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Auguste Sérieyw (1865-1949) biographie et approche de son œuvre.

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par Chantal BIGOT-TESTAZ
Lyon II - Maîtrise 1985
  

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B. JUSQUE "AUX HEURES SOLITAIRES". (1934-1949)

Lorsqu'il achève son cycle de motets, Sérieyx approche des soixante-dix ans. Il mène cependant une vie encore très active, ayant, par exemple, repris ses cours à l'Institut de Ribeaupierre où Marie-Louise Bouët-Sérieyx assure ceux de rythmique Jaques-Dalcroze. (Mais de 1959 à 1972, elle y poursuivra l'oeuvre de son mari en acceptant d'y enseigner à son tour, l'écriture). La seconde partie du deuxième livre du Cours de composition musicale, qu'il a terminée seul, après la mort, en 1931, de Vincent d'Indy, est éditée en 1933 et il peut se consacrer, en 1934-35, à l'achèvement du Cours de syntaxe musicale, annoncé dès la parution de la Grammaire.

Il continue, à cette époque là, de composer essentiellement de la musique sacrée entre autres oeuvres, en 1935, une Messe de Noël à deux voix avec accompagnement d'orgue (bien concrètement adaptée à une schola de petite paroisse). Il commence cette même année sa dernière oeuvre religieuse importante : Nazareth, mystère en deux actes pour soli, choeur et petit orchestre, achevée en 1937, dont il a également écrit le texte . Elle est dédiée à sa seconde épouse.

Malgré la distance, Sérieyx participe toujours à la vie de la Schola Cantorum, ses voyages à Paris lui donnant l'occasion de maintenir les liens avec ceux qui ont fait et gardé l'esprit de la maison, mission rendue délicate par la disparition d'une personnalité aussi forte que celle de Vincent d'Indy. C'est ainsi qu'il siège depuis 1932 au « Comité artistique » de la Schola, en compagnie de Pierre de Bréville, Paul Dukas, Gabriel Pierné et Albert Roussel. Le 8 décembre 1934, c'est pour l'assemblée générale annuelle à la rue Saint-Jacques que Sérieyx s'est rendu à Paris. Ce jour là, on ignore que la majorité des actions est passée aux mains d'une minorité guère représentative mais dangereusement agissante, grâce à la connivence d'un membre du conseil d'administration. Sérieyx fait évidemment partie des dix-sept personnes ayant voté contre la résolution de révocation des administrateurs. A ses côtés, votent également contre : Bréville, R. de Castéra, Estienne, A. Roussel et L. de Serres, tous ouvriers de la première heure, d'une fidélité qui met en évidence la valeur de la cause à défendre. Deux professeurs seulement (comme par hasard, également membres du nouveau collège d'administrateurs !) sur la cinquantaine d'enseignants de la Schola restent à la rue Saint-Jacques, lorsque est annoncée, fin décembre, l'ouverture imminente de « l'École César Franck » où les trois quarts des élèves suivront leurs maîtres. L'école ouvre ses portes le 7 janvier 1935, Pierre de Bréville étant président du conseil, Louis de Serres directeur, avec pour adjoints Guy de Lioncourt et Marcel Labey.58(*)

Sérieyx soutiendra à distance les débuts de la nouvelle Schola, en participant, entre autres, aux premiers numéros de son journal Les échos de l'Ecole César Franck qui paraît à partir de l'automne 1938.

Le début de la seconde guerre mondiale marque pour lui la fin des grands voyages. « La vieille carcasse s'use et je dois la ménager »59(*) écrit-il à Joseph Canteloube avec lequel il entretient une correspondance suivie pendant toute la durée de la guerre, d'autant plus intéressante qu'avec les lettres de Canteloube, il conserve, le plus souvent, une copie carbone des siennes. Sérieyx lui décrit ses difficultés pour présenter à Radio-Genève une série d'émissions sur César Franck, Vincent d'Indy et leurs disciples, faute de pouvoir obtenir pour l'orchestre de la Suisse romande, le matériel nécessaire à l'illustration de ses causeries. (Elles auront finalement lieu fin 1943-début 1944 et Sérieyx essaiera de se faire envoyer la partition des Lauriers de Canteloube qu'il aime particulièrement). Un peu plus tard en 1942, il évoque la disparition d'un être cher et sa déception concernant l'exécution à Radio-Genève de son Nazareth le 25 décembre 1941:

Notre cher vieil ami Opienski nous a quittés pour un monde meilleur. C'est une belle figure et un noble coeur : sa mort est un vrai chagrin pour moi. Je l'ai vu pour la dernière fois à la Radio, où il était venu assister à la prétendue « répétition générale » (la seule où il y ait jamais eu presque tout le monde) de Nazareth, le jour de Noël. 60(*)

Au fil des ans, Sérieyx a su rester l'ami chaleureux, l'homme toujours ouvert à l'actualité, le chrétien soucieux de nourrir sa foi sans perdre son sens de l'humour. Toujours à Canteloube, auquel il a rendu le service, pendant la guerre, d'acheminer du courrier, via la Suisse, vers son fils résidant à Rio de Janeiro, il écrit le 14 mai 1943 :

C'est avec une joyeuse surprise que j'ai entendu nommer Thibon parmi les conseillers nationaux - avec Massis -. Avez-vous lu de lui L'échelle de Jacob ? La Revue universelle en a donné des extraits, mais il faut tout lire : c'est un esprit de premier plan qui nous dédommage de ce que Gounod appelait « les sucreries de la piété ». Il y a terriblement à faire, là aussi !
Allons! Je deviens grognon. Arrêtons-nous là. "

Quatrième et principal des pôles d'intérêt évoqués au Chapitre I, la musique accompagne plus que jamais ses années de vieillesse. Une fructueuse collaboration avec Marie-Louise Bouët-Sérieyx lui permet de reprendre plusieurs écrits antérieurs pour les mettre davantage à la portée des lecteurs potentiels. Les vingt dernières années de Sérieyx, l'oeuvre est vraiment commune, toujours approfondie et Marie-Louise l'a continuée inlassablement dans le même esprit, puisqu'elle achevait en mars 1982 ses Rudiments du langage musical traditionnel.

Sérieyx découvre avec elle les problèmes spécifiques de l'enseignement de la musique aux enfants et il se met à écrire pour eux. Il harmonise, entre autres, des chansons populaires, contribution depuis la Suisse à l'énorme travail réalisé pendant et après la guerre par Canteloube, pour que vivent et soient connues de tous les chansons du folklore. C'est ainsi que trois "saynètes enfantines" voient le jour sous le titre commun de A travers les chansons de France 61(*). La première, vraie petite opérette, Les aventures de Madame de Malborough à la recherche de son époux est écrite pour voix et orchestre, tandis que les deux autres, Les entrevues du Prince charmant à la recherche d'une épouse et La Mère Michel ont un accompagnement de piano.

Sérieyx composera encore deux pièces pour piano seul aux titres suggestifs. De 1947 date Aux heures solitaires : les journées sont longues pour un vieillard dont l'épouse enseigne du matin jusqu'au soir (et la musique, à cette époque, même en Suisse, nourrissait mal ceux qui devaient en vivre...) et en 1948, Sonatine sur de vieux modes délaissés. Cet intitulé est bien en accord avec les dernières 'lignes rédigées par Sérieyx quelques jours avant sa mort : Plain chant et bon sens. 62(*)

C'est à Montreux où le couple s'était installé, deux ans auparavant, que Sérieyx s'éteint paisiblement le 19 février 1949. L'ensevelissement a lieu le 22 février au cimetière de Veytaux.

Cette semaine-là, on prépare à l'école César Franck un concert des oeuvres des premiers élèves de Vincent d'Indy à la Schola Cantorum. Il sera donné le samedi 25 février et son programme63(*) s'achève sur la Sonate en sol pour violon et piano d'Auguste Sérieyx.

* 58 Cf. FONDS AUGUSTE SÉRIEYX 504. Dossier Ecole C. Franck. Cf. Vol. II Document n' 8 pp. 20 & 1

* 59 Cf. FONDS AUGUSTE SÉRIEYX 479. Dossier Joseph Canteloube.

* 60 Cf. - F. A. S. 479 - Opienski est mort à Lausanne, le 21 janvier 1942

* 61 Ed. Foetiscti, Lausanne. Numéros 7357 à 7362

* 62 Article paru en 1951 dans le " Bulletin du Conservatoire de musique de Fribourg " n° 5 p. 69-73.

* 63 Cf. Vol. II Document n° 9 p. 22

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld