois. La mutuelle accorde également des crédits aux commerçants pour un délai d'un mois.

23 Entretien avec Magatte Diop, vice-président de la mutuelle de Mboumbaye, le 02 juillet 2005.

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Les prêts accordés aux éleveurs sont remboursables en 6 mois et en 2 mois pour les artisans. Quant aux pêcheurs, la mutuelle les accorde un délai de 8 à 10 mois. Le client qui ne parvient pas à rembourser entièrement son crédit ne pourra pas bénéficier d'un autre prêt. En 2004, O. B24 déclare avoir contracté un prêt de 500.000f pour sa parcelle d'oignon. Après la vente des produits récoltés, il n'a pu collecter que 300.000f. C'est ainsi qu'il n'a pas pu bénéficier d'un prêt pour l'année 2005.

La mutuelle n'arrive pas à satisfaire l'ensemble des demandes de ses clients. Elle finance par lots de 40 personnes. Cette année 2005, elle espère pouvoir financer 2 lots, soit 80 producteurs (tout secteur confondu). Cette part est très faible, moins de 10% de l'ensemble des adhérents ; mais pour les responsables de la mutuelle du Gandiolais, cela s'explique par sa création récente. Elle est à son deuxième financement, intervient dans plusieurs secteurs et couvre déjà les besoins de 10% des ses membres.

1.2.1.3. Les produits phytosanitaires

L'introduction des pesticides dans le maraîchage contribue à l'amélioration de la productivité agricole. Elle permet d'accéder à des rendements satisfaisants, mais elle suscite de nombreuses inquiétudes liées notamment à la santé et à la pollution des sols et des eaux. De la pépinière à la récolte, les cultures sont menacées par des agents pathogènes et des ravageurs. Pour lutter contre ces agents nuisibles, les maraîchers du Gandiolais utilisent la lutte chimique, souvent dangereuse pour leur état de santé (cf. photo 8).

Photo n°8 : Méthode d'utilisation des produits phytosanitaires dans le Gandiolais

Une parcelle d'oignon de 1152 pieds

Une pompe d'une capacité de 20 litres sert à traiter les plantes

Cliché : P. D. Diop, juillet 2005 à Lahlar (Gadaga)

Les sourgha qui, le plus souvent se chargent du traitement chimique des plantations, utilisent le produit sans masque de protection, ni gants avec des modes d'utilisation non maîtrisés.

24 Entretien du 21 juillet 2004 avec Ousmane Bâ producteur maraîcher à Dégou Niayes.

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Les produits phytosanitaires sont vendus dans l'informel et utilisés sans aucune maîtrise technique. Ils sont utilisés par plus de 50% des maraîchers du Gandiolais de façon abusive et désordonnée. Le produit est vendu localement aux maraîchers par les bana-banas, sous forme de crédit, à 7.500 le litre. Les maraîchers, dont la plupart sont des analphabètes, ignorent en effet totalement les conditions de sécurité et les modes d'emploi. Ils dépassent parfois largement le dosage recommandé. Pour traiter leur parcelle, les maraîchers du Gandiolais mesure la quantité de produit à utiliser sur les bouchons de bouteilles d'un litre. Par exemple, pour 20 litres d'eau, le maraîcher utilise une quantité de pesticide, égale à trois bouchons. Pour couvrir toute une parcelle d'oignon de 1.500 cuvettes, il utilise 9 bouchons, soit 60 litres d'eau. Par contre, certains maraîchers dépassent largement cette dose et utilisent un litre de produit chimique pour une parcelle de 900 cuvettes. L.M.25 déclare avoir utilisé 1 litre et demi pour sa parcelle d'oignon de 1.152 cuvettes. Lors des traitements phytosanitaires, une bonne partie des pesticides se dépose sur le sol pouvant entraîner une pollution de la nappe et probablement celle des eaux. La contamination de l'eau constitue un risque sur la santé humaine et animale. Pour pouvoir mesurer l'effet des pesticides sur l'homme et son environnement, il est indispensable d'instaurer un système d'information destiné aux producteurs du Gandiolais.

1.2.1.4. La jachère

La jachère est définie comme « une partie du finage laissée chaque année en repos (...). Elle a le double résultat d'améliorer la qualité de la terre, de la nettoyer, et de permettre de nourrir d'un plus grand troupeau » (Lebeau, 2000 : 49). La jachère concerne les terres non cultivées temporairement. C'est une technique qui consiste à laisser la terre au repos pendant quelques temps pour permettre la reconstitution de la fertilité du sol. Comme l'humus n'est pas abondant sur les terres du Gandiolais et que celles-ci, largement surexploitées, concentrent des taux de salinité de plus en plus élevés, le propriétaire laisse les troupeaux séjourner sur le champ durant toute cette période, une façon de fumer le sol autant que possible.

Dans les villages enquêtés, seuls 30% des paysans, particulièrement des maraîchers, utilisent la jachère comme technique de fertilisation. Plus de 70% des propriétaires de champs ne pratiquent pas cette méthode, malgré la disponibilité des terres de culture. Ce sont le plus souvent des producteurs qui dépendent essentiellement de l'agriculture, particulièrement le maraîchage. La plupart d'entre eux ne dispose que de petites parcelles qui ne dépassent pas 1ha et n'ont que la terre comme source de revenu. A la place de la jachère, ils utilisent, soit la

25 Lamine Mané est un sourgha qui vient de la Gambie. Nous l'avons rencontré à Lahlar le 02 juillet 2005 (voir photo 12).

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fumure animale après les récoltes, soit ils augmentent le dosage de l'engrais chimique.

Pour les 30% qui utilise la jachère, la mise au repos des sols est liée à des contraintes financières (manque de semences, d'engrais, de pesticides ou de matériels agricoles). Dans le secteur de Toubé, où l'hivernage reste la principale saison agricole, les irrégularités du régime pluviométrique font que la plupart des parcelles ne sont pas mises en valeur.

1.2.2. Méthodes d'irrigation

1.2.2.1 L'arrosage

L'arrosage manuel constitue l'unique système d'irrigation dans le Gandiolais. C'est une technique rudimentaire. Le matériel est constitué de deux seaux d'environ 10 litres chacun, d'une corde adaptée à la longueur du puits le plus profond (voir photo 9 planche 2). Les plantes sont repiquées sur de petites cuvettes aménagées par le maraîcher, appelées aussi assiettes. Celles-ci sont agencées en forme de damier et peuvent mesurer 50 cm de long sur 20 à 25 cm de large. Entre chaque deux colonnes, il y a une issue qui permet au maraîcher de circuler librement entre les assiettes. Une parcelle aménagée en petites cuvettes peut parfois mesurer 100 m2 ou plus. Certaines cuvettes peuvent prendre 2 seaux d'eau, ou 3 seaux pour 2 cuvettes. Les plantes doivent être arrosées chaque jour pendant au moins trois mois. Sur une parcelle d'oignons, on peut compter jusqu'à 900 assiettes au minimum. Le maraîcher ou son employé doit faire la distance entre le puits et les cuvettes autant de fois qu'il y en aura dans la parcelle. Certaines assiettes se trouvent juste à côté du puits, d'autres peuvent en être distantes d'une centaine de mètres. C'est ainsi qu'un exploitant utilise trois à quatre puits pour un seul terrain aménagé. Cette technique d'arrosage nécessite beaucoup de force physique à cause de la lourdeur des seaux, d'un puisage difficile et d'un long parcours (va et vient) à faire tout au long de la journée. L'arrosage peut durer 10h à 12h d'horloge par journée (de 4h du matin à 16h le soir). La population a tenté de remplacer cette méthode par les pompes « Djambar » avec l'aide de la CARITAS.

1.2.2.2. Les pompes Djambar

Les pompes Djambar ont été introduites dans le Gandiolais par la CARITAS vers les années 1989. Il s'agissait pour cette technique de pomper l'eau pour remplir un bassin de 2 m de diamètre, construit à côté du puits. A partir de ce bassin, le maraîcher devait puiser l'eau avec deux seaux pour aller arroser les plantations.

Planche 2 : L'arrosage, méthode traditionnelle d'irrigation très utilisée dans le Gandiolais

 
 
 

Une corde de 8 à 10 m de long au minimum

 

Cuvettes d'environ 40 à 50 cm de long sur 20 à 25 cm de large

 

Seaux de 10
litres d'eau

 

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Photo 9 : Une parcelle de tomate de 300 cuvettes à Mboumbaye Gandiol. Dans cette parcelle de tomate de 17 jours, le sourgha utilise un seau d'eau par petite cuvette.

Photo 10 : Une parcelle d'oignon à Mboumbaye. Photo 11 : Dans cette même parcelle,

Le sourgha fait plus d'une dizaine de mètre (va et le sourgha puise de l'eau d'un puits

vient) pour arroser une parcelle de 1.200 cuvettes. au milieu des plantations.

Clichés photos : P.D. Diop, juillet 2005

58

La CARITAS cherchait à alléger les travaux maraîchers en modifiant le système de puisage. La technique n'a pas connu de grands succès dans cette zone. La population juge que ce système constitue un double travail. Le système de puisage consistait à tirer directement de l'eau à partir du puits et d'aller la verser sur les plantes (cf. photos 10 et 11 planche 2). Le système de pompage consiste d'abord à remplir le bassin en eau de puits à partir de la pompe. Ensuite, il fallait puiser cette eau du bassin pour arroser les plantations (enquêtes personnelles 2004). La population maraîchère du Gandiolais, après avoir testé cette méthode, a préféré le puisage direct du puit. Le pompage nécessite des forces physiques, car pour remplir un bassin, il faut pomper debout avec les deux mains pendant une demi-heure. La machine présentait également un débit faible et elle tombait souvent en panne. Le bassin, une fois rempli, pouvait être vidé en moins d'une demi-heure. Et en plus un bassin ne pouvait pas alimenter plus d'une cinquantaine de cuvettes, si on sait qu'il faut 2 seaux pour une cuvette ou 3 seaux pour deux cuvettes. C'est d'ailleurs pour cette raison que les maraîchers prenaient l'habitude de remplir le bassin le soir pour gagner du temps le lendemain. Aujourd'hui, la population souhaite une nouvelle technique de puisage, qui sollicite moins de force physique et de temps. C'est ainsi qu'en 2004, le système de goutte à goutte a été expérimenté dans la zone.

1.2.2.3. L'irrigation moderne

Cette technique était totalement méconnue dans le Gandiolais. Ce n'est qu'en mai 2004 que le système de goutte à goutte a été testé pour la première fois à Gandiol dans le village de Dégou Niayes pour la production d'oignon. C'est un système de pompage plus moderne que les pompes Djambar. L'eau tirée du puits passe par des tuyaux percés de petits trous. Ces tuyaux percés, allongés le long des plantations, servent à arroser ces dernières par petites gouttes d'où le nom « goutte à goutte ». Contrairement aux pompes Djambar qui fonctionnent manuellement, le système de goutte à goutte (ou motopompe) fonctionne avec du carburant.

Le propriétaire de la parcelle sur laquelle s'est faite cette installation, O.B.26 semble ignorer totalement le mode de gestion de cette technique. La machine est gérée par son fils âgé de 17 ans (en 2004). M. O.B. déclare que dans les premiers jours qui font suite à son installation, la machine fonctionnait bien. Entre 6h et 10h de la matinée, il arrivait à arroser toute sa parcelle. Pour lutter contre les parasites animaux et végétaux nuisibles aux cultures, le maraîcher traitait les cuvettes avec des pesticides à partir de la machine. Il s'agit d'un traitement par ferti-irrigation27 utilisé en association avec l'irrigation au "goutte à goutte". Les

26 Entretien du 20 juillet avec Ousmane Bâ le propriétaire de la parcelle qui abrite le système de goutte à goutte.

27 Il s'agit de faire le traitement des plantations tout en les arrosant en même temps.

59

produits phytosanitaires et les engrais solubles sont directement injectés dans le système d'irrigation. Très satisfait du fonctionnement de la machine, le vieux O.B. avait ensablé tous les quatre puits qui lui servaient auparavant d'arroser les assiettes. Mais au bout de trois semaines, des problèmes surgissent. La machine consomme beaucoup de carburant, 1 litre de super par jour, soit 500 à 630 francs le litre (juillet 2004). Le vieux a décaissé près de 40.000f pour le carburant de la machine en deux mois dix jours. Elle tombe fréquemment en panne et handicape les activités agricoles. Il est obligé à chaque fois d'aller chercher un technicien à Saint Louis pour la réparation de la machine. Il lui arrivait parfois de rester une journée entière sans irriguer une seule cuvette. Comme solution, O.B. était obligé d'aller recreuser ses anciens puits pour arroser ses parcelles maraîchères. Il déclare que le principal problème de ce système était lié à la gestion technique de la machine et à l'achat quotidien du carburant. En plus, le grand puits foré qui alimentait en eau la motopompe était installé sur une dune (photo 12). La quantité d'eau disponible du puits était insuffisante par rapport aux besoins de la machine. O.B. était obligé de prendre une pose de temps en temps, une façon de permettre à la nappe de se recharger. Il déclare que s'il avait subi une formation préalable sur la gestion et l'entretien de la machine, il aurait pu faire une bonne saison maraîchère. Cette année 2004 a été pour lui une grande perte : perte de semences, d'argent et de temps. Un tel changement technique du système d'irrigation dans le Gandiolais devrait être accompagné d'une formation des maraîchers, allant dans le sens d'une maîtrise technique, d'une bonne gestion de l'eau et de l'amélioration de cette technique.

Photo 12 : Le " goutte à goutte ", un système d'irrigation moderne en test dans le Gandiolais

Le système «goutte à goutte » actuellement abandonné pour des raisons techniques.

Le puits foré qui
sert à alimenter
la motopompe.

Cliché : P. D. Diop, juillet 2005 à Dègou Niayes

Les premiers tests de l'irrigation au "goutte à goutte" n'ont pas réussi dans le Gandiolais. L'absence de maîtrise technique est la raison qui explique cet échec. Une formation préalable aux producteurs est indispensable pour la réussite de cette technique d'irrigation moderne.

60

Sa réussite dans le Gandiolais contribuerait à réduire le gaspillage de l'eau, à faciliter le puisage et à économiser beaucoup plus de temps. Il permettrait également d'éviter les pertes d'eau par évaporation.

1.3. Les modes d'exploitation des terres de culture

Dans le Gandiolais, une bonne partie des producteurs agricoles travaille en dessous de leurs moyens financiers. La plupart d'entre eux n'ont pas les capacités financières leurs permettant de mettre en valeur leur terre. Ainsi, plusieurs méthodes sont utilisées pour l'exploitation des terres de culture.

1.3.1. La location de la parcelle

« Plus rare est l'eau douce, plus la ressource devient précieuse, plus sa valeur l'emporte sur celle de la terre » (Dresch J., 1982 : 188). Cette phrase de Jean Dresch se vérifie dans le Gandiolais. La nappe d'eau douce qui alimente les puits forés par les maraîchers devient de plus en plus salée. Certains maraîchers abandonnent leurs exploitations devenues salées à cause de la remontée de la nappe et se dirigent vers d'autres terres où la nappe est d'eau douce. C'est ainsi que dans le Gandiolais, la valeur de l'eau l'emporte sur celle de la terre. La location des parcelles de cultures se fait par rapport aux puits y existant et non par rapport à sa superficie. Le locataire paye le nombre de puits que compte la parcelle et non la taille de la parcelle elle-même. Autant il y a de puits dans la parcelle, autant le prix de la location augmente. Par exemple, pour une parcelle d'un hectare avec 6 puits, la location est de 10.000f par puits soit 60.000f la parcelle ; alors qu'une parcelle de 3 hectares ne disposant que de 4 puits, la location est à 40.000f la parcelle. Cette pratique est très répandue dans le Gandiolais, surtout pendant la période de la culture maraîchère. Plusieurs hectares sont aujourd'hui abandonnés dans le Gandiolais à cause de la remontée du sel en surface (cf. photo 13). Ces terres, inaptes à toute exploitation agricole, sont devenues des parcours de bétail en toute saison. Comme solution, leurs anciens propriétaires louent des parcelles dans d'autres secteurs moins menacés. Les maraîchers des villages de Ndiol Gandiol, de Ndiébène Gandiol et de Tassinère, par exemple, louent des parcelles de cultures à Mouit, Ricotte, Dégou Niayes ou Mboumbaye. La location se fait suivant le nombre de puits dont dispose la parcelle. Un puits est loué à 10.000 francs par saison. La location d'une parcelle est juste pour une production de la saison. Pour deux productions, il faut renouveler le contrat de location. En raison de la forte demande de parcelle, certains producteurs payent à l'avance la location pour la saison prochaine.

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Photo 13 : Terres de cultures abandonnées à cause du sel

Puits salés et abandonnés

Parcelle abandonnée

Cliché : P. D. Diop, juillet 2005 à Ndiol Gandiol

En revanche, pour les cultures pluviales, les actifs rencontrés déclarent tous être propriétaires de leur champ ; on n'a pas pu trouver une seule parcelle louée ou un seul paysan locataire. Plusieurs raisons justifient ce constat. Du fait de l'irrégularité des pluies et de la courte durée de la saison sèche, les cultures sous pluies mobilisent de moins en moins de monde. Les crédits accordés sur les semences et les engrais en saison sèche ne sont pas attribués aux paysans pendant la saison des pluies. Les faibles rendements enregistrés depuis plus de trois décennies et le caractère de l'agriculture (subsistance) font que l'aspect économique est peu favorisé pour les cultures sous pluies.

Ce système de location de parcelles agricoles entre les propriétaires et non propriétaires montre les limites de l'application de la loi sur le domaine national, qui ne prévoit dans ses textes la vente, encore moins la location d'une parcelle par son occupant. Elle reflète des pratiques individuelles sur les terres de cultures qui ne correspondent ni tout à fait aux systèmes coutumiers, ni à la loi sur le domaine national.

1.3.2. L'emploi de la main-d'oeuvre

Ce mode d'exploitation de la terre est très fréquent dans le Gandiolais. Pendant la saison des pluies par exemple, le propriétaire exploite lui-même ses propres terres agricoles. Il engage ses propres enfants dans les travaux champêtres. Ces derniers, membres de la famille, n'ont pas besoin d'une rémunération ; mais une fois mariés, ils deviennent autonomes et devront désormais s'occuper de leurs propres parcelles. A défaut de cette main-d'oeuvre familiale, le paysan fait appel aux éventuels ouvriers-paysans qui seront rémunérés à la fin des travaux. Il s'agit de quelques jeunes du village qui travaillent en villes en saison sèche. En hivernage, ils acceptent d'être engagés, pour quelques jours voire une semaine, par un paysan qui aurait à solliciter de la main-d'oeuvre. Ces jeunes arrivent parfois à travailler avec plusieurs paysans

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pendant les deux ou trois mois d'hivernage. Ce mode d'exploitation est aujourd'hui de moins en moins pratiqué pour deux raisons. Les producteurs ne sont pas convaincus de l'éventualité d'une bonne saison des pluies à cause des aléas climatiques et de la faiblesse des volumes pluviométriques enregistrés chaque année. Ils ne sont également pas financièrement prêts pour prendre en charge l'ensemble des besoins de leurs employés (petit déjeuner et déjeuner) et la rétribution (500f par jour et par employé) pour les travaux effectués. Ainsi, ils préfèrent prendre eux-mêmes en charge les quelques hectares qu'ils auront à mettre en valeur. L'exploitation est dans ce cas de type familiale.

1.3.3 Le système de partage

Dans le Gandiolais, le système de partage varie suivant les saisons de l'année. En saison des pluies, le système utilisé est le métayage. Il s'agit d'un contrat d'exploitation agricole dans lequel le propriétaire loue sa parcelle au métayer en échange d'une partie des produits de récoltes. Cette pratique consiste en un accord associatif entre le propriétaire de la parcelle et l'agriculteur. Le locataire qui se voit confier la parcelle doit l'exploiter par ses propres moyens. Il se charge de l'achat des produits agricoles tel que les semences et produits industriels et matériels agricoles. A la fin des travaux, il partage les produits de récolte avec le propriétaire de la parcelle sur laquelle sont effectués les travaux agricoles. C'est le système de métayage. Ce mode de pratique agricole, en saison des pluies, n'est utilisé que par quelques producteurs du Gandiolais. Ce sont par exemple ceux qui ont la force physique pour travailler la terre, mais ne disposent pas de terres ou de moyens financiers pour acheter des produits et du matériel agricole.

En saison sèche, ce système de partage reste la principale méthode chez les maraîchers. Ces derniers engagent un ou plusieurs travailleurs temporaires (sourgha) qui assurent les travaux d'irrigation et parfois même toute la conduite de la culture depuis la pépinière jusqu'à la récolte. Ces temporaires viennent d'une part de l'intérieur du pays (Kaolack, Ziguinchor, Kolda) et d'autre part de la sous région (Guinée, Gambie, Mali). Leur employeur leur fournisse des semences, de l'engrais, des produits chimiques, du matériel agricole, de la terre et des puits. L'employeur doit en effet gratuitement prendre en charge l'ensemble des besoins nécessaires de son ou ses employés. Ces besoins sont par exemple le dortoir, les trois repas quotidien (petit déjeuner, déjeuner et dîner) et éventuellement le thé28. Par contre d'autres maraîchers assurent uniquement les repas.

28 Entretien du 19 mars 2004 avec quelques sourgha à Mouit.

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Planche 3 : Conditions de vie des sourgha et stratégies de adoptées

Une case construite avec des sacs vidés, de la toile et des nattes à Lahlar (Gadaga)

La case d'un sourgha à l'intérieur d'une parcelle d'oignons à Mboumbaye

Photos 14-15 : Certains sourgha construisent une case dans la parcelle pour y passer la nuit. Ce sont le plus souvent ceux qui n'ont pas pu bénéficier d'une chambre chez l'employeur.

Clichés : P. D. Diop, juillet 2005

De la tomate plantée aux abords des cuvettes d'oignons.

Plantation d'oignons

Photo 16 : Pour couvrir leurs petits besoins, les employés plantent de la tomate, qui a un cycle plus court que celui de l'oignon (2 mois environ) aux abords des cuvettes d'oignons.

Clichés : P. D. Diop, juillet 2005

Plus de 770 cuvettes de tomate dans une parcelle à Mboumaye

Une parcelle de carotte à Mouit Gandiol

Photos 17-18 : Quelques sourgha, souvent ceux qui ne sont pas satisfaits des rendements de la première saison d'oignons entre novembre et février, plantent d'autres variétés (carottes ou tomates), une façon de prolonger leur séjour avant la seconde saison d'oignons (d'avril à juillet).

Clichés 17 et 18 : P. Thiam, janvier 200

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Dans ce cas le sougha essaye de construire lui même une case à l'intérieur de la parcelle pour y passer la nuit durant tout son séjour (cf. photos 14-15). Pour couvrir leurs petits besoins, comme la cigarette, le thé, les sourgha plantent sur les rebords des cuvettes d'oignon quelques graines de tomates (photo 16). Cette tomate récoltée par les sourgha est vendue localement à des commerçantes de la place à 100f le kg ou 2.500f la bassine. Ces dernières les revendent au niveau des marchés locaux dans le Gandiolais.

Après la récolte de sa première production d'oignons au mois d'avril (2005), le temporaire L.M. déclare avoir obtenu, lui et son employeur, 87 sacs d'oignons, soit 3 tonnes 480 kg. La parcelle comptait 771 cuvettes. Ils ont vendu les produits aux bana-banas qui sont venus les acheter sur place à 120f le kg. Les dépenses effectuées par son employeur s'élevaient à 26.400f. A la suite du partage du reste de la vente, ils se sont retrouvés chacun avec 120.000f. Certains sourgha arrivent parfois à faire deux campagnes avec leur employeur. Après la première campagne celle d'oignon en saison chaude entre juin et septembre, ils entament une seconde campagne à partir du mois de novembre. Leur employeur leur offre des semences de carotte par exemple (cf. Photo 17 et 18) pour la saison froide de novembre en février.

2. Les mutations dans l'organisation du secteur agricole Gandiolais

2.1. Les cultures « hors sol »

Ce système de production agricole était une méthode jusque là inconnue dans le Gandiolais. Depuis l'année 2004, cette forme d'agriculture se développe à travers un regroupement de G.I.E. Celui-ci compte déjà à son actif 10 G.I.E., dont 7 issus du Gandiolais et du Toubé répartis aux villages suivant : Gandon, Tassinère, Ndiakhère, Ngaye Ngaye, Békhar, Ndiébène Toubé Wolof et Ndiébène Gandiol. Ils sont soutenus par l'ANCAR qui avait encouragé leur mise en place et assuré la formation de 2 femmes par G.I.E. Cette formation portait sur les techniques de conservation des légumes, de préparation de sirop et de confiture, et de stérilisation des bocaux pour le conditionnement. Il est difficile de savoir le nombre exact de femmes que compte les G.I.E. Certains G.I.E. regroupent l'ensemble des femmes d'un village (G.I.E. Taty Mbaye de Békhar), tandis que d'autres réunissent un ou deux quartiers dans un village29. Le nombre d'adhérents change régulièrement d'un G.I.E. à un autre. Certaines femmes sursoient leur activité, parce que n'ayant pas été encouragées par

29 Entretien du 23 juillet 2004 (à Gandon) avec Adji Dieng, responsable d'un groupement de dix G.I.E., qui regroupe plusieurs villages de la communauté rurale, dont sept dans le Gandiolais.

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leur mari, d'autre par manque de temps. Parmi ces G.I.E., certains comptent plus d'une centaine de membres (Mor Golongor de Ndiébène Toubé). Pour être membre du groupement, le G.I.E. doit adhérer à hauteur de 5.000f. Les travaux de production se font sur des tables d'environ 1m2. La technique consiste à planter les pépinières sur ces tables et à y faire le repiquage. Les produits récoltés seront transformés localement en confiture de légumes ou en sirop de fruits. La transformation se fait dans les locaux de la maison communautaire de Gandon. Le produit fini est mis dans des bouteilles d'un litre. La vente se fait sur place et dans la ville de Saint Louis. Les différentes variétés sont la tomate, le bissap, le piment, le chou, produits sur place. Les autres comme le tamarin, le gingembre, l'arachide, le mil, sont achetés dans les marchés urbains et locaux. Parmi les produits finis, il y a le sirop de bissap, de gingembre, de « Diiwu Nior », l'huile d'arachide. Les bouteilles sont vendues à 2.000f l'unité pour le gingembre et le « Diiwu Nior ». Les bouteilles de bissap et de tamarin sont vendues à 1.500f (cf. photo 19). La confiture de légumes est vendue à 1.000f la bouteille.

Photo n°19 : Produits agricoles locaux transformés par le G.I.E. Sukaly Gandon

Source : photo M. Sall, mars 2005 à Gandon

Quelques produits locaux transformés et exposés à la vente par le G.P.F. de Sukaly Gandon.

Durant la première année, le groupement a eu un bénéfice de plus de 40.000 francs. Une partie de cette somme sert à rémunérer les femmes qui y travaillent, l'autre sert à acheter les produits à transformer et le petit matériel nécessaire : seaux, marmites, louches perforées, bocaux de récupération. Après un an d'expérience, ces femmes attestent que la technique nécessite beaucoup de moyens financiers et de temps. Elles sollicitent un soutien matériel de la part de la communauté rurale. Ce système de culture, comparées aux cultures maraîchères ou sous pluies, ne nécessite pas de grands espaces. Cela n'empêche pas les femmes de solliciter auprès du conseil rural un espace pour la transformation et probablement l'exposition des produits mis en vente.

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2.2. Dynamique des organisations communautaires de base

Les organisations communautaires de base sont des structures qui regroupent des organisations sociales traditionnelles ou modernes. Il s'agit d'organisations mises en place par les populations du même terroir à travers des O.P., des G.I.E. ou des G.P.F., pour la prise en charge de leurs préoccupations. L'existence de ces organisations est doublement importante. En même tant que leur action permet de mesurer le niveau de prise de conscience et de participation des populations dans les actions de développement, elle renseigne sur les articulations ou problèmes qui se posent entre les différents pouvoirs intervenant dans la zone.

2.2.1. Formes d'organisations paysannes

Dans la communauté rurale de Gandon existent depuis très longtemps des d'organisations traditionnelles. Leur influence se limitait essentiellement au niveau du village et particulièrement aux personnes qui y adhéraient. Leur mise en place relevait des liens de parenté, d'affinités, ou pouvait être basée sur le voisinage. Ce sont par exemple les tontines30, les regroupements par classe d'âge, les mouvements associatifs de quartiers. Ces formes d'organisations ne s'investissaient pas dans les activités productives, contrairement aux formes d'organisations modernes.

Les organisations de type moderne, en plus des critères qui composent les organisations traditionnelles, sont d'avantages fondées sur des critères d'ordre social et d'activités productives. Ce sont des O.C.B. dont les rayons d'actions dépassent le cadre villageois pour s'insérer dans l'espace communautaire. Il s'agit par exemple des G.P.F., des G.I.E., des O.J.F. (Organisation des Jeunes Filles), Foyers de Jeunes (F.J.). Certaines de ces organisations ont existé dans la zone du Gandiolais et de Toubé depuis les années 1980. C'est le cas des F.J. et de quelques associations de quartier devenues des G.I.E. D'autres organisations comme les O.J.F. et les G.P.F. ont pris forme il y a moins de dix ans. Mais c'est durant les années 2000 que toutes ces organisations villageoises ont ouvertement commencé à se regrouper pour devenir des associations inter villageoises. C'est le cas de l'A.D.V.G.T. (Association pour le Développement des Villages de Gandiol et de Toubé). Elle a été créée, il y a plus d'une dizaine d'années, par les jeunes des deux secteurs concernés, mais elle était inactive. L'une des raisons avancées pour expliquer cette passivité est la mobilité des membres qui composaient le bureau.

30 Groupement financier qui regroupe un certain nombre de personnes. Chacune d'entre elles doit verser régulièrement une somme et à tour de rôle, chaque membre reçoit un jour la totalité des cotisations bimensuelles, mensuelles ou hebdomadaires. C'est le cas des associations féminines appelées « diamra » ou « assoce » créées dans chaque quartier d'un village.

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Ce sont des jeunes mariés sans emplois qui, compte tenu des réalités socio-économiques, étaient obligés de quitter leur village pour aller gagner leur vie ailleurs. Depuis 2000, l'association est prise en charge par de jeunes instituteurs de la zone. Mais contrairement aux G.I.E. et associations féminines, l'A.D.V.G.T. n'est toujours pas parvenue à s'imposer concrètement dans sa localité, faute d'une bonne politique de suivi.

Les mouvements de femmes constituent un cas particulier dans ce dispositif organisationnel des populations. Leur rayon d'action et d'influence est très ressenti partout dans la communauté rurale. Aujourd'hui, la tendance pour ces femmes est au regroupement dans des structures peu nombreuses mais socialement plus viables et économiquement plus dynamiques que les organisations qui existaient jusque là. C'est dans cet ordre d'idée qu'il faut comprendre la constitution des ensembles associatifs comme les G.I.E. Taty Mbaye de Békhar, Sukaly Gandon, Jïgenus Ndiébène Gandiol et Mor Golongor de Ndiébène Toubé Wolof. Ce sont des associations féminines qui s'illustrent particulièrement dans des activités agricoles (culture, transformation et vente de produits locaux).

2.2.2. Rôle des Organisations Communautaires de Base

Le dynamisme des organisations communautaires de bases ou acteurs locaux est un signe de la vitalité de la population et de sa créativité. Ce sont en général des groupes qui ont un champ d'activités bien délimité. Ils permettent à une fraction de la population de se rassembler et d'agir ensemble. Ces organisations témoignent du dynamisme d'une population susceptible de se mobiliser dans une perspective de développement socio-économique.

« Les O.P, à travers des pratiques "stéréotypées", contribuent à accroître le potentiel de la société rurale, à développer sa capacité à se fixer des objectifs propres et certains des instruments dont elles ont besoin pour les atteindre » (Mercoiret M. R., Bosc P. M., 1994 : 10)

En effet, ces organisations sont porteuses d'objectifs ou d'un projet implicite sur le milieu social qu'elles contribuent à animer. C'est pourquoi, après les avoir identifiées à partir de leur dynamique organisationnelle, il convient de s'interroger sur leur rôle dans le secteur agricole en particulier et dans la gestion et l'impulsion du développement local en général.

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2.2.3. Aperçu sur les actions des organisations de producteurs

Au niveau de la communauté rurale, on peut individualiser les G.P.F. et les associations des jeunes (O.J.F.- F.J.), suivant leur dynamique opérationnelle.

2.2.3.1. Les Groupement de Producteurs Féminins

De simples organisations culturelles, dont les activités se limitaient à des rencontres familiales ou amicales (tours de thé, festivités), les structures féminines sont devenues des groupements socio-économiques. Depuis l'année 2004, ces groupements se montrent actifs et sont présents dans toutes les activités de développement en milieu rural. Dans la zone du Gandiolais et de Toubé, on note un réel dynamisme des G.P.F. notamment dans des activités entièrement agricoles. Ils s'engagent à promouvoir le développement du maraîchage par la transformation des produits agricoles locaux. Malheureusement, ils n'ont pas les moyens de leurs ambitions, même s'ils bénéficient souvent de l'aide de l'ANCAR et du PLAN Sénégal. Le premier assure la formation et l'encadrement des O.C.B. dans le domaine agricole tandis que le second les initie dans l'alphabétisation et la création de boutiques communautaires et de G.I.E. L'exemple du G.I.E. Taty Mbaye de Békhar mérite d'être rapporté.

? Le G.I.E. Taty Mbaye de Békhar

Békhar est un petit village qui se trouve à côté du village de Ngaye Ngaye. Il est situé à une dizaine de km au Sud-est de la ville de Saint Louis sur la route nationale numéro 2 et à moins d'un km à l'ouest du village de Gandon. Il est composé de trois quartiers. Il y a Kilimane, où vivent les familles Diop ; les familles Ngâne vivent à Nganène et ceux qui portent le nom Mbaye se trouvent à Bayakhe. Le chef du village est choisi dans la famille Mbaye, l'Imam porte le nom Diop. Le village compte actuellement plus de 1.000 habitants. Il ressort des discutions avec les sages de ce village qu'il est, après Leybar, le village le plus ancien de Toubé31. Certains disent même qu'il a été créé bien avant la ville de Saint Louis.

Créé en 1987 par les femmes elles-mêmes sous la forme d'un G.P.F., le groupement obtient en 1990 sa reconnaissance juridique et crée en son sein un G.I.E. dénommé Taty Mbaye.32 A l'origine, le G.I.E. se voulait une fédération différente des O.P. de la communauté rurale de Gandon. Mais avec le temps, il s'est finalement ouvert à toute activité génératrice de revenus qui contribuerait à promouvoir le développement de leur localité (cf. planche 5).

31 Entretien du 27 septembre 2004 avec le chef du village, l'imam et quelques sages du village de Békhar.

32 Taty Mbaye est le nom du premier habitant du village de Békhar. Elle est l'ancêtre de la famille Mbaye

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Planche 5 : Quelques produits du G.I.E. Taty Mbaye exposés lors du forum sur l'agriculture organisé par l'ANCAR, la communauté rurale de Gandon et les O.P. (mars 2005) à l'U.G.B.

Photo 20 : De la transformation des produits agricoles à l'embouche bovine en passant par la teinture, le G.I.E de Békhar a largement oeuvré pour la diversification.

Photo 21: Quelques flacons pour la conservation des produits finis. Ils sont fabriqués par l'ANCAR pour le G.I.E. de Taty Mbaye de Békhar

Photo 22 : Quelques produits exposés dans les locaux du G.I.E. Taty Mbaye

Clichés : M. Sall, mars 2005

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Taty Mbaye est né de la volonté des femmes du village de Békhar de remédier au manque crucial de bien d'équipements de la localité. Initialement, ces actions se limitaient à des activités socioculturelles comme le « Set setal »33. Aujourd'hui, ses actions deviennent de plus en plus diversifiées (cf. photo 20).

Pour la réalisation de ses actions, le G.I.E. s'appuie sur le soutien du conseil rural, qui joue le rôle de facilitateur entre les partenaires au développement et les O.P. ; il a pu également compter sur l'ANCAR, qui concourt financièrement à la réalisation de certaines de ses actions et à la formation pour la transformation des produits de légumes et fruits. L'ANCAR prend en charge la fabrication des bouteilles qui servent à conserver et à écouler les produits transformés comme le sirop de bissap, de gingembre, la confiture de légumes, Diiwu Nior et la confection des étiquettes apposées sur ces bouteilles (cf. photo 21).

Taty Mbaye regroupe l'ensemble des femmes du village de Békhar (plus d'une soixantaine de membres). Pour bien mener leurs travaux, les femmes se sont scindées en plusieurs groupes de dix personnes34. Un groupe s'occupe de la culture sur table, un autre est affecté à la teinture. La transformation de fruits et légumes est également sous la charge d'un groupe de dix personnes, de même que la couture. Deux autres groupes interviennent respectivement dans la fabrication de savon et l'embouche bovine. Enfin, un groupe s'occupe de l'aviculture. Aujourd'hui, le rêve de Taty Mbaye est de bénéficier du soutien de tous les partenaires locaux (agriculteurs, éleveurs, communauté rurale, etc.). La diversité de leurs activités justifie l'intérêt que tout le monde y porte maintenant, à la grande satisfaction des populations membres du G.I.E. Au-delà de leur capacité à s'organiser et à s'entendre sur un objectif commun, le G.I.E. Taty Mbaye témoigne de l'aptitude des populations du Gandiolais et de Toubé à traduire en actes concrets une bonne partie de leurs projets.

A ce titre, on constate que les O.C.B. constituent d'importants collectifs pour la promotion du développement de leur localité. Seulement, elles souffrent d'un manque crucial d'informations et de formation par rapport à leurs activités, d'appui financier pour la réalisation de leurs différents projets. De ce fait, la communauté rurale de Gandon pourrait chercher à leur apporter une plus grande assistance. Elle peut aussi être plus dynamique dans son rôle de médiation entre les partenaires au développement et les O.C.B.

Il ressort des résultats d'enquêtes obtenus auprès des G.P.F. de Ngaye Ngaye qu'en dehors de leurs activités à usage collectif (transformation de produits locaux, teinture, cultures sur table, aviculture, couture), chaque femme s'engage dans le projet de reboisement initié par

33 C'est le nettoiement d'un quartier, d'un village ou d'une ville par un groupe de personnes issu de la localité.

34 Entretien du 24 mai 2005 avec Ndèye Mbaye, responsable du G.I.E. Taty Mbaye

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la réserve de Gueumbeul. Celle-ci, en collaboration avec les femmes des villages environnants, développe depuis l'année 2004 une politique de reboisement (voir photo 23). Photo n° 23: Projet de reboisement des femmes avec la réserve de Gueumbeul

 
 
 
 
 
 

Filao

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Acajou

 
 
 
 
 
 
 

Sachets en plastique

 
 
 

Cliché : M. Sall, mars 2005

Le projet prend en compte l'ensemble des femmes des villages de Ndiakhère, Gueumbeul, Ngayna, Diama, Békhar, Ngaye Ngaye. La technique de plantation des pépinières consiste à mélanger 2 brouettes de terreaux pour une brouette de sable. Le mélange, mis dans des sachets en plastique doit être arrosé 3 à 4 jours avant le semis des graines. La réserve fournit aux femmes les graines, et les sachets en plastique qui servent au repiquage. C'est elle également qui viendra acheter une partie des pépinières. L'autre partie devra être plantée par les femmes au niveau de leurs villages respectifs. L'objectif de la réserve est de faire régénérer la mangrove qui, avec un fort taux de prélèvement, devient de plus en plus rare dans la zone. Dans sa politique de reboisement la réserve essaie de fournir du bois de chauffe, des fruits et de créer des brises vent pour stabiliser le sable. Le manguier, le filao, l'acacia (Seng), l'acajou, le citronnier constituent les espèces les plus sollicitées par l'entreprise d'agroforesterie des femmes. Ces femmes s'emploient aussi dans l'embouche bovine, l'artisanat et le petit commerce, la fabrication de savon. Ils sont aidés en cela par l'ANCAR et PLAN Sénégal.

Les femmes du Gandiolais et de Toubé, à l'exemple de celles de Békhar, gagneraient à dynamiser leur groupement en élargissant leur marché de consommation à l'échelle des communautés rurales de Gandon et de Mpal et de la ville de Saint Louis.

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2.2.3.2. Les associations de jeunes

Tout comme les G.P.F., les associations de jeunes (O.J.F.- A.S.C.- F.J.) s'illustraient pendant longtemps dans des activités socioculturels. Jusqu'au début des années 2000, elles ne présentaient aucun projet de développement socio-économique. Leurs principales sources de motivation étaient uniquement les activités de vacances. Il s'agit des « navétanes »35 pour les A.S.C., des manifestations théâtrales pour les O.J.F. et des rencontres intellectuelles (thé-débat, cours de vacances) organisées par les foyers des jeunes des différents villages. Depuis, l'année dernière, les associations de jeunes prétendent devenir des acteurs dynamiques présents dans toute action visant à promouvoir le développement socio-économique de leur localité. Les jeunes cherchent à impulser une nouvelle dynamique de développement à la base. Parmi les projets mis en perspectif, il y a l'aviculture et la création de boutiques communautaires. Mais contrairement aux G.P.F., ces mouvements souffrent d'un manque réel d'encadrement et de financement. Or, leur capacité de mobilisation (plusieurs centaines de personnes) devrait être un atout dans l'exécution des programmes de développement de la localité.

2.2. Dynamiques induites dans le secteur agricole par les partenaires au développement

Le secteur agricole de la communauté rurale de Gandon a été régulièrement soutenu par des partenaires au développement, étatiques et O.N.G., ce qui explique l'existence de nombreuses structures d'intervention qui se sont succédées depuis les indépendances. Mais les revenus tirés de l'agriculture n'ont pas permis à cette partie de la région de Saint Louis de satisfaire son autosuffisance alimentaire. Dans le Gandiolais et le Toubé, ces interventions se sont le plus souvent soldées par des échecs. Dans cette partie, les analyses porteront sur les différentes réalisations et les causes de certains échecs.

2.2.1. L'apport des partenaires au développement dans le secteur agricole

L'ISRA et l'IRA ont pendant longtemps marqué leur présence dans la communauté rurale de Gandon. Cette présence a été déterminante dans la formation des agriculteurs, pour certaines de ces structures comme l'IRA, à travers le lancement des campagnes de vulgarisation. C'est dans cette campagne de vulgarisation que « des variétés plus productives et adaptées de tomate, oignon ont été proposées aux horticulteurs Gandiolais et que l'utilisation de la fumure a été rationalisée » (IRA, 2003 : 34). Dans cette campagne de vulgarisation et de

35 Programmes sportifs et culturels de vacances

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formation, plusieurs thèmes ont été diffusés dans plusieurs villages du Gandiolais et Toubé. Parmi ceux-ci, il y a l'utilisation du compostage et de la matière organique, le respect du calendrier et des itinéraires techniques pour une production de qualité, l'amendement des sols.

Le CECI (Centre canadien d'Etude et de Coopération Internationale) développait jusqu'à la fin des années 1993, un programme d'appui aux producteurs Gandiolais. Ce programme ayant pour objectif la maîtrise de la filière d'oignon depuis la production jusqu'à la commercialisation, s'articulait autour des volets suivants :

- le volet formation et développement ;

- le volet crédit et épargne ;

- le volet « appui technique » qui s'occupait de l'amélioration de la qualité des semences et des conditions de production ;

- et le volet commercialisation.

A partir de 1989, le CECI ayant constaté les contres performances des producteurs liées à la fragilité de la nappe et de la dégradation des terres agricoles, avait déterminé des stratégies et des modalités de gestion des ressources disponibles en eau douce. Reconnaissant que toute tentative d'aménagement dans la zone du Gandiolais et de Toubé requiert des connaissances appropriées, le CECI avait défini trois zones distinctes de maraîchage36 (cf. carte 6).

- la partie centrale du Toubé , notamment les villages de Ndiakhère, Gueumbeul, Keur Bernard, et la partie Nord-Ouest du secteur de Gandiol (Tassinère, Ndiébène Gandiol et Ndiol) considérées comme une zone à risque, dont l'exploitation agricole, le maraîchage notamment, présente des désavantages pour l'environnement et pour le producteur ;

- la partie situé Nord-est (Ndièbène Toubé Peul, Ngaye Ngaye, Keur Martin, Gandon jusqu'au Nord de Diama Thiaguel), qui forme un secteur potentiel mais avec quelques contraintes techniques liées à la profondeur de la nappe ;

- enfin la partie Sud du Gandiolais, du Nord-est de Toug Peul jusqu'à Lahlar en passant par Mouit et Mboumbaye, où la production est sans grand risque.

Pour cette étude, le CECI avait l'objectif d'orienter les producteurs pour une meilleure gestion de leur production agricole. Mais à partir de 1993, il suspend ses interventions à cause de la remontée du sel en surface.

Entre 1982 et 1990, la CARITAS a effectué plusieurs réalisations dans la communauté rurale de Gandon. Durant ses premières années, la CARITAS a soutenu en semences, intrants, fonçage de puits, beaucoup d'agriculteurs.

36 Entretien du 26 mai 2004 avec Saër Thiam à la Division Régionale pour le Développement Rural (D.R.D.R.) de Saint Louis.

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Avec la création d'un centre de formation et de production agricole, l'organisation humanitaire compte aujourd'hui à son actif le fonçage de près de 2.000 puits dans l'ensemble de la communauté rurale pour le maraîchage. Dans le Gandiolais et le Toubé, la CARITAS a assisté plus de 100 producteurs dans l'approvisionnement en intrants, la formation de jeunes agriculteurs, la création de fédérations de G.I.E., de groupements de promotion économique, social et culturel aux techniques de l'exploitation agricole (enquêtes personnelles 2004). Elle a également offert des sessions de formation en technique de conduite d'une pépinière et une session de formation sur les techniques de production animale et avicole (CARITAS, 2004 : 1). Durant une vingtaine d'années, la CARITAS a soutenu les producteurs du Gandiolais dans des actions de fonçage de puits, l'approvisionnement en intrants, création des Organisations Communautaires de Base (O.C.B.) et des Groupements de Production Féminin (G.P.F.). Depuis 1998, les actions de la CARITAS se sont réduites aujourd'hui à la formation et au suivi avec un nombre restreint de villages. Dans la nouvelle démarche qu'elle entend adopter, l'organisation compte soutenir les populations mais avec un modeste apport de celles-ci dans les financements.

PLAN Sénégal intervient dans cette zone depuis 1990. Ces objectifs sont identiques à celles de la CARITAS, mais ils s'étendent sur d'autres actions comme la création de boutiques communautaires, l'alphabétisation de masse avec comme thème l'initiation aux langues locales (Wolof et Pular). Le PLAN contribue également dans l'approvisionnement en denrées de première nécessité, l'organisation et l'encadrement des paysans par la création des G.I.E. Toujours parmi ses réalisations, le PLAN appuie les paysans dans le creusement de puits et l'équipement des salles de classes qu'il a lui même construit au niveau des villages, mais aussi dans le volet crédit/semences et crédit/épargne, la mise en place de banque d'intrants et la formation d'agents de santé communautaire (enquêtes personnelles 2004).

Le PNIR, programme financé par la banque mondiale, appuie les collectivités locales dans la politique de décentralisation. Basé sur une démarche participative, il vise à réduire la pauvreté rurale et à améliorer les conditions de vie des populations par l'accès aux services sociaux de base. Le PNIR travaille actuellement avec 2 mutuelles dans la communauté rurale de Gandon (Rao et Mboumbaye). Il les appuie dans l'achat d'équipements, d'intrants et la vente de pépinière. Les efforts déployés par le gouvernement du Sénégal, par l'entremise du PNIR, ont permis à ce dernier de financer les travaux de construction du poste de santé de Gandon et son équipement. Il compte également à son actif la réhabilitation des pistes de production qui permettent de rallier à partir de la route nationale les villages de Leybar, de Ndiébène Toubé Wolof, de Ndiakhère, Tassinère, Mouit. Avec l'appui du PNIR, l'Etat a réalisé un projet

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d'adduction d'eau au collège de Gandon, à l'école de Mouit et des micro projets (pour un coût global de 20 millions) qui permettront à certains G.I.E. de la communauté rurale de Gandon de mener des activités génératrices de revenus37.

L'ANCAR, société anonyme à participation publique majoritaire, cherche à renforcer les capacités des O.P. et à impliquer les producteurs dans le processus d'élaboration et de mise en oeuvre du conseil agricole et rural. Son objectif est de « faire du secteur rural le levier de l'économie »38. Ses réalisations au niveau de la communauté rurale portent sur des enseignements sur les techniques d'élaboration d'une fiche de projet et sur les techniques de transformations et de conservation des produits locaux, le suivi des activités lancées par l'agence d'exécution technique. Tous ceux-ci devraient aboutir à l'accroissement de la productivité du secteur agricole et des autres secteurs de développement. Aujourd'hui, l'ANCAR poursuit sa mission selon une nouvelle approche basée sur le partenariat avec les principaux acteurs. Elle peut traiter directement ses projets avec les mutuelles ou organisations juridiquement reconnues. Plus d'une centaine de projets sont en cours d'exécution avec les O.P. de la communauté rurale de Gandon, particulièrement les G.P.F.

Malgré le nombre important de structures qui sont intervenues dans la communauté rurale de Gandon et la diversité de leurs actions, les contraintes demeurent toujours.

2.2.2. Facteurs explicatifs des contre-performances dans les interventions

Les échecs notés dans les interventions du secteur agricole s'expliquent pour deux raisons. Il y a d'une part le manque de qualification des producteurs dans la pratique et le suivi des orientations des partenaires au développement. D'autre part la politique de ces derniers est le plus souvent en inadéquation avec les aspirations des producteurs.

L'introduction d'une nouvelle technique de production agricole requiert avant tout l'information, la sensibilisation, la formation et l'encadrement des producteurs locaux. Le transfert de compétences initié par l'Etat du Sénégal s'est opéré sans la préparation préalable des acteurs locaux qui ont dorénavant en charge le développement de leur localité. Ainsi, il en résulte chez eux une absence de maîtrise des compétences, un défaut d'information sur le rôle et les responsabilités induit par le transfert, une insuffisance ou une absence de ressources financières et surtout de ressources humaines capables d'agir devant les sollicitations pressantes

37 lesoleil@lesoleil.sn, article publié dans l'édition du Samedi 30 avril 2005.

38 Séminaire permanent intitulé Les Mercredi de Girardel. Le 2 février 2005, M. Samba Kanté, Directeur Régional de l'ANCAR de Saint Louis, animait ce séminaire qui portait sur le thème « Nouvelle vision du conseil agricole et rural ». M. Kanté a présenté l'ANCAR, ses objectifs et ses priorités.

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des populations. Par conséquent, cette situation favorise le scepticisme des partenaires au développement vis à vis des élus locaux et de la population active.

Plusieurs partenaires ont suspendu ou réduit leurs actions suite à des manquements répétitifs aux résultats attendus. La CARITAS est l'un des principaux partenaires du Gandiolais à suspendre ses activités. Depuis 1998, la CARITAS a réduit ses actions, car elles se sont soldées, pour la plupart, par des échecs. « Il se trouvait des paysans qui rataient presque ou totalement leur campagne agricole et qui, se faisant, biaisaient l'objectif de la CARITAS sur ce volet» (ibidem). Parmi celles-ci, il y a les centaines de puits abandonnés à cause du sel, les séchoirs tous dégradés faute d'entretien et les pompes Djambar, qui souffraient d'un manque de suivi technique. De même, le Plan Sénégal a considérablement réduit ses activités dans la zone. Il a vu toutes les boutiques communautaires, qu'il avait ouvertes pour les G.I.E. et G.P.F., fermées à cause de pertes injustifiées. Le CECI également a du surseoir à son programme depuis 1993, suite au refus des populations de suivre ses propositions, à savoir l'abandon de certaines zones à risque. Face à toutes ces contraintes les partenaires dans leur grande majorité ont préféré mettre en terme à leur programme d'appui aux populations agricoles du Gandiolais. Derrière eux, ils laissent des programmes en cours ou une formation difficilement applicable par les populations locales. Leur départ crée une rupture brutale entre eux et les populations, laissant ces dernières abandonnées à leur sort. C'est pourquoi, il faudrait du côté des structures, privilégier l'encadrement des populations de manière à ce qu'elles puissent se prendre en charge une fois le projet arrivé à son terme. Pendant longtemps, la population du Gandiolais et de Toubé avait une faible perception de l'objectif des partenaires. L'idée qu'elle véhiculait était qu'un partenaire au développement, « c'est le bailleurs qui doit apporter des dons aux pauvres sans attendre rien au retour». Cette fausse conception lui a valu sa situation actuelle. Les producteurs du Gandiolais auraient pu mieux profiter des appuis dont ils ont bénéficié durant plusieurs décennies.

Les partenaires ont aussi été en partie responsables de leurs échecs. Dans un milieu agricole comme le Gandiolais, où la population est pauvre, la première politique d'appui pour une agriculture durable devait être la formation et la vulgarisation. Les partenaires qui interviennent dans cette zone devaient s'approcher de la population locale. Il ne s'agit pas seulement de proposer une politique agricole et de définir les méthodes à adopter pour sa réussite. Il faut au préalable qu'il y ait une communication entre les exploitants et les partenaires. Ces derniers doivent en premier lieu chercher à comprendre l'exploitant, sa situation sociale et ses préoccupations majeures. Malheureusement, la forme adoptée par les

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partenaires au développement s'est basée sur une approche du « haut vers le bas »39. Ce système ne prévoit pas la communication du « bas vers la haut », alors que le développement local sous entend que l'initiative vient de la base. C'est là que la stratégie a failli, dans la mesure où le partenaire propose, voire impose aux élus locaux et notables, représentant la masse pauvre, son programme d'appui au développement local. Souvent c'est le système « à prendre ou à laisser ». La conséquence en est que les discours des acteurs locaux et de l'opérateur sont le plus souvent contradictoires. Le partenaire axe son discours sur la démarche ou la méthode à adopter pour accroître les rendements des cultures, alors que la population locale oriente le sien vers les besoins quotidiens à satisfaire.

Dans l'optique d'un développement agricole durable, le conseil rural et les exploitants agricoles pourraient favoriser le partenariat avec les structures de recherche telle que l'ISRA. Ce partenariat est d'autant plus nécessaire que les pratiques culturales ne sont pas toujours en adéquation avec les conditions physiques du milieu. Une telle collaboration leurs permettra de bénéficier des résultats de la recherche et des innovations dans le domaine agricole.

Ces structures auront à aider les populations à être mieux informées sur le respect des techniques de rotation de cultures, de la pratique de l'assolement en systématisant les cultures de variétés à cycle court. Elles auront également comme tâche de faire respecter les itinéraires techniques pour améliorer les rendements et de favoriser la réalisation des brise-vent pour protéger les plantes contre l'ensablement. De ce partenariat, les maraîchers gagneraient à avoir en premier lieu une bonne maîtrise de la production, c'est-à-dire éviter la surproduction au niveau des marchés locaux et nationaux pendant les périodes de saturation. En second lieu, ils pourront rechercher des partenaires en aval de la filière, c'est-à-dire essayer de trouver des acheteurs avant même la récolte. L'agropôle de Fass pourrait être, dans ce cas, l'un des principaux partenaires commerciaux du Gandiolais (voir N. S. Dièye, mémoire de maîtrise en cours). Enfin, la population agricole du Gandiolais devrait produire en fonction de la demande sur le marché et des possibilités de commercialisation.

39 Les recommandations techniques ont été développées par des chercheurs dans leurs services (ISRA et SAED par exemple) et transmises aux exploitants locaux par des agents mandatés par les mêmes services.

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CHAPITRE II

Quelques contraintes liées aux systèmes de production agricole dans le Gandiolais

Les contraintes auxquelles sont confrontés les producteurs agricoles du Gandiolais sont de plusieurs ordres. En dehors des aléas climatiques et de la modification du régime hydraulique naturel évoqués au-dessus et qui sont la source de dégradation des eaux et des sols, le transport, le stockage, l'écoulement des produits récoltés restent entre autre des problèmes récurrents.

1. Les contraintes d'ordre sociale du secteur agricole dans le Gandiolais et le Toubé

1.1. Contraintes socio-économiques

Dans le Gandiolais, le mode de production est un système basé sur l'emploi d'un outillage traditionnel. Les contraintes physiques et l'exploitation du milieu entraînent le fonctionnement d'un système agraire caractérisé par une grande mobilité de la population agricole. Cette mobilité est, à la fois basée sur les conditions géographiques du milieu et les activités saisonnières. Elle s'effectue d'une part entre les zones littorales à tendance saline et les zones intérieures où les dunes rouges sont plus ou moins fixées : Gouye Rène, Ricotte, Toug Wolof et tout le secteur de Toubé. D'autre part, la mobilité est quotidienne et s'opère entre le Gandiolais et la ville de Saint Louis. Cette mobilité touche plus particulièrement les femmes. Celles-ci, tout en demeurant au village, s'offrent quelques opportunités de gagner peu d'argent en ville. Cette offre se résume au petit commerce pour les mariées et emploi de bonne pour les jeunes filles. Elle constitue une activité annexe qui permet aux femmes de se débrouiller pour gagner quelques sous et faire face aux besoins du foyer auxquels l'homme ne parvient à pourvoir. Pour la plupart des personnes enquêtées, dont le gagne-pain dépend essentiellement de l'agriculture, l'économie familiale est partagée entre quelques produits maraîchers comme l'oignon où les récoltes sont entièrement destinées à la commercialisation et les cultures sous pluies pour la consommation familiale. Pour ces populations, il est impossible de vendre en quantité les produits récoltés. Et ceci pour plusieurs raisons : les producteurs réservent une bonne partie de la production pour la période de soudure qui coïncide avec la fin de la saison sèche et le début de la saison des pluies. Elle correspond dans le Gandiolais et le Toubé à la

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période la plus difficile de l'année. Pour assurer la transition entre cette période et les premières récoltes de la saison des pluies, le paysan consomme sa réserve de produits (mil, maïs, niébé, arachide). Pour certaines familles nombreuses, le paysan est obligé d'utiliser les produits récoltés pour la consommation familiale afin de mieux répondre aux exigences alimentaires. « Je ne vends pas beaucoup parce que la famille est très nombreuse et je ne dépends que de la terre pour la nourrir » est souvent l'explication que donnent les producteurs locaux pour justifier, malgré eux, les quantités de récolte réservées pour la consommation familiale. Ainsi, dans certaines concessions, la quasi-totalité de la production est consommée par la famille. Une telle situation limite les possibilités d'achats de semences, d'intrants et d'outils agricoles. Par conséquent, le système de production reste traditionnel.

1.2. Contraintes relatives à la main-d'oeuvre

Partout dans le Gandiolais, la réduction du temps de jachère a lourdement affecté les sols. Celle-ci se traduit par la baisse de la teneur en matière organique, la dégradation de la structure des sols, l'appauvrissement minéral les rendant moins productifs et plus vulnérables à l'action érosive des vents. Aspirant à de meilleures conditions de vie, les jeunes, qui composent l'essentiel de la force active, se dirigent vers les grandes villes. A cette situation d'exode rural, s'ajoute la division des familles après le mariage des adultes.

Ainsi, pour compenser leur manque en main-d'oeuvre, les maraîchers font appel aux saisonniers. C'est une main-d'oeuvre allochtone non qualifiée. Malgré la prépondérance remarquée des temporaires dans le Gandiolais, ces sourgha commencent ces derniers temps à orienter de plus en plus leur séjour vers d'autres secteurs maraîchers dont les conditions d'emploi (la prise en charge et le système de partage) seront beaucoup plus favorables. Parmi les zones ciblées, il y a le secteur de Potou, Bango, Rao, Sakal et le lac de Guiers. Quelques raisons qui pourraient expliquer ce choix de destination ont été avancées par les sourgha rencontrés à Mouit, Dégou Niayes, Mboumbaye et Lahlar. Selon ces sourgha, dans les secteurs de Potou et de Sakal, par exemple, les conditions de vie sont meilleures qu'à Gandiol. Dans ces secteurs, en dehors des engagements préalables (le partage et la prise en charge), le repas est mieux servi qualitativement et quantitativement. Le sourgha bénéficie également d'un hébergement chez son associé. Alors qu'à Gandiol, l'hébergement chez l'employeur n'est pas partout assuré (cf. photos 14 et 15).

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1.3. Contraintes relatives aux intrants et aux crédits

En raison de la cherté des produits chimiques, les maraîchers du Gandiolais prennent le risque d'utiliser n'importe quel type d'engrais mis à leur disposition. Le plus souvent, ce sont des engrais non adaptées aux exigences du milieu ou de la variété cultivée. Il en résulte une détérioration de la qualité des produits récoltés et une mévente sur les marchés de la ville. Par exemple, les oignons appelés « gagne mbaye » ne supportent pas les opérations de grande mobilité. Ils sont gorgés d'eau et pourrissent vite en quelques jours (cf. photo 24).

Photo 24 : La pourriture, première cause de la mévente des oignons

Cliché : P. THIAM, mars 2005 à Mouit Gandiol

Quelques oignons pourris déterrés des plantations par le sourgha en mars 2005. Le produit était en abondance sur
le marché et le producteur, explique son employé, avait choisi d'attendre quelques semaines, le temps que les prix
montent. Le mois de mars correspond à une période où la première récolte est déjà prête. La variété « gagne
mbaye » très fragile, ne pouvant pas résister la chaleur, la pourriture s'ensuit.

Ils sont cultivés en saison froide entre novembre/décembre et février. Ainsi, après la première semaine qui suit la récolte entre février et mars, les producteurs sont obligés de les vendre à bas prix (120f en mars 2005) aux premiers commerçants qui se présentent devant eux. Les bana-banas, premiers clients qui interviennent dans la zone, sont conscients de ce fait. Dès la récolte de cette variété, ils fixent leur prix aux producteurs. Là où les maraîchers demandent 170 francs le kg, ils leurs proposent 100, 110 ou au maximum 120 francs. Ceux-ci, au bout d'une semaine, ne pouvant plus tenir, préfèrent la vente à perte que le pourrissement. En une semaine donc, le prix d'un kg d'oignon blanc peut basculer jusqu'à 70 ou 75 francs. Dès le mois de juin, après la récolte de la seconde saison d'oignon, les maraîchers peuvent vendre leur produit jusqu'à 250 voir 300 francs le kg.

Les semences recherchées par les maraîchers ne sont pas toujours disponibles au moment voulu. Très souvent, le paysan est obligé de se contenter de ses propres semences qu'il

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a laissées fleurir dans sa parcelle maraîchère. Cette pratique affaiblit la graine et rend les produits de la prochaine récolte fragile.

L'utilisation excessive des engrais procure des rendements élevés, mais à long terme, elle baisse la fertilité des sols. L'engrais chimique est utilisé une fois pour les pépinières et chaque semaine pendant un mois 15 jours après les semis (enquêtes personnelles 2004). Le surplus d'engrais sur les terres de cultures fragilise la structure du sol qui devient de plus en plus sensible à l'érosion pluviale : l'eau, au lieu de s'infiltrer dans le sol, ruisselle et emporte sur son passage tous les éléments nutritifs. Quant à la fumure organique, elle est utilisée avant ou au début des pépinières. Elle est déposée en surface (cf. photo 6). Ce dépôt de fumier en surface engendre une perte d'azote dans l'air, sous le soleil et une brûlure du feuillage des plantes. Le milieu se dégrade ainsi et progressivement, perd ses aptitudes écologiques.

2. Les contraintes techniques face à une agriculture toujours tributaire des aléas climatiques

2.1. Contraintes relatives au transport et au stockage

2.1.1. Contraintes induites par le transport

Malgré la réfection des pistes de production (axes Tassinère - Lahlar, Gandon - Ndiébène Toubé Wolof, Ndiawsir - Leybar, Ngaye Ngaye - Ndiakhère) en 2004, par le PNIR (voir carte n°7), le facteur transport constitue toujours un véritable handicap pour l'écoulement des produits agricoles. « Il ne suffit pas qu'il y ait des routes, il faut qu'il y ait des véhicules qui les empruntent » et en toutes saisons (Blanc P. C., 1985, p : 247). Dans la plupart des villages enquêtés, le manque de moyen de transport constitue un des facteurs principaux limitant l'écoulement de la production agricole. Certains villages, souvent de grands producteurs maraîchers, sont presque inaccessibles. Le village de Ricotte qui est l'un des principaux pôles maraîchers du Gandiolais reste très enclavé. Ce village n'a qu'une seule ouverture, c'est la route qui passe par Ndiol Gandiol. C'est une piste tortueuse et très étroite, dont la traversée devient impossible en hivernage. Dans les villages situés au bord de la route, la limite reste l'évacuation des produits récoltés entre les champs et les points de collectes.

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Les pistes sableuses et tortueuses empêchent toute circulation automobile (photo 25-26) et les produits récoltés doivent être évacués sur l'unique piste qui joint Tassinère à Lahlar (photo 27), par portage animal (dos d'âne, charrette) ou individuel. Ces mêmes moyens de transfert sont utilisés pour joindre les champs à la piste principale. Les jeunes filles sont le plus souvent sollicitées dans cette activité (photo 28). Il en résulte une manutention difficile et un risque de pertes avant même la vente des produits.

L'ouverture annoncée de la route Ricotte - Gantour - Rao Peul serait très bénéfique, dans la mesure où elle permettrait une évacuation plus facile des produits maraîchers vers le parc de stockage de Rao Peul. Cette route permettrait également, à partir de Rao Peul, de créer une large ouverture de la production agricole du Gandiolais et à partir de là, tous les produits pourront être facilement écoulés vers l'intérieur du pays.

2.1.2. Contraintes relatives au stockage

Les produits, une fois évacués sur la route principale, sont stockés à l'air libre dans des sacs de 35 à 40 kg. Ces sacs sont achetés à Dalifor ou Thiaroye par les bana-banas à 125f le sac. Ils sont vendus localement aux maraîchers à 150f l'unité (photo 29). Dans chaque village entre Mouit, Mboumbaye, Ricotte, Dégou Niayes et Lahlar, plusieurs dizaines de tonnes sont Photo 29 : Un parc de stockage d'oignons à Mboumbaye Gandiol

Cliché : P. D. Diop, juillet 2005

Après la récolte, les maraîchers stockent leurs produits sur les lieux de dépôts qu'on trouve dans chaque village producteur. C'est là qu'ils attendent les éventuels clients (bana-banas).

stockées. Ces produits, se conservent difficilement et ont du mal à concurrencer réellement la production importée du reste des Niayes (Potou, Mboro et le Sud des Niayes dans les régions de Dakar et Thiès), de la Vallée et des produits importés des Pays-Bas.

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Planche 5 : Les pistes de production entre les villages et les parcelles maraîchères

Piste qui rallie le village de Lahlar aux champs maraîchers situés à l'Est

Piste de 50 à 60 cm de large

Des deux côtés de cette piste se trouvent des parcelles d'oignon (Mboumbaye)

Photos 25-26 : Dans le Gandiolais, les champs maraîchers sont accessibles par des pistes sablonneuses, étroites et tortueuses. Ces pistes, impraticables pour les véhicules lourds en raison de leur largeur d'environ 3 mètres maximum, sont empruntées uniquement par les piétons ou les charrettes.

Photos 27 : Cette piste constitue l'unique voie Photo 28 : Les femmes de tout âge jouent un

principale qui rallie le Tassinère à l'extrême pôle important dans le transport des produits entre

Sud du Gandiolais (Lahlar). En hivernage, elle les champs et les villages maraîchers. A défaut des la

est presque impraticable. charrettes, c'est toute famille qui se mobilise (photo

prise à Dégou Niayes).

Clichés : P. D. Diop, juillet 2005

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L'organisation humanitaire CARITAS, qui a très vite compris qu'il manquait à un grand nombre d'agriculteurs du Gandiolais et de Toubé une formation idoine aux techniques de conservation des produits agricoles, a tourné une bonne partie de ses interventions vers la lutte contre le pourrissement des oignons. En effet, elle est financièrement intervenue dans la zone, durant les années 1987, en construisant des hangars de séchage. L'objectif était d'améliorer les conditions de stockage et d'en étaler la vente, en sorte d'éliminer le risque de saturation du marché et d'effondrement des prix (Bonnardel R., 1992 : 202). Dès les premières années qui ont suivi les constructions, grâce aux séchoirs, le pourrissement rapide des bulbes, connu jusque là, a pu être évité et les maraîchers ont plus ou moins pu maîtriser le pourrissement. Malheureusement, faute d'un entretien et d'une politique de suivis sur les constructions, la quasi-totalité des séchoirs, « aux parois à claires-voies, où l'aération est bien assurée » (ibidem) bâtis en dur, se sont avec le temps dégradés. Ces hangars sont aujourd'hui devenus des lieux de refuge du bétail ou utilisés pour d'autres objectifs. Certains sont transformés en boutique (photo 30) ou en dancing (photo 31) et d'autres se sont à moitié démolis (photos 32-33). Ils sont visibles le long de l'axe Ndiébène Gandiol - Tassinère au bord de la route qui dessert le Gandiol. Depuis 1987, date de la construction de ces hangars, le Gandiolais ne bénéficie d'aucun autre soutien favorable à la conservation de produits maraîchers. Il est aujourd'hui confronté à ce problème de conservation et de pourrissement qui devient de plus en plus aigu. Avec l'ouverture prochaine de l'agropôle de Fass, la population maraîchère du Gandiolais pourrait trouver un moyen plus durable pour la conservation, voire l'écoulement des produits maraîchers.

L'agropôle est situé à quelques kilomètres de Fass, un village de la communauté rurale de Mpal. Le site est à moins de 500 mètres au Nord de la route nationale n° 240. Il est le fruit d'une coopération entre l'Etat du Sénégal et le Royaume Espagnol. L'agropôle couvre une superficie de 40 ha41. Il est composé d'un centre agricole et d'un abattoir moderne.

Le centre agricole abrite une salle équipée de machines qui servent au conditionnement des fruits et légumes et des chambres froides pour la conservation de ces produits agricoles. Les produits qui seront conditionnés dans le centre agricole sont l'oignon, les tubercules (la pomme de terre et la patate douce), la tomate, les haricots verts et les fruits (pastèque, melon, mangue).

40 Voir le mémoire de Ndèye Souna Dièye (en cours de rédaction) sur l'agropôle : une industrie agroalimentaire décentralisée de la zone des Niayes ou stratégie de développement de production agricole (le maraîchage). Analyse de la dynamique d'insertion de l'agropôle dans un espace d'accueil.

41 Sur les 40 ha que couvre l'espace octroyé à l'agropôle de Fass, 20 ha seulement sont pour le moment exploités.

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Planche 6 : L'état actuel des séchoirs construits à Gandiol en 1987 par la CARITAS

Ce vide sert à vendre, à partir de l'intérieur du « dancing », des tickets d'entrée.

Photos 32 et 31 : À Tassinère, les deux séchoirs d'oignons qui ont été construits par la CARITAS en 1987 ont vu leurs objectifs orientés pour d'autres fins. L'un est complètement démoli, alors que l'autre est devenu un « dancing » pour les jeunes. Ces photos sont prises à l'entrée de Tassinère de part et d'autre de la route goudronnée.

Photos 30 et 33 : Ces séchoirs, construits également pour la conservation de l'oignon par la CARITAS à Ndiébène Gandiol, n'ont bénéficié d'une bonne politique de suivi. Le séchoir de la photo 30 est transformé en une boutique par un habitant du village. Sur la photo numéro 33, les trois quarts du séchoir se sont démolis à cause du sel sur le sol, faute d'entretien.

Clichés : P. D. Diop, juillet 2005.

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La chambre froide permettra de conserver les produits pour des durées qui peuvent varier de 7 jours à 3 ans (par exemple l'oignon peut être conservé pendant 3 ans). Les produits de l'agropôle seront destinés à ravitailler les marchés locaux et l'exportation. Le stockage des produits de l'agriculture et de l'élevage, la présentation de produits de très bonne qualité sur les marchés internationaux et la compétitivité sont des objectifs assignés à l'agropôle. Quant à l'élevage, il bénéficie d'un abattoir moderne, un enclos avec des abreuvoirs et d'une salle de congélation. L'abattoir dispose d'une station d'épuration et une station d'incinération.

La station d'épuration permettra de récupérer et de traiter les eaux usées, qui pourront servir à des usages agricoles. L'eau sera dégraissée puis décantée. Les particules seront transformées en produits fertilisant, l'eau décantée servira à l'irrigation des plantes. Le sang sera récupéré et pourra être transformé sous forme d'aliments pour la volaille ou sous forme d'engrais pour fertiliser les sols. La création de l'agropôle, destinée à faciliter la conservation et l'écoulement des produits locaux doit permettre au Gandiolais et à l'ensemble du Delta et de Niayes de pouvoir produire, conditionner et commercialiser plus facilement.

2.2. Contraintes relatives à la commercialisation

Dans l'ensemble des villages du secteur de Gandiol, la production d'oignon est entièrement mise en vente. Malgré la valeur des produits, le Gandiolais souffre toujours de l'absence d'un système de commercialisation efficace. La vente se fait le plus souvent localement et de manière informelle.

Photo 34 : L'unique route qui rallie Gandiol à la ville de Saint Louis et du reste du pays

Cliché : P. D. Diop, juillet 2005

Les Bana-banas (marchants ambulants) sont les seuls partenaires commerciaux des maraîchers du Gandiolais. Ce sont eux qui affrètent les camions et viennent acheter les produits. A défaut, les maraîchers s'associent en petits groupes de trois ou quatre personnes pour pouvoir transporter par camion leur produit jusqu'au marché urbain.

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Aucune structure publique ou privée n'intervient dans l'aval de la filière. Dans la majorité des cas, les producteurs commercialisent eux-mêmes l'oignon jusqu'à Dakar ou à Kaolack. Des camions sont affrétés individuellement ou par de petits groupes de paysans (photo 34). Le producteur ou le représentant du groupe accompagne le chargement. Arrivé à destination (Thiaroye, Dalifort à Dakar), la marchandise est confié à un coxeur qui joue le rôle de coutier et se charge de trouver un acheteur et de négocier le prix. Pour chaque sac vendu, le coxeur gagne 500f, quel que soit le prix de vente. En pleine période de récolte (mars avril jusqu'à fin mai), le prix du gros42 se maintient dans la fourchette de 80 à 150 francs/kg dans la zone de production (vente locale) et jusqu'à 200 francs/kg dans les marchés de consommation (Dakar, Kaolack). La fixation des prix prend en considération, outre la distance de transport, la qualité des infrastructures (pistes, routes), le contrôle routier (municipalités, police) et la nature de la culture. Les maraîchers, malgré l'indispensable travail que réalisent les bana-banas dans le processus de commercialisation, dont la circulation de l'information sur les prix, sur l'existence de stock, sur des acheteurs potentiels, passent parfois des moments difficiles avec eux. Les bana-banas ont une part relativement importante dans la commercialisation et la mise en vente des produits sur le territoire. Ils peuvent proposer aux maraîchers d'acheter le produit à 150 f/kg au maximum (150.000f francs la tonne), mais sur les marchés de consommations, ils réussissent à écouler la marchandise à 200f/kg au minimum, soit 200.000 francs la tonne.

Le principal problème du maraîcher Gandiolais est celui des débouchés, surtout pour l'oignon qui constitue le gros de la production. La zone est desservie par une seule route goudronnée qui permet, à partir de l'actuel hôtel Mame Coumba Bang, d'accéder au réseau routier national. Même si des travaux de réfection ont été effectués en 2004, cette voie n'est pas valorisée par des routes secondaires qui désenclaveraient les villages producteurs.

Economiquement, les maraîchers du Gandiolais ne tirent pas beaucoup de la vente de leurs produits dans les marchés de la capitale régionale. La vente en ville n'est que l'affaire des femmes. En raison de l'absence d'une bonne structuration, les produits également abondants qui viennent du village de Bango et du quartier de Khor, sont aisément écoulés sur le marché, contrairement à ceux du Gandiolais.

Ceci est imputable au système informel de vente qu'adoptent les femmes, malgré l'importance et la variété des produits vivriers qu'elles fournissent aux citadins. D'après elles, le principal problème rencontré sur le marché Saint Louisien, c'est la fluctuation des prix.

42 Le prix au kilogramme pour la vente en gros.

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Conclusion de la deuxième partie

Le secteur agricole du Gandiolais bénéficie d'une large disponibilité de terres de culture. Mais l'accès et la mise en valeur à ces terres reste un handicape pour la multiplication des parcelles cultivables. L'obtention et la mise en valeur d'une parcelle ne justifient pas une bonne campagne agricole. Le producteur du Gandiolais est un paysan pauvre qui n'a que la terre comme source de revenus. Par conséquent, il lui fait subir une forte pression pour augmenter sa production agricole et en même temps accroître ses rendements. Ainsi, différentes techniques de gestion des terres sont utilisées. Cette population n'a qu'un seul souci : comment faire pour produire chaque année un peu plus ? De ce fait, les méthodes de gestion adoptées favorisent, à long terme, la dégradation des sols et fragilisent la qualité des produits locaux. Les contraintes liées aux réalités socio-économiques du milieu s'y ajoutant, les stratégies adoptées et les orientations possibles feront l'objet d'une analyse dans la troisième partie. A partir des principales contraintes auxquelles sont confrontées les exploitants, ainsi que des possibilités d'amélioration, on tentera de proposer aux exploitants d'autres stratégies.

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Troisième partie

*******

Quelles perspectives pour

l'agriculture du Gandiolais ?

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CHAPITRE I

Stratégies à adopter pour atténuer les problèmes de l'agriculture du Gandiolais

1. Le canal du Gandiolais, pour une nouvelle dynamique agricole Dans l'optique d'optimiser les nouvelles opportunités offertes par la remise en eau de la vallée de Ndialakhar, de nouveaux projets de développement agricole et pastoral sont en attente. Il s'agira dans ce chapitre de décrire le canal et les perspectives qu'il dessine.

1.1. L'alimentation du Gandiolais en eau agricole, via le canal

L'approvisionnement en eau agricole a toujours été un besoin crucial dans la zone du Gandiolais. Sur cette bande de terre, depuis plusieurs générations, la question de l'eau est restée un problème épineux. La construction du canal permettra sans doute d'y apporter une solution. Le projet ne date pas d'aujourd'hui. Il y a 13 ans, l'Association pour le Développement du Gandiolais et Toubé (A.D.G.T.)43 avait initié des études pour promouvoir la résolution de la lancinante question de l'eau dans la contrée44. Plusieurs organismes tels que le ministère de l'hydraulique et des O.N.G. ont été mis à contribution. Ainsi, plusieurs perspectives ont été dégagées dans le but d'alimenter la zone du Gandiolais en eau agricole. Ce n'est que durant les années 2000 que l'Etat décide de prendre en charge la réalisation de l'ouvrage d'une longueur d'environ 8,5 km (cf. planche n°7), confié à l'Agence de Promotion du Réseau Hydrographique National (A.P.R.H.N.) et à la SAED, qui se chargent respectivement de la construction du canal et de l'aménagement de la vallée de Ndialakhar.

Parmi ces perspectives dégagées, trois variantes avaient été identifiées (DIOP D., 1998 : 50-51).

- La première variante serait passée par l'alimentation du Ndiael qui serait relié au lac de Guiers par des canaux et au système des trois marigots. Avec toutes les contraintes que comporte l'alimentation du Ndiael (nature du substrat, importance de l'évaporation) afin de transférer l'eau vers le Gandiolais, cette variante n'a pas été retenue.

43 L'Association pour le Développement du Gandiolais et de Toubé représente l'association la plus importante de la zone. Elle compte aujourd'hui plus de 6.000 membres et regroupe l'ensemble des villages du Gandiolais et de Toubé.

44 Entretiens avec quelques responsables et membres fondateurs de l'A.D.G.T. à Ndiébène Gandiol (Gounge, 19 mars 2004), à Ngaye Ngaye, Ndiakhère, Gandon .

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Planche 7 : La réalisation du canal du Gandiolais pour une nouvelle dynamique agricole

Largeur en gueule 20m

Largeur au miroir 12m

Largeur au plafond 4m

Photo 35 : à 2 km au Sud de la route nationale 2, la mise en eau de ce canal de 20m de large sur plus de 8km de long permettra de revitaliser les vallées mortes du Gandiolais et de relancer l'activité agricole et pastorale de la zone.

Le Ngalam

Ouvrage de prise

Photos 36 et 37 : à plus de 8km de la route nationale 2, le Ngalam, défluent du fleuve Sénégal, est la source d'alimentation du canal. L'ouvrage de prise en eau, déjà construit donne une idée sur la prochaine ouverture du canal.

Passerelle

Canal

Photo 38 : à 2km au Sud de la route nationale 2, quelques passerelles distantes de 2km sont construites sur le canal pour permettre aux piétons et troupeaux de traverser le canal.

Clichés : G. Magrin, avril 2005

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- La seconde variante devait passée par l'alimentation de la cuvette de Gueumbeul à partir du fleuve Sénégal. Cette cuvette serait réhabilitée avec l'installation d'un ouvrage de tête sur le fleuve à la bifurcation des chenaux de remontée de la mer ou de la crue. Les risques liés à la probable disparition de l'écosystème de mangrove, à la pollution et à la complexité de l'ouvrage, ont fait également exclure cette option.

- La troisième variante, celle qui a été retenue, est l'alimentation du Ngalam par un canal de jonction entre ce cours d'eau permanant et les anciens axes hydrauliques de la zone, à réhabiliter. Bien que cette option comporte des risques existants, elle présente cependant moins de complications que les précédents. Ainsi, cette solution peut être envisagée à trois niveaux (cf. carte n°8).

Carte n°8 : Les différentes zones humides dans le Delta du Sénégal

- dans le court terme, une partie de l'écoulement du Ngalam en aval de Ndiawdoune sera déviée à partir de Ndialakhar vers la zone en question (voir Bâ H., 2005 : 43). Toutefois, l'écoulement ne pourra se faire que temporairement, pendant la période de crue ;

- dans le moyen terme, il s'agira de renforcer l'alimentation de l'axe Gorom-Lampsar par un canal à partir du réservoir de Diama ;

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- dans le long terme, l'écoulement pourra se faire de manière pérenne, mais il devra être lié à la mise en place effective du schéma hydraulique générale du Delta.

Compte tenu de l'urgence du problème de l'eau dans le Gandiolais, ces différents scénarios pourront être envisagés graduellement en vue de solutionner ce problème.

1.2. Localisation et aire d'influence du canal

1.2.1. Le site d'accueil du canal

La zone du projet de la remise en eau de la vallée de Ndialakhar est située sur la rive gauche du fleuve Sénégal, au Sud des dépressions des trois marigots, de la vallée de Ndialakhar jusqu'à la dépression du Gandiolais. S'agissant de l'emplacement proprement dit de ce canal, il est localisé un peu avant la grande boucle de Rao en venant de Saint Louis (cf. carte 9). C'est le bief amont. Pour ce qui est du bief aval, il s'étend de la dépression de Rao Peul, exutoire du bief amont jusque dans le Gandiolais par l'intermédiaire des voies d'eau naturelles plus ou moins discontinues.

Le bief amont comprend deux sous parties (Diop D., 1998 : 52) :

- la première va des rives du Ngalam sur une distance de 2km. Ici, s'identifie un plateau sur lequel aucune voie d'eau n'est nettement matérialisée. Ainsi, on peut dire que ce plateau joue le rôle de ligne de partage des eaux entre le Ngalam et le Gandiolais.

- A la limite de ce plateau et sur un peu plus de 6km, la seconde partie se matérialise par une série de dépressions plus ou moins continues jusqu'à la route nationale 2. De là, au Sud de la route nationale 2, la vallée prend sa forme plus encaissée.

Avec la réalisation de ce canal de Gandiolais, de nouvelles perspectives agricoles se dessinent pour la population locale. Parmi les attentes liées à ce canal il y a la revitalisation des vallées mortes : bassin de Rao Peul, vallée de Ndialakhar, vallée du Gandiolais l'introduction de nouvelles techniques de productions agricoles avec comme objectif principal accroître la production agricole en l'intensifiant et enfin le renforcement de la couverture végétale pour la stabilisation des dunes.

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1.2.2. L'aire d'influence du Canal

Schématiquement, le canal prend sa source dans le Ngalam sur une longueur d'environ 8,5km, traverse la vallée de Ndialakhar, passe sous la route nationale 2 avant de déboucher sur le bassin de Rao Peul. Il s'ouvre enfin sur la zone du Gandiolais pour ennoyer un bassin qui collectera aussi les eaux de ruissellement. De ce bassin, l'eau va couler par gravitation dans un chenal qui traverse toute la vallée du Gandiolais (figure 9). L'eau ainsi versée dans le bassin naturel y demeure pendant plusieurs mois avant de s'infiltrer et/ou de s'évaporer.

Un important chenal naturel devra ensuite permettre d'évacuer cette eau vers le Gandiolais, dans le but de permettre aux populations de la localité d'être suffisamment ravitaillée en eau douce. La recharge des nappes et la désalinisation subséquente sont fortement recherchées par le canal, qui envisage de contribuer au développement socio-économique de la zone. Le canal du Gandiolais, qui devra alimenter la vallée de Ndialakhar, le bassin de Rao Peul et la vallée du Gandiolais, constitue aujourd'hui un espoir patent pour une nouvelle dynamique socio-économique de la communauté rurale. Il permettra à la SAED d'engager des travaux d'aménagement dans la communauté rurale de Gandon. Cette zone, depuis plusieurs décennies, est victime d'une dégradation combinée des ressources naturelles (eau, sol et végétation) par les contraintes climatiques et la progression persistante de la salinisation.

1.3. Le canal et le développement du secteur agricole

Le canal ne se fera pas sans des impacts sur son site d'accueil et sur son environnement proche (voir Tropica, 2001 : 19-22). Quelques uns d'entre eux méritent une attention particulière.

1.3.1. Les impacts positifs

La zone du canal est caractérisée par une évolution du régime hydrologique vers une réduction des apports des crues du fleuve Sénégal du fait des barrages et d'une salinisation des aquifères et du sol. Ce projet qui consiste à remettre en eau la vallée du Gandiolais permettra ainsi « le déversement de 25 millions de m3 d'eau pendant la période d'hivernage où la crue favorise un surplus d'eau » (TROPICA, 2001 : 2). La remise en eau de la vallée du Gandiolais doit offrir les conditions de développement de la zone à travers des facilités d'accès à l'eau douce, à des terres plus aptes à l'agriculture et l'élevage. La faune aviaire retrouvera de vastes étendues d'eau douce et une ressource de nourriture.

Figure n°9 : Représentation schématique du dispositif de la remise en eau de la vallée du Gandiolais

Source : Document du projet - Diop P. D.- 2005

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Ainsi, le Gandiolais pourra servir de base de repli aux oiseaux durant les périodes d'assèchement et de nettoyage des plans d'eau du parc de Djoudj. En effet, l'apport d'eau du canal favorisera la désalinisation des sols et des nappes qui seront rechargées, donc plus facilement utilisables pour des usages agricoles. Avec l'alimentation du canal, les nappes de la vallée du Gandiolais seront réalimentées et adoucies, le biseau salé abaissé et les régimes hydriques naturels reconstituées (TROPICA, 2001 : 29).

1.3.2. Les impacts négatifs

Le développement de l'agriculture axé sur le maraîchage va engendrer des maladies hydriques dues aux pollutions et aux intoxications des eaux par les pesticides et les engrais. La forte demande en terre pour l'agriculture va stimuler la spéculation foncière et la restriction des terres disponibles, ainsi que les conflits d'intérêt entre éleveurs et agriculteurs.

Le reboisement des abords du canal, pour éviter l'ensablement de l'ouvrage à ciel ouvert, pourra provoquer la baisse de la nappe si le choix des espèces végétales se porte sur les phréatophytes (des espèces dont l'évolution exige beaucoup d'eau) comme le palétuvier ou l'eucalyptus. Au niveau de la vallée du Gandiolais, le développement agricole risque d'engendrer des problèmes liés à la pollution par les résidus d'intrants agricoles, avec une eutrophisation comme conséquence finale. Les activités agricoles induites par la remise en eau de la vallée se feront avec une forte utilisation de produits phytosanitaires et d'engrais chimiques qui risquent de provoquer la contamination et/ou la salinité des sols. Enfin, la présomption que les terres dans la partie qui sera traversée par le canal seront mises en valeur va stimuler des attitudes d'appropriation qui pourraient générer des conflits autour du foncier, d'où l'importance de revoir les décisions qui ont été arrêtées avec l'élaboration d'un Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols (POAS).

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2. Le POAS pour un rapprochement entre l'agriculture et les autres activités

Pour amoindrir les difficultés liées à la question foncière et à la cohabitation entre l'agriculture et l'élevage, la communauté rurale de Gandon a décidé de mettre en place un Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols (POAS) pour une gestion durable et équitable des ressources foncières. En conséquence, pour le respect des règles définies par le POAS, certaines mesures doivent être prises en compte.

2.1. Définition et objectif du POAS

2.1.1. Définition

Le POAS est « considéré comme un cadre directeur guidant les gestionnaires locaux pour l'analyse, la planification et la réalisation de l'aménagement et du développement à l'échelle locale. C'est en même temps un outil de dialogue, entre les populations et les institutions, qui peut ainsi enrichir la conduite de toute opération d'aménagement et de développement en regards des contraintes de l'occupation de l'espace ou de leurs répercussions sur celle-ci ». (D'Aquino et al., 2001 : 204). En d'autres termes, le POAS est un outil qui permet aux communautés rurales de mieux maîtriser leurs terres. Le POAS permet de définir différents types de zones à vocation multiple par l'élaboration d'un schéma d'aménagement et de gestion des terres.

2.1.2. Objectifs du POAS

La communauté rurale de Gandon a toujours été une zone agro-pastorale. C'est avec l'effet persistant de la salinité sur les terres de culture et les sols que les agriculteurs maraîchers, en avançant du littoral vers les dunes, ont occupé les parcours pastoraux. C'est ainsi que l'élevage a du mal à retrouver ses anciennes zones de parcours. En essayant de maintenir leur activité sur les anciennes zones, aujourd'hui occupées par l'agriculture, les éleveurs se heurtent souvent aux paysans. Pour dénouer ce problème, des conventions s'imposent pour une cohabitation harmonieuse C'est dans cette perspective que s'inscrit le POAS de la communauté rurale de Gandon.

Les objectifs visés par le POAS sont multiples. Il s'agit :

- d'installer au niveau des collectivités locales un pôle de négociation avec les partenaires, de

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concertation avec les populations et de compétences pour la gestion collective des ressources locales ;

- de définir des règles collectives concernant la gestion de l'eau et des terres, reconnues et soutenues par tous les acteurs institutionnels et étatiques ;

- enfin le POAS cherche à mettre progressivement en place une planification décentralisée du développement local, par les collectivités locales et en concertation avec le développement et la recherche (D'Aquino et al., 2001 : 204).

D'une manière générale, les résultats attendus sont de trois ordres :

« - des règles consensuelles pour la gestion de l'espace et des ressources ;

- une organisation pour le suivi et le contrôle de l'application des règles ;

- des supports cartographiques appuyant et concrétisant les deux autres éléments » (ibidem).

2.2. Dispositif d'application pour la réussite du P.O.A.S.

Le Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols de la communauté rurale de Gandon, dans sa première phase d'élaboration par la SAED et le conseil rural avec la participation effective des différentes couches sociales, a identifié et défini quatre zones d'occupation des sols.

? La zone agro-pastorale à priorité agricole (ZAPA) ? La zone agro-pastorale à priorité élevage (ZAPE) ? La zone pastorale (Z.P.)

? La zone d'habitation (Z.H.)

Compte tenu des préoccupations des différentes couches de la société (élevage, agriculture, habitation), le POAS, le conseil rural et la population locale ont réussi à mettre en place ce zonage défini comme suit :

Dans la ZAPA, le déplacement du bétail est interdit pendant toute l'année en dehors des pistes qui lui ont été réservées. Toute divagation sera punie sur la base d'une estimation des dégâts qui seront remboursés et d'une pénalité pour manquements aux règles du POAS. Toutefois, le parcours du bétail est toléré en toute saison dans tout l'espace non cultivé. Par conséquent, l'éleveur est entièrement responsable des préjudices que son troupeau pourrait causer aux champs et à proximité.

Dans la ZAPE, pendant toute l'année et dans toute la zone, le parcours du bétail est autorisé. Cependant, la pratique agricole est tolérée à condition que les champs soient regroupés par village ou par groupe de villages, selon un schéma arrêté par les chefs de

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villages concernés. Ce regroupement des champs se fera en concertation avec les désignés des éleveurs. Toute divagation commise sur les champs situés sur le site retenu est systématiquement punie sur la base d'une estimation des dégâts qui seront remboursés en cas d'un probable échec de l'arrangement à l'amiable.

La Z.P. est exclusivement réservée au bétail pour toute l'année. Toute sorte de pratique susceptible d'entraver l'exercice de ce droit est interdite et passible d'une pénalité pour manquement aux règles du POAS. La pratique de l'agriculture est strictement interdite dans cette zone, sous peine d'amende.

La Z.H. quant à elle est constituée par les sites actuels des villages et hameaux qui leurs sont rattachés et des zones d'extension définies par le POAS ou sur les plans de lotissement validés par celui-ci. Les zones d'habitation sont prioritairement destinées à l'occupation humaine pour l'habitat et les infrastructures villageoises. Toute forme d'occupation susceptible de gêner cet usage est strictement interdite. En effet, l'installation sur une Z.H. est soumise au préalable à une autorisation du conseil rural ou d'une autorité dûment mandaté par ce dernier (C.R .Gandon, 2004 : 4-5).

D'autres points ont été retenus par le POAS. Il s'agit, entre autres, d'un certain nombre de points d'eau officiellement reconnu comme points d'abreuvement du bétail et d'un certains nombre de couloirs officiels d'accès du bétail aux points d'eau pastoraux. Le POAS autorise également l'accès du bétail aux parcours post-culturaux. De ce fait le conseil rural devra dresser une liste de champs destinés à la vaine pâture45. Le POAS a également arrêté une liste de pistes de production pour l'accès aux villages, champs et points d'eau. Il est retenu dans le POAS que le conseil rural, conformément à la loi 64-46 de l'année 1964, devra veiller au suivi rigoureux des désaffectations foncières pour s'assurer de la mise en valeur effective et dans les délais requis par la loi, et d'un respect de la superficie et de la zone effectivement affectée.

Une telle décision ne se fera pas sans difficultés. Les populations de la communauté rurale de Gandon ont toujours considéré que les terres héritées de leurs grands-parents ne peuvent en aucun cas revenir de droit à la commission domaniale. C'est ainsi que lors des séances de travail tenues dans les locaux de la maison communautaire entre le conseil rural, la SAED et la population locale, pour l'élaboration du POAS, cette dernière s'en est prise à plusieurs prises à la commission domaniale, refusant toute possibilité de désaffectation. De même les éleveurs avaient mal vu la réduction des parcours pastoraux, classés comme ZAPA

45 Vaine pâture : droit de faire paître son bétail sur des terrains non clos dont on n'est pas propriétaire, après la récolte.

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au profit des agriculteurs. Ainsi, pour que le POAS remplisse sa mission, il lui faut un dispositif garantissant l'application de ses règles de gestion de l'espace. C'est à ce titre que le conseil rural de Gandon privilégie le dialogue pour une meilleure compréhension des objectifs du POAS. Ainsi, les actions à entreprendre mettent l'accent sur :

- la sensibilisation : il s'agit de renforcer le dispositif de communication pour toucher le maximum de personnes. Le POAS ne pourra occuper sa place que lorsque la population aura un niveau d'information sur son utilité. Par conséquent, les personnes influentes qui prennent part aux rencontres décisionnelles, doivent rendre compte à leur population respective des décisions issues de ces rencontres et de leurs importances. Les structures locales de développement, la communauté rurale et les organisations comme Plan Sénégal, devront tenir des séances d'information et de sensibilisation sur le POAS, à l'occasion des événements socioculturels organisés dans les villages et des grandes fêtes de retrouvaille (tabaski, maouloud).

- l'appropriation du plan : une bonne compréhension du POAS peut aboutir à une adhésion définitive de la population. Elle est également indispensable pour le suivi et la bonne tenue de l'opération. Il faut également insister sur la position de chaque acteur et le rôle que chacun doit jouer pour situer les responsabilités et mieux garantir la pérennité du processus.

En plus, toute prise de décision et tout projet de développement intervenant dans la communauté rurale doivent être orienté par le POAS ; par exemple le P.L.D. de la communauté rurale de Gandon, rédigé en 2001 par le Plan Sénégal et repris en 2002, devrait être révisé et y intégrer les données du POAS pour une meilleure spatialisation de la zone.

- la formation des acteurs à l'analyse de la cartographie : les différents acteurs devrait être en mesure de lire et d'interpréter les cartes afin de pouvoir faire appliquer les recommandations du POAS.

Pour amoindrir les litiges fonciers qui risquent de devenir plus fréquents avec la mise en valeur de la vallée du Gandiolais et du Toubé, la bonne gouvernance s'impose comme un préalable avant toute autre décision. Dans ce cas, les responsables locaux doivent être beaucoup plus conscients des pouvoirs qui leurs sont assignés. Le faible niveau d'étude des conseillers ruraux constitue une entrave, car l'instruction joue un rôle majeur sur les compétences des collectivités locales.

Les populations devraient également être associées aux prises de décision relatives aux affectations des sols. En organisant des séances de concertation avec les populations locales, les conseillers ruraux seraient en mesure d'anticiper sur les conflits, en prévoyant la résolution d'éventuels litiges fonciers.

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CHAPITRE II

Quelques orientations possibles pour un meilleur développement agricole durable

Les quelques orientations qui suivent ont trait aux moyens d'accroître ou de rendre plus accessibles les possibilités de satisfaction des besoins du producteur. A partir de quelques éléments principaux, on tentera de dégager un certain nombre d'orientations qui pourraient permettre aux exploitants de la communauté rurale de Gandon, notamment ceux du Gandiolais et du Toubé, de surmonter les contraintes évoquées ci-dessus.

1. Actions à mener pour la relance du secteur agricole dans le Gandiolais

À la suite de l'analyse des différents problèmes de l'agriculture, des perspectives attendues dans « l'après-canal » et de règles définies par le POAS, quelques orientations peuvent être retenues pour le développement de l'agriculture dans le Gandiolais.

1.1. Promouvoir la redynamisation du secteur agricole

L'accès aux facteurs de productions tels que la terre, les intrants, le matériel agricole pose un problème au niveau de la communauté rurale de Gandon. Cette situation constitue un facteur de blocage pour l'évolution du secteur agricole dans la zone. Une nouvelle dynamique agricole dans la communauté rurale notamment dans le Gandiolais et le Toubé, nécessite l'amélioration de la tenure foncière, la redynamisation des structures villageoises et l'allégement des conditions d'accès aux crédits financiers et aux intrants.

1.1.1. Améliorer les conditions d'accès au foncier

La loi 64-46 du 17 juin 1964 stipule en son article premier que « toutes les terres non classées dans le domaine public, non immatriculées et dont la propriété n'a pas été transcrite à la conservation des hypothèses à la date d'entrée en vigueur de la présente loi, constituent de plein droit le domaine national ». Au niveau de la communauté rurale, les terres du terroir sont exploitées pour l'habitat rural, l'agriculture, l'élevage, ... Ces terres sont pour le domaine national, inaliénables et sont exclues de toute vente. Mais cette loi est très limitée dans son application. Une meilleure connaissance de la disponibilité des terres, de leur répartition et de

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leurs caractéristiques s'avère plus que nécessaire pour une utilisation judicieuse des sols. Par conséquent, le conseil rural devait renforcer sa collaboration avec les services techniques (comme l'ANCAR et le PLAN) par l'organisation des séminaires pour la formation des conseillers ruraux, notamment ceux de la commission domaniale et pour la mise sur pied d'une base de données consistantes, qui pourra faciliter l'application adéquate et systématique des règles définies par le POAS. Le conseil rural pourrait également initier ou encourager des rencontres de sensibilisation entre la communauté rurale, les paysans et les partenaires privilégiés pour faire comprendre aux conseillers, aux paysans et aux populations en général, les textes et principes de la loi sur le domaine national. Il sera tenu en même temps d'encourager les paysans pour qu'ils se sentent en sécurité dans leur exploitation en vu d'une meilleure protection des sols. Ces derniers doivent aussi reconnaître la primauté du conseil rural dans la gestion des terres.

1.1.2. Redynamiser les structures villageoises

On assiste de plus en plus à une prolifération d'organisations villageoises à caractère coopératif et/ou associatif. Ces structures, animées par une réelle dynamique d'organisation, méritent d'être motivées. Le recours au crédit permettrait aux producteurs, dans l'incapacité de financer leur investissement, d'accéder à des moyens de production qui augmenteraient la productivité de leur travail. En vue d'apaiser les difficultés relatives à l'accès au crédit, les paysans doivent asseoir une gestion sociale de l'activité agricole en s'associant pour faire de gros investissements et rendre en même temps le mécanisme de production performant. Les paysans ne sont pas les seuls acteurs de développement. La communauté rurale étant le principal agent de développement de la zone, est astreinte à mettre sur pied les mécanismes de base nécessaires pour asseoir, accompagner et soutenir le développement et la croissance économique. Il lui appartient également d'appuyer et d'encourager les organismes de financement, en jouant le rôle de facilitateur entre eux et les producteurs locaux, pour la mise en place des structures de crédit agricole, la création d'institutions chargées de faire le suivi de l'information scientifique véhiculée par les partenaires au développement. Pour cela, l'important semble être pour elle la promotion d'organisations locales efficaces et représentatives, capables d'apporter des appuis adaptés aux producteurs, de défendre leurs intérêts et d'exprimer une demande sociale dans des cadres de concertations. Le raffermissement des relations entre les différents mouvements associatifs des villages du Gandiolais et du Toubé assurerait leur promotion économique et sociale auprès des partenaires au développement en vue d'éventuelles interventions des organismes de

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financement dans la zone.

Les financements dont bénéficient les populations de la communauté rurale de Gandon demandent un certain nombre de conditions d'accès aux crédits. Cela suppose au préalable l'obtention d'une reconnaissance juridique pour les G.I.E. et les O.P. En outre, toute personne demandant un prêt doit remplir divers formulaires (annexe 5), ce qui est une condition d'exclusion pour la majorité des paysans de la zone.

L'ANCAR, dans les taches qui lui sont dévouées, essaye de propulser l'agriculture par le biais de petits projets de développement. Elle a joué un rôle important dans ce sens en initiant les producteurs sur les techniques d'accès au financement. Plusieurs structures, particulièrement les G.P.F., sont, grâce à l'appui de l'ANCAR, en mesure de remplir une fiche de projet ou de proposer un canevas pour un éventuel financement.

L'objectif recherché dans la redynamisation des O.C.B. c'est d'ouvrir des possibilités d'auto-création d'emploi à l'importante main-d'oeuvre sous-utilisée ou au chômage et de faire revenir la population partie en exode rural. Tl s'agira également de permettre aux plus défavorisés de s'intégrer dans des structures où ils pourront trouver une capacité d'actions grâce au soutien mutuel. Leur force permettra aussi de rompre l'éternel cercle vicieux « faible revenu - faible épargne - faible investissement », pour arriver à entrer dans un cycle de croissance. Enfin, une bonne structuration des O.P. aiderait les plus pauvres à gagner leur autonomie, tant individuelle que collective.

Il faudrait, de la part de la communauté rurale, une planification des actions prioritaires sur lesquelles ces organisations vont se baser pour travailler et permettre aussi un développement harmonieux de cette zone et une agriculture plus performante. La définition de ces actions prioritaires doit émaner de la population locale et non être parachutée par ces structures. Ceci permettrait d'éviter des pertes de finances, d'énergie et de temps.

1.1.3. Possibilités de conditions d'accès aux prêts

Les enquêtes menées sur le terrain ont révélé que même si les systèmes de culture et les techniques culturales sont uniformes dans tout le Gandiolais, il n'en est pas de même pour les conditions de vie des populations. Par conséquent, des innovations convenant à un exploitant peuvent ne pas convenir à un autre. De ce fait, les organismes de financement (comme la CARITAS, le PLAN Sénégal), dans le cadre de leurs accords de partenariat, pourrait chercher à créer, en collaboration avec les populations locales, une « banque de crédit » qui ne demande aucune garantie et qui s'adresse exclusivement aux plus pauvres de sa localité,

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notamment la main-d'oeuvre infortunée et n'ayant presque pas de terre. Le fonctionnement de cette banque pourrait être basé sur quelques principes.

Tout d'abord, ceux qui veulent obtenir un crédit doivent constituer un groupe partageant les mêmes préoccupations et ayant les conditions similaires d'existence. Ces organismes doivent au préalable faire subir une formation à quelques membres de chaque groupe ; cette formation, portant sur les règles et les procédures de fonctionnement de la banque, permettrait à cette dernière de s'assurer de la bonne compréhension de chaque groupe de son système de fonctionnement et de leur capacité à lire et à écrire.

Du fait qu'il est actuellement impossible d'intervenir dans la zone sans passer par la communauté rurale, cette dernière devrait jouer le rôle de facilitateur. Ainsi, la banque estimant que c'est à elle d'aller vers les gens et non l'inverse, privilégiera les contacts directs et les visites de proximité sans intermédiaire, mais avec le cautionnement du conseil rural. Cette banque demandera à tous ses membres de faire une épargne au préalable. Par rapport au mouvement de ce compte, la banque décidera sur le montant à prêter aux membres de chaque groupe. Les bénéficiaires d'un financement seraient libres de choisir le domaine dans lequel ils vont s'investir (agriculture, élevage, pêche, artisanat, commerce), pourvu qu'ils réussissent à rembourser à temps et à épargner pour leur propre compte. En fonction de leurs connaissances et de leur savoir-faire, suite à la formation préalable de quelques uns de ses membres, le groupe devra ainsi décider des activités qu'il va exercer pour s'assurer un revenu, même en cas de mauvais résultats, et élaborer le plan d'utilisation du prêt de chacun de ses membres. Cette technique permettra aux producteurs d'être de plus en plus autonome et à long terme de pouvoir assurer leur propre financement.

2. Les alternatives possibles pour le secteur agricole

Cette analyse portera sur les choix envisageables pour surmonter les contraintes identifiées dans la zone du Gandiolais et de Toubé et qui constituent une entrave à l'évolution du secteur agricole. De cette analyse, on parviendra à définir une approche susceptible de lever les contraintes qui pèsent sur le secteur agricole.

2.1. Alternatives paysannes

Dans la recherche de solutions susceptibles d'atténuer les contraintes de développement,

les groupes bénéficiaires, c'est-à-dire les acteurs, doivent être les premiers responsables des choix et de la conduite des activités de développement. En effet, les acteurs sont les mieux à même de définir leurs besoins et de connaître les ressources dont ils disposent et d'identifier

108

les contraintes qu'ils rencontrent. Si l'on pense et agit pour eux, ils ne se sentiront pas responsables et seront peu motivés pour assurer le succès des actions qu'ils considèrent le plus souvent comme leur étant imposées. Les paysans sont à la base de l'exécution de toutes les activités de développement en monde rural. Ils sont assez conscients des difficultés auxquelles ils sont confrontés. Par conséquent, ils doivent être en mesure d'exprimer leurs difficultés et de définir leur priorité.

Néanmoins, ils jugent nécessaire l'intervention de l'Etat dans certains volets. Ils sollicitent l'appui de l'Etat dans la gestion des facteurs de production (intrants, matériels agricoles) et dans la création de magasins pour le stockage de leur semence et produits agricoles. Dans le Gandiolais, les maraîchers éprouvent beaucoup de difficultés pour gérer les facteurs de production d'une culture commerciale comme l'oignon. La gestion de cette variété nécessite des moyens financiers suffisants et des infrastructures adéquates. Ce qui n'est pas à la portée de tous les paysans du Gandiolais où on note un déficit pointu d'organisations paysannes. L'accès aux intrants agricoles est aussi un problème de taille. Les maraîchers du Gandiolais ne bénéficient d'aucune structure de financement en intrants. Pour un soutien financier, ils se rapprochent des mutuelles de Mpal, Rao ou Mboumbaye, dont ils jugent les conditions difficiles. De ce fait, ils souhaiteraient que les conditions soient allégées au bénéfice de tout le monde. Tout en cherchant à redynamiser les sections villageoises surtout dans le volet financier, les maraîchers sollicitent l'appuie de l'Etat dans le volet commercial afin qu'ils puissent eux-mêmes régulariser leurs prix. Les prix aux producteurs, aux ambulants et aux marchés de consommation sont nettement différents. Les producteurs n'ont aucune information sur les mécanismes de la promotion de leur production. Ils soulignent qu'ils sont victimes d'une exploitation (sans précédent) par les bana-banas. La révision des prix de cession des produits agricoles locaux et des prix au producteur est aussi au centre des préoccupations paysannes. Le prix de cession des produits d'oignon est de 200f/kg soit 8.000f le sac de 40kg et 200.000f la tonne, alors que le prix au producteur varie entre 80 et 170f/kg (pour la vente locale) soit en moyenne 5.000f le sac de 40kg et 125.000f la tonne. Pour chaque tonne vendue dans les marchés de consommation, le bana-bana y gagne en moyen 75.000 francs par rapport au prix d'achat au producteur. La régularisation des prix et l'achat des produits locaux par l'agropôle de Fass, permettraient aux producteurs de tirer plus de revenus sur la vente tout en limitant les opérations commerciales irrégulières et en leurs défaveurs, effectuées par les bana-banas.

109

2.2. Alternatives des mutuelles locales : l'exemple de celle de Mboumbaye

Les mutuelles sont les seuls partenaires financiers directs des maraîchers du Gandiolais. Elles cherchent à appuyer tous les secteurs de développement, particulièrement celui de l'agriculture. L'exemple de la mutuelle de Mboumbaye est illustratif. Devenue un acteur de taille dans les activités développement socio-économiques de la localité, la mutuelle de Mboumbaye doit être impliquée dans la recherche d'une approche susceptible de relancer le développement de l'agriculture. Cette mutuelle, malgré les efforts qu'elle déploie dans le secteur agricole, connaît pourtant des difficultés qu'elle tente de solutionner.

Tableau 8 : Difficultés et solutions proposées par la mutuelle de Mboumbaye

DIFFICULTES

PROPOSITIONS

Absence ou retard du remboursement des dettes par les bénéficiers.

Plus grand sérieux des paysans et autres clients.

Difficultés liées à la commercialisation des produits et vente informelles aux bana- banas

Avoir une bonne maîtrise de la production : éviter la surproduction au niveau des marchés locaux et nationaux, trouver des partenaires en aval de la filière

Concurrence des régions productrices

d'oignons et l'importation des oignons européens (l'oignon Hollandais).

Mise en place par l'Etat d'un système de péréquation des prix pour rendre plus attractif le prix au producteur et suspendre ou régulariser les produits d'importation.

Source : Enquêtes personnelles 2005

Pour surmonter ces difficultés, la mutuelle propose des orientations pour la consolidation de ses intérêts et de ceux des producteurs (cf. tableau 8). Néanmoins, les non remboursements volontaires ou involontaires sont des pratiques courantes auxquelles se livrent certains producteurs. Ces pratiques faussent les objectifs de la mutuelle. De ce fait, les maraîchers doivent respecter tous les engagements qu'ils avaient avancés avec la mutuelle. Certains maraîchers, sous estimant les rendements tirés de leur récolte, prétendent parfois de ne pas pouvoir payer entièrement leur dette en raison d'une mauvaise campagne agricole.

110

2.3. Propositions de quelques partenaires au développement

Certaines structures comme l'IRA, la CARITAS et l'ANCAR, jouent un rôle important dans l'encadrement de l'agriculture du Gandiolais. Ce sont des organisations décideurs dont les propositions mérites d'être prises en compte dans la recherche de solutions ou d'alternatives appropriées pour la relance de la culture maraîchère. La CARITAS, a toujours mené des recherches pour l'introduction de nouvelles variétés d'oignon plus productives dans le Gandiolais. L'IRA également participe à la lutte contre les insectes et animaux dévastateurs des plantes ou récoltes. Restauration amendement

Tableau 9 : Difficultés et alternatives de la production maraîchère dans le Gandiolais, d'après l'IRA, la CARITAS et l'ANCAR.

DIFFICULTES

ALTERNATIVES

Baisse de la fertilité des sols

Restauration des sols par une pratique du

labour amélioré, amendement minéral et
organique

Baisse des rendements

Fourniture de semences de bonne qualité et adapté aux conditions agricoles

Cherté des intrants et faiblesse du prix au producteur

Co-gestion de la filière entre les mutuelles, les producteurs et l'Etat

Vétusté du matériel agricole et du système de production agricole

Mise en place d'un vaste programme de renouvellement en matériel agricole par un prix abordable et modernisation du système de production par l'introduction de nouvelles techniques de cultures.

Problème de stockage en période d'abondance sur les marchés locaux et nationaux, pourriture

des produits mal stockés et baisse des
rendements agricoles.

Construction d'abris séchoirs afin d'éviter les risques de pourriture, produire en fonction de la demande sur les marchés et des possibilités de commercialisation, orienter la destination d'une bonne partie des produits de vente vers l'agropôle de Fass qui devra être considéré comme premier partenaire commerciale.

Source : enquêtes personnelles 2004

111

Ces structures, compte tenu des réalisations qu'elles ont eu à faire dans la zone et des échecs notés, détiennent une certaines expérience qui leurs permet de proposer quelques orientations. Ainsi, elles ont fait une liste des difficultés que connaît la culture maraîchère dans le Gandiolais et ont recommandé des propositions qui peuvent les atténuer (cf. Tableau 9).

L'analyse des différentes propositions formulées par les acteurs au développement montre l'ampleur des contraintes de développement agricole dans le Gandiolais. Elle a en outre montré que les acteurs concernés par l'agriculture du Gandiolais pourraient être les premiers responsables dans le choix des actions à mener pour améliorer leur niveau de vie et résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés. C'est pourquoi la recherche de solutions, susceptibles de corriger ou d'atténuer les difficultés que connaît l'agriculture, est nécessaire pour la prise en compte de l'intérêt de tous les acteurs de la filière. Une telle démarche peut atténuer les déséquilibres et permet à chacun de profiter des retombées de la culture maraîchère.

Conclusion de la troisième partie

Il ressort au terme de l'étude de cette partie, que le Gandiolais et la communauté rurale en général, malgré toutes les contraintes qui s'opposent à l'évolution de l'activité agricole, entrent dans une nouvelle phase de révolution agricole. Avec la réalisation du canal du Gandiolais, l'application des règles définies par le POAS et l'ouverture prochaine de l'agropôle de Fass, le secteur agricole de la zone va connaître une nouvelle tournure. A cela, s'ajoutent les différentes propositions avancées par les paysans, les mutuelles existantes et les partenaires au développement qui interviennent au niveau de la communauté rurale. Pour un avenir meilleur du secteur agricole dans la communauté rurale, notamment dans le Gandiolais et le Toubé, les producteurs doivent tenir compte les recommandations qui ont été formulées par des partenaires qui, techniquement maîtrisent mieux qu'eux les contraintes auxquelles le milieu fait face.

112

CONCLUSION

Au terme de cette étude, on a pu prendre conscience de l'existence dans la zone du Gandiolais et de Toubé d'une dynamique agricole ancienne qui, désormais, doit faire face à de nouvelles mutations socio-économiques. Le regard porté sur les pratiques agricoles dans le Gandiolais et le Toubé montre une situation alarmante qui n'incite guère à l'optimisme du fait des contraintes qui pèsent sur cette zone.

A y regarder de près, les principales contraintes au développement de l'agriculture concernent autant la dégradation des paramètres environnementaux et économiques que les mesures d'accompagnement. L'absence ou l'insuffisance de structures d'encadrement du fait des contraintes physiques du milieu, des échecs répétitifs de certaines structures d'interventions (comme la CARITAS), expliquent les interventions très limitées dans la zone. A ceux-là s'ajoutent la cherté des facteurs de production (semences, engrais, produits phytosanitaires, etc.). Il en résulte de larges superficies sous-exploitées, une chute de la production et une faiblesse des rendements.

L'absence de structure adéquate de stockage, la dégradation ou l'état de délabrement des séchoirs, conjugués aux mauvaises conditions d'organisation de la vente et les problèmes d'écoulement sur les marchés urbains, ont largement influé sur les rendements de la production agricole, du fait des pertes considérables de produits maraîchers stockés (pourrissement) et de la baisse des prix

Malgré toutes ces insuffisances, il n'en demeure pas moins qu'il existe quelque part des progrès assez notoires. On peut noter parmi ceux-ci la diversification des produits maraîchers (oignon, carotte, tomate, etc.), avec certes une large dominance des oignons, les efforts fournis dans la gestion de la fertilité des sols avec les systèmes de rotation des cultures, la jachère. Même si les conditions du milieu se dégradent, il est indispensable qu'une autre démarche soit adoptée pour permettre la réappropriation de la filière par les producteurs.

Ces démarches passeraient nécessairement par une meilleure organisation des producteurs qui permettrait de conclure des accords avec les partenaires au développement qui interviennent dans le secteur agricole au niveau de la communauté rurale de Gandon. Grâce à cette organisation, ils pourront parvenir à réorganiser le système vente qui, localement a toujours été en faveur des bana-banas. Une sécurisation de la production avec la création d'infrastructures de stockage est également indispensable. Dès à présent, les producteurs, la communauté rurale et leurs partenaires peuvent ensemble penser à une réintroduction d'un

113

autre mécanisme de régulation des crédits de campagne pour permettre à tout producteur d'y accéder, c'est-à-dire modérer les conditions de prêts. Il s'agira également pour l'Etat d'arrêter ou de limiter les importations durant les périodes d'abondance. Cette décision permettrait l'écoulement rapide de la production agricole et encouragerait davantage la production locale.

La mise en eau de la vallée du Gandiolais et l'ouverture de l'agropôle de Fass, permettront de contourner ou d'amoindrir toutes ces contraintes qui entravent l'évolution du secteur agricole dans le Gandiolais et le Toubé. Avec la réalisation du canal du Gandiolais, la communauté rurale de Gandon pourra désormais entrer dans une véritable phase de mutation agricole avec l'introduction d'une nouvelle technique de production agricole dans le Gandiolais qu'est l'agriculture irriguée. De même, l'agropôle de Fass permettra peut être de résoudre les problèmes de stockage et d'écoulement des produits maraîchers qui, en dehors des contraintes physiques et socio-économiques, constituent une donnée centrale de l'équation pour la durabilité du système maraîcher.

Malgré toutes les contraintes physiques et socio-économiques, le Gandiolais garde toujours sa réputation d'une zone de maraîchage par excellence. Pour concrétiser au bénéfice de la population locale tous les espoirs placés sur les disponibilités en eau de «l'après-canal », tous les acteurs de développement de la localité doivent agir de concert afin d'atteindre le bien être auquel ils aspirent depuis plusieurs décennies.

114

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Webmaster@fao.org lesoleil@lesoleil.sn http://www.sapie.com

SIGLES ET ACRONYMES

A.D.G.T. : Association pour le Développement du Gandiolais et du Toubé

A.D.P.E.S. : Association sénégalaise pour une Dynamique de Progrès Economique et Social

ANCAR : Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural

A.U.F. : Agence Universitaire de la Francophonie

CAR : Conseil Agricole et Rural

CECI : Centre canadien d'Etude et de Coopération Internationale

C.E.R.P. : Centre d'Expansion Rural Polyvalent

C.L.C.O.P. : Cadre Local de Concertation des Organisations de Producteurs

CROUS : Centre Régional des OEuvres Universitaires de Saint Louis

D.E.A. : Diplôme d'Etude Approfondie

D.R.D.R. : Direction Régionale pour le Développement et la Recherche agricole

F.A.I. : Fonds d'Appui à l'Innovation

FED : Fonds Européen de Développement

FIR : Fonds d'Investissement Rural

FIT : Front Inter Tropical

F.J. : Foyer des Jeunes

G.I.E. : Groupement d'Intérêt Economique

GIRARDEL : Groupe Interdisciplinaire de Recherche pour l'Appui à la planification

Régionale et au veloppement Local

G.P.F : Groupement de Producteur Féminin

IRA : Inspection Régionale de l'Agriculture

ISRA : Institut Sénégalais de Recherche Agronomique

L.S.H. : Lettres et Sciences Humaines

119

O.C.B. : Organisation Communautaire de Base

O.J.F. : Organisation des Jeunes Filles

O.N.G. : Organisation Non Gouvernementale

O.P. : Organisations de Producteurs

P.O.A.S. : Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols

P.A.V.G.T. : Programme Agricole des Villages de Gandiol et de Toubé

P.D.R.H. : Projet de Développement des Ressources Humaines

P.L.D. : Plan Local de Développement

PNAT : Plan National d'Aménagement du Territoire

PNIR : Programme National d'Infrastructure Rurale

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

P.P.M.E.H. : Projet de Promotion des Petites et Moyennes Entreprises

R.N.2 : Route Nationale numéro 2

SAED : Société nationale d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta et de la

Vallée du fleuve Sénégal

UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar

U.F.R. : Unité de Formation et de Recherche

U.G.B. : Université Gaston Berger

120

TABLES DES ILLUSTRATIONS

Liste des cartes :

Carte n°1 : Le Gandiolais, de contact entre les Niayes et le Delta 6

Carte n°2 : Zonage de la communauté rurale de Gandon d'après le POAS 8

Carte n°3 : Situation des villages du Gandiolais et de Toubé 31

Carte n°4 : Typologie agricole du Gandiolais et de Toubé 35

Carte n°5 : Secteur couvert par la mutuelle de Mboumbaye 53

Carte n°6 : Sites distinctes de maraîchage dabs le Gandiolais et le Toubé 74

Carte n°7 : Réseau routier dans le Gandiolais et le Toubé 83

Carte n°8 : Les différentes zones humides dans le Delta du Sénégal 94

Carte n°9 : Localisation du canal du Gandiolais 96

Liste des figures :

Figure n°1 : Evolution de la hauteur pluviométrique à Saint Louis (1995-2004) (en mm) 21

Figure n°2 : Evolution de la vitesse moyenne mensuelle des vents en m/s (1995 à 2003) 22

Figure n°3 : Typologie des sols dans la communauté rurale de Gandon 24

Figure n°4 : Facteurs et effets de l'évolution de la salinisation des terres du Gandiolais et de

Toubé 26

Figure n°5 : Composition ethnique de la population de la communauté rurale de Gandon 32

Figure n°6 : Répartition de la population de la communauté rurale de Gandon par secteur

d'activités 33

Figure n°7 : Occupation traditionnelle des terres de culture dans le Gandiolais et le Toubé 46

Figure n°8 : Proportion des populations du Gandiolais et de Toubé qui utilisent qui utilisent

les techniques de maintien de la fertilité des sols (en %) 48
Figure n°9 : Représentation schématique du dispositif de remise en eau de la vallée du

Gandiolais 97

Liste des tableaux :

Tableau n° 1: Températures moyennes mensuelles (1995-2003) 17

Tableau n°2 : Moyenne mensuelle de l'humidité relative (1995-2003) 18

Tableau n°3 : Moyenne mensuelle de l'évaporation en mm (2002-2003) 18

121

Tableau n°4 : Moyenne mensuelle de la pluviométrie en mm (1995-2004) 20

Tableau n°5 : Hauteurs pluviométrique et nombre de jours de pluies entre 1995 et 2004 20

Tableau n°6 : Répartition des sites de production agricole dans la ville de Saint-Louis 38

Tableau n°7 : Présentation des conseillers ruraux de la communauté rurale de Gandon 45

Tableau n°8 : Difficultés et alternatives de la mutuelle de Mboumbaye 109

Tableau n°9 : Difficultés et alternatives de la culture maraîchère dans le Gandiolais d'après

l'ANCAR, l'IRA et la CARITAS 110

Liste des photos :

Photo n°1: Les effets du sel sur les terres du Gandiol 27

Photo n°2 : le maraîchage (ou l'oignon) à Mboumbaye 37

Photo n°3 : le maraîchage (ou l'oignon) à Lahlar 37

Photo n°4: Plusieurs hectares mis en valeur avec la seule variété d'oignons 37

Photo n°5 : Mode de conservation de l'oignon 41

Photo n°6 : Quelques sacs de fumure animale déjà achetés pour la saison des pluies 50

Photo n°7 : Mutuelle d'épargne et de crédit de Gandiol 52

Photo n°8 : Méthode d'utilisation des produits phytosanitaires dans le Gandiolais 54

Photo n°9 : L'arrosage traditionnel 57

Photo n°10 : Plusieurs centaines de mètres à faire entre le puits et les assiettes 57

Photo n°11 : Le mode de puisage traditionnel 57

Photo n°12 : Le "goutte à goutte", une système d'irrigation moderne en test dans le

Gandiolais 59

Photo n°13: Terres de cultures abandonnées à cause du sel 61

Photo n°14: Aperçu sur le matériel qui compose la case des sourgha 63

Photo n°15: Une case installée à l'intérieur d'une parcelle d'oignon 63

Photo n°16: La tomate plantée dans l'oignon 63

Photo n°17: Une parcelle de tomate à Mboumbaye 63

Photo n°18: Une parcelle de carotte à Mouit 63

Photo n°19 : Produits agricoles locaux transformés par le G.I.E. Sukaly Gandon 65

Photo n°20: Exposition de quelques produits du G.I.E. Taty Mbaye de Békhar 69

Photo n°21: Des bouteilles fabriquées par l'ANCAR 69

Photo n°22: La diversité des produits du G.I.E. Taty Mbaye 69

Photo n°23: Projet de reboisement des femmes en concert avec la réserve de Gueumbeul 71

122

Photo n°24 : La pourriture, première de la mévente de l'oignon 81

Photo n°25 : Une piste de production à Lahlar 85

Photo n°26 : Une piste de production à Mboumbaye 85

Photo n°27 : La piste principale qui mène vers les villages de Gandiol 85

Photo n°28 : Le portage sur la tête, un moyen de transport régulièrement utilisé 86

Photo n°29 : Un parc de stockage d'oignons à Mboumbaye Gandiol 84

Photo n°30 : Un séchoir devenu une boutique 87

Photo n°31 : Un séchoir transformé en dancing 87

Photo n°32 : Un séchoir à moitié démoli 87

Photo n°33 : Un séchoir sous les effets du sel 87

Photo n°34 : Les camions affrétés par les bana-banas pour l'évacuation des produits

locaux 88

Photo n°35: Le tracé du canal d'une longueur de plus de 8 km 93

Photo n°36 : Le Ngalam, source d'alimentation du canal du Gandiolais 93

Photo n°37 : L'ouvrage de prise sur le Ngalam 93

Photo n°38 : Une passerelle construite sur le canal 93

123

TABLE DES MATIERES

Dédicaces 2

Remerciement 3

Sommaire 4

Introduction 5

Problématique 9

Méthodologie 13

PREMIERE PARTIE : Le Gandiolais et le Toubé, un cadre physique et humain,

favorable à l'activité agricole 16
Chapitre I : Caractéristiques du milieu physique et dynamique du secteur agricole dans le

Gandiolais et le Toubé 17

1. L'influence des facteurs climatiques sur les pratiques agricoles 17

1.1. Le régime thermique 17

1.1.1. La température 17

1.1.2. L'humidité relative 18

1.1.3. L'évaporation 18

1.2. Le régime pluviométrique 19

1.3 Le régime des vents 22

2. Le Gandiolais, une zone écologique vulnérable 23

2.1. Typologie des sols 23

2.2 Les ressources hydriques 25

2.2.1. Les eaux de surface 25

2.2.2. Les eaux souterraines 27

2.2.3 Le couvert végétal 28

Chapitre II : Données socio-économiques et systèmes de production agricole dans le

Gandiolais et le Toubé 29

1. L'environnement et le milieu agricole 29

1.1. L'histoire du peuplement 29

1.2. La répartition spatiale de la population 30

1.3. La composition et la structure de la population 30

1.3.1. La composition 30

1.3.2. La structure 32

124

2. Agriculture et autres activités génératrices de revenus 33

2.1. L'agriculture 34

2.1.1. Les cultures sous pluies 34

2.1.2. Les cultures maraîchères 36

2.2. L'élevage et la pêche 39

2.2.1. L'élevage 39

2.2.2. La pêche 40

2.3. Le commerce et l'exploitation du sel 40

2.3.1. Le commerce 40

2.3.2. L'exploitation du sel 41

Conclusion de la première partie 42

DEUXIEME PARTIE : Facteurs explicatifs de l'évolution et des contraintes du

système de production agricoles dans le Gandiolais et de Toubé 43

Chapitre I : Dynamique des systèmes de production agricoles 44

1. Analyse de l'évolution de la production agricole 44

1.1. Le régime foncier 44

1.1.1. L'accès à la terre 44

1.1.2. Les contraintes liées à l'accès à la terre 46

1.2. Les pratiques culturales 47

1.2.1. Les méthodes de fertilisation des terres agricoles 47

1.2.1.1. La rotation des cultures 48

1.2.1.2. L'utilisation de l'engrais 49

1.2.1.2.1. L'engrais organique (ou la fumure animale) 49

1.2.1.2.2. L'engrais chimique 51

1.2.1.3. Les produits phytosanitaires 54

1.2.1.4. La jachère 55

1.2.2. Les méthodes d'irrigation 56

1.2.2.1. L'arrosage 56

1.2.2.2. Les pompes Djambar 56

1.2.2.3. L'irrigation moderne 58

1.3. Les modes d'exploitation des terres de culture 60

1.3.1. La location de la parcelle 60

1.3.2. L'emploi de la main d'oeuvre 62

125

1.3.3. Le système de partage (ou le métayage) 62

2. Les mutations du secteur agricole 64

2.1. Les cultures « hors sols » 64

2.2. La dynamique des organisations communautaires de base 66

2.2.1. Les formes d'organisations paysannes 66

2.2.2. Le rôle des organisations communautaires de base 67

2.2.3. Aperçu sur les actions des organisations de producteurs 68

2.2.3.1. Les groupements de producteurs féminins 68

? Le G.I.E. Taty Mbaye 68

2.2.3.2. Les associations de jeunes 72

2.2. Dynamiques induites dans le secteur agricole par les partenaires au développement 72

2.2.1. L'apport des partenaires au développement dans le secteur agricole 72

2.2.2. Facteurs explicatifs des contre-performances dans les interventions 76

Chapitre II : Quelques contraintes de production agricole dans le Gandiolais dans le

Gandiolais 79

1. Les contraintes d'ordre social du secteur agricole dans le Gandiolais pauvre 79

1.1. Contraintes socio-économiques 79

1.2. Contraintes relatives à la main-d'oeuvre 80

1.3. Contraintes relatives aux intrants et aux crédits 81

2. Les contraintes techniques face à une agriculture toujours tributaire des aléas

climatiques 82

2.1. Les contraintes relatives au transport et au stockage 82

2.1.1. Contraintes induites par le transport 82

2.1.2. Contraintes relatives au stockage 84

2.2. Contraintes relatives à la commercialisation 88

Conclusion de la deuxième partie 90

TROISIEME PARTIE : Quelles perspectives pour l'agriculture dans le

Gandiolais 91
Chapitre I : Stratégies à adopter pour atténuer les problèmes de l'agriculture du

Gandiolais 92

1. Le canal du Gandiolais, pour une nouvelle dynamique agricole 92

1.1. L'alimentation du Gandiolais en eau agricole, via le canal 92

1.2. La localisation et l'aire d'influence du canal 95

126

1.2.1. Le site d'accueil du canal 95

1.2.2. l'air d'influence du canal 97

1.3. Le canal et le développement du secteur agricole 97

1.3.1. les impacts positifs 97

1.3.2. Les impacts négatifs 99

2. le POAS pour un rapprochement entre l'agriculture et les autres activités 100

2.1. Définition et objectifs du POAS 100

2.2.1. Définition 100

2.2.2. Objectifs 100

2.2. Dispositif d'application pour la réussite du POAS 101

Chapitre II : Quelques orientations possibles pour un meilleur développement agricole

durable 104

1. Actions à mener pour une relance du secteur agricole dans le

Gandiolais 104

1.1. Promouvoir la redynamisation du secteur agricole 104

1.1.1. Amélioration des conditions d'accès au foncier 104

1.1.2. Redynamiser les structures villageoises 105

1.1.3. Possibilité de condition d'accès aux prêts 106

2. Les alternatives possibles pour le secteur agricole 107

2.1. Alternatives paysannes 107

2.2. Alternatives des mutuelles locales : l'exemple de celle de Mboumbaye 109

2.3. Propositions de quelques partenaires au développement 111

Conclusion de la troisième partie 111

Conclusion 112

Bibliographie 114

Sites de recherches 118

Sigles et acronymes 118

Tables des illustrations 120

Tables des matières 123

Annexe 127






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