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La résolution juridique du conflit au Darfour : mise en perspective de l'état de la justice pénale internationale

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par Mohamed HAMDANI
Université Panthéon-Assas Paris 2 - Master 1 de science politique 2010
  

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CHAPITRE 2 : La mise en application des sanctions juridiques dépendantes des Etats : la politisation de la justice pénale internationale dans le cas du conflit au Darfour

Section 2.1) L'incapacité de prévention, d'application et de finalisation de la Cour

Malgré l'efficacité et le caractère supranational de celle-ci, la CPI est confronté à deux carences majeures, à savoir son manque de prévention des crimes prévues à l'article 5 et suivants, ainsi sa difficulté à appliquer les décisions juridiques qu'elle entreprend.

Rodman, en opérant une comparaison entre l'aspect juridique et l'aspect politique du processus de sanctions des auteurs de crimes de masses, distingue la dissuasion (« deterrence »), qui est caractéristique de la Cour, de la capacité à exercer un pouvoir de coercition (« compellence »)78. En effet, il oppose le concept de « dissuasion juridique » à celui de « diplomatie coercitive », en affirmant que les tribunaux pénaux internationaux à l'image du TPIY, ont pour unique objectif de dissuader les auteurs de crimes de masses, les attaques comme celles de l'OTAN contre la Bosnie en 1999 revêtant le second caractère79. Enfin le point le plus important de son analyse est l'idée que le TPIY, en opérant une comparaison avec la CPI, « était handicapé par l'incapacité de mettre en application ses décisions car ce tribunal n'avait pas de force de polices propres, dans l'optique d'arrêter les coupables »80. En effet, la CPI ne dispose d'aucun mécanisme institutionnel lui permettant d'appliquer ses décisions81. Elle est par conséquent intégralement dépendante de la coopération des Etats, concernant la finalisation du processus d'incrimination. Mayank Bubna affirme le constat suivant : « On ne peut pénaliser Omar El Bachir seulement s'il est conduit devant la Cour. Néanmoins,

78 Rodman, p531.

79 Idem, p533.

80 Idem, p534 : «The ICTY lacked the capability to enforce its own decisions because it had no police force to stop and arrest those indicted».

81 Mayank Bubna, «The ICC's role in Sudan : Peace versus Justice», IDSA Issue Brief, 2008.

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si le gouvernement soudanais refuse de le délivrer, il n'y a rien que la CPI puisse faire »82.

Si Rodman entreprend une comparaison avec le TPIY, celle-ci peut être partiellement par le fait que cette juridiction fut ad hoc et circonstancielle au cas de la Bosnie. Par conséquent, elle n'est pas représentative de tous les crimes de masses. La CPI est une juridiction qui n'est pas entièrement politisée au regard des dispositions de l'article 13, dont l'alinéa c) prévoit une auto-saisine de la Cour par le procureur en cas de constatation de violations des droits de l'Homme. Seule la branche « finalisation » est un frein à ladite Cour.

Néanmoins, alors que le cas du Darfour fut saisi en vertu de l'article 13 b) (renvoi par le Conseil de Sécurité), la frontière entre le TPIY et la CPI est poreuse, une résolution du Conseil de Sécurité ayant crée le TPIY (résolution 827 de 1993).

Concernant le champ de la finalisation, elle ne pourrait donc nullement être résolue par une initiative juridique indépendante d'une initiative politique. Au regard de la faiblesse des forces de maintien de la paix de l'ONU déployées au Darfour (vu précédemment) et au regard de l'échec du processus politique de résolution du conflit, seule une intervention coercitive peut mettre fin aux violations commises de concert par les Janjaweeds et le gouvernement soudanais. Alex De Waal estime « qu'au contraire des forces de maintien de l'ONU opérant dans le cadre de l'UNAMIS, il serait plutôt judicieux de mettre en oeuvre un cessez-le-feu robuste, qui relève du consentement des deux parties, les rebelles ayant été aussi à l'origine de crimes qui tombe sous le coup des dispositions de la CPI »83. Rodman, lui, affirme radicalement que « dans des situations comme le Darfour, où le gouvernement est en partie la cause du problème, la solution appartient au politique, non au droit »84.

Alors que dans la pratique, la CPI requière la coopération des Etats, notamment pour arrêter Omar El Bachir, le préambule du Statut de Rome est paradoxalement en contradiction avec cette dépendance vis-à-vis des Etats. L'alinéa 8 prévoit en effet le principe suivant : « Soulignant à cet égard que rien

82 Bubna, p8 : « For one, the ICC has no enforcement mechanism. It can only penalize al Bashir if he is brought to court. But if the Sudanese government refuses to turn al Bashir over (which it would do as long as he is in power), there is little the ICC can do».

83 Rodman, p556 en référence à la déclaration d'Alex De Waal devant le Comité des Affaires Etrangères (« Current Situation in Darfur: Hearing Before the H. Comm. on Foreign Affairs », 110th Cong.

25-26 (2007)).

84 Rodman, p559.

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dans le présent Statut ne peut être interprété comme autorisant un État Partie à intervenir dans un conflit armé ou dans les affaires intérieures d'un autre État ». Incriminer Omar El Bachir et ses milices passerait obligatoirement par une atteinte à la souveraineté de l'Etat soudanais (question qui sera étudiée dans un prochain chapitre). Encore faudrait-il qu'une opération soit mise en oeuvre, le manque de volonté politique de la part des pays occidentaux de mettre fin aux conflits ayant suivi le génocide du Darfour étant un frein majeur à l'exercice de la CPI85.

Comme le souligne le dernier sommet d'Addis-Abeba honorant la nouvelle Constitution du Kenya, la présence d'Omar El Bachir, venu assister à la conférence, ne poussa nullement le pays hôte à arrêter ce dernier. Le manque d'intervention extérieure est ponctué par un manque de coopération régionale au regard de la réticence des Etats africains concernant le mandat d'arrêt prononcé par la CPI à l'encontre du Président soudanais.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld