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Entre trajectoire du patient et temps thérapeutiques. Analyse sociologique du monde de la psychiatrie à  partir de la chambre d'isolement.

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par Stéphane LE ROUZIC
Institut de Formation des Cadres de Santé de Sainte Anne Paris - Cadre de santé  2005
  

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I.1.8 « La chambre d'isolement parmi les autres pratiques : approche technique »

La chambre d'isolement est un outil parmi d'autres dans « l'arsenal thérapeutique». D'une manière générale, il appartient à la rubrique des contentions mécaniques, nous dit Friard (2004) dans le but de maîtriser l'agitation. L'agitation est souvent associée à la notion de violence.

Les autres contentions mécaniques peuvent être la camisole, les liens, les attaches. Il ne s'agit pas d'une pratique isolable dans le sens ou les moyens de contenir sont souvent

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utilisés de manière simultanée. Les contentions mécaniques n'ont pas disparu malgré l'utilisation des neuroleptiques.

I.1.9 « La chambre d'isolement: quelle visée thérapeutique ? »

Selon le dictionnaire le Petit Robert (1994), la « thérapeutique » correspond aux actions et pratiques destinées à guérir, à traiter les maladies. La thérapeutique est un aspect de la médecine qui étudie et utilise les moyens propres à guérir et à soulager les maladies.

La codification thérapeutique de la chambre d'isolement a été établie par Esquirol en 1832, soit 6 ans avant la promulgation de la loi de 1838 :

« Tout ce qui préside conduit aux conclusions suivantes. Les aliénés doivent être isolés :

· Pour leur sûreté, pour celle de leur famille et pour l'ordre publique.

· pour les soustraire à l'action des causes extérieures qui ont produit le délire, et qui peuvent l'entretenir.

· pour vaincre leur résistance contre les moyens curatifs.

· pour les soumettre à un régime approprié à leur état.

· pour leur faire reprendre les habitudes intellectuelles et morales conforme à

la raison ».

Dans un environnement médical dont la pratique est de plus en plus soumise à la mise à l'épreuve de l'Evidence-Based-Medecine (EBM), la chambre d'isolement ne fait pas l'unanimité en tant qu'outil thérapeutique efficace.

Une efficacité en terme de protection des principaux acteurs (patients et soignants) lors de la prise en charge hospitalière, est reconnue. Toutefois la controverse porte sur l'efficacité sur le trouble mental. En 1999 l'ANAES, lors de son audit clinique sur la chambre d'isolement, laisse la question en suspend après avoir constaté qu'il n'existe pas dans la littérature médicale des preuves sur l'efficience thérapeutique de cette pratique.

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Selon Friard (2004), si l'on passe en revue la pratique liée à l'isolement dans différents pays, que se soit en Allemagne, Angleterre ou au Canada cette pratique est assimilée à un acte « sécuritaire » et non thérapeutique. Ces pays considèrent la pratique de l'isolement comme sécuritaire car elle n'aurait pas d'autres objectifs que la protection des professionnels ou du patient lui-même.

Posées par Esquirol le théoricien de l'isolement, la codification permet de comparer les indications thérapeutiques avec celles préconisées aujourd'hui par l'ANAES dans son audit clinique sur la chambre d'isolement. Les indications sont prévention d'une violence imminente du patient envers lui-même ou autrui, alors que les autres moyens de contrôle ne sont ni efficaces ou ni appropriés, prévention d'un risque de rupture thérapeutique alors que l'état de santé impose des soins, isolement intégré dans un programme thérapeutique, isolement en vue d'une diminution des stimulations reçues, utilisation à la demande du patient. Les contre-indications (utilisation à titre non thérapeutique) sont : l'utilisation de la chambre d'isolement à titre de punition, l'état clinique ne nécessitant pas un isolement, l'utilisation pour réduire de l'équipe de soins ou pour son confort ou encore l'utilisation uniquement lié au manque de personnel.

Nous retrouvons deux indications communes. La première est celle de la dimension de la sûreté que nous pouvons rattacher à celle de prévention de situations de violence envers le patient ou les autres. La seconde, commune, est « la soustraction aux causes extérieures » dans le but de diminuer les « stimulations reçues ».

Si l'on se réfère à la mission Clery-Melin (2003), le sens du mot de la violence est identique à celui intégré implicitement dans les propositions d'indications de la chambre d'isolement de l'ANAES. Le document de la mission Clery-Melin intitulé « Violence et Santé » développe le thème de la violence en psychiatrie. Dans leurs recommandations, leur définition de la dangerosité c'est « la potentialité de survenue d'un acte violent ou de la mise en danger de soi-même ou d'autrui chez une personne souffrant de troubles mentaux ». Mais bien des définitions pourrait être données précise t-il en préambule. D'un point de vue sociologique, la violence est un concept que l'on pourrait traduire de déviance comme transgression des normes sociales. In fine, la compréhension de la

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façon dont les professionnels envisagent et définissent la violence potentielle d'un individu est importante pour appréhender les fondements pratique de mise en chambre d'isolement d'un patient.

La définition de thérapeutique que nous retenons correspond à un acte de soin dont l'efficience est mesurable et bénéfique tout en préservant la dignité de la personne hospitalisée.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius