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La CEDEAO dans la crise ivoirienne: 2002- 2007

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par Didier Parfait BAPIDI- MBON
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 en science politique 2010
  

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b) Le quatuor (Ouattara, Bédié, Gueï, Gbagbo) et les militaires

Pour répondre à la demande du PDCI qui souhaitait que les civils récupèrent les emplois réservés aux militaires, Alassane Dramane Ouattara sous sa primature, puis Henri Konan Bédié sous sa présidence, ont mis en oeuvre un processus de marginalisation de l`armée61. Conte soutien qu`en ce qui concerne Alassane Dramane Ouattara, « L`exclusion progressive des militaires de la vie civile ivoirienne au profit des technocrates et des financiers est allée de pair avec l`émergence d`une nouvelle vision du rôle de l`armée au sein de l`État ivoirien. Ainsi, jusqu`à la fin du gouvernement Ouattara, une certaine forme de consensus s`est nouée entre les militaires et le pouvoir politique : quelques officiers supérieurs participaient encore à la gestion de l`État, mais, en contrepartie, l`armée acceptait de servir de force de maintien de la paix intérieure. En d`autres termes, les militaires, dans la dernière période du régime Houphouët- Boigny, ont servi de supplétifs à des forces de police mal équipées et mal entraînées pour contrôler soit des manifestations politiques (agitation du FPI), soit des mouvements sociaux (grèves des fonctionnaires) ou estudiantins (grève des universités du début des années 90). Le général Gueï, chef d`état-major depuis juin 1990, n`a pas hésité, sous la primature Ouattara, à mettre l`armée à la disposition du gouvernement pour réprimer avec une particulière violence les grèves étudiantes62 ».

60. KPATINDE Francis : « Le film du coup d`état de noël d`heure en heure », Jeune Afrique , hors-série n°2, Janvier 2000. Nuit du mercredi 22 au jeudi 23 décembre. Un petit groupe de soldats s`empare, sans difficulté, de la poudrière du camp d`Akouédo, sur la route de Bingerville, à l`est d`Abidjan. À la tête du commando, les sergents-chefs Souleymane Diomandé et Boka Yapi, épaulés par les caporaux Issa Touré, Neman Gnepa, Oumar Diarra Souba et Yves Gnanago. Les six hommes ont en commun de bien connaître les lieux - ils appartiennent à une unité d`élite, la Force d`intervention rapide des paras commandos (Firpac) - et d`être des vétérans de la Minurca, la Mission des Nations unies en République centrafricaine. Les auteurs de cette opération spectaculaire, qui ont séjourné onze mois à Bangui, entendent obtenir le paiement d`arriérés de soldes et de primes et, au-delà, l`amélioration de la situation des hommes du rang. Le caporal Issa Touré va plus loin : « Nous entendions également profiter de l`occasion, explique-t-il dans un français impeccable, pour protester contre les brimades et les injustices dont nous autres, hommes du rang, sommes victimes, depuis plusieurs années, de la part de certains de nos chefs. Par exemple, l`avancement ne se faisait plus au mérite et à l`ancienneté, mais selon des critères ethniques. »

61. KPATINDE Francis, Op.cit.

62. CONTE Bernard, Op.cit., p. 9

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Après avoir succédé à Houphouet-Boigny en 1993 à la tête du pays, Henri Konan Bédié reste dans la perspective de la redéfinition du rôle de l`armée, sans réussite. Il refuse notamment de revaloriser la solde des militaires après la dévaluation du franc CFA en 1994. Par ailleurs, « la poursuite de l`éviction des militaires des derniers postes «civils» à l`occasion de la vague de privatisation des sociétés d`État à partir de 1994 confirmait leur marginalisation. Par ailleurs, la concurrence entre militaires et administrateurs civils au sein de la préfectorale était définitivement réglée au profit des seconds, en partie sous la pression du PDCI, qui s`est toujours montré défiant à l`égard de l`armée remarque Bernard Conte. Ces différents facteurs ont contribué à un changement d`attitude, et une partie de la hiérarchie militaire a alors estimé que l`armée n`avait pas pour mission de mener des opérations de répression intérieure. En conséquence, lorsque le président Bédié a demandé à l`armée d`intervenir dans le contexte troublé de préparation des élections générales de 1995, le général Gueï a clairement refusé d`impliquer la troupe en déclarant: «l`armée n`intervient que lorsque la République est en danger [...]. Dès l`instant où la compréhension guide les pas de chacun, qu`il soit du parti au pouvoir ou de l`opposition, je ne vois pas pour l`armée des raisons de s`exciter dans la rue ». La rupture était consommée. Le général Gueï est limogé en octobre 1995 et remplacé par le général Lassana63 ». Guy-André Kieffer en conclut qu`à partir de cette date, le régime Bédié va s`employer à mettre à l`écart, sans affectation valorisante, tous les officiers supérieurs de l`entourage immédiat d`Houphouët-Boigny. « De même, les officiers et sous-officiers ayant été en contact direct avec Alassane Ouattara lorsque ce dernier assumait la charge de Premier ministre seront écartés des postes de commandement. Cette reprise en main s`est traduite par la nomination d`officiers supérieurs baoulé à la plupart des postes clés (notamment les régions militaires), rompant ainsi avec la tradition d`habile dosage régional pratiqué par Houphouët-Boigny. Les fractures avec le corps social militaire, largement composé d`originaires de l`Ouest et du Nord, ne pouvaient dès lors que s`accroître ».

Porté au pouvoir en décembre 1999 par les jeunes militaires auteurs du coup d`état, le général Robert Gueï va traiter toute la corporation aux petits soins, revalorisant les soldes et réintégrant les officiers supérieurs à des postes civils et dans le gouvernement. Mais, le divorce surviendra juste après le début de la proclamation des résultats de la présidentielle de 2000. Yéo Koré Koffi64 souligne que, lorsqu`à l`issue des élections d`octobre 2000 Guéï se proclama vainqueur, il bénéficia dans un premier temps du soutien d`une partie importante de

63. KIEFFER Guy-André : « Armée ivoirienne : le refus du déclassement », Politique Africaine, N0 78, juin 2000

64. KORE KOFFI Yéo, Op.cit

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l`armée, qui n`hésita pas à tirer sur la foule. Mais devant la détermination du peuple et la fuite de Guéï, l`armée, menée par le général Mathias Doué - qui était pourtant membre de la junte dirigée par Guéï -, se rangea derrière Gbagbo qui avait à son tour annoncé sa victoire. Doué fut nommé chef d`état-major et l`armée conserva tous ses avantages. Le nouveau chef de l`État promit de lui donner plus de moyens. Mais il n`en fit rien - ou n`en eut pas le temps. Le 19 septembre 2002, une partie des militaires que Guéï avait accusés d`avoir attenté à sa vie et qui s`étaient réfugiés dans les pays voisins revinrent avec des armes pour renverser Gbagbo se rappelle Yéo Koré Koffi pour qui, l`armée loyaliste, mal armée, mal entraînée et peu motivée, ne put, avec le soutien de l`armée française, qu`empêcher les rebelles de descendre sur Abidjan. Ces derniers occupèrent tout le nord de la Côte d`Ivoire, pratiquement sans combattre ». Les observateurs avertis estiment aujourd`hui qu`il y a au sein des FDS en Côte d`Ivoire, quatre armées: celle de Laurent Gbagbo, celle d`Henri Konan Bedié, celle d`Alassane Dramane Ouattara et celle de Guei. A celles-là, il faut ajouter l`armée des Forces Nouvelles (ex-rébellion). La question de l`armée ivoirienne se posera donc toujours dans la perspective du retour du pays à la normale. Une donnée inscrite en bonne place sur l`agenda des opérateurs internationaux de la paix et plus localement, de la Communauté Economique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO)65.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe