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La CEDEAO dans la crise ivoirienne: 2002- 2007

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par Didier Parfait BAPIDI- MBON
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 en science politique 2010
  

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B. Bilan et Perspectives...

Que retenir de l`implication de la CEDEAO dans la crise ivoirienne? Les avis sont tellement divergents que répondre objectivement à cette question impose d`examiner cette intervention à la lumière des faits et des aspirations de l`organisation sous-régionale auprès du patient ivoirien. Cependant, il faut garder à l`esprit que le médiateur doit être capable d`éviter l`escalade, amener les parties en conflit à abandonner toute velléité ou tout acte de provocation afin de s`assurer non seulement que le conflit est interrompu mais qu`il ne resurgira plus. En fait, le médiateur est aussi un participant, un distributeur de pouvoir qui oblige une partie récalcitrante à faire un compromis qu`il ne veut pas. Il poursuit en soulignant que dans un effort d`identification des compromis et des compensations, le processus de médiation doit faire attention aux griefs fondés sur les besoins matériels et les obédiences culturo-religieuses des protagonistes. La médiation de la CEDEAO dans la crise ivoirienne (2002-2007) s`est confrontée à ces exigences. Nous verrons comment elle s`en est sortie (1), qu`y a-t-il lieu de faire (perspectives) en terme d`amélioration (2) et quelle place pour les partenaires extérieurs dans la sécurité internationale en rapport avec l`Afrique (3) ?

1-Bilan dans la gestion de la crise entre 2002 et 2007

Dans un entretien que nous accordé le chargé principal des Affaires Politiques de la représentation de la CEDEAO à Abidjan, le bilan de l`organisation dans la période indiquée est positif. Selon l`ambassadeur Abraham Doukoure, la mission principale de la CEDEAO, tout au moins jusqu`en 2005, était d`éviter la reprise des hostilités entre les belligérants. Malgré des actes hautement bellicistes (comme le bombardement des zones FN en novembre 2004 par le pouvoir), cet objectif a été atteint premièrement avec la signature de cessez-le-feu le 17 octobre 2002 par le principal mouvement rebelle et début juillet 2003, la déclaration de cessation des hostilités conjointe des FANCI et des forces rebelles réglant ainsi la composante militaire de la crise bien plus rapidement que le volet politique. Deux principaux groupes d`acteurs sont comptables de ce bilan : la communauté internationale (CEDEAO, UA, ONU) et bien évidemment les parties en conflit.

a) La CEDEAO : comptes et mécomptes

Des petits problèmes d`ego (problèmes crypto-personnels pour reprendre l`expression du président Abdoulaye Wade, indexé par certains de ses homologues) entre certains chefs d`Etat

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de la CEDEAO sont apparus au début de la médiation de l`organisation. Heureusement ces détails émotifs ont très tôt disparu. On a justement noté dès Accra II, un regain d`union et à chaque sommet des chefs d`Etat, les efforts des uns et des autres ont été salués. Les incompréhensions de départ sont surtout à mettre sur le plan de leur mauvaise coordination et d`une envie égoïste pour certains, de paraître comme des deus ex machina. Une trajectoire aléatoire et laborieuse estime Hugo Sada119 sans toute fois faire abstraction du bien fondé de cet intervention qui selon lui comporte trois aspects positifs : le premier est la rapidité de mobilisation politique en dépit des réticences ivoiriennes ; le 2e est celui de l`accord des pays membres pour mettre a la disposition de la force armée régionale des unités de leur propres forces et enfin, le soutien unanime des pays occidentaux en particulier de la France, et de l`Union européenne, des Nations unies, de l`Union africaine pour que la CEDEAO par ses interventions politiques et militaires, devienne un élément central du dispositif de gestion de la sortie de crise. La coopération avec l`UA a aussi bien fonctionné, l`organisation panafricaine laissant libre cours à la sous-régionale et n`intervenant que dans des situations de blocage extrême.

Au passif de la CEDEAO, il y a surtout le retard de plus de six mois qu`elle a accusé pour envoyer effectivement ses troupes sur le terrain en Côte d`Ivoire. En effet les premiers éléments de sa force, la Mission de la CECEAO en Côte d`Ivoire (MICECI), baptisée ECOFORCE, composée de 1200 hommes venant de cinq pays (Benin, Ghana, Niger, Sénégal, Togo) n`ont été déployés qu`en mars 2003. Sur le terrain donc, cette force n`a pas joué son rôle avant cette date, laissant la mission de surveillance du cessez-le-feu à la Licorne. Le retard du déploiement de l`ECOFORCE s`explique principalement par le manque de financement promis entre autres par la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l`Allemagne, soit 18.5 millions de dollars. A cet effet, en novembre 2003, le président de la CEDEAO, a invoqué la faiblesse des moyens financiers dont dispose sa Communauté pour contraindre les parties à respecter leurs engagements. Il a donc demandé au Conseil de sécurité d`envisager la possibilité de créer une force de maintien de la paix et d`y intégrer la mission de la CEDEAO qui opère aux côtés des Forces françaises (3 800). Cette présence des forces françaises, bien que demandée par la CEDEAO et autorisée par la résolution 1464 a été qualifiée de partiale par le pouvoir et la rébellion. La proposition d`organiser des négociations inter ivoiriennes à Paris lui a aussi été reprochée à la France, certains estimant que c`est à cause en partie de cette annonce que les ivoiriens réunis (depuis le 30 octobre) au Togo n`ont

119 - SADA Hugo, Op.cit., p.327

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pas pu s`entendre. D`autres ont simplement vu dans cette combinaison de diplomatie et de défense120, la poursuite des intérêts français. Une vision partagée par Herwane Serequeberhan : « la France est incontestablement intervenue en Côte d`Ivoire pour protéger ses nombreux intérêts (investissements, ressortissants...), mais également dans le cadre d`une logique de puissance visant à affirmer son rang sur la scène internationale en démontrant sa capacité à intervenir et résoudre les conflits qui relèvent de sa sphère d`influence : or, sur ce dernier point, l`image de son intervention au niveau international n`est pas celle d`une réussite121 », d`où peut-être, la déduction de Michel Galy122 « De l`imbroglio ivoirien où s`est piégée l`ex-puissance coloniale, une vérité fragmentaire se fait jour : on ne gouverne plus - par prétoriens, diplomates ou relais locaux - un pays africain comme dans le demi-siècle précédent : des forces politiques autochtones se sont affirmées contradictoirement, sans que l`on sache qui, des rébellions périphériques ou de l`étatisme néonationaliste, l`emportera ». Depuis février 2003, les forces françaises agissent pourtant au nom des Nations unies.

Le bilan de la CEDEAO doit aussi s`établir en fonction, et des problèmes et des acteurs en présence.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci