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De la médecine biomédicale à  la médecine non conventionnelle: les enjeux de la relation soignant-soigné. Le cas de la micro-kinésithérapie


par Lethicia BALAVOINE ANZALA
Université de Caen - IAE Caen - Master 1 2016
  

Disponible en mode multipage

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Master 1 : « Management du Social et de la Santé »
Mémoire de Sociologie de la Santé

De la médecine biomédicale à la médecine non

conventionnelle : les enjeux de la relation

soignant-soigné. Le cas de la micro-

kinésithérapie

Lethicia ANZALA ép. BALAVOINE

Année 2015 - 2016

Sous la direction de M. Laurent BOCENO

2

REMERCIEMENTS

Je remercie Monsieur Laurent BOCENO, mon directeur de mémoire pour m'avoir accompagnée dans la construction de ce mémoire de sociologie.

Je remercie les patients des micro-kinésithérapeutes qui m'ont aimablement accordés de leur temps en acceptant de réaliser les entretiens sur ce thème passionnant aussi bien pour eux que pour moi.

Je remercie toutes les personnes qui m'ont aidée de façon directe ou indirecte à faire aboutir ce travail.

Je remercie mon mari et mes enfants qui m'ont soutenue et encouragée tout au long de la réalisation de ce travail.

SOMMAIRE

INTRODUCTION 5

Méthodologie de l'enquête 10

1. PARCOURS THÉRAPEUTIQUE : LE PASSAGE DE LA MÉDECINE

BIOMÉDICALE À LA MICRO-KINÉSITHERAPIE 12

1.1. Présentation de la micro-kinésithérapie : une forme de médecine douce......12

1.1.1. Définition de la micro-kinésithérapie 12
1.1.2. La place de la micro-kinésithérapie dans l'utilisation des médecines

douces 13

1.1.3. Les limites de la micro-kinésithérapie 13

1.2. Des patients pour lesquels les raisons de s'orienter vers un micro-

kinésithérapeute sont multiples 14

1.2.1. Présentation des personnes interrogées 14

1.2.2. Caractéristiques sociologiques des personnes interrogées 15

1.2.3. Aller chez un micro-kinésithérapeute: les raisons non médicales .15

1.3. La micro-kinésithérapie : une médecine non reconnue par la science mais qui

attire 16

1.3.1. Qui peut pratiquer la micro-kinésithérapie ? 16

1.3.2. Dans quel cadre évolue le micro-kinésithérapeute ? 17

1.3.3. Des patients qui « mélangent les genres » 18

2. LA RELATION PATIENT/MICRO-KINESITHERAPEUTE ET LE CONCEPT

DU CARE

19

2.1. Le Cure, le Care : les enjeux d'une relation

...19

2.2. La dimension du CARE dans le soin dispensé par le micro-

kinésithérapeute

20

2.2.1. La technique manuelle : une douce façon de « prendre soin » du

patient

20

2.2.2. Les mains du micro-kinésithérapeute et les représentations du

patient

21

2.3. La dimension du Care dans l'interaction verbale et non-verbale

...23

2.3.1. La communication verbale : la parole

23

2.3.2. La communication non-verbale

24

2.3.3. Le rôle du patient dans le soin

25

 

3

4

3. MICRO-KINESITHERAPIE ET SOCIÉTÉ : ANALYSE DU LIEN SOCIAL..25

3.1. Le réseau dans le parcours thérapeutique du patient 25

3.1.1. Définition du réseau 25

3.1.2. Analyse sociologique du réseau 26

3.1.3. La relation de confiance et le choix du « bon » micro-

kinésithérapeute 27

3.2. Du point de vue du patient : efficacité et satisfaction du patient ...28

3.2.1. L'efficacité de la technique du micro-kinésithérapeute 28

3.2.2. La satisfaction du patient 29

3.2.3. Prendre soin de son corps avec la micro-kinésithérapie : un nouveau

rapport au corps 29

3.3. Donner - recevoir - rendre : système de régulation sociale de l'échange......31

3.3.1. La notion de don selon M. MAUSS 31

3.3.2. Le don et le Care : deux notions liées dans la relation de soin 32

3.3.3. Recevoir et rendre le don : se placer du côté du patient 32

CONCLUCION GENERALE 33

BIBLIOGRAPHIE 35

ANNEXES 37

Annexe n° 1 38

Annexe n° 2 41

Annexe n° 3 44

Annexe n° 4 49

Annexe n° 5 63

5

INTRODUCTION

Les médecines non conventionnelles ne prennent tout leur sens que par référence à la médecine biomédicale, autrement dit à la médecine conventionnelle. Cette dernière est une médecine reconnue par la science et dont l'efficacité a été prouvée. Elle reste la médecine officielle en France. Tandis que parmi les médecines non conventionnelles, seules quatre « thérapies douces » sont reconnues par l'Académie de Médecine et donc conventionnées. Les autres ne bénéficient d'aucune reconnaissance scientifique et ne sont que tolérées en France.

Les médecines non conventionnelles séduisent de plus en plus la population française. Ces pratiques sont connues sous les termes de médecine douce, médecine alternative, médecine complémentaire, médecine parallèle ou encore médecine naturelle.

Les médecines non conventionnelles sont très diversifiées et leur nombre est croissant. L'O.M.S répertorie plus de 400 médecines alternatives et complémentaires. Chacune propose une manière spécifique d'aborder la santé et de traiter le corps en utilisant les plantes, l'énergie, l'art ou encore les techniques manuelles. Certaines de ces médecines traitent les maladies physiques ou sont axées sur le bien-être et la relaxation.

Les études statistiques sur les médecines non conventionnelles sont peu nombreuses. Nous pouvons cependant relever que 4 Français sur 10 ont recours aux médecines non conventionnelles1. La consommation de ces médecines ne cesse d'évoluer ces dernières années. L'homéopathie est la pratique qui a le plus de succès, avec 27 % des Français qui y ont recours. Plus globalement, 75 % des Français ont déjà eu recours au moins une fois dans leur vie à une médecine non conventionnelle2. L'incertitude scientifique n'entame donc pas la confiance des Français malgré les risques dénoncés par le Ministère de la Santé, en matière notamment de mauvaise prise en

1 Rapport de l'OMS, mai 2002.

2 Rapport de l'Académie nationale de Médecine du 5 mars 2013, Thérapies complémentaires - acupuncture, hypnose, ostéopathie, tai-chi - leur place parmi les ressources de soins, BONTOUX Daniel, COUTURIER Daniel, MENKÈS Charles-Joël.

6

charge de la maladie.

Ce sujet semble intéressant à aborder dans un cadre sociologique car il concerne un phénomène social contemporain qui anime des débats contradictoires, dans les médias, dans les milieux scientifiques et dans la sphère privée.

Envisager de traiter de toutes les médecines non conventionnelles semble bien ambitieux. C'est pourquoi, nous nous intéresserons à une seule médecine non conventionnelle afin d'illustrer cette étude : la micro-kinésithérapie.

Nous choisissons la micro-kinésithérapie suite à la lecture de nombreux témoignages sur les forums exprimant la satisfaction des patients. Le témoignage d'un proche a aussi été déterminant. Ce dernier fait de la micro-kinésithérapie une pratique de soins familiale et régulière, car il apprécie, entre autres, le temps passé avec le praticien, sa bienveillance et la richesse des échanges.

La micro-kinésithérapie est une technique de soins manuelle qui permet au thérapeute d'intervenir sur les traumatismes du patient.

Seuls les professionnels de santé reconnus à savoir les kinésithérapeutes, les médecins ou les vétérinaires peuvent prétendre à la formation qui mène à la micro-kinésithérapie. Ici, nous porterons notre attention uniquement sur la technique appliquée à l'homme.

Enfin, peu d'études scientifiques parviennent à prouver l'efficacité de la micro-kinésithérapie, cependant son public est de plus en plus large et réceptif.

Au regard de ces éléments, des questions nous viennent : la médecine conventionnelle a-t-elle cessé de satisfaire les patients ? Qui sont les patients du micro-kinésithérapeute ? Quelles motivations dirigent leur choix ? La micro-kinésithérapie reflète-t-elle un nouveau rapport au corps plus global? Quelles représentations le patient a-t-il de cette technique ? Quelles sont les attentes des patients de notre société contemporaine ? Que dire du système de croyances des patients qui pratiquent la micro-kinésithérapie ? Comment expliquer les attraits pour la micro-kinésithérapie ? Le succès de la micro-kinésithérapie, est-ce l'effet d'un phénomène social ? Quelle est la valeur d'une reconnaissance scientifique aujourd'hui ?

7

Nous posons alors la question de départ suivante : Pourquoi le patient de la médecine biomédicale s'oriente t-il vers la micro-kinésithérapie dans son parcours thérapeutique ?

Les lectures sociologiques ont permis de poser la problématique suivante. Les avancées de la médecine scientifique sont parfois devenues source d'insatisfaction notamment face aux patients qui veulent de moins en moins prendre des médicaments. Des témoignages sur les forums de santé montrent que le patient va alors s'orienter vers la micro-kinésithérapie pour trouver un soulagement et réduire la prise de médicaments. L'exemple du patient qui prend des anti-inflammatoires pour soulager des douleurs physiques est souvent rapporté. Après quelques séances chez un micro-kinésithérapeute, le patient indique pouvoir arrêter ou diminuer la prise de médicaments car cette technique de massage lui procure un soulagement à plus ou moins long terme.

Pour autant, la médecine biomédicale n'est pas remplacée par la micro-kinésithérapie, au contraire elles sont utilisées par le patient de façon complémentaire nous dit Anne Marcellini et ses collaborateurs3. Cette tendance montre la recherche du changement chez les patients, montre une évolution des « habitus » selon P. Bourdieu.

La médecine biomédicale et la micro-kinésithérapie dans un même parcours thérapeutique se différencient à travers les notions de « cure » et de « care »4. Le « cure » caractérisant la technique que retrouve principalement le patient dans la médecine biomédicale. Alors que la micro-kinésithérapie est davantage portée sur le « care » qui est le lien social, le verbal, le manuel.

Motivé par la recherche du changement, d'un « au-delà du corps biomédical »5 d'une autre façon de se soigner, le patient s'oriente vers la micro-kinésithérapie. Cette technique manuelle reflète un nouveau rapport au corps qui fait référence à, selon M.

3 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000.

« Itinéraires thérapeutiques dans la société contemporaine. Le recours aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre corps" ? », in Corps et culture [En ligne], Numéro 5, p. 43.

4 GRANDAZZI Guillaume. 2011. Les acteurs du soin. Le cure et le care, texte introductif, CEMU, Université de Caen.

5 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000. « Itinéraires thérapeutiques dans la société contemporaine. Le recours aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre corps" ? », in Corps et culture [En ligne], Numéro 5, p. 32.

8

Mauss, « l'homme total »6. Autrement dit, cette technique prend en compte le patient dans son histoire, dans son environnement car pour le micro-kinésithérapeute, le dysfonctionnement vient des perturbations extérieures et est lié à l'histoire de l'individu. La micro-kinésithérapie ne raisonne pas en terme de maladie. Cependant, il est possible de prendre en compte les résultats de l'étude de Claudine Herzlich. Cette étude sur les représentations sociales de la santé et de la maladie7 présente l'idée selon laquelle le mode de vie peut être la source d'état intermédiaire à la maladie, comme la fatigue. Nous pouvons ajouter aux états intermédiaires les maux liés aux dysfonctionnements de l'individu.

La technique manuelle, quant à elle, fait référence à la valeur symbolique de la main du praticien. Selon Daniel Grosjean et Patrice Benini8, la main permet au micro-kinésithérapeute d'entrer en relation avec les courants d'énergie présents ou non dans le corps. La main sert alors à la connaissance du patient et de son dysfonctionnement. La technique manuelle, est en elle-même une relation, une communication, un corps-à-corps. Pour le patient, la main du micro-kinésithérapeute a la capacité de « sentir » ou « ressentir » des noeux, des « blocages ».

Ainsi considérée, la maladie ainsi que la technique du micro-kinésithérapeute a une signification, a du sens pour le patient. La perception qu'a le patient selon laquelle il existe une autre réalité du corps va faire écho avec la perception du micro-kinésithérapeute selon laquelle le corps à des choses à dire et ne demande qu'à s'exprimer. Les représentations des deux acteurs vont alors se rencontrer, et, ainsi, une complicité va naître entre le soignant et le soigné.

Tout au long de l'étude, nous ferons appel à la notion de représentation sociale à laquelle le soigné est confronté dans sa relation au soignant. Nous avons tous des opinions, des images, des attitudes, des croyances intériorisées qui se construisent lors des différentes étapes de la socialisation, ce sont nos représentations. En effet, Serge

6 MAUSS Marcel. 1936. « Les techniques du corps », in Journal de Psychologie, XXXII, ne, 3-4, p. 8.

7 HERZLICH Claudine. Juin 2005. Santé et maladie : analyse d'une représentation sociale, EHESS, Paris.

8 BENINI PATRICE, GROSJEAN Daniel. 2003. Ces chocs qui détruisent votre santé, 4e éd., C.F.M.

9

Moscovici précise que les représentations sociales ne sont pas seulement des « opinions ou des attitudes » mais sont aussi des « théories »9. La représentation sociale se situe alors entre la pensée collective et la pensée individuelle et diffère en fonction des appartenances des individus.

La relation entre le micro-kinésithérapeute et le patient implique l'idée du « don » selon M. Mauss. Ce don met en évidence la notion de triple obligation de donner - recevoir - rendre dans les interactions. Au-delà de l'échange, cette notion concerne une morale universelle caractérisée par des règles, des valeurs, des représentations. Cette notion renvoie alors à une dimension sociétale dans laquelle chaque individu a un rôle à jouer et une place à tenir dans le lien social. Ainsi, le micro-kinésithérapeute en bonne disposition, abandonne spontanément au patient à travers la technique manuelle, le soin empreint d'une part de lui. Le patient, satisfait de ce soin, le reçoit conformément aux règles de la société. Le patient accepte ainsi de s'inscrire dans un schéma de régulation sociale et va par exemple tout naturellement communiquer à d'autre sa satisfaction face à cette technique de soin. Cette reconnaissance peut s'exprimer dans les « réseaux d'orientation »10.

Enfin, dans l'interaction soignant-soigné, il est intéressant de faire paraître ce que Goffman appelle « les rites d'interaction » tels que les regards, les gestes, les mimiques, les postures et les énoncés verbaux. Il s'agit de « codes » implicites de bonne conduite qui régulent l'interaction.

La micro-kinésithérapie est un phénomène social lié aux représentations de notre société contemporaine. La société actuelle a un engouement pour les soins naturels. Le patient apprend à intégrer dans son itinéraire thérapeutique la micro-kinésithérapie. Le patient intègre un fait extérieur à lui.

Ainsi, cette problématique précise la question de départ avec l'idée d'une relation

9 HERZLICH Claudine. Juin 2005. Santé et maladie : analyse d'une représentation sociale, EHESS, Paris.

10 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000. « Itinéraires thérapeutiques dans la société contemporaine. Le recours aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre corps" ? », in Corps et culture, [En ligne], Numéro 5.

particulière soignant-soigné. Afin de comprendre les raisons qui conduisent le patient de la médecine biomédicale à s'orienter vers la micro-kinésithérapie dans son parcours thérapeutique, nous nous intéresserons à la relation qui s'instaure entre le micro-kinésithérapeute et son patient.

Afin de répondre à la question de départ, nous proposons l'hypothèse suivante : le patient dans notre société contemporaine trouve dans la relation avec le micro-kinésithérapeute une autre façon plus naturelle de prendre soin de son corps.

Nous aborderons dans une première partie le parcours thérapeutique du patient afin de comprendre son passage de la médecine biomédicale à la micro-kinésithérapie. Puis dans une seconde partie, nous mettrons en évidence l'importance du Care dans la relation patient / micro-kinésithérapeute. Enfin, notre troisième partie analysera le lien social créé par le soin du micro-kinésithérapeute.

MÉTHODOLOGIE DE L'ENQUÊTE

L'orientation de ma question de départ inscrit mon étude dans une démarche qualitative. En effet, l'intérêt n'est pas de donner un ordre de grandeur mais plutôt de décrire et d'analyser le parcours du patient et sa relation avec le micro-kinésithérapeute, ses manières d'aborder le corps, ses représentations de la technique manuelle. Ainsi, la méthode qui semble la plus adaptée ici est l'entretien semi-directif.

Nous choisissons d'interroger des patients, régulier ou non, de micro-kinésithérapeute. Pour atteindre ce public, nous avons directement sollicité des micro-kinésithérapeutes par mail, sans succès. C'est en passant par l'association des micro-kinésithérapeutes de France que nous avons pu entrer en contact par mail avec deux professionnels intéressés par notre étude. L'un nous a transmis une liste de patients que nous avons contactés par téléphone. Un autre a remis notre adresse mail aux patients intéressés qui nous ont directement contacté.

10

Nous nous sommes présenté aux personnes en qualité d'étudiante dans le

11

domaine de la santé et du social souhaitant réaliser une étude sur les patients des micro-kinésithérapeutes. Les patients les plus inquiets, une majorité, exigeaient de recevoir le guide d'entretien avant de confirmer leur participation. Parmi les personnes qui avaient accepté, une n'a plus donné de nouvelles à l'approche de la rencontre.

Ainsi, deux patientes ont participé à l'enquête. Nous avons retranscrit ces entretiens en annexe.

Pour mener à bien les entretiens, nous avons construit un guide d'entretien présenté en annexe. La lecture des avis des patients de micro-kinésithérapeutes sur les différents sites internet, les échanges avec mon entourage connaissant ces pratiques et la lecture de l'article « Itinéraires thérapeutiques dans la société contemporaine »11 nous ont aidé à ordonner ce guide autour de thèmes. Chaque thème présente une série de questions supports à aborder.

Chaque entretien a débuté par la question ouverte suivante : «Comment avez-vous découvert la micro-kinésithérapie ?». Nous avons ensuite laissé l'entretien suivre sa propre dynamique en nous efforçant de ne pas suivre scrupuleusement l'ordre prédéfini des thèmes et des questions. Nous avons également rebondi sur certains points qui nous semblaient intéressants à développer.

Les patientes ont montré un certain intérêt à apporter un témoignage sur leur pratique. Les entretiens ont été effectués au domicile des patientes. Le premier entretien s'est bien déroulé, il a durée 1h20. Quant au deuxième entretien, la patiente avait oublié le rendez-vous. Nous avons tout de même mené l'entretien car elle n'avait pas d'autre disponibilité. Cet entretien a duré 48 minutes.

C'est avec l'accord de chaque participante que nous avons enregistré les entretiens. Au long de notre écrit, nous avons respecté l'engagement d'anonymat des patientes et des personnes citées. Nous les appellerons Madame X et Madame Y et Monsieur A qui est le thérapeute de Madame Y. De même, les informations susceptibles

11 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000. « Itinéraires thérapeutiques dans la société contemporaine. Le recours aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre corps" ? », in Corps et culture [En ligne], Numéro 5.

12

de les localiser ont été supprimées et les enregistrements effacés après retranscription.

1. PARCOURS THÉRAPEUTIQUE : LE PASSAGE DE LA MÉDECINE BIOMÉDICALE À LA MICRO-KINÉSITHERAPIE

1.1. Présentation de la micro-kinésithérapie : une forme de médecine douce

Dans cette partie, nous définirons la micro-kinésithérapie et le contexte dans lequel se situe l'étude. Nous présenterons aussi les personnes interrogées ainsi que leurs caractéristiques sociologiques. Enfin, nous verrons que la micro-kinésithérapie attire malgré sa non-reconnaissance scientifique.

1.1.1. Définition de la micro-kinésithérapie

La micro-kinésithérapie est une technique de soin manuelle qui existe en France depuis une trentaine d'années. Elle fait partie des nombreuses thérapies « alternatives » que propose notre société contemporaine. Elle a été développée dans les années 1980 par deux masseurs-kinésithérapeutes et ostéopathes français, P. Benini et D. Grosjean.

Le mot micro-kinésithérapie vient de trois mots grecs : micro (petit), kinesis (mouvement), et therapeuein (soigner) et signifie à la fois soigner par le petit mouvement mais aussi rétablir les micro-mouvements du corps12 afin de redonner la santé. Le thérapeute accepte alors de donner un soin afin d'aider temporairement une personne à retrouver ce qu'elle a perdu. « Ainsi le mot micro-kinésithérapie exprime dans sa composition même à la fois le contenu et l'esprit de cette méthode »13.

Le site www.microkinesitherapie.com propose la définition suivante:

« la micro-kinésithérapie va chercher par une technique micro-palpatoire manuelle spécifique les traces laissées par [des] agressions dans les différents tissus de l'organisme. Son action consiste à effectuer manuellement des actes stimulant les mécanismes d'autocorrection afin d'éviter la dégradation des tissus et d'en rétablir leurs fonctions. Les mains du praticien mobilisent et stimulent les différents tissus en fonction du type

12 BENINI Patrice, GROSJEAN Daniel. 2003. Ces chocs qui détruisent votre santé, 4e éd., C.F.M., p. 11.

13 Ibidem, p. 12.

13

d'agression.»14.

Cette définition sous-entend que le corps humain n'a pas la capacité d'effacer naturellement les chocs physiques et psychologiques subis. Afin d'éviter que ces chocs créent des pathologies, le praticien aide alors le corps à libérer ces agressions grâce à la palpation de zones.

1.1.2. La place de la micro-kinésithérapie dans l'utilisation des médecines

douces

Les personnes qui pratiquent la médecine douce dans leurs habitudes de soin cumulent volontiers différentes médecines douces. En effet, Madame X, patiente en micro-kinésithérapie, se « soigne, depuis toujours et principalement, par homéopathie et par acupuncture ». Madame Y, elle, dit faire « de la micro-kiné et de la kinésiologie». Selon P. Benini et D. Grosjean, la micro-kinésithérapie est une thérapie douce qui n'exclut pas l'utilisation en parallèle d'autres moyens thérapeutiques15. Chaque médecine douce s'inscrit dans un champ d'application précis. La micro-kinésithérapie n'agit pas sur tout et pour tout.

Les médecines douces peuvent occuper des places différentes selon les attentes des patients et même, la fréquence de leur pratique peut varier. Madame X dit que la micro-kinésithérapie n'est « pas [son] traitement principal ». Elle se soigne principalement avec l'homéopathie. En revanche, Madame Y ne semble pas hiérarchiser les médecines douces qu'elle pratique. Ces deux personnes disent rencontrer une à deux fois par an leur micro-kinésithérapeute. En effet, deux à trois séances sont un maximum pour soigner un symptôme16.

1.1.3. Les limites de la micro-kinésithérapie

Les limites en micro-kinésithérapie relèvent tant du patient que du thérapeute. Madame Y fait part de l'expérience de son frère qui montre bien les limites inscrites dans le patient :

14 Site de micro-kinésithérapie: http://www.microkinesitherapie.com/fr/definition-a-presentation

15 BENINI Patrice, GROSJEAN Daniel. 2003. Ces chocs qui détruisent votre santé, op. cit., p. 53.

16 ACDM - association Centre de Diffusion de la Micro-kinésithérapie - rubrique « vos questions », http://www.acdmicrokinesitherapie.fr/quest.php

14

« J'ai mon frère qui a été voir le même micro-kiné que moi et ça ne lui a rien fait. Il ne veut plus que M. A le manipule, il fait des blocages alors M. A ne peut rien faire pour lui. Son corps ne veut pas s'ouvrir à M. A ».

Est ainsi bien illustrée l'idée de D. Grosjean selon laquelle le corps du patient est souvent mis en cause lors des échecs, en invoquant un corps usé avec l'âge, un handicap ou encore un blocage17.

Aussi, lorsque Madame Y explique l'échec de la micro-kinésithérapie face à son problème de genou, elle dit :

« J'ai tenté de voir avec un micro-kiné mais ça n'a pas marché. Voilà. A chaque fois j'avais le genou qui repartait. [...] J'en ai parlé avec le micro-kiné qui dit que quand il y a vraiment un problème mécanique, chirurgical, la micro-kiné ne peut pas agir. La micro-kiné a ses limites quand même! »

Nous voyons ici les limites du thérapeute qui se situent plutôt au niveau de la technique

qui ne permet pas encore d'accéder à certaines informations à l'intérieur du corps18.

1.2. Des patients pour lesquels les raisons de s'orienter vers un micro-kinésithérapeute sont multiples

1.2.1. Présentation des personnes interrogées

Madame X, âgée de 47 ans, est une femme mince. Elle mesure environ 1m70. Ses cheveux sont longs et bruns. Elle est souriante. Elle met très vite à l'aise par son aisance dans la parole et son attitude avenante.

Madame X est mariée et a un enfant à charge âgé de 17 ans. Elle est l'aînée d'une fratrie de trois enfants. Elle travaille à l'étranger dans le domaine de la comptabilité. Auparavant, elle était infirmière. Madame X aime le sport, les promenades, les activités en lien avec la nature ou encore lire. Elle fait également de la broderie, de la couture et du tricot. Depuis dix ans, Madame X consulte un micro-kinésithérapeute en France, dans sa campagne d'origine car, dit-elle :

« Moi je suis focalisée sur mon bien-être physique et psychologique. Et toutes les pratiques qui peuvent améliorer mon état ou le maintenir sont

17 Interview de GROSJEAN Daniel. 03/03/2014. https://www.youtube.com/watch?v=57h2QxFy0r0

18 BENINI Patrice, GROSJEAN Daniel.2003. Ces chocs qui détruisent votre santé.

15

bonne à prendre... »

Âgée de 35 ans, Madame Y est de petite taille, environ 1m50, un peu corpulente avec les cheveux mi-longs et bruns. Elle a un visage rond et souriant sur lequel elle laisse apparaître des expressions comme l'inquiétude après certaines réponses. Elle semblait soucieuse de bien répondre.

Madame Y est mariée et a deux enfants à charge âgés de 5 ans et de 7 ans. Madame est la cadette d'une fratrie de trois enfants. Elle est assistante dentaire et vit à la campagne. Elle fait du sport en salle et de l'équitation. Madame Y fait de la micro-kinésithérapie, qu'elle pratique depuis cinq ans, pour dit-elle :

« ... des problèmes au dos. J'ai mal au dos. Dès fois, je suis quelqu'un d'un peu stressée et ça permet de me débloquer mon stress »

1.2.2. Caractéristiques sociologiques des personnes interrogées

Les chiffres sur la micro-kinésithérapie sont rares voire inexistants. Nous tenterons tout de même de mettre en évidence quelques caractéristiques sociologiques.

En ce qui concerne l'âge, les personnes interrogées ont 35 ans et 47 ans. Pour Madame X, « c'est [sa] mère qui est partie en premier » consulter un micro-kinésithérapeute. Quant à Madame Y, « [ses] enfants maintenant sont suivis par un micro-kiné ». La micro-kinésithérapie s'adresse donc à toutes les générations.

Nous avons interrogé deux femmes. Cependant, Madame Y nous dit : « j'ai mon frère qui a été voir le même micro-kiné que moi. [...] Papa y va aussi ». Les hommes comme les femmes ont alors recours à la micro-kinésithérapie.

Nous voyons que le style de loisirs de Madame X est en lien avec son style de vie, «en lien avec la nature » comme elle dit. Les deux femmes interrogées prolongent l'idée de prendre soin de leur corps avec les loisirs liés au sport et à la détente.

1.2.3. Aller chez un micro-kinésithérapeute: les raisons non médicales

Les raisons qui poussent les patients à s'orienter vers un micro-kinésithérapeute sont multiples et vont au-delà d'une certaine curiosité évoquée.

Madame X dit :

« Mes grands-parents paternels se soignaient par homéopathie et acupuncture. Donc mon père a converti sa femme. Ses frères ont converti leur femme aussi [...]. On est une famille très ouverte à tout ce qui est

16

médecine un peu parallèle : la micro-kinésithérapie, l'ostéopathie, le reiki. Enfin toutes ces choses là [...], la sophrologie ».

Cet exemple fait apparaître la pratique de la médecine douce comme une habitude

familiale qui influence la conduite de Madame X vers la micro-kinésithérapie.

La quête d'un mode de vie « naturel » est bien mise en évidence par les loisirs associés à la façon dont Madame X se soigne. C. Herzlich définit en effet le mode de vie comme étant le « cadre spatio-temporel de l'individu, l'espace dans lequel il vit et ses caractéristiques [...] ainsi que leurs reflets dans certains comportements quotidiens »19.

A cela, s'ajoute une quête de sens par rapport aux dysfonctionnement de l'organisme. Madame Y dit se tourner vers la micro-kinésithérapie pour :

« éviter de prendre des médicaments chimiques qui ne vont pas résoudre forcément le problème à la base. La micro-kiné travaille plus en profondeur dans l'organisme et dans le psychisme. Il nous donne des explications».

Madame X précise : « Je préfère avoir mal à la tête pour qu'on me trouve pourquoi j'ai mal à la tête, je n'ai plus envie de prendre de l'Efferalgan ».

Les personnes interrogées adoptent alors un mode de vie qui refrène la consommation de médicaments car la médecine classique n'est, selon elles, pas ou plus satisfaisante.

Loin d'être un désenchantement ou une désillusion suite à une maladie, Madame X comme Madame Y s'orientent vers la micro-kinésithérapie dans une continuité des habitudes familiales, c'est une philosophie de vie.

1.3. La micro-kinésithérapie : une médecine non reconnue par la science mais qui attire.

1.3.1. Qui peut pratiquer la micro-kinésithérapie ?

Rappelons que seuls les kinésithérapeutes ou médecins généralistes peuvent devenir micro-kinésithérapeute. Pas une personne interrogée n'a fait allusion à la formation initiale de son praticien. La formation du praticien ne semble contribuer ni à rassurer ni à fidéliser le patient. C'est le résultat, la capacité à résoudre le problème qui

19 HERZLICH Claudine. Juin 2005. Santé et maladie : analyse d'une représentation sociale, p. 45.

17

semble primordial.

En micro-kinésithérapie, la formation de base, théorique et pratique, est réalisée en 6+3 jours. Elle est organisée par le Centre de Formation en Micro-kinésithérapie (CFM) dirigé par MM. D. Grosjean et P. Bénini. Est principalement travaillée la perception des micro-mouvements grâce à la mains20.

La France compte actuellement 557 micro-kinésithérapeutes inscrits sur la liste officielle des membres de l'Association Centre de diffusion de la micro-kinésithérapie (ACDM)21.Ce nombre n'est pas exhaustif car l'inscription sur la liste reste facultative.

1.3.2. Dans quel cadre évolue le micro-kinésithérapeute ?

La micro-kinésithérapie, faisant appel à des éléments physiopathologiques non démontrés, comme les « mécanismes d'auto-correction », n'est pas reconnue légalement. De même, elle n'est pas reconnue par le Conseil national de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes22. Les praticiens vont alors s'appuyer sur un Code d'exercice23 qui fixe un cadre et une éthique.

À la question : « savez-vous que la micro-kinésithérapie n'est pas reconnue par la science, qu'en pensez-vous ? », Madame X répond :

« Il y a tellement de choses qui n'ont pas été reconnues par la science pendant un moment et puis la science a fait marche arrière au bout d'un moment parce que je pense qu'il y a des choses qu'on explique pas »

Madame Y, elle, répond :

« quand il vous manipule avec les bras, avec l'énergie et qu'il sort certaines dates qui vous ont marquées durant votre enfance, soit pendant votre vie d'adolescent ou votre vie d'adulte, il se trompe très très rarement sur des choses émotionnelles qu'il y a eu. Et pour ça j'ai jamais été déçue. »

La micro-kinésithérapie repose sur des satisfactions individuelles et non des expériences scientifiques, ce qui l'expose à la subjectivité.

20 BENINI Patrice, GROSJEAN Daniel (2003), Ces chocs qui détruisent votre santé, op. cit., p. 57.

21 Site de l'Association Centre de diffusion de la micro-kinésithérapie: http://www.acdmicrokinesitherapie.fr/membres.php

22 Avis du Conseil National de l'Ordre du 20 et 21 mars 2013 relatif à la « micro-kinésithérapie ». Présenté en annexe. http://www.microkinesitherapie.com/index.php? option=com_content&view=article&id=111:reconnaissance-de-la-technique&catid=38:apprendre&lang=fr&Itemid=139

23 Code d'exercice de la micro-kinésithérapie. Présenté en annexe.

http://www.microkinesitherapie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=112:code-d-exercice&catid=38:apprendre&lang=fr&Itemid=138.

18

1.3.3. Des patients qui « mélangent les genres »24

Madame X comme Madame Y mettent en évidence un usage combiné de la micro-kinésithérapie avec la médecine bio-médicale, et cela malgré leur désaffection pour les médicaments. Pour Madame X : « la micro, l'ostéo, l'homéo ce sont tous des pratiques qui viennent enrichir la médecine générale ».

Elles affirment avoir toutes deux un médecin traitant. Celui de Madame X est, dit-elle, « médecin homéopathe-acupuncteur que je vois régulièrement dès que je rentre » en France. Elle nous explique avoir choisi un professionnel qui présente cette double compétence dans une « démanche stratégique pour se faire rembourser la consultation ». Tandis que pour d'autres ce choix peut être un moyen « de maintenir un certain contrôle sur la situation »25, de rendre légitime leur démarche. Elle ajoute, « Quand je suis à l'étranger je vois un médecin généraliste traditionnel parce que je n'ai pas le choix ».

Quant à Madame Y, elle dit : « [j'ai] un médecin traitant comme tout le monde. J'y vais très très occasionnellement ». Ici, le médecin traitant apparaît comme une norme, une évidence.

Le médecin généraliste n'est cependant pas sollicité pour toutes les pathologies. Madame Y le consulte en cas de grippe par exemple, et Madame X nous dit : « pour une prise d'antibiotiques, pour une angine ou une infection urinaire ».

Le micro-kinésithérapeute, lui, est consulté par Madame Y pour « des problèmes de dos » et des problèmes liés au stress. Alors que Madame X nous dit que c'est pour :

« savoir si des événements que j'ai vécus au cours de l'année ont pu laisser

des traces au niveau de mon bien-être ».

Ainsi, face à un problème de santé, le patient, à partir de son auto-diagnostic, fait son choix entre la micro-kinésithérapie et la médecine classique. Le passage chez le généraliste semble être une démarche intéressée et qui laisse penser que « à problèmes classiques, médecine classique »26. Alors que la consultation chez le micro-kinésithérapeute se fait pour des raisons médicales préventives et/ou curatives.

24 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000. « Itinéraire thérapeutique dans la société contemporaine. Le recours aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre corps" ? », in Corps et culture [En ligne], Numéro 5, p. 4.

25 Ibidem, p. 6.

26 Ibidem, p. 5

19

Autrement dit, à propos de « symptômes psychiques ou physiques mais dont l'origine est perçue comme psychique »27.

Le médecin généraliste peut être consulté en dernier recours. Ainsi, Madame Y nous dit :

« La dernière fois que j'ai été voir le médecin c'était il y a un an et demi pour un problème de genou. J'étais tombée dans les escaliers et ça c'est aggravé alors j'ai été consulter là. [...] J'ai tenté de voir avec un micro-kiné mais ça n'a pas marché [...]. J'ai attendu trois ans avant de consulter mon médecin généraliste ».

La médecine biomédicale sert à répondre à une urgence, alors que la micro-kinésithérapie semble être une démarche de soin plus spontanée.

Comment comprendre la relation alors entre le micro-kinésithérapeute et le patient ?

2. LA RELATION PATIENT/MICRO-KINESITHERAPEUTE ET LE CONCEPT DU CARE

Dans cette partie, nous interrogerons le rapport au soin du patient à partir du concept du Care. Nous présenterons les conditions nécessaires à la réussite d'un soin avant de traiter de la dimension du Care dans la technique puis dans la communication du patient avec le micro-kinésithérapeute.

2.1. Le Cure, le Care : les enjeux d'une relation

Le soin du micro-kinésithérapeute est à la fois Cure (technique) et Care (sollicitude). Dans le soin, le Cure ne prend sens qu'à travers le Care et inversement. Cependant, nous ferons davantage ressortir le Care qui est prépondérant dans cette technique contrairement à la médecine biomédicale pour laquelle prédomine le Cure.

Le concept de Care apparaît aux États-Unis dans les années 1980 avec les travaux de la psychologue Carol Guilligan. Depuis, ce concept a été utilisé dans de nombreux domaines notamment en sociologie.

27 Ibidem, p. 6

20

Le mot Care reste difficile à traduire en français en un seul mot. Il renvoie à l'idée de « prendre soin », « se soucier de », « sollicitude », « bienveillance » que l'on retrouve dans la relation entre le donneur de soin et la personne qui reçoit le soin. Le Care correspond avant tout aux tâches, au travail non reconnu effectués par les femmes et dévalorisés. Face au système biomédical qui réduit le soin à sa part purement technique des critiques émergent. Des féministes tentent de faire reconnaître l'importance du Care et du « prendre soin ».

Madame X comme Madame Y trouvent leur micro-kinésithérapeute « à l'écoute » et « bienveillant ». En effet, parler du Care revient à aborder les relations humaines, la relation de réciprocité ainsi que la relation de confiance. Selon F. Saillant, le soin est « un ensemble de gestes et de paroles, répondant à des valeurs et visant le soutien, l'aide, l'accompagnement »28 .

2.2. La dimension du CARE dans le soin dispensé par le micro-kinésithérapeute

2.2.1. La technique manuelle : une douce façon de « prendre soin » du patient

Le corps du patient est palpé avec les mains du micro-kinésithérapeute dans le but de contrôler l'absence ou la présence de micro-mouvements, d'énergie. La technique manuelle du micro-kinésithérapeute s'inspire de la méthode de l'ostéopathie crânienne en généralisant au corps tout entier le micro-mouvement29. Voilà comment se déroule les choses pour les personnes interrogées. Nous relatons l'expérience de Madame X. Elle dit:

« Vous vous allongez il vous demande simplement d'être sans collier, sans

ceinture, sans chaussure. Sans trucs qui gênent le passage des énergies. Et en fait, c'est plutôt une espèce de palpation ».

Les micro-mouvements sont interrompus suite à des chocs physiques ou psychologiques. Le praticien va alors procéder à leur libération en reproduisant « le traumatisme initial lentement, doucement et longtemps »30. La restauration du terrain est

28 GRANDAZZI Guillaume. 2011. Les acteurs du soin Le cure et le care, texte introductif CEMU, Université de Caen.

29 Se dit aussi « Mouvement Respiratoire Primaire », BENINI Patrice, GROSJEAN Daniel. 2003. Ces chocs qui détruisent votre santé, p. 9.

30 Ibidem, p. 33

21

indispensable pour rétablir l'équilibre du corps.

À travers l'accompagnement des tissus dans leur micro-mouvement, le thérapeute « prend soin » du patient. C'est un moment empli de Care où le thérapeute, avec tout son professionnalisme, va à la rencontre du patient pour lui apporter ce dont il a besoin31. C'est le moment où la main, sans s'imposer, permet en toute confiance, la synchronisation des corps. Il est dit qu'elle « entre » dans le corps en douceur.

Le malade et sa maladie sont abordés par la douceur par le micro-kinésithérapeute. En effet, Madame X trouve que : « C'est vraiment très léger comme palpations. C'est pas du tout appuyé je trouve ». Madame Y sous-entend même une détente, elle dit : « je suis très détendue, je m'endors presque parfois. Je me repose et j'attends. Je ne sens rien ». Il s'agit alors d'un lien invisible, d'un moment non violent entre le donneur de soin et le receveur de soin qui se fie, se confie à son thérapeute.

2.2.2. Les mains du micro-kinésithérapeute et les représentations du patient

Le sociologue Serge Moscovici définit les représentations sociales comme un système de valeurs, d'idées, de pratiques dont la fonction est de permettre aux individus de s'orienter, de maîtriser leur environnement mental et de faciliter le lien32. L'analyse des représentations permet de comprendre, selon C. Herzlich, les attitudes et le comportement des individus face à un objet qui est ici le soin en micro-kinésithérapie.

Les mains ont une place importante dans la relation qui s'établit entre le micro-kinésithérapeute et le patient. Madame X se représente les mains comme un « outil de travail et c'est ça qui lui permet de traiter les problèmes qu'il arrive à découvrir ». La main-outil est une qualification souvent avancée. Cependant, les mains du thérapeute, en permettant l'entrée en relation avec les besoins du patient sont plutôt considérées comme « un média, non seulement de la perception et de l'acte thérapeutique, mais plus profondément de la relation entre le praticien et son patient »33. Il ne s'agit pas alors d'une simple communication entre deux personnes mais de la rencontre entre le corps et l'esprit. Ici, les mains sont perçues d'un point de vue symbolique et non en tant qu'organe.

31 ZIELINSKI Agata. 12/2010. « L'éthique du care. Une nouvelle façon de prendre soin », in Études (Tome 413), p. 638.

32 JODELET Denise, dir. 1989. Les représentations sociales, P.U.F, Paris, p. 53 et 263.

33 GUEULLETTE Jean-Marie. 2015. « "Des doigts qui pensent, sentent, voient et savent". Exercices de réflexivité ostéopathique ». ethnographiques.org, Numéro 31 - La part de la main [en ligne].

22

Les patientes interrogées attribuent plusieurs fonctions aux mains du micro-kinésithérapeute. Pour Madame X, les mains du micro-kinésithérapeute « sont importantes car elles font en même temps le diagnostic et [...] le traitement ». En effet, ces mains « pensent, sentent, voient et savent... »34 comme pour les ostéopathes.

Des mains qui pensent : Madame X nous dit: « il fait courir un petit peu les doigts sur votre corps au niveau des articulations, au niveau des ganglions ». Le patient va faire confiance à son thérapeute tandis que ce dernier va faire confiance à ses mains qui vont le guider sur le corps du patient.

Des mains qui sentent : Madame Y nous dit de son micro-kinésithérapeute : « il ne parle pas, il est concentré sur la palpation. Il cherche ce qui ne va pas ». Les mains sont en effet le lieu de la perception de l'énergie qui circule et de ce que Madame Y appelle « des blocages » mécaniques. Pour cela, le thérapeute doit être présent, concentré dans l'ensemble de la perception et de l'action.

Des mains qui voient : Madame X dit aller chez le micro-kinésithérapeute en lui demandant : « est-ce qu'il peut voir s'il y a quelque chose qui m'a perturbé, contrarié pour qu'on arrange ça ». Ici, les mains prennent tout leur sens symbolique.

Des mains qui savent : le savoir ici concerne les dysfonctionnements mécaniques et, à travers eux, des éléments de l'histoire du patient tels que les maladies ou des traumatismes émotionnels35 que nous aborderons plus loin.

Les capacités des mains du micro-kinésithérapeute apparaissent comme un mystère pour les personnes interrogées. Pour expliquer ces capacités, Madame Y dit :

« Aucune idée. Je me suis toujours posée la question comment avoir ce savoir ? [...] C'est étrange, oui mais comme je vous dit ils sont formés. Mais vous savez, on ne voit rien, on y va et on va mieux, alors c'est ce qui est important pour moi. C'est un peu magique en fait. Mais bon ! »

Madame X, elle, dit:

« Il y a quand même une part, je ne sais pas, un petit peu bizarre.[...] Quand vous ne savez pas en fait ce qu'est la micro-kinésithérapie exactement, ça peut apparaître comme quelque chose de magique.[...] il y a quelque chose qui me fait penser un peut, vous savez quand on allait voir un rebouteux avant. [...] C'est comme s'il avait un pouvoir entre ses mains, un

34 Ibidem.

35 Ibidem.

23

pouvoir qui lui avait été donné et vous ne savez pas d'où il vient mais il vous fait du bien. »

Pour Madame X comme pour Madame Y, les capacités de la main du micro-kinésithérapeute représentent un phénomène inexplicable qui s'apparente à un pouvoir magique, à un savoir magique.

Ainsi, les capacités de la main du thérapeute sont perçues comme irrationnelles. Cette perception éloigne alors cette thérapie du biomédical car elle n'est pas logique.

D'un point de vue symbolique, la main du praticien agit et le patient comprend cette action mais il ne comprend pas comment elle fait pour répondre aux besoins.

La main est une notion complexe au sens sociologique. C'est l'idée que même si le patient en comprend un ou plusieurs aspects, cela ne suffit pas à une compréhension de la capacité de la main dans son ensemble.

Enfin, les personnes interrogées mettent toutes en avant le fait que le micro-kinésithérapeute est formé pour exercer un soin mystérieux qui repose sur une idée de bien-être.

2.3. La dimension du Care dans l'interaction verbale et non-verbale

2.3.1. La communication verbale : la parole

Le patient exprime sa demande ou son besoin à son arrivée chez le micro-kinésithérapeute. S'il s'agit d'une première rencontre, Madame X nous dit :

« Comme tout autre praticien. [...] il vous pose des questions d'usage à savoir votre âge, si vous êtes mariée, si vous avez des enfants pour savoir à qui il a affaire. Et quels sont vos antécédents médicaux. »

S'il ne s'agit pas d'une première rencontre, la demande est exprimée. Le micro-kinésithérapeute écoute attentivement cette demande en se souciant du patient. Ainsi, le thérapeute va « constater l'existence d'un besoin, reconnaître la nécessité d'y répondre, et évaluer la possibilité d'y apporter une réponse »36. La bienveillance du thérapeute à

36 ZIELINSKI Agata. 12/2010. « L'éthique du care. Une nouvelle façon de prendre soin »,in Études, (Tome 413), p. 636.

24

l'égard du patient aide ce dernier à réactiver sa mémoire émotionnelle et ses réactions corporelles pour faciliter la perception. C'est en cela que cet interrogatoire systématique diffère de celui effectué par le médecin généraliste car ici il s'agit d'une mise en condition pour recevoir le soin.

Pendant la palpation, la communication verbale est plus ou moins présente en fonction du thérapeute. Le thérapeute de Madame Y, dit-elle, « ne parle pas, il est concentré sur la palpation ». Elle précise qu'il pose rarement des questions. Contrairement au thérapeute de Madame X qui pose régulièrement des questions sur ce qu'il perçoit. Chaque patient choisit alors le thérapeute qui lui correspond.

Au long de la consultation, les échanges peuvent porter sur des relations avec des proches. Cela dépend alors de la confiance qui s'est instaurée entre le thérapeute et son patient. Nous constatons que les patientes interrogées n'ont pas la même relation avec le thérapeute qu'avec le généraliste. Alors qu'elles échangent librement sur leur prise en charge biomédicale avec leur micro-kinésithérapeute, cette thérapie est peu abordée (Madame Y) voire pas du tout (Madame X) avec le médecin généraliste. Elles contrôlent alors leur communication avec le généraliste.

De même, selon E. Goffman, les interlocuteurs s'accordent sur le moment de la conversation, sur les thèmes par l'intermédiaire de règles, de pratiques37.

2.3.2. La communication non-verbale

La communication non-verbale, elle, vient compléter et améliorer la communication verbale sur le plan émotionnel. Les gestes, les mimiques ou encore les regards ont leurs importance. Par le langage du corps, le thérapeute porte une attention au patient, le considère. Les silences sont importants et permettent au corps de s'exprimer au moment de la palpation, de raconter son histoire.

Tout comportement est un message, ou bien il précise des paroles. Madame X nous dit : « quand il vous regarde et en fonction de ce que vous dites, il arrive à percevoir les questions intérieures que vous vous posez, et en fait, il essaie d'y

37 GOFFMAN Erwing. 1974. « les rites d'interaction », coll. Le sens commun, Paris, Éd. De minuit, p. 32.

25

répondre ». Le thérapeute est alors vraiment à l'écoute du patient dans son ensemble. Madame X nous dit ne pas chercher à transmettre une bonne ou une mauvaise image d'elle au micro-kinésithérapeute. Elle dit rester elle même :

« Dans la mesure où il sait beaucoup de choses sur vous au moment où il vous ausculte, je reste moi-même. [...] Je suis dans une relation de confiance. Il faut être soi-même surtout pour avoir un meilleur rendu possible ».

Les communications verbale et non verbale sont fortement liées. Si l'une ou l'autre est mauvaise, la communication toute entière sera entachée et le message ne passera pas.

2.3.3. Le rôle du patient dans le soin

Les patients considèrent souvent qu'ils sont inactifs pendant le soin. Madame X nous dit que pendant le soin, elle ne fait « rien en fait. J'attends qu'il découvre ce qui va pas chez moi ou ce qui va bien. Parce qu'il y a des choses qui vont bien quand même, J'attends qu'il trouve ». Cependant, la relation de soin patient / micro-kinésithérapeute est un système de communication dans lequel, tour à tour, le patient et le micro-kinésithérapeute sont émetteur et récepteur. Chacun a son rôle à jouer. Il ne s'agit pas de la relation asymétrique comme celle qui prédominait entre le patient et le médecin.

Le patient est un acteur du soin, il est écouté. Les informations qu'il apporte au long du soin sont importantes pour la suite de ce soin. Nous avons vu également qu'il est consulté pour faire avancer le soin. Aussi, une prédisposition du corps est nécessaire pendant le soin, il doit alors faire des efforts pour se détendre et favoriser l'entrée en relation.

3. MICRO-KINESITHERAPIE ET SOCIÉTÉ : ANALYSE DU LIEN SOCIAL

3.1. Le réseau dans le parcours thérapeutique du patient

3.1.1. Définition du réseau

Selon le sociologue E. Lazega, le réseau est « un ensemble de relations d'un type

26

spécifique [...] entre un ensemble d'acteurs »38 qui partagent les mêmes normes et les mêmes valeurs. Il peut s'agir de relations d'entraide, de soutien, de conseil, de contrôle et d'influence. Selon E. Lazega, « décrire la structure relationnelle d'un système social consiste d'abord à identifier des sous-ensembles d'acteurs à l'intérieur du système »39. Il s'agit alors ici d'étudier les interactions entre les personnes interrogées et leur entourage respectif qui pratiquent la micro-kinésithérapie, mais aussi de comprendre comment le réseau oriente le comportement du patient.

3.1.2. Analyse sociologique du réseau

Il est souvent dit que les patients du micro-kinésithérapeute s'orientent vers cette pratique à la suite des conseils d'un proche. Madame Y dit s'y être orientée suite à un échange avec sa tante qui, elle-même, est micro-kinésithérapeute :

« Je discutais avec elle de mon stress. Et donc elle m'a fait découvrir ça à

travers elle, alors j'ai essayé pour voir ».

Quant à Madame X, elle dit avoir connu la micro-kinésithérapie :

« assez fortuitement. [...]. J'ai eu l'occasion lors d'une conversation avec

ma mère d'évoquer la micro-kinésithérapie ».

L'entrée dans le réseau se fait alors à l'occasion d'échanges entre une personne qui a la connaissance de la micro-kinésithérapie et une autre personne qui recherche une amélioration pour sa santé. Chez les personnes interrogées, les cercles familial et amical ont été déterminants pour leur orientation. La famille et les amis sont en effet considérés comme des personnes de confiance par le patient.

Cependant, le réseau peut s'étendre et inclure des professionnels avec qui le patient n'entretient pas de lien d'amitié. Madame X nous dit recevoir des conseils venant de son médecin homéopathe-acupuncteur : « elle connaît la micro, on en parle ensemble ».

Les membres du réseau s'entraident dans leur démarche de soin. Madame X nous dit : « parce que j'en ai discuté avec elle, ma mère a réussi à gérer une blessure dont elle n'était pas consciente ».

Aussi, dans le réseau, circulent des ressources importantes qui sont les récits des

38 Lazega Emmanuel. 1994. Analyse des réseaux et sociologie des organisations, [article], in La revue française de sociologie, volume 35, numéro 2, p. 293.

39 Ibidem, p. 295.

27

expériences des uns et des autres. Lors de la discussion avec sa tante, cette dernière lui faisant part de l'expérience de ces patients, Madame Y nous dit : « elle arrive à soulager des personnes comme moi qui souffrent du dos. Elle a déjà reçu des enfants qui ont des troubles du sommeil ». Ces expériences ont pour but d'influencer et de soutenir les membres du réseau dans leur démarche.

3.1.3. La relation de confiance et le choix du « bon » micro-kinésithérapeute

Le réseau a un rôle important dans l'identification et l'orientation vers le « bon » micro-kinésithérapeute. Il se fait presque exclusivement sur recommandation d'un proche alors que, en médecine biomédicale, les recommandations ont peu d'influence et la recherche d'un généraliste est essentiellement basée sur la proximité géographique. Madame X nous dit de son micro-kinésithérapeute :

« S'il était à plus de 100 kilomètre j'aurais fait le déplacement. C'est juste le désir d'avoir une consultation avec ce praticien ».

Le système du bouche-à-oreille et la réputation du praticien ainsi ont une place importante . Madame X ajoute :

« Je pense que la confiance est tellement importante dans une relation patient-praticien que, une fois qu'elle est établie, les gens, pour la confiance qu'ils ont en leur praticien et le bien-être qu'il leur apporte, les gens sont capables de faire énormément de kilomètres en fait .

Le praticien apparaît ainsi comme une valeur sûre. Cette confiance va permettre l'engagement envers le praticien.

La confiance va évoluer avec l'influence des expériences vécues ou connues qui circulent dans le réseau. Madame X nous dit :

« Au début quand j'ai connu la micro-kinésithérapie, j'ai eu connaissance de l'histoire d'un homme qui avait un problème de vessie [...] et le micro-kinésithérapeute l'a complètement débloqué.[...] Quand j'ai connu cette histoire ça m'a vraiment interpellée et motivée».

Celui qui relate les expériences « joue un rôle » et se met en scène pour convaincre l'autre et l'aider dans son choix. La confiance s'entretient dans le réseau. Mme X nous dit :

« C'est vrai que c'est des choses qu'on évoque régulièrement quand on se

28

voit lors des réunions de famille, noël, les anniversaires, les mariage. [...] Chacun fait profiter aux autres son expérience pour l'inciter à peut-être trouver une solution par rapport à son problème. »

MadameY :

« Oui, oui, oui oui. J'ai deux-trois personnes qui vont voir le même que le mien et qui en sont très satisfaites. On échange nos expérience parfois. »

Tous ces échangent contribuent à donner une reconnaissance à la micro-kinésithérapie.

3.2. Du point de vue du patient : efficacité et satisfaction du patient

Aborder l'efficacité et la satisfaction du patient nécessite de préciser au préalable ses attentes. Les personnes interrogées sont en attente d'une amélioration, partielle ou totale, de leur état physique et aussi en attente de relationnel donc d'amélioration de leur état psychique.

3.2.1. L'efficacité de la technique du micro-kinésithérapeute

La micro-kinésithérapie n'a pas montré à ce jour son efficacité d'un point de vue scientifique, malgré les études menées en ce sens depuis les années 198040. Cette technique est reconnue à travers les expériences réussies.

Les personnes interrogées considèrent comme efficace la technique du micro-kinésithérapeute si celle-ci répond à leur besoin. Ainsi, Madame X nous dit:

« Il arrive à intervenir sur les flux nerveux pour réduire cette blessure qui

s'est intégrée à mon corps par rapport à ce que j'ai subi. »

Elle dit également y aller par recherche d'un bien-être psychologique mais aussi physique. Madame Y dit à son tour être satisfaite: « je me sens moins stressée après » et ajoute : « il me débloque des choses émotionnelles que le médecin généraliste ne peut pas faire,[...], je le ressens par un bien-être psychique ». De même, il soulage son mal de dos ce qui lui donne l'impression d'être « légère ».

La micro-kinésithérapie, dans ces deux cas, participe alors au confort de ces dames et

40 Site de l'Association Centre de diffusion de la micro-kinésithérapie: http://www.acdmicrokinesitherapie.fr/membres.php

29

diminuent les maux là où la médecine classique s'est montrée inefficace.

Les révélations faites au cours de la palpation ont aussi une très grande importance. Associées à l'équilibre énergétique, les révélations faites par le thérapeute participent activement au sentiment d'efficacité. En effet, Madame X nous dit :

« Quand vous commencez à fréquenter un micro-kinésithérapeute vous savez qu'il vous fait du bien parce qu'en fait le fait qu'il vous révèle des choses qui se sont passées et qui vous ont perturbées sans que vous ayez dit quoi que ce soit, il y a forcément quelque chose, vous en êtes pas conscient, qui lui est révélé par votre corps qui va vous amener à un travail sur vous-même et qui va forcément améliorer votre bien-être ».

Les révélations étaient très présentes dans le discours des personnes interrogées. Ainsi, elles sont apparues comme une attente primordiale pour le patient.

3.2.2. La satisfaction du patient

Les personnes interrogées ont exprimé une grande satisfaction quant à la qualité et au résultat du soin. Madame X dit être :

« avec ce micro-kinésithérapeute, très satisfaite. Il est toujours à l'écoute. [...] Il y a beaucoup de choses qui au début de mon mariage étaient en contradiction avec ma façon de voir les choses, avec ma façon de vivre, avec ma façon de penser [...] c'est des choses qu'il a pu ressentir par la palpation et qu'il a pu m'expliquer ».

Les deux personnes interrogées sont satisfaites du temps passé avec le thérapeute. Madame X rend compte d'une consultation qui dure entre 45 minutes et 1 heure. Madame Y dit passer 1/4 d'heure à 1/2 heure en consultation. Le temps passé diffère selon le patient mais elles en sont toutes les deux satisfaites. Cette différence peut venir de la demande. Avec une demande explicite comme le fait souvent Madame Y, le soin est ciblé et donc plus court qu'un soin pour lequel la demande est implicite. Madame X demande en effet à son thérapeute un rééquilibrage de tout son corps.

Nous percevons cette satisfaction générale lorsqu'elles disent y retourner et être prêtes à recommander leur thérapeute.

3.2.3. Prendre soin de son corps avec la micro-kinésithérapie : un nouveau rapport au corps

L'interaction entre la main du thérapeute et le corps du patient, ce que certains

30

appellent le corps-à-corps, marque un nouveau rapport au corps pour se soigner, un changement par rapport au biomédical. En effet, le corps du patient est abordé en médecine biomédicale sur le plan scientifique alors qu'avec la micro-kinésithérapie, il est abordé sur le plan relationnel. Madame Y nous expose ce corps-à-corps à travers l'activité de sa tante, micro-kinésithérapeute :

« Les patients qu'elle reçoit, elle ne les traite pas avec des médicaments, des choses chimiques, extérieures au corps. Elle utilise le corps pour les soulager, pour leur apporter une amélioration. Les réponses sont dans le corps. Elle n'a pas de matériel en fait. Elle fait tout avec le corps et ses mains ».

Cette façon de se servir du corps pour le soin, cette « technique du corps » selon M. Mauss, permet une prise en charge totale, globale du patient. En effet, Madame X dit : « je suis en demande du traitement de tout mon corps » ; elle ajoute, « c'est comme s'il faisait un réajustement de tout mon système nerveux et mon système énergétique. » Ce rapport au corps révèle, selon M. Mauss, d'un mode de vie. Les personnes interrogées expriment en effet le souhait d'une vie plus naturelle, avec moins de médicaments et avec des soins qui harmonisent le corps et l'esprit et qui apportent un bien-être général.

Cette technique du corps apparaît selon M. Mauss comme un habitus au sens où cette façon de se soigner semble innée mais est pourtant apprise en société. Il y a une évolution des habitus. C'est l'expression de l'éducation et de la vie en société. De même, le patient s'habitue lors de la consultation à son nouveau rôle sans parole, de relâchement du corps et d'abandon à l'autre.

Dans ce rapport au corps, le soigné est très impliqué. Cette rencontre des corps montre que « le(s) corps est le lieu de l'engagement dans l'alternative, c'est-à-dire, de l'engagement dans une autre façon de se soigner, qui ressemble à la recherche d'une autre façon d'être, d'une autre façon d'être avec l'autre, d'une autre façon de communiquer, de lire, de comprendre, de percevoir, de voir »41. Selon Goffman, « l'individu qui s'engage [...] peut s'y impliquer entièrement : [...] oublieux de tout le

41 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ Sébastien et TURPIN Jean-Philippe. 2000. « Itinéraire thérapeutique dans la société contemporaine. Le recours aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre corps" ? », in Corps et culture [En ligne], Numéro 5, p. 9.

31

reste et de lui-même »42. Il ajoute que « cet engagement spontané et conjoint est un unio mystica, une transe socialisée »43.

Les personnes interrogées ont la volonté de s'impliquer davantage et d'être plus autonomes dans leur itinéraire thérapeutique. Toutes les deux font apparaître l'idée qu'elle font le choix du micro-kinésithérapeute dans l'espoir d'obtenir un résultat positif. Elles sont alors dans une dynamique de changement avec le souhait de prendre en charge elles-même leur santé. Elles se tournent alors vers cette nouvelle démarche de soin qui accorde plus d'importance à la dimension humaine que la médecine biomédicale.

3.3. Donner - recevoir - rendre : système de régulation sociale de l'échange

3.3.1. La notion de don selon M. MAUSS

M. Mauss définit la notion de don comme un système d'échange dynamique de régulation réciproque et unilatéral. Dans la relation d'échange dans le soin, le micro-kinésithérapeute fait le don de sa compétence au patient. Certains parlent d'un don de soi dans le soin. Il ne donne pas le soin dans l'attente de recevoir en retour. Il donne pour inciter l'autre à donner. Cette relation ouvre alors sur une dimension sociétale et permet de comprendre la relation de soin au-delà du simple échange. Le don est une dimension fondamentale dans notre société.

Les relations sociales reposent selon M. Mauss sur cette triple obligation de donner- recevoir et rendre. Il ne s'agit pas de charité mais de don symbolique.

La logique du don repose sur la confiance, la réciprocité et l'engagement de l'autre. L'idée est que, selon l'approche de P. Chanial, le patient se présente avec une demande au thérapeute. Sa vulnérabilité de par sa maladie ou son mal-être conduit au don de soin. Apparaît alors l'idée de dépendance du patient envers le thérapeute. Le don est alors un élément essentiel dans les liens de dépendances entre individus. Le don de soin renvoie à la fragilité de l'homme et sa dépendance originelle. En donnant le soin, le praticien fait

42 GOFFMAN Erwing. 1974. « les rites d'interaction », coll. Le sens commun, Paris, Éd. De minuit, p. 101.

43 Ibidem, p. 40.

32

un don de vie au patient, sans intérêt44.

3.3.2. Le don et le Care : deux notions liées dans la relation de soin

Les théories du don et du Care sont en lien. Comme dans la logique du don, les personnes qui sont dans le Care ne le font pas pour l'argent. La réflexion sur le don vient enrichir le travail du Care dans la relation établie dans le soin.

Comme dans la relation de don, la relation de Care est une relation sociale. Le travail de soin, le don de soin ainsi que la sollicitude sont dévalorisés, invisibles car sont relégués à la sphère privée alors que la société considère comme louable la réussite publique, la rationalité et l'autonomie. Le Care comme le don sont considérés comme le pouvoir des faibles. C'est une « affaire de bonne femme »45.

De même, la médecine biomédicale se détache de cette relation de don et de Care au profit de la science.

3.3.3. Recevoir et rendre le don : se placer du côté du patient

« Recevoir » le soin engage le patient dans une relation d'échange. Il paraît nécessaire pour recevoir le soin dispensé par le micro-kinésithérapeute, d'être disponible et ouvert à ce type de soin. Madame Y nous dit:

« moi j'y crois parce que je suis depuis plusieurs années avec un micro-kiné

et vous savez, [...] il a toujours réussi à me soulager de mes douleurs ».

Madame X, elle, à plusieurs reprises, utilise l'expression « moi j'y crois ». Nous comprenons alors que cette démarche nécessite une prédisposition de l'esprit qui conditionne la disposition du corps du patient. Le patient doit être confiant.

Il faut alors croire et avoir confiance en cette technique pour envisager le soin. Il ne s'agit pas de croyance religieuse ici, mais plutôt de la « volonté de croire qu'il existe d'autres visions du corps possibles »46, contrairement à la médecine biomédicale qui se

44 Chanial Philippe. 2/2014. « Don et care : une perspective anthropologique », in Recherche & formation (n° 76).

45 Chanial Philippe, « Don et care : une perspective anthropologique », Recherche & formation 2/2014 (n° 76), p. 53.

46 MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ Sébastien et TURPIN Jean-Philippe 2000. « Itinéraire thérapeutique dans la société contemporaine. Le recours aux thérapies alternatives : une éducation à "autre corps" ? », in Corps et culture [En ligne], Numéro 5, p. 7.

33

base sur la logique, le visible et le connu. Cette volonté de « croire » est enrichie par l'efficacité réelle ou l'effet placebo du soin mais aussi par la justesse des révélations du praticien. Si le patient n'est pas volontaire, le thérapeute ne peut pas prendre soin de lui.

« Rendre » le don se fait conformément à la logique de l'échange. Le patient va rendre ce qu'il a reçu pas forcément au donneur ni sous la même forme. Il s'agit ici d'un échange symbolique que les personnes interrogées, comme Madame X, expriment ainsi :

« Par rapport à la micro-kinésithérapie, si j'ai l'opportunité de discuter avec quelqu'un que je côtoie régulièrement qui a un souci que je pense pouvoir être résolu par la micro-kinésithérapie, je les enjoins à éventuellement consulter parce que ça pourrait leur apporter du bien-être comme à moi ça m'apporte du bien-être. Le bien-être que je reçois par la micro-kinésithérapie, je le reporte aux autres au quotidien par ma bonne humeur, mon esprit positif, ma façon de voir les choses. Je suis à l'écoute des autres, je partage ma joie de vivre»

Madame Y nous dit: « Si quelqu'un est ouvert à ce que je peux raconter je lui parle sans problèmes ».

Les personnes interrogées rendent alors le don par la reconnaissance. Elles partagent les bienfaits du soin avec leur entourage et ainsi fait perdurer le réseau. Cependant, rendre le soin en partageant sa reconnaissance a des limites que les deux personnes interrogées ont bien montrées. Elles précisent toutes deux ne pas insister auprès des personnes qui ne sont pas réceptives.

CONCLUCION GENERALE

La société contemporaine présente de nouvelles façons de se soigner dont fait partie la micro-kinésithérapie. Nous avons choisi, ici, de nous placer du côté du patient. Ainsi, nous nous sommes appuyés sur le parcours thérapeutique de deux patientes de micro-kinésithérapeute et sur des concepts sociologiques comme les représentations sociales, le réseau, le Care ou encore le don. Cette association nous a aidé à comprendre les enjeux de la relation patient-thérapeute.

34

La micro-kinésithérapie est une technique manuelle de soin qui est mal connue des personnes qui la pratique. Les patients ne cherchent pas forcément à la connaître plus que ça, même si elle est mystérieuse pour elles. Ce qui attire et intéresse davantage le patient, c'est le résultat, l'efficacité du soin et sa qualification de médecine douce.

De par sa technique de soin, la micro-kinésithérapie s'éloigne de la médecine biomédicale qui sous-estime la notion de Care dans son soin au profit de la science donc de substances chimiques qui ne répondent plus aux besoins du patient. Le soin du thérapeute propose une prise en charge globale du patient qui associe le corps et l'esprit. Tandis que le biomédical ne s'attarde que sur le corps. Cependant, la médecine biomédicale semble faire un pas vers cette idée de prise en charge totale.

La relation de confiance a été omniprésente dans cette étude. Dans toutes les étapes qui ont guidé le changement souhaité par le patient, la confiance a été nécessaire et déterminante. La confiance s'est installée et perdure chez le patient grâce au réseau dans lequel circule les expériences des uns et des autres. De même, la confiance entre le patient et le micro-kinésithérapeute est indispensable pour que ce dernier reçoive le soin. Recevoir le soin dans le sens où le patient à l'issue du soin en perçoit des effets bénéfiques.

Le patient exprime une telle volonté de croire en cette technique qu'il en est presque désolé lorsque le soin n'a pas été efficace. Ce qui est donné est rendu symboliquement. Tel est le fondement des relations sociales encore aujourd'hui. Ainsi, le patient est amené à rendre le don de soin qu'il a reçu. Il le rend à travers la reconnaissance et concrètement en transmettant dans son entourage le bien-être qu'il a reçu grâce au soin.

Nous pensions avant de commencer cette étude que consulter un micro-kinésithérapeute relevait principalement d'un phénomène de mode notamment de notre société contemporaine. Cela comme toutes pratiques de médecines douce. Ma représentation réductrice a été déconstruite grâce à ce mémoire et permet de confirmer l'hypothèse de départ selon laquelle le patient du micro-kinésithérapeute trouve avec cette thérapie une autre façon plus naturelle de prendre soin de son corps.

35

BIBLIOGRAPHIE

- BENINI Patrice, GROSJEAN Daniel (2003), Ces chocs qui détruisent votre santé, 4e éd., C.F.M.

- CHANIAL Philippe (2/2014), « Don et care : une perspective anthropologique », in Recherche & formation, (n° 76) , pp. 51-60.

- CLÉAU Hélène (2012), « Victor Larger, Le médecin et le patient. Éthique d'une relation », in Lectures [En ligne], Les comptes rendus.

http://lectures.revues.org/9966

- GOFFMAN Erwing (1974), « les rites d'interaction », coll. Le sens commun, Paris, Éd. De minuit.

- GRANDAZZI Guillaume (2011), Les acteurs du soin Le cure et le care, texte introductif CEMU, Université de Caen.

- GROSJEAN Daniel (2000), La micro-kinésithérapie, réflexion sur ses moyens d'action, 3e éd., C.F.M.

- GUEULLETTE Jean-Marie (2015), « "Des doigts qui pensent, sentent, voient et savent". Exercices de réflexivité ostéopathique » in ethnographiques.org, Numéro 31 - La part de la main [en ligne]. http://ethnographiques.org/2015/Gueullette

- HERZLICH Claudine (1992), Santé et maladie : analyse d'une représentation sociale, EHESS, Paris.

- JODELET Denise, dir., (1989) Les représentations sociales, P.U.F, Paris.

- LAZEGA Emmanuel (1994), « Analyse des réseaux et sociologie des organisations », [article], in Revue française de sociologie, volume 35, numéro 2, pp. 293-320.

- MARCELLINI Anne, ROLLAND Yannick, RUFFIÉ Sébastien et TURPIN Jean-Philippe, (2000), « Itinéraire thérapeutique dans la société contemporaine. Le recours aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre corps" ? », in Corps et culture [En ligne], Numéro 5. pp 1-56.

http://corpsetculture.revues.org/710

- MAUSS Marcel (1923-1924), « Essai sur le don. Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques », Chapitre I partie II, in l'Année sociologique, Coll. Les classiques des sciences sociales, seconde série. pp. 14-17.

36

- MAUSS Marcel (1936), « Les techniques du corps », in Journal de Psychologie, XXXII, ne, 34, 15 mars 15 avril 1936. pp. 5-25.

- Zielinski Agata. (12/2010). « L'éthique du care. Une nouvelle façon de prendre soin», in Études, (Tome 413), p. 631-641.

www.cairn.info/revue-etudes-2010-12-page-631.htm.

Sites Internet :

- Site de l'Organisation Mondiale de la Santé

- Site grand public : www.medecines-douces.com

- Site de l'Association Centre de diffusion de la micro-kinésithérapie :

http://www.acdmicrokinesitherapie.fr/membres.php

- Site de micro-kinésithérapie:

http://www.microkinesitherapie.com/fr/definition-a-presentation

- Avis du Conseil National de l'Ordre du 20 et 21 mars 2013 relatif à la « micro-kinésithérapie ». Présenté en annexe.

http://www.microkinesitherapie.com/index.php?

option=com_content&view=article&id=111:reconnaissance-de-la-technique&catid=38:apprendre&lang=fr&Itemid=139

- Code d'exercice de la micro-kinésithérapie. Présenté en annexe :

http://www.microkinesitherapie.com/index.php? option=com_content&view=article&id=112:code-d-exercice&catid=38:apprendre&lang=fr&Itemid=138.

37

ANNEXES

38

Annexe n° 1

AVIS DU CONSEIL NATIONAL DE L'ORDRE

DU 20 ET 21 MARS 2013 RELATIF A LA « MICROKINESITHERAPIE »

AVIS - CNO n° 2013-02
DEONTOLOGIE
AVIS DU CONSEIL NATIONAL DE L'ORDRE
DU 20 ET 21 MARS 2013 RELATIF A LA « MICROKINESITHERAPIE »

La « micro-kinésithérapie » constitue une méthode non éprouvée qui ne bénéficie d'aucune reconnaissance légale, qui fait appel à des éléments physiopathologiques non démontrés tels que « la mémorisation tissulaire de l'agression » ou « les mécanismes d'autocorrection ». Elle ne fait pas non plus l'objet d'une reconnaissance par le conseil national de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes.

La « micro-kinésithérapie » apparaît ainsi comme une technique non conventionnelle, qui pourrait ouvrir la voie à une dérive thérapeutique.

L'article R.4321-87 du code de la santé publique dispose que le masseur-kinésithérapeute ne peut conseiller et proposer au patient ou à son entourage, comme étant salutaire ou sans danger, un produit ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Le même article proscrit toute pratique de charlatanisme.

Par ailleurs l'article R.4321-80 du code de la santé publique prévoit que :

« Dès lors qu'il a accepté de répondre à une demande, le masseur-kinésithérapeute s'engage personnellement à assurer au patient des soins consciencieux, attentifs et fondés sur les données actuelles de la science ».

En outre, l'article R.4321-65 CSP dispose que « le masseur-kinésithérapeute ne divulgue pas dans les milieux professionnels une nouvelle pratique insuffisamment éprouvée sans accompagner sa communication des réserves qui s'imposent. Il ne fait pas une telle divulgation auprès d'un public non professionnel ».

Nous demeurons donc réservés sur la pratique, par nos confrères, de la «micro-kinésithérapie».

RÉFLEXION À PROPOS DE L'AVIS DU CNO N° 2013-02

Comme son nom l'indique, l'Ordre des Masseurs-kinésithérapeutes a été mis en place pour veiller (surveiller) le bon exercice de cette profession. Ce bon exercice est détaillé dans le code de déontologie que tout kinésithérapeute se doit de respecter, et c'est donc à juste titre que le Conseil National mentionne certains articles qui peuvent servir de référence pour, non seulement mettre en garde, mais aller jusqu'à interdire « tout produit ou procédé illusoire, insuffisamment éprouvé ».

Cet article n'est pas spécifique de la déontologie des masseurs-kinésithérapeutes, mais

39

appartient au Code de la Santé Publique qui recommande que tout acte thérapeutique repose sur une médecine basée sur des preuves (EBM), c'est ce que nous avons essayé de faire en micro-kinésithérapie depuis sa création en 1983. Il suffit pour cela de consulter la liste des travaux et des études effectuées, mais la publication de ces études dans des revues spécialisées reste une difficulté à résoudre.

Mais pour bien situer la micro-kinésithérapie par rapport à la kinésithérapie, il est important de rappeler un certain nombre de points qui sont essentiels :

1° La micro-kinésithérapie ne remplace pas la kinésithérapie conventionnelle. Elle se veut complémentaire, ce qui signifie qu'elle essaie d'apporter quelque chose de plus qui peut s'ajouter aux traitements conventionnels. C'est pourquoi elle fait appel à des données scientifiques qui ne sont pas (ou pas assez) pris en compte par la kinésithérapie conventionnelle. La micro-kinésithérapie se base sur les mécanismes d'auto-réparation ou autocorrection qui sont communément admis par le monde scientifique en ce qui concerne les capacités propres aux êtres vivants. Tous les mécanismes immunologiques, ainsi que ceux qui se manifestent dans les périodes de cicatrisation, de calcification, etc., sont des mécanismes d'auto-poïèse, c'est-à-dire effectués par l'organisme lui-même. Et ce n'est pas parce que cette capacité ne s'est pas exprimée après une agression que, pour autant, elle n'existe plus.

Le but de la micro-kinésithérapie est d'essayer de comprendre pourquoi elle ne s'est pas manifestée et de chercher à la remettre en route. Il s'agit d'hypothèses de travail, mais qui paraissent se confirmer au dire des patients traités et des évaluations effectuées.

2° La micro-kinésithérapie n'est pas, pour le moment, prescrite par ordonnance médicale et n'entre donc pas dans la liste des actes conventionnés. Elle n'est proposée qu'en réponse à une demande du patient qui vient chercher une thérapie complémentaire par rapport à une symptomatologie qui ne répond pas (ou pas assez) aux traitements conventionnels.

Ici, on peut reprendre l'article R4321-80 du Code de la Santé Publique qui mentionne que :

« Dès lors qu'il a accepté de répondre à une demande, le masseur-kinésithérapeute s'engage personnellement à assurer au patient des soins consciencieux, attentifs et fondés sur les données actuelles (ou nouvelles ?) de la science ».

3° La micro-kinésithérapie, dans ce sens, rejoint le Rapport de l'Académie Nationale de Médecine (ANM) du 5 mars 2013 (15 jours avant l'avis du CNO) sur les thérapies complémentaires.

Dans son introduction, ce rapport définit très exactement la demande du public pour ces thérapies complémentaires :

« Le comportement du public vis à vis de la médecine est ambivalent : convaincu et même séduit par les avancées de la recherche, il est en même temps déçu, et parfois révolté, par les nombreux domaines où les résultats des traitements sont insuffisants, ou encore inquiet des inconvénients dont leurs effets sont assortis. C'est souvent dans cet esprit de relative défiance vis-à-vis de la médecine que les patients se tournent, sans en informer leur référent médical, vers des pratiques non conventionnelles dont les vertus leur ont été vantées par les multiples sources d'information non contrôlée qu'offre notre société. Le recours à ces pratiques est aujourd'hui tel que leur diffusion a pris une étonnante extension : il a été avancé que près de 4 français sur 10 leur font appel... ».

40

Ce rapport décrit également les domaines dans lesquels ces thérapies complémentaires interviennent, mentionne les thérapies corps esprit avec les touchers thérapeutiques, ou les manipulations de l'appareil locomoteur avec les massages thérapeutiques. La micro-kinésithérapie peut très bien trouver sa place dans l'une ou l'autre de ces rubriques.

Enfin, ce rapport émet des recommandations :

· à l'adresse des usagers :

- d'en éviter l'usage en l'absence d'un diagnostic médical

- de ne les accepter qu'avec une extrême prudence comme traitement de première intention

- de ne pas y recourir lorsque la présentation clinique est inhabituelle ou persistante en l'absence

d'un avis médical.

· et à l'adresse des hôpitaux et établissements de soins :

- de ne confier leur mise en oeuvre qu'à des médecins, sages-femmes ou professionnels de santé travaillant sous contrôle médical, tous préalablement formés à cet effet ;

- d'évaluer régulièrement ces pratiques ;

- d'exploiter dans toute la mesure possible les résultats de ces traitements dans le cadre d'essais cliniques, uni ou multi centriques ; de déposer un protocole d'essai pour tout projet dans une indication inhabituelle ou controversée...

4° La micro-kinésithérapie cherche un cadre légal pour pouvoir être proposée aux personnes qui en font la demande. Aussi, les recommandations faites par l'ANM semblent plus appropriées pour évaluer son impact que les déclarations très restrictives émises par le CNO.

C'est pourquoi, après avoir un peu épuisé les possibilités d'évaluations qu'il était possible de faire en cabinet libéral, nous attendons et espérons des propositions d'essais cliniques, d'abord sous la forme la plus simple de pré-évaluation sur une dizaine de patients, par exemple, pour déterminer si une tendance positive semble apparaître. Et ensuite, si les pré-évaluations mettent en évidence des possibilités d'amélioration, réaliser des protocoles plus complexes qui peuvent s'effectuer sans risque ni perte de chance en ajoutant simplement, par exemple, une séance de micro-kinésithérapie à une groupe traité pour évaluer son impact par rapport à un groupe témoin qui reçoit le même traitement sans micro-kinésithérapie (étude multi centrique).

Des pourparlers sont déjà engagés avec des départements universitaires qui se spécialisent dans les thérapies complémentaires, mais nous espérons pouvoir dialoguer et coopérer avec beaucoup d'autres structures qui seraient intéressées par ces recherches puisqu'il y a des praticiens de cette technique disponibles pour cela sur pratiquement tout le territoire français.

Daniel GROSJEAN

41

Annexe n° 2

CODE D'EXERCICE

1 LE CADRE LEGAL

La micro-kinésithérapie est une technique de massages. Elle set rouve, par la même, inscrite dans le cadre légal de la kinésithéapie que le micro-kinésithérapeute s'engage à respecter. En conséquence :

1.1 En France à ce jour, nul ne peut exercer la micro-kinésithérapie s'il n'est masseur-kinésithérapeute,médecin ou, concernant le monde animal, vétérinaire.

1.2 Celui qui exerce cette technique thérapeutique ou préventive se soumet à la déontologie applicable aux médecins et aux paramédicaux ; en particulier, les obligations concernant la nondiscrimination, le non-prosélytisme, le secret professionnel, la confraternité, le respect du malade.

2 EXERCICE DE LA MICROKINESITHERAPIE

2.1 La micro-kinésithérapie peut être effectuée dans le cadre de soins conventionnels en kinésithérapie (ou en médecine)comme massages thérapeutiques. Dans ce cas, le thérapeute doit expliquer en quoi consiste la technique et il doit avoir l'accord du patient. La micro-kinésithérapie ne saurait remplacer les autres actes thérapeutiques prescrits. Elle se situe en complément de ceux-ci.

2.2 La micro-kinésithérapie peut également être effectuée comme tout acte de massages, sans prescription médicale.Dans ce cas, le micro-kinésithérapeute s'engage à respecter les points suivants.

3 RESPECT DE LA TECHNIQUE ET DU PATIENT

3.1 La micro-kinésithérapie est une technique de soins complémentaires qui ne saurait s'opposer à la médecine conventionnelle et, en particulier, remplacer les traitements prescrits.

3.2 La micro-kinésithérapie est une technique de massages qui se pratique avec les mains sur le corps, vêtu ou non, du patient. Tout traitement qui serait fait sans contact avec le corps du malade n'est pas de la micro-kinésithérapie.

3.3 Un traitement complet en micro-kinésithérapie comporte au minimum un contrôle avec correction du matériel extra-embryonnaire (terrain et chronicité) ainsi que les tissus corporels

42

tels qu'ils sont enseignés dans les perfectionnementsP1 et P2. Le micro-kinésithérapeute s'engage à effectuer le traitement au maximum de ses capacités. Un traitement local et ponctuel est également possible.

3.4 Les étiologies, retrouvées en cours du traitement, peuvent être signalées, avec discernement. Le thérapeute se garde de tout jugement et, en particulier, d'une transposition de ces faits passés dans le temps présent. Il s'abstient également de tous commentaires ou conseils qui pourraient interférer avec la liberté du patient ou empiéter sur d'autres thérapies et, en particulier, sur la psychothérapie.

3.5 Dans le cas d'une demande pour un traitement complet en micro-kinésithérapie, le micro-kinésithérapeute s'engage à respecter la demande du patient et ne faire, au cours de cette séance, aucune autre technique. Dans le cas où une demande pour une autre thérapie en plus serait formulée par le patient, la facturation sera établie en fonction de chacune des techniques.

3.6 Un traitement en micro-kinésithérapie ne nécessite, en général, qu'une séance. Une ou deux séances complémentaires peuvent être proposées dans les semaines qui suivent. Dans le cas de non-résultat, le micro-kinésithérapeute saura reconnaître ses limites et s'abstiendra de multiplier les séances ou de créer une dépendance du malade à son égard.

3.7 Des séances préventives d'entretien peuvent être envisagées à raison d'une ou 2 fois par an.

4 RESPECT DES CONFRERES ET DES INSTANCES

Le micro-kinésithérapeute s'engage également à :

4.1 Respecter la législation concernant la facturation selon les indications fournies dans la charte d'exercice.

4.2 Les honoraires doivent être demandés avec tact et mesure.

4.3 Ne pas formuler de jugements et critiques négatives sur les autres professionnels de santé et, en particulier, sur les confrères masseur-kinésithérapeute.

4.4 Ne pas enseigner la micro-kinésithérapie, ni publier, sans accord du CFM.

4.5 Se tenir au courant de l'évolution de la technique afin d'effectuer des traitements les plus complets et efficaces possibles.

4.6 Ne mentionner les « bienfaits » apportés par cette technique qu'en référence aux résultats et aux évaluations effectués. Conscient de l'importance des évaluations, le micro-kinésithérapeute s'engage à y contribuer selon ses possibilités.

43

5 RECONNAISSANCE DES MICROKINESITHERAPEUTES

5.1 Seuls pourront être reconnus par l'Association micro-kinésithérapeutes, les micro-kinésithérapeutes s'engagent par écrit à respecter ce code d'exercice.

44

Annexe n° 3

GUIDE D'ENTRETIEN

Question initiale : Comment avez-vous découvert la micro-kinésithérapie ?

THEMES

SOUS-THEME

QUESTIONS SI NECESSAIRE

Itinéraire

* Le passé

Quelles étaient vos habitudes de soin avant de

thérapeutique : de la médecine biomédicale à la micro-

* Suivi médical

découvrir la micro-kinésithérapie ?

Avez-vous un médecin régulier ?

kinésithérapie

actuel

Pour quels maux consultez-vous votre médecin ?

 
 

Combien de temps passez-vous en face à face avec le médecin?

 
 

De quoi parlez-vous avec votre médecin ? Comment pouvez-vous décrire l'accueil de votre médecin ?

 
 

Comment pouvez-vous qualifier l'échange, la relation entre vous et votre médecin ?

 

* Les médecines

Que savez-vous de la médecine douce ?

 

douces

Comment pouvez-vous la définir, la décrire ?

 
 

Pouvez-vous citer des exemples de médecine douce ?

 
 

Quelles médecines douces avez-vous déjà essayées ?

 
 

Qui vous conseille ?

 
 

Quel aspect de la médecine douce vous séduit, vous plaît ?

 

* la micro-

Pourquoi avez-vous choisi de consulter un micro-

 

kinésithérapie : les

kinésithérapeute ?

 

raisons de ce

Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à

 

choix

choisir la micro-kinésithérapie parmi les autres médecines douces ?

 
 

Quel aspect de la micro-kinésithérapie vous séduit, vous plaît ? Est important pour vous ?

 
 

Que recherchez-vous à travers la micro-kinésithérapie et que vous ne trouvez pas chez un médecin ?

 

*La connaissance

Que savez-vous de la micro-kinésithérapie ?

 

de la micro-

Sur quel principe est-elle fondée ?

 

kinésithérapie

Où trouve-t-elle ses origines ?

 
 

Lisez-vous sur ce thème ?

45

 
 

Assistez-vous à des conférences, des rencontres sur ce thème ?

Fréquentez-vous un réseau, formel ou informel, en lien avec la micro-kinésithérapie ?

A quel moment, dans votre parcours thérapeutique, avez-vous commencé à vous intéresser à la micro-kinésithérapie. Pourquoi ?

 

* Le patient du

Pour quelles raisons de santé allez-vous chez le

 

micro-

micro-kinésithérapeute ?

 

kinésithérapie

Avez-vous déjà abordé ce problème de santé avec votre médecin ?

 
 

Comment avez-vous choisi votre thérapeute?

 
 

Est-il dans votre ville ?

 
 

Avez-vous changé de micro-kinésithérapeute depuis votre premier rendez-vous ? Si oui, pourquoi ?

 
 

Quels ont été ou quels sont vos critères de sélection pour choisir un thérapeute?

 
 

Depuis combien de temps consultez-vous un micro-kinésithérapeute ?

 
 

A quelle fréquence ?

 
 

Quelle place donnez-vous à la micro-kinésithérapie dans votre mode de vie ?

 
 

Le thérapeute prend-il le temps nécessaire selon vous ?

 
 

A-t-il la patience nécessaire ?

 
 

Êtes-vous satisfait de vos séances ?

 
 

Avez-vous déjà été insatisfait après une séance ?

Le patient et son

* Place et rôle de

Par qui avez-vous connu votre thérapeute?

entourage

l'entourage

Que pouvez-vous dire de cette personne ? Que représente-t-elle pour vous ? Comment pouvez-vous la qualifier ?

 

* Comporte-

Parlez-vous de vos séances de micro-kinésithérapie

 

ment du patient

dans votre famille ou dans votre entourage?

 

vis-à-vis de sa

Avez-vous déjà encouragé un membre de votre

 

famille et de son

famille ou de votre entourage à consulter un micro-

 

entourage

kinésithérapeute ?

 

* Comporte-

Dans votre famille ou entourage, connaissez-vous

 

ment de la famille

des personnes qui ont eu ou ont recours à la

 

et de l'entourage

médecine douce ? A la micro-kinésithérapie ?

 
 

A une pratique proche de celle du micro-kinésithérapeute (technique manuelle) ?

 
 

Quel est le regard de votre famille et entourage sur votre pratique ?

46

 
 

Comment ont-ils réagi à l'annonce de votre pratique ? Qu'en pensent t-ils ?

Relation entre le

* Les attentes du

Qu'attendez-vous, comme résultats, d'un micro-

patient et le micro-

patient

kinésithérapeute ?

kinésithérapeute

 

Vos attentes sont-elles satisfaites ?

 
 

Quels sont les effets de la micro-kinésithérapie à court, moyen, long terme ?

 
 

De quelles façons mesurez-vous ces résultats ?

 
 

Quelles sont vos priorités en santé?

 

* Le care

Comment se déroule la séance chez votre micro-kinésithérapeute?

 
 

Quelles sont les étapes de la séance ?

 
 

Comment applique-t-il son soin ?

 
 

En quoi consiste le soin ?

 
 

Comment définissez-vous un soin de qualité ?

 
 

Que faites-vous pendant le soin ?

 
 

Quelle place occupez-vous pendant la séance (passif, actif) ?

 
 

Combien de temps dure la séance ?

 
 

Comment se répartit le temps entre l'échange et le soin ?

 
 

De quoi parlez-vous ?

 
 

Quelles émotions apparaissent au cours de la relation ?

 
 

Comment gérez-vous ces émotions ?

 

* Recevoir -

Dans quelle disposition êtes-vous pour recevoir le

 

rendre le don

soin ?

 
 

Comment manifestez-vous au quotidien votre satisfaction de ce soin ?

 
 

Quels sont les changements observés dans vos relations sociales ?

 
 

Quel comportement adoptez-vous en société et avec le micro-kinésithérapeute pour témoigner de votre satisfaction ?

 
 

Quel rôle et quelle place acceptez-vous de prendre dans la relation avec le thérapeute ?

47

 

* Les rites

Comment vous présentez-vous à votre thérapeute ? À

 

d'interaction

la première rencontre ?

 
 

Avez-vous des habitudes avec le thérapeute (en terme d'attitude, langage...)?

 
 

Comment pouvez-vous décrire votre comportement dans la relation avec le micro-kinésithérapeute

 
 

(regards, gestes, postures, mimiques, paroles) ?

 
 

Comment exprimez-vous votre demande au thérapeute (de façon explicite, implicite) ?

 
 

Quelle image de vous souhaitez-vous transmettre au thérapeute ?

 
 

Quel comportement adoptez-vous pour transmettre cette image ?

 
 

Pensez-vous qu'il perçoit votre image telle que vous le souhaitez?

 
 

Comment vous en rendez-vous compte (quelle attitude, comportement) ?

 
 

Quelle type de relation s'instaure entre vous et le micro-kinésithérapeute ?

 
 

Avez-vous confiance en lui ?

 
 

A partir de quel moment avez-vous commencé à avoir confiance en lui ?

Les

* Expériences

Comment percevez-vous l'attitude du micro-

représentations

personnelles

kinésithérapeute à votre égard ?

sociales

et influences de la

Quelle valeur accordez-vous aux mains du micro-

 

société

kinésithérapeute ?

 
 

Que représente pour vous la technique de soin manuelle du micro-kinésithérapeute?

 
 

Quel sentiment éprouvez-vous avant, pendant et après la séance chez le micro-kinésithérapeute ?

 
 

Que ressentez-vous après une séance à court, moyen et long terme ?

 
 

Quelle preuve avez-vous de l'efficacité de la micro-kinésithérapie ?

 
 

La micro-kinésithérapie n'est pas reconnue par la science, elle n'est pas conventionnée qu'en pensez-vous ?

 
 

En quoi cet aspect peut-il altérer votre attrait pour la micro-kinésithérapie ?

Conclusion

* Présentation du

Dans quelle tranche âge êtes-vous ?

 

patient

Quel niveau scolaire ou d'étude avez-vous ?

 
 

Quel emploi occupez-vous ?

 
 

Êtes vous de la campagne ou de la ville ?

 
 

Êtes-vous locataire ou propriétaire ?

 
 

Quelle est votre situation familiale (en couple, célibataire, séparé, divorcé,veuf) ?

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Avez-vous des enfants ? Si oui, quel âge ont-ils ?

 
 

Avez-vous des frères et soeurs ? Quelle est votre place dans la fratrie ?

 
 

Avez-vous des loisirs, lesquels ?

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Annexe n° 4

ENTRETIEN N°1

Mes interventions seront notées en gras afin de les différencier de celles de la patiente. Je nommerai cette dernière Madame X.

Contexte de l'entretien : l'entretien s'est déroulé le 26 avril 2016 au domicile de Madame X lors d'un de ses passages en France. Durée 01h20.

Je rappelle à Madame X que l'entretien sera enregistré et rendu anonyme.

Âge

47 ans

Études

Bac + 3 ans, étude d'infirmière avec une spécialité en chirurgie esthétique.

Emploi

Emploi dans la comptabilité après une formation dans ce domaine.

Lieu d'habitation

À l'étranger, revient régulièrement en France dans sa campagne d'origine.

Locataire ou propriétaire

Locataire

Situation familiale

Mariée

Nombre d'enfants

1 enfant

Âge de l'enfant

17 ans

Fratrie

2 soeurs et un frère.

Place dans la fratrie

L'aînée

Loisirs

Sport. Broder, tricoter, coudre. Marcher, se promener. Lire. Activités en lien avec la nature.

- Je vous remercie de prendre de votre temps pour participer à mon étude et aussi de me recevoir chez vous.

- C'est un plaisir.

Je voudrais quand même préciser que je n'ai peut-être pas une histoire aussi profonde à raconter que quelqu'un qui habite à côté d'un micro-kinésithérapeute parce que moi étant donné que j'habite quand même à l'étranger, c'est vraiment une relation, euh, annuelle avec lui.

Mais en fait ça dépend aussi de la pathologie, parce que je sais que, au cours des rencontres que j'ai eues avec lui, il y a des fois où il demande à ce qu'on revienne parce qu'il n'a pas terminé ou bien parce que le corps ne peut pas supporter autant en une seule séance mais, euh, sinon la plupart du temps c'est plutôt ponctuel, annuel quoi.

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- Ne vous inquiétez pas. Comme vous le dites, effectivement, la fréquence dépend de la pathologie.

Alors, racontez moi comment vous avez découvert la micro-kinésithérapie ?

- Ben assez fortuitement. Ben je me soigne beaucoup par euh, euh.

Enfin, je me soigne depuis toujours et principalement par homéopathie et par acupuncture et j'ai eu l'occasion lors d'une conversation avec ma mère d'évoquer la micro-kinésithérapie. Et, euh, elle l'a évoqué parce qu'en fait elle avait une amie qui avait recours à un micro-kiné et elle lui avait raconté son histoire et ça l'avait, euh, ça l'avait vraiment étonnée et intéressée en fait concernant un problème de santé qu'elle avait.

- Vous dites que vous vous soignez beaucoup par homéopathie et acupuncture, comment vous avez connu ces médecines douces ?

- Ben, en fait, euh, c'est familial en fait. Mes grands parents se soignaient comme ça. Mes parents se soignaient comme ça. Je ne pense pas que ma mère se soignait comme ça quand elle était plus jeune. Mais quand elle est rentrée dans la famille de mon père, en fait, elle a adhéré à cette médecine et donc, du coup, on en est tous venus à se soigner comme ça.

En tout cas moi depuis que je suis née, j'ai toujours été chez des homéopathes, des acupuncteurs et je me suis toujours soignée que comme ça en fait.

(silence)

Et la micro-kinésithérapie c'est une continuité en fait.

Je suis plutôt dans la prévention plutôt que dans la, comment dire... C'est plutôt une façon de vivre, une façon de penser. On fait attention à sa santé en amont plutôt que de devoir régler le problème à la dernière minute et devoir faire souffrir son corps avec des apports de médicaments trop importants ou trop chimiques en fait.

- Quels aspects vous plaisent dans les médecines douces?

- Ben j'pense que c'est l'aspect... l'aspect nature entre guillemets. En fait, on sait qu'on prend pour l'homéopathie des doses infinitésimales de quelque chose qui peut nous faire du mal.

- Avez-vous un médecin traitant régulier ?

- J'ai un médecin traitant régulier en France qui est un médecin homéopathe-acupuncteur que je vois régulièrement dès que je rentre.

- Avez-vous déjà eu un médecin généraliste qui n'a pas de double casquette ?

- De double casquette ?

J'ai eu des pathologies dans ma vie qui ont fait que j'ai dû avoir recours à des spécialistes mais moi mon médecin généraliste c'est vraiment l'homéopathe-acupuncteur.

Après, quand je suis à l'étranger je vois un médecin généraliste traditionnel parce que je n'ai pas le choix. Je le vois pour soigner, j'sais pas moi, ça peut être pour une prise d'antibiotiques, pour une angine ou une infection urinaire. Pour des pathologies classiques parce que je sais que je ne peux pas faire autrement.

Mais à côté de ça, j'ai mon livre d'homéopathie auquel j'ai recours régulièrement et je, comment dire, j'achète mes granulés moi-même et je me soigne moi-même si vous voulez.

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- Pourquoi avez-vous choisi comme homéopathe-acupuncteur un généraliste ?

- Avoir un médecin homéopathe-acupuncteur ?

Ah ça c'est une démarche stratégique pour se faire rembourser la consultation.

- Combien de temps dure la consultation avec votre médecin homéopathe-acupuncteur ?

- Oh, ça fait très longtemps que je la connais. Ça fait plus de 40 ans maintenant, donc euh, elle me connaît bien. C'est en fait une consultation qui se passe en cabinet. On a environ 10-15 minutes où on échange avant de lui parler de pourquoi je suis venue. Et généralement je passe après en cabine acupuncture et après je reviens dans son bureau une quinzaine de minutes pour qu'elle m'explique le traitement et qu'elle me donne mon ordonnance d'homéopathie. La consultation dure alors entre 30 bonnes minutes et 45 minutes.

- De quoi parlez-vous avec votre médecin homéopathe-acupuncteur ?

- Je lui parle d'énormément de choses parce que je la connais depuis longtemps. En plus je ne la vois que une fois par an. J'ai la chance de connaître aussi sa famille alors on évoque aussi, souvent, sa famille ou la mienne. Mais je lui parle aussi beaucoup de mes ressentis par rapport à certaines situations. Je recherche ses conseils parce qu'elle est homéopathe-acupuncteur mais aussi parce qu'elle se remet toujours en question par rapport à plein de choses. Elle fait aussi de la sophrologie, elle fait aussi beaucoup de médecine parallèle. Elle connaît la micro, on en parle ensemble. J'aime bien discuter avec elle parce qu'elle m'apporte des solutions par rapport à des questions que je me pose.

C'est-à-dire qu'il n'y a pas seulement une recherche médicale en fait. Il y a une recherche aussi spirituelle, psychologique. Voilà. En fait quand je vais chez elle, elle ne soigne pas uniquement le corps en fait, elle soigne aussi l'esprit.

Enfin, on ne peut pas dissocier le corps et l'esprit en fait et c'est ça que j'aime. C'est pour ça que j'aime moi aussi l'ostéopathie parce qu'il n'y a pas de dissociation, ça forme un tout.

On peut pas soigner seulement une partie de votre corps sans soigner le reste en fait. Tout est lié. On ne peut pas prendre une partie, celle qui vous fait mal en se disant de toute façon on soigne celle-ci parce que c'est celle-ci qui fait mal et qu'elle n'a aucun rapport avec les autres.

C'est pour ça que je suis plus homéopathie que allopathie.

- Êtes-vous devenue amie avec votre médecin homéopathe-acupuncteur ?

- Non pas du tout. On discute de plein de choses dans son cabinet mais nous n'avons pas de relations à l'extérieur.

- Quelle différence faites-vous entre un médecin généraliste et votre médecin homéopathe-acupuncteur ?

- Le médecin généraliste, je le vois comme quelqu'un qui va vous écouter exposer vos signes de mal-être. Et en fait je trouve que la médecine allopathique est basée sur les signes que vous donnez. On a un symptôme et il y a un médicament associé.

Moi le généraliste je ne le connais pas vraiment car je vais le voir très rarement.

Mon homéopathe, quand je vais le voir, je vais lui faire part de mon mal-être psychologique et parfois il arrive à le relier à mon mal-être physique ce que ne fait pas mon généraliste.

Mais, je ne dis pas que c'est parce qu'il n'est pas capable de le faire. Ça peut être aussi parce que je ne vais le voir que ponctuellement et qu'il ne me connaît pas plus que ça en fait.

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- Pourquoi avez-vous décidé de consulter un micro-kinésithérapeute ?

- Je ne l'ai pas choisi vraiment pour une raison de santé. En fait j'y suis allée par curiosité. C'est-à-dire que suite à ce que m'avait raconté ma mère concernant son amie, ça m'a paru tellement incroyable en fait que j'ai dit « pourquoi pas prendre rendez-vous et puis aller le voir ?».

Quand je suis allée le voir, je lui ai dit « j'ai rien de spécial mais j'ai entendu parler de vous, vous avez traité une amie à ma mère de cette façon là et j'ai voulu comprendre pourquoi et les mécanismes mais je n'ai pas spécialement de pathologie ». Et en fait, il m'a juste fait une consultation.

Sa façon d'aborder les choses fait que vous découvrez plein de choses parce qu'au moment où il vous palpe, il sent des choses, mais bon il faut y croire. Au moment où il les sent, il les dit et en fait il y a aussi un échange à ce niveau-là car en fonction de ce qu'il vous dit ça vous remémore soit des situations soit des moments ou des personnes qui font que vous arrivez à vous souvenir de moments qui vous ont peut-être blessée psychiquement ou physiquement et qui d'un seul coup vous apparaissent comme une blessure alors que vous pensiez avoir oublié mais votre corps s'en souvient.

- Pouvez-vous me décrire les moments de la consultation ?

- Comme tout autre praticien, il vous demande ce qui vous amène. Et puis il vous pose des questions d'usage à savoir votre âge, si vous êtes mariée, si vous avez des enfants pour savoir à qui il a affaire. Et quels sont vos antécédents médicaux, qu'est-ce que vous avez déjà eu et à quelle époque.

Après il vous demande de passer sur la table de traitement. Vous vous allongez il vous demande simplement d'être sans collier, sans ceinture, sans chaussure. Sans trucs qui gênent le passage des énergies. Et en fait, c'est plutôt une espèce de palpation. En fait il fait courir un petit peu les doigts sur votre corps au niveau des articulations, au niveau des ganglions, des choses comme ça. C'est vraiment très léger comme palpations. C'est pas du tout appuyé je trouve. C'est un peu comme s'il sentait un courant électrique parcourir votre corps et, lui, il arrive à le sentir. Il est très attentif à ce moment pour bien ressentir les flux d'énergie.

- Et pendant cette palpation, que faites-vous ?

- Rien en fait. J'attends qu'il découvre ce qui va pas chez moi ou ce qui va bien. Parce qu'il y a des choses qui vont bien quand même. J'attends qu'il trouve... des fois il me dit « tel jour à telle heure il s'est passé des choses avec telle personne ou bien il faisait beau ce jour là et vous l'avez ressenti ». En fait il vous remémore des moments de votre vie qu'il a ressentis au niveau de votre corps et qui vous ont perturbés ou qui vous ont procurés beaucoup de joie.

Il fait remonter des émotions. (Blanc).

- Oui, il fait remonter des émotions ?

- Ça peut être des émotions par rapport à un deuil qu'on a subi, par rapport à une grande joie que vous avez eue lors de retrouvailles, par rapport à un problème professionnel que vous avez subi aussi et que vous avez surmonté parce que, voila, il faut toujours aller de l'avant. Mais ces émotions peuvent avoir laissé des traces dans votre corps comme une blessure qui empêche vos énergies de circuler librement et qui vous dérange dans votre santé.

Ça peut venir aussi des explications qu'il vous donne par rapport à des situations que vous ne comprenez pas et puis, d'un seul coup, vous vous dites : « ah ! mais oui bien sûr ! ».

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(Silence).

Par exemple, j'ai épousé quelqu'un d'une culture et d'une religion différente. Et il y a beaucoup de choses qui au début de mon mariage étaient en contradiction avec ma façon de voir les choses, avec ma façon de vivre, avec ma façon de penser. Et c'est des choses auxquelles je me suis heurtée et qui ont laissé des blessures en moi parce que, à chaque fois, c'était comme une pilule qui ne passait pas mais qu'il fallait quand même avaler pour continuer à avancer parce que dans la vie il faut savoir faire des concessions pour continuer à avancer. Et c'est des choses qu'il a pu ressentir par la palpation et qu'il a pu m'expliquer.

- Comment vous sentez-vous après qu'il ait fait remonter toutes ces émotions ?

- En fait quand vous allez chez lui et qu'il ne vous connaît ni d'Ève ni d'Adam et qu'il vous dit : « vous avez eu des problèmes avec votre belle famille, vous avez eu du mal à supporter une contrainte qu'on vous a imposée et qui n'est pas dans votre éducation ». Le fait qu'il les découvre alors que vous ne lui avez jamais parlé de vous, ça veut dire qu'il a accès à des secrets que votre corps lui révèle.

C'est un peu bizarre parce que c'est un petit peu comme une espèce de magie. C'est-à-dire qu'il ne vous connaît pas et simplement en promenant ses doigts sur vos articulations, sur votre corps en fait, il arrive à savoir des choses que vous ne lui avez jamais dites.

Donc quelque part, pour moi en tout cas, je ne sais pas si c'est comme ça pour tout le monde, je prend conscience qu'il y a certaines choses qui m'ont blessée et qui sont encore un obstacle au bien-être de mon corps. Ben après c'est plutôt un travail que je fais en me disant, ben, il faut relativiser. Mais le fait qu'il me dise ces choses me permet de prendre conscience au moment ou il me les dit.

Et en même temps, une fois qu'il a déterminé ce qui n'allait pas, il le traite par la palpation. C'est-à-dire qu'il arrive à intervenir sur les flux nerveux pour réduire cette blessure qui s'est intégrée à mon corps par rapport à ce que j'ai subi. Mais bon, il faut y croire !

- Pour la palpation, il utilise ses mains. Que représentent ces mains pour vous, quelles valeurs ont-elles ?

- Ses mains sont importantes car elles font en même temps le diagnostic et en même temps le traitement.

Par exemple là, il y a une chose qui me revient. La première fois que je l'ai vu, à la première palpation, il a su que j'avais accouché par césarienne sans que je lui dise et sans que je sois dévêtue. Donc il l'a su simplement en palpant. Ça c'est des choses qui interpellent. Je ne vois pas comment il aurait pu le savoir alors qu'il ne me connaissait pas du tout avant que j'arrive à son cabinet.

Ses mains pour moi c'est son outil de travail et c'est ça qui lui permet de traiter les problèmes qu'il arrive à découvrir. On pourrait les apparenter à mes granulés homéopathiques que je prends quand je vais chez l'homéopathe, à mes aiguilles acupuncture. Pour moi les mains c'est un outil.

- Que pouvez-vous dire de son attitude à votre égard tout au long du rendez-vous ?

- Je le connais depuis longtemps. Maintenant ça va faire une bonne dizaine d'années. Je pense qu'il y a différentes façon d'aborder le patient. Moi j'ai déjà rencontré deux micro-kinés différents. J'en consulte un dans ma région d'origine mais j'en ai déjà vu un autre dans une autre ville et c'était deux façons complètement différentes d'aborder la micro-kiné.

Celui dans l'autre ville, il ne décroche pas un mot tout au long de la consultation. Il ne vous dit rien en fait. Je n'y suis pas retournée.

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Par contre celui de ma région, il est bienveillant, il est très à l'écoute en fait. Et il a ce côté aussi, le fait que quand il vous regarde et en fonction de ce que vous dites, il arrive à percevoir les questions intérieures que vous vous posez, et en fait, il essaie d'y répondre.

Il y a aussi un côté psychologique important.

- Vous dites que vous avez consulté un autre micro-kinésithérapeute, pour quelles raisons ?

- C'est pas que j'ai changé de praticien en fait. J'ai simplement trouvé plus pratique à un moment, de consulter dans la ville où j'étais car je n'avais pas l'opportunité d'aller dans ma région d'origine avant de repartir à l'étranger. Je me suis dit « ben j'en ai trouvé un ici, je vais essayer ici ». Je m'étais dit que c'était plus pratique étant donné que je n'allais pas dans ma région d'origine. Mais finalement, mauvaise expérience.

- Dans la consultation chez un micro-kinésithérapeute comment se répartissent les temps entre l'échange, la palpation et autre ?

- La bienveillance, il y en a tout au long de la consultation.

Dans la première partie, le micro-kinésithérapeute est plutôt dans la recherche de ce qu'il pourra faire pour moi car en principe je viens pour un souci qui me dérange.

Pendant la palpation, il est très à l'écoute des réponses que vous faites si jamais il pose des questions. A chaque fois qu'il me dit quelque chose soit je ne dis rien parce que ça ne m'évoque rien, soit je réponds parce que ça fait tilt par rapport à un événement que j'ai connu. Donc il est très à l'écoute de ce que je dis. Et ce que je dis l'aide à poursuivre son diagnostic et son traitement en fait.

Et après la palpation, une fois qu'on a fini la consultation, il est ouvert aux questions que je lui pose par rapport à ce qu'il a trouvé.

Parfois il me dit « vous avez souffert de tel problème à tel moment ». Je lui demande alors si c'est résolu, est-ce qu'il faut que je revienne le voir pour ça. Est-ce qu'il y a quelque chose à faire en traitement.

Mais là je vous parle par rapport à des choses que j'ai aussi entendues. Par exemple, tout au début quand j'ai connu la micro-kinésithérapie, j'ai eu connaissance de l'histoire d'un homme qui avait un problème de vessie en fait et qui n'arrivait plus à uriner, et le micro-kinésithérapeute l'a complètement débloqué mais sans lui donner de médicaments. Il l'a juste ausculté, palpé. Il lui a demandé de rentrer chez lui, il lui a dit de s'allonger, il lui a dit que d'ici une heure il aurait une forte douleur qu'il pourrait calmer avec du Doliprane. Il lui a dit qu'il ne devait pas s'inquiéter et une fois cette douleur passée, il pourrait aller uriner et ça irait mieux. Et c'est exactement ce qu'il s'est passé. C'est pour ça que quand j'ai connu cette histoire ça m'a vraiment interpellée et motivée.

(Silence).

En fait c'est pas de la magie mais il y a quand même une part, je ne sais pas, un petit peu bizarre. Peut-être pas du côté du micro-kiné qui a fait ses études et qui sait de quoi il parle mais du point de vue du patient il y a quelque chose qui me fait penser un peu vous savez quand on allait voir un rebouteux avant.

C'est comme s'il avait un pouvoir entre ses mains, un pouvoir qui lui avait été donné et vous ne savez pas d'où il vient mais il vous fait du bien. Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire ?

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- Oui, oui, c'est clair.

Ça fait deux fois que vous prononcez le mot « magie », cette technique vous interpelle ?

- J'utilise le mot magie parce qu'en fait, si vous voulez, je ne me suis pas intéressée à la micro-kinésithérapie en tant que... je pense que si je m'y intéresse et que j'étudie ce qu'est vraiment la micro-kinésithérapie, et que j'essaie de savoir vraiment comment ça fonctionne, comment se passent les études et quels sont les apprentissages qu'il faut faire pour devenir micro-kinésithérapeute, je vais avoir une dimension plus réaliste de ce qu'est la micro-kinésithérapie. Mais là, je parle en tant que patiente, en tant que la personne qui reçoit les soins. Quand vous ne savez pas en fait ce qu'est la micro-kinésithérapie exactement, ça peut apparaître comme quelque chose de magique. C'est ce que je veux dire.

C'est surtout le fait qu'il arrive à vous dire des choses.

(Silence).

En fait, il a cette part de choses ... Parfois, il ne vous dit pas exactement ce qu'il a trouvé quand il vous a palpé mais par un mot, il vous éclaire sur quelque chose. Et c'est en fait quand vous allez rentrer chez vous et que la chose va se déclencher ou va arriver que directement vous allez faire le lien avec lui. Je sais pas comment vous expliquer.

(Long silence).

C'est pourquoi il y a cette part en tant que patiente de magie un petit peu, mais bon. Moi je ne pense pas que c'est de la magie. Pas du tout.

Quand on en parle à quelqu'un, quand on explique à quelqu'un, c'est pas rationnel ce qu'on dit : « vous vous couchez, il vous touche, il vous dit plein de choses sur vous qu'il n'est pas censé savoir, vous admettrez que c'est pas rationnel du tout. Donc c'est pour ça que je parle de magie mais je ne pense pas que ce soit de la magie. Je pense que c'est des gens qui ont vraiment des connaissances très fortes au niveau de tout ce qui est flux nerveux et flux énergétiques et qui en fait avec cette connaissance ont une connaissance de traitement pour faire bouger les énergies comme l'acupuncture fait bouger les énergies.

- Depuis combien de temps consultez-vous un micro-kinésithérapeute ?

- Ben là ça fait 10 ans que je le connais alors ça fait 10 ans que j'y vais.

C'est ma mère qui est partie en premier et par l'expérience dont elle nous a fait part, on s'y est tous mis en fait dans la famille. Chacune a son micro-kinésithérapeute.

- Est-ce que ça vous arrive de lire sur la micro-kinésithérapie ?

- Oui, je lis des livres, je lis des articles et je vais régulièrement sur le site. Quand je vais chez mon micro-kinésithérapeute, je lui pose beaucoup de questions aussi. Il a des planches des parties du corps sur ses murs avec plein d'explications par rapport aux énergies qui circulent, par rapport à plein de choses.

Et... et... en fait, il a toujours un cahier dans lequel il se remet à jour. Je crois qu'ils se rencontrent tous les quatre ou tous les six mois régulièrement et ils font un forum avec tous les micro-kinésithérapeutes de France où ils échangent tout leur savoir et leur découverte. En les mettant ensemble, ils arrivent à accéder à d'autre traitements. Ils font avancer en fait leur façon de traiter les patients en mettant ensemble leurs connaissances.

Oui, il a toujours des planches de morceaux de corps avec des signes, des énergies qui passent, des choses comme ça. Quand on est dans son cabinet, je parle beaucoup avec lui de ce genre de choses aussi.

Mais je ne me suis pas intéressée à l'apprentissage de la micro-kinésithérapie à-proprement dit. C'est pas parce que ça ne m'intéresse pas, c'est plus parce que j'y vais une fois par an. Et puis

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c'est pas mon traitement principal. Et puis, j'ai pas mis ma tête dedans parce que j'ai d'autres choses qui me prennent plus de temps pour le moment.

- Vous dites que les consultations en micro-kinésithérapie ont commencé par votre mère puis la fratrie. Que pense le reste de votre famille, votre famille élargie, de votre pratique ?

- Mes grands-parents paternels se soignaient par homéopathie et acupuncture. Donc mon père a converti sa femme. Ses frères ont converti leur femme aussi, donc en fait, dans la lignée paternelle, on se soigne tous de cette façon là. On est une famille très ouverte à tout ce qui est médecine un peu parallèle : la micro-kinésithérapie, l'ostéopathie, le reiki. Enfin toutes ces choses là..., la sophrologie.

C'est vrai que c'est des choses qu'on évoque régulièrement quand on se voit lors des réunions de famille, noël, les anniversaires, les mariages. C'est vraiment quelque chose qui est ancré, qui est dans la famille et dont on se parle régulièrement. Chacun fait profiter aux autres son expérience pour l'inciter à peut-être trouver une solution par rapport à son problème.

- Vous en parlez aussi avec vos ami(e)s ?

- Par rapport à mes amis, moi c'est quelque chose dont je parle volontiers. Maintenant, il y a beaucoup de gens qui ne croient pas du tout. Bon ben, ceux qui n'y croient pas.... Je l'évoque devant eux et si je vois qu'il n'y a pas de réceptivité, je passe à autre chose parce que moi je veux bien en parler mais j'estime que chacun est libre de choisir sa façon de se soigner.

Je vois par exemple dans ma belle famille, ils ne sont pas ouverts à cette façon de se soigner. Quand ils sont malades, ils vont voir le médecin, ils prennent des anti-inflammatoires, des antibiotiques, des anxiolytiques et voilà. Après, ça va mieux, c'est comme ça et c'est très bien comme ça. Quitte à prendre certains médicaments pendant des années.

Maintenant moi j'ai toujours parlé de mon expérience à tout le monde. Celui ou celle qui a envie d'être happé par mon expérience et qui veut en profiter et bien je suis volontiers là pour lui en faire part. Maintenant, je ne force personne.

Si j'ai quelqu'un de malade chez moi dont j'ai la responsabilité, avec l'autorisation bien sûr des parents qui me l'on confié je le traiterai en premier lieu de cette façon-là qui est une façon plus douce et plus soft plutôt que d'aller à l'extrême tout de suite. Pour moi, l'allopathie est plutôt l'extrême.

Il y a toujours des moyens de soigner beaucoup de choses. J'ai le souvenir de mon père qui était couché pendant sept jours avec un gonflement à l'amygdale et qui a été soigné par homéopathie. Ça a été un peu plus long que s'il avait pris des antibiotiques mais en fait l'homéopathie a réussi à venir à bout de son infection de la gorge, le gonflement a percé tout seul et il n'a jamais pris d'antibiotiques.

Le fait de se soigner de cette façon-là vous permet d'acquérir une très bonne immunité donc d'être plus à-même de faire face à tout ce qui se passe maintenant par rapport aux nouveaux microbes et nouveaux virus.

- Vous dites être allée chez le micro-kinésithérapeute par curiosité la première fois. Pourquoi y retournez-vous chaque année ?

- Ben par bien-être.

Le fait que la première année où je suis allée il a découvert tout ce nombre de choses qu'il n'était pas censé connaître sur moi, pour moi ça m'a prouvé qu'il avait accès à des données sur mon corps. Et même si je n'ai pas de réelle pathologie à traiter, j'y retourne chaque année parce que la vie fait qu'on prend des coups régulièrement et qu'on en est pas toujours conscient. Et ça me

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permet par cette consultation annuelle de savoir quelles sont les choses qui m'ont touchées et dont je n'ai pas réellement conscience afin de pouvoir les traiter et les évacuer.

- Votre demande auprès de lui est implicite ou explicite ?

- Parfois je viens et je n'ai pas de demande explicite.

Je lui dis simplement que « j'ai rien de spécial à lui demander mais j'aimerais savoir si des événements que j'ai vécus au cours de l'année ont pu laisser des traces au niveau de mon bien-être. Et est-ce qu'il peux voir s'il y a quelque chose qui m'a perturbée, contrariée pour qu'on arrange ça.

Une dernière chose qu'il a trouvée chez moi et que je n'ai pas réussi à résoudre c'est quelque chose qui me concerne moi et qui concerne ma mère. Il y a des traces en moi d'une blessure qui date de deux mois avant ma conception. Mais jusqu'à maintenant j'ai toujours pas réussi à avoir accès à cette information et même en passant par ma mère j'ai pas réussi à avoir accès à cette information. Mais je sais que là récemment parce que j'en ai discuté avec elle, ma mère a réussi à gérer une blessure dont elle n'était pas consciente, dont elle s'est rappelée et qui date de quand elle avait 5 ans.

- En fait, il vous révèle des choses puis, de votre côté, vous tentez d'avoir la confirmation de ce qu'il vous a révélé ?

- Voilà, voilà, voilà.

En fait c'est le fait d'avoir des informations qui vous sont révélées comme ça et d'arriver à les comprendre et à mettre quelque chose dessus c'est ça qui fait que quand vous commencez à fréquenter un micro-kinésithérapeute vous savez qu'il vous fait du bien parce qu'en fait, le fait qu'il vous révèle des choses qui se sont passées et qui vous ont perturbées sans que vous ayez dit quoi que ce soit, il y a forcément quelque chose, vous n'en êtes pas conscient, qui lui est révélé par votre corps qui va vous amener à un travail sur vous-même et qui va forcément améliorer votre bien-être. En plus de ce que lui vous apporte dans la gestion des flux et des énergies.

- De façon générale, vous êtes satisfaite de vos consultations ?

- Avec ce micro-kinésithérapeute, je suis très satisfaite. Il est toujours à l'écoute.

Si j'arrive à l'improviste en France, je laisse un message sur son répondeur en lui disant voilà : « je viens d'arriver et j'ai vraiment besoin de vous voir », il arrive à me donner un rendez-vous. J'arrive régulièrement à avoir un rendez-vous au pied levé. Soit il prend sur un temps qui était conservé pour une urgence ou bien il me rappelle directement s'il a un désistement. Il est très à l'écoute de ses patients.

- Quels sont les effets de cette consultation à court, moyen ou long terme ?

- Outre la palpation au moment de la consultation qui agit sur l'influx nerveux et sur les énergies, je pense qu'il y a aussi tout un travail psychologique. Le micro-kinésithérapeute vous dit que vous avez eu un problème à telle ou telle période de votre vie. Et que ce problème agit sur votre corps. Il va essayer de réparer les blessures laissées dans votre corps, mais le fait de savoir tout ça, d'y penser et d'en être conscient vous le digérez psychologiquement, et je pense que ça vous apporte aussi un bien-être.

Sinon, les effets, je vous ai expliqué l'histoire de ce monsieur qui avait une pathologie physique et qui grâce à ce que lui a fait le micro-kinésithérapeute comme palpation, il a réussi à débloquer quelque chose et cette personne a pu évacuer ce qui le bloquait.

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Moi je n'ai jamais eu jusqu'à présent de manifestation physique. Pour moi, je ressens plutôt comme un bien-être psychologique en premier et physique quand même parce que je me sens bien, si vous voulez.

Je ne peux pas vous dire que j'ai été un jour avec une énorme douleur quelque part et qu'il me l'a fait disparaître. C'est plutôt chez moi un bien-être intérieur qu'il m'apporte.

- Qu'est-ce qu'il vous préconise, vous conseille après la séance ?

- Il me demande de me reposer pendant au moins 24h. Je sais qu'il a conseillé à certaines personnes des compléments alimentaires à base de plantes ou du magnésium, du manganèse. En fonction des manques qu'il a pu percevoir au niveau du corps. Mais toujours des choses qui se prennent sans ordonnance.

- Vous disiez, qu'il vous conseille du repos ?

- Oui parce que c'est une séance qui fatigue, qui fatigue physiquement. Vous ne vous sentez pas fatigué quand vous sortez mais il recommande de se reposer pendant les 24h qui viennent c'est-à-dire pas faire de sport intensif. Comme si vous digériez un peu le traitement comme ce que vous demande l'ostéopathe, comme ce que vous demande l'homéopathe. A chaque fois que j'ai une intervention au niveau physique, chaque praticien que je connais demande à ce qu'on se repose. Pas se coucher mais pas faire d'activité fatigante dans les 24h qui suivent.

- Avez-vous déjà ressenti cette fatigue après le soin ?

- Moi non en micro. Par contre en acupuncture et en ostéopathie oui. Mais en micro je ne peux pas dire que je l'ai ressentie, non.

Mais bon, d'un autre côté, comme il le conseille, je ne cherche pas à déroger ni même à me demander est-ce que je la ressens ou pas.

J'estime que ça fait partie du soin et c'est pas parce que je suis sortie de chez lui que le soin ne continue pas. Pour moi ça fait partie des bienfaits du soin post-consultation donc je suis ce qu'on me dit en fait.

Il y a l'idée d'une continuité pour moi, l'idée que dès qu'on est sorti de chez le praticien ça ne s'arrête pas tout de suite à sa porte. On est sorti mais il y a toute une incidence qui va continuer sur le corps. Je ne pense pas que ce soit un moment unique le moment où il vous touche, ce qu'il vous a fait continue après la consultation.

- Combien de temps dure la consultation ?

- 45 minutes à 1 heure généralement.

Ça dépend aussi de ce que le micro-kinésithérapeute trouve comme pathologie.

Il y a aussi des gens qui y vont pour une chose et ils ne veulent que cette chose, vous voyez ce que je veux dire ?

En fait le micro-kinésithérapeute est dans l'attente de la demande du patient aussi. Si vous y allez le voir en disant « voila j'ai des migraines affreuses et je ne comprends pas d'où ça vient », il va alors vous traiter ces migraines affreuses.

Maintenant moi, je suis en demande du traitement de tout mon corps en fait. Je pense qu'il oriente son traitement par rapport à la demande du patient, tout en vous traitant dans la globalité, je pense, je n'en suis pas sûre.

Mais le fait que j'y aille une fois par an, je pense qu'il sait très bien que je m'attends à ce qu'il traite tous les problèmes qu'il peut trouver au niveau de mon corps et pas que certains. J'ai

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l'impression que c'est comme s'il faisait un réajustement de tout mon système nerveux et mon système énergétique.

(Silence).

Et le fait de passer une heure comme ça permet aussi d'échanger, de beaucoup échanger, c'est pas les 10 minutes, un quart d'heure que vous passez chez un médecin allopathique. Généralement chez un médecin c'est vraiment 15 à 20 minutes. On rentre, on dit bonjour, il vous ausculte. Il n'y a pas plus d'échange en fait, c'est assez rapide.

- Votre micro-kinésithérapeute a son cabinet proche de chez vous en France ?

- J'ai à peu près une douzaine de kilomètres pour aller le consulter. S'il était à plus de 100 kilomètre j'aurais fait le déplacement. C'est juste le désir d'avoir une consultation avec ce praticien et de vouloir le voir. J'ai déjà entendu non pas pour un micro mais pour un rebouteux des gens qui sont capables de faire 500 kilomètres pour voir un rebouteux. Il y a un rebouteux dans ma région, il y a des gens qui viennent même de l'étranger pour le voir.

Je pense que la confiance est tellement importante dans une relation patient-praticien que, une fois qu'elle est établie, les gens, pour la confiance qu'ils ont en leur praticien et le bien-être qu'il leur apporte, les gens sont capables de faire énormément de kilomètres en fait.

- Dans quelle disposition êtes-vous quand vous allez chez le micro-kinésithérapeute, comment vous vous sentez ?

- Je me sens détendue. A moins d'avoir un vrai souci de santé qui m'inquiète et dont j'ai à lui faire part et que je sois dans l'attente de ce qu'il va me dire. Mais jusqu'à présent quand j'y vais je suis détendue, j'y vais dans un but de bien-être et peut-être de résolution de certaines questions que je me pose en fait.

Donc généralement j'y vais détendue.

- Vous dites être satisfaite de vos soins. Comment le manifestez-vous au quotidien dans votre entourage ?

- Je pense que quand on est bien dans son corps et dans sa tête, ça se ressent. Maintenant je ne peux pas dire que je l'exprime d'une façon ou d'une autre.

Par rapport à la micro-kinésithérapie, si j'ai l'opportunité de discuter avec quelqu'un que je côtoie régulièrement qui a un souci que je pense pouvoir être résolu par la micro-kinésithérapie, je l'enjoins à éventuellement consulter parce que ça pourrait lui apporter du bien-être comme à moi ça m'apporte du bien-être. Le bien-être que je reçois par la micro-kinésithérapie, je le reporte aux autres au quotidien par ma bonne humeur, mon esprit positif, ma façon de voir les choses. Je suis à l'écoute des autres, je partage ma joie de vivre.

- Avez-vous des habitudes particulières avec le micro-kinésithérapeute ?

- La relation avec le micro-kinésithérapeute a forcément évolué puisqu'au début vous ne lui avez rien dit sur vous et dès qu'il vous palpe il peut vous dire plein de choses. Vous êtes habillée sur la table d'auscultation mais quelque part vous êtes nu devant lui. Vous êtes à nu parce qu'en fait il a accès à tellement d'informations grâce à ce qu'il arrive à percevoir par votre corps. Tout ça fait que c'est une relation qui doit se faire en toute franchise. Vous ne pouvez pas, en tout cas moi, j'ai pas l'impression qu'on peut lui cacher quelque chose. C'est-à-dire qu'il faut que ce soit une relation de pleine franchise, c'est une relation de confiance qui ne fait que s'amplifier avec les années.

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Moi quand je vais le voir dès que je rentre dans son cabinet, même si j'y vais qu'une fois par an, il connaît tout de moi en fait.

- Que pouvez-vous dire des attitudes que vous avez envers lui et inversement ?

- Il a toujours été très chaleureux et très attentif depuis le début que je le connais.

On échange sur tout ce que j'ai pu avoir au niveau de médecine générale.

Mais en fait, c'est vrai que plus on avance dans la relation, plus on en vient à parler de nos proches, de notre ressenti, de notre relation avec nos proches aussi. Parfois on est en recherche de conseils par rapport à une attitude, l'attitude d'un enfant, l'attitude d'un parent, l'attitude d'un ami et on demande des conseils par rapport à ce que lui a trouvé pendant la consultation.

Si par exemple, je sais pas moi, vous avez eu un souci avec un de vos enfants, une confrontation avec un parent ou avec un ami, forcément vous arriverez à en parler, à parler de tout ce qui gravite autour de votre vie. Forcément, c'est une relation où il y a de plus en plus de confiance. Il est en mesure de donner des conseils par rapport à ce que lui a ressenti au niveau de son auscultation et par rapport à ce que vous savez de votre vécu. C'est un complément puisque vous n'êtes pas conscient de ce qui vous a blessé, ce qui fait souffrir votre corps.

- A partir de quel moment avez-vous commencé à avoir confiance en lui ?

- Dès la première séance. Dès les premières choses qu'il m'a révélées sur moi alors que c'était impossible de le savoir.

- Quelle image de vous cherchez-vous à lui donner ?

- Dans la mesure où il sait beaucoup de choses sur vous au moment où il vous ausculte, je reste moi-même. Je cherche ni à l'impressionner, ni à lui donner une image positive ni, une image négative, je reste moi-même.

Comme c'est toute une relation en transparence, je ne suis pas en représentation. Je suis dans une relation de confiance j'estime qu'on n'a pas besoin de se faire valoir d'une façon ou d'une autre. Il faut être soi-même surtout pour avoir un meilleur rendu possible.

Je pense qu'à partir du moment où vous faites semblant d'être quelqu'un que vous n'êtes pas ou que vous aimeriez être, vous n'êtes plus dans une relation de confiance. Vous êtes dans une relation fausse. Avec un praticien c'est pas du tout ce que je recherche et je demande la même chose au praticien.

Si à un moment ou à un autre je sens qu'il y a quelque chose qui est caché, c'est quelque chose que je ne pourrais pas supporter et je mettrais tout de suite fin à cette relation.

Le praticien sait tellement de choses de vous que je ne trouverais pas normal qu'il vous mente ou qu'il vous cache des choses.

- Est-ce que vous agissez de la même façon avec un médecin généraliste ?

- Non. (Rires)...

- Non ?

- Ben non parce que je peux pas, je le vois une fois ponctuellement. En fait, je vais voir mon médecin généraliste parce que je n'ai pas accès à mon médecin homéopathe. Et parce que je suis

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en demande de quelque chose que je ne peux pas obtenir d'une autre façon : une ordonnance par exemple, une ordonnance pour avoir des antibiotiques pour une angine qui traîne et que je n'arrive pas à soigner autrement et parce que je suis dans l'urgence et que j'ai besoin d'avoir ces médicaments rapidement. En fait, je paie ma consultation pour payer mes médicaments c'est tout. Je ne suis pas dans cette relation de confiance du tout avec le médecin.

Mais maintenant, il y a des événements qui font que vous êtes coincé. Vous avez besoin d'un médecin généraliste et vous n'avez pas d'autre choix alors vous êtes obligé un minimum de lui faire confiance et d'approfondir un peu votre relation avec lui. Mais ça ne va pas du tout avec ma façon de voir les choses.

Moi ma façon de voir les choses est que chaque personne est différente, à chaque symptôme un traitement et je ne peux pas concevoir le fait qu'en médecine générale on soit tous traités de la même façon avec tous le même médicament.

Et en plus de ça, la plupart du temps, les médicaments allopathiques traitent un symptôme. Pour moi, traiter un symptôme c'est pas traiter le fond en fait.

On parle toujours de fond en homéopathie, moi quand j'ai un problème je voudrais savoir pourquoi j'ai ce problème. J'ai pas forcément envie qu'on le règle avec un médicament allopathique si ça devient récurrent. Avec le micro-kiné si je devais aller le voir pour un problème de santé, par exemple des migraines, je voudrais savoir pourquoi j'ai ces migraines. J'ai envie de savoir pourquoi. Je préfère avoir mal à la tête pour qu'on me trouve pourquoi j'ai mal à la tête, je n'ai plus envie de prendre de l'Efferalgan.

Je suis infirmière de formation, ma façon de voir les choses s'oppose avec ma formation mais je sais que de plus en plus maintenant en médecine classique on a des façons de traiter autrement. De plus en plus, les hôpitaux ont recours à des traitements homéopathiques parce qu'ils en ont découvert les bienfaits. Moi je sais que j'ai travaillé pendant un moment en chirurgie esthétique et les chirurgiens avaient recours à des traitements à base d'arnica. Des traitements homéopathiques qu'ils ont trouvés efficaces sur leurs patients par rapport au soin qu'ils avaient à leur donner.

Maintenant je sais que de plus en plus aussi on fait entrer la sophrologie pour le bien-être des patients dans les grands hôpitaux.

Je pense qu'au fur et à mesure qu'on avance on va arriver à ce genre de choses qui font que le bien-être psychologique des patients agit sur son bien-être physique. Et c'est logique, on ne peut pas soigner le physique sans soigner le psychologique.

- Savez-vous que la micro-kinésithérapie n'est pas reconnue par la science ? - Oui.

- Qu'en pensez-vous ?

- Il y a tellement de choses qui n'ont pas été reconnues par la science pendant un moment et puis la science a fait marche arrière au bout d'un moment parce que je pense qu'il y a des choses qu'on explique pas. Je pense qu'il y a des forces qui font que même s'il y a des choses rationnelles qui existent, il y a des choses irrationnelles qui peuvent modifier le rationnel. Moi, c'est ce que je pense.

- Avez-vous des choses à rajouter concernant votre pratique chez le micro-kinésithérapeute ?

- Moi je suis focalisée sur mon bien-être physique et psychologique. Et toutes les pratiques qui peuvent améliorer mon état ou le maintenir sont bonnes à prendre même si c'est pas hyper

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rationnel. La micro-kiné me procure énormément de bien, même si certains ne voient pas ça comme un moyen de traitement. Pour moi, il y a différents moyens de traiter le corps et que le traitement en lui-même c'est la chose qui permet d'aller bien. Maintenant ça peut être tout un tas de choses qui permettent que l'on soit en bien-être physique et mental et au moment où les deux sont en symbiose, c'est ça qui fait qu'on est en santé. Maintenant, le plus important, c'est d'arriver à cet état là. Alors si la micro-kinésithérapie me permet d'y arriver alors je dis oui à la micro-kinésithérapie.

Mais maintenant si j'ai une pathologie qui nécessite d'avoir recours à la médecine générale, bien sûr que j'aurais recours à la médecine générale.

Moi, je pense que la micro, l'ostéo, l'homéo ce sont toutes des pratiques qui viennent enrichir la médecine générale.

Et je pense que le jour où tout le monde aura compris ça et qu'on aura accès à tout pour se soigner, eh bien les gens seront moins malades, à mon avis.

- Donc pour vous plus de prévention ?

- Plus de prévention, plus d'attention.

Je me souviens quand j'étais élève infirmière et que je faisais des nuits tout au début, et j'avais une patiente qui était une dame âgée qui prenait des cachets pour dormir. Elle était très angoissée et on lui donnait toujours des doses plus fortes parce qu'elle n'arrivait pas à dormir. Et pendant mon stage, j'ai pris le temps d'aller discuter avec elle, régulièrement. Et à la fin de mon stage, je ne vais pas dire qu'elle ne prenait plus mais elle avait largement diminué sa posologie de médicaments pour dormir. Je pense que le soin est aussi dans ce qu'on apporte aux gens. Le traitement, c'est aussi l'écoute et l'attention, le toucher et pas seulement des médicaments en fait.

- Voilà, nous avons terminé. Je vous remercie encore d'avoir pris le temps de faire cet entretien.

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Annexe n° 5

ENTRETIEN N°2

Mes interventions seront notées en gras afin de les différencier de celles de la patiente. Je nommerai cette dernière Madame Y et son micro-kinésithérapeute Monsieur A.

Contexte de l'entretien : l'entretien s'est déroulé le 27 avril 2016 au domicile de Madame Y. L'entretien a duré 48 minutes.

Je rappelle à Madame Y que l'entretien sera enregistré et que les éléments qu'elle nous livrera seront rendus anonymes et utilisés uniquement pour cette étude.

Âge

35 ans

Études

Bac + 3

Emploi

Assistante dentaire

Lieu d'habitation

La campagne

Locataire ou propriétaire

Propriétaire

Situation familiale

Mariée

Nombre d'enfants

2

Âge des enfants

7 ans et 5 ans

Fratrie

Un frère et une soeur

Place dans la fratrie

La dernière

Loisirs

Sport en salle et équitation.

- Tout d'abord, je vous remercie de prendre de votre temps pour participer à mon étude et aussi de me recevoir chez vous.

- Je suis ravie si mon expérience peut aider parce que la micro-kinésithérapie c'est vraiment quelque chose de bien. Et Monsieur A. est vraiment bien.

- Alors, comment avez-vous découvert la micro-kinésithérapie ?

- En fait j'ai connu la micro-kinésithérapie par ma tante qui est micro-kinésithérapeute. Je discutais avec elle de mon stress. Et donc elle m'a fait découvrir ça à travers elle, alors j'ai essayé pour voir.

Elle travaille beaucoup avec le corps.

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- Elle travaille avec le corps dites-vous ?

- Oui, les patients qu'elle reçoit, elle ne les traite pas avec des médicaments, des choses chimiques, extérieures au corps. Elle utilise le corps pour les soulager, pour leur apporter une amélioration. Les réponses sont dans le corps. Elle n'a pas de matériel en fait. Elle fait tout avec le corps et ses mains. Elle arrive à soulager des personnes comme moi qui souffrent du dos. Elle a déjà reçu des enfants qui ont des troubles du sommeil.

- Avant de découvrir la micro-kinésithérapie, quelles étaient vos habitudes de soin ?

- J'ai un médecin traitant comme tout le monde. J'y vais très très occasionnellement, par exemple, quand j'ai une grippe. La dernière fois que j'ai été voir le médecin c'était il y a un an et demi pour un problème de genou. J'étais tombée dans les escaliers et ça c'est aggravé alors j'ai été consulter là.

Même mes enfants vont très peu chez le médecin. J'ai deux enfants et quand ils étaient petits, je les faisais suivre par un ostéopathe et mes enfants maintenant sont suivis par un micro-kiné.

- Vos enfants sont suivis par le même micro-kinésithérapeute que vous? - Oui, c'est le même que moi.

- Comment pouvez-vous décrire votre relation avec le médecin traitant ?

- Le généraliste j'y vais généralement le samedi matin sur rendez-vous. Eh bien ça se passe très bien. Je passe peu de temps. J'ai la même relation avec les deux mais les médecins généralistes, ils ne sont pas euh, je sais pas mais c'est pas pareil avec un micro-kiné. Pour les médecins la micro-kiné c'est pas assez concret.

- Comment pouvez-vous qualifier son accueil ? - Aimable, normal.

- Que savez-vous de la médecine douce?

- On ne prend pas de médicament en médecine douce. On a connu la médecine douce à la maison par rapport à ma tante qui est micro-kiné. Mes parents aussi maintenant se soignent par la médecine douce. Ils prennent de l'homéopathie.

- Est-ce que vous connaissez d'autres médecines douces ?

- Ah oui, la kinésiologie. Oui c'est une technique manuelle aussi. C'est le corps qui répond à des questions aussi.

Je fais de la micro-kiné et de la kinésiologie. Juste ces deux-là. Je trouve que ce sont des médecines qui sont vraiment très bien. Mais après il n'y a aucune étude, mais elles me font du bien. Par contre c'est pareil, on se pose toujours la question de savoir comment ils arrivent à sortir des dates et des mois. Parce que, eux, ils arrivent à faire ça, à donner des dates et des mois si précis, à des circonstances particulières dans la vie qui fait qu'ils ne peuvent pas inventer ça. C'est pareil, je me demande comment ils arrivent à faire ça. Il y a des formations pour, je le sais. Mais aussi ça serait intéressant de savoir comment on fait pour en arriver là.

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- Qui vous conseille pour le choix des médecines douces ?

- Moi-même. Ma tante parfois. J'en parle pas trop avec elle parce qu'elle n'est pas dans ma région mais quand on se voit, oui, on peut en parler, oui, elle me donne son avis.

- Savez-vous que la micro-kinésithérapie n'est pas reconnue par la science, qu'en pensez vous ?

- Oui, je sais.

Ben... écoutez, moi j'y crois parce que je suis depuis plusieurs années avec un micro-kiné et vous savez quand il vous manipule avec les bras, avec l'énergie et qu'il sort certaines dates qui vous ont marquées durant votre enfance, soit pendant votre vie d'adolescent ou votre vie d'adulte, il se trompe très très rarement sur des choses émotionnelles qu'il y a eu. Et pour ça j'ai jamais été déçue. En plus il a toujours réussi à me soulager de mes douleurs.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à choisir la micro-kinésithérapie parmi les autres médecines douces ?

- J'ai pas vraiment choisi parce que j'en ai pas essayé plusieurs avant de tomber sur la micro-kinésithérapie. Avec ma tante, c'était l'occasion, j'ai essayé pour voir et ça me fait du bien alors je ne change pas.

- Lisez-vous sur le thème de la micro-kinésithérapie ?

- Malheureusement non, parce que je n'ai pas le temps. Mais c'est vrai que si j'avais un tout petit peu plus de temps et un peu plus de moyens financiers, je pense que j'abandonnerais le travail que je fais actuellement, que j'adore aussi.

- Pourquoi avez-vous choisi de consulter un micro-kinésithérapeute ?

Je ne suis pas quelqu'un qui va beaucoup chez le médecin. Je ne me soigne pratiquement pas. Je crois que la micro-kinésithérapie, ça permet de résoudre quelques problèmes avant d'avoir de très gros problèmes de santé.

- Quel aspect de la micro-kinésithérapie vous séduit, est important pour vous ?

- C'est vraiment qu'il me débloque des choses émotionnelles que le médecin généraliste ne peut pas faire.

Aussi, il est à l'écoute. Il essaie vraiment de comprendre ce qui ne va pas pour essayer d'y répondre. Il n'est pas très causant mais on voit qu'il prend son temps, il réfléchit.

- Pouvez-vous donner un exemple de choses émotionnelles ?

- Le stress par exemple. Je me sens moins stressée après.

- Depuis combien de temps consultez-vous votre micro-kinésithérapeute ?

- Monsieur A., je l'ai connu parce que j'ai mon papa qui travaille chez lui. Papa y va aussi. Il lui fait des petits travaux dans sa maison. Ça fait 5 ans que je le connais et que je consulte chez lui.

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- Pour quelles raisons de santé avez-vous choisi de consulter un micro-kinésithérapeute ?

- Je vais beaucoup le voir parce que j'ai des problèmes de dos. J'ai mal au dos.

Dès fois, je suis quelqu'un d'un peu stressée et ça permet de me débloquer mon stress.

- Qu'attendez-vous de la micro-kinésithérapie ?

- Éviter de prendre des médicaments chimiques qui ne vont pas résoudre forcément le problème à la base. La micro-kiné travaille plus en profondeur dans l'organisme et dans le psychisme de la personne. Il nous donne des explications. Il débloque peut-être des choses qu'on ne voit pas forcément.

- Revenons sur votre problème de genou. Avez-vous tenté de le régler avec la micro-kinésithérapie ?

- Oui, j'ai tenté de voir avec un micro-kiné mais ça n'a pas marché. Voilà. A chaque fois j'avais le genou qui repartait. J'ai attendu trois ans avant de consulter mon médecin généraliste. La micro-kiné, ça n'a rien fait.

- Comment expliquez-vous que ça n'ait pas marché avec la micro-kinésithérapie ?

- J'en ai parlé avec le micro-kiné qui dit que quand il y a vraiment un problème mécanique, chirurgical, la micro-kiné ne peut pas agir. La micro-kiné a ses limites quand même.

- Avez-vous rencontré d'autres limites de la micro-kinésithérapie ?

- Non, je n'en ai pas rencontré d'autres. Par contre il y a quelque chose qui m'a beaucoup surprise, c'est quand j'étais enceinte de ma petite, j'étais enceinte de huit mois. Il m'a touché le ventre, il n'a fait aucune autre manip et il m'a dit que j'allais accoucher incessamment sous peu, que ma petite n'était plus bien dans mon ventre. Et trois jours après, j'ai été faire mon échographie de contrôle et vu que je perdais du liquide amniotique, j'ai accouché peu de temps après. Ça c'est vrai ça m'a beaucoup surprise.

- Et ça comment vous l'interprétez ?

- Aucune idée, aucune idée. A l'époque je me suis même dit mais qu'est-ce qu'il raconte ? Alors c'est pour vous dire hein ! Je sais pas... voila, je sais pas.... Ça m'a beaucoup surprise ça.

- En avez-vous parlé avec votre médecin ?

- Avec mon médecin ? Oui, oui. Mon médecin il est très sceptique.

- Connaissez-vous d'autres personnes qui pratiquent la micro-kinésithérapie ?

- Oui, oui, oui oui. J'ai deux-trois personnes qui vont voir le même que le mien et qui en sont très satisfaites. On échange nos expérience parfois. Mais par contre j'ai mon frère qui a été voir le même micro-kiné que moi et ça ne lui a rien fait. Il ne veut plus que M. A le manipule, il fait des blocages alors M. A ne peut rien faire pour lui. Son corps ne veut pas s'ouvrir à M. A.

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- A-t-il consulté chez un autre micro-kinésithérapeute alors ?

- Non il n'a pas essayé un autre parce qu'il n'y croit pas. Il n'y croit pas parce que c'est quelqu'un de très cartésien aussi.

- A combien de kilomètres êtes-vous de votre micro-kinésithérapeute ? - Il habite à 15 km de chez moi. J'y suis en un quart d'heure de route. - Combien de fois y allez-vous dans l'année ?

- Je vais le voir, grand maximum deux fois par an. J'y vais juste quand j'ai vraiment un souci, quand j'ai un truc qui va vraiment pas, hein. C'est pas quelque chose que je pratique tous les mois, c'est vraiment occasionnel.

- Vous le ressentez comment ce déblocage ?

- Je le ressens par un bien-être psychique. Donc après j'ai plus du tout mal au dos, j'ai l'impression d'être légère. Et j'ai eu un problème aussi au nerf sciatique. J'avais très mal à la fesse et très mal tout le long de la jambe et M. A m'a ... m'a manipulée, voilà ! et je n'ai plus du tout mal. Alors que j'avais été voir mon médecin traitant il y a quelques années déjà, hein. Il me disait, « bon voila il faudra opérer mais on attend encore un peu parce que, bon, on n'opère pas comme ça ». Et c'est vrai que je n'en pouvais plus. J'ai été voir M. A, il m'a manipulée et honnêtement je n'ai plus mal. Et je n'ai plus rien. Ça c'est un exemple mais il faut y croire.

Oui après je me sens légère mais il y a toujours une fatigue 48h après. Et vraiment un coup de pompe qui nécessite une petite sieste et après c'est le bien-être.

- Avez-vous déjà consulté un autre micro-kinésithérapeute que Monsieur A. ?

- Non j'ai pas changé de micro-kiné parce que je sais que M. A c'est quelqu'un qui est compétent.

- Consulter un micro-kiné est une pratique qui fait partie de vos habitudes de vie ?

- Je pense que c'est une médecine qui est très bien si on y croit et si on tombe sur la bonne personne. Mais sinon, j'ai une vie comme tout le monde. J'ai confiance en la micro-kinésithérapie c'est vrai, oui j'ai pris l'habitude d'y aller, oui.

- Combien de temps le micro-kiné passe-t-il avec vous ? - Ça va d'un quart d'heure à une demi-heure.

- Comment se déroule la séance ?

- Il ne parle pas, il est concentré sur la palpation. Il cherche ce qui ne va pas, il est très concentré. Vous vous allongez sur une table. Il a un petit livre avec les lignes du corps, voilà. Et puis il fait son truc. Et puis s'il y a quelque chose, une année... qui est marquante il vous le dit mais en général il parle peu pendant la séance.

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- Racontez-moi une rencontre, dès votre arrivé à son cabinet ?

- J'arrive, je lui dis voilà j'ai mal au dos, je suis vraiment bloquée, ça ne va pas. Donc il me dit allongez-vous. Et puis, il palpe le bras, la jambe, la tête et puis il débloque par rapport à des lignes énergétiques.

- Il explique ce qu'il a débloqué ?

- Non. Il explique très rarement. On peut poser des questions mais c'est quelqu'un qui ne parlera pas beaucoup.

- Que faites vous pendant la palpation ?

- Rien. Je suis très détendu, je m'endors presque parfois. Je me repose et j'attends. Je ne sens rien. Je ne réfléchis plus. Je suis dans mon soin parce que j'ai vraiment envie que ça marche.

- Comment pouvez-vous définir la relation que vous avez avec lui ?

- Lui c'est le médecin et moi je suis la patiente. C'est professionnel et chacun reste à sa place. - Comment considérez-vous ses mains qui arrivent à percevoir des choses ?

- Aucune idée. Je me suis toujours posée la question comment avoir ce savoir ?

Enfin bon il y a des formations pour, mais moi, de mon côté, en étant patiente je me dis comment il arrive à savoir tout ça. C'est quoi le but de l'examen, il commence par quoi. Je me pose des questions aussi. C'est vrai que j'aimerais être une petite souris pour être dans une formation de micro-kiné.

(silence)

C'est étrange, oui mais comme je vous dit, ils sont formés. Mais vous savez, on ne voit rien, on y va et on va mieux, alors c'est ce qui est important pour moi. C'est un peu magique en fait. Mais bon.

- Vous en parlez avec votre entourage familial et amical ?

- Je n'en parle pas au travail parce que je suis assistante dentaire, Je travaille 100 % avec ma praticienne. Et c'est vrai qu'on n'a pas trop le temps de parler de notre vie privée avec un patient sur le fauteuil.

Et aussi il y a beaucoup de personnes qui n'y croient pas à ça. Et si on leur dit qu'on va voir un micro-kiné pour ça, ça ou ça, ils vous prennent quelques-fois de haut et vous disent « qu'est ce que tu me racontes là ? Qu'est-ce que tu fais ? C'est des manipulations mentales ».

C'est pas comme l'allopathie, c'est même pas reconnu en France, hein. C'est des médecines plus ou moins douces qui ne sont pas dans la mentalité française.

Si quelqu'un est ouvert à ce que je peux raconter je lui parle sans problèmes. Mais je sais que parfois je peux passer pour une folle. C'est une communication sans fin. Je n'aurais pas le retour.

- Avez-vous quelque chose à rajouter concernant votre pratique de la micro-kinésithérapie ?

- Non, j'ai tout dit je pense.

- Eh bien, nous avons terminé. Je vous remercie encore d'avoir pris le temps de faire cet entretien.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein